12.04.2025 à 08:21
Marc Endeweld
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Karl Laske et Vincent Nouzille, journalistes d’investigation chevronnés, reviennent sur le parcours d’Abdallah Senoussi, figure centrale de l’appareil sécuritaire libyen. À travers leur livre, ils interrogent les zones d’ombre des relations entre la France et la Libye.
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« Le chef des services secrets libyens avait du sang sur les mains. Et pourtant, des responsables français sont allés le voir pour négocier. » Dès les premières minutes, le ton est donné. Karl Laske et Vincent Nouzille déroulent l’enquête d’une vie. Celle d’un pacte impossible, entre un État démocratique et un terroriste condamné. Et au centre, les 170 morts du DC-10 d’UTA au dessus du désert du Ténéré et les 270 de Lockerbie. Deux attentats majeurs des années 80, commandités par le régime libyen et restés longtemps sans véritable réponse judiciaire.
« Ce n’est pas une théorie : ce sont les archives libyennes elles-mêmes qui le disent. »
Vincent Nouzille
Ces archives, découvertes par Samir Shegwara, lanceur d’alerte libyen emprisonné à Tripoli, puis libéré en attente de son procès,révèlent une série de tractations diplomatiques et secrètes. « Il y a tout : les dates, les noms, les cadeaux, les promesses. » Un récit qui plonge dans les coulisses du pouvoir, où la justice est sacrifiée sur l’autel de la raison d’État.
Les faits sont glaçants : rencontres secrètes entre l’avocat de Sarkozy, Thierry Herzog, et les défenseurs de Senoussi, cadeaux de luxe, promesse d’alléger la peine du maître espion en échange d’un soutien financier à la campagne de 2007. Des épisodes validés par les juges, mais largement ignorés par les grands médias.
« Ce procès est historique, et pourtant, il s’est tenu dans un quasi-silence médiatique. »
Karl Laske
Dans le chat, ChronoPolitik résume ce que beaucoup pensent : « Les victimes ont été vendues pour du pétrole et des avions. » Et c’est bien là tout l’enjeu du livre : replacer la justice au centre du débat. Les familles de victimes se sont d’ailleurs constituées parties civiles. Leur douleur, palpable à l’audience, tranche avec le cynisme des négociateurs de l’époque.
Le duo Laske-Nouzille ne se contente pas de dénoncer. Il documente. Avec méthode: tests d’explosifs, préparations d’attentats, correspondances internes, tout est là, jusqu’aux rapports détaillant le mode opératoire des attentats. Le tout validé par les enquêteurs français, écossais et américains.
« Les services secrets français savaient. La diplomatie française savait. Et tout le monde s’est tu. »
Karl Laske
Une autre affaire, celle de la responsabilité du pouvoir français dans l’effacement progressif des crimes de Senoussi, se dessine. Le procès de Sarkozy devient celui d’un système. Avec ses hommes de l’ombre, ses intermédiaires, ses valises pleines, et ses silences bien gardés.
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Parce qu’il était à la fois chef des services secrets, beau-frère du dictateur et cerveau présumé de plusieurs attentats majeurs, dont celui du DC-10 d’UTA.
Ils dévoilent, documents à l’appui, une série de tractations visant à alléger la peine de Senoussi en échange d’un soutien financier à la campagne de 2007.
Parce qu’elles ont été validées par la justice française, écossaise et américaine, et recoupées avec d’autres sources par les auteurs et les enquêteurs.
Elles pourraient relancer les enquêtes sur les attentats de Lockerbie et du DC-10, mais aussi renforcer l’accusation dans le procès pour corruption de Nicolas Sarkozy.
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Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par la rédaction.
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10.04.2025 à 20:47
David Dufresne
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En public, Besancenot régale. Il commence doucement, puis monte et lâche son flot. Avec lui, on a causé de son nouveau livre «En finir avec les présidents», du Présidentialisme, de la gauche, de son organisation, de sa nécessité à s'unir sans se trahir. Et de quelques souvenirs savoureux. Un sacré moment.
