Démarches collectives pour l'émancipation et la transformation sociale - Animation Adeline de Lépinay
Publié le 29.08.2025 à 20:09
Manifeste des acteurs en Pédagogie Sociale
Manifeste réalisé sur la base de concertation de 9 associations, intervenant en pédagogie sociale, et discuté et adopté lors du Festival de Pédagogie sociale, de Chilly-Mazarin, le 29 Mai 2021. Texte synthétisé par Ewelina Cazottes, Laurent Ott, Mathieu Depoil. Disponible notamment sur le site de La rage du social.
1. L’urgence d’agir
Il est urgent de mettre un terme aux freins imposés aux actions qui prennent la rue pour terrain d’activité. Une crise sociale de grande ampleur est en cours et a accentué l’éloignement de plus en plus d’enfants et de familles précaires, vis-à-vis du soutien traditionnel des institutions éducatives, sociales, éducatives et culturelles. Nous dénonçons les difficultés à exister et à financer ces actions. Il s’agit le plus souvent des difficultés liées au déni de légitimité, de freins idéologiques, de concurrence déloyale avec les grosses structures qui sont représentés par les Fédérations Nationales et qui ont des moyens financiers importants. Dans le cas le plus difficile, certains acteurs connaissent des conflits ouverts avec des municipalités, soucieuses de faire taire les besoins sociaux. Cela impacte fortement et limite le travail quotidien de ces structures.
Majoritairement, les acteurs dénoncent en particulier :
Des refus de financement. Le déni de leur légitimé. Le dirigisme et l’autoritarisme avec lesquels sont menées les politiques sociales, et en particulier la logique « du haut vers le bas », qui ignore les réalités sociales de terrain. Les freins idéologiques, opposés aux acteurs en Pédagogie sociale, qui imposent une lecture lissée et faussée des problèmes sociaux, éducatifs et institutionnels. Un manque cruel de moyens et donc aussi en personnels pour répondre aux besoins criants. Une situation imposée aux acteurs qui ont le courage et l’honnêteté de s’investir dans ces actions concrètes, qui subissent du bénévolat imposé ou de très faibles rémunérations. La concurrence imposée, avec complaisance soit avec des grandes institutions déconnectées des réalités sociales, soit avec des petites associations locales, qui pratiquent le clientélisme. Une volonté de limiter, réduire ou interdire par tous moyens les ateliers et pratiques sociales, de rue. La lourdeur et la contrainte administrative des demandes d’autorisations pour s’installer dans la rue pouvant pousser parfois, pour ne pas risquer l’abandon de l’action, à ne plus demander l’autorisation… L’amalgame entre pédagogie sociale et dispositif municipal ou gouvernemental de « prévention de la délinquance » et de « tranquillité publique ».2. Lever les blocages idéologiques
Aujourd’hui, la présence sociale, sur le terrain, auprès des populations qui subissent les violences sociales, politiques, administratives, économiques, et symboliques, est devenue un acte majeur. Les institutions cherchent à gagner du temps ; pour ne plus voir la crise sociale majeure qui est en cours, elles se replient sur elles-mêmes et multiplient les barrières vis-à-vis de leurs publics. Une vague sécuritaire submerge le pays. Ce sécuritarisme à la fois sanitaire et policier, laisse dans l’insécurité sociale et totale, les familles et enfants de milieu populaire. Une politique de pénalisation cherche à faire taire les problématiques qui restent sans solution. Les acteurs sociaux engagés dans ces réalités subissent pour eux-mêmes les effets de ce « sécuritarisme », sous forme d’obstacles, de freins ou de déni de leurs actions. Or, les réalités sociales niées, refoulées reviennent toujours, avec leurs lots de drames, de violences en tout genre. Il faut imposer aujourd’hui réalisme et pragmatisme pour regarder en face l’état de la société, qui se dégrade. Sortir de l’invisibilité les populations et les problématiques majeures, est devenu une urgence.
3. La transformation sociale : une nécessité
Afin de sortir d’un travail social en voie de bureaucratisation et d’une éducation populaire institutionnalisée par les pouvoirs publics, nous sommes convaincus que la pédagogie sociale peut-être un levier possible de transformation sociale, de lutte éducative et de construction d’une autre société. Construction d’une autre société parce que nos pratiques pédagogiques, sous-tendues par une vision du monde inspirée du commun, du global et du collectif, s’inscrivent en opposition à l’ordre néolibéral dominant. Notre pédagogie déroge à la domestication de l’éducation en refusant la division du travail éducatif, la segmentation des pratiques, le découpage de l’éducation par « dispositifs » et soumises aux « marchés publics ». Notre pédagogie est celle de la réalité, de la proximité et de la connaissance des milieux, nous permettant ainsi d’élaborer un diagnostic permanent des conditions de vie sociales, des inégalités, des injustices vécues dans les quartiers et dans les espaces de vie. Notre légitimé vient de cette connaissance de la réalité, elle nous inspire et nous guide car notre choix est de la transformer plutôt que de la subir, le fatalisme éducatif [Freire Paulo, Pédagogie de l’autonomie, Toulouse, Eres, 2006, p. 57 et 79] n’étant pas une option pour nous. Dans ce contexte, l’initiative collective, citoyenne, politique et libre est considérée et perçue comme une menace ou une défiance de l’ordre établi. Ces conditions d’exercice de la démocratie représente, à nos yeux, un réel danger pour nos avenirs communs, le droit individuel ayant pris le pas sur les libertés collectives. Face à cet autoritarisme, nous revendiquons une pédagogie de la délibération, de la confrontation et de l’entraide avec pour ambition de redonner du sens aux principes de démocratie vivante et permanente. Nous contestons la privatisation du débat public par les experts et technocrates déconnectés des réalités populaires et sociales. Notre pédagogie est donc celle de l’assemblée, du groupe, du débat d’idées et de la responsabilité, indispensables à l’exercice de l’autonomie individuelle et collective. Au-delà du « vivre ensemble », la pédagogie sociale vise à faire société par le choix du commun : ce que nous partageons et ce que nous vivons ensemble. L’interaction des âges et le refus du clivage des publics rompent avec une société actuelle poussant à la lutte générationnelle, des genres et des identités. La rue étant notre lieu commun, elle centralise les publics, les isolés, les invisibles, les précaires, les indociles. Notre choix est donc d’être là, parmi les communs. Dans une société qui se fragmente, se confine et se digitalise, la démarche de pédagogie sociale de s’affranchir des cloisons matérielles et mentales n’a jamais été autant d’actualité. Dans cette continuité, nous aspirons également à décloisonner les pratiques en tout genre, ne limitant pas nos actions au travail social ou éducatif. En pédagogie sociale, le travail de la culture [Maurel Christian, Éducation Populaire et travail de la culture, L’Harmattan, 2000] est central notamment via l’expression, la création et l’expérimentation artistique. C’est par ce travail rigoureux de la culture que peut se dessiner le chemin de l’émancipation et non par sa contemplation, car la culture sans visée émancipatrice n’est que divertissement et diversion aux services des puissants. Tel est le cas en pédagogie sociale : la culture est révolte parce que non-soumise aux codes et contraintes du dedans, de la cloison et de l’entre-soi.
