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Un odieux connard

le Blog de Julien Hervieux

Flux purgé de certains visuels, peut nuire à la compréhension des contenus.

 

Publié le 23.02.2025 à 09:52

Top Gun Premier

Depuis Top Gun 2, il existe une nouvelle génération de spectateurs.

De jeunes gens qui évoquent le film avec des étoiles dans les yeux, s’émerveillent devant le charisme de Tom Cruise, et discutent longuement des passages où des avions font vroush et des missiles font woush (c’est ainsi). Les vieux briscards qui les écoutent ne manquent alors jamais de lancer : « Ah, vous devriez voir le premier volet ! ». Mais là, au lieu de décrire un autre film avec des cabrioles aériennes, curieusement, ils évoquent toujours des matchs de volley torse-poil, des claques au cul dans les vestiaires, et Tom Cruise qui se promène en slip moulant entre deux tours de moto. Parfois, quelqu’un lance aussi « Ah si, à un moment, il y a un avion », mais soyons francs : ce sont des cas isolés.

Alors, pourquoi diable est-ce que les gens ont plutôt retenu les scènes de volley que l’aventure qui était au cœur du film ?

Plongeons dans le passé, sortons cette VHS de Top Gun de 1986, Diego, sors le magnétoscope… Et spoilons, mes bons !

 

L’affiche : ça ne nous rajeunit pas.

Notre film commence par un petit texte, qui nous explique qu’en 1969, l’armée américaine a créé une école spéciale pour ses meilleurs pilotes. 1% des aviateurs américains, soit l’élite de l’élite, la crème de la crème, afin de leur enseigner l’art du combat aérien. Ce fameux 1% surnomme l’école « Top Gun« . Les 99% restants préférant parler de « Attendez, comment ça seul 1% d’entre nous sont formés au combat aérien ? Les autres on est juste là pour se faire abattre ?« .

Mais ce sont sûrement de gros jaloux.

La première scène nous emmène cependant dans l’océan indien, « de nos jours », nous dit le film, ce qui est du pipeau puisqu’on voit tout de suite qu’on est en 1986 (quel manque de respect pour le spectateur, on ne me la fait pas). Et plus précisément à bord du porte-avions USS Nicolas Cage. Et sur tous les ponts, c’est l’alerte : on a détecté deux avions communistes pas loin.

« De quel pays ?
– Communiste.
– Non mais lequel ?
– Les… communistes rouges.
– Non mais allez : la Russie ? Le Vietnam ? Mitry-Mory ?
– Mitr… bon, écoutez, vous commencez à me courir sur le haricot : ce sont des cocos, voilà tout, alors vous m’envoyez deux avions les intercepter, et vite ! »

Top Gun n’aimant pas désigner un pays spécifique pour ne pas avoir d’emmerdes, nous en resterons là, et voilà comment deux appareils américains s’en vont expliquer aux engins inconnus que ce n’est pas parce qu’il y a « internationale » dans « eaux internationales » qu’il faut y venir la chanter. Hélas, à bord de l’USS Nicolas Cage, les officiers sont nerveux : l’un de leurs avions est piloté par les deux plus grosses andouilles du bord, à savoir Maverick et son navigateur Goose. Maverick qui signifie en français « non-conformiste », car il est trop rebelle, et Goose qui signifie « oie », probablement parce qu’il cacarde. Oui, l’oie cacarde. Ah, on s’instruit en ces lieux.

Mais venons-en à l’interception en elle-même, qui se déroule plutôt bien : Maverick met en déroute le premier appareil en le verrouillant avec ses armes, ce qui lui fait très peur, puis va se positionner à l’envers au-dessus du second dans une manœuvre aussi bête que dangereuse pour faire un gros doigt au pilote ennemi avant de le prendre en photo en rigolant. C’est probablement lorsqu’il a commencé à retirer son slip en s’exclamant « Regarde, j’ai pas qu’un avion, j’ai aussi un hélicoptère ! » que le pilote ennemi a préféré rentrer chez lui, au Communistan.

Nos amis peuvent donc rentrer. Mais c’est sans compter que le pilote de l’autre avion américain, nom de code Kikinou52, a été traumatisé par la rencontre, puisqu’un appareil ennemi l’avait aussi verrouillé. En résulte qu’il est en état de choc, ce qui risque de compliquer sa capacité à retrouver le porte-avions et à y poser son gros train. Heureusement, violant les ordres, Maverick s’empresse d’aller voler à côté de lui en lui chuchotant sur sa radio : « Vas-y Kikinou52, tu peux le faire, alleeeez ! ». Ce que le navigateur de Kikinou52, Kikinou51 faisait depuis 20 minutes sans résultat, mais là, pif pouf, alors que ça vient d’un type qui pète les roudoudous à tout le monde, Kikinou52 opine du chef, se reprend juste assez pour poser son appareil puis sa démission à son chef. Dans cet ordre.

Chef qui convoque immédiatement Maverick et Goose.

– Écoutez-moi bien les deux cons. Kikinou52 était mon meilleur pilote. Maintenant, je n’ai plus que vous sous la main, les autres pilotes s’appelant tous Jean-Jacques. Et sachez que ça m’emmerde ! Vous, Maverick, vous désobéissez ouvertement aux ordres !
– On m’avait pas dit qu’il y en aurait quand j’ai rejoint l’armée.
– Et vous Goose… bordel, arrêtez de cacarder partout !
– KWAKWAKWAKWAK !
– Bon dieu Maverick, mais pourquoi avez-vous choisi comme navigateur une oie à moustache ?
– Parce que vous avez déjà réussi à apprendre à se raser à une oie ?
– KWAKWAKWAKWAK !
– Ah, elle chie sur mon bureau ! C’est infernal ! Retenez-là, Maverick ! Et finissons-en : on m’ordonne d’envoyer des pilotes à Top Gun. Et comme Kikinou52 est parti… vous êtes les suivants sur la liste. Alors ça me brise les rouleaux, mais allez-y !
– Youpi !
– KWAKWAKWAKWAK !

Maverick et son oie se font un petit high-five, car comme leur dit leur chef, ils vont affronter « les meilleurs pilotes au monde ». Hmmm. J’aurais dit « des Etats-Unis », mais visiblement, le chef a oublié qu’il existait d’autres pays dans le monde. Ça expliquerait son incapacité à trouver le nom du Communistan.

« Vous êtes irresponsables, incapables de suivre les ordres, vous faites n’importe quoi avec votre avion… bref, je vous envoie avec les meilleurs des meilleurs ! »

Toujours est-il que nos deux héros sont ainsi envoyés en Californie, à l’école Top Gun, où l’on retrouve Maverick en train de faire de la moto sans casque parce qu’il est trop rebelle pour en porter un, et puis « En plus ça fait trop moche, m’man !« . Son oie serrée contre ses hanches, il se rend à l’école le sourire aux lèvres, un truc qu’il n’a probablement jamais connu jusqu’alors. C’est là que le grand chef de l’académie leur fait son topo.

– Les p’tits gars, vous êtes l’élite de l’élite de l’aviation navale. Qui est elle-même l’élite de l’élite de l’aviation américaine. Amérique qui est elle-même l’élite de l’élite du monde.
– C’est pas une tête que vous avez, chef, c’est une pastèque.
– Et toi c’est pas un navigateur que tu as, c’est un oiseau de la famille des anatidés, alors ferme bien ta bouche.
– KWAKWAKWAKWAK !
– Arrête Goose, il nous vannait, là.
– KWAK ? KWAKWAKWAKWAK !
– Non, Goose ! Tu ne vas pas « le démonter comme tu démonterais un pain frais » !
– C’est fini les deux ? je peux continuer ?
– Oui chef.
– Bon, donc je disais : durant la guerre du Vietnam, nous avons découvert que nos pilotes se reposaient trop sur leurs missiles. C’est pour cela qu’ici, vous apprendrez l’art du combat aérien à l’ancienne. Et le meilleur des meilleurs des meilleurs des m… bref, le meilleur duo pilote/navigateur parmi vous recevra le trophée Top Gun. Et ici, on aime que les premiers. Être deuxième, c’est nul. Compris ?
– Chef, l’aviation, c’est pas un concept avec du travail d’équipe, des ailiers, et par conséquent où justement, il faut éviter de partir tout seul comme un con en quête de records ?
– Eeeh bien…
– C’est pas d’ailleurs justement cette mentalité de merde qui a causé de sérieuses pertes dans les formations de bombardiers durant la Seconde Guerre mondiale car les escorteurs partaient à la chasse au lieu de rester à côté des gars qu’ils devaient protéger, quitte à avoir un moins bon tableau de chasse ?
– Eeeeeeeeeeeeeh biiiiiiiiiiiiiieeeeeeeeeen…
– Votre école ne serait donc pas en train de faire exactement l’inverse de ce qu’elle devrait faire ?
– Votre nom ?
– Caporal Roudoudou.
– Eh bien Top Gun, c’est terminé pour vous.

Mais pas pour nous. Et reprenons.

Car après cette introduction, il est (déjà) temps d’aller picoler pour nos héros. Qui se rendent au bar local, où Maverick fait la connaissance d’Iceman, un autre élève de l’école.

– Et pourquoi ton nom c’est « Iceman » ?
– Parce que ça veut dire « Homme de glace », et je ne perds jamais mon sang froid.

Il faut le comprendre : à l’époque, Youtube n’existait pas. De nos jours, il aurait suffit de lui montrer Michou pour qu’instantanément, il se mette à hurler des jurons à faire rougir Satan. Mais passons, car Maverick a plus intéressant en vue, à savoir, une fille. Qu’il va lourdement draguer, très lourdement, allant, malgré ses refus, la suivre jusque dans les toilettes des femmes. Oui, en 1986, c’était montré sous un jour positif, saveur « Maverick n’abandonne jamais une cible, héhé !« , avec en face la donzelle impressionnée par son courage. De nos jours, la lecture est quelque peu différente, et on souhaite secrètement que la dame, au lieu de glousser, réponde quelque chose du genre :

– Mais ? Vous êtes dans les toilettes des femmes ?
– Je sais, mais puisque c’est là que vous vous cachez, ma belle… *clin d’oeil* *sourire en coin*
– Ah non mais je ne me cache pas. En fait, je suis venue ici pour poser une énorme pêche. Hier, j’ai mangé une choucroute mon vieux, pouah, je crois que j’ai réussi à réassembler les saucisses en une seule énorme et combinée, et maintenant, ce monstre veut que maman l’accouche. Je vais te barbouiller ces chiottes, je pense que je ne pourrai plus revenir ici. Jamais. Mais le pire dans tout ça, c’est même pas le monstre grumeleux que je vais démouler ou l’odeur méphitique qui va pourrir les lieux pour les cinq prochaines heures.
– Non ?
– Non. C’est que même avec tout ça, je suis assez certaine que je ne vais pas chier une aussi grosse merde que toi.

Si après ça, Maverick a encore envie de la draguer, c’est que ce n’est pas un pilote de l’aéronavale mais un prince saoudien.

Et si la première tentative de séduction de notre héros échoue et que ce soir, il rentre seul chez lui avec sa béquille (il est en moto, c’est important de ne pas la faire tomber), le lendemain, quelle n’est pas sa surprise lorsque la nouvelle instructrice qui vient leur parler des avions Mig ennemis s’avère être…

– Goose ! Regarde ! C’est la dame des toilettes !
– KWAKWAKWAKWAK !
– Mais non, pas la dame pipi ! L’autre !

En effet, c’est bien la jolie jeune femme qui a fait tourner la tête de notre héros, et qui durant son cours, est étonnée d’apprendre que Maverick est le fameux pilote qui est allé se frotter à un Mig communiste… pour faire un doigt au pilote. Et cela la chamboule. C’est vrai qu’entre la poursuite dans les toilettes et maintenant apprendre qu’il fait des doigts aux étrangers, on comprend que ça dresse de notre héros un profil d’esprit aussi brillant que romantique. Cependant, notre larron ne compte pas s’arrêter là, car s’ensuit un exercice avec d’autres instructeurs : un combat aérien. Faux, certes, mais avec de vrais avions, dans le vrai air. Avec deux règles :

– Ne pas descendre en-dessous de 10 000 pieds, on fait comme si c’était le sol
– Ne pas voler comme un gros con trop près de la tour de contrôle.

Environ 0,8s plus tard, Maverick a volé sous les 10 000 pieds en rigolant comme un débile, avant de fêter ça en allant voler à fond les ballons près de la tour de contrôle. Son chef est donc obligé de le convoquer pour lui faire relire ce qui est marqué au mur, à savoir « Top Gun » et non « Top Segpa ». Heureusement, Maverick et Goose ressortent du bureau grâce à une ruse simple : le premier ne sait pas lire, et l’autre est une oie avec une moustache. Ils s’en tirent donc avec un avertissement dans leur carnet de correspondance (à faire signer aux parents). Et Maverick peut reprendre sa petite vie faite de cours, de devoirs, et de parties de volley torse-poil avec les copains en se claquant les fesses à chaque point, hihihi.

Maverick, quand on lui explique le concept de « règles ».

C’est probablement cela qui finit par convaincre Jeannine, l’instructrice, que coucher avec un élève de son école est une bonne idée. Elle l’invite en effet finalement chez elle pour un petit dîner. Et voit arriver :

– Un motard sans casque
– Ultra à la bourre parce que « Je jouais au volley avec les copains » (véridique)
– Première chose qu’il demande en entrant « J’peux prendre une douche ? »

Et pourquoi pas la dernière bière dans le réfrigérateur, Monsieur Abitbol ? Finalement, Maverick n’avait pas tort de suivre la dame aux toilettes, car c’est bien là sa place, mais tout au fond d’icelles. L’affaire ne se conclut pas tout à fait, Maverick chauffant la dame avant de filer comme un galopin façon « Non, tu dois me supplier, femme. » Et leur petit jeu peut donc se poursuivre. En cours, Maverick se permet aussi de reprendre la dame, lorsqu’elle fait remarquer que Maverick pilote comme un con durant les exercices.

– Maverick, pourriez-vous expliquer à la classe pourquoi vous faites des manœuvres idiotes sans réfléchir ?
– Parce que là-haut, on n’a pas le temps de réfléchir.

C’est sa vraie réponse. Alors certes, apprendre que Maverick ne réfléchit pas, ça n’étonnera personne, par contre qu’il l’assume pleinement et trouve même que ça justifie tout… comment dire ? Mieux encore, quand Jeannine va le trouver après le cours pour lui dire que son attitude en classe laisse à désirer, Maverick court jusqu’à sa moto, et fait tourner la poignée des gaz sur place façon « VROUM VROUM VROUM J’ENTENDS PAAAAS ! » quand la dame veut lui parler. Ah non vraiment, quel charmeur aussi mature qu’élégant. Il a tous les atouts pour pécho Jeannine, oui, mais plutôt celle de 4eB au collège Ersilia Sourdais de Melun.

Cependant, c’est un film, et plutôt que de savater Maverick, notre héroïne lui confesse « Bon tu fais chier, en fait, je t’aime, voilà. »

Oui, ça sort comme ça. Un instant, il lui fait vroum vroum dans les oreilles pour l’emmerder, le second, elle lui susurre « Oh, ça m’a trop excité ». On se croirait dans Fast & Furious, ce film où les femmes sont toutes secrètement fans de moteurs et adorent danser en bikini près d’un gros piston le soir venu. Cependant, qu’importe votre opinion sur le sujet (vous qui me lisez êtes peut-être en ce moment-même en bikini près d’un gros piston, c’est un choix de vie), Maverick roule un patin à la dame.

Et c’est parti pour la chanson phare du film bien connue : « Take my breath away« . Dont je vous rappelle les paroles :

Je regarde tous les mouvements de séduction de mon amant idiot
Sur cet océan sans fin, enfin les amoureux n’ont pas honte
Je tourne et je retourne dans une sorte de coin secret là-dedans
Je regarde au ralenti quand tu te tournes et tu me dis

PREEENDS MA RESPIRAAAAAATION
PREEEENDS MA RESPIRAAAAAAATION !

Notez que même la chanson souligne que Maverick est débile. Je ne l’invente pas, c’est la première ligne du premier couplet. Comme quoi.

Enfin, la dame n’est pas déçue, car après une nuit de gros bisous où il tente de lui prendre sa respiration (probablement avec les mains), Maverick a disparu à son réveil, laissant derrière lui… un avion en papier. Jeannine rougit un peu, en se disant que merde, vraiment, elle vient peut-être de se taper un type qui a bien 12 ans d’âge mental. Et qui continue à le prouver lors de l’exercice suivant.

– Maverick, cet exercice est simple. Vous devez suivre votre coéquipier pour le couvrir. Surtout, ne l’abandonnez pas.
– OH ! SI J’ABANDONNAIS MON COEQUIPIER ? WAHOUUU !

Oui.

Maverick est insupportable. C’est bien simple : à chaque scène, on a envie de le voir mourir. Après, peut-être qu’avec de la psychologie inversée, il pourrait faire des miracles. Du genre « Maverick, surtout, n’arrête pas d’être con ! ». Et hop, dans la foulée, il obtient deux doctorats sans que personne ne comprenne ni pourquoi, ni comment. Hélas, ses supérieurs n’ayant pas compris le truc, ils remettent Maverick à l’exercice en lui disant :

– Maverick, surtout, ne te retrouve pas à perdre le contrôle de ton appareil et à avoir un souci d’éjection qui tuerait Goose.

Et environ 10mn plus tard, l’avion de Maverick s’écrase en mer hors de contrôle, notre héros atterrit en parachute à côté, et les garde-côtes repêchent une oie moustachue sans bien comprendre ce que c’est que ce bordel. Le diagnostic est rapidement posé : l’oiseau est mort durant l’accident. Maverick est donc tout traumatisé. Ses chefs, sa douce, ses camarades, tout le monde essaie de lui expliquer que écoute Maverick, on n’emmène pas un canard dans un avion, mais Maverick n’en a cure :

– C’était une oie. Et la meilleure.

Kwak… kwak kwak…. kwaaaaaak…

Le tribunal militaire reconnait que c’était un accident, même Iceman lui dit que « C’est pas d’chance, désolé. » mais notre héros n’en est pas moins traumatisé. Il en a du mal à se remettre à piloter, et commence sérieusement à envisager une carrière dans la comptabilité, où ses manœuvres les plus audacieuses consisteraient à retourner avec souplesse sa souris pour la démonter et lui nettoyer la boule (nous sommes en 1986, ne l’oubliez pas, bande de bourgeois à souris optiques). D’ailleurs, il quitte l’école avec ses affaires, car c’est décidé : pour lui, tout ça, c’est fini.

Il est heureusement rattrapé par Jeannine, alors qu’il est à l’aéroport.

– Maverick ! Mais enfin, ça ne va pas ? Enfin, on perd son coéquipier, et ça y est, on boude ?
– C’est-à-dire que je viens de subir un crash et de perdre mon meilleur ami, et je n’ai même pas eu d’autre soutien que « Désolé gros ». Tu noteras que c’est un peu léger.
– Roooh, alleeeeeeeeez, Maverick ! Redeviens l’homme qui n’a peur de rien ! Le type qui fait n’importe quoi avec un avion à 30 millions ! Celui qui n’obéit à aucun ordre ! Celui qui me poursuit dans les toilettes des filles !

Car oui, c’est peu ou prou son discours : « Franchement, Maverick, c’était mieux avant ». Mais elle trouve l’argument qui tue :

– Maverick, on dirait que tout ce que tu as appris à Top Gun… c’est à abandonner. Super.

Je rappelle que nous sommes donc face à un type traumatisé, et la seule chose que sa copine trouve à lui dire, alors qu’en plus elle bosse avec l’armée et sait donc que ce n’est pas toujours de la rigolade, c’est « Hou, le lâcheur, euh ! »

Mais Maverick étant con comme une brique molle, cela le convainc de rester. Il se rend donc prestement chez le chef de l’école – et chez lui, hein, genre sa maison, vas-y rentre mec, te fais pas chier – pour lui parler. Grand chef qui évidemment, trouve ça bien normal et prend le temps de discuter un peu avec lui.

