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rubrique «À LIRE AILLEURS»

Publié le 05.07.2025 à 11:30

« Femmes, Vie, Liberté » contre la guerre

Ni l'État génocidaire d'Israël, ni la dictature de la République islamique, vive les luttes populaires [Collectif ROJA]

Roja est un collectif féministe et internationaliste indépendant basé à Paris, composé de membres issu·es des géographies d'Iran, d'Afghanistan (communauté hazara) et du Kurdistan. Le collectif Roja a été fondé en septembre 2022, suite au féminicide d'État de Jina (Mahsa) Amini par la République islamique, et au cœur du soulèvement national « Jin, Jiyan, Azadî / Femme, Vie, Liberté ». Tout en centrant son action sur les luttes politiques et sociales en Iran et au Moyen-Orient, Roja est également engagé dans les combats locaux et internationalistes en France, notamment dans les actions de solidarité avec la Palestine. (Le mot « Roja » signifie « rouge » en espagnol ; en kurde, « roj » signifie « lumière » ou « jour » ; et en mazandarani, « roja » désigne « l'étoile du matin ».)

Roja est un collectif féministe et internationaliste basé à Paris, composé de membres issu·es des géographies d'Iran, d'Afghanistan (communauté hazara) et du Kurdistan. Fondé en septembre 2022, suite au féminicide d'État de Jina (Mahsa) Amini par la République islamique, et au cœur du soulèvement national « Jin, Jiyan, Azadî / Femme, Vie, Liberté », il nous (Lundi Matin) a transmis cette prise de parole et de position à la suite de la "guerre de 12 jours" opposant le régime israélien au régime iranien.

Au lendemain de l'agression militaire israélienne de 12 jours contre l'Iran, menée avec le soutien armé des États-Unis, dont les principales victimes furent des civils – qu'ils soient iranien·ne·s ou israélien·ne·s – n'ayant pas choisi cette guerre, nous continuons à croire que la seule issue pour déjouer la logique meurtrière d'États dont la survie repose sur le maintien du spectre de la guerre, est de faire entendre, haut et fort, notre cri : entre deux régimes guerriers, patriarcaux et coloniaux, nous ne prenons pas partie. Ce refus n'est pas un repli ou une neutralité. Il constitue, au contraire, le point de départ de notre lutte. Une lutte qui chérit la vie et qui rejette la logique meurtrière des guerres.

La guerre asymétrique entre Israël et la République islamique – qui, rappelons-le, n'a ni commencé le 13 juin ni prend fin avec un message de Trump sur son réseau social – est avant tout une guerre contre les populations. C'est une attaque contre tout ce qui garantit la survie et la reproduction de la vie quotidienne sur ce territoire : infrastructures, réseaux et systèmes sur lesquels repose la vie des habitants. Elle vise directement ce que nous avons construit à travers le mouvement «  Zan, Zendegi, Azadi  » («  Femme, Vie, Liberté  ») et tout ce que ce slogan, incarne : un combat féministe, anti-impérialiste et égalitaire, né de la résistance populaire kurde qui a résonné à travers tout l'Iran.

«  Femme, vie, liberté contre la guerre  » n'est pas qu'un slogan, mais une ligne de démarcation claire avec des tendances dont les contradictions apparaissent aujourd'hui plus crûment que jamais : d'un côté, les opportunistes qui ont soutenu les sanctions américaines et les ingérences occidentales depuis des années, banalisant le génocide à Gaza, tout comme les guerres impérialistes occidentales, ceux qui se sont réjoui de l'agression israélienne espérant qu'elle apporte enfin une «  libération  ».

De l'autre, les campistes qui assimilent toute opposition à l'Occident à une «  résistance  », ainsi que ceux qui, au nom de «  l'urgence  » ou du «  bien du peuple  » passent sous silence les crimes de la République islamique tant à l'intérieur du pays que dans la région, ainsi que son instrumentalisation du discours anti-impérialiste toutes comme son instrumentalisation de la cause palestinienne. Brouillant la frontière entre résistance populaire et pouvoir d'État, depuis 7 octobre, ils se sont rangés derrière tout ce qui s'oppose aux plans du fameux «  nouvel ordre au Moyen‑Orient  », négligeant les luttes des femmes et des personnes queers, des minorités et des démunis, comme si elles étaient secondaires.

Or, ces ennemis sont le miroir parfait l'un de l'autre dans leur barbarie. Israël conduit les enfants de Gazas à l'abattoir en brandissant le drapeau arc-en-ciel ; la République islamique d'Iran a non seulement massacré les manifestants en Iran mais a noyé aussi dans le sang la révolution populaire syrienne, sous le masque de l'anti-impérialisme. Le premier commet un génocide à l'encontre des Palestinien.nes ; l'autre soumet et opprime les peuples non perses à l'intérieur de ses frontières.

Netanyahu usurpe le slogan « Femme, vie, liberté » pour tenter de légitimer son expansionnisme militaire et colonial et le faire passer comme « intervention libératrice ». Khamenei mobilisait toutes ses forces pour étendre un « empire chiite » régional, au nom de la lutte contre Daech et de la « défense de la Palestine ».

Ces deux régimes capitalistes n'occupent certes pas la même position dans l'ordre mondial. Le rôle de la République islamique dans cette guerre ainsi que sa puissance militaro-logistique n'atteint certainement pas celui d'Israël, et le régime iranien ne bénéficie pas des soutiens impérialistes occidentaux. Cette asymétrie ne l'empêche pourtant pas d'infliger violences, injustices et souffrances, comme le fait le sionisme fasciste. Toute relativisation des crimes de la République islamique, ne peut être que fallacieuse. Outres les politiques oppressives à l'intérieur de ses frontières, elle s'est embourbée dans un projet nucléaire au coût exorbitant.

Nous n'avons pas à choisir entre un régime sioniste génocidaire et le régime islamiste oppressif. Nous traçons une troisième voie, celle dessinée par les multiples formes de luttes populaires du Moyen-Orient, par une solidarité et un internationalisme par en bas.

Pour construire un front solide contre le génocide israélien et arracher le discours anti-impérialiste des mains de la République islamique, il faut nous démarquer clairement de ces deux impasses et de réaffirmer le lien indissoluble entre toutes les luttes populaires au Moyen-Orient et au-delà., en nous opposant à la fois au colonialisme impérialiste et à la colonisation interne d'État.

En solidarité avec les destins liés des peuples du Moyen-Orient — de Kaboul à Téhéran, du Kurdistan à la Palestine, d'Ahvaz à Tabriz, du Baloutchistan à la Syrie et au Liban —, nous nous adressons aux opprimé·es et aux démuni·es d'Iran et de la région, à la diaspora, ainsi qu'aux camarades à travers le monde, partagent nos idéaux et notre espoir.

13 juin : la danse macabre des bombardiers et des missiles

Le nettoyage ethnique et la volonté génocidaire de l'État criminel israélien ne datent ni d'hier, ni de cette année, ni même de ce siècle. Mais la faille géopolitique ouverte dans la région depuis le 7 octobre, ne laissant derrière elle que sang et ruines, engloutit désormais également la République islamique et les peuples d'Iran, à une vitesse vertigineuse et avec une intensité saisissante. L'horizon est si obscur qu'il nous bouleverse profondément, toutes et tous.

Durant ces douze jours sombres, l'armée israélienne a bombardé des milliers de sites à travers l'Iran y compris les zones résidentielles où habitent les généraux des Gardiens de la révolution. Si les frappes ont visé les installations nucléaires, les bases militaires, les centres gouvernementaux et la radiotélévision d'État, elles ont touché aussi les raffineries, les dépôts de pétrole et les infrastructures vitales, et tout ce qui garantit les moyens de subsistance de la population et la reproduction de la vie quotidienne sur ce territoire.

Contrairement à ce qu'affirment les propagandistes qui parlent de « liberté » livrée par les bombes, nous avons été témoins de massacres aveugles de civils, dont un grand nombre d'enfants. Selon l'ONG Hrana [1], 1054 personnes ont été tuées, des milliers blessés. Sans oublier les 28 Israélien·nes tué·es par les missiles iraniens, parmi lesquels quatre femmes d'une même famille.

Dans cette situation critique, la République islamique a non seulement abandonné une population terrifiée sans la moindre assistance — incapable de fournir les services les plus élémentaires, tels qu'une information publique claire et efficace, des abris d'urgence, ou des systèmes d'alerte — mais elle a également instauré une atmosphère ultra-sécuritaire : déploiement massif des forces anti-émeutes dans les rues, multiplication des checkpoints, et intensification de la répression.

La militarisation du pays en temps de guerre, qui témoigne de l'incapacité du régime à garantir une vie sécurisée, ne nous surprend pas. Mais les appels à « pendre chaque traître à chaque arbre » sont la conséquence logique d'un ordre fondé — à son niveau le plus profond — sur la répression, la peine de mort, les arrestations, et la militarisation de l'espace social à l'intérieur (en particulier dans les régions périphériques, comme Kurdistan et Baloutchistan), et sur l'expansionnisme militaire à l'extérieur.

Les conséquences désastreuses de cette guerre ne s'arrêtent pas avec le cessez-le-feu. La République islamique en profite pour se venger contre la société iranienne : elle a déjà lancé une véritable chasse aux « espions », et sa machine à exécuter s'est déjà remise en marche. Depuis le 12 juin, au moins six personnes, dont trois kurdes, ont été exécutées dans des procès expéditifs pour prétendu espionnage au profit du Mossad. D'autres prisonnier·es, notamment des militant·es kurdes, sont aujourd'hui menacé·es d'une exécution imminente. Dans la paranoïa généralisée du régime, toute voix dissidente peut désormais être accusée de « sionisme » ou d'être « agent de l'étranger ». À cette atmosphère de terreur s'ajoutent l'aggravation de la crise économique, la perte massive d'emplois et une inflation galopante.

Représentation coloniale et banalisation de la guerre

La « guerre contre le terrorisme » — ce projet impérialiste initié au tournant du XXIᵉ siècle dans le sang de l'Afghanistan et de l'Irak — a laissé un héritage sanglant aujourd'hui transmis à Israël : une attaque « préventive » pour contenir le danger supposé de l'arme nucléaire iranienne. Une fois encore, le même récit familier est ressassé par les grands médias monopolistiques : Israël ne frappe que des « cibles militaires », avec des « missiles de précision » et des « drones intelligents », dans le but d'apporter liberté et démocratie au peuple iranien.