4. Nous adressons un message
Dans certaines villes, certains quartiers, des associations se voient empêcher de travailler dans la rue. Dans d’autres cas et dans d’autres endroits, il se produit l’inverse : l’injonction des financeurs aux associations à pratiquer le « aller-vers »… Dans ce cas, il est important de poser quelques repères pour ne pas confondre « travail de rue » et « institutionnalisation de la rue » ou encore « colonisation de l’espace public par le pouvoir dominant » :
Le « aller vers » se construit pédagogiquement et fait écho à une ambition éducative et non à une démarche de visibilité et de communication, voire de racolage. C’est une construction collective qui doit répondre à une orientation politique claire de la part des structures organisatrices. Cette politique peut se traduire par la volonté d’agir dans le milieu de vie des enfants et des familles non pas dans une dynamique de participation mais dans une dynamique d’appropriation de l’espace. Le « aller vers » n’est pas de la « délocalisation » d’activités. L’idée n’est pas de transférer dans la rue une pratique qui existait auparavant dans les locaux de la structure. Le « aller vers » consiste à construire l’Activité et la pratique à partir des rencontres faites dans le milieu habité. Le « aller vers » ne suffit pas à transformer la réalité s’il n’est pas constitué d’une pratique pédagogique émancipatrice et de lien social. En pédagogie sociale, la place de l’activité est donc primordiale pour construire ensemble ce processus d’émancipation. Le « aller vers » est juste le premier pas, la suite appartenant au registre de la pédagogie. Le « hors les murs » n’empêche pas d’être « hors sol ». La pratique de la rue nécessite une connaissance de ce qui s’y passe et l’identification des besoins existants pour agir la où il se doit. La pédagogie sociale est une surface de contact avec les publics et les réalités sociales.En pédagogie sociale, nous ne considérons pas la rue comme un « marché » ou une « foire » vouée à reproduire les inégalités ou autres formes de domination que nous pouvons retrouver dans certains fonctionnements du travail social. La rue à elle seule ne protège pas des dynamiques de « conquête » et du hors-sol institutionnel hélas déconnecté des réalités populaires. La rue ne peut être garante à elle seule de la visée émancipatrice de l’activité car, animée de manière dirigée et autoritaire, celle-ci ne devient pas pour autant libre et emprunte d’émancipation… Cette action restera vectrice de non-choix, d’enfermement, de soumission et d’impuissance même pratiquée en plein air. Le « Hors les murs » n’est donc pas gage de liberté… Le « Aller vers », peut même être un piège quand il serait possible de transférer dans la rue le poison de la domination institutionnelle et les mécanismes d’exclusion issu des fonctionnements bureaucratiques. En pédagogie sociale, la rue doit être appréhendée comme un espace où le rapport de soumission est combattu par nos propres choix et positionnements pédagogiques.
En conclusion…
La pédagogie sociale n’est pas un dispositif. De ce fait, celle-ci n’est ni évaluable, ni quantifiable, ni transférable mais transmissible, mesurable et vivante. C’est une démarche de co-construction de l’intérêt général dans une perspective d’amélioration des conditions de vie.
Publié le 13.12.2024 à 14:45
L’éducation populaire va-t-elle changer le monde ? Podcast
Depuis l’automne 2024, le CEPES (collectif d’éducation populaire pour l’émancipation sociale) de Valence réalise une émission de radio sur l’éducation populaire, co-produite avec Radio BLV : « Educ Pop’ : l’éducation populaire va-t-elle changer le monde ? »
Une fois par mois pendant 30 minutes, Juliette et Valentine causent de leur passion pour l’éducation populaire et nous proposent d’en faire un tour d’horizon en découvrant l’histoire de ces pratiques, en découvrant des outils et en rencontrant des invités !
Pour écouter :
En direct sur Radio BLV (93.6) la deuxième quinzaine du mois : les lundis à 17h et les vendredis à 10h15 En replay sur le site internet du CEPES : https://cepes-asso.fr/ressources/ Bonne écoute !Publié le 24.11.2024 à 14:29
« Animons ! » : un manuel pour les animateurices de métier, les profs, les militant·es etc.
À propos de l’ouvrage « Animons ! Avec joie et ambition – Un manuel pour les éducateurices populaires, leurs collègues et leurs allié·es » de Sébastien Hovart (2024)
Il existe une fâcheuse tendance à penser l’animation comme une activité dépolitisée (cf Histoire de la dépolitisation de l’animation socioculturelle). Si on considère que l’animation a un lien avec l’éducation populaire, alors on ne peut s’en satisfaire. Mais au-delà de dénoncer et éventuellement politiser ses propres pratiques, comment agir ? Les formations initiales à l’animation sont le plus souvent totalement dépolitisées, et beaucoup d’animateurices pensent qu’être « professionnel·le » revient à être « neutre ».
« Animons ! Avec joie et ambition » regorge de ressources intellectuelles, théoriques et pratiques pour voir et pratiquer autrement le métier d’animateurice : pour se donner les moyens de l’exercer avec une visée sociale de dévoilement/conscientisation des dominations et des inégalités et d’accroissement des capacités démocratiques individuelles et collectives. Dans ce livre, Sébastien Hovart nous partage « tout ce que j’aurais bien aimé qu’on me transmette et qu’on m’explique pour construire mon métier d’animateur » : dans une perspective de transmission entre pairs, il nous offre ses apprentissages, ses réflexions et ses pratiques, et c’est un très beau et précieux cadeau qu’il nous fait. Ne vous laissez pas impressionner par la taille de ce cadeau (500 pages !) : l’ouvrage est très aéré avec une grande police, des paragraphes courts et des renvois dans tous les sens qui invitent à picorer sans se mettre la pression. D’ailleurs Sébastien a même formalisé quelques « parcours » pour se balader dans le livre selon ses intérêts principaux (voir en fin d’article). Et puis il y a de très chouettes illustrations ainsi que des centaines de petites citations formidablement bien choisies, issues pour beaucoup de la science-fiction dont Sébastien est fan, mais aussi de Kaamelott, de chansons, ou encore de sa fille dont la répartie est impressionnante !