– Maverick, j’ai piloté avec ton père.
– Ah, mon père… il a disparu au Vietnam, personne ne sait ce qui lui est arrivé. C’est à cause de lui que je suis devenu pilote.
– Ben figure-toi que j’étais là le jour où il a disparu, et en fait, c’était un héros, il est mort en protégeant toute son escadrille.
– Et personne n’a pensé à me le dire ?
– Tu sais, on est Américains : on est très timides avec nos héros, c’est connu.

C’est bien vrai, ça. Pas vrai Top Gun ?

En tout cas, si la damoiselle de notre héros n’a pas réussi à le surmotiver, cette histoire de papounet remotive notre héros qui décide de réintégrer l’école, juste à temps pour recevoir son diplôme. Et s’il n’a pas été premier de la classe (c’est ce gros chouchou de Iceman), ce n’est pas bien grave puisqu’en plein milieu de la cérémonie, c’est l’alerte : les pilotes doivent immédiatement gagner l’océan indien pour régler une situation de crise. À savoir que le navire américain USS Janet Jackson est à la dérive, et est entré dans les eaux territoriales du Communistan. Qui, non, n’a toujours pas de nom. Maverick et ses amis doivent donc couvrir l’évacuation du navire, alors que les Mig ennemis vont rôder dans le secteur.

– En même temps, c’est chez eux.
– Bon dieu Maverick, ce sont des communistes ! Pas de propriété privée avec eux ! Donc leurs eaux, ce sont nos eaux aussi.
– Hmmm… ça sonne un peu rouge, ce que vous venez de dire, chef.
– Silence ! Et prenez garde, car l’ennemi a des missiles Exocet super dangereux, qui peuvent couler un navire de très très loin !

Oui, des missiles Exocet. Pas mal non ? C’est français.

Iceman, Maverick et une paire de Jean-Jacques se préparent donc à bord de l’USS Nicolas Cage. Et ils suent très fort, comme tout le monde durant tout le film (les gens avaient un sérieux problème de sudation durant le tournage, semble-t-il).

– Bon, Maverick, vous serez l’avion de secours, celui qu’on appelle si ça dégénère. Comme vous sortez de Top Gun vous aussi, vous devez être un as du combat aérien, si jamais on en venait à ça.
– C’est-à-dire qu’au premier jour à l’école, on nous a appris qu’il ne fallait pas nous reposer sur nos missiles.
– Et ?
– Et ensuite tout le film, on n’a fait qu’apprendre à verrouiller des missiles.
– Vous voulez dire que vous avez le même niveau en sortant de cette école qu’en y entrant ?
– Absolument.

C’est quand même bête, de faire un film entier dédié à « l’école du combat aérien pour ne pas se reposer sur les missiles » et de l’oublier. Un détail.

Ce qui est d’autant plus embêtant que la situation dégénère très vite : le Communistan a envoyé six Migs, or, les Américains n’en ayant détecté que deux (v’là l’élite de l’élite), ils ont envoyé deux appareils seulement : celui d’Iceman et celui d’un certain Jean-Jacques. Et le Communistan ne plaisantant pas, ils arrosent la truffe de Jean-Jacques, qui est abattu (ça alors !). C’est la panique : un avion à l’eau, un autre poursuivi par six Migs, vite, envoyez Maverick en renfort ! Son non-conformisme devrait mettre en déroute les dogmatiques du marxisme ! À défaut, il les poursuivra jusque dans les toilettes des filles, et ça, ça va les calmer.

Notez que cela fait toujours un total de deux avions contre six, mais hein, bon, hé.

Cela dit, j’exagère : on voit bien les officiers du porte-avions de nos héros ordonner l’envoi de plus de renforts, mais « Ah nan mais là, y a une panne, et pis y a Michel qu’est en congé, et pis… » bref, vous l’aurez compris, quelqu’un a bloqué le pont du porte-avions américains avec un bout de script histoire de laisser Maverick faire le kakou et sauver le monde quasiment seul. Maverick qui arrive rapidement sur les lieux avec un nouveau navigateur, Kikinou51 (mais si, le navigateur de Kikinou52 au début du film !) qui gueule des instructions à Maverick :

– Maverick, on a une opportunité à droite, engage le combat !

Mais quoiqu’il dise, Maverick fait exactement l’inverse (ça vous étonne ?), et commence même à s’éloigner du combat plutôt que de l’engager, encore un peu traumatisé. Lorsque soudain, il chuchote « Parle-moi, Goose… » en serrant les plaques d’identité de son vieil ami qu’il a gardées. C’est vrai ça, que lui dirait Goose ? Maverick ferme les yeux, concentré. Et imagine la réponse de son défunt ami :

– KWAKWAKWAKWAK !

Maverick hoche la tête.

– C’est vrai, il a raison… il est temps de cacarder partout !

« MAIS PUTAIN C’EST CE QUE JE TE GUEULE DEPUIS DIX MINUTES, POURQUOI T’ÉCOUTE UN CANARD MORT PLUTÔT QUE MOI ? » s’étrangle Kikinou51 assis derrière lui. C’est vrai que de tout le film, aucun de ses pilotes ne l’aura jamais écouté. Peut-être qu’en réalité, c’est lui qui est mort et que personne n’entend, et Top Gun serait en fait le préquel de Sixième Sens ? Qu’importe : Maverick retourne au combat, et commence à meuler les communistes volants un par un, ennemis qui ont le bon goût d’attaquer par groupes de un, de ne pas utiliser leurs missiles, et de tout faire pour faciliter le boulot des héros. À tel point qu’après quatre Migs détruits, les deux derniers s’en vont façon « Oui, bon écoutez, nous on était juste là pour la figuration, bisous. »

C’est pratique.

Et sinon, le navire à la dérive, là ? L’USS Janet Jackson ? Les Exocets ? Toute la crise internationale, en fait ?

Eh bien rassurez-vous : le script a pris bien soin de tout oublier. C’est aussi le cas d’Iceman, dont l’avion a été touché, n’a plus qu’un moteur et fume lourdement, mais lui aussi l’oublie entre deux plans. Ainsi, lorsque Maverick dit « Eeeh, et si au lieu de se poser au plus vite vu que ton avion tombe en miettes, on faisait des acrobaties près de la tour de contrôle du porte-avions ? », Iceman accepte, parce que hop : soudain, son moteur ne fume plus, sa vie n’est plus en jeu, et hihihi, on rigole bien !

Ce qui est bien, c’est de se rappeler qu’en 1986 déjà, les scénaristes avaient laissé tomber le respect du spectateur.

Enfin : le communisme est vaincu, les héros finissent par se poser, Iceman félicite Maverick pour être redevenu un trou du cul irresponsable… tout est bien qui finit bien !

En effet : les Jean-Jacques abattus sont repêchés par hélicos (dans les eaux du Communistan donc), Iceman et Maverick deviennent trop copains, tout le monde les acclame sur le pont, bref, c’est super. Pour montrer qu’il a affronté son traumatisme, Maverick prend les plaques d’identité de Goose et les balance à la flotte. Parce que Goose avait une femme et un fils qui auraient sûrement apprécié de les avoir, mais Maverick est comme ça : il s’en branle. C’est ça l’amitié.

Mais sinon, j’ai une petite question : quid du Communistan ? Non parce que non seulement vous avez un navire qui est rentré dans ses eaux, mais aussi plusieurs appareils, qui ont effectué des actes de guerre, ah et vous avez même un hélicoptère de secours qui a violé l’espace aérien communiste pour venir récupérer les pilotes abattus. Donc, on en parle de la troisième guerre mondiale qui approche ?

Non : hihihi, ça aussi, on a tout oublié ! Oui, c’était une crise internationale, mais en fait, bof, non.

En récompense de ses exploits qui ont sauvé le monde (mais en fait, c’était pas si grave), Maverick obtient de pouvoir choisir n’importe quel poste dans l’aéronavale. Il annonce donc :

– Je veux devenir instructeur à Top Gun.

Nul doute qu’il appréciera quand il aura des élèves comme lui qui n’auront rien à foutre de ses consignes, et lui feront de grands sourires rigolards quand il leur expliquera que merde, c’est pour leur bien. Il retourne donc dans la ville californienne de l’école, rentre dans un bar… et y tombe sur Jeannine. Qui lui dit que c’est bon, maintenant que c’est redevenu un gros connard égoïste et imbu de lui-même, elle aimerait bien qu’il revienne lui prendre la respiration. Quelle belle morale ! Quand il est fragile et traumatisé, c’est une merde, quand il fait n’imp’, c’est un homme, un vrai, avec du poil.

Patin il y a donc entre les deux, vue sur des avions qui montent très fort dans une subtile allégorie, et…

… FIN !

Ah oui. « Culte », donc, ce film.

« Au fait Goose, ta femme et ton fils, je les emmerde ! »

Et le plus fou dans tout ça ?

C’est que non seulement le film est devenu culte, mais que Maverick a été considéré comme un personnage tellement sympa… qu’on en a donc récemment eu une suite.

Franchement, je ne sais pas ce qu’on a fait pour mériter ça.

Publié le 08.02.2025 à 14:59

L’ire ensemble – Midnight Sun – Épisode 7

L’année 2024 s’écoula sans nouveau passage de Midnight Sun, dont nous avions pourtant étudié le précédent épisode ici.

Les plus pervers d’entre vous sont donc venus me trouver pour demander quand diable ils auraient la suite des aventures du vampire le plus attardé de l’histoire de l’humanité, et de sa petite amie dont le super pouvoir est de n’avoir aucune pensée. Eh bien, soit, bande de monstres, soit ! Reprenons donc là où nous en étions arrêtés.

Edward, l’homme mi-vampire mi-boule à facettes, tente de pécho Bella. Pour ce faire, il l’a invitée dans sa demeure familiale, afin de lui montrer sa collection de figurines Evangélion. Ou quelque chose dans cet esprit. En tous les cas, il veut qu’elle découvre son intimité, et nous savons tous que par « intimité », il veut dire « lui montrer Edwardito ».

Va-t-il y parvenir ?

Lisons, mes bons !

La bête revient.

Edward et Bella arrivant dans l’immense maison où lui et les siens habitent, ils croisent naturellement le géniteur de notre héros, Carlisle.

Carlisle plaça un marque- page dans l’épais volume qu’il était en train de lire et se leva pour nous accueillir.

J’aime comme dans ces fictions, pour montrer que quelqu’un est intelligent, il lit forcément de gros livres. Vous ne saurez ni ce que c’est, ni de quoi ça parle, par contre, c’est gros. Alors que si ça se trouve, Carlisle était en train de relire 1001 blagues de pets. 

Les salutations effectuées, Carlisle laisse les deux tourtereaux tranquilles, et Edward en profite pour montrer à sa belle les souvenirs qui parsèment la maison, et qui racontent un peu de l’histoire de chacun de ses membres. Comme par exemple, comment Carlisle a très mal vécu d’être transformé en vampire au XVIIème siècle. Et a donc tenté de mettre fin à sa nouvelle existence.

Sans quitter du regard le tableau, je listai les tentatives de suicide de Carlisle.— Il s’est jeté du haut de falaises. Il a tenté de se noyer dans l’océan… Mais il commençait sa nouvelle vie et il était très fort.

Alors très fort, je ne sais pas, mais très con, j’en suis assez certain.

Le type se transforme en vampire. Il se réveille pour découvrir qu’il est juste un cadavre ambulant qui n’a plus besoin de manger, boire ou même respirer. Sa première idée pour se suicider est fort logiquement :

« Et si j’essayais de me noyer ? »

La question est donc : au bout de combien de temps a-t-il réalisé qu’il était idiot ? Après 15mn sous l’eau ? 30mn ? 2 jours ? A-t-il articulé « Bloubloublou, je sbluis débibloublou! » au fond de l’eau avant de remonter, penaud, faire sécher ses os et son slip ? Le livre reste assez évasif sur le sujet. Ce qui est bien dommage, mais poursuivons. Car figurez-vous que Carlisle était Anglais (il était donc déjà en partie un monstre), et qu’une fois transformé en créature incapable de manger un fish & chips, il a décidé de rejoindre la France.

Je décrivis la nuit où il avait découvert un autre mode de survie, le compromis du sang animal, sa guérison, son retour à une normalité rationnelle. Puis comment il avait gagné le continent à la nage…
— Pardon ? me coupa- t- elle.
— Les gens traversent la Manche à la nage tout le temps, Bella.

Alors, deux choses.

D’abord, on notera que Carlisle est incapable de prendre le bateau. Ou même une barque. Non, lui, il traverse la Manche à la nage parce que… parce que. M’est avis que c’est surtout après sa tentative de suicide par noyade qu’il s’est trompé de côté en remontant.

Ensuite… hmmmm, des gens qui traversent tout le temps la Manche à la nage Edward ?

Elle a mal vieilli, cette réplique.

Mais, assez parlé de Carlisle ! Edward évoque comment lui-même a été transformé puis accueilli par Carlisle garnement qui s’était installé aux Etats-Unis (on ignore s’il a traversé l’Atlantique à la nage). Comme ce n’est pas très palpitant, il décide de sauter directement à une partie plus rigolote : comment fut un temps, Edward avait décidé de devenir un prédateur et de se nourrir de sang humain, oui… mais uniquement en boulottant des criminels. Des gens que la société ne regretterait pas (Edward est de droite, il ne faut pas le chauffer sur la réinsertion). Et il repense à une traque bien particulière. Celle d’un… pervers.

Il s’était contenté de rêver de ce à quoi il aspirait. Il s’était borné à épier la fille qui habitait l’immeuble en haut de la rue, ne l’avait pas abordée.

Edward, l’homme qui épie les filles depuis les arbres et va se toucher le trilili dans leur chambre le soir venu, se souvient fièrement de comment il a buté un type qui avait regardé une fille de travers.

Cherchez l’erreur.

Par ailleurs, sa victime potentielle n’était qu’une enfant.

Nous explique le type qui veut coucher avec une ado alors qu’il a seulement, quoi ? Un siècle de plus qu’elle ?

Non vraiment, le livre aurait pu évoquer Edward attaquant un meurtrier, un braqueur ou un psychopathe quelconque, mais non : il a décidé que l’exemple parfait, c’est un pervers épiant plus jeune que lui.

Je crois que finalement, 1001 blagues de pets est peut-être mieux écrit que cela, en effet.

Enfin : Edward emmène ensuite Bella dans sa chambre, mais pour lui montrer non pas les parties les plus étonnantes de son anatomie, mais sa collection de CDs.

— Comment les ranges- tu ? s’enquit- elle, perplexe devant ma collection de CD.

Moi aussi, quand je vais chez des gens et que je passe devant leur bibliothèque, au lieu de regarder ce qu’il y a dedans, ma première question est de savoir comment ils les rangent. On ne sait jamais, de là pourrait naître une conversation palpitante sur les systèmes de classification ! Alors Bella, je vais être direct : non. Ça ne marche pas. À part sur les bibliothécaires, ces êtres étranges chez qui vous pouvez provoquer des redirections sanguines en leur susurrant à l’oreille « Je vais te parler du système de classification décimal de Dewey ». Si vous le faites bien, vous devriez entendre en retour : « Bon sang, prends-moi comme un Marc Lévy fraîchement acheté sur liste d’attente ! ». Ne vous restera plus qu’à lâcher « Je vais te faire l’amour tellement longtemps que j’aurai des pénalités de retard », et votre nuit sera…

Ahem. Je m’égare. Revenons plutôt à nos vampires. Car Edward, voyant la belle dans sa chambre, n’a de cesse de se demander quand elle va prendre ses jambes à son cou, effrayée d’être chez un vampire.

— Tu guettes toujours le moment où je vais déguerpir en braillant comme une perdue, hein ? me lança- t- elle.

Alors oui.

Mais en même temps, vous êtes devant une putain de collection de CDs. Edward n’a aucune raison de penser cela, et toi Bella, encore moins de le deviner puisque ça n’a aucun sens. Sauf, bien sûr, si Edward sait qu’il a un truc qui pourrait vraiment effrayer la belle, comme un CD de  L’Agitateur de Jean-Pascal, coincé entre La Schtroumpf Party 2 et La Schtroumpf Party 5 (c’est vrai que son classement est à chier maintenant qu’on en parle).

Mais assez ! Assez de lectures, assez de littérature, Edward a une proposition à faire à Bella. Et si on sortait ? Car un orage va éclater au-dessus de la ville de nos héros, et couvrira les bruits des vampires s’ils veulent… jouer au base-ball avec leur super force !

— Nous, nous allons faire une partie de base- ball.
— Les vampires aiment le base- ball ? répliqua- t- elle, dubitative

Seulement les vampires américains et japonais, Bella. Les autres vampires jouent du violoncelle, de l’orgue ou peignent, mais toi, tu es tombée sur les vampires qui jouent au base-ball. C’est… comment dire ? Regarde bien ton vampire, je pense que tu trouveras une étiquette « Temu » ou « Wish » dessus.

Enfin : pour commencer, Bella doit repasser par chez elle. Et Edward repassera la chercher. Il se fait donc un plaisir de la déposer devant chez son papa qui reçoit des amis, et là…

C’est dans cet état d’esprit que je me penchai vers Bella pour l’embrasser. Rien que pour embêter le vieux bonhomme, je plaquai mes lèvres sur sa gorge au lieu de sa bouche.

« Eheh, je vais embêter le vieux là-bas en montrant que je ne sais pas où se trouve la bouche de ma nana ! »

Bella se retrouve donc 1) sans bisou 2) avec un suçon 3) avec un blaireau

C’est beaucoup.

Laissant sa belle, Edward retourne chez lui, où il décide de changer dé véhicule. Et après le base-ball, découvrons un autre indice qui prouve qu’Edward est en fait aux vampires ce que les ploucs sont à mes lecteurs.

Ne serait- ce que par sa taille, la Jeep était la plus voyante de nos voitures.

Alors, je vous passe la description, mais on insiste TRES lourdement sur le fait que la jeep est très, très grosse. C’est intéressant, ce besoin de grosses voitures chez Edward. En tout cas, c’est au volant d’un monstre mécanique sorti des pires cauchemars de Greta Thunberg que notre héros s’en va chercher sa petite zouzette. Qui est pendant ce temps occupée à expliquer à son père que oui, elle a un mec, et que oui, il va passer la chercher d’une minute à l’autre. Ce qui surprend donc Papa Swan.

— Mais tu m’as raconté hier soir que tu ne t’intéressais à aucun des garçons de la ville, se plaignit- il.
— Edward n’habite pas en ville.

Je vous la refais.

— Mais tu m’as raconté hier soir que tu ne t’intéressais à aucun des garçons de Paris.
— Edward habite à Neuilly.

Ah oui : rien à voir. Edward n’habite pas en ville ! Certes, bon, il y passe ses journées, y étudie, va au lycée… mais il habite à, pfiou, au moins 5mn de route ! C’est une véritable relation à distance papa, tu ne peux pas comprendre, tu ne me comprends pas, bouhouhouhsnifousnourfsnurf *bruit de porte de chambre qui claque*.

Heureusement, Edward arrive sur ces entrefaites.

Je sonnai et m’empressai de mettre ma capuche. J’étais doué pour imiter les humains

Mais qu’eeeest-ce que je viens de lire ?

– Michel ! Regarde là-bas ! Un vampire !
– Mais non, tu vois bien qu’il a une capuche !
– Aaah oui, pardon. Cherchons ailleurs !

On se croirait dans Lupin, avec Omar Sy, où tout le monde chercher Omar Sy, mais quand ils l’aperçoivent « Non, nous, on cherche un Omar Sy à casquette ! Mais là, c’est un Omar Sy à bonnet ! Rien à voir ! »

Ça a beau être Edward le vampire, c’est moi-même qui perd un peu plus de mon humanité à chaque minute qui passe. Papa Swan, qui est shérif je le rappelle, se laisse en tout cas berner par la capuche (les gens à capuche ne sont jamais suspects, dans son métier, on le sait), fait rentrer Edward, qui va chercher Bella et ressort. Par la porte, ce qui est un peu une nouveauté pour notre pervers plus habitué aux fenêtres. Bella aperçoit donc son véhicule.