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« Sans président et sans présidentialisme. » La phrase claque dès les premières minutes. Olivier Besancenot ne fait pas dans la dentelle : son nouvel essai est une charge frontale contre le cœur du régime. Un livre bref, mais dense, qui remonte l’histoire du présidentialisme français jusqu’au bonapartisme, en passant par la guerre d’Algérie et la naissance de la Vᵉ République. Ce soir-là, au Poste, on sent que le sujet le touche au plus profond. Dans un échange vif, complice, parfois acide, avec Dufresne et une salle engagée, l’ancien facteur de Levallois-Perret puis de Neuilly évoque l’histoire pour mieux dénoncer les dérives du présent. Quand il parle d’Emmanuel Macron, Besancenot précise : « Ce n’est pas qu’une question de personne. C’est une question de fonction. » Il ne veut pas d’un autre chef, il ne veut plus de chef du tout.
L’invité démonte la logique du pouvoir solitaire. Une logique verticale, autoritaire, qui, selon lui, empêche tout processus démocratique réel. Pour lui, « le présidentialisme, c’est la matrice du problème », une architecture politique qui rend possible toutes les dérives : celles d’aujourd’hui comme celles à venir.
« On est suspendus à un seul homme. C’est ça le scandale. »
Olivier Besancenot
Et le tchat d’ajouter : « Ce n’est plus une démocratie, c’est un spectacle d’illusionniste » (Zoé Lib).
Ce n’est pas une lubie d’ultragauche. C’est une démonstration historique. L’ancien porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste, rappelle que la Vᵉ République naît en pleine guerre d’Algérie, pensée comme un régime d’exception. Il souligne l’héritage colonial du présidentialisme, et l’obsession française pour l’homme providentiel. Le tchat approuve : « Toujours les mêmes mécanismes de domination. » (Rachid A).
« La Vᵉ République, c’est un modèle autoritaire hérité de la guerre et de la colonisation. »
Olivier Besancenot
Pas question de rester dans la critique stérile. Besancenot croit à la puissance du collectif, à l’autonomie des luttes sociales. Ce n’est pas une illusion : c’est un choix stratégique. Il s’oppose à la logique électorale qui réduit toute dynamique à une candidature. « On a le droit de rêver d’autre chose qu’un bulletin de vote tous les cinq ans. »
Il revient longuement sur la mobilisation place de la République, sur les cortèges autonomes, les colères antifascistes, les nouvelles formes d’insoumission. Pas de dogme, mais une certitude : l’émancipation ne viendra pas d’en haut.
« Le vrai front populaire, il est dans la rue, pas dans les urnes. »
Olivier Besancenot
La montée de l’extrême droite ? Il ne l’élude pas mais il en dénonce la récupération cynique : « On nous rejoue le scénario du barrage républicain sans jamais interroger les causes. » Pour lui, lutter contre l’extrême droite exige d’attaquer le système qui la rend possible, y compris le présidentialisme.
Il s’en prend aux commentateurs aux éditorialistes qui, dès la moindre manif, « sortent les jumelles de 2027 », comme s’il ne s’agissait que de préparer la prochaine présidentielle.
« L’antifascisme ne se décrète pas, il se construit. »
Olivier Besancenot
Dufresne joue le contradicteur avec malice. Il évoque les critiques, les doutes, les écueils. Besancenot ne s’en dérobe pas. Il répond tout en nuance, parfois avec une ironie tranchante. La complicité est palpable, les désaccords assumés. Le public aussi s’en mêle. Une voix s’élève : « Mais alors, on fait quoi ? » Réponse immédiate de Besancenot : « On construit des contre-pouvoirs. Pas des candidats. »
Une formule que l’on retiendra : « J’aimerais qu’à gauche, on soit capable de douter ensemble à haute voix » La soirée se termine dans un tempo soutenu, presque trop court. Il doit filer : CNews l’attend, ce qui fait rire tout le monde. Mais il aura dit l’essentiel. Un premier passage Au poste dans les locaux de la fac du Campus Censier,face à une salle attentive et participative qui donna lieu à l’évocation de quelques souvenirs savoureux. Un sacré moment!
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Parce qu’il considère que cette forme de pouvoir centralisé favorise l’autoritarisme, bloque les dynamiques démocratiques et empêche l’émergence de contre-pouvoirs populaires.