Un manuel pour les animateurices, mais aussi pour les profs, les militant·es, et tant d’autres
Sébastien défend dans son livre qu’animateurice, c’est un métier, et il est convaincant sur ce point : c’est un artisanat qui s’apprend en pratiquant et qu’on n’a jamais fini d’apprendre. Mais c’est aussi une posture et une ambition, et c’est pourquoi ce livre intéressera bien au-delà des animateurices de métier : il sera une mine d’or pour les profs qui souffrent souvent d’un manque de formation sur « comment transmettre ? », ainsi que pour les militant·es qui s’interrogent sur « comment mobiliser, comment favoriser des dynamiques collectives émancipatrices et puissantes ? »
Présentation de l’ouvrage
L’animation : un métier politique d’artisanat
Chapitres « Éducation populaire » et « L’animateurice »
Qu’est-ce qu’être animateurice ? Faut-il est sociable et extraverti·e pour être un·e bon·ne animateurice ? Qu’est-ce qui fait une bonne animation ? L’ouvrage débute par une affirmation : « L’éducation populaire, c’est un truc d’optimiste » qui se base sur « deux idées incontournables : les gens peuvent s’améliorer et se libérer de leurs contraintes et de leurs dominations. Le monde peut changer, nous pouvons le changer. » Et Sébastien Hovart l’affirme : il est nécessaire d’articuler radicalité et pragmatisme, d’avoir des analyses et des finalités radicales tout en mettant en œuvre une posture et des actions pragmatiques, sans cesse adaptées et réinventées, surtout pas une posture quotidienne radicale et intransigeante. Car l’émancipation est un parcours qui nous amène à devoir déconstruire beaucoup de choses qu’on nous a inculquées et qu’on veut nous imposer au quotidien : désapprendre les réflexes de compétition et d’obéissance pour apprendre à fonctionner en coopération et en exerçant notre esprit critique et notre responsabilité. C’est la finalité d’une éducation qui serait émancipatrice, et non pas utilitariste.
Sébastien Hovart défend qu’être animateurice, c’est un métier, et un métier qui peut s’appliquer à toute dynamique collective : l’animation d’activité, mais aussi l’animation de projet ou d’instance. C’est un métier qui s’apprend, pas un « savoir-être » qui renverrait à notre identité, à quelque chose qui nous serait prétendument inné : « animer, c’est du faire, pas de l’être ». C’est faire avec des humains, y compris avec leurs émotions, et avec notre sensibilité comme outil de travail pour réagir face aux groupes. Et cela mène à une question éthique : puisque animer vise à agir sur les dynamiques collectives et qu’éduquer vise à transformer des personnes, ce sont des activités qui sont tout sauf neutres : quelle est alors la limite avec la manipulation ?
La forme au service du fond
Chapitres « Posture », « Construire des animations », « Gestes d’animation » et « Outils »
Très concrètement : pourquoi et comment varier les formes ? Comment animer un débat ? Comment réagir face au réel qui ne se déroule jamais comme on l’avait prévu ? Comment penser la question de la mobilisation ? Pourquoi et comment utiliser le jeu comme un outil ?
La posture est le premier instrument de travail de l’animateurice : c’est « l’ensemble des messages que l’on envoie avant même de faire activement quoi que ce soit : la manière de se tenir, de se présenter, de s’habiller ». Vient ensuite la réflexion sur les objectifs poursuivis et les stratégies et tactiques que l’on va utiliser pour les atteindre. Penser les rythmes, la dynamique du groupe en lui-même, l’influence qu’on a sur le groupe, la pédagogie, le plaisir, l’animation des désaccords et des conflits, le travail collectif d’analyse, la mobilisation, l’évaluation de nos actions. Puis les gestes : « On peut animer sans outils, mais pas sans gestes d’animation ». Et enfin les outils, avec la présentation d’outils pour l’inclusion, l’expression, d’outils pour trier, conscientiser, transmettre, décider.
Sébastien nous transmet plein de façons de faire, tout en nous mettant en garde contre des dérives ou des erreurs communes : penser la mobilisation comme si on était des publicitaires qui voudraient vendre leurs produits ; proposer des quizz alors que cela ne produit que du contrôle des connaissance (a-t-on la bonne réponse ou non ?) et en aucun cas de la réflexion collective. Sébastien nous aide à décrypter ces écueils et à y trouver des alternatives.
Comprendre, transmettre et agir
Chapitres « Rapports sociaux » et « Politique »
Les deux derniers chapitres de l’ouvrage proposent un véritable renforcement critique et politique pour comprendre comment fonctionne notre société, et donc ce qu’il faut changer. Cette partie est selon moi très puissante pour trois raisons.
D’abord, parce qu’elle vulgarise de façon très claire des contenus sociologiques et politiques que personnellement je n’ai pas souvenir d’avoir déjà lus de façon aussi éclairante en si peu de pages. Ce ne sont pas les publications fouillées et de qualité qui manquent, mais pour les personnes éloignées de ces débats, la plupart des sources sont inaccessibles notamment parce qu’elles sont beaucoup trop spécialisées, diverses et nombreuses : ce qui est une qualité par ailleurs, mais qui ne facilite pas l’accès quand on ne sait pas par où commencer. L’ouvrage propose par exemple une classification des grandes idéologiques politiques en sept familles : l’anarchisme, le socialisme, le communisme, l’écologisme, le libéralisme, le conservatisme et le nationalisme. Évidemment ces familles simplifient la réalité, mais Sébastien Hovart assume qu’il faut « faire crier les spécialistes » si on veut permettre aux non-spécialistes de développer leurs propres analyses et de s’autoriser à s’inviter dans les débats, et éventuellement d’aller ainsi plus loin. Il développe également les thèmes de la démocratie, du conflit, de la lutte, de la transformation sociale, de l’utopie et du pouvoir.