Mais ce récit ne dit rien de Parnia Abbasi, poétesse de 24 ans tuée à Sattar Khan. Il ne mentionne pas Mohammad-Ali Amini, jeune pratiquant de taekwondo, ni Parsa Mansour, membre de l'équipe nationale iranienne de padel. Il ne laisse entendre aucune voix de Fatemeh Mirheyder, Niloufar Ghalehvand, Mehdi Pouladvand ou Najmeh Shams. Aucun·e d'entre eux·elles n'était une « cible militaire » ni une « menace nucléaire » — seulement des corps déchiquetés en silence par les missiles israéliens, ignorés par les médias internationaux. Voilà la pointe de l'iceberg de cette « liberté » qu'Israël, avec le blanc-seing de l'Occident, construit sur des ruines et des cadavres.

Les forces réactionnaires — dont le projet de « renversement » du régime ne vise qu'un changement cosmétique et autoritaire depuis le sommet, sans transformation démocratique réelle ni bouleversement des rapports sociaux — ont salué avec empressement leur éternel sauveur : Israël. Les monarchistes ont réduit les victimes des bombardements à de simples chiffres, déclarant, avec un cynisme brut et un langage comptable : « La République islamique exécute des milliers de personnes chaque année ; donc, le massacre de quelques dizaines ou centaines de personnes par Israël est le prix à payer pour se débarrasser de ce régime. » C'est cette même logique déshumanisante, quantitative et mathématique, que les États-Unis ont invoquée pour larguer la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki : si la guerre continue, il y aura plus de morts, donc mieux vaut tout raser.

Le massacre de civils lors des récentes attaques israéliennes, la sur-sécurisation extrême de l'espace public en Iran, et la destruction des infrastructures sociales ne sont ni des erreurs accidentelles, ni de simples « dommages collatéraux ». Ils font partie intégrante de la logique même de la guerre — surtout quand cette guerre est menée par un régime comme Israël. L'argument courant selon lequel les civils ou les infrastructures civiles seraient utilisés comme « boucliers humains » — utilisé naguère pour justifier la destruction de Gaza, et aujourd'hui pour les frappes contre la prison de Dizel-Abad ou l'hôpital Farabi à Kermanshah — n'est qu'un artifice destiné à brouiller la logique destructrice de la guerre et à inverser les rôles et les responsabilités.

Il n'existe pas de « bonne frappe » ni de « bombardement juste ». L'histoire sanglante de l'Irak, de l'Afghanistan et de la Libye — cette même Libye que Netanyahu cite explicitement comme modèle souhaité d'un accord avec le régime iranien — en est une preuve accablante.

Non à une répétition de la Libye, non à une répétition de l'été 1988 : souvenons-nous de l'histoire !

Il est aujourd'hui aussi essentiel de rappeler le chemin qui mena de la guerre Iran-Irak — glorifiée par la propagande du régime comme une « bénédiction » — à l'été 1988, marqué par le massacre de milliers de prisonnier·ères politiques, dont de nombreux·ses militant·es de gauche ayant lutté contre le régime du Shah, que de se remémorer les dynamiques impérialistes qui ont conduit à la « libyanisation » de la Libye.

L'histoire des « interventions humanitaires » impérialistes en Irak et en Afghanistan, sous prétexte d'armes de destruction massive ou de « crimes contre l'humanité », doit être relue à la lumière de l'histoire parallèle qui, depuis avant 1979 jusqu'à aujourd'hui, a constamment privilégié la lutte contre l'impérialisme au détriment d'autres combats de libération.

Dans le même temps, les leçons du colonialisme de peuplement israélien — de la catastrophe de la Nakba en 1948 à la trahison de Nasser et du panarabisme envers la cause palestinienne en 1967 — doivent être invoquées depuis les terres du Turkménistan iranien et du Kurdistan.

Cela fait maintenant plus d'une décennie que la peur d'une « syrianisation » a été utilisée comme arme rhétorique pour délégitimer les luttes populaires autonomes. Les idéologues de « l'îlot de stabilité » et leurs complices intermittents ont appelé le peuple aux urnes, tandis qu'ils légitimaient la participation sanglante des forces de Qods à la « syrianisation » de la Syrie, en la présentant comme une stratégie de dissuasion destinée à éviter que l'Iran ne subisse le même sort.

Il y a environ 45 ans, au début de la guerre Iran-Irak, certains groupes dits « progressistes », en considérant ce conflit comme un événement « patriotique », sont tombés dans le piège du nationalisme iranien. Le résultat n'a été autre que le renforcement du pouvoir monopolistique des forces islamistes. Certains d'entre eux sont restés silencieux face à l'instrumentalisation de l'étiquette « anti-impérialiste » pour imposer le voile obligatoire aux femmes ou lancer des opérations militaires contre le Kurdistan ; d'autres, même s'ils ont élevé la voix, n'ont pas réussi à mobiliser l'opinion publique contre l'assimilation de l'ennemi intérieur à l'ennemi extérieur, ni à dénoncer la normalisation d'une hiérarchie de pouvoir centrée sur l'homme/persan/chiite.

Précisément à ce moment où « l'urgence de la situation » tend à faire croire que « maintenant » est un instant d'exception, détaché de toute histoire ou continuité, il n'y a rien de plus vital que de convoquer la mémoire plurielle et complexe de notre histoire. C'est uniquement à travers cette mémoire — et depuis le regard des peuples opprimés — que nous pouvons dire « non » simultanément à l'impérialisme, à la militarisation sécuritaire et à la rationalité campiste. Cette mémoire multiple, qui insiste à la fois sur les solidarités et les différences de Kaboul à Gaza, requiert une ouverture radicale qui n'a qu'un seul nom : l'internationalisme.

Nous ne comptons sur aucun État mais sur les peuples

Au moment où tant l'État israélien que la République islamique cherchent à imposer un récit triomphal de cette guerre, notre tâche est de déconstruire leurs discours glorifiant la résistance et les prétendus succès militaires. Notre terrain d'action ne réside ni dans l'alignement derrière des États ni dans l'illusion d'un salut venu d'en haut, mais dans le soin mutuel, l'entraide, et la construction de réseaux de soutien, de savoirs et de solidarité — des personnes âgées aux enfants, des exclu·es aux personnes en situation de handicap. C'est cette force de vie, de résistance et de création que nous avons vue se déployer avec éclat lors du soulèvement « Jin, Jiyan, Azadî », où la solidarité entre opprimé·es a incarné une force de vie et de création.

La résignation fataliste, la soumission à un feu qui semble tomber du ciel, ou la représentation d'un horizon apocalyptique où tout serait déjà fini, sont autant de formes de reproduction de la logique de mort. Au moment où, par les négociations (directes ou indirectes, explicite ou cachées), la République islamique essaie de reconsolider son pouvoir au prix de quelques concessions tout en resserrant l'étau sur la société iranienne, nous misons sur la puissance des peuples — de Téhéran à Gaza — qu'aucun État ne peut égaler ou anticiper. C'est là la voie d'une émancipation capable de renverser les discours guerriers dominants et de démentir tous les pronostics.

« Femme, Vie, Liberté ».

Berxwedan jiyan e

La résistance, c'est la vie ; Vivre, c'est résister

Liberté pour la Palestine.

Roja

Le 25 juin 2025

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Publié le 04.07.2025 à 10:11

Il n'y a pas de « guerre » à Gaza

Israël est bien engagé dans une guerre d'expansion territoriale et de nettoyage ethnique. Mais pas à Gaza : Gaza est traitée avec méthode comme une déchetterie. Les « armes » y sont des bulldozers, les bombes y servent de dynamite pour en préparer le travail, et les humains y sont traités comme des déchets parmi d'autres.

La toile est encombrée d'arguties sémantiques sur la légitimité de l'emploi du mot « génocide » : une réalité qu'Israël est accusé de perpétrer ou vouloir perpétrer à Gaza, par le bras de son armée que diligentent Netanyahu et son gouvernement, avec l'approbation massive, semble-t-il, de l'opinion intérieure. Jean-Pierre Filiu parle de "guerre inhumanitaire" ou de "guerre d'anéantissement".

Disons-le tout net : les témoignages sont criants. Le mot "génocide" dit bien la réalité de la pointe la plus avancée d'une « solution finale » en cours – l'exécution méthodique d'une entreprise revendiquée de nettoyage ethnique. Cette entreprise présente des paliers : Gaza doit être détruite de fond en comble – qu'il n'en reste ni terre vivante ni âme qui vive ; la Cisjordanie doit être vidée de ses habitants arabes, progressivement chassés de leurs localités, parqués dans des camps, bientôt exilés, et systématiquement remplacés par des colons juifs ; au-delà de l'annexion du Golan (perpétrée en 1981, reconnue en 2019 par Donald Trump : le Golan est un château d'eau pour Israël et offre une vue imprenable à la fois sur le Liban, la Syrie, la Jordanie et la Galilée), les marches du territoire, côté libanais et syrien, sont, en conséquence à peine différée du 7 octobre 2023, « nettoyés » par les bombes de manière à offrir à Israël un glacis de protection, sur une profondeur calculée (au moins jusqu'à la ligne du fleuve Litani au Liban ?) ; au sud, du côté du Sinaï, le désert est sous la bonne garde de l'armée égyptienne, moins par hostilité envers Israël que pour empêcher l'afflux de réfugiés palestiniens.

Quant à la Jordanie, elle offre l'arrière-pays idéal pour le refoulement et le déplacement provisoire des camps de ces réfugiés au-delà du Jourdain. À l'intérieur même d'Israël, les « Arabes israéliens » (20% de la population) se satisfont encore d'être tolérés mais se savent en sursis : depuis qu'en 2018 Israël s'est déclaré « État juif », la discrimination s'aggrave ; cependant que les Druzes, très minoritaires dans toutes les frontières où ils sont historiquement implantés, n'ont guère d'autre choix qu'un loyalisme contraint, assorti de l'obligation du service militaire qui fait d'eux des exécutants des sales besognes du nettoyage ethnique et pourtant ne leur octroie même pas le droit de posséder leurs maisons ni leurs terres. Enfin, sans partager de frontière commune avec Israël, l'Arabie Saoudite lui fait face au point stratégique du fond du golfe d'Aqaba et maintient une ligne ambiguë de neutralité vis-à-vis du conflit palestinien, couplée avec une hostilité partagée (et tout récemment mitigée) à l'égard de l'Iran. Il faudrait parler aussi de l'expansionnisme turc, qui inquiète Israël mais dans l'immédiat le sert dès lors qu'il s'agit de surveiller la Syrie (7 bases militaires turques sont négociées en Syrie avec Netanyahou) ; et rappeler l'ennemi iranien, récemment mis, pour un temps, hors de combat…

Certes, donc, Israël est en guerre sur des fronts multiples, dont les moindres ne sont pas l'opinion internationale et l'ONU. Mais il s'agit moins d'un « droit à se défendre » que d'une guerre d'expansion territoriale. Que penser, alors, de la « guerre de Gaza » ?