— Tu as une… sacrée grosse Jeep, marmonna- t- elle, un peu craintive.

Si quelqu’un peut m’expliquer pourquoi on insiste énormément sur la taille de la jeep, au point qu’elle fait peur, je suis preneur. C’est quoi ? Une allégorie beauf ?

– Bella, voici ma jeep.
– Seigneur Edward elle… elle est énorme.
– Et elle est toute à toi.
– Mais Edward, elle est immense, jamais je ne pourrai grimper… enfin… c’est un monstre !
– Ouais bébé ! Et encore t’as rien vu et… euh… oh merde…
– Attends, tu viendrais pas de caler ?
– Euh… c’est la première fois que ça m’arrive.
– Hmmm… mouais… eh ben bonne soirée, Edward !

Suis-je en train de lire un livre où une grosse voiture est vraiment utilisée pour faire une figure de style popolesque ? Par ailleurs, qui croit encore que grosse voiture signifie membre puissant ? Je dirais donc simplement ceci : rappelez-vous que cet italien de Rocco Siffredi roulait en Fiat. Et je n’ai rien à ajouter.

Surmontant sa peur, Bella parvient à grimper dans l’immense, la formidable, la titanesque jeep, et voilà son bel amant qui l’emmène dans les hauteurs proches de la ville. Où il finit par se garer, expliquant à Bella qu’il va falloir finir la route à pied (ça valait le coup de prendre la jeep infernale). Mais que comme il court fort vite, il la portera. Bella s’inquiète : n’est-ce pas dangereux ? Edward dissipe ses doutes :

— Crois- tu que je laisserais un arbre t’attaquer ?

Formulé comme ça, on dirait que dans la région, les arbres crachent par terre et vendent du shit. Alors que bon, on parle juste d’un type qui dit « Nan mais je ferai attention aux branches ». Quel courage, cet Edward ! J’espère quand même qu’il va se prendre un bouleau un peu hostile sur la gueule, mais ça, c’est juste moi.

Edward la porte, l’emmène jusque là où va se tenir la partie de base-ball, et là, après l’avoir déposée…

— Ouille ! Virevoltant sur moi- même, je découvris qu’elle s’était affalée par terre, pareille à une poupée abandonnée sur le sol. Sa surprise première se transforma rapidement en indignation, comme si elle ne savait pas comment elle avait pu tomber

Rappelons que Bella est une gourdasse, et que toute une partie de l’ouvrage est consacrée à nous rappeler régulièrement qu’elle se vautre, même sur terrain plat, sans jamais la moindre explication.

Quelque part, il y a donc des gens secrètement excités par voir d’autres personnes tomber. J’imagine qu’ils se tripotent devant de vieilles VHS de Vidéo Gag, et rien que pour ça, je propose d’immédiatement oublier ce que je viens d’écrire tant c’est repoussant. Concentrons-nous plutôt sur Edward et Bella qui, après avoir échappé à une embuscade d’arbres, mais pas à la gravité, parviennent enfin à la clairière tant recherchée.

Je l’entraînai par la main. Au bout d’à peine dix mètres, nous franchîmes la lisière de la forêt et débouchâmes dans le vaste champ que ma famille surnommait « la clairière ».

– Bella, tu vois cet espace découvert entouré de forêt ?
– Oui, ça s’appelle une clairière.
– C’est pourquoi nous avons décidé de la surnommer « la clairière ».
– … ah oui, vous êtes brillants dans la famille.
– Ouiiiii… mon papa lit des groooos livres…

Je vous confirme que le dernier a un titre commençait par « 1001 ».

— OK, on batte en premier. Carlisle hocha la tête. Alice, lui et moi gagnâmes nos positions. Esmé était en train de parler à Bella de son bébé mort juste après la naissance, et l’intimité du sujet m’étonna.

Il est vrai que le premier sujet à aborder quand on rencontre quelqu’un, particulièrement à un match de base-ball, est son enfant mort.

Il y a clairement un problème avec ces gens, et, non, ce n’est pas le vampirisme. C’est même très secondaire.

Emmett visa plus juste, cette fois, et je me mis à courir avant que l’impact de la batte sur la balle ne retentisse comme un coup de tonnerre.

Soit : les vampires tapent tellement fort qu’ils ne peuvent jouer que les jours d’orage tant ils font du potin. J’entends.

Mais, puis-je me permettre une paire de remarques ?

  • Vous n’êtes pas obligés de taper comme des sourds
  • Si ça fait vraiment ce bruit, Bella est sourde et s’exprimera en hurlant désormais « KÉKETUDI EDOUARDE ? »
  • On est aux Etats-Unis : si ça fait « bang ! » tout le monde trouve ça normal, calmez-vous
  • Sinon, vous avez pensé aux échecs ?

Mais non. Rien de tout cela n’a effleuré l’esprit de nos larrons. Par contre, autre chose atteint leurs cerveaux pas très vifs :

Je devinai leur prochaine stratégie avant même qu’Emmett et Jasper échangent une nouvelle fois leurs postes. Emmett allait frapper très loin pour permettre à Rosalie d’atteindre le marbre. Alice avait également vu la chose et, apparemment, ils étaient censés gagner.

Ah.

Donc vous jouez à un jeu en sachant qu’Alice, qui peut voir le futur, connait la fin de la partie. Et que l’un des joueurs connait automatiquement la stratégie d’en face. Mais sinon, c’est pas un peu chiant ? Vous jouez au poker avec Edward et Alice aussi, ou bien avez-vous compris que c’était débile ?

Mais non. À aucun moment ils ne se sont dit « Et si on jouait sans les deux connards qui pourrissent tout ? ». Cependant, le pire est à venir. Retenez bien qu’Alice peut voir l’issue du match (mais ne fait jamais de paris sportifs pour autant, retourner au lycée 20 fois par siècle, c’est vachement plus constructif). En attendant, Bella soupire, tant les vampires l’épatent.

— Je suis un peu déçue quand même, me nargua- t- elle.
— Pourquoi ? Elle avait l’air tout sauf déçue.
— J’aimerais vraiment découvrir un domaine dans lequel vous n’excellez pas.

Je peux t’aider, Bella. Comme ça, de tête :

  • Ne pas être complètement con
  • Ne pas être de gros pervers en maraude
  • Savoir qu’on ne peut pas se noyer quand on ne respire pas
  • Avoir du bon sens de manière générale

Je m’arrête là, principalement parce que je pourrais y passer la journée.

Et surtout, arrivons à l’énoooorme rebondissement : alors que nos amis jouent comme de gros débiles en faisant un boucan de tous les diables, leur raffut attire soudain des invités indésirables. Des vampires en maraude qui passaient par là, et qui eux, n’ont rien contre boulotter de l’humain. C’est Alice qui les sent venir, puis Edward qui sent leurs lointaines pensées.

D’après Alice, ils arriveraient dans la clairière de trois endroits différents, aux aguets, afin de se regrouper pour présenter un front uni

Et rien ne va.

D’abord, il faudra m’expliquer comment trois personnes venant de trois points différents vont pouvoir « présenter un front uni ». Si elles arrivent de trois endroits, elles seront dispersées en trois points. Mais cela est visiblement trop complexe pour Edward le neuneu.

Ensuite, Alice peut donc voir la fin d’une partie de base-ball MAIS PAS QU’ILS ALLAIENT AVOIR UNE ARRIVEE DE VAMPIRES TUEURS ! Ça, elle ne le voit que 30 secondes avant que ça n’arrive façon « Oups, j’avais oublié de vous dire, hihihi ! ». Ah non mais on comprend Alice : l’important, c’est le résultat du match. les tueurs psychopathes, ça peut attendre.

Et ensuite… ensuite ?

Non, vous savez quoi ?

On attendra justement la suite. Je suis un être humain, épargnez-moi un peu, diable !

Publié le 23.01.2025 à 13:22

Elévation du niveau

Hollywood, un mardi, 14h38.

– Bon, les gars, on nous demande un nouveau scénario pour un film post-apocalyptique. Les financeurs ont insisté : ils veulent un truc « original ». Donc pas de zombies, par exemple.

Un grand « Wololo ! » digne d’une partie d’Age of Empires II accueille la demande ; bientôt, les scénaristes autour de la table soupirent tour à tour « C’est impossible », « Que veut dire ce mot, ori… truc ? » ou « Ils ne préfèrent pas qu’on reprenne une licence ? », mais rien n’y fait, l’ordre du jour reste inchangé.

– Eh bien je propose un film ou, à la place de zombies… ce sont des monstres.
– Alors oui c’est pas mal Roger, mais des films de monstres aussi on en a plein. Alors ?
– Hmmm… eh bien ce serait des monstres qui… euh… forcent les humains à se cacher la nuit.
– Déjà fait, Roger ! Je suis une légende, avec Will Smith. Quelqu’un d’autre ? Robert ?
– Moi, je propose un film où les monstres empêchent les humains… de faire du bruit ! Ils doivent vivre en silence !
– Hélas, c’est Sans un bruit, Robert. Déjà sorti. Et financé par nos producteurs actuels en plus. J’ai dit « original ».
– Non mais si vous employez des mots que personne ne connait aussi !
– On se calme Michel. D’ailleurs, as-tu une idée ?
– Raaah, mais vous me gonflez. Eh bien moi, je reviens de mes vacances au ski et, tenez, ben paf, moi ce seront des monstres qui obligent les humains à vivre en altitude !
– Ah, oui, un problème d’oxygène, par exemple ?
– Hein ? Non. Non, juste ils forcent les humains à vivre en altitude.
– Mais pourquoi ?
– Eh, oh, vous m’avez demandé une idée, si maintenant en plus je dois développer, je ne suis pas payé pour ça !
– Pardon Michel. Continue. Quelle altitude ?
– Euh… on va dire… euh… ma plaque d’immatriculation commence par 2440. Donc ce sera 2 440 mètres.
– Mais pourq… non, tu sais quoi Michel ? C’est de la merde, mais c’est ce qu’on a de mieux aujourd’hui. Alors j’envoie la proposition aux chefs, et on voit ce qu’il se passe.

Voici donc probablement la génèse d’Élévation, un film palpitant où l’humanité survit dans les montagnes après une invasion de monstres. Mais alors, est-ce que finalement, quelqu’un a décidé d’expliquer pourquoi ?

Pour le savoir : spoilons, mes bons !

L’affiche : quand vous ne voulez pas mettre de débris qui tombent, mettez de la neige.

Notre film s’ouvre sur une succession de messages radios paniqués : partout dans le monde, des failles s’ouvrent et en sortent des créatures qui font « Agrougroum ! » qui s’empressent de tuer tout le monde, ce qui n’est vraiment pas très sympa. Pire encore, même l’armée ne parvient pas à les égratigner. Cependant, pour une raison mystérieuse, ces monstres ne montent jamais plus haut qu’à 2 440 mètres d’altitude. Pourquoi ?

Apapap, posez-vous la vraie question : comment a-t-on découvert cela ? Et surtout, le jour-même de l’invasion ? Est-ce que Gégé le montagnard qui s’emmerdait ferme en plein massacre général s’est exclamé « Tiens, il y a des monstres en bas, je vais descendre avec un altimètre voir à partir de quel moment ils me boulottent. Bon, alors… aaaah, 2 439 mètres. Chérie, tu m’entends pendant que cette créature me traîne ? Note : 2 439 mètres. Pense à appeler la radio pour leur dire, p’têtre qu’on gagnera une voiture ou un CD de Laurent Voulzy. Maintenant, ouyouyouaaargh, je meurs. »

Le mystère est total.

Toujours est-il que 95% de l’humanité a disparu. Les survivants sont donc principalement les habitants du Tibet, qui n’ont rien remarqué de particulier, et les rescapés des massacres qui ont réussi à gagner les montagnes les plus proches. Et depuis, rien n’a bougé.

Alors bondissons à 2 440 mètres et trois ans plus tard, dans les verdoyants monts du Colorado.

Car c’est là que nous retrouvons un jeune garçon que nous appellerons Rectuméo. En effet, le fripon a décidé, pour occuper sa journée, de passer la limite de 2 440 mètres délimitée par un joli marquage, afin de descendre un peu plus bas, dans un coin qu’il trouve sympa. Il s’installe en effet au bord d’une falaise, sort des jumelles, et se met à observer les habitants d’un petit village perché sur le versant d’en face.  Si vous pensez que c’est pour mater le postérieur des ribaudes qui étendent le linge, détrompez-vous : Rectuméo a 8 ans. Tout au mieux, il grommèle « Oooh, celle-là a une grosse paire de baskets Pat-Patrouille, j’y mettrais bien les pieds !« , alors calmez-vous un peu.

Sauf que voilà : Rectuméo ayant eu une idée digne de son nom, sa présence sous les 2 440 mètres a excité les monstres qui ont ravagé la Terre, et en voilà un qui se pointe.

Imaginez donc une sorte de sauterelle géante, blindée, et avec des tentacules en bonus pour appâter les Japonais imprudents.

« Crotte de bique ! » s’exclame Rectuméo qui comprend bien vite que face à un monstre qui a savaté l’armée américaine, ses chances de gagner sont dignes d’un Philippe Poutou devant une présidentielle. Il prend donc ses jumelles, ses cliques, ses claques, et se met à courir comme un dératé vers la frontière des 2 440 mètres. Comme vous vous en doutez, si les monstres sont capables de courir à plusieurs dizaines de kilomètres à l’heure, dès qu’il s’agit de courser un enfant de 8 ans avec de sérieux problèmes respiratoires (car c’est le cas), ils en chient comme des ânes.

Et voilà comment Rectuméo parvient in extremis à franchir la fameuse frontière, alors que la bête n’était plus qu’à un mètre de lui. Et sitôt qu’il a franchi la ligne, la bestiole se contente de faire des bruits sourds, des cliquetis, et de se barrer un peu déçue. Car, oui, ces créatures s’arrêtent très exactement à 2 439,99m, et non, elles ne mettent pas un petit coup de tentacules par-delà la frontière pour latter leur proie. Si tu passes les 2 440m, c’est cabane, comme on dit.

Rectuméo peut donc rentrer tranquillement chez lui, dans le hameau de Lost Gulch, où se trouve son papa, Will. Ce dernier ne l’engueule qu’à peine.

– Rectuméo ! Où étais-tu passé ?
– Je matais les baskets pat-patrouilles du village d’à côté.
– Mais ? Espèce de petit pervers microcéphale ! Tu aurais pu te faire tuer !
– Oui, mais je suis si seul ici, je m’ennuyais…

Et quand on s’ennuie, c’est connu, on part se promener seul dans une zone remplie de monstres tueurs. Techniquement, c’est vrai que ça tue aussi l’ennui, notez. Enfin. L’humanité n’a peut-être pas été exterminée entièrement, mais quand on voit qu’elle a pondu des enfants comme Rectuméo, soyons clairs, elle est foutue. Autant te tirer une balle tout de suite, Will, par contre, tu serais bien urbain d’en tirer d’abord une douzaine sur ton héritier.

Cependant, Will ne l’entend pas de cette oreille.

– Rectuméo, je sais que tu es embêté car tu es le seul enfant du village. Mais n’oublie pas que ta maman est morte en allant te chercher des médicaments. Alors merci de ne pas aller clamser comme un demeuré pour rien.
– D’accord pôpa.

Et la vie peut reprendre son cours.

Oui, sachez-le, Rectuméo, l’enfant qui peut battre un monstre à la course, a donc de graves problèmes respiratoires, particulièrement lorsqu’il fait dodo. Il lui faut en conséquence roupiller relié à une machine dont les filtres doivent régulièrement être changés. Or, il se trouve qu’on arrive à la fin du stock, ce qui est embêtant, car Will avait fini par s’attacher à Rectuméo. Il va donc en causer aux deux seuls autres personnages nommés du village :

– Katie, une chasseuse
– Nina, la scientifique

Par un heureux hasard, aucune des deux n’est un tromblon, mais laissez-moi tout de même vous parler de ces dames.

Katie, d’abord, est une survivante qui accompagne régulièrement Will à la chasse. Elle est célibataire et visiblement, ça commence sérieusement à la travailler. Will porte donc entre deux et huit slips en sa présence, pour protéger ses arrières. Nina, ensuite, est une personnalité détestée du village : elle n’est pas sociable, envoie chier tout le monde, picole, et passe son temps à réveiller le bon peuple avec des coups de feu, puisqu’elle tente de créer une balle capable de pénétrer l’armure des monstres. Pour ce faire, elle s’entraîne sur une écaille de l’un deux. Sans succès et…

Oui ? Pardon ? Oui, tout à fait, elle s’entraîne sur un bout de monstre indestructible. Or, si le monstre est indestructible, d’où vient ledit bout ?

Mais, du script, bien sûr. Avez-vous d’autres questions ? Non ? Alors on continue. Car voici Will qui, déjà, va causer à Nina.

– Nina, tu sais que je ne t’aime pas. Principalement parce qu’il y a un an, tu étais de l’expédition qui a vu ma femme mourir, donc je te rends un peu responsable. Surtout que tu es la seule à en avoir réchappé.
– Super. Mais ?
– Mais comme je dois me rendre en bas, dans la ville où nous vivions avant pour aller rafler des stocks de filtres pour la machine à dodo de Rectuméo, je me disais que tu voudrais peut-être venir.
– Oooh, ben allez, j’ai que ça à foutre, en route.

Convaincre Katie est plus simple.

– Katie, j’ai prévu de descendre en ville et t’es pas invitée.
– BEN JE VIENS QUAND MÊME !

On sent bien que Katie vient surtout surveiller Nina, des fois qu’elle lui vole son promis durant l’expédition. Je vous passe les dialogues sur le thème du « Si ce n’était à cause de ces filtres, on pourrait rester ici indéfiniment. », alors qu’à chaque plan large, on ne voit pas un seul champ, que toutes les maisons sont illuminées à la bougie mais qu’on ne voit pas une abeille (ce sont sûrement des bougies en cire d’oreille), bref, nos amis pourraient rester indéfiniment en effet tant que les trous dans le script servent de corne d’abondance.

Katie, à gauche, passe le film à avoir la tête de quelqu’un qui part en promenade. Personne ne lui a dit que c’était l’apocalypse.

Mais voilà, il fallait bien un prétexte pour que nos amis partent à l’aventure : ce seront donc les filtres de Rectuméo.

Le lendemain de cette petite discussion, nos amis vont se ravitailler à l’armurerie du village, car, oui, la communauté croule aussi sous les fusils et les munitions. Mais bon, nous sommes aux Etats-Unis, alors ça reste crédible. Ce qui l’est moins, c’est de comprendre pourquoi nos héros veulent s’alourdir avec des armes alors qu’elles sont inefficaces contre leurs ennemis, comme ils ne cessent de le répéter. Probablement qu’ils sont déjà au courant de la suite du film !

Cependant, il est temps qu’ils se mettent en route, et nous retrouvons ainsi Will, Nina et Katie alors qu’ils passent la frontière des 2 440 mètres.

– Will, j’espère que tu as un plan.
– Oui, ma p’tite Katie, j’en ai un. Pour limiter au maximum les risques. Nous ne passerons que deux fois brièvement en dessous des 2 440 mètres.
– Oh ! Mais par quel miracle ?
– Comme tu le sais, j’étais mineur avant que le monde ne s’effondre. Or, il y a près d’ici une mine où j’ai travaillé. Elle traverse la montagne. Nous pourrons y passer, loin des yeux et des oreilles de ces créatures.
– Une mine ? Attends, ces créatures n’ont pas surgi des entrailles de la Terre, justement ? C’est plus un coin douillet qu’un site inatteignable pour elles.
– Oui ben ta gueule. Mon plan est donc de traverser brièvement une zone dangereuse pour gagner le sommet voisin où se trouve une station de ski, première étape de notre périple, puis de là, de nous rendre à la mine, et de traverser les montagnes ainsi.
– Mettons que ça marche. Et ensuite ?
– Ah ben ensuite, on débouche à 19 kilomètres de Boulder, la ville dont nous sommes originaires, on se rend à l’hôpital, on prend les filtres et on revient.