Ensuite, parce qu’elle fait le lien directement avec les façons d’agir : ce qu’on peut faire pour tâcher de faire changer cet état de fait. Les analyses sociologiques s’en tiennent le plus souvent à l’établissement d’un constat nécessaire mais qui ne donne pas toujours le sentiment de pouvoir avoir prise. Et la tradition politique majoritaire en France, basée sur le principe de « démocratie » représentative, fait que très souvent les écrits politiques se concluent par « votez pour nous »… Sébastien Hovart nous invite à agir sans tomber dans l’illusion des « sociogestes » (parallèle qu’il fait avec les « écogestes » comme par exemple faire pipi sous la douche), qui sont bienvenus mais largement insuffisants pour provoquer le réel changement souhaité.
Enfin, parce qu’en parallèle de ces éclairages, Sébastien Hovart nous transmet des pistes pour partager à notre tour ces analyses à des groupes. Il nous partage y compris la façon dont il a appris à réagir face aux différents types de résistance ou d’enthousiasme débordant qu’il rencontre quand lui-même transmet ces éléments. L’ouvrage comprend par exemple les outils d’animation que Sébastien utilise pour animer un temps sur les sept familles politiques présentées plus haut (et l’ensemble des outils d’animation qu’il a créé est en partage en Creative Commons sur son site https://sebformation.fr/).
Toute cette transmission, il nous montre comme il la fait avec une posture « éducation populaire », c’est-à-dire non pas en transmettant un contenu, des démonstrations, des explications à un public réduit à l’écoute et à l’apprentissage passif. « Éduquer, ce n’est pas remplir des vases, c’est allumer des feux », cite-t-il : c’est en favorisant l’analyse de leurs propres situations et environnements que Sébastien Hovart amène les groupes à prendre étape par étape conscience de la façon dont est structurée et fonctionne la société, et de ce qu’il faudrait changer pour aller vers davantage de justice sociale.
Et ce que je trouve génial, c’est que c’est dans le chapitre « Politique » que Sébastien Hovart nous amène un éclairage sur l’histoire de l’éducation populaire. Ce faisant, il nous prouve avec brio que l’éducation populaire est bien une démarche politique, issue des mouvements sociaux qui ont lutté et luttent pour l’émancipation et la transformation sociale.
Où trouver l’ouvrage et les ressources liées ?
Cet ouvrage est une nouvelle preuve de l’énorme envie de transmettre de Sébastien Hovart. Il nous y dévoile la façon dont il s’y prend pour le faire d’une façon qu’il tâche d’être la plus émancipatrice possible. Sébastien est animateur : il forme notamment les professionnel·les du secteur de l’animation socioculturelle, cherchant à leur transmettre des pistes pour faire de leur métier un artisanat politique. Son ouvrage est un outil pour partager encore plus largement sa conviction et sa pratique. En parallèle, n’hésitez pas à consulter son site ressource https://sebformation.fr/ ainsi que son site https://www.2nddegre.fr/.
L’ouvrage est édité en autoédition. Il se commande ici en ligne, mais en le commandant en librairie vous soutenez les librairies et accessoirement vous évitez de payer les frais de port ! Une version pdf est par ailleurs téléchargeable sur le site de Sébastien (mais l’investissement dans le livre papier vaut le coup et sera plus pratique pour le consulter ! Les contenus du livre de Sébastien Hovart sont édités sous licence Creative Commons.
Des parcours (très) partiels et rapides pour naviguer au sein du livre
Parcours proposés par Sébastien Hovart (17 novembre 2024)
« Comme on me l’a justement fait remarquer : 500 pages, ça peut faire peur. Même si j’ai fait des efforts pour que ce soit vivant, et même si j’encourage à picorer et y aller de manière détendue. En tout cas pour certain-es. Et comme j’ai vraiment envie que ça puisse être abordé par toutes et tous dans nos réseaux et métiers, je vous propose une série de parcours, petits, chacun étant une sélection sur un thème. Comme chaque partie fait en moyenne un ou deux pages, ça ne fais pas un trop gros volume et on y rentre par une question. Vous me direz si ça fonctionne… »
Parcours “J’ai envie de découvrir ce que c’est l’Educ pop ?”
C’est quoi l’éducation populaire ? : p.9 Un truc d’optimiste : p.10 Les cousins : p.31 Animer c’est un métier : p.36 Fliquer, sauver : p.84 Ne pas prendre les gens pour des cons : p.86 Voir Comprendre Agir : p.168 Le temps d’animation comme rupture : p.323 Être allié-es : p.346 Histoire de l’éduc pop : p.466 Domestication : p.472 Aujourd’hui, plus que jamais : p.475Parcours “Je suis animateurice et je veux bien quelques billes en plus”
Animer c’est un métier : p.36 Je ne suis pas tout-e seul-e : p.15 Animer ça s’apprend : p.41 Être sociable, ou pas : p.50 Animer quoi ? : p.40 Posture, gestes et outils : p.66 Gestes en animation d’activité : p.185 3 cercles : p.73 Plus qu’un rythme : p.123 Obligation de moyens : p.178Parcours “Les inégalités, je veux bien me poser des questions dessus et en parler”
Voir les dominations : p.278 Émotions, la base : p.54 Juste et injuste : p.61 Domination, oppression, exploitation : p.282 Asymétrie des regards : p.283 Les stéréotypes comme structure : p. 292 Norme : p.291 Se distinguer : p.301 Codes et capitaux : p.311 Mépris de classe : p.314 Une gueule d’universel, ou pas : p.317 Aliénation : p.319 Dissonance cognitive : p.344 Travailler les valeurs directement : p.380Parcours “Je voudrais accompagner mes groupes à parler de rapports sociaux, d’inégalités et à prendre conscience de tout ça.”
Voir les dominations : p.278 Un objectif d’émancipation collective : p.17 Être alliéè-es : p.348 Que ça devienne un sujet : p.279 Réactions quand on y confronte nos publics : p.335 Les nouveaux convertis : p.338 Construire sa posture à soi : p.90 La colère en animation : p.56 Apprendre à se taire : p.48 Je ne sais pas : p.50 Anti-magicien-ne : p.134 Dire oui : p.188 Manipulation, éthique : p.52 La place des statuts : p.128 Outils d’expression : p.222 Prise de parole : p.307 Une éducation au conflit : p.436 Des outils pour conscientiser : p.240 Piliers d’estime : p.353 Les temps d’animation comme rupture : p.323 Stratégies de dominé-es : p.357 Aujourd’hui, plus que jamais : p.475Parcours “La politique, je sais pas par quel bout la prendre mais pourquoi pas”
Pourquoi se préoccuper de politique : p.384 Un manque flagrant : p.385 Une grille de lecture : p.387-414 Voir les dominations : p.278 Idéologies et rapports sociaux : p.419 Démocratie : p.426 Trois piliers : p.442 Un imaginaire positif des luttes : p.452 Conflit : p.430 Histoire de l’éducation populaire : p.466 Domestication : p.472 Utopies : p.456 Mot de la fin : p.499Publié le 19.11.2024 à 11:13
[Vidéos] 5 minutes d’éduc pop, par Anthony Brault
Anthony Brault, ancien de la SCOP Le Pavé, propose sur son site En transition des vidéos ainsi que des outils, des réflexions, et des propositions de formation.