Cela n'a rien à voir avec une guerre. Inutile donc de crier aux « crimes de guerre ». Israël y possède un allié objectif : le Hamas ; et sous prétexte de le combattre rase tout le territoire, pêle-mêle avec ses habitants. Même sous blocus aggravé et régulièrement bombardée, Gaza restait jusqu'à l'automne 2023 une oasis dynamique et surpeuplée sur le flanc sud d'Israël. N'étaient la part considérable, depuis la Nakba, de réfugiés au sein de sa population et l'appétit colonialiste d'Israël, puis les contraintes insupportables du blocus, elle n'avait guère de raison de combattre son voisin. L'anéantissement, ou plutôt, au dire même d'Israël, la « stérilisation » qui lui est imposée depuis le 7 octobre semblent ne même plus viser une colonie de peuplement : l'objectif est ailleurs, à coup sûr, pour commencer, dans l'exploitation du gisement gazier au large du Gaza strip (et peut-être aussi dans la mise en valeur de ses plages, selon les fanfaronnades trumpiennes ?). La vengeance et la peur ne servent que de justification et de combustible pour impulser et entretenir un simulacre de guerre. Aux dernières nouvelles, il suffit de désigner parmi les survivants du Hamas quelques têtes de turc non encore abattues pour autoriser les bombes à pleuvoir sans discontinuer.

Gaza n'est pas un territoire de guerre. C'était un « camp de concentration à ciel ouvert », selon la formule qui avait fait mouche bien avant le 7 octobre ; mais devenu, depuis, un camp d'extermination.

L'occupant y a tous les droits, il est d'ores et déjà partout chez lui. Il ne se sert de bombes – utiles aussi pour entretenir le préjugé d'une guerre – que comme de charges de dynamite, autorisant la mise en service de la seule machine appropriée à son but, à savoir le bulldozer. Ces machines gigantesques remuant des montagnes de détritus, chacun aura pu en voir à l'œuvre, par exemple, dans les vastes complexes de traitement des déchets en Région parisienne. Israël traite Gaza et ses habitants comme une décharge et n'a nulle intention d'épargner quiconque ni quoi que ce soit. On croit pouvoir compter les morts, on martèle le chiffre de 55.000… Quelle naïveté ! Gaza est une usine à morts et un dépotoir à cadavres, importés même de l'extérieur (que sont devenus les 4000 Gazouis disparus, qui travaillaient en Israël jusqu'au 7 octobre ?) ou exhumés par les pelleteuses (cimetières défoncés…). Le fameux « ministère de la santé du Hamas » ne compte que les victimes reçues par les hôpitaux, ou ce qu'il en reste. Il compte donc aussi les « blessés » enregistrés, qui ne sont que des morts en sursis, faute de matériel et de personnel de soin.

Pour accélérer l'ouvrage, en bon gestionnaire de la solution finale, Israël arme aussi directement parmi les Gazaouis des bandes de hors-la-loi qui pillent les camions d'aide et tirent sur les crève-la-faim. Mais il faut encore laisser le champ net à ces charognards : aussi les escortes « humanitaires » chargées de sécuriser l'acheminement de nourriture sont-elles systématiquement visées par les drones de l'occupant. Et comme on ne saurait laisser prospérer des « terroristes », tout ce qui peut aider ou soutenir les assiégés est ciblé avec autant de précision que d'obstination : hôpitaux, écoles, personnel soignant ou humanitaire, journalistes, photographes, intellectuels, la capacité maintenue de communiquer avec l'étranger, la débrouillardise des 8-12 ans, ou simplement l'exemple de solidarité interne donné par les grandes familles…, tout est fauché, broyé, éliminé. Le nom de Fatima Hassouna est-il célébré à Cannes ? La même nuit, un missile s'abat sur sa maison. Pour repérer ces proies à haut rendement en matière de démoralisation et de désagrégation sociale, l'IA est plus sagace encore que le sadisme le plus affûté. Quant à compter les vivants, bien malin qui y réussirait, dans ce qui reste d'agglutination de tentes et d'ordures accumulées par une précaire survie : les drones seuls auraient assez de surplomb pour une telle évaluation, mais on n'y recourt que pour traquer et tuer encore.

Hier, des images montraient des ombres humaines courant entre des sacs de céréales éventrés à même le sol d'un no mans land d'allure sableuse, nivelé par les bulldozers. Netanyahou peut se féliciter : jamais Israël n'a fait un aussi bon « travail » de terrassement, ni malaxé de manière à ce point indiscernable le béton, les corps, le sang, la farine.

https://blogs.mediapart.fr/renee-piettre/blog/050625/il-ny-pas-de-guerre-gaza

Publié le 03.07.2025 à 11:00

Résister aux tambours de la guerre - Au moins, nous sommes nombreux

À l'heure où j'écris, j'ai rencontré peu de points de vue iraniens dans les grands médias, et encore moins qui nomment les attaques pour ce qu'elles sont : des attaques violentes de la part d'un État nucléaire déja activement génocidaire. Et le fossé entre la douleur mortelle de ma famille terrifiée et ma propre fureur, à distance de sécurité, renforce mon besoin de faire, de dire quelque chose. En ces jours d'accablement, notre tâche consiste à résister à la fabrication du consentement et aux appels à l'acquiescement.

Par Kaveh Akbar, auteur irano-américain.

Les attaques d'Israël contre l'Iran sont des attaques d'un État nucléaire activement génocidaire contre un peuple déjà opprimé. Nous devons nous opposer à l'implication des États-Unis et aux appels à l'acquiescement.

Le 15 juin, j'ai défilé avec 150 000 autres personnes à La Haye contre la guerre d'Israël à Gaza. (https://www.aljazeera.com/news/2025/6/15/thousands-attend-red-line-protest-in-the-hague-against-israels-gaza-war) Des bambins aux fenêtres ouvertes agitaient des drapeaux palestiniens. Nous leur avons rendu la pareille. Au cours des quatre heures que j'ai passées là-bas, j'ai vu peut-être une douzaine de policiers – et aucun fusil d'assaut. À un moment donné, j'ai commencé à pleurer, et un vieil homme qui tenait une pancarte sur laquelle était écrit « Imagine…. » s'est mis à pleurer. Aujourd'hui, c'est la fête des pères !” -avec des photos collées de pères et d'enfants palestiniens – a hoché la tête et m'a souri doucement, affirmant ce qui se passait d'une manière que je peux ressentir au bout de mes doigts au moment où j'écris.

Il y a quelques jours, j'ai appris qu'Israël attaquait l'Iran. Je dînais avec mes icônes de création – le genre de Titans littéraires actuels autour desquels j'ai toujours l'impression de me tromper de fourchette – dans une propriété toscane balayée par le soleil. Pendant que tout le monde mangeait les élégantes sculptures culinaires, je consultais compulsivement mon téléphone à la recherche de nouvelles, de textos de preuves de vie de mes bien-aimés en Iran. J'ai une tante atteinte d'un cancer de stade 4 en chimiothérapie à Téhéran, une cousine qui n'a jamais vécu séparée d'elle. J'ai consulté les canaux Telegram et WhatsApp remplis d'images prises par des téléphones portables : de la fumée s'échappant de complexes d'appartements, des photos d'hommes ensanglantés, d'enfants couverts de cendres.

Lorsque j'ai pris la parole à table, j'ai parlé sauvagement, de manière maniaque, en tripotant des canapés et en mangeant de manière hystérique une assiette entière de cerises. J'avais l'impression d'être un méchant de Poe, se cachant dans un somptueux manoir pendant que mon peuple brûlait. Je n'arrêtais pas de le dire. Pendant le long déjeuner, j'ai fumé deux cigarettes ; je n'avais pas fumé une seule cigarette depuis 11 ans.

Tout cela pour dire que je sais à peine où je suis. Je voudrais être chez moi, dans l'Iowa, avec mon épouse et mes animaux, je voudrais être une flaque d'eau dans laquelle ils pourraient tous s'éclabousser avec plaisir. J'écris parce qu'au cours de ces heures critiques et brûlantes de l'élaboration des politiques et de la formation de l'opinion, j'ai rencontré très peu de points de vue iraniens dans les grands médias, et encore moins qui nomment les attaques clairement : des attaques violentes de la part d'un État nucléaire activement génocidaire contre un peuple déjà opprimé.

Soyons clairs : le régime de Khamenei en Iran est une nécrothéocratie (au dieu du patriarcat, auquel ils ont sacrifié la vie de milliers d'Iraniens, y compris des membres de ma famille) qui se fait passer pour une République islamique ; le régime Trump en Amérique est une nécrothéocratie (au dieu de l'argent, auquel ils sacrifieraient volontiers ma vie et la vôtre) qui se fait passer pour une République laïque ; le régime Netanyahou en Israël est une nécrothéocratie (au dieu du pouvoir, auquel ils ont sacrifié au moins 55 104 vies palestiniennes au cours des 20 derniers mois) qui se fait passer pour une République juive. Je n'ai que du mépris pour eux tous.

Pourtant, j'écrirai ceci et les gens me traiteront d'apologiste du régime iranien parce que je ne crois pas au massacre joyeux par un génocidaire de cibles civiles qui ressemblent à mes oncles, mes cousins et mes nièces. Je suis assez âgé pour me souvenir du consentement artificiel du président George W. Bush pour les guerres en Irak et en Afghanistan, qui promettait que les forces américaines seraient accueillies comme des libérateurs. Cette rhétorique a abouti à un Afghanistan où, en 2025, 44,6 % des enfants de moins de 5 ans souffriront d'un retard de croissance dû à la faim chronique(https://www.afintl.com/en/202410134455). Dans une infrastructure irakienne toujours effondrée, avec peu d'hôpitaux pour soigner les blessés chroniques et les personnes souffrant de malnutrition, alors que deux générations de médecins irakiens ont été assassinés ou contraints de partir (https://www.natureasia.com/en/nmiddleeast/article/10.1038/nmiddleeast.2014.219?utm_source=chatgpt.com). Qu'est-ce qu'un empire colonial a jamais détruit et reconstruit en mieux ? Qui une bombe israélienne a-t-elle jamais rendu plus libre ?

Dans un post Instagram, la romancière Sahar Delijani a écrit : « Je suis née dans une prison iranienne… Rien de ce que vous pouvez me dire sur les crimes du régime iranien que je n'ai pas vécu dans le sang et les os. Cela ne signifie pas que je veuille que mon peuple soit bombardé, mutilé, tué, que ses maisons soient en ruines. Si votre vision de la libération ne passe que par la destruction de vies innocentes, alors ce n'est pas la liberté que vous recherchez ».

Pour le dire sans doute trop crûment, je ressens un sentiment atroce de « OK, maintenant qu'ils attaquent l'Iran, c'est à mon tour d'exprimer mon agonie, d'auditionner pour votre empathie ». Le carrousel de ceux qu'Israël bombarde à tout moment (la semaine dernière : Gaza, la Syrie, le Liban, l'Iran) est vertigineux. Je n'en veux à personne de ne pas pouvoir suivre.