Je ne plaisante pas : le type a fait tout un plan pour traverser les montagnes via un système de tunnels.

Par contre ensuite, les 19 kilomètres puis le passage en ville, sous les fameux 2 440 mètres, il en parle comme d’une promenade de santé. Alors que bon, c’est peut-être plutôt cette partie-là le problème mon p’tit Will ! Tu pourrais bien t’y rendre en hélicoptère que ce serait tout aussi risqué ! Mais ses deux amies se contentent de baver et de marcher gaiement avec lui en se contentant de marmonner « Des mines ? Vraiment ? ». Heureusement, pour les aider à franchir tous les obstacles, Nina la scientifique a bricolé un outil bien pratique : une boussole dont l’aiguille pointe en direction des monstres qui approchent, car ils ont une énorme signature électromagnétique.

– Ah oui ? Et quand as-tu eu le temps d’observer ça ?
– Eeeeh bien jeeee…

Bon, on va dire qu’elle a eu le même tuyau que l’affaire des 2 440 mètres où tout le monde est au courant dès le début de l’invasion. Ou bien que lors de sa dernière expédition, elle s’est dit « Tiens, pendant que ces monstres essaient de nous tuer, si je sortais de quoi étudier leur champ électromagnétique ? ». Voilà. Faisons comme ça.

Enfin. Nos amis se mettent en route, et rapidement, tombent sur les restes d’une patrouille de l’armée américaine tombée dans les combats trois ans plus tôt. L’occasion de récupérer un lance-grenades, que Katie s’empresse de charger en expliquant qu’elle sait s’en servir, puisqu’elle « est du Texas ». Si le film commence à faire des blagues à ma place, ça va être embêtant, mais passons. Car poursuivant leur route sans incident, nos amis débouchent sur un ancien télésiège. Et cela tombe bien, car au même moment, un fourré commence à faire « Agrougroum ! ».

– C’est pas banal, constate Katie. Dans le doute, je vais mettre un coup de lance-grenades au buisson en question. Tiens, prends-ça, enfoiré de bosquet !

Ah ben, elle est du Texas, hein.

Hélas pour Katie, ledit fourré était bel et bien la cachette d’un monstre, un « ravageur » comme on les appelle, qui n’apprécie guère qu’on lui grenade la gueule. Il s’élance donc prestement vers nos héros afin de leur expliquer son désarroi avec l’aide d’un savant mélange de dents, de griffes, et de tentacules dans un ordre qui reste à définir.

– Vite ! lance Katie. Nous devons courir ! Nous ne sommes pas loin de la frontière des 2 440 mètres !
– Nous n’irons jamais assez vite ! rétorque Will. Je vais plutôt… redémarrer le télésiège !

Ah.

Nous avons donc le droit à une scène où pendant que Katie envoie de la grenade dans la margoulette du ravageur, Will va chercher des batteries (qui étaient évidemment à disposition) pour remettre en branle le télésiège, et s’y installe avec Nina, pendant que Katie court avec le monstre au cul.

– Grimpe sur le télésiège, bordel ! lui intime Will.
– Han, ouais, pas con !

Et la bougresse de grimper sur l’un des poteaux du télésiège pour essayer de… attendez ? Mais qu’est-ce qu’elle branle ?

Sachez que Katie, au lieu de sauter sur le premier siège qui passe, préfère attendre celui de nos héros, pourtant déjà occupé. Mieux : vous pensez qu’elle va se laisser tomber dedans sans risque quand il va passer au-dessous d’elle ? Nenni ! Elle préfère le laisser passer – oui, oui – puis se lance dans une espèce de saut pourri pour tenter de le rattraper, n’y parvient pas, se retrouve suspendue à tenir la main de Will… et évidemment, tout cela avec un monstre au cul. On ne sent paaaas du tout que c’était pour faire une scène à base de « Je te tiens – Ne me lâche pas ! – Attention, le monstre essaie de me croquer le cul !« . Duuu tout.

Vous me direz : « Attendez, le télésiège est en hauteur, non ? Donc il devrait atteindre l’altitude de 2 440 mètres avant même le passage de la frontière ? »

Alors, oui. Mais vous oubliez une chose : ce film est particulièrement con. Alors que tout est basé sur le concept d’élévation (y compris le titre), les scénaristes ont oublié cet élément, et on retrouve nos héros à finalement en chier jusqu’à la frontière, particulièrement lorsqu’au moment où ils vont l’atteindre, le monstre secoue les câbles, décroche leur siège, et force nos amis à devoir finir à pied. Avec, comme il se doit, la bête qui s’arrête à la frontière parce que « Ah non, jusqu’à 2 439 mètres, je tue à vue, mais ensuite, je laisse tomber et je rentre chez moi regarder le Bigdil.« . Pourquoi ? Comment ?

Nous allons voir que nos héros ne sont pas très curieux.

La fameuse frontière des 2 440 mètres, c’est en réalité le chiffre rond de 8 000 pieds. Qui nous prouve que les monstres n’ont vraiment de respect pour rien voire sont complètement attardés, puisqu’ils ne sont toujours pas passés au système métrique.

En effet, après cette course-poursuite, nos amis sont à nouveau en sécurité. Ils peuvent ainsi poursuivre en paix sur des sentiers de montagne, croiser moult animaux, et aller prendre un peu de repos dans un ancien chalet où ils peuvent même prendre un petit verre de Banga. L’occasion de discuter de sujets majeurs.

– Nous avons vu beaucoup d’animaux durant notre périple. C’était kikinou.
– C’est vrai, Will. Trois ans sans humains pour les chasser, cela aide.

Logiquement, là, une personne vaguement intelligente devrait lancer : « Attendez ? Ne faites pas comme si ça n’avait pas d’importance ! Pourquoi les monstres ne tuent-ils pas les animaux ? Ne pourrait-on pas utiliser cela à notre avantage ? Comment distinguent-ils les deux, par exemple ? »

Mais pas nos héros, qui reprennent un verre, et se mettent à discuter des deux seules choses qui intéressent les Américains, même en cas d’apocalypse : la religion et la famille.

– Moi je pense que c’est un fléau envoyé par Djizousse pour nos péchés. C’est terrible car à cause de cela, j’ai perdu ce qu’il y a de plus important dans la vie : ma famille. Ma femme est morte, mon fils pourrait la rejoindre si je ne fais rien…
– Il suffit, Will. Nous allons y arriver.
– Tu es sûre, Nina ?
– Oui. Oh, et si on a le temps, j’aimerais passer à mon laboratoire quand nous serons en ville. Je pense pouvoir créer une balle capable de détruire ces grobatars.
– Ah oui ?
– Oui. Car vois-tu, Will, ce qui rend les ravageurs indestructibles, c’est leur carapace, qui est en permanence alimentée par un puissant courant électrique. En tirant une balle enduite de cobalt, je pense qu’elle pourrait brièvement créer un différentiel d’un million de volts en entrant en contact avec ladite carapace, faisant ainsi exploser la bête.
– Euh… attends, c’est un peu majeur comme information, ça. Pourquoi tu n’en as pas parlé avant ?
– Parce que sinon, vous m’auriez aidé à trouver du cobalt, j’aurais fabriqué mes balles magiques, et paf, le film était fini avant de commencer.
– Aaah oui. Donc, plutôt que de partager une théorie permettant de sauver l’humanité avec les survivants, tu as préféré ne rien dire, partir en zone super dangereuse, et uniquement là, révéler que tu avais peut-être une solution mais que hihihi, si tu mourrais, personne n’en saurait jamais rien ?
– Voiiiiiiiiiiilà.

C’est donc elle, le génie du groupe, je le rappelle. Diego, mon p’tit, tu seras gentil de m’amener du brandy et du chloroforme. Le premier pour tenir le coup, le second pour passer plus vite ce genre de dialogues.

– Tiens au fait, comment as-tu découvert que les carapaces étaient alimentées en énergie ? Et mieux encore, leur voltage exact ?
– …
– Tu as d’autres infos que tu n’as pas partagées ?
– Ah oui : ces créatures chassent en détectant le CO2 que nous rejetons en respirant.
– Et ça, tu l’as trouvé eeeen ?
– … en lisant le script ?

Ça va mieux en le disant.

Alors vous, je ne sais pas, mais si je découvre un monstre qui tue les hommes et pas les animaux, et qui s’arrête automatiquement à 2 440 mètres, j’aurais tendance à trouver ça curieux et à faire des tests. Du genre déguiser Dédé en renard, le coller à 2 439 mètres d’altitude, et voir si les monstres lui foncent dessus. Auquel cas on le ramène et on recommence en le déguisant en vache. Ou en hamster (mais ça, c’est pour déconner ; fallait pas taper dans mon whisky, Dédé !). En tous les cas, je ferais des observations, et si j’étais un film, je montrerais un poil comment je suis parvenu à les faire, plutôt que de lancer « ALORS OUI ILS DETECTENT LE CO2. » comme ça, au débotté.

En tout cas, c’est vraiment bien d’annoncer à tout le monde que tu es une mine de savoir sur les ennemis de l’humanité une fois que tu es isolée loin de tout endroit où tu pourrais partager ces connaissances. Un esprit brillant que cette Nina.

Enfin. Le lendemain, nos héros repartent aux premières heures du jour pour l’entrée de la mine évoquée par Will. Et une fois sur place (et pas avant), posent des questions comme :

– Mais au fait, es-tu sûr que les tunnels restent au-dessus de 2 440 mètres ?
– Sont-ils bien droit ? Y a-t-il des failles qui mènent aux tunnels inférieurs ?

Et autres sujets qu’il aurait fallu aborder plus tôt, comme par exemple, avant de partir. Mais en tous les cas, cela n’a aucune importance, puisque rappelons-le : pourquoi s’inquiéter qu’un tunnel puisse brièvement passer sous la barre des 2 440 mètres quand c’est pour au final atteindre une sortie où tu devras te taper 19 km dans une zone dangereuse, avant de traverser toute une ville elle-même, le tout très, très en-dessous de l’altitude de sécurité ? C’est un peu comme t’inquiéter des nids de poule dans la route alors que ton plan est de sauter d’une falaise avec la voiture. Mais bon, vous l’aurez compris, si élévation il y a dans ce film, ce n’est pas celle du quotient intellectuel moyen.

Et voilà nos héros qui rentrent dans la mine, guidés par Will.

Sauf que oh non, c’est pas de bol ! Le tunnel qu’ils voulaient emprunter se retrouve bloqué à mi-chemin par une porte avec une chaîne et un cadenas. Will s’époumone rageusement.

– CACABOUDIN !
– Qu’est-ce que tu t’époumones rageusement, Will.
– Oui mais regarde Nina ! Il y a un cadenas ! Un putain de cadenas ! Le chemin est bloqué ! Ce qui ne nous laisse que deux options…
– On t’écoute.
– Soit couper ce cadenas avec l’un des milliers d’outils qui trainent dans la mine, sans compter les clés qui doivent être quelque part, voire simplement faire sauter la chaîne avec nos armes…
– Ou ?
– Ou prendre un tunnel inférieur, qui sera sous l’altitude de sécurité, est donc peut-être peuplé de monstres invincibles.

Je vous laisse quelques secondes pour réfléchir à ce que vous feriez à la place de nos héros. Encore un peu… voilà. Alors ? Votre choix ?

Eh bien nos héros, eux, décident que « Le plus sûr, c’est le tunnel pété de monstres. »

Oui. Aaaaah, on a affaire à du très gros niveau, là.

Voici comment nos héros se retrouvent à faire demi-tour, bifurquer pour prendre un tunnel inférieur, et s’engagent dans l’obscurité. Évidemment, ça ne manque pas, alors qu’ils avancent prudemment, ils entendent « Agrougroum ! » et comme ce n’est pas le cri des cailloux du coin (Will est formel, il connait la région, seuls les cailloux plus au sud crient ainsi), ils comprennent qu’ils ont un ravageur aux fesses. S’ensuit une course poursuite ou on ne comprend pas bien pourquoi de temps à autres, un héros s’arrête pour tirer sur la bête en sachant très bien que ça ne sert à rien, mais finalement, ils parviennent à se faufiler dans une cavité trop petite pour la bestiole. Mais qui est hélas un cul de sac !

– Zut, on est bloqués ! On va mourir comme de toutes petites merdes ! Ne nous reste qu’à prier… Saint Script, si tu m’écoutes, manifeste-toi…
– Will, regarde ! Oh ben dis donc, quelle coïncidence ! En fait, j’avais pas bien regardé : ce n’est pas un cul de sac !

Non, je n’exagère pas : après s’être retrouvés piégés à hurler « C’est une impasse ! », après avoir dû retenir leur respiration pour tenter de ne pas trop exciter un tentacule de la bête glissé dans la cavité (non, pas celle-là), voilà que pif pouf, hop, c’est bon, on n’a plus besoin que les héros soient bloqués, donc en fait, huhuhuhu, ils avaient mal regardé, il y avait bel et bien une issue.

C’est pratique, ces tunnels qui se transforment. Mais attention, car ce n’est pas fini !

Car Katie, qui se faufile dans le conduit nouvellement trouvé, débouche sur une petite grotte, qui elle-même, a un petit passage vers un tunnel où se trouve un accès à l’extérieur !

– Vite les amis !

S’exclame-t-elle en s’élançant… quelques secondes avant de dire « Zut, je crois que je vais mouru », car le dernier tunnel dans lequel elle vient de s’engager n’est pas n’importe lequel. En fait, ils ont tourné en rond et sont revenus dans celui où se trouvait le gros monstre, qui s’empresse d’attraper Katie et de la traîner vers un coin plus tranquille pour la boulotter. Will et Nina, restés dans la grotte intermédiaire, ne peuvent que regarder leur amie être emportée sans rien faire. Enfin, si, ils crient un peu son nom, mais disons qu’assez rapidement, elle n’y répond plus. Probablement que le monstre l’a rendu sourde.

– Nous voilà bloqués comme des cons ! peste Nina.
– Attends, je vais réessayer un truc… Saint Script, si tu m’écoutes encore…

Et devinez quoi ? Soudain, Nina pousse un grand cri.

– Oh ! Mais ? Will, regarde ! La grotte intermédiaire où nous sommes ? En fait, en plein milieu, il y avait une énorme échelle menant vers la surface et à une altitude de sécurité !

Oui. Vraiment. Katie est donc morte connement, puisqu’elle est passée à côté de l’échelle magique apparue entre deux scènes, pour aller se jeter dans les bras du monstre. Mais maintenant, hop, sans aucune explication, cette échelle est là et donc tout le monde peut sortir de la mine en toute tranquillité, et mieux encore, pile-poil à l’endroit prévu à l’origine par Will ! Nina est tellement heureuse qu’elle en agite frénétiquement sa boîte à « Ça alors ! », pendant que Will reprend la marche pour l’emmener à leur nouveau gîte pour la nuit, la demeure d’un garde forestier, qui dispose encore d’un véhicule en état de marche une fois la batterie changée.

Katie, réalisant qu’elle ne serait pas morte comme une merde si elle avait vu l’échelle en plein milieu de la grotte par laquelle elle est passée.

Car oui, dans ce film, un véhicule qui ne roule pas pendant trois ans a juste besoin d’une nouvelle batterie. Tout le reste marche nickel. C’est pratique.

Après une nouvelle soirée de discussions autour des thèmes « Djizousse est important, la famille aussi », à l’aube, le duo d’enfer grimpe à bord de sa nouvelle voiture.

– Prête à passer la frontière et à rouler 19km dans un bruit d’enfer à bord de ce pick-up qui dégage suffisamment de CO2 pour ameuter tous les ravageurs d’ici à l’Alaska ?
– Oh oui alors !

Et hop ! Nos amis se mettent en route.

Comme il se doit, tous les ravageurs du coin partent probablement gratter des jeux au PMU du coin, puisqu’aucun n’apparait. Ah, ça, pour repérer un humain à 2km au fond des bois, il y a du monde, par contre si lesdits humains roulent à toute berzingue en plein terrain découvert, là, les ravageurs deviennent soudainement myopes, sourds, et ont le nez bouché. Là encore, on sent l’attention portée à ne surtout pas déposer un gros étron sur la tête du spectateur.

Sachez-le, Will et Nina ont le cul tellement bordé de nouilles que Monsieur Panzani va réclamer des droits, puisque lorsqu’ils arrivent en ville, hop, c’est pareil, pas un monstre à l’horizon. Les deux aventuriers peuvent ainsi gagner l’hôpital sans aucun problème, s’y garer, et commencer à le fouiller en bonne et due forme. Hélas, c’est à ce moment-là qu’enfiiiin, un ravageur de retour du PMU plus tôt que les autres (il n’y avait plus de pastis), décide que eeeh mais dis donc, ce ne serait pas une intrusion humaine, là ? Allons voir !

À peine Will a-t-il mis la main sur les fameux filtres à oxygène qu’il est venu chercher pour son fils que la bête déboule et tente de tuer nos héros sans même un bonjour. Quelle impolitesse. C’est alors que Will a une idée : il aperçoit des bouteilles d’oxygène.

« Oh ! Oui, il va sûrement s’en servir pour disparaître aux yeux du monstre via un respirateur ou un truc du genre, puisque l’on nous a répété que les bestioles détectaient les humains à leur respiration ! » vous dites-vous.

Non, à partir de maintenant, sachez qu’on s’en fout et qu’on ne reparlera plus de cette histoire de CO2 du film. Will attend simplement que le monstre passe à côté des bouteilles d’oxygène… puis tire dedans. Causant une fabuleuse explosion qui envoie valdinguer la bête entre douze murs (Will, qui était à côté, n’a rien, c’est comme ça, ses vêtements sont en scriptonium). Le ravageur fort surpris atterrit donc inconscient sur le parking de l’hôpital, sous les yeux de Will et de Nina.

– Ah ? Mais je croyais qu’ils étaient invincibles ?
– Ça dépend des besoins du film, Nina.

En effet. D’ailleurs, que faire à présent ? Will a ses filtres, n’est-il pas temps de rentrer ? Nina a une autre idée qu’elle partage aussitôt.

– Allons à mon laboratoire, comme je le disais, je pense savoir comment tuer ces bestioles.
– Tu es sûre ?
– Oui. Même avec ces filtres, ça ne règle rien. Tu tiendras quoi ? Deux ou trois ans de plus avant de devoir retourner en chercher ? Et les monstres seront toujours là. Alors que si nous pouvons les vaincre…
– Tu as raison, allons-y.

Ma foi, ce raisonnement se tient.

En fait, il se tient tellement que j’ai une question : POURQUOI ÊTRE ALLÉS À L’HÔPITAL D’ABORD ? Car si au laboratoire se trouvait une solution permettant de sécuriser l’hôpital et bien plus encore, n’était-ce pas plus malin de commencer par là plutôt que de venir d’abord sans aucun moyen de défense à l’hosto, puis seulement se dire « Eeeh ça serait pas plus facile avec une arme ? ». Mais non, ils n’y ont pas pensé. En même temps, ils pensent peu de manière générale, j’en conviens. Diego ? Je suis à court de brandy. Merci.

Bref, retrouvons Will et Nina qui remontent prestement dans leur véhicule pour aller au laboratoire de la dame, où en effet, elle a du cobalt et plein d’autres trucs pour bricoler. Son plan est simplement d’enduire la tête d’une balle du composé qu’elle pense être le bon, puis de tirer sur une écaille de ravageur trouvée en chemin (encore une, quel coup de bol !). Sauf que tous ses tests… échouent. Et que le ravageur du parking de l’hôpital s’est réveillé et a recommencé à les traquer. Et il se rapproche pour leur expliquer que l’explosion dans la gueule, il l’a à peu près autant appréciée qu’une dissolution d’assemblée nationale. Nina entendant « Agrougroum ! » au loin, réagit aussitôt.