Selon Besancenot, oui. Il alimente la personnalisation du pouvoir et légitime des formes de gouvernance autoritaires qui ouvrent un boulevard à l’extrême droite.
Pas un programme clé en main, mais une stratégie : reconstruire des espaces de démocratie directe, renforcer les luttes sociales, et sortir du réflexe messianique du « sauveur ».
Parce qu’elle remet en cause toute une culture politique ancrée dans l’histoire française — celle du chef, du candidat, de l’homme providentiel et cela fait vaciller les fondations mêmes du régime.
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Cet article est le fruit d’un travail humain, d’une retranscription automatique de l’émission par notre AuBotPoste revue et corrigée par la rédaction.
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10.04.2025 à 11:03
David Dufresne
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Depuis un an, Sandrine Rousseau a présidé une commission d’enquête sans précédent sur les «violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité» (cinq mois de travaux, près de 400 professionnels auditionnés). On a attendu que le rapport, rédigé par Erwan Balanant (Les Démocrates), soit rendu public hier, pour inviter Sandrine Rousseau, bien connue de nos services, à nous en parler librement.
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« Le viol, c’est une manière de posséder l’autre pendant des années ».C’est une émission qu’on n’oubliera pas. Une heure trente bouleversante, frontale, sans échappatoire. Ce matin-là, Sandrine Rousseau vient poser, non pas des idées, mais des faits. Elle parle lentement parfois, s’interrompt, pleure presque, puis repart. Et nous, on écoute. Le rapport parlementaire qu’elle préside, dont Erwan Balanant député modem était rapporteur, a été publié la veille, est un séisme pour le monde de la culture. Plus de 300 pages, des dizaines de témoignages, 86 recommandations. Le mot « système » revient en boucle, mais ici il ne s’agit pas d’un slogan : il s’agit de décrire une mécanique violente, organisée, banalisée.
« Ce n’est pas un monde de dérapages, c’est un monde organisé autour de la violence. »
Sandrine Rousseau
Dès les premières minutes, Rousseau ne tourne pas autour du pot. Le patriarcat, dans le monde de la culture, est une structure de pouvoir. Il repose sur l’exploitation des corps, la hiérarchie des rôles, la peur, le chantage au travail. Tout y est normalisé, ritualisé, institutionnalisé.
« Le viol n’est pas un accident, c’est une fonction. »
Sandrine Rousseau
Elle raconte les témoignages glaçants : une enfant de 15 ans à qui un directeur de casting demande de mettre un œuf dans son vagin ; des actrices qu’on pousse à jouer blessées, ou à retarder leurs soins pour une meilleure image ; des scènes de sexe tournées sans consentement réel, parfois sous alcoolisation forcée. À ce moment-là, le tchat explose : « Ce n’est pas une industrie du cinéma, c’est une industrie du silence. » (Juliette C).
La sidération ne vient pas que des actes, mais de ce qui suit : rien. Pas de sanctions, pas de régulations, pas de remises en question. L’omerta règne, entretenue par le pouvoir des agents, des institutions, des festivals, des écoles. Le silence est stratégique. Il protège les violeurs, pas les victimes.
« Aujourd’hui, ne pas voir, ne pas entendre, c’est confortable. Demain, ça doit être condamné. »
Sandrine Rousseau
Sandrine Rousseau raconte les auditions à huis clos. Les victimes, tremblantes, la voix nouée, parfois les mains écrivant mot à mot leurs témoignages. Et en face, des hommes de pouvoir, sûrs d’eux, posés, dominateurs. Tout est dit dans leurs corps, dit-elle. Un théâtre de l’impunité.
Le cinéma n’est pas un monde à part. C’est un monde où le travail passe par le corps. Mais ce que Rousseau dénonce, ce n’est pas cette exposition, c’est la dépossession. Ce qu’on apprend aux actrices, dès l’école, c’est que leur corps ne leur appartient plus.