Aujourd'hui, Israël bombarde l'Iran. Et le fossé entre la douleur mortelle des membres de ma famille terrifiés et ma propre fureur, à distance de sécurité, renforce mon besoin primitif de faire quelque chose, de dire quelque chose, de tirer parti de ce que j'ai. J'ai donc manifesté, et maintenant j'écris.

La rhétorique de Netanyahou et de ceux qui le soutiennent voudrait vous faire croire qu'ils bombardent l'Iran à cause des programmes d'enrichissement nucléaire iraniens (cela fait plus de 30 ans qu'il ment de manière vérifiable à ce sujet), que ses bombardements sont solidaires avec le peuple iranien opprimé par le régime de Khamenei (si vous croyez que Netanyahou se soucie du peuple iranien, je vous demande de relire cet essai avec sobriété). Si Netanyahou bombarde l'Iran, c'est parce que la Cour pénale internationale de La Haye a émis un mandat d'arrêt à son encontre et parce que des millions de personnes défilent régulièrement contre son génocide en cours à Gaza. L'Iran est un croque-mitaine commode, une tentative désespérée de freiner les marées envahissantes de l'opinion publique. Il avance des vidéos sans rapport, vieilles de plusieurs années, d'« Iraniens acclamant les frappes israéliennes », que même la société X de Musk a signalées comme fausses. Il a été jugé dans son propre pays pour fraude électorale et corruption. Netanyahou sait déjà comment il sera jugé par les morts. Il essaie de gagner la confiance de ceux qui ne sont pas encore morts. Ne tombez pas dans le panneau.

Récemment, j'ai eu l'occasion de voir le « Sacrifice d'Isaac » du Caravage pendant la semaine de l'Aïd al Adha, au cours de laquelle les musulmans du monde entier célèbrent la foi d'Abraham. Devant cette toile vieille de 400 ans, j'ai eu l'impression de comprendre pour la première fois l'histoire du quasi-sacrifice de son enfant par Abraham, apparemment répréhensible, comme une parabole sur la foi qui va au-delà de la simple moralité, la foi qui exige plus qu'une adhésion à la carte à un ensemble de principes éthiques qui s'alignent parfaitement sur les vôtres. Abraham n'a pas pu comprendre pourquoi Dieu lui demandait de sacrifier son fils, pas plus que le pauvre Isaac lui-même, dont le Caravage rend le visage de consternation incompréhensible dans un sublime clair-obscur. Et pourtant, bien qu'aucun des deux ne comprenne pourquoi, Abraham retourne le couteau contre son propre fils. Il n'a pas besoin qu'Isaac lui pardonne. Il ne sait pas encore que Dieu sauvera Isaac et le remplacera par un bélier. Abraham croit au-delà de ce qu'il peut voir ou imaginer. Il s'est totalement abandonné à la foi.

Maintenir une telle foi signifie croire au-delà de sa propre horreur, croire au-delà même des limites de sa propre imagination. Telle est la disposition d'esprit de l'abolitionniste intrépide qui imagine une société non carcérale qui n'a jamais existé dans l'histoire de notre espèce. Telle est la disposition de ceux d'entre nous qui luttent pour une Palestine libre que personne n'a vue de son vivant, pour un Iran égalitaire que ni nous ni nos grands-parents n'avons vu, pour des États-Unis entièrement désinvestis des capitalismes extractifs martiaux et écologiques, qui n'ont jamais existé depuis que la nation a été conçue dans le sang du génocide indigène et de l'esclavage des biens de consommation.

Lors de la soirée chic et authentiquement belle organisée le jour de l'attaque israélienne contre l'Iran, j'étais visiblement hors de moi, maniaque, fruste. À un moment donné, quelqu'un m'a présenté comme un « poète iranien », et la femme plus âgée qui se tenait à côté de moi, une inconnue, m'a pris la main et a murmuré : « Je viens du Soudan. Comme le disait mon père, “au moins, nous sommes nombreux” ».

Je n'ai jamais bénéficié d'un buisson ardent ou de la trompette d'un ange. Et je ne crois pas vraiment à l'espoir, ou du moins je n'ai pas confiance en l'espoir. L'espoir crée des burn out et des cyniques, et je n'en ai pas besoin pour chercher sincèrement la bonne chose à faire à tout moment. Mais j'ai foi en une sorte de puissance supérieure qui parle à travers la grâce des êtres humains (l'existence du Caravage, de l'art en général, semble être une preuve définitive). « AU MOINS, NOUS SOMMES NOMBREUX. » C'était un cadeau de la part d'une étrangère et de son père. Cristallin, irréductible.

En ces jours pénibles d'accablement calculé, notre tâche consiste à résister à la fabrication du consentement et aux appels à l'acquiescement. De réfléchir de manière critique au langage, de demander des comptes à la couverture médiatique. Protester. Demander à nos familles, à nos collègues, à nos voisins républicains de s'opposer à la poursuite de l'engagement américain. Le passé est ce que nous ne pouvons pas changer. Ce n'est pas le cas. Il est encore temps de nous éloigner d'un avenir qui insiste sur l'anéantissement de l'humanité pour s'accommoder de l'anéantissement des humains.

À propos de la matière noire qui maintient l'univers, la poétesse et astrophysicienne Rebecca Elson écrit : « C'est comme s'il n'y avait que des lucioles / et qu'à partir d'elles, on pouvait déduire la prairie. » J'ai vu tant de lucioles aujourd'hui ; j'ai marché, chanté et pleuré avec 150 000 d'entre elles. Dans ma tête : au moins, nous sommes nombreux, au moins, nous sommes nombreux, au moins, nous sommes nombreux. Nous créons une lumière qui prouve l'existence d'une prairie que vous ne pouvez pas encore voir. C'est un endroit vert et lumineux où les enfants du monde entier peuvent vieillir. Vous pouvez nous y rejoindre si vous le souhaitez.

Publié précédemment dans

https://blogs.mediapart.fr/kaveh-akbar/blog/190625/resister-aux-tambours-de-la-guerre-au-moins-nous-sommes-nombreux

Publié le 03.07.2025 à 09:00

Dîner au cœur de la mécanique négationniste

“Cet amour d'Israël consiste aujourd'hui à l'appeler à un sursaut de conscience.” Face à l'enfer dans lequel sont plongés les Gazaouis, Delphine Horvilleur, rabbine française progressiste, appelle dans sa tribune à rompre le silence. Ce n'est pas un événement isolé : Joann Sfar a partagé dans la foulée un post d'Anne Sinclair dans lequel elle insiste sur le bien-fondé de la guerre mais regrette la tournure catastrophique qu'elle prend, et demande elle aussi aux Juifs de ne plus se taire.

Outre la prévisible levée de boucliers de génocidaires posant en philosophes, ces textes tendent à provoquer deux types de réactions : le soulagement de les voir enfin se réveiller, et l'amertume de ne les voir se réveiller que maintenant, 7 mai 2025.

Il en existe une troisième : l'irritation. Dans l'urgence de la situation, entendre d'autres voix pour un cessez-le-feu peut nous réjouir. Mais voir ces personnalités médiatiques se rallier soudain à un cri humanitaire après avoir défendu les agissements d'Israël à longueur de plateau pour “faire bloc face à ceux qui nous insultent et crient la haine du Juif” a de quoi faire grincer des dents. Les ayants vus constamment attaquer le mouvement de solidarité avec la Palestine, le fait que l'amour d'Israël soit moteur de ce sursaut de conscience nous interroge quant à la facture de cette conscience.

Par-delà cette irritation, le constat froid d'une continuité entre ce sursaut et la négation du génocide.

Être un Juif antisioniste dans la France de 2025 offre une place de choix dans l'observation de cette continuité. Les circonvolutions pour justifier un génocide en le niant, on connaît bien. Arrivé chez Tonton et Tata, on entend les mêmes discours que ceux qu'on faisait défiler sous nos pouces pendant le trajet. Imaginez : Tonton Joann monopolise péniblement la parole à l'apéro pour dire qu'Israël n'a pas eu d'autre choix que de mener cette guerre, Tata Delphine loue l'éthique de l'armée israélienne après le bombardement d'un hôpital, et le cousin Simon, mousse de bière sur la moustache, affirme qu'Israël fait le sale boulot que personne n'ose faire, un boulot civilisationnel. Certains ont le tonton raciste à Noël, d'autres le cousin génocidaire à Shabbat. Avec une particularité : cousin Simon est pris très au sérieux. Si la tension peut parfois monter pendant le repas, tous font partie d'une union sacrée autour de l'amour d'Israël. Ce socle, qu'on prendra le temps de disséquer, leur permet de rester à table malgré les hausses de ton. À l'inverse, l'antisioniste n'y est pas le bienvenu. Dans les cas où il est encore invité à dîner, parfois sur un malentendu, il se retrouve bien souvent contraint de faire profil bas et d'assister, semaine après semaine, à la mécanique négationniste. Aux premières loges, en voici une généalogie.

Le 7 octobre, Tonton et Tata sont catégoriques : il faut récupérer les otages israéliens et neutraliser le Hamas. Question de sécurité, question d'humanité. D'ailleurs ils se le promettent solennellement : si l'un d'eux a la sensation que l'autre perd son humanité, il faudra se le dire.

À peine une journée passe que Yoav Gallant, ministre de la défense, annonce : “Nous imposons un siège complet à Gaza. Pas de nourriture. Pas d'eau. Tout est fermé. Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence.” et réitère quelques jours plus tard, “Gaza ne reviendra pas à ce qu'elle était. Il n'y aura plus de Hamas. Nous éliminerons tout.” puis le président Isaac Herzog ajoute que “C'est toute une nation qui est responsable. Je ne crois pas à la rhétorique des civils innocents. Nous nous battrons jusqu'à leur briser la colonne vertébrale.” À Smotrich, ministre des finances, de prôner en avril 2024 un “anéantissement total”.

Tonton minimise : ce sont des idiots, des fous, ils ne représentent ni les Israéliens, ni les soldats sur le terrain qui font du mieux qu'ils peuvent et d'ailleurs Tu sais, beaucoup d'entre eux manifestent contre Netanyahu. Tata acquiesce, elle ne cautionne pas ce genre de propos de la même façon qu'elle ne cautionne pas ce gouvernement d'extrême-droite. Pendant des semaines je ne saurai jamais ce que Tonton et Tata ne cautionnent pas, puisqu'ils passeront leur temps à défendre les frappes chirurgicales, appuyer la moralité d'une armée qui largue des tracts préventifs avant ses bombes sur une école, et détailler les précautions prises par Tsahal pour éviter un maximum de morts civils en ciblant les zones humanitaires.