– Will, le monstre est encore loin : file. Ramène les filtres à Rectuméo.
– Mais…
– Il n’y a pas de mais. Prends la voiture et retourne à Lost Gulch. Moi, je reste ici à tenter de créer une balle magique. Si j’y parviens, je te rejoindrai en prenant ma propre voiture. Elle est sur le parking, exactement là où je l’ai laissée il y a trois ans.
– Euh… pas sûr qu’elle démarre !
– Mais siiii, c’est magique. Un peu comme, je ne sais pas si tu as remarqué, mais toute la ville qui est miraculeusement vide de tout cadavre. Les monstres ont tué tout le monde, ne mangent pas leurs proies à part pour rigoler, mais il n’y a même pas un squelette qui traîne ou des bouts de vêtements, des taches de vieux sang, que sais-je.
– Tu as raison : comptons sur les incohérences !
– C’est plus sûr que de compter sur notre intelligence, Will.

Et Will de fuir en voiture pendant que Nina continue ses tests. Mais malgré tout, à chaque fois qu’elle tire sur son écaille de monstre, sa balle ricoche.

Le film : « Les monstres perçoivent le CO2 et le bruit. Faites bien attention. » Will : « Ooooh, un pick-up ! »

C’est alors que Nina a l’éclair de génie que tout spectateur a envie de lui hurler depuis maintenant une heure. Souvenez-vous : l’idée de Nina est que comme les monstres génèrent du courant pour alimenter leurs écailles, si elle parvient à provoquer une réaction avec ledit courant, les monstres exploseront. Or, depuis le début du film, elle fait tous ses tests sur des écailles… SANS AUCUN PUTAIN DE COURANT QUI Y PASSE. C’est peu ou prou l’équivalent de « Mon dieu, cela fait une heure que je tente de faire fonctionner cet ordinateur, rien à faire ! », avant de se rappeler que ce serait bien de le brancher d’abord, huhuhu.

Nina marmonne donc un « Oups, hihihuhuhu, quelle cruchasse je suis ! », et ça tombe bien car le ravageur qui les avait poursuivis depuis l’hôpital arrive à ce moment-là pour expliquer à Nina tout son courroux.

– Coucou ! lui rétorque Nina en levant son arme chargée d’une de ses nouvelles balles expérimentales.

Est-ce que ça marche ? Est-ce que ça ne marche pas ?

Le film, taquin, décide que c’est le moment d’aller voir comment se porte Will, qui roule à fond les ballons vers les hauteurs du Colorado où se trouve le hameau de Lost Gulch. Will n’en mène pas large, surtout lorsqu’un de ses pneus éclate et qu’il est propulsé hors de la chaussée. Ce qui est embêtant quand on est en territoire hostile. Après un bref moment d’inconscience, notre héros parvient à s’extraire de l’épave, puis court (sans problème, hein, faudrait pas avoir une jambe cassée) vers la frontière des 2 440 mètres qui ne se trouve plus très loin. Les ravageurs, qui se sont enfin réveillés, sont nombreux à converger dans sa direction, mais alors que notre héros va passer la frontière…

Un monstre surgit devant lui pour lui expliquer qu’il va jouer les douaniers, et qu’il va falloir tousser fort, monsieur Will.

C’est à cet instant qu’un coup de feu retentit et que le monstre explose dans un énorme nuage de fumée gris. Ses petits copains, qui se rapprochaient eux aussi, subissent le même sort. Et une fois morts, voilà qu’arrive… Nina, le canon de son fusil encore fumant.

– Alors Will ? On a des soucis ?
– Nina ? Comment es-tu arrivée jusqu’ici ?
– J’ai pris ma voiture. Qui m’a lâché il y a un kilomètre environ.
– Ah ? Tu veux dire que tu as couru jusqu’ici ?
– Euh… oui ? Probablement pendant que tu étais inconscient.
– Mais tu aurais dû croiser d’autres ravageurs, surtout vu comment je les ai excités ! Et donc, j’aurais dû entendre tes coups de feu ?
– Oui mais ça aurait ruiné l’effet de surprise. Raison pour laquelle je me suis mystérieusement retrouvée sans voiture bruyante ni monstre sur lequel tirer, avant de me téléporter pile au bon endroit au bon moment.
– C’est pratique !
– N’est-ce pas ?

Reste que maintenant qu’ils ont tué ces monstres, nos amis peuvent en étudier les restes. Et à leur grande surprise… ils découvrent que les ravageurs sont remplis d’une technologie inconnue et très avancée !

– Ce sont des robots !
– Ce qui explique pourquoi ils ne tuaient que les humains, pas les animaux, sans jamais dormir ni manger… ils étaient programmés pour nous exterminer, nous, et rien d’autre !
– Mais par qui ?
– MAIS PAR LES EXTRATERRESTRES BIEN SÛR !

C’est lâché si tranquillement que c’en est déconcertant. Et instantanément accepté.

– D’accord, mais la limite des 2 440 mètres ?
– Ils étaient programmés pour la respecter aussi.
– Mais pourquoi ?!
– Ils voulaient… nous laisser mourir dans les hauteurs.

C’est la vraie théorie du héros. Les extraterrestres se sont dit « Alors on pourrait tuer tous les humains tout de suite, mais y a Michel du service cybertentacules qui m’a parié 10 balles que je serais pas cap’ de laisser quelques survivants pour les regarder crever lentement à 2 440 mètres d’altitude, altitude où ils peuvent vivre sans problème d’ailleurs, mais putain, 10 balles !« . Donc, non, on n’aura jamais la réponse, puisque vous savez comme moi que celle-ci est en fait « Il fallait des survivants, sinon pas de film. »

Nina et Will rentrent en héros à Lost Gulch, Rectuméo peut enfin dormir sans ronfler, et surtout, la radio du village est utilisée pour annoncer à tous les voisins la grande nouvelle : on sait comment vaincre les monstres ! Il suffit de couvrir ses balles de cobalt, et pan, ça les fait exploser. On a alors un plan sur les villageois des montagnes du coin qui partent tous en expédition, et se mettent à coller une monstrueuse branlée à tous les ravageurs qu’ils croisent, les faisant exploser.

Ce qui confirme donc que :

A) Les villages avaient tous du cobalt, y compris celui de Nina, qui n’avait donc pas besoin d’aller à son labo
B) Si Nina avait évoqué sa théorie à la première minute du film, à la deuxième, ils gagnaient

Voilà. Vous venez de passer 1h30 à regarder des gens faire un truc qui ne servait absolument à rien depuis le début. Vous êtes contents, hein ? Eh bien pas moi, aussi est-il temps que j’aille décrocher ma cravache et visiter mes stagiaires. Quelqu’un doit payer.

En attendant, la caméra recule, nous apercevons la carte des Etats-Unis avec les territoires contrôlés par les humains qui s’étendent (mais pas plus loin que les Etats-Unis, faut pas déconner) et…

FIN !

Ah, si, il y a une petite séquence plus loin dans le générique où l’on voit Will et Nina qui observent le ciel, inquiets. Car trois énormes comètes sont apparues à l’horizon, et ce sont probablement les vaisseaux de ceux qui ont envoyé les ravageurs sur Terre. On peut donc espérer « Elévation II », où j’imagine que les extraterrestres tueront tout le monde, sauf les gens qui portent du vert ou autre connerie et…

Fin pour de bon.

Je ne saurais conclure cet article sans une image de Rectuméo l’enfant asthmatique en train de battre un monstre alien à la course.

Afin de faire gagner un temps certain à nos amis scénaristes, voici quelques propositions de films de monstres que je laisse à leur disposition :

  • La Terre est envahie par des monstres, mais ils ne sortent pas quand il pleut (insérez ici vos blagues sur la Bretagne, les enfants)
  • La Terre est envahie par des monstres, mais ils ne sortent que quand quelqu’un dit des gros mots (marcher sur un Lego de bon matin est mortel)
  • La Terre est envahie par des monstres, mais ils n’attaquent pas les propriétaires de Super Cinq de 1995, en faisant l’objet le plus cher au monde
  • La Terre est envahie par des monstres, mais ils n’attaquent pas les punks à chien, la civilisation n’existe donc désormais plus que devant des Franprix déserts
  • La Terre est envahie par des monstres, mais ils doivent respecter le code de la route, et les héros triomphent en les bloquant sur un rond point

N’hésitez pas à piocher dedans : ça restera toujours moins coin que de dire « La Terre est envahie par des monstres, mais ils ne peuvent pas monter au dessus de 2 440 mètres d’altitude, et vous ne saurez jamais pourquoi« .

Ah mais.

Publié le 09.01.2025 à 09:52

Juan, le roi de l’enfume

Quand on pense « espion », on pense à James Bond, ses costumes impeccables, son martini et ses gadgets. Alors qu’en réalité, l’un des plus grands espions de tous les temps était à la base un éleveur de poulets qui n’y connaissait rien, annonça qu’il allait espionner en Angleterre alors qu’il ne parlait pas anglais, et dont tous les gadgets étaient disponibles dans n’importe quelle librairie. Voici donc l’histoire de Juan Pujol Garcia, le roi de l’enfume, plus connu sous le pseudonyme de « Garbo », et qui changea le cours de la guerre avec une machine à écrire et un sens de la déconne bien à lui.

Bon visionnage.

Publié le 24.12.2024 à 12:21

Le petit mot de Noël 2024

Comme chaque année, voici l’heure du petit mot de Noël.

Une tradition visant à donner force, courage et surtout, cynisme à vous, courageux lecteurs qui allez devoir affronter le réveillon. Un moment rituel durant lequel les envies de gifler, fuir et parfois un savant mélange des deux ne manqueront pas. Si l’ennui vous gagne, n’oubliez pas d’orienter le sujet sur les discussions politiques : certes, vous aurez toujours envie de gifler et de fuir, mais au moins, il y aura un peu d’action.

Et pour passer un moment moins difficile, n’ayez pas peur d’être hypocrite : après tout, tout le monde n’est là que pour les cadeaux, aussi être faux cul est non seulement autorisé mais aussi limite traditionnel.

Par ailleurs, cette année, je ne vous félicite pas, car vous n’avez vraiment pas dû être sages. Limite à pratiquer des rituels sataniques à base de chatons et de bûchers en douce. Sinon, comment expliquer qu’au lieu de simple charbon dans nos pantoufles, on retrouve Rachida Dati et Manuel Valls dans notre gouvernement ? Palsembleu, le charbon, n’était-ce pas suffisant Père Noël ? Qu’a-t-on fait pour mériter ça ?

Image rare d’un enfant croyant encore à la joie de Noël alors que François Bayrou vient de la supprimer.

Je ne vous dis pas bravo.

En attendant : bon réveillon, et bonne chance.

Publié le 19.12.2024 à 08:53

Quelques idées pour de derniers cadeaux

Noël approche et vous voici les mains aussi moites que vides ? Votre esprit, épuisé après une année de dur labeur, ne parvient plus à trouver quelque idée que ce soit ?

Comme toujours, vous pouvez compter sur votre serviteur pour vous aider. Passons donc en revue quelques trouvailles qui sauront faire plaisir aux petits et aux grands aux personnes à verticalité réduite et aux plus-size-body-positive-en-hauteur (nous sommes en 2024 et j’aimerais finir l’année sans emmerdes, merci). En route.

Question : Un membre de ma famille est enseignant, que lui offrir ?

Réponse : Une mitrailleuse de 12,7.

Plaisir d’offrir, joie de recevoir autrui avec ça.

Si à Noël, il est de bon ton d’offrir des douceurs, laissez-moi vous présenter la « doucette », nom qui lui vient aussi bien de la mauvaise prononciation de son calibre que du réconfort qu’elle apporte à qui la reçoit. Testée dans tous les milieux hostiles du monde (Jungle, désert, bars avec une affichette « prix libre »), la 12,7 se fixe aisément à un bureau et permet d’obtenir le silence dans la classe environ 500 fois par minute. Démontable, vous pouvez aussi l’emmener aux réunions parents-profs, afin d’expliquer en termes courtois – mais fermes  – que non, Manon-Léa n’est pas surdouée, mais bien aussi stupide que ses parents dont l’ADN est une insulte à l’évolution elle-même.

Tout comme la sacoche, la 12,7 peut s’emmener en salle des professeurs afin d’obtenir plus facilement la réponse à la question « Qui a fini le café sans en refaire ? » ou encore « Qui a bourré la photocopieuse ? ». Plusieurs enseignants de Seine Saint-Denis saluent cette arme qui a l’avantage de permettre d’enfin concurrencer les kalashnikovs que leurs élèves emmènent en cours. Notez que même si la personne à qui vous souhaitez l’offrir n’exerce pas devant une classe (proviseur, documentaliste, etc), elle est tout aussi utile puisqu’elle permet d’atteindre aisément, et même à plus de 100 mètres, un élève qui aurait refusé de présenter son carnet.

Bien sûr, vous me direz « Mais enfin, si vous tirez sur un enfant, ses parents vont se plaindre ! ». Ce à quoi je réponds : relisez le premier paragraphe. La 12,7 est un outil pédagogique fabuleux pour tous les âges, et comme le disait Britney Spears au sujet de la peine de mort : « Après, ils ne recommencent plus. » Enfin un outil qui permet de dire : « La leçon est retenue » sans douter !

Question : Je n’ai rien pour la personne qui partage ma vie, que lui offrir ?

Réponse : Du charbon.

Le Père Noël était visionnaire.

Vous connaissez le principe : le Père Noël offre des jouets aux enfants sages, et laisse un bout de charbon à ceux qui ont été vilains. Quant à ceux qui écrivent « celleux », le Père Noël chie dans leurs pantoufles, lance lesdites charentaises dans la cheminée, provoque ainsi un feu alimenté au biogaz qui atteint le sapin, et s’enfuit pour regarder de l’extérieur la demeure et ses habitants se consumer dans les flammes au son de leurs cris désespérés.

Mais je m’égare : revenons au charbon.

En l’offrant à la personne qui partage votre vie, vous ferez passer un message : t’as merdé. Obligeant ainsi l’être aimé à tout faire pour vous montrer son amour un peu plus. Mais là où vous faites coup double, c’est qu’au prix de l’électricité, et en hiver, un bout de charbon est plus que bienvenu pour chauffer la demeure. Ainsi, votre cadeau vous bénéficiera, puisqu’il servira à vous chauffer, vous et vos pieds froids (tututu, on sait). Le prix que vous aurez mis dans le cadeau ayant fini dans votre note de chauffage que vous auriez dû payer quoiqu’il arrive, c’est donc parfait : c’est une opération blanche, sauf que maintenant, la personne avec qui vous êtes sait qu’elle doit s’améliorer et que vous n’hésiterez pas sinon à lui offrir un vieux bout charbon.

Si l’être aimé se contente de s’offusquer, voire de s’indigner et ne voit pas votre génie diabolique, soyons francs : il ne vous mérite pas.

Question : Je suis invité au Noël de l’Elysée, que dois-je amener ?

Réponse : Du solvant.

Inutile d’amener un cadeau pour un premier ministre : il sera parti le temps que vous arriviez.

On s’ennuie dans les châteaux, et le châtelain le plus célèbre de France s’est récemment découvert une passion pour la dissolution de trucs. Ça a commencé doucement : d’abord, c’était la promesse de zéro SDF avant fin 2017. Hop ! Dissoute ! Ensuite, un certain nombre d’autres promesses ont suivi. Le larron s’amusait tellement qu’il s’est demandé s’il pouvait dissoudre plus gros, comme par exemple, un député. Et puis, une idée en entrainant une autre, hop, ça a été toute l’assemblée. Puis est venu le tour de tout le gouvernement qui a disparu sans laisser de traces ! Quel magicien.

L’Elysée étant devenu le plus gros concurrent de Téléshopping sur les articles de nettoyage pour faire disparaître un peu de tout, nul doute que venir avec un peu de solvant saura faire plaisir au maître des lieux, qui en aura bien besoin ces prochains mois. Cela est plus original qu’une bouteille de champagne, et pour la qualité, pas la peine d’investir : de toute façon, comme pour les mauvais produits, à la fin, il restera quand même des traces dégueulasses qui feront rire tous les visiteurs.

Attention à bien étiqueter « Ne pas boire« , sinon, un Sébastien Delogu en maraude pourrait se tromper.

Question : Je dois offrir un cadeau à un cinéaste français, lequel choisir ?

Réponse : Le même que l’an dernier.

Vous pouvez aussi mettre du rien dans ses pantoufles : c’est bien ce qu’il met dans ses scénarios.

Inutile de vous creuser la tête à tenter d’être créatif : comment quelqu’un pourrait-il vous remercier pour un effort dont il ignore tout lui-même ?

Le cinéaste français est une créature qui a ses habitudes : année après année, il peut produire exactement le même film avec quelques variations mineures (« Alors cette fois, c’est Romain Duris qui découvre les vraies valeurs de la vie, mais dans un camping-car, alors que l’an dernier, c’était dans une maison de campagne« ). Rendez-lui donc la pareille en lui offrant exactement la même chose, avec éventuellement une variation mineure (un pull, oui, mais d’une autre couleur !). Si vraiment vous voulez être joueur, glissez des pantoufles plus petites dans ses pantoufles. Exactement du même modèle. Quand il s’exclamera « Mais enfin, c’est la même chose mais en moins bien ! », expliquez-lui que vous appelez cela « une suite ». Et vous pouvez répéter l’opération d’année en année, jusqu’à arriver à de minuscules pantoufles qui n’ont aucun intérêt et qu’on regarde à peine du coin de l’œil : là, vous serez bel et bien arrivé au bout du concept de « suites ».

Attention cependant : si vous faites le coup trop souvent, il y a un risque non-négligeable que Disney tente de vous racheter en tant que licence. Méfiance, donc, parce qu’on déconne, mais à un moment, il faut se respecter.

Question : Je prévois un cadeau pour un spécialiste du bien-être en entreprise, que faire ?

Réponse : Un Powerpoint.

Avec des couchers de soleil. Plein.

Le coach bien-être en entreprise est probablement l’une des plus grandes causes de mal-être qui soit dans le monde du travail. En effet, au lieu de donner du pognon ou du temps libre aux employés, on donne ledit pognon à cette créature du démon pour qu’elle vienne pomper le temps libre des honnêtes travailleurs à grands renforts « d’ateliers » aux noms aussi longs que cons. Si les cercles de l’enfer existent, croyez bien qu’il y en a un rien que pour ces gens, et que même Satan ne s’y rend pas de peur qu’ils ne lui adressent la parole.

En conséquence, et puisqu’ils ont une passion secrète pour les Powerpoints remplis de messages cucul la praline, bombardez-les. Après tout, s’ils pensent que ça fait du bien aux autres, ils ne devraient pas s’en plaindre d’en recevoir en cadeau. Et s’ils osent un « Je m’attendais à quelque chose de plus concret. », répondez-leur que c’est précisément ce que répondent 100% des gens qui assistent à leurs ateliers, à part éventuellement les rombières du service compta, les mêmes qui insistent pour envoyer à toute la boîte leurs plus belles photos de sculptures en trombone chaque lundi.

Après, vous avez le droit d’être taquin, et de faire porter votre Powerpoint sur un sujet inattendu, comme « Les 100 plus belles photos de moi te montrant mon majeur« . Gardez-le en stock, il pourra aussi vous servir pour le prochain référendum national.

Question : Je suis obligé de faire un cadeau à ma mamie qui me demande quand est-ce que je me reproduis, que faire ?

Réponse : Un radiateur.

Tremble, Mamie !

Il n’existe que deux options à cette problématique : soit vous vous reproduisez, et mamie pourra ainsi régulièrement accueillir votre bambin, le pourrir-gâter au-delà de toute raison et en faire un immense trou du cul, soit vous offrez un radiateur. Un très beau de préférence, le genre qui coûte une blinde parce qu’il est connecté, donne la température intérieure, extérieure, et même celle de votre moi-même profond (ce radiateur est vraiment taquin). Oui, en effet, c’est cher. Non, mamie ne s’en servira pas.