« On leur apprend à mimer des fellations. À se déshabiller. À être soumises. »
Sandrine Rousseau
Et là, le cœur de l’émission bat plus fort. Dufresne s’arrête, laisse la députée parler. Elle détaille la logique de soumission progressive : d’abord l’école, puis le plateau, puis le montage. À chaque étape, on prive les femmes de leur droit de dire non. Le tchat réagit : « Tout commence dans la formation. On forme à l’abandon de soi. » (Lea H).
Le rapport propose une mesure explosive : un droit de regard des actrices sur le montage, pour les scènes de nudité. Un mini-final cut. Immédiatement, Dufresne pose la question : est-ce que ça remet en cause le sacro-saint pouvoir de l’auteur à la française ? Rousseau assume. Oui, l’exception culturelle ne peut pas justifier l’exception à la loi. Le talent n’excuse pas l’agression.
« Montrer le sexe d’une actrice sans son accord, ce n’est pas du talent. C’est du voyeurisme. »
Sandrine Rousseau
Elle cite Geneviève Sellier, les travaux sur le culte de l’auteur, la mise sur piédestal des réalisateurs masculins, l’effacement du talent des femmes.
Une part du rapport est dédiée à la protection des enfants, souvent ignorée. Sandrine Rousseau se dit « terrassée » par les témoignages : enfants violés, enfants incités à simuler des actes sexuels, enfants dirigés dans des scènes de violences sans formation, sans protection, parfois sans même que les parents soient informés des rôles.
« C’est pas normal. Tout le monde le sait, tout le monde laisse faire. »
Sandrine Rousseau
Là encore, des recommandations : encadrement des castings, certifications, surveillance, coordination obligatoire sur les scènes dites sensibles. Et surtout : rappeler que les acteurs et actrices, même enfants, sont des salariés, protégés par le droit du travail.
Sandrine Rousseau ne se contente pas de cibler les individus. Elle attaque la chaîne de responsabilité. Agents, CNC, festivals, écoles, critiques, journalistes : tous participent, parfois par passivité, au système de l’impunité.
Elle cite le cas de Bertrand Cantat : condamné, mais applaudi ; programmé, mais glorifié. Elle cite aussi Adèle Haenel, jamais réhabilitée, oubliée, effacée.« Adèle Haenel est une héroïne. Et personne ne l’a dit. »
Sandrine Rousseau
Les violences subies par Maria Schneider, Judith Godrèche, Anna Mouglalis sont des les violences sexistes et sexuelles connues du grand public mais combien sont encore dans l ‘ombre?,
Ce rapport dépasse le cinéma. Ce que Rousseau montre, c’est une grille de lecture du monde. Un monde de domination masculine, de fragilisation des femmes, de confiscation de la parole. Dufresne parle de révolution. Rousseau confirme.
« On ne viole pas quelqu’un au hasard dans un couloir. Le viol s’inscrit dans une histoire. Une histoire sociale, politique, patriarcale. »
Sandrine Rousseau
Et elle lance un appel : au Festival de Cannes où elle ne sera pas invitée…, aux institutions, à la société. Le rapport est là. À vous de le prendre ou de l’enjamber. C’est avec grand plaisir que Sandrine Rousseau, en grande habituée, est à nouveau revenue AuPoste nul doute que ce ne sera pas la dernière.
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Parce qu’il brise l’omerta dans un secteur longtemps intouchable : le monde de la culture. Il donne la parole aux victimes, documente un système de domination patriarcale et propose des moyens concrets pour en sortir. C’est un signal fort pour toute la société.
Parce que c’est un secteur hyper-exposé où les corps sont les outils de travail principaux, et où les rapports de domination sont particulièrement visibles. Le cinéma, par sa lumière, peut devenir un levier de transformation pour les autres domaines professionnels.
Encadrement strict des castings, présence obligatoire de coordinateurs d’intimité, droit de regard sur le montage pour les scènes de nudité, responsabilisation des agents artistiques, sanctions contre l’inaction des employeurs, protection renforcée des enfants sur les plateaux.
Parce qu’elle remet en cause des pouvoirs profondément ancrés, comme le statut d’auteur tout-puissant, l’exception culturelle française ou l’idée que l’art serait au-dessus du droit du travail. Elle s’attaque frontalement à la culture de l’impunité et à l’organisation patriarcale de la création.
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