Le problème c'est Netanyahu, répètent-ils. Pour rester en place il est prêt à tout. Notamment la guerre. Petit shot de boukha avant le repas, je joue le naïf : du coup cette guerre on cautionne ou on cautionne pas ? Tonton, perplexe, pensait pourtant avoir été clair : il en cautionne la légitimité mais pas les raisons pour lesquelles Bibi la mène. J'imagine les Gazaouis utilisés comme boucliers humains par l'armée israélienne se réjouir de savoir que nous n'approuvons pas les ambitions personnelles de Netanyahu, et Tonton et Tata se lavent les mains. C'est le moment de se mettre à table.

Le cousin Simon s'excuse de son retard, le montage de sa dernière vidéo lui prend plus de temps que prévu. Véritable Herbert Pagani de notre ère, il n'en peut plus de ces gauchiasses qui prétendent donner des leçons d'humanité aux Juifs qui se défendent, C'est quand même fou d'être les seuls à qui on nie ce droit. Malgré le ton un poil excessif de leur fils, Tonton et Tata partagent ce constat : il y a une obsession israélienne. Une obsession juive. C'est d'ailleurs strictement au nom de cette décrétée obsession qu'ils disqualifient dans son entièreté le mouvement de solidarité avec la Palestine.

Pendant ce repas qui dure des mois, Tonton met toute son énergie à dénoncer les dérives du camp pro-palestinien : les mains ensanglantées, les keffieh, le slogan From the river to the see Palestine will be free et l'appel à l'intifada face au génocide. Oui, les mots d'ordre de libération de la Palestine et les symboles de la criminalité d'Israël constituent pour lui des dérives antisémites qui gangrènent la cause. Pour Tonton, on peut défendre les Palestiniens, mais pas comme ça. Et ça le peine, lui le grand humaniste qui a toujours eu le cœur à gauche. Mais trop, c'est trop. Pour que Tonton puisse considérer avec sérieux les soutiens du peuple palestinien, ceux-ci doivent être irréprochables. Selon ses termes, bien sûr. Cette exigence n'incombe pas aux soutiens d'Israël puisque les soldats qui posent sur Tinder en exhibant la lingerie des femmes palestiniennes tuées ou déplacées ne sont que des petits écarts de conduite individuels. Des fanatiques isolés. Contrairement aux mains rouges, qu'étrangement Tonton ne voit pas lorsqu'elles apparaissent à Tel Aviv, mais qui lui sautent aux yeux à Sciences-Po : ces soi-disant militants pour la paix ne savent-ils pas que ce symbole ravive de douloureux souvenirs chez les Juifs, collectivement traumatisés par la mort de deux soldats en territoire occupé le 12 octobre 2000 ?

Cousin Simon trouve son père bien trop indulgent avec ces raclures : ce cirque n'est qu'un prétexte à déverser leur haine du Juif et il ne faut pas être dupe : se rejouent ici les heures les plus sombres de notre histoire et autres formules toutes faites. Qu'importe si aujourd'hui ce sont les musulmans qui sont victimes du racisme d'État et visés par une islamophobie décomplexée dans les médias, pour lui les Juifs sont de retour dans les années 30. La police à nos côtés.

Il faut cesser de s'opposer, interrompt sagement Tata. Les gens manquent d'empathie, il faudrait qu'on s'écoute, qu'on entende la douleur de l'Autre avec un grand A et, à partir de là, réparer pour vivre en paix. En repensant aux Palestiniens qui sont constamment invisibilisés et déshumanisés depuis 75 ans à cette table, je me surprends à soupirer en même temps que cousin Simon.

Pause. Regardons ça de plus près : la concomitance de nos soupirs indique que la remarque naïve de Tata nous agace. Nous savons tous les deux qu'une vidéo d'enfants calcinés à Gaza ne lui fera pas porter de keffieh, et que l'émotion devant le chagrin des familles des otages ne me fera pas adhérer au narratif sioniste. La question est politique, et cet agacement commun recouvre deux façons antagonistes de la saisir.

Le cousin Simon est un identitaire. Israël joue sa survie en tant que nation juive et cela justifie à ses yeux d'écraser tout ce qui menace l'hégémonie juive sur le territoire. Il ne parle pas de Cisjordanie mais de Judée-Samarie et considère le sionisme comme un mouvement décolonial, puisque les Juifs retrouvent leur terre ancestrale : appartenant à un peuple resté identique à lui-même, chaque Juif peut revendiquer sa suprématie sur cette terre, peu importe la réalité de ceux qui l'habitent. Cousin Simon est un suprémaciste dont le logiciel cohérent relaie l'empathie au second plan. Elle le gêne, comme un caillou de réel dans sa botte identitaire.

Quant à moi, je soupire car il est apparent que l'empathie de Tata envers les Palestiniens et les Israéliens, autodéclarée égale, n'affaiblit aucunement son récit sioniste qui la rend aveugle aux intérêts coloniaux et suprémacistes qui motivent ces massacres. Elle est la démonstration de sa propre insuffisance.

On sonne à la porte, Caroline et Raphaël débarquent. Ils passent en coup de vent pour faire la bise, épuisés par la préparation de leur formation sur la laïcité en entreprise. Ce couple d'amis très agaçant arrive toujours sans prévenir, nous oblige à nous serrer en nous balançant ses leçons de morale, spécialité de la maison : il ne faut pas mettre de signe égal entre les enfants palestiniens et les victimes israéliennes puisque les intentions ne sont pas les mêmes, les enfants palestiniens meurent en sachant qu'on les bombarde pour leur bien et il n'y a rien de plus barbare que vouloir expliquer la barbarie. Envoyant des postillons dans mon verre que je ramène à moi, ils continuent leur délire : les Palestiniens sont otages du Hamas, ce n'est pas leur rendre service que de les laisser à leur merci, et aucun d'entre eux n'a sauvé un seul otage, ils sont tous complices de fait, oui à la fois victimes et coupables et vous avez vu ? Les pauvres Bibas. Caroline partage sans pudeur les détails sordides relayés par l'armée israélienne du calvaire enduré par ces deux enfants, Raphaël arbore gravement sa kippa orange, et les quinze mille enfants Palestiniens assassinés ne seront jamais mentionnés – sauf accolés à un mais.

Personne à table n'en connaît un seul nom. Pas même moi, militant solidaire de la cause palestinienne. Une des raisons tient à la façon dont ils sont désignés dans l'espace public. Les enfants israéliens sont : Ariel et Kfir, fans de Batman, rouquins adorables dont les photos attendrissantes et omniprésentes suscitent de vives émotions. Les enfants palestiniens sont : victimes collatérales, boucliers humains, chiffres à prendre avec des pincettes, Pallywood. Ces termes m'affectent en continu et je passe plus de temps à les déconstruire qu'à être avec ceux qu'ils écrasent. À table, les seuls visages Palestiniens qu'on connaît sont ceux qu'on appelle terroristes. Humaniser quelques-uns pour mieux déshumaniser l'ensemble. Tata parlait du manque d'empathie, je la regarde, elle ne dit rien.

Raphaël scroll compulsivement son fil sur X et vous avez vu ? Maintenant ça parle de génocide. Simon ricane, même ce mot ils veulent nous le piquer. Je me dis d'abord que, dans leurs têtes, un génocide est impossible par principe : en avoir été les victimes en tant que Juifs exclut d'en être un jour les auteurs. En prenant la peine de vraiment les écouter, la mécanique apparaît plus fine : si on parle de génocide, c'est forcément pour faire porter aux Juifs la responsabilité de ce qu'ils ont subi. Malgré les définitions juridiques, les travaux des ONG, les documentations des historiens – y compris israéliens -, la tablée est unanime : l'accusation de génocide ne peut être motivée que par l'antisémitisme. Donc disqualifiée. Ce procès d'intention intenté aux lanceurs d'alerte, couplé à une façon d'auto-centrer le terme de génocide autour de la Shoah, les rend insensibles aux faits. Il leur interdit de considérer la notion de génocide dans sa complexité, son histoire et ses incarnations successives. Dans leurs oreilles, “génocidaire” devient une insulte antisémite. Et puis, affirme Simon qui pense qu'il n'y a génocide que lorsque toute une population est littéralement réduite à néant, il reste plein de Palestiniens à Gaza, plus de deux millions. Et vous avez vu cette vidéo où un soldat israélien offre une bouteille d'eau à un petit en lui caressant la tête ? Ah ça, les médias ne le montrent jamais. C'est ça, un génocide ? La vérité, dit Raphaël, c'est que si Israël voulait commettre un génocide, il le pourrait. Il n'enverrait pas des bouts de papier pour forcer les populations à se déplacer, et ne les frapperait pas là où on leur a demandé de s'abriter.

On débarrasse la table, Caroline et Raphaël repartent en Uber alors que les preuves de génocide s'accumulent et pourtant Israël n'est toujours pas en faute. Toujours la faute au Hamas, alors quelle aubaine quand une partie des Palestiniens manifestent contre. On se lave les mains une deuxième fois et grâce aux luttes internes à la population palestinienne, la chape de plomb coloniale est éludée. Et l'humanité préservée.

Par une suite de mystérieuses circonstances, les images de la famine à Gaza et des enfants morts parviennent finalement à émouvoir Tonton et Tata. Il faut dire que ça commence à se voir, même pour des gens dans le déni. Tata prend d'un coup très au sérieux les déclarations de Smotrich, et la création de camps de concentration à Gaza inquiète très sérieusement Tonton. Non seulement ce n'est pas comme ça qu'on sauvera les Palestiniens du Hamas, mais en plus ça commence à contrevenir à nos principes éthiques. Et pour notre réputation, ça le fait moyen. Le personnage de Kassovitz dans Munich le disait : notre âme juive est en jeu. Refermant le lave-vaisselle, je surprends Tonton glisser à Tata : on ne peut plus se taire, ce qui se passe à Gaza devient indéfendable. Au nom de l'amour d'Israël, il devient urgent de se lever. On s'assoit pour le dessert. Il est entendu que par amour d'Israël dans ce contexte, ils ne pensent pas au café Lala Land sur la plage de Gordon à Tel Aviv. Ils pensent culture, ils pensent histoire. Ils pensent humanité. En faisant une rapide checklist, on pourrait résumer l'amour politique de Tonton et Tata pour Israël à :

Les kibboutzim comme avant-postes coloniaux expérience socialiste raciste L'autodétermination des Juifs par la mise en oeuvre d'un nettoyage ethnique Les processus de paix sur un territoire iniquement partagé Tel Aviv qui accueille une stratégie de pinkwashing pour détourner le regard la gaypride Les Palestiniens Arabes israéliens qui vivent dans un régime d'apartheidavec les Juifs à Tel Aviv. La gauche coloniale qui fait vivre la démocratie coloniale

Rayer les mentions inutiles :

Les kibboutzim comme xxxxxxxxxxx expérience socialiste raciste L'autodétermination des Juifs xxxxxxxx Les processus de paix xxxxxxxxxxxx Tel Aviv qui accueille xxxxxxxxxx la gaypride Les xxxxxxxxxxxx Arabes israéliens qui vivent xxxxxxxxxxxxx avec les Juifs à Tel Aviv. La gauche xxxxxxxxxxx qui fait vivre la démocratie xxxxxxxxx. On le voit : cet amour découle d'une falsification de ce qu'est l'histoire israélienne. Si jamais Tonton et Tata en venaient à utiliser prudemment le terme de nettoyage ethnique au bout de 19 mois de génocide à Gaza, ça ne sera que pour mieux valoriser cet amour d'Israël et invisibiliser de fait sa nature coloniale vouée à perpétuer les mêmes horreurs.