Mais qui, l’été prochain, pourra à distance pousser le radiateur à fond en pleine canicule, faisant passer Mamie de l’état d’emmerdeuse à celui de pruneau en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « EHPAD » ?

Voilà. Mamie ne vous embêtera plus à Noël, et mieux encore, grâce à l’héritage, l’investissement dans le radiateur sera bien rentabilisé. Vous n’aurez plus alors qu’à déplacer l’appareil chez la prochaine personne âgée qui vous brise les rouleaux. Et attention, je vous vois venir : non, si vous installez soudainement 348 radiateurs au palais du Luxembourg, ça ne passera pas inaperçu. Choisissez vos vieux plus subtilement. Ou en tout cas, moins groupés.

Question : Et pour mon tonton raciste, que prendre ?

Réponse : Un test ADN.

« Michel, viens voir ! Je crois que j’ai trouvé un Breton ! »

Vous connaissez le principe : vous offrez la bête à Tonton et ses préjugés sur son 100% pure souche, Tonton découvre qu’il est en réalité issu de quantité de peuples étranges et mystérieux (par exemple, les habitants du Poitou alors qu’il était persuadé d’être Bourguignon), et le voici en pleine crise existentielle. Réalisant qu’il est en partie étranger, Tonton décide de s’auto-expulser et prend le premier charter pour repartir auprès des siens dans La Brousse (sur la D104, après Asnières-en-Poitou). Le triomphe est total, on se croirait dans un téléfilm France 2.

C’est là qu’arrive le deuxième problème : maintenant que vous avez gagné et que vous vous foutez joyeusement de la gueule de Tonton au motif qu’en fait, il était étranger depuis le début, vous voici à votre tour en train d’être xénophobe, et vous vous transformez ainsi en nouveau tonton raciste de la table. Ne vous étonnez donc pas si votre nièce vous offre un test ADN : vous savez ce qu’il en est.

Le tonton raciste est immortel : s’il est vaincu, il revient tout simplement sous une nouvelle forme autour de la table. Inutile de le combattre : servez-lui à boire jusqu’à ce qu’il s’endorme devant Patrick Sébastien.

Question : Et pour mon neveu qui m’insupporte ?

Réponse : Une boîte de Warhammer 40,000.

Un jeu qui coûte plus de reins que vous n’en avez.

 

Votre neveu est un petit con et vous ne pouvez le stériliser à la brique là, de suite ? Warhammer 40,000 est pour lui.

Sorte de Starcraft en plus plastique, mais surtout, plus cher, il réduira instantanément à néant la vie sexuelle du larron, qui se retrouvera à passer ses soirées dans des associations remplies de messieurs barbus à l’hygiène douteuse qui pourront disserter des heures sur qui c’est la figurine en plastique la plus forte. Repoussoir à femelles plus efficace qu’une figurine en résine d’Evangélion sur une étagère ou qu’un deck de cartes Magic plastifiées, Warhammer 40,000 plongera le pauvre enfant dans une vie où tout projet d’avenir est impossible : faire des économies pour des projets ? Tentez donc quand la moindre figurine de votre hobby peut coûter 40€ pièce ! Avoir des enfants ? Impossible de s’accoupler quand votre principal sujet de conversation est de savoir kikicé Alpharius (si vous avez la réponse, non seulement vous êtes Alpharius, mais en plus, vous êtes un gros geek, vous me dégoûtez, monstre !).

Les parents, qui devront offrir à leur rejeton des boîtes hors de prix à chaque anniversaire, vous haïront aussi, mais en même temps, c’est eux qui n’avaient à pas commencer en produisant une descendance qui appelle les claques.

Question : Et pour les autres ?

Je connais un type qui fait d’excellentes bédés, mais n’en parlons pas : ma modestie proverbiale me perdra.

En attendant, si vous n’avez vraiment aucune idée, et pour tous les autres cas, n’oubliez pas : une boîte de chocolats fourrés au chloroforme, c’est la garantie d’un réveillon calme où personne ne viendra se plaindre de vos présents.

Publié le 03.12.2024 à 10:25

Gladiator II trop

Hollywood, un jeudi, 13h42

– Vite ! Il nous fait encore une crise, dépêchez-vous !

Armés de seringues, de camisoles et de couches, les infirmiers se ruent vers la porte de la petite chambre qu’ils ouvrent avec tant de force qu’ils parviennent à la faire claquer contre le mur capitonné.

– Attention, il va…

Hélas, il est déjà trop tard. Assis au milieu de la chambre, entouré de ses déjections, Ridley Scott est en train de rédiger le script d’un nouveau film à l’aide de l’un de ses plus récents excréments.

– Nous n’avons pas été assez rapides, soupire l’un des soignants. Regardez, il a déjà écrit le titre.
– « Gladiator II ? » lit avec surprise un autre employé de la maison de retraite pour réalisateurs gâteux. Mais enfin Monsieur Scott, vous n’êtes pas sérieux !

En réponse, un étron vole au travers de la pièce, frôlant le visage du dernier intervenant avant d’aller s’écraser mollement quelques mètres plus loin.

– Si ! s’exclame Ridley Scott. Je fais des films si j’veux, et là, ben j’fais Gladiator II !
– Mais enfin Monsieur Scott, soyez sérieux. Votre film se suffisait à lui-même. Il ne peut pas y avoir de suite.
– Ah ouais ? Ben si. Parce que… ben… si j’veux.
– Monsieur Scott…

Mais déjà, le réalisateur pousse à s’en éclater les veines du front pour produire un nouveau crayon maison, dont il se sert pour souligner le titre de sa dernière œuvre.

– Non mais j’ai une super idée. Vous vous souvenez comme le précédent film, c’était un général romain jeté dans l’arène ?
– Oui ?
– Ben là, comme c’est Gladiator II, y en aura deux !

Les infirmiers échangent un regard fatigué, pendant que l’un d’entre deux prépare une dose de tranquillisant pour éléphant.

– Et l’empereur fou ? Vous vous souvenez de l’empereur fou ?
– Vous n’allez pas nous dire que…
– Ben si ! Comme c’est Gladiator II, y en aura deux ! 

Le long soupir collectif des soignants en dit long sur leur opinion du sujet. Quand soudain, l’un d’entre eux claque des doigts dans un sourire malicieux.

– Très bieeen, Monsieur Scott ! Vous allez mettre deux fois plus de tout ! Mais regardez, le propriétaire de votre général romain là… lui, vous ne pouvez pas en mettre deux ! Parce qu’un esclave ne peut pas appartenir à deux personne à la fois ! Donc si vous ne pouvez pas doubler ça… pas de deuxième film, pas vrai ?

La ruse semble fonctionner, puisque Ridley Scott lève son stylo improvisé, perdu. Pendant un moment, il semblerait que le danger soit écarté. Le réalisateur bredouille.

– Ah euh… eh bien l’esclave appartiendra à deu… deu…
– Je crois que je l’ai eu ! Préparez la camisole les gars !
– À Deunzel Washington.
– Oh putain.

Et avant que quelqu’un ne puisse attacher le malandrin, un producteur débarque, lâche des dizaines de millions de dollars dans la pièce en cette époque où tout le monde veut des suites, des préquels et autres, pourvu qu’il y ait une licence, et voilà comme une idée débile devient un blockbuster. Notez que les deux sont tout de même souvent liés.

Alors, Gladiator II, est-ce deux fois mieux ?

Spoilons, mes bons !

 

L’affiche : un gros tas de personnages, du plus ou moins feu, des débris… non, on est bien dans le niveau zéro de la créativité d’entrée de jeu.

Le film s’ouvre dans la dernière cité libre de la côte numide, nommée ainsi en raison de la mer qui vient en mouiller les récifs. C’est là que nous retrouvons nos héros, le brave fermier Hanno, prénommé ainsi après que le réalisateur ait compris que lui donner un non en « -us » risquait de rappeler les origines de film. Et alors qu’Hanno est en train de nourrir les poules en bon petit prolétaire et de rouler des patins à sa femme (plus ou moins dans cet ordre), voilà que l’alerte est donnée : la flotte romaine vient d’apparaître au large ! Tout le monde prend donc les armes, et c’est ainsi qu’Hanno et sa compagne se retrouvent sur les murailles. Où la femme d’Hanno est archère, alors qu’Hanno, lui, est… général.

Oui, il est à la fois fermier et général. Probablement que le chef de la cité l’a un jour promu fermier-général, un poste prestigieux comme les historiens du cru vous le diront, mais qu’Hanno étant un peu con, il a compris qu’il devait être mi-fermier, mi-général. Ce qui donne des résultats intéressants : il sait faire avancer les poules en formation, et creuser des tranchées pour y planter des radis comme personne.

Hélas pour notre héros, en face, c’est un général-général qui mène les légions romaines : le redouté Pedrus Pascalus. Redouté, oui, car on découvre qu’il dispose d’un super pouvoir :

À chaque fois qu’il parle, toute sa flotte, pourtant étalée sur une sacrée distance, l’entend. Il crie « Archers, tirez ! » ou « Catapultes, catapultez ! » ? Pas besoin de signaux ou de relais quelconques : instantanément, 150 navires lui obéissent. Le type a la voix qui porte, c’est le moins qu’on puisse dire.

Mais Hanno doit être on frère secret, puisqu’il a le même pouvoir ! Dès qu’il gueule un ordre depuis ses murailles, tout le monde suit, y compris sur le mur situé 200 mètres plus loin. Toujours est-il que la bataille entre nos deux candidats à The Voice démarre : des flèches volent, des gros projectiles enflammés aussi, et finalement, les Romains parviennent à atteindre les murailles ennemies. C’est la grosse bagarre, tout le monde distribue des coups de glaive, d’arc ou de sandalette, mais au milieu de tout ce chaos, voici que la femme d’Hanno tire une flèche qui tue un adjoint de Pedrus Pascalus.

Aussitôt, et alors que c’est le chaos complet, Pedrus localise l’archère.

– Là-bas ! Vous voyez la muraille ? Le deuxième niveau ? Le chemin de ronde ? Bon, ben la troisième personne en partant de la gauche, au deuxième rang, abattez-la !

Car oui, alors qu’il y a environ 200 flèches qui volent par seconde, et que Pedrus ne regardait même pas dans la bonne direction, il sait instantanément qui a touché son copain au milieu de toute une troupe d’archers ennemis. Et les Romains peuvent donc tirer une flèche dans la coquine, qui en décède. Son corps sans vie bascule par-dessus les murailles.

– Oh, hé, ho, ben non, hé, dites voir !

S’exclame Hanno, qui a tout vu, et devient en conséquence un mari fort marri. Mais il n’a pas le temps de se venger : un Romain l’assomme et jette son corps, là-aussi, par-delà les murs de la ville. Plouf, fait donc Hanno, qui perd brièvement conscience en sombrant dans les vagues qui fouettent la côte numide. Dans un demi-rêve, il aperçoit alors sa femme sur les bords du Styx, alors que Charon, le célèbre passeur des morts, la fait grimper sur son pédalo et s’en va en faisant floupoufloupoufloupou (les jours de bataille, Charon a plein de monde à faire passer, alors le pédalo c’est quand même plus pratique, merde, je vous y verrais à ramer 900 fois dans la journée). 

C’est à peu près à ce moment-là qu’Hanno se réveille en train de flotter au milieu des corps jetés au bas des murailles de sa cité : la bataille est terminée, les Romains ont gagné, et tout autour de lui, ces vils latins pillent les corps.

On notera que Ridley Scott ne peut pas tout faire, et a donc oublié de dire aux figurants de réagir. En conséquence, alors qu’au milieu des corps, un ennemi potentiellement armé se relève, les Romains se contentent de le regarder sans rien dire. Du genre :

– Eh, t’as vu Michel là-bas ? On dirait qu’un ennemi remue encore ! Sinon, ta femme va bien ?

Ce qui laisse le temps à Hanno d’évidemment chercher et trouver le corps flottant de sa femme (malgré son armure) sans être dérangé par les 250 types qui l’entourent et de casser la flèche plantée dans son torse pour en garder un bout. Oui, il est comme ça. Il se dit que comme souvenir, c’est quand même plus original qu’un aimant ou une carte postale. 

Cela fait, les Romains viennent enfin trèèèèès gentiment se saisir d’Hanno pour l’emmener. Mais doucement, façon « Allez, c’est fini, viens« . Et pas du tout un peu brutalement saveur « Tu es notre prisonnier p’tit bâtard.« . Là encore, quelle direction ! 

Toujours est-il qu’Hanno étant désormais un prisonnier de guerre, son sort est évident : il est réduit en esclavage et balancé au fond d’une galère, direction Rome. On le débarque quelques jours plus tard « à proximité de Rome », nous dit le sous-titre, et sachez qu’à l’époque, visiblement, le réchauffement climatique fait déjà des ravages puisque tout le secteur est couvert de sable et peuplé de gens enturbannés. Ah, la célèbre grande banlieue désertique de Rome ! Mais, qu’importe le climat : c’est là qu’Hanno est jeté pour la première fois dans une petite arène, en compagnie de ses compagnons d’arme, pour y affronter…

Des babouins.

Mais alors des babouins de combat puisqu’ils ont des dents à effrayer Nosferatu, Dracula et l’amicale des dentistes britanniques d’un coup d’un seul. Les babouins, rendus fous par leurs dresseurs (qui les forcent à regarder Emily in Paris jour et nuit afin de les enrager), se ruent sur les pauvres prisonniers de guerre qu’ils égorgent plus ou moins. Je dis « plus ou moins », car les babouins étant numériques, et que là encore, la direction du film laisse à désirer, vous pouvez apercevoir tout du long en fond des gladiateurs qui glandent avec personne qui ne les attaque, ou alors qui font mine de se protéger de singes qu’on a oublié de faire apparaître devant-eux en post-prod. 

On va donc supposer que c’est une arène où l’on jette à la fois les candidats à la profession de gladiateur et à celle de mime.

Gentil babouin !

Mais les babouins ayant flairé l’odeur du héros, ils se ruent sur lui, pour découvrir qu’Hanno n’est pas du genre à se rendre facilement.

– Recule, babouin ! lance crânement notre protagoniste.
– Hou hou hou ! (« Je n’ai pas peur, humain !« )
– Sache que j’ai été entraîné par Joey Starr à péter du singe !
– Hou hou ! (« Ah merde, je vais douiller ! »)

Et en effet : Hanno défonce du singe, quitte à les mordre au besoin. C’est ce geste qui lui vaut les acclamations de la foule, qui se met à chanter joyeusement : « HANNO ! HANNO ! »

Une foule très forte, donc, puisqu’à aucun moment on n’a annoncé le nom des gladiateurs. On va supposer que pour un sachet de pop-corn acheté à l’entrée de l’arène, un script était offert. C’est probablement ce qui attire l’attention de Denzelus, un patron d’écurie de gladiateurs qui se trouvait là. 

– Hmmm… le disciple de Joey Starr, là, je l’achète. Qu’on me le fasse livrer directement chez moi.

Et voilà comment Hanno se retrouve désormais gladiateur professionnel. 

Pendant que Diego ramène du brandy, permettez-moi de souligner une autre preuve de la grande qualité de ce film : dans cette petite arène provinciale, l’animateur qui annonce l’entrée des gladiateurs dispose d’un porte-voix. Alors que l’arène est la seule assez petite dans tout le film pour qu’un mec gueulant un peu fort puisse se faire entendre. Et donc, ça sera la seule fois de cette œuvre où quelqu’un aura un porte-voix. Cela peut paraître un détail, mais cela signifie que quelqu’un dans l’équipe de réalisation a compris qu’il fallait que les personnages se fassent entendre, et donc, a très officiellement acheté cet accessoire, un porte-voix, pour ce faire. Mais donc, que la même équipe s’est dit ensuite : « Surtout, ne le mettez dans AUCUNE scène à part la SEULE où on n’en aurait pas besoin ! Juste dans celle de la petite arène où c’est inutile, pour bien montrer qu’on avait l’accessoire, qu’on était conscient du problème, mais qu’on s’en foutait ! »

Je pense vraiment qu’à ce stade, une partie des films actuels est en partie basés sur des paris à la con entre professionnels bourrés du genre « Regardez, je vais faire de la merde volontairement et ça va passer !« . Ce qui expliquerait aussi toute une partie de la production cinématographique française, mais passons. 

Et revenons à Hanno. Qui arrive à Rome, dans le centre d’entraînement de Denzelus, où celui-ci lui propose de voir s’il se bat aussi bien contre un homme que contre un singe. Denzelus demande à l’un de ses hommes d’enfiler des cestes à pointes pour péter la gueule du héros, mais plusieurs choses se passent.

  • D’abord, Hanno refuse de se battre et se contente d’encaisser, tel djizousse.
  • Ensuite, quand Hanno prend un coup de pointes dans la gueule, il est juste un peu rouge. Faudrait pas qu’il ait une sale gueule pour le reste du film.
  • Finalement, il latte le vilain à mains nues pour qu’il arrête de le taper parce que djizousse, ça va deux minutes, mais à un moment tu peux faire une croix dessus.

Denzelus est content. Tellement qu’il annonce : 

– Formidable ! Excellent ! Quel champion ! Emmenez ce gladiateur dans mon bureau, je veux lui parler.

C’est là que Rududus, son esclave favori, lui fait remarquer que c’est un peu con.

– Chef, vous venez d’acheter une dizaine de gladiateurs en plus de ce « Hanno ».  Ceux qu’on voyait assis dans le banc près de lui dans cette scène. Vous ne voulez pas les voir se battre eux aussi ? Avant de faire d’Hanno votre chouchou ?
– Hmm… attends Rududus, rappelle-moi le nom des autres gladiateurs ?
– Eh bien voyons voir : Jean-Jacus, Jean-Jacus, Jean-Jacus…
– Alors ?
– Nan mais d’accord. Le film est tellement bien écrit qu’un seul d’entre eux a un nom.
– Voilà. Donc gagnons du temps : Hanno sera mon chouchou.

Et voici Hanno qui se retrouve traîné dans le bureau de son nouveau propriétaire qui lui explique comment ça va se passer.

– Écoute mon petit Hanno, désormais, tu es à moi. Mais ici, à Rome, si tu combats bien, tu pourras gagner ta liberté, Et comme je suis sympa, je suis aussi prêt à t’offrir ce que tu veux.
– Alors je ne vois pas trop d’où ça sort, mais soit : je veux la tête du général Pedrus Pascalus, qui a donné l’ordre de tuer ma femme.
– Ah ben dis-donc, c’est arrivé comment ?
– En pleine bataille.
– Et en pleine bataille, à 100 mètres, tu as identifié qui a donné l’ordre de tirer très exactement sur ta zouzette ?
– Pedrus Pascalus a la voix qui porte.
– Ah oui c’est vrai.

Il n’empêche que Denzelus est impatient de montrer son nouveau champion à Rome. Et ça tombe bien, car pendant que ça discute, filons à la capitale de l’empire latin où nous retrouvons justement Pedrus Pascalus, de retour de la guerre, qui est acclamé en héros par la foule. Avant d’être reçu au palais par les empereurs jumeaux : Caracalla et Geta. Que nous appellerons ici Rox et Rouquin pour d’évidentes raisons capillaires. Ces derniers sont évidemment laids, et alors que le moindre esclave a un sourire hollywoodien, eux ont des chicots pourris. Hmmm, je me demande s’ils sont méchants !

Enfin : ils accueillent Pedrus avec des claques dans le dos.

– Général Pedrus Pascalus ! Ta conquête de la Numidie est terminée, l’empire est plus grand encore qu’il ne l’était déjà il y a 16 ans, lorsque Marc-Aurèle est mort.
– Merci, vos altesses impériales. Je suis content d’avoir œuvré pour Rome. Maintenant, je ne rêve que de retrouver ma femme Jeannine et de profiter d’un peu de paix.
– Ah, oui, à ce sujet : on t’autorise une brève pause, on va même célébrer ta victoire avec des jeux et tout. Mais ensuite, au turbin, hein. On voudrait aussi conquérir la Perse, l’Inde… tout ça.
– Messeigneurs ! Votre soif de conquête est donc sans fin ?
– Eh bien figure-toi que oui. Allez zou.