Vidéo 1 : Qu’est-ce que l’éducation populaire ? Vidéo 2 : Comment mobiliser ? Vidéo 3 : Comment animer des réunions participatives ? Vidéo 4 : Comment faciliter la participation de chaque personne ? Vidéo 5 : Faut-il des outils pour animer une réunion ? Vidéo 6 : Comment décider ? Vidéo 7 : Comment négocier avec le pouvoir ? Vidéo 8 : Comment intégrer les nouvelles personnes ?
Publié le 31.10.2024 à 18:24
Histoire de la dépolitisation de l’animation socioculturelle
À propos de l’ouvrage « Animation socioculturelle – Une histoire de la formation » de Cyrille Bock (PUR, 2024)
Qu’est-ce que l’éducation populaire ? Vaste question… Qu’est-ce qu’une association d’éducation populaire ? Le malentendu peut augmenter encore. Aujourd’hui, nombre d’associations disposent de l’agrément « Jeunesse et éducation populaire » mais proposent principalement des services de l’ordre de l’animation et du loisir sur les temps extrascolaires, répondant à des appels d’offres et à des délégations de service public. Ce faisant, que devient l’objectif d’émancipation et de transformation sociale pourtant central dans les mouvements d’éducation populaire ? Pour autant, à l’intérieur de ces associations, il peut y avoir des professionnel·les (et des bénévoles quand il en reste autres que symboliques) qui portent les valeurs et ambitions de l’éducation populaire et qui bien souvent souffrent éthiquement de l’écart entre leur motivation et leurs missions.
Dans son ouvrage Animation socioculturelle – Une histoire de la formation paru aux Presses universitaires de Rennes en juillet 2024 (115 pages, 10 €), Cyrille Bock (voir ses publications sur HAL + son podcast sur l’animation et l’éducation populaire) nous retrace la sociohistoire de l’animation socioculturelle. En se centrant se donnant pour objet les formations et leur évolution, il nous donne à voir comment l’animation s’est professionnalisée et dépolitisée au fil du temps. Car si des formations à l’animation ont été à l’origine organisées pour répondre à un besoin lié à une activité occasionnelle et militante, elles ont peu à peu accompagné la professionnalisation et la structuration d’un métier dans des contextes où les politiques ont le plus souvent cherché à le domestiquer et le dépolitiser.
Aujourd’hui je considère l’animation socioculturelle comme une cousine de l’éducation populaire, comme le sont le travail social ou les institutions culturelles : des secteurs professionnalisés et institutionnalisés à la fois proches (je travaille souvent avec les professionnel·les de ces secteurs) et éloignés (ensemble nous travaillons à pourquoi et comment distiller du politique dans leurs pratiques, ce qui donne du sens à leur métier mais qu’iels ne peuvent bien souvent faire qu’en exploitant les brèches, en résistant et en subvertissant leurs cadres d’intervention). Est-il possible de rapprocher ces cousines, ou leurs chemins sont-ils irrémédiablement séparés voire opposés ?
Une sociohistoire de l’animation socioculturelle
Cyrille Bock commence par revenir sur la naissance de l’animation socioculturelle à la fin du XIXème siècle avec la création des colonies de vacances. Voilà donc pourquoi l’éducation populaire est régulièrement rattachée au niveau de l’État au qualificatif « Jeunesse et sports », ce qui m’a toujours paru absurde puisque personnellement je travaille avec des adultes et que nous faisons ensemble assez peu de sport…
En 1881 est créée l’école obligatoire : pour Jules Ferry c’est une démarche qui vise à retirer leur influence sur la société à la fois aux courants religieux et au mouvement ouvrier. L’instauration d’un temps scolaire va instaurer de fait également des temps extra-scolaires qui feront également l’objet de cette concurrence entre mouvements religieux, ouvriers et laïcs. Dans une optique à la fois militante et de service public éducatif, chacun de ces mouvements propose des colonies de vacances aux enfants : il s’agit de maintenir et/ou développer une influence sur leur éducation. Les mouvements religieux visent notamment les familles nécessiteuses, le mouvement ouvriers les familles ouvrières, et les militant·es laïques les citoyen·nes modestes. Dans les années 1930, leur concurrence s’étend aux Auberges de jeunesse : colonies et auberges de jeunesse se multiplient fortement. Toutes les familles politiques s’intéressent à la jeunesse : en 1936 le gouvernement du Front Populaire confie à Léo Lagrange un Sous-secrétariat d’État à l’organisation des loisirs et du sport, tandis que quelques années plus tard le gouvernement de Vichy renforce encore l’intervention étatique en créant des agréments pour le secteur (l’agrément Jeunesse et Éducation Populaire qui existe encore aujourd’hui et conditionne l’obtention de subventions pour le secteur).
Entre 1962 et 1975 ce sont quelques 6000 équipements socioculturels qui sont inaugurés, accompagnant l’urbanisation massive qui prend la forme des « grands ensembles ». Les associations deviennent gestionnaires de ces lieux et embauchent du personnel pour les animer. Il s’agit pour la puissance publique d’encadrer le temps libre des jeunes en recourant à une cogestion entre l’État et les associations (avec notamment la création du Fonjep) : les associations embauchent des salarié·es et deviennent gestionnaires d’équipements. Mais dès 1966 François Missoffe, ministre de la Jeunesse et des Sports, met fin à la cogestion et cherche à censurer les orientations des associations quand il les estime trop politiques.
L’animation était à la base une activité occasionnelle qu’on pratiquait en plus de son métier, pendant son temps libre et dans une optique en partie militante : on s’y formait principalement « sur le tas » avec ses pairs. Elle devient peu à peu une activité de plus en plus professionnelle, encadrée par des formations et des diplômes. Cette évolution se fait sous une double pression : celle de la puissance publique qui cherche à contrôler et normaliser, et celle des animateurice elleux-mêmes qui revendiquent une reconnaissance y compris financière de leur métier.