Si Tonton et Tata se sont toujours prononcés verbalement contre la colonisation de la Cisjordanie, ils l'ont toujours bizarrement découplé du reste de l'histoire du pays, de la même façon qu'ils découplaient les paroles génocidaires de ce qui se passait sur le terrain. Quand Tata déplore les destructions de villages palestiniens en 48 tout en insistant sur la légitimité à avoir un État-nation juif en Palestine, elle fait la même opération que celle qui consiste à dénoncer les conséquences de la guerre contre le Hamas à Gaza tout en adhérant à la cause, la situation coloniale, qu'elle invisibilise en ne la nommant pas. Ce que Tonton et Tata ne doivent pas comprendre pour garder leur récit intact, c'est que la colonisation de Cisjordanie est le reflet de la colonisation de 1947, et qu'en regardant Gaza c'est aussi 48 qu'on regarde. Ce qui a rendu nécessaire la résistance palestinienne, ce qui a conduit au 7 octobre.

Cette cécité limite Tonton et Tata aux élans moraux. Ils ne rejoignent aucun mouvement demandant des sanctions, ne s'intéressent pas à la résistance palestinienne qu'ils réprouvent, applaudissent la dissolution du collectif Urgence Palestine, considèrent toujours BDS antisémite et ne se prononcent pas sur le droit au retour des Palestiniens. Sans nier la peine sincère qu'ils peuvent soudainement ressentir à l'égard du sort de la population gazaouie, ce qu'ils appellent un sursaut de conscience ne remet pas en cause leur narratif : ce n'est qu'un petit arrangement avec eux-mêmes. Devant les conséquences matérielles de leurs beaux idéaux, Tonton et Tata se figent, désorientés, et tentent une issue pour mieux replonger dans le déni.

Le cousin perçoit cette inconséquence qui n'est pour lui qu'une lâche façon de ne pas aller au bout des nécessités de l'État d'Israël : être fort. C'est eux ou nous. La nature coloniale d'Israël ne faisant pas partie de son édifice conceptuel, la résistance palestinienne historique n'est à ses yeux qu'un visage de l'extermination des Juifs. Il l'a dit dans une vidéo publiée sur son TikTok personnel : ce devoir sacré de protéger les nôtres nous oblige à ne pas nous laisser distraire par la souffrance des Palestiniens due au Hamas, bien qu'infligée par Israël, sauveur punitif.

En sermonnant Tonton et Tata, Simon fait apparaître un clivage. Une fissure liée au caractère intenable de la position sioniste de gauche de Tonton et Tata qui les cantonne à des cris d'orfraies. Ou à épouser le devenir fasciste. Car si Tonton et Tata remarquent la fissure, je vois le bloc qui tient encore. Leurs démêlés avec leur fils ne sont que des différends de scrupules au sein du même bloc sioniste constitué sur la négation de l'histoire palestinienne, la négation de la Nakba et le blanchiment des crimes coloniaux fondateurs d'Israël. Cette même négation qui produit aujourd'hui le négationnisme du génocide de Gaza. La généalogie du négationnisme sioniste ne commence pas le 7 octobre. Elle remonte plus loin, dans la dissimulation de tous ces faits qui produit un récit dont la mise à nu ferait s'effondrer l'édifice moral et humain sur lequel on s'est construit.

Le cousin finira par le dire dans une autre vidéo face caméra montée rapidement après Shabbat : ce débat est à l'image de notre communauté, diverse et plurielle, ne perdons pas de vue ce qui nous rassemble. Tata fera de même en concluant sur le groupe WhatsApp familial que c'est la force de notre peuple de tenir ces repas animés et ces débats sans unanimité.

Aucun des deux n'aura ces doux mots pour les Juifs antisionistes que nous sommes. Cette unité juive est une fable. Un bobard. L'unité est sioniste et exclut certains Juifs. Quand Yonathan Arfi, président du Crif dont je vois surgir le nouvel édito sur mon smartphone une fois dehors, rabâche sans honte que “de tous temps, les Juifs ont pu débattre, diverger, s'opposer précisément parce que la liberté de pensée, la liberté d'expression et le pluralisme sont au cœur des valeurs juives” et que “cette unité se poursuivra”, il fait mine d'oublier que beaucoup d'entre nous doivent se taire par peur d'être exclus de cette tablée familiale où l'on dit célébrer la diversité. Si certains sont tolérés ou peuvent monter au front, d'autres sont silencieusement mis de côté ou harcelés, insultés et reniés par leurs propres familles. Les tabous nous rongent et les engueulades nous épuisent. On s'attriste, pris entre l'ignominie de vos propos et la difficulté – ou l'incapacité – à rompre.

Mais si un certain nombre d'entre nous a tenu bon jusqu'à présent, c'est aussi parce que nous n'avions aucune autre table où aller. Aujourd'hui, même si nous restons minoritaires parmi les Juifs, nous faisons communauté. Aussi déplaisant que cela puisse être pour vous, nous écrivons ensemble une page de l'histoire juive dans laquelle se nouent de nouveaux liens affectifs. Peu à peu, nous augmentons notre capacité à nous émanciper de votre tablée. Grâce à cette nouvelle force collective, la rupture qui accompagne cette émancipation nous paraît, bien que toujours douloureuse, davantage supportable.

Par-delà ces antagonismes demeure en moi une candeur tenace. Candeur ou arrogance, à vous de voir. Celle qui me pousse encore et toujours à écrire pour tenter de vous atteindre. Celle de penser qu'il n'est jamais trop tard pour que vous ouvriez les yeux sur l'apartheid que vous niez. L'espoir insolent qu'un jour, vous prendra aux tripes votre soutien inconditionnel au génocide. Que la vacuité de vos postures morales à l'égard du gouvernement israélien se révèle à vous. Que vous serez aussi dégoûtés que moi par la négation totale des Palestiniens dont vous avez été les agents au nom de l'amour d'Israël. Longtemps j'ai moi aussi défendu Israël, son régime d'apartheid, sa colonisation, ses crimes de guerre sans les nommer. Je savais et ne savais pas. J'en savais suffisamment pour ne pas vouloir en savoir plus. Ma prise de conscience n'était pas un sursaut mais un long processus laborieux et si vous me lisez, Tonton et Tata, soyez sereins : ça ne m'a mené ni à l'antisémitisme ni au djihadisme. Seulement à un peu plus de décence. J'ai perdu quelques potes, on y survit, coût social dérisoire par rapport à ce qui se joue en Palestine. Et si jamais il existe quelque chose comme une éthique juive, c'est à cet instant, en tant qu'antisioniste, que je m'en sens le plus proche. Il m'a fallu un 7 octobre et sa réponse pour mettre les mains dedans. Pour me forcer à voir. Pour comprendre.

Peut-être que la fin du génocide vous fera cet effet. Vous porterez simplement le poids de votre soutien explicite le temps qu'il aura duré. Il sera trop tard mais au moins, rassurez-vous, vous aurez respecté votre mot d'ordre jusqu'au bout.

Vous, vous vivrez.

Jeremy

https://tsedek.fr/2025/05/21/diner-au-coeur-de-la-mecanique-negationniste/

Qui sommes-nous ?

https://tsedek.fr

Publié le 26.06.2025 à 11:00

Le chantier du CRA de Loon-Plage commence…

Depuis mai 2025, sur la commune de Loon-Plage, le terrain où est prévu le futur CRA du dunkerquois est protégé par des barrières et des caméras de surveillance.

Les coordonnées GPS du terrain : 51.004, 2.207 (voir sur une carte OpenStreetMap)

À en croire les logos sur place, c'est le géant du BTP Eiffage qui a remporté le marché et qui va donc se gaver d'argent public pour construire cette prison…

Le collectif Anti-CRA de Dunkerque s'oppose au projet de construction d'un centre de rétention administrative (CRA) dans le Dunkerquois, et plus généralement à l'existence de toutes ces prisons pour étranger-es.

Nous nous réunissons collectivement le premier mardi de chaque mois au sein de l'épicerie autogérée la Source à Dunkerque. Nous y organisons notre opposition sous différentes formes : collage d'affiches, distribution de tracts, prise de parole publique, rassemblement. N'hésitez pas à nous rejoindre !

Pour nous contacter : dunkerqueanticra (at) autistici.org

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Publié le 24.06.2025 à 21:00

Le jour où Israël s'est mis à dénoncer les attaques d'hôpitaux

Le jeudi 19 juin 2025 est un jour à marquer d'une pierre blanche : celui où Israël a opéré un virage à 180 degrés, et s'est mis à dénoncer les attaques commises contre les hôpitaux. L'hôpital Soroka de Beersheba, situé dans le sud du pays, a subi le souffle d'une explosion, après qu'un missile iranien est tombé à proximité.

Cet hôpital accueille notamment des soldats israéliens blessés à Gaza, donc les auteurs d'une opération génocidaire. Le porte-parole de l'hôpital précise néanmoins dans la presse : « Il n'y a pas de blessés graves parmi les patients ou le personnel, seulement des blessés légers et des personnes en état de choc ». En effet, les images montrent des vitres soufflées et des faux plafonds tombés au sol, mais aucune destruction. Il semble que les frappes ne visaient pas l'établissement de soin à proprement parler – sinon il aurait été détruit – mais des sites militaires situés à quelques centaines de mètres. Aucun média ne dit qu'Israël utilise sa population comme « bouclier humain » et place des centres de soin près de cibles potentielles en cas de guerre.

Mais ce n'est pas le cœur du sujet. Immédiatement après ce blast près de l'hôpital Soroka, les dirigeants israéliens n'ont pas eu de mots assez durs pour condamner l'événement. Le ministre israélien de la Santé, Uriel Buso, a parlé d'un « acte terroriste qui franchit une ligne rouge ». Prenons-le au mot : Israël commet alors beaucoup d'attentats terroristes et pulvérise des centaines de lignes rouges.