Et figurez-vous que la femme de Pedrus, Jeannine… n’est autre que la fille de Marc-Aurèle, du précédent film Gladiator ! Elle est toute heureuse de retrouver son mari.

« Tu devrais te méfier, généralement, je porte la poisse aux généraux qui veulent juste profiter de leur famille »

– Tu es vivant !
– Oui, mais j’en ai assez de la guerre et de tuer pour la soif de conquête de Rox et Rouquin…
– Alors oui, mais on est Rome ici, pas à Arcachon, en fait. L’expansion, c’est un peu notre truc, si tu n’avais pas remarqué. Et tu es général.
– Oui mais la guerre, c’est mal.
– Hmmm… Pedrus, méfie-toi : on dirait que tes dialogues ont été écrits par un artiste de 2024 ! Dans deux minutes, tu vas me dire que…
– … l’esclavage, c’est pas bien.
– Bon, okay, je crois qu’il est temps d’aller se coucher.

 Et sur ces bonnes paroles, ron pshit, comme on dit chez les grands écrivains comme au hasard, Marlène Schiappa.

Dès le lendemain, au palais impérial, la teuf continue, et pendant que les deux empereurs se bourrent la gueule, on leur propose une petite animation : un combat de gladiateurs. Impliquant Anonymus d’un côté, et Hano de l’autre. On leur donne à chacun une épée, et les voilà qui se lattent aux pieds de Rox et Rouquin. Là encore, on sent que ce film ne se fout pas de la gueule du monde : oui, il y  a des gardes prétoriens pour assurer la sécurité. Mais quelqu’un les a intelligemment placés à l’autre bout de la pièce, du côté opposé aux empereurs qu’ils sont supposés protéger, faisant qu’on laisse deux esclaves armés, et arrivés ici comme prisonniers de Rome, juste devant les empereurs qui les ont réduits en esclavage. Heureusement, tout le monde étant très con, personne ne remarque ce très gros souci, et malgré ses tentatives de refuser de tuer son opposant, Hanno se retrouve obligé de le faire lorsque ledit opposant ne lui laisse aucun répit.

Sitôt qu’Hanno a triomphé, les deux empereurs applaudissent joyeusement.

– Bravo, gladiateur ! Quel est ton nom ?
– …
– Tu ne le dis pas ? Mais comment vais-je faire pour te nommer ? C’est pas comme si j’étais un spectateur de combat de gladiateurs de province : moi, je ne peux pas deviner magiquement ton nom pour le scander.
– …
– Tu ne réponds toujours pas ? Tu ne m’amuses plus gladiateur ! Parle ! Et vite !

Et Hanno de prendre une grande inspiration. 

Sapés.
– Pardon ?
Sapés comme jamaiiiis.
– Mais ? Serais-tu en train de citer du Maître Gims ? Incroyable ! Quelle érudition ! 

En effet : Hanno se met à déclamer un poème (dans le film, c’est du Virgile, mais c’est assez proche), ce qui surprend un peu tout le monde.

– Eh bien, gladiateur ! Tu es donc un poète ? Voilà comment je te nommerai : le Poète ! Denzelus, ton esclave nous a bien divertis, tu peux prendre ton pognon et te casser.

Ce qui est dit est fait, mais déjà, il faut se préparer, car tout ceci n’était qu’un apéritif de violence : la grosse marrave au Colisée, le cœur des festivités qui arrivent, débute le lendemain.  Et Hanno est donc jeté avec quatre Jean-Jacus dans l’arène pour affronter le gladiateur favori des écuries de l’empereur, un grand costaud qui débarque monté… sur un rhinocéros.

On notera la prestation toute particulière d’un Jean-Jacus qui s’exclame en voyant ses camarades se disperser devant la charge du gros machin :

– Lâches ! Moi je vais l’affronter !

Et ce… 0,3 secondes avant de partir en courant en sens inverse en agitant les bras en l’air. Ce qui s’avère mortel, le rhinocéros décidant de latter en premier cette incohérence sur pattes. Eh bien, merci pour ce grand moment de dialogue, film. J’aime quand un personnage annonce un truc avant de faire exactement l’inverse et que vous le gardez dans le montage final. On sent vraiment le souhait de bien faire.

Pendant que le Jean-Jacus sert d’appeau à rhino, Hanno plante son épée dans le sol, prend une poignée de sable de l’arène pour l’étudier (« Oooh, alors, c’est du sable vierge ou du sable de mer ? Parce que ça va gueuler si le prestataire de l’arène nous a encore refilé de la merde !« ), et ce geste étonne Jeannine, la femme de Pedro, qui depuis la tribune impériale… reconnait là une des habitudes de Maximus, le héros du précédent film ! Hélas, elle n’a pas trop le temps d’y réfléchir, car le rhinocéros, qui lui n’en a rien à battre, fonce sur Hanno. Mais après un peu de sable dans la truffe et quelques ruses, Hanno parvient à faire tomber le cavalier et à l’affronter en duel car…

Pardon ? Que font les autres Jean-Jacus pendant ce temps ? Allons, je crois que j’ai déjà évoqué l’incroyable direction des figurants. Puisque ceux-ci se contentent de rester en arrière à ne rien faire. On imagine bien leurs conversations hors-caméra.

– Dis Jean-Jacus, on devrait pas l’aider ?
– Alors que notre vie est en jeu ? Et qu’en plus, là, on est en train de laisser la vedette à Hanno, alors que nous aussi, p’têtre qu’on a envie d’être célèbres, puis un jour libres ?
– Voilà.
– Non, Jean-Jacus. Je propose de plutôt rester là à ne rien faire, ce qui pourrait permettre au méchant de gagner, remonter sur son rhino et tous nous tuer.
– Okay, super !

Heureusement pour eux, Hanno finit par triompher du méchant, et c’est la grosse victoire. Là encore, tout le Colisée se met à scander son nom… alors qu’une fois de plus, à aucun moment, il n’a été annoncé. Si un jour, vous devez identifier quelqu’un, inutile de faire une enquête : allez interroger le public des combats romains. Visiblement, ils connaissent l’identité de tout le monde au premier coup d’œil.  Il n’empêche que voir Hanno agir comme Maximus a quelque peu émoustillé, disons, la curiosité de Jeannine, qui en son temps, avait un gros béguin pour le général romain déchu. Elle file aussitôt demander un entretien avec Hanno. Et est introduite dans la cellule du gladiateur-chouchou qui se reposait pépère après son combat.

– Hmmm bonsoâââr, beau guerrier… je suis Jeannine et je suis si… oooh… chaude… comme le sable de l’arène… veux-tu me prendre dans tes mains moi aussi pour m’étudier de plus pr…-
– Euh, maman ?
– HEINKEKOIPARDON ? Ahem, pardon, je voulais dire : « Gladiateur, tu agis et parles comme un certain Maximus que j’ai bien connu, qui es-tu vraiment ? ». Si tu as entendu autre chose, il y a erreur.
– Bé oui maman ! C’est moi, Lucius ! Ton fils dans le premier film ! Tu sais, à la fin, je devais devenir empereur. Mais regardons plutôt ces flashbacks où l’on voit qu’étant en danger, même après la mort de Commode, tu as dû me cacher loin de toi après le précédent volet… si bien que j’ai disparu à force de fuir de cachette en cachette ! J’avais fini chez les Numides, mais me revoilà ! Et visiblement, je ne suis pas le seul à être un peu numide ici. Alors on se calme.
– Oui bon, euh, mon p’tit Lucius… visiblement, je t’avais demandé de te cacher, mais tu as profité de ce temps pour faire de la muscu avec un régime riche en protéines.
– Si on arrêtait de parler de mon corps luisant d’huile ?
– Oui, excuse-moi Lucius, je suis si heureuse de te retrouver ! Je te pensais mort ! Je peux aussi te révéler un secret : tu es le fils de Maximums, qui était mon amant ! Maintenant, tu vas pouvoir rentrer à la maison !
– Sauf que non.
– Hein ?
– Oui. Parce que je sais que tu es l’épouse de Pedrus Pascalus. Pedrus Pascalus qui a tué ma femme. Alors excuse-moi, mais d’abord, je compte bien, buter ton mari.
– Ah, et moi là-dedans ? Faut me le dire si je vous fais chier, hein !

J’aime beaucoup des films ultra-progressistes où le moindre pécor est contre l’esclavage et profondément antiraciste, par contre, une femme, ça peut toujours bien fermer sa gueule.

Mais Hanno/Lucius est décidé. Il ne veut pas parler à sa maman plus avant, et la fait même jeter hors de sa cellule, estimant que tous ses malheurs étant de la faute de son mari, c’est aussi un peu sa faute à elle aussi. J’en connais un qui a beau jouer la diva de l’arène, a surtout besoin d’un divan. 

En réalité, Hanno a appris la technique du test du sable à la pétanque.

Cependant, et puisque l’on parle de Pedrus Pascalus, revenons à lui. Car il commence à en avoir un peu marre de Rox et Rouquin, et se dit qu’il les renverserait bien pour rétablir une Rome belle et démocratique, comme celle du rêve de Marc-Aurèle, le père de sa femme. Et ça tombe bien, son armée arrive bientôt au port d’Ostie, près de Rome. Il explique donc son plan à sa femme.

– Chérie, je compte renverser la dictature en cours à Rome avec mon armée grâce à mon autorité de général populaire !
– C’est super mon choubidou, mais sans vouloir t’embêter, la dernière fois qu’un général populaire m’a dit ça, il a fini dans l’arène.
– Rhooo, c’est le deuxième film, ils ne réutiliseraient pas deux fois la même intrigue !
– T’ai-je parlé du fait qu’il y a « deux » dans le titre ?
– Du calme, du calme. Bref, mon plan est que le dernier jour des jeux, j’investisse la ville avec mes troupes. Nous capturerons tous les sites stratégiques, y compris le Colisée.
– Ah ?
– Oui, j’insiste : y compris le Colisée.

C’est là que Jeannine se met à pousser des cris d’orfraie.

– Tu ne peux pas faire ça !
– Ben euh… si ? Et en plus, tu étais plutôt d’accord jusqu’ici dans toutes les scènes où on en parlait entre deux bastons de gladiateur.
– Oui mais justement : je viens de découvrir qu’Hanno est mon fils !
– Ah ben merde, dis voir.
– C’est lui, Lucius ! L’héritier légitime de Marc-Aurèle ! Son descendant direct !
– Mais c’est une super nouvelle ! Attends, pour mon coup d’état, ça veut dire qu’on a l’héritier perdu de l’empereur aimé avec nous !
– Alors à ce sujet…
– Oui ?
– Je propose de ne surtout pas en parler.

C’est vrai qu’au moment de faire un coup d’état pour soutenir le rêve de Marc-Aurèle, ce serait con de profiter du fait d’avoir l’héritier disparu légendaire dudit Marc-Aurèle. Et ainsi, ils n’en parleront plus. Ou du moins, pas dans les termes qu’on imagine. Car soudain, Jeannine lance : 

– Pedrus, tu dois décaler ton coup d’état !
– C’est-à-dire que c’est un truc qui implique toute une armée et des objectifs à atteindre en temps et en heure, c’est pas vraiment un dîner chez mamie qu’on peut décommander par téléphone.
– Tu ne comprends pas : il faut d’abord sauver Hanno ! Enfin, Lucius ! Bref, mon fils, ma bataille, le fruit de mes entrailles !
– Et où se trouve-t-il ?
– Au Colisée.
– Le Colisée où j’ai bien insisté dans le dialogue précédent qu’il faisait partie de mes cibles à capturer ?
– Oui.
– Le Colisée où se trouve ton fils et dont je prendrai le contrôle ? Sauvant ainsi ton fils ?
– Oui.
– Ton plan est donc d’annuler ma prise de contrôle… pour que je sauve ton fils.
– C’est ça.
– Mais ça n’a aucun putain de sens ? Tu te rends compte que tu me demandes de sauver ton fils dans un Rome sous contrôle ennemi au lieu de prendre le contrôle de Rome et de sauver ton fils sans risque ?
– Voilà.

C’est ainsi que très sérieusement, Jeannine propose de remettre à plus tard le plan qui sauverait son fils… au motif qu’elle doit sauver son fils. Mieux ? Le nouveau plan visant à sauver Hanno a pour date… le dernier jour des festivités ! Soit le jour exact où le coup d’état devait avoir lieu ! J’aime ces dialogues qui donnent plein de détails juste pour que chacun d’entre eux enfonce un peu plus le film. J’insiste : à ce stade, ce sont des paris au sein de l’équipe de réalisation, c’est impossible autrement. 

Retournons donc du côté d’Hanno, en espérant que ce qu’il fait pendant ce temps est moins con. En effet, on l’a installé avec ses potes sur une espèce de rameur géant pour se préparer à faire avancer une galère, car le prochain combat dans l’arène… sera naval ! Et comme Hanno a fait une blague pendant l’exercice, on lui fait même passer des heures à ramer seul, selon la célèbre formule latine « Salui fera lecu » .

Avant d’annoncer brillamment que… lors du combat, Hanno dirigera la galère au lieu de ramer !

Voilà voilà. Toute une scène pour préparer Hanno à un exercice qu’il ne pratiquera pas. Ça aurait été malin de lui apprendre à commander une galère, à la place ! Au lieu de lui bousiller les mains devant tenir son épée sur des rames ! Mais non : tout le monde s’en fout, n’enseigne rien à notre héros, et part du principe qu’Hanno est secrètement capitaine de corvette dans la marine romaine. Allons ! Il était fermier-général, pas fermier-amiral !

Sauf que si : il sait commander une galère comme ça, pif pouf.

Cela tombe bien, car nous revoici bientôt dans l’arène, qui comme annoncé, a été remplie d’eau, et où flotte une galère remplie de méchant équipés d’arcs. Alors que les gladiateurs d’Hanno, eux, n’ont que leurs épées. Voilà un rude combat qui s’annonce, surtout vu que dans les deux mètres d’eau de l’arène se trouvent de grands requins blancs qui…

Pardon ? Mais oui, de grands requins blancs, pourquoi ? L’empire romain en avait toujours plein, c’est proverbial et surtout, une espèce injustement méconnue : le grand requin blanc d’eau douce, capable de respirer dans, disons, une arène inondée. On le trouvait souvent les jours de pluie dans les flaques autour de Rome. Si vous voulez en savoir plus, je vous recommande la lecture d’Hannibal, et plus particulièrement son chapitre couvrant la campagne d’Italie intitulé « Le jour où mon éléphant a trébuché sur un grand requin blanc, ou comment j’ai arrêté la drogue« . 

Mais bon, on va dire qu’ils ont emprunté leurs requins à Sous la Seine.

En attendant, c’est parti pour le combat, et Hanno commande donc fièrement ses camarades.

– Mes amis ! L’ennemi a des archers, et pas nous ! Heureusement, l’arène est si petite que nos navires sont à portée d’abordage !
– Super !
– C’est pourquoi je propose que l’on tourne inutilement autour du navire ennemi un petit coup histoire de se faire flécher la gueule gratos !
– Pardon ?

Et c’est ainsi que l’équipe d’Hanno essuie des pertes ridicules sans grande explication autre qu’Hanno soit complètement con. Ce n’est qu’après ce tour gratuit (Hanno ayant probablement décroché la queue de Mickey qui pendait dans le Colisée) qu’il décide que « Eeeeh, et si on attaquait l’ennemi en l’abordant ? » L’occasion de voir Hanno combattre en usant de prises de catch, typiques du IIIème siècle de notre ère, alors que lui et ses camarades pètent la mouille des archers ennemis. Mais profitant d’un instant de confusion, Hanno s’empare d’une arbalète d’époque qui trainait, et la braque vers la tribune impériale où se trouvent les empereurs, Jeannine, mais aussi ce coquin de Pedrus Pascalus. Et tire ! Hélas, si son carreau atterrit en plein milieu de tout ce beau monde sans tuer personne, il n’en crée pas moins une belle panique ! 

Quand Gladiator reprend des idées à Sharknado, il est temps de dire stop.

Les empereurs sont évacués, les gladiateurs aussi, et tout le monde retourne se cacher, qui, dans son palais, qui, dans sa cellule qui pue. Cet événement marquant la fin des festivités officielles, c’est cependant le moment que Pedrus Pascalus a choisi pour rassembler une vingtaine d’hommes de sa meilleure légion et les infiltrer dans Rome pour tenter d’aller libérer Hanno. Hélas, alors qu’ils sont dans un souterrain, voilà qu’ils n’aperçoivent pas des dizaines de gardes prétoriens qui les observent depuis les ombres… et sortent leurs arcs pour abattre tout ce petit monde ! Et ce, avec une précision diabolique. En un seul instant, tous s’effondrent. Seul Pedrus Pascalus est épargné, pour mieux être arrêté par le centurion local.

– Général Pedrus Pascalus. Je vous arrête pour complot contre Rome.
– Damnation ! Qui m’a balancé ?
– Vous et votre femme avez impliqué dans le complot le sénateur Grotraitrus. Vous serez étonné d’apprendre qu’il vous a trahis.
– Crotte de bique ! Mais attendez, avant de m’emmener, j’ai deux autres questions.
– Oui ?
– D’abord, comment alors que mes hommes et moi étions tous encapés et encapuchonnés de la même manière et donc impossibles à distinguer les uns des autres, avez-vous réussi à tous les tuer en une seconde sans vous tromper de cible et me tuer au passage ?
– En fait on a tiré sur tout le monde. Et le seul qui avait une armure en scriptonium, hop, ça l’a épargné.
– Ça se tient. Mais j’en viens à ma deuxième question.
– Oui ?
– Bordel, mais vous tirez à QUOI pour que TOUS mes hommes se soient effondrés instantanément sans même un cri ? Même pas un « Ouuuille ! » ou « Aaah ! » ou un vague râle une fois au sol ?
– On tire à l’arc de film américain : s’il touche un Jean-Jacus, celui-ci meurt instantanément. Par contre s’il touche un personnage majeur, ce dernier aura le temps de nous raconter sa vie avec tous les détails après une longue agonie.
– Bon ben merci. Maintenant, je vous suis.

C’est donc un Pedrus Pascalus qui est emmené au palais impérial escorté par les gardes prétoriens, et sur place, il retrouve sa femme Jeannine, elle aussi arrêté avec d’autres membres du complot.  C‘est en effet le sénateur Grotraitrus qui les a balancés, et ce, avec un petit coup de pouce de Denzelus qui visiblement, aime bien foutre la merde. Les deux empereurs, eux, sont furieux.

– Général Pedrus Pascalus, nous sommes déçus. Nous voulons une Rome grande et unie, et vous, vous nous trahissez.
– Oui mais en même temps, vous êtes deux tyrans.
– Roooh, ça vaaaa ! Si vous vous arrêtez à ça aussi ! Vous savez, on peut très bien aimer la liberté et finir par suivre un tyran sans hésiter.
– Ah oui ? Va falloir m’expliquer comment !
– Vous ai-je déjà parlé de notre parti, La Rome Insoumise ?
– Raah, pitié, non ! Condamnez-moi à mort, plutôt !
– Eh bien soit, faisons ça.

Mais Denzelus, toujours taquin, et qui était là pour son aimable collaboration avec le régime, glisse :

– Pour l’exécution, faites-le dans l’arène. Ça passera mieux auprès du peuple s’il meurt les armes à la main.
– Bon alors vous mourrez dans l’arène, Pedrus Pascalus !

Et c’est ainsi que le glorieux général Pascalus se retrouve condamné à être gladiateur pour avoir trop aimé une Rome libre et belle, contrairement au(x) vilain(s) empereur(s).

Noooon, ça ne vous rappelle rien. Vraiment rien. Rien puissance Maximus, même.