Dans les années 1970 le contexte d’Union de la gauche amène un grand nombre d’associations à se départir de leur démarche critique, tandis que nombre de militant·es associati·ves se muent en notables. En opposition à cela, la « deuxième gauche » développe une critique de l’État, affirmant qu’il faut choisir entre militer ou avoir des subventions.
Les années 1980 voient le développement de la politique de la Ville qui s’intéresse avant tout au chômage des jeunes et à l’immigration : la priorité est à « l’insertion sociale et professionnelle ». Parallèlement la consommation de loisirs augmente en France et tout cela vient produire un effet de ringardisation de l’éducation populaire. Les associations ont besoin de vendre des formations pour se financer, le nombre de professionnel·les augmente encore. En 1988 est créée la convention collective de ce secteur dont les emplois sont très précaires.
Lors de son passage au ministère de la jeunesse et des sports, Marie-George Buffet tente de redonner une impulsion politique au secteur : elle confie à Luc Carton (qui nous a quitté·es récemment) la responsabilité d’animer des rencontres de l’éducation populaire qui auront lieu en 1998 et déboucheront sur la publication d’un Livre blanc de l’éducation populaire en 2001. Mais la fin du gouvernement Jospin en 2002 met fin à ce processus.
Dans les années 2000, le processus de Bologne porté par l’Union Européenne transforme le secteur de la formation en imposant l’approche par compétence et la continuité LMD (Licence Master Doctorat). Dans une logique liée au New Public Management, les formations se formalisent. Dans le secteur, cela donne notamment lieu à l’institutionnalisation d’une hiérarchisation et d’une division du travail entre assistant·es, technicien·nes, coordinateurices et directeurices. La loi française pour « la liberté de choisir son avenir professionnel » (sic) de 2018, qui crée le CPF, renforce encore cette restructuration.
La dépolitisation de l’animation est-elle une fatalité ?
L’ouvrage de Cyrille Bock nous donne à voir la façon dont l’animation, qui est une des héritières de l’éducation populaire, s’en est peu à peu éloignée au fil de sa professionnalisation. Le travail social et la « Culture » ont sans doute subit des trajectoires proches, même si différentes. L’ouvrage retrace la façon dont la puissance publique s’est attachée à restreindre les libertés associatives, utilisant son pouvoir de subventionner pour décourager plus ou moins explicitement les pratiques politiques que les associations sont en droit de mettre en œuvre, appauvrissant ainsi la vitalité démocratique de la société.
En refermant le livre, je me demande s’il aurait pu en être autrement. Et s’il peut en être autrement aujourd’hui. Comment agir pour que des structures professionnalisées puissent rester engagées pour l’émancipation et la transformation sociale ?
La sociohistoire que nous retrace Cyrille Bock résonne avec le grave recul des libertés associatives que nous subissons ces dernières années (voir Observatoire des libertés associatives). Cela doit nous encourager à tenir les deux bouts : à la fois revendiquer l’amélioration nécessaire des conditions de travail des travailleureuses du secteur de l’animation, et tenir bon sur le contenu nécessairement politique de cette activité. Car sur les deux plans la situation est plus qu’insatisfaisante : elle est franchement problématique. Les conditions de travail dans l’animation sont déplorables : précarité et bas salaires y sont la norme. Et s’il y a heureusement de nombreu·ses professionnel·les et militant·es pour refuser la normalisation de leurs pratiques et pour tenter d’exploiter les brèches, celles-ci sont de plus en plus réduites, entre précarité économique, contraintes légales (dont le Contrat d’Engagement Républicain mis en place dans le cadre de la loi dite « Séparatisme » en 2021 et dont la puissance publique se sert pour exercer un pouvoir arbitraire) et managérialisation des associations. L’injonction à mettre en œuvre le Service National Universel (SNU) main dans la main avec l’institution militaire devrait être une ligne rouge : trop souvent malheureusement elle ne l’est pas.
L’animation socio-culturelle est aujourd’hui très éloignée de l’éducation populaire. Si mon utopie va dans le sens d’une abolition du capitalisme, du salariat et de la séparation entre temps de travail et temps de loisir, dans la société telle qu’elle est il n’est pas inéluctable que le loisir soit dépolitisé. Beaucoup de collectifs et d’associations tâchent de mettre en œuvre des colonies autogérées, du football militant, des voyages solidaires ou des chorales et des fanfares de lutte. Si gagner sa vie est aujourd’hui une contrainte, il nous faut par ailleurs lutter contre la vassalisation des associations à un État de plus en plus autoritaire, et développer des alternatives. Ne pas se résigner, tâcher de refuser chaque fois que cela est possible les limites que l’on veut nous mettre (et féminiser ses textes, ce que les Presses universitaires de Rennes refusent semble-t-il…).
Et pour trouver des réflexions et des pratiques concrètes pour avoir des pratiques d’animation joyeuses et ambitieuses avec une visée d’émancipation individuelle, collective et sociale, lisez l’ouvrage « Animons ! Avec joie et ambition – Un manuel pour les éducateurices populaires, leurs collègues et leurs allié·es » de Sébastien Hovart (2024)
Publié le 13.06.2024 à 03:22
Antifascisme : ressources pour lutter contre l’extrême-droite
Cet article vise à recenser des ressources qui existent en matière de lutte contre l’extrême-droite et d’antifascisme.
À court terme, alors qu’Emmanuel Macron a dissout l’Assemblée Nationale, provoquant des élections législatives les 30 juin et 7 juillet qui peuvent mener à une vague FN/RN à l’Assemblée, voire une entrée du RN au gouvernement, l’urgence est de parler dans nos associations, nos lieux de travail, nos territoires, nos familles, afin de convaincre celleux qui pourraient être tenté·es par le vote FN/RN comme vote sanction. J’ai tenté de regrouper ci-dessous des arguments pour nourrir ces discussions : pourquoi le vote FN/RN est un remède pire que le mal. À court terme aussi : faire la campagne du Nouveau Front Populaire Au-delà des échéances électorales, la lutte contre l’extrême-droite, ses idées et leur banalisation est un combat de long-terme. J’ai tenté de regrouper des ressources pour nourrir la compréhension des idées et des mouvements d’extrême-droite, et pour s’organiser sur le long-terme.[EDIT] Les élections étant passées, l’ordre des ressources est changé : les ressources « court-terme » sont désormais en fin d’article.