La vice-ministre israélienne des affaires étrangères, Sharren Haskel, a qualifié l'attaque de « délibérée » et de « criminelle ». Benjamin Netanyahou, a lancé que l'Iran « paiera le prix fort » en représailles. Dans la foulée, le ministre de la Défense israélien assénait : « Ce sont des crimes de guerre parmi les plus graves » et « le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, ne peut être autorisé à continuer d'exister » suite à ces actes. S'il fallait tuer tous les responsables d'attaques d'hôpitaux, il n'y aurait plus personne au pouvoir en Israël.

Joshua Zarka, ambassadeur d'Israël en France, invité sur Cnews, a ajouté que « les Iraniens ont des missiles très précis. S'ils ont touché l'hôpital de Soroka, c'est qu'ils le voulaient ». Dans le monde parallèle d'Israël, un missile envoyé depuis un territoire situé à 1500 kilomètres d'Israël est « très précis », mais les bombardements d'hôpitaux avec des missiles guidés et les avions les plus sophistiqués du monde survolant Gaza à basse altitude sont des dommages collatéraux.

Le président de la Knesset, Amir Ohana a voulu aller encore plus loin : « Nous sommes témoins de crimes de guerre. Le régime des ayatollahs vise des civils ! » Faut-il rire ou pleurer ?

Depuis le début du génocide à Gaza, en octobre 2023, l'armée israélienne a mené près de 700 attaques contre des infrastructures médicales. En mars 2024 : les deux tiers des 36 hôpitaux de Gaza ne fonctionnent plus selon l'ONU, la plupart ayant été entièrement dévastés, par exemple Al-Shifa, qui était le plus grand du territoire. Plus grave encore : Israël a organisé un blocus humanitaire empêchant le matériel de soin d'entrer à Gaza. Des médecins palestiniens disent avoir amputé des enfants sans anesthésie faute de produits nécessaires.

En avril 2025, l'armée israélienne avait déjà tué plus de 1300 médecins et infirmiers et arrêté plus de 310 d'entre eux. Depuis octobre 2023, plus de 400 travailleurs humanitaires ont aussi été assassinés à Gaza.

En mars, l'armée israélienne a tendu une embuscade à 15 secouristes dans des ambulances, gyrophares allumés : les soldats les ont massacrés en mitraillant leurs véhicules pendant de longues minutes, avant de broyer les ambulances et d'ensevelir les corps dans une fosse commune.

En novembre 2023, Israël attaquait l'hôpital Al-Nasr de Gaza et tirait notamment sur le service pédiatrique. L'alimentation en oxygène et en air dans les unités de soins intensifs pour nourrissons avait été interrompue. Les soldats israéliens étaient ensuite entrés dans l'hôpital, évacuant le personnel de force. 5 bébés dans des couveuses avaient été retrouvés morts par la suite.

https://contre-attaque.net/2025/06/20/le-jour-ou-israel-sest-mis-a-denoncer-les-attaques-dhopitaux/

Publié le 22.06.2025 à 12:00

[Bure ]Septembre Infini, des nouvelles du camp !

Les dernières infos pour être à jour sur le camp de Septembre Infini, près de Bure.

On organise un camp TOUT LE MOIS de septembre 2025, à l'ancienne gare de Luméville près de Bure ! On en parlait déjà dans cet article avec un texte d'appel : https://bureburebure.info/events/event/septembre-infini/

Ici on vous met les dernières info pour que vous puissiez vous projeter un peu plus dans ce que va être ce grand rassemblement qui aura lieu tout septembre.

Formulaire de préinscription :

C'est facultatif mais ça nous aide. C'est aussi ici que tu pourras entre autre nous dire si tu as des besoins spécifiques : https://forms.42l.fr/apps/forms/GfYAGHkeQfmbcb6K

Comment vous pouvez participer dès maintenant ?

On a besoin d'aide pour plein de petites choses, notamment :

– Diffuser les affiches et les flyers (lien de fin d'article) à imprimer en A4 recto-verso bord court + et en les distribuant.

– Proposer de la programmation en envoyant un mail à septembreabure [at] riseup.net

– Venir avec ton délicieux crew de cantine nous faire des plats (ou diffuser à tes potes qui aime trop faire à manger pour plein)

– Rejoindre la team VSS/Ecoute

Pour les deux derniers c'est encore plus super si vous pouvez nous envoyer un mail ou valider que viendrez rejoindre la team vss dans le questionnaire d'inscription

Les nouvelles :

On vous remets le lien d'un article qui est mis à jour sur où en est la gare légalement et comment avance le processus d'expulsion : https://bureburebure.info/risque_expulsion_gare/

La gare ne pourra pas être expulsé avant le début du camp, et c'est peu probable que toutes les étapes soient faites assez vite pour être expulsable pendant le camp. En tout cas, le plus dissuasif c'est notre présence en nombre à la gare en septembre et dans les mois qui suivront !

Qu'est ce qu'on va y faire ?

La programmation du camp sera structurée en semaines thématiques (même si bien sûr tout ne correspondra pas aux thèmes, et c'est tant mieux) :

Semaine 1 : antinuke & liens à d'autres luttes // Semaine 2 : inter-cantines & soin dans les luttes // Semaine 3 : expériences et pratiques d'occupations // Semaine 4 : c'est quoi la suite ? l'infini c'est juste après.

Il y aura plein d'espace pour que vous puissiez venir avec des envies de discussions et d'atelier à mettre en place, donc ramenez vos potes et vos projets ! Et c'est pas obligé que ça soit en lien avec les thèmes des semaines !

Beaucoup de chantiers sont prévus, et il y aura de la place pour vos envies aussi (vous commencez à comprendre la rengaine). Parmis ces chantiers, il y a créer plus d'espace clos en dur sur la gare et améliorer la défense de celle-ci en général.

Enfin il y aura des temps d'organisation et de vie quotidienne d'un lieu de lutte collectif, tout particulièrement un lieu expulsable : de l'automédia, des AG, des temps de commissions pour le quotidien…

Il y aura 2 temps de bar par semaine (avec et/ou sans alcool). Il y a aussi plusieurs grande fête de prévu (notamment le 20 septembre, pour que ceux qui revienne de la manifestation organisée pas loin du camp puisse se détendre). On a aussi envie de ritualiser des soirées sur ces semaines, que ce soit des films ou des jeux selon nos envies en septembre !

Quelques points de vie collective :

On essaye d'avoir une attention collective pour pas inciter nos entourages à consommer, donc on demandera à touste de demander autour d'ellui avant de fumer, de boire (peut importe quoi) dans des verres opaques etc…

La semi nudité sera autorisé (tout en ayant une attention à qui se sent à l'aise, et on vous invite aussi à checker les gens qui vous entourent)

Pour les animaux non humain : si tu restes pas longtemps stresse pas ton loulou et essaye de le faire garder. On a conscience que si tu restes longtemps c'est trop bien de faire venir profiter taon camarade non humain.e !

Il y aura un groupe évolutionnaire pour pouvoir faire changer/ajouter des règles collectives au fur et à mesure du camp

Accessibilité :

Le camp est sur une vaste friche industrielle, il n'est donc pas très accessible aux personnes ayant des difficultés motrices. Se déplacer en fauteil c'est en gros impossible sur ce site. Il ya des rampes sur certain bâtiments pour faciliter l'accès aux personnes pour qui les marches c'est compliqué. De façon générale, il y a plein d'info sur ce qui est accessible ou non dans la charte d'accessibilité (visible sur le site) !

Il y aura aussi un temps hebdomadaire en non-mixité personne neuro-atypiques, pour pouvoir s'entre-identifier, créer des temps de pair-aidance et se soutenir dans ce camp.

Si tu as des besoins spécifiques, hésite pas ou ç remplir le formulaire de pré-inscription ou à nous envoyer un mail !

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Pour rappel le montage commencera dès le 25 août et sera en mixité choisie sans mec cis-hetéro (c'est-à-dire pour les Pédés / MINT (Meuf, Intersexe, Non Binaire, Trans) / en questionnement). Cette mixité choisie se prolongera pendant les 3 premiers jours de septembre pour débuter le camp (c'est à dire du 1 au 3 septembre inclus).

Si tu fais partie d'un super collectif qui a envie de venir nous parler, des questions sur n'importe quoi ou autre, c'est possible de nous joindre à l'adresse mail : septembreabure@riseup.net (chiffrement PGP disponible sur les serveurs de clé).

Pour suivre les infos du camp ou de la lutte locale : bureburebure.info

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Lien pour télécharger les affiches : https://bureburebure.info/wp-content/uploads/2025/03/affiche_septembre_infini.pdf

Lien pour télécharger les flyers : https://bureburebure.info/wp-content/uploads/2025/06/fly-camp-septembre-infini-.pdf

Publié le 22.06.2025 à 09:00

Un gala génocidaire en plein Paris

Alors que la phase finale du génocide est en cours à Gaza, un quiz sur le nombre de civils tués, s'amusant de crimes contre l'humanité, a eu lieu à Paris. Il s'agissait d'un gala organisé par le lobby pro-israélien, organisé le 27 mai dans la capitale.

Article de Contre-Attaque

Cette cérémonie abjecte révèle le niveau d'impunité stratosphérique des soutiens d'Israël. La soirée génocidaire a été organisée par un groupe nommé « Diaspora Défense Force », dirigé par Franck Tapiro. Franck Tapiro, c'est un publicitaire sarkozyste, violemment pro-Israël et profondément mythomane. En mars dernier, il avait par exemple déclaré à propos de manifestations contre le racisme organisées par la gauche que « les slogans, c'était contre la police, les blancs et les juifs ! » Une invention pure et simple. En avril 2024, Tapiro appelait à créer des milices séparatistes : « On nous fait la guerre, il faut répondre par la guerre. J'ai décidé de lancer la première armée citoyenne de défense de la diaspora juive ».

Le parrain du gala était Olivier Rafowicz, le porte-parole de l'armée israélienne, qui a été ovationné par l'assistance et récompensé par un prix. Tapiro a remercié le militaire pour son travail, la « voix de Tsahal » intervenue « 1200 fois dans les médias », pour inonder la France de mensonges.

Le quiz ignoble sur les gazaouis tués était animé par Barbara Lefebvre, chroniqueuse du groupe BFM et dans les médias de Bolloré. Une intervenante a qualifié les soldats de l'armée israélienne à Gaza de « héros ». Des prix ont été attribués à d'autres soutiens médiatiques d'Israël, comme la présentatrice d'extrême droite Laurence Ferrari ou la chroniqueuse de Cnews Céline Pina, mais aussi Arthur ou Bernard-Henri Levy et Philippe Lellouche.

Le groupe Diaspora Défense Force a accueilli ces derniers mois d'autres personnalités pro-israéliennes, parfois proches du sommet de l'État, comme la ministre du travail Astrid Panosyan et la députée Caroline Yadan.