Le lendemain, c’est donc tout Rome qui se presse au Colisée pour voir mourir celui qui hier encore, était un héros. Son premier combat est bien simple : cinq gardes prétoriens l’attendent dans l’arène pour le latter. Et Pedrus les affronte sans hésiter. Eux par contre, un peu plus : vous voulez qu’on reparle de la réalisation ? Comme vous l’aurez deviné, et dans un moment digne des Power Rangers, ses adversaires prennent bien soin de partir se faire les ongles sitôt qu’ils pourraient avoir l’avantage du nombre. On les voit faire autre chose en fond, voire ils disparaissent carrément entre deux plans. Disons que ça rend le tout un peu moins épique. Et encore, ça, c’est sans évoquer que depuis le début du film, on ne compte plus le nombre de bagarres où à un moment, le héros finit en mauvaise posture… mais où l’on voit son ennemi ne surtout pas utiliser son arme, alors qu’il a moyen de tuer instantanément le gentil. Il ne faudrait pas terminer le film ! Donc, oui : même les combats sont régulièrement sujets à de sérieux ratés. Avec des ennemis finalement jamais vraiment menaçants.

Si à Rome, les flaques d’eau étaient super dangereuses (à cause des grands requins blancs, suivez un peu, merde), les gens armés, eux, étaient plutôt inoffensifs.

C’est donc sans gros problème que Pedrus triomphe de ses adversaires, avant que l’on n’annonce l’entrée dans l’arène d’un champion pour lui péter la gueule : Hanno. Ce dernier arrive d’un pas décidé. Alors que Pedrus tente de lui parler, parce que tuer son beau-fils, c’est un coup à dormir sur le canapé au moins deux ou trois nuits. Or, c’est Hanno qui a besoin d’un divan, pas lui.

– Hanno ! Ne nous entretuons pas ! Sache que si je suis ici, c’est parce que je souhaitais te délivrer !
– OUAIS BEN T’AS BUTÉ MA FEMME, AUSSI !
– Raah ouiiii mais note qu’elle me tirait un peu dessus ! Et puis attends, pense à ta mère…
– JUSTEMENT ! TU COUCHES AVEC MA MERE !
– Hmmm c’est vrai que je n’aurais pas dû amener le sujet moi-même !

Tant pis pour Pedrus : Hanno l’attaque furieusement, mais à sa grande surprise, Pedrus finit par lâcher son arme et se rendre. Et Hanno, qui rêvait pourtant de le tuer, décide de l’épargner, car il ne peut tuer un homme désarmé. Plus encore un homme qui essaie de le prendre par les sentiments.

– Tu as bien raison ! lance Pedrus. Car sache que je t’ai toujours aimé, ainsi que ta mère… et ton père Maximus !

Ce genre de discours lassant les deux empereurs depuis leur tribune, ces derniers font signe à leurs prétoriens de sortir leurs arcs pour flécher lourdement la gueule de Pedrus. Qui se prend donc une vingtaine de flèches, et meurt en marmonnant :

– C’est donc vrai… là où une seule flèche suffit pour un Jean-Jacus… moi il en faut 20, et encore, je meurs après une longue agonie où je raconte ma vie avec tous les détails… argh ! 

Et ainsi meurt Pedrus.

Adieu, Pedrus. Ah, si seulement, tu avais capturé le Colisée avec ton armée au lieu de décider de t’y faufiler avec vingt gugusses !

Hélas, cela n’est pas du goût du public romain, qui voit ainsi mourir dans l’arène celui qu’il adulait hier encore. Si à Rome, on peut être héros un jour et condamné le lendemain, est-ce que Jojo le pécor a la moindre chance ? Une question qui agite les esprits. Et la foule : l’affaire tourne à l’émeute ! Rox et Rouquin, obligés de battre en retraite jusqu’à leur palais, s’y enferment avec leur garde prétorienne. J’insiste : ils s’entourent d’hommes pour ne pas courir le moindre risque. Retenez bien cela, et passons à la suite. Car Denzelus profite d’être lui aussi au palais pour aller parler à Rouquin, l’un des deux blaireaux impériaux.

– Rouquin, mon ami, je te sens nerveux.
– Ben, y a un peu émeute, là. Le peuple est aux portes.
– Tu sais ce que je pense ? Je pense que pour calmer les émeutiers, ton frère Rox va t’accuser d’être derrière tout ce qui ne va pas à Rome.
– Oooooh ! Mais c’est pas juste !
– Eeeh oui… mais que veux-tu, c’est ainsi… PEUT-ÊTRE QUE LE SEUL MOYEN DE T’EN SORTIR SERAIT DE LE TUER ?
– Mais ? Pourquoi vous criez ?
– TU DEVRAIS TUER TON FRERE, HOLALA OUI !

Car oui, Denzelus hurle son projet pourri de complot au beau milieu du palais impérial. Vous me direz « Ah putain, c’est pas subtil, il doit chercher à se faire arrêter ! » Non. Ca sert juste à souligner que… mais oui ! Là encore, tous les figurants ont disparu : sans aucune explication, le palais qui grouillait de gardes est soudainement entièrement vide ! Oui, le film fait hurler le personnage juuuuste pour montrer qu’il n’a plus à chuchoter parce que héhé, on a oublié les gardes !

Ne me demandez pas ce que ces gens cherchent à faire : je ne cherche pour ma part plus. 

Mieux encore, Rouquin et Denzelus peuvent revenir dans la salle principale où se trouvait Rox, pour découvrir que, là aussi, tous les gardes sont partis en cure à La Bourboule. Ils peuvent donc poignarder tranquillement Rox jusqu’à ce qu’il soit tué, puis mort, et enfin, décédé. Voilà ! Rome n’a plus qu’un empereur, et c’est ce que Rouquin vient annoncer au Sénat le lendemain. Avant de montrer à quel point il est mi-fou, mi-débile, mi-bourré, mais 150% empereur, en nommant premier consul… Dondus.

Dondus est peut-être le personnage le plus charismatique du film (notez que j’ai retenu son nom), et surtout, celui qui dit le moins de conneries. En effet, Dondus est un petit singe, animal de compagnie de Rouquin. Mais cela ne retire rien au fait que vraiment, ses dialogues sont les seuls qui ne soient pas complètement cons.

Il ne reste donc plus à Rouquin qu’à nommer un deuxième consul : Denzelus. Qui entre ainsi au sénat tout fiérot de ses complots, et sort d’un sac la tête coupée de Rox.

– Sénateurs, voyez ce que je tiens ! La tête d’un empereur. Cela vous montre à quel point je suis puissant. Dangereux. Et…
– Chef, chef !
– Raaah, Rududus, mon fidèle, je t’avais dit de ne pas m’interrompre lors de mon grand discours !
– Non mais chef, c’est pas super productif ce que vous faites. Au lieu de laisser Rouquin porter la responsabilité du meurtre de Rox, vous venez ici crier « JE SUIS CLAIREMENT DERRIERE LE COMPLOT ! ».
– Oui mais ça montre que je suis, je sais pas moi, fort, influent et redoutable et donc, pas un type à emmerder !
– Chef, c’est pas pour vous rabaisser, mais on parle du Sénat Romain, là. Un endroit qui ne manque pas de spécialistes du complot. Pour eux, un petit assassinat, ce n’est pas un problème. Donc là, vous n’impressionnez personne. Par contre, vous vous mettez une énorme cible dans le dos.
– Ah euh… vous êtes sûr ?
– Chef, venir se vanter d’un meurtre devant des sénateurs romains en espérant que ça va les impressionner, c’est comme venir vous vanter d’avoir volé un portefeuille devant des députés français : ça fait amateur.

Denzelus est embêté, Rududus viré de sa maisonnée (non mais c’est vrai, quoi !) et tout le monde peut aller écouter le nouvel empereur parler des festivités qu’il compte lancer pour célébrer son début de règne.

– Bon, hier, on a tué Pedrus Pascalus et c’était marrant. Aussi, aujourd’hui, je propose de faire exécuter dans l’arène tous les autres comploteurs… à commencer par Jeannine, la femme de Pedrus ! Et pour ça, j’ai une super idée : après avoir démantelé ce complot, j’ai cru comprendre qu’Hanno n’était autre que son fils, alias Lucius, descendant de Marc-Aurèle, dont le nom suffit à mettre en danger mon règne. Je propose donc de faire un combat… où Hanno doit défendre sa mère contre une armée de mes gardes, héhé ! 

L’idée est validée, et tout le monde se prépare. À commencer par Denzelus, qui profite que l’empereur tourne le dos cinq minutes pour se faire voter le contrôle complet de la garde prétorienne par le Sénat. Et, oui, les Sénateurs approuvent sans broncher. Ils sont comme ça : sympas. Donner le contrôle de toute l’armée au type qui vient de leur avouer être un meurtrier, pas de souci, hop. Ainsi, Denzelus a désormais le contrôle de la plus puissante force armée de Rome, et l’empereur est un pantin qui ne pense qu’aux jeux, à la picole, et à gueuler que le premier consul fait caca partout… les méchants auraient-ils triomphé ?

Nenni. Car ce que les méchants ignorent, c’est que pendant ce temps, Hanno n’apprécie que moyennement que l’on menace sa mère. Aussi, il a un plan.

D’abord, usant de sa grande influence au sein de l’écurie de Denzelus, il n’a aucun mal à se faire remettre les clés des cellules et à libérer ses compagnons pour tuer tous les suppôts au service de Denzelus qui les gardaient à l’œil. Ensuite, on lui a indiqué sous le Colisée où se trouvait la tombe de Maximus. Et au-dessus de laquelle trône son ancienne armure (en excellent état, bien évidemment : conservateurs de musées, prenez-en de la graine !). Hanno/Lucius enfile donc l’armure de son célèbre papounet, et prépare ses hommes à la baston. Il confie à l’un d’eux une bague ayant appartenu à Maximus, bague qui lui venait de Marc-Aurèle avant lui, et marquée de ces fameux noms. Et explique l’objectif : 

– Mon p’tit Gégé, l’armée de feu Pedrus Pascalus campe non loin de Rome. Tu vas aller les trouver, leur montrer cette bagouze, et quand quelqu’un te demandera d’où elle sort, tu leur dis « Lucius, descendant de Marc-Aurèle et héritier du trône impérial, demande votre aide ! »
– Attendez, « héritier du trône impérial » ? Vous ne vouliez pas abolir l’empire, rétablir la République et laisser le peuple décider ?
– Nan mais taggle, fais ce que je te dis.

Et le brave Gégé de partir chercher l’armée de Pedrus. Pendant qu’il est en chemin, les jeux de l’arène, eux, recommencent. Hanno s’y prépare en astiquant l’armure de Maximus, et en déposant son ancienne dans un coin. Avant de placer dessus… le bout de la flèche qui a tué sa femme. Vous me direz « Pardon ? Le mec a été réduit en esclavage, d’où ça fait des mois qu’il trimballe un bout de flèche cassée sans que personne ne le remarque ? » La réponse, mes jeunes amis, tient dans un mot latin qui rime avec « atrium ». 

Cela fait, Hanno est invité à entrer seul dans l’arène pour y affronter seul une trentaine de prétoriens qui encerclent sa mère, grimpée sur un chariot tiré par les autres comploteurs qui y sont enchaînés. L’empereur Rouquin rigole bien (avec le premier consul, bien sûr, le deuxième se contentant de rester derrière à faire des bruits de comploteur), jusqu’à ce que déboule de sous le Colisée des dizaines de gladiateurs libérés d’Hanno, ce qui rééquilibre lourdement le combat. Hanno parvient d’ailleurs à grimper sur le char pour y libérer sa mère, lorsque soudain, depuis la tribune impériale…

– Il commence à me courir sur le haricot, celui-là.

On ignore si Denzelus fait cette tête car il en a assez d’Hanno ou d’être dans ce film.

Lance Denzelus. Car avec l’arrivée des gladiateurs, c’est un gigantesque bazar dans l’arène, mais aussi dans les tribunes où la foule se soulève, et donc, plus grand monde ne le regarde. Il peut ainsi prendre un arc… et envoyer une flèche en plein dans la poitrine de Jeannine ! Juste au moment où elle allait être sauvée !

– Raaah, maudites flèches ! s’exclame Hanno. Elles ont pris ma femme, et maintenant, ma mère ! Je les hais, et je jure de ne jamais en être une !

Aucun risque. 

Comme le veut la tradition, là où des soldats d’élite des légions romaines mourraient instantanément à la première flèche venue, Jeannine se met à soupirer :

– Hanno… laisse-moi te raconter ma vie avec tous les détails pendant ma longue agoniiiiiie…

Mais Hanno a mieux à faire : il compte bien latter la gueule de Denzelus. Denzelus qui est en pleine forme, puisque profitant encore un peu plus de la confusion générale, il bute l’empereur Rouquin. Comme ça, hop. Et là encore, personne ne dit rien. Les gens sont comme ça : sympas. Puis, Denzelus prend la poudre d’escampette. 

Hanno quitte l’arène pour partir à sa poursuite, et les deux se coursent à cheval au travers de tout Rome, avant d’en sortir pour se diriger vers un endroit connu de tous deux : la route prise par l’armée rebelle de Pedrus Pascalus. Car si elle a bien reçu le signal et s’est mise en marche, elle a été repérée par les Prétoriens, et Denzelus a ordonné à ces derniers d’aller à la rencontre de ces maudits petits empêcheurs de tyranniser en rond. Hanno et Denzelus se retrouvent bientôt entre les deux armées lorsqu’enfin, ils descendent de cheval pour se mettre sur la gueule. 

– Denzelus ! Tu vas payer !
– Ah nan mais que dalle. Moi, j’ai tenu ma part du marché : je t’ai bâti une belle carrière, je t’ai même envoyé dans l’arène la tête du général Pascalus, comme convenu… nan franchement, celui qui fait un peu chier, là, c’est quand même toi !
– Non ! Car toi, tu es un nouveau tyran, Denzelus ! Là où moi, je suis venu bâtir une Rome libre, appartenant à son peuple et à son sénat, comme le voulait Marc-Aurèle, mon grand-père qui…
– Qui n’a pas rendu Rome au Sénat, et a vécu tout son règne en bon gros empereur, note.
– Maiiiiiiiiiis ! Arrêtez de souligner que… bon, tant psi : BAGARRE !

Et c’est bagarre.

Une bagarre nullissime, avec tous les clichés de film américain : « Ah, on est en duel final, personne ne nous vient en aide ! », « On rampe par terre ! », « Oh non, mon arme ! Vite, coup de poing ! », etc. Le top du top est que tout semble fini lorsque Denzelus parvient à pousser Hanno dans la rivière locale (le Rubitrècon), et à le mettre dans une situation dont il ne peut se sortir.

Non, pas à cause des grands requins blancs. 

Il coince juste Hanno sous lui, et prend son glaive à deux mains pour le planter encore, encore et encore dans notre héros mais… l‘armure d’Hanno arrête 100% des coups. Pourquoi ? Comment ? Et quand bien même, comment est-ce qu’aucun de ces trente coups de glaive ne parvient-il pas à faire un minimum bobo ? Eh bien, on l’ignore, mais on sait désormais que cette armure est donc littéralement en pur scriptonium. L’équipe du film a dû avoir un grand moment à l’écriture de cette scène.

– Et là, Denzelus plante trente fois Hanno.
– Ah ben c’est chiant, parce qu’Hanno meurt du coup.
– Non… on n’a qu’à dire que son armure arrête absolument tous les coups.
– Ou alors, on fait un meilleur combat, un truc où cette situation ridicule n’arrive pas ? Comme ça, on n’a pas à justifier avec cette histoire d’armure ?
– … ahaha, il est rigolo le stagiaire !

Bref.

Finalement, et après ce passage nullissme, notre héros se redresse sans souci, avant de castagner Denzelus, puis de le buter, hop.

Hanno marche alors hors du Rubitrècon, seul, trempé et épuisé, entre l’armée prétorienne qui fait face à l’armée de Pedrus Pascalus, et s’écrie alors d’une voix forte : 

– Assez ! Assez de guerres ! Rangez vos armes ! Nous sommes tous ici des défenseurs de Rome ! Assez de sang versé ! Nous allons plutôt construire ensemble une Rome libre, où les réfugiés pourront venir en sachant qu’ils seront soignés, où les pauvres seront réconfortés, où il n’y aura plus de misère… le Rome dont rêvait Marc-Aurèle !

Et les soldats des deux camps, les yeux mouillés, rangent leurs armes avant de les ressortir (ne cherchez pas) pour mieux les pointer vers le ciel en acclamant Lucius.

On notera que là encore, la voix de Lucius porte à une distance faramineuse, et que visiblement, les Romains sont très touchés par les discours progressistes, car logiquement, ça aurait dû donner ceci, par exemple, du côté du décurion Caius Fabius, positionné à 150 mètres de là avec sa décurie.

– … vos armes…
– HEIN ? QU’EST-CE QU’IL DIT ? PARLEZ PLUS FORT, MONSIEUR ! Raaah, les gars, qu’est-ce qu’il dit ? Quelqu’un entend quelque chose ?
– Je crois qu’il dit qu’on ne devrait pas se mettre sur la gueule.
– Ah ben super ! La moitié de ma solde provient de pillages, et l’autre, là, il veut que je m’assoie dessus ? Ben voyons !
– … réfugiés…
– Et là ? ARTICULEZ, MONSIEUR ! ON ENTEND RIEN ! Qui a capté ?
– Là, il dit qu’on devrait accueillir les réfugiés et les soigner gratos.
– Non mais attendez ? Je suis un décurion du troisième siècle ! Et l’autre il croit vraiment que j’ai une passion secrète pour la sécurité sociale ? Eh, connard ! Quand je vois un civil dans un pays ravagé par la guerre, je lui colle des chaînes, pas une carte vitale ! Qu’est-ce qu’il a cru ? Qu’on était l’amicale des légionnaires de gauche ? Mec, mes idées politiques feraient passer Marine Le Pen pour une poétesse grecque !
– … Marc-Aur…
– Eeeh putain, on entend rien ! Bon allez, moi j’en ai plein le cul, je charge !

En effet, le légionnaire d’époque était rarement connu pour son ouverture d’esprit et sa passion secrète pour les questions sociales. Il lisait rarement Zola sur le dos de l’esclave qui lui servait de bureau (contrairement à moi, donc). Cependant, et puisque grâce à la voix magique et aux célèbres légionnaires progressistes du IIIème siècle, tout va bien, c’est un Hanno très fier de lui qui rentre dans une Rome apaisée, et se rend dans l’arène vide pour aller toucher le char abandonné où se trouvait sa mère quelques heures plus tôt. Il chuchote alors :

– Mère…

Puis il se rend là où Maximus était tombé des années auparavant, y prend un peu de sable, et chuchote :

– Père… parle-moi.

On n’entend pas alors le sable lui répondre « Je ne suis pas ton père : je suis juste une forme de tout petits gravillons, espèce de gros couillon », car l’écran s’assombrit et…

FIN.

 Ah oui. Vraiment. Ce deuxième volet était nécessaire à l’humanité.

« Allez, parle, sable ! Tu vas parler, oui ?! »

Hollywood, un vendredi, 21h12

– Dépêchez-vous les gars ! C’est Monsieur Scott, il a encore…

La porte de la cellule capitonnée à peine ouverte, un infirmier défaille à la vue du titre fraîchement écrit sur le sol à l’aide de matériaux maison. L’un d’entre eux, après avoir retenu une nausée, lance :

– En même temps, c’est pas plus con que Gladiator II.

On peut en effet lire en lettres brunes :

Napoléon II.

Publié le 16.11.2024 à 10:12

Top Grolles – Ou l’aéronavale en 1940

Si les Américains ont Top Gun, la France aussi dispose d’une force aéronavale. En 1940, lors d’une opération oubliée, ses pilotes montrèrent qu’ils en avaient encore sous la semelle. D’une manière qui… enfin… disons que si on en fait un film un jour, on l’appellera plutôt « Top Grolles ».

Bon visionnage.

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