Cet article évolue en permanence. N’hésitez pas à contribuer en commentaire : soit je publierai votre commentaire, soit j’intégrerai directement à l’article les éléments que vous m’indiquerez. La sélection des ressources est de mon fait. La présentation de chaque ressource est un copier-coller de la façon dont celle-ci est présentée par celleux qui l’anime. Je fais le choix de ne pas tout publier car :
On ne fait pas reculer l’extrême-droite en restant derrière son ordinateur à lire des articles de convaincu·es ! Organisons-nous pour agir !
Le dessin qui illustre cet article (entre les logos de VISA et de l’action antifasciste) provient du site https://lahorde.info
COMPRENDRE & AGIR CONTRE L’EXTRÊME-DROITE & LA BANALISATION DE SES IDÉES
Syndiquez-vous ! Rejoignez des associations et des cadres collectifs de lutte et d’émancipation !
L’éducation populaire pour lutter contre les idées des extrêmes-droites
Un argumentaire musclé créé par le CNAJEP sur la base d’un chantier lancé en 2022 : un outil qui vise à ouvrir des espaces de débat et de discussion. Mais aussi une somme immense de ressources à consulter : des liens vers des outils et initiatives des associations membres du CRAJEP, des articles académiques, des articles de presse, de la littérature grise, des podcasts, des vidéos, des livres, ouvrages, bandes-dessinées, une liste de chercheureuses, d’autres outils pédagogiques, et encore d’autres ressources.
Et un article de l’Observatoire de la pédagogie publique par Irène Pereira qui explique pourquoi et comment l’éducation populaire devrait être une éducation qui démythifie les discours d’extrême-droite.
S’armer contre l’extrême-droite, tomes 1 et 2
Dans le contexte actuel d’une nécessaire riposte à l’extrême droite, VISA met en ligne en téléchargement gratuit le Tome 2 de S’armer contre l’extrême droite, qui décrypte les impostures sociales du FN/RN à l’Assemblée l’année dernière. Vous pouvez également télécharger le tome 1, décryptant les programmes.
Menaces d’extrême-droite : un guide pour anticiper et riposter
VoxPublic publie un nouveau guide pratique à l’attention des militant·es associatifs et syndicalistes exposé·es à des menaces et violences d’extrême droite. Il s’organise selon le triptyque « identifier, anticiper, riposter aux menaces » : identifier les différents groupuscules et partis d’extrême droite et leurs méthodes ; anticiper et prévenir les attaques ; organiser la riposte juridique, médiatique et militante.
L’extrême-droite et l’éducation
Consultez et téléchargez la cartographie de l’extrême-droite et de l’éducation sur le site de Questions de classe(s)
Plateforme La Horde
La Horde est une plateforme : ce n’est ni un réseau, ni une organisation. Elle propose un site internet qui présente des éléments d’information sur l’extrême-droite ; du matériel ; des interventions à destination de toutes celles et tous ceux qui se posent des questions sur l’extrême-droite et l’antifascisme. Site internet : https://lahorde.info
La Horde produit notamment une cartographie de l’extrême-droite régulièrement remise à jour.
VISA – Vigilance et Initiatives Syndicales Antifascistes
VISA est une association intersyndicale composée de près de 200 structures syndicales. Elle se développe également dans les territoires par la création de plusieurs antennes départementales permettant un travail intersyndical antifasciste de terrain et de proximité. Depuis 1996, VISA recense, analyse et dénonce les incursions de l’extrême-droite et plus particulièrement du FN/RN sur le terrain social. VISA se veut un outil d’information et de réflexion pour toutes les forces syndicales qui le souhaitent afin de lutter collectivement contre l’implantation et l’audience de l’extrême-droite dans le monde du travail. Site internet : https://visa-isa.org
Appel des territoires en résistance
Renforcer et construire des pouvoirs populaires partout dans le pays, et à former, ensemble, un front uni des territoires en résistance. https://resistanceslocales.org/appel-territoires-en-resistance
Podcasts
Podcasts et vidéos recensées par le CNAJEP
Podcast Minuit dans le siècle Chaque mois, Ugo Palheta (auteur de La possibilité du fascisme, 2018, Éditions La Découverte, 276 pages, 19€) décortique le fascisme, non par fascination morbide pour les pires tendances de notre monde, mais pour regarder en face le danger, sans jamais séparer cette exploration de la lutte pour un autre monde. Dans « Minuit dans le siècle », on parle donc des origines du fascisme et de ses transformations, des rapports entre fascisme et police, entre fascisme et racisme ou entre fascisme et colonialisme, de la culture fasciste et des États fascistes, de la manière dont les fascistes investissent aujourd’hui le terrain de l’écologie. On explorera aussi des insurrections antifascistes du passé, des luttes qui sont menées ici et maintenant, des stratégies qui ont été et sont mises en œuvre par les mouvements antifascistes, des succès comme des échecs. « Minuit dans le siècle » est un podcast produit pour Spectre. Retrouvez aussi tous les épisodes des podcasts Spectre portant sur l’extrême-droite.
Podcast Présages : Vote RN, racisme et rapports de classe Entretien avec le sociologue Félicien Faury
Podcast Les oreilles loin du front : En finir avec les idées fausses propagées par l’extrême-droite Avec Pierre-Yves Bulteau
Comment le Rassemblement national a-t-il conquis les territoires ruraux ? Émission du 11 juin 2024 de Le temps du débat, sur France culture
Livres et articles
Brochure : Comprendre le fascisme pour mieux le combattre Par le collectif Autonomie de classe Téléchargeable en ligne Et beaucoup d’autres textes et podcasts sur leur site
10 questions sur l’antifascisme Du collectif La Horde 2023, Éditions Libertalia, 208 pages, 10€ Vue l’actualité, Libertalia met le pdf en accès libre, merci à eux
Fascisme et grand capital De Daniel Guerin Première publication en 1936 2014, Éditions Libertalia, 608 pages, 20€
Qu’est-ce que le fascisme ? De Larry Portis 2010, Éditions Alternative Libertaire, 120 pages, 9€ Lire un entretien avec l’auteur
Consultez la bibliographie proposée par VISA
Dossier La Vie des idées : Ce que l’extrême-droit fait au monde avec de nombreux articles.