Voilà un lobby séparatiste, fasciste et génocidaire, avec pignon sur rue, dont l'objectif est de légitimer en France les crimes de masse commis par un régime étranger. Un signalement pour « apologie de crimes d'atteinte à la vie, apologie de crimes de guerre, apologie de crimes contre l'humanité, voire complicité desdits crimes » a été déposé suite à cette soirée.

Voir aussi sur Assawra :

Bernard-Henri Lévy, Enrico Macias, Arthur ou encore Céline Pina parmi les convives Parrainé par Olivier Rafowicz, le médiatique porte-parole de l'armée israélienne, ovationné lorsqu'il est apparu en direct sur un écran, le gala était orchestré par le célèbre publiciste Frank Tapiro, leveur de fonds pour la cause. À ses côtés, la chroniqueuse Barbara Lefèbvre qui, le 31 mai à l'antenne, appelait à « vider la bande de Gaza et à la transformer en zone vierge », car, selon elle, « les civils à Gaza sont autant responsables que les membres du Hamas et du Jihad islamique ». Des personnalités françaises du monde des médias et des affaires, des artistes et des politiques étaient invités aux festivités. Parmi eux Bernard-Henri Lévy, Enrico Macias, l'animateur Arthur, l'acteur Philippe Lellouche, l'essayiste Céline Pina, l'homme politique Amine El Khatmi, cofondateur du Printemps républicain. La députée des Français de l'étranger Caroline Yadan, mais aussi Astrid Panosyan-Bouvet, avant sa nomination comme ministre du Travail, avaient participé, elles, à des conférences organisées par l'association DDF. Comment comprendre et admettre que de tels événements se déroulent sur le territoire français, au moment où de plus en plus de voix s'élèvent enfin contre ce qui est reconnu comme un génocide et alors même que le président français, Emmanuel Macron, s'efforce d'avancer sur la reconnaissance d'un État palestinien et pour que cesse le massacre en cours à Gaza ? Au cours de ce gala, Laurence Ferrari de CNews et Franz-Olivier Giesbert ont été décorés du prix dit des justes, récompensés pour « leur fervent soutien à Israël et à la diaspora ». La journaliste emblématique de l'empire Bolloré affirmait le 22 mai, dans un de ses éditoriaux sur CNews : « Les opposants d'Israël sont aujourd'hui la pire caution des terroristes. »

Publié le 21.06.2025 à 14:00

No mine's land 2025 / Rencontres anti-extractivistes dans l'Allier

Du 25 au 27 juillet auront lieu près d'Echassières (03) et du projet de mine de la multinationale Imerys 3 jours de rencontres, débats et actions autour des luttes anti-extractivistes.

Il sera bien sûr question de la lutte contre le projet EMILI d'extraction de lithium dont il a déjà été question ici ou sur les réseaux mutu. Mais l'enjeu sera également de faire des liens ou renforcer ceux déjà existants entre les luttes qui s'opposent au renouveau de l'industrie minière, au tant en France qu'à l'international. Seront ainsi abordé les questions liées au développement de la société numérique, à la dite « transition » énergétique, au réarmement européen et à la guerre au Congo, mais aussi aux pollutions et à la protection de nos lieux de vie, ici comme ailleurs.

Dimanche 27 juillet, une manifestation sera également organisée pour clamée notre opposition aux projets mortifères de l'industrie minière. Ni ici ni ailleurs, en solidarité avec les luttes au Portugal, au Niger, en Mongolie, en Argentine, en Serbie, au Congo, en Allemagne et partout où la terre tremble pour nourrir l'appétit des tenants de l'exploitation indéfinie des ressources naturelles et des populations qui en dépendent.

Programmation définitive à venir, on vous tient au courant ! Un groupe signal sera également mis en place quelques semaines avant l'évènement. Nous aurons également besoin de coups de main sur différentes tâches tout au long de ces 3 jours, alors on compte sur vous :).

Toutes les infos sont d'ores et déjà réunies sur ce site et seront actualisées au fur et à mesure : nominesland2025.wordpress.com

PS : On vous demande de vous inscrire !

Nous avons besoin d'avoir une idée de combien de personnes seront présentes lors de ce week-end afin d'assurer le meilleur accueil pour tous.tes et aussi pour faciliter le travail de la cantine. Nous vous invitons donc fortement à vous inscrire (un blaze suffit, on est pas des flics) et a en profiter pour nous indiquer si vous avez des besoins particuliers que nous pourrions prévoir : régimes alimentaires, besoins spécifiques, matériel médical, accessibilité…

Sur place, en plus du programme des journées :

Accueil dès le jeudi soir avec AG de bienvenue à 20h30 Parking / Camping (avec un espace en non-mixité sans mecs cisgenre) / Possibilité d'hébergement en dur pour les personnes qui en auraient besoin (n'hésitez pas a vous inscrire pour qu'on puisse vous accueillir dans les meilleurs conditions) Cantine vegan assurée par l'équipe des Schmruts Bar / concerts (merci les Megamims

Publié le 19.06.2025 à 12:00

[Le Mans] 27 juin : Présentation-discussion du livre « À bas l'état, les flics et les fachos ! »

Rencontrons-nous et discutons ensemble lors de la présentation de ce livre par un ex-militant du Groupe Antifasciste Lyon et Environs (GALE, aujourd'hui dissoute) ! Vendredi 27 Juin à partir de 19h30 à la Maison des citoyen.ne.s du Mans

Oyé oyé ! L'Assemblée Générale anti-fasciste de la Sarthe a le plaisir de vous inviter Vendredi 27 Juin à partir de 19h30 à la Maison des citoyen.ne.s (accès par escalier ou ascenseur), place des comtes du Maine au Mans, pour une super soirée de :

Présentation et discussion autour du livre « À bas l'état, les flics et les fachos ! Fragments d'une lutte antifasciste », paru en 2024 aux éditions Burn Août. En présence d'un ex-militant du Groupe Antifasciste Lyon et Environs (GALE, aujourd'hui dissoute), qui a témoigné à travers ce livre !

À partir de 19h30 : Accueil, repas partagé (chacun.e peut amener à boire et/ou à manger ou pas selon ses moyens) et infokiosque (brochures, communiqués, auto-collants...). Rencontrons-nous et informons-nous !

À 20h30 : Début de la présentation du livre et de la discussion : questions, réponses, partages d'avis et d'expériences... jusqu'au bout de nos curiosités et de nos soifs de mise en commun !

Plusieurs exemplaires du livre seront disponibles à l'achat. Pour le reste, la soirée sera à cotisation libre incluant la gratuité. L'argent récolté financera le transport de l'ex-militant de la GALE, ainsi que le fonctionnement de l'AG (impressions, collages, etc).

Le Groupe Antifasciste Lyon et Environs (GALE) s'est formé en 2013, notamment en réponse au meurtre de Clément Méric par des fascistes. Pendant 10 ans, ses militant.e.s ont fait vivre un anti-fascisme autonome et révolutionnaire. Iels se sont confronté.e.s aux nombreuses organisations fascistes issues du catholicisme intégriste et de la bourgeoisie, qui sont particulièrement puissant.e.s dans la région lyonnaise. Iels ont aussi activement participé aux mouvements émancipateurs. Jusqu'à ce qu'en 2023, l'État français dissolve la GALE, faisant d'elle la première organisation spécifiquement anti-fasciste dissoute.

Dans le livre « À bas l'état, les flics et les fachos ! Fragments d'une lutte antifasciste », Olivier Minot recueille les paroles de militant.e.s et raconte une histoire de la GALE à travers 15 années de luttes anti-fascistes, anarchistes et autonomes à Lyon et dans ses environs. Loin des constructions policières et des fantasmes médiatiques, les récits intimes de trajectoires individuelles tissent un portrait sensible d'une histoire commune. Issu.e.s de quartiers populaires ou de la petite bourgeoisie, de familles militantes ou pas, s'entrelacent désirs de révolte et rêves de révolution, doutes et peurs, amitiés et amours, engagements et solidarités...

Cet ouvrage collectif s'adresse à un public large, puisqu'il essaie de faire résonner des propos trop souvent invisibilisés ou inaccessibles. Et de rendre plus palpable une vie d'activiste parfois perçue comme vaine ou trop radicale. En racontant de vieux souvenirs pour les faire exister encore. En contribuant à alimenter un imaginaire commun. En donnant la parole aux expériences. Ce livre fait la transmission orale d'histoires de militant.e.s de la GALE, et nous pousse à en trouver des prolongements dans nos propres vies !

Pour explorer avant et/ou après cette soirée :

le site du Groupe Antifasciste Lyon et Environs (GALE) : https://groupeantifascistelyonenvirons.wordpress.com le livre « À bas l'état, les flics et les fachos ! Fragments d'une lutte antifasciste », téléchargeable sur le site des éditions Burn Août, comme leurs autres publications : https://editionsburnaout.fr

Cette rencontre avec un ex-militant de la GALE sera une occasion importante pour questionner comment s'opposer aux dissolutions qui nous menacent aujourd'hui et demain, au regard de celle qu'a subi la GALE. Nous aurons l'opportunité de répondre ensemble à cette question, pour empêcher solidairement ces dissolutions et continuer nos actions émancipatrices !

Et ce soir-là, nous commémorerons aussi les 2 ans du meurtre raciste de Nahel Merzouk par des policiers. Nous luttons en sa mémoire, ainsi qu'en celle de toustes les autres tué.e.s, blessé.e.s ou endeuillé.e.s par la police ou la gendarmerie. En mémoire aussi des révoltes anti-racistes et anti-violences étatiques d'hier, pour celles d'aujourd'hui et de demain !

Nous vous invitons donc à parler de cette soirée autour de vous, pour que plein d'expériences et d'horizons s'y rencontrent, se solidarisent et s'émancipent ensemble !

La solidarité et l'anti-fascisme nous concernent toustes, siamo tutte.i anti-fasciste.i ! L'Assemblée Générale anti-fasciste de la Sarthe - agantifasciste72@anche.no

Bon Pote
Arguments
Bondy Blog
Derivation
Dissidences
Cory DOCTOROW
Educ.pop.fr
Olivier ERTZSCHEID
Nicole ESTEROLLE
Olivier EZRATY
Michel GOYA
Gérard FILOCHE
Framablog
Alain GRANDJEAN
Samuel HAYAT
François HOUSTE
Infiltrés (les)
Clément JEANNEAU
Paul JORION
Infoscope
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LePartisan.info
Frédéric LORDON
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Mr Mondialisation
Richard MONVOISIN
Christophe MASUTTI
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Paris-Luttes.info
Alessandro PIGNOCCHI
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Rojava Info
Hacking-social.com
Sismique
Hubert GUILLAUD
Nicos SMYRNAIOS
VisionScarto
Yannis YOULOUNTAS
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