Macron et l’extrême-droite : du rempart au boulevard De Sébastien Fontenelle 2023, Coédition Massot et Blast, 120 pages, 15,90€ En lire une chronique dans le mensuel Alternative Libertaire
Articles académiques, articles de presse, littérature grise recensée par le CNAJEP
L’antifascisme. Son passé, son présent, son avenir De Mark Bray, préface de Sébastien Fontenelle 2018, Éditions Lux Quebec
Sur l’école : Quand l’extrême-droite rêve de faire école De Grégory Chambat 2024, Éditions du Croquant, 130 pages, 10 €. Vues les circonstances : le livre est mis à disposition en pdf, merci à la maison d’édition et à l’auteur
Les classes populaires et le FN Coord. Gérard Maugier et Willy Pelletier 2017, Éditions du Croquant, 282 pages En lire un compte-rendu
Le vote FN au village – Trajectoires de ménages populaires du périurbain De Violaine Girard 2017, Éditions du Croquant, 314 pages, 20€ En lire une note de lecture
Des électeurs ordinaires – Enquête sur la normalisation du RN De Félicien Faury 2024, Éditions du Seuil, 240 pages, 21,50€ En lire un compte-rendu par Nicolas Duvoux Écouter un entretien avec l’auteur, par le Podcast Présages
Un compte-rendu du livre Reconnaître le fascisme de Umberto Eco.
Comment les fascistes cherchent à conquérir les masses ? Sur le site de Contretemps (2019) En 1948, Leo Löwenthal et Norbert Guterman analysaient les mécanismes rhétoriques, psychologiques et sociaux au cœur du discours fasciste, dans leur livre Les prophètes du mensonge : étude sur l’agitation fasciste aux États-Unis [1948], republié en 2019 par les éditions La Découverte. Dans l’extrait que nous publions ci-dessous, ils montrent comment les fascistes construisent la figure de l’Ennemi.
Fascisme. Fascisation. Antifascisme. Un article de Ugo Palheta (2020), auteur de La possibilité du fascisme Sur le site de Contretemps
À COURT-TERME : AGIR POUR DÉCOURAGER LE VOTE FN/RN COMME VOTE SANCTION
Lutter contre les idées d’extrême-droite, c’est un travail urgent, mais de long-terme. Parallèlement, il nous faut lutter contre l’arrivée du RN au gouvernement en juillet 2024, dans nos associations, nos organisations, nos territoires, nos familles…
Mais surtout, c’est agir collectivement : rejoignez syndicats, associations de lutte ! Et les mouvements Front Populaire créés pour l’occasion, avec détermination mais sans illusions : la lutte devra continuer bien après les élections, et bien au-delà des questions électorales.
10 points sur lesquels l’extrême-droite relève de l’imposture sociale (CGT)
Sous une apparence pseudo sociale, l’extrême droite propose une politique bien marquée à droite, pro capitaliste, de division et de haine. La preuve au travers de 10 sujets (CGT, 9 juin 2024). À lire ici.
L’extrême-droite n’est pas du côté des travailleurs et travailleuses (Solidaires)
Argumentaire réalisé par l’Union syndicale Solidaires
L’extrême-droite, ennemie des paysan·nes (Confédération paysanne)
Le dossier du numéro de mai de Campagnes solidaires, le mensuel de la Confédération paysanne, était consacré au thème Extrême-droite : donner l’alerte. Les articles de ce dossier seront accessibles en ligne en août.
En attendant, voici une infographie issue de ce dossier :
4 points qui montrent que le RN est un danger mortel
1/ « Priorité nationale » = racisme ! 2/ Destruction des contre-pouvoirs 3/ Permis de tuer 4/ Mainmise sur les médias Un argumentaire de VISA à retrouver ici
Agir pour les législatives 2024 (Vox Public)
Un site réalisé par Vox Public, comprenant la carte des mobilisations et des ressources. À consulter ici.
Si Le Pen accède au pouvoir (Mediapart)
Dossier Médiapart de 2022 mis en accès libre.
Vrac d’articles et communiqués d’actualité
Ni barrage républicain, ni union nationale : faire front populaire [Vidéo, 1h15, en accès libre jusqu’au 7 juillet] Entretien etntre Ugo Palheta (auteur de La possibilité du fascisme et du podcast Minuit dans le siècle) et Olivier Besancenot (NPA), animé par Selim Derkaoui pour Hors-série.
Battre l’extrême-droite dans les urnes doit se conjuguer avec un changement profond Tribune de syndicats et associations (15 juin)
De la fascisation au fascisme sur fond de colonialisme ? Tribune du Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP) (15 juin)
Législatives : rompre avec l’ultralibéralisme pour construire un avenir Communiqué de la Confédération paysanne (13 juin)
Faire front contre l’extrême-droite Communiqués (12 juin) et matériel militant de l’Union Syndicale Solidaires
Ensemble contre l’extrême-droite Appel commun d’associations et organisations (12 juin)
Nos tâches immédiates face à l’extrême-droite Article publié sur le site Syndicalistes ! (12 juin)
Face au danger fasciste, prenons les choses en main Édito de Autonomie de classe (12 juin)
Face à l’extrême-droite, faire front ! Communiqué (11 juin) et matériel militant de la CGT
Contre Macron et l’extrême-droite, unité de toute la gauche sociale et politique Tract du NPA-L’anticapitaliste (10 juin)
Dissolution : comment sortir du piège ? Un article du magazine Frustration (10 juin)
Pourquoi Macron a-t-il dissout l’Assemblée ? Un article du site Contre Attaque (10 juin)
À COURT-TERME : FAIRE CAMPAGNE POUR LE NOUVEAU FRONT POPULAIRE
Dans les urnes lors des législatives de 2024 : le Front Populaire
Si la lutte contre l’extrême-droite est un travail de long-terme qui se mène sur le terrain et certainement pas uniquement par les urnes, les législatives de juin-juillet 2024 constituent un moment historique face auquel il faut agir pragmatiquement.
Sessions de phoning organisées par le Nouveau Front Populaire.
Par circonscription, les candidat·es du Front populaire et les moyens de se mettre en lien : https://indivisibles.fr/frontpopulaire
La liste des circonscriptions où la victoire du Front populaire est possible mais pas certaines, et où des coups de mains militants sont particulièrement les bienvenus : https://www.frontpopulaire-2024.fr. Et dans l’entre-deux tours : https://indivisibles.fr/5jourspourgagner
Pour donner sa procuration pour voter pour le front populaire : https://procuration-front-populaire.fr
Doc envoyé par des militant·es de St-Nazaire :
Kit de mobilisation (Attac France)
Des éléments de fond et des outils de mobilisations sur le site d’Attac France