18.04.2025 à 10:49
Nadim Fevrier
À l’ombre des projecteurs, le milliardaire Pierre-Édouard Stérin construit patiemment une machine de guerre au service de l’extrême droite. Exilé fiscal en Belgique, ultra-catholique revendiqué, il finance des influenceurs, des écoles hors contrat, des médias réactionnaires et forme les futurs élus d’un gouvernement d’extrême-droite. Objectif : installer durablement une idéologie conservatrice et inégalitaire à la tête de l’État. Enquête sur un homme qui veut prendre le pouvoir… sans jamais se présenter aux élections. Notre article.
Pierre-Édouard Stérin, fondateur de Smartbox, ne cache pas sa volonté de changer la société. Mais son « changement » est à sens unique : celui d’un retour aux années 1950. Avec sa fortune estimée à plus d’un milliard d’euros, il a lancé en 2021 le Fonds du Bien Commun, une fondation à l’apparence philanthropique, mais dont les financements servent principalement à soutenir des projets conservateurs : écoles hors contrat aux programmes catholiques, formation de journalistes réactionnaires, et campagnes hostiles aux droits des femmes et des personnes LGBTQ+.
Au cœur de cette stratégie : le réseau Acutis, un groupe d’influenceurs catholiques réactionnaires sponsorisés pour évangéliser TikTok, YouTube et Instagram. Le ton est moderne, le fond beaucoup moins : on y défend la soumission de la femme, la répression morale, et un rejet systématique des valeurs progressistes. L’un des visages phares du réseau, le frère Paul-Adrien d’Hardemare (voir l’enquête de StreetPress), a cofondé Acutis en 2022 avant de s’en retirer en mars 2025, dénonçant des dérives dans la gestion du réseau. Parmi les autres influenceurs soutenus figurent Yentl CG, Zeytooun, Lecathodeservice, Leana Daily, Amen Media, Mon expérience de Dieu, et le père Simon de Violet, animateur de la chaîne Catholand.
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Mais la stratégie ne se limite pas à influencer la jeunesse. Avec le projet Périclès, Stérin entend désormais préparer l’arrivée au pouvoir d’une extrême droite formatée et professionnalisée. Ce programme, doté de 150 millions d’euros sur dix ans, se donne pour mission de former une élite conservatrice à tous les niveaux : élus municipaux, cadres administratifs, experts, communicants, juristes.
L’ambition est claire : occuper les mairies dès 2026, pour installer un réseau d’élus conservateurs sur tout le territoire. Périclès ne cache pas sa volonté d’imposer une nouvelle génération de responsables politiques formés « en rupture » avec l’héritage de 1968. Les stages proposés à ses futurs cadres mêlent apprentissage technique, endoctrinement idéologique et storytelling nationaliste. Le tout, dans une logique d’« accélération culturelle » inspirée des milieux néo-conservateurs américains.
Cette logique s’appuie sur un constat froid : une partie des institutions peut être conquise sans majorité dans les urnes, mais par le biais d’un quadrillage territorial, de l’ingénierie électorale, et d’un accompagnement professionnel de candidats soigneusement choisis. Une méthode qui emprunte davantage à la stratégie que Stérin a pratiquée dans le monde des affaires qu’au débat démocratique.
Si Stérin se défend de tout lien partisan, les faits parlent d’eux-mêmes. Son bras droit, François Durvye, est désormais conseiller économique de Marine Le Pen. Il a participé à la rédaction du programme du Rassemblement National pour les élections législatives de 2024. Et de nombreux cadres passés par la galaxie Périclès se retrouvent aujourd’hui dans les campagnes municipales du RN ou de la droite radicalisée.
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L’objectif est limpide : construire une union des droites sous pilotage idéologique, appuyée sur des moyens financiers que les partis classiques n’ont plus. Le terrain municipal est vu comme une rampe de lancement : implantation locale, discours sur la « sécurité », récupération des classes moyennes rurales, instrumentalisation de la religion. À la clef, un pouvoir institutionnalisé, prétendument propre, mais enraciné dans une vision autoritaire de la société.
Pierre-Édouard Stérin ne se contente pas de former des troupes. Il cherche aussi à contrôler le récit. En 2023, il tente de racheter le journal Marianne, suscitant une vague d’indignation dans la rédaction. Son objectif n’était pas commercial : il s’agissait de s’assurer un levier d’influence médiatique pour diffuser les idées de l’extrême droite sous des formes plus présentables. Une stratégie bien connue : celle du cheval de Troie.
Au-delà des médias, il vise aussi à discréditer les contre-pouvoirs traditionnels : syndicats, associations, presse indépendante. Sa galaxie oppose systématiquement « la France d’en haut » à un « peuple enraciné » fantasmé, tout en étant financée par une fortune installée… en Belgique. Car oui, Stérin ne paie pas ses impôts en France. L’homme qui clame défendre les « vraies valeurs » est un exilé fiscal qui finance des campagnes contre l’impôt depuis Bruxelles. Le « bien commun » selon lui commence par la défiscalisation personnelle, et finit par l’ingérence politique d’une élite économique dans les institutions de la République.
Cette contradiction est centrale : derrière la rhétorique du « bon sens », c’est une vision oligarchique du pouvoir qui s’impose. Celle d’une minorité fortunée qui dicte au peuple ce qui est bon pour lui, tout en échappant à la solidarité nationale.
La situation peut paraître triviale mais elle est grave : une extrême-droite moderne, riche et déterminée se structure à grande vitesse avec en toile de fond, un gouvernement Bayrou-Retailleau complice de ses idées. Périclès n’est pas un simple think tank : c’est une machine de guerre idéologique, un projet de société vertical, autoritaire et réactionnaire.
Face à cela, il convient de riposter sans attendre. Il faut alerter, dévoiler, documenter, mais aussi contre-attaquer. Le combat contre l’extrême-droite se joue sur tous les fronts : à l’école, dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans les urnes. Ce n’est pas seulement une question électorale : c’est une bataille culturelle, sociale et morale. Un enjeu de société total.
Par Kaïs
17.04.2025 à 10:52
snoel
Jean-Luc Mélenchon est en déplacement à Montréal depuis dimanche dernier en soutien « affectif et effectif » au Canada et à nos cousins québecois face aux menaces d’annexion de Donald Trump. Ce mercredi soir, il intervenait lors d’une conférence avec Ruba Ghazal, députée et membre fondatrice de Québec solidaire devant plus de 500 personnes venues l’écouter.
A cette occasion, Jean-Luc Mélenchon a adressé un message oral en anglais à Donald Trump en prenant fait et cause pour le Canada et le Québec. Il se rendra dès la semaine prochaine à New-York. Retrouvez son intervention en français et en anglais dans nos colonnes.
« Monsieur le Président, j’ai un message pour vous. Malheureusement vous ne parlez pas français. Je vous prie donc de m’excuser car je ne parle pas suffisamment bien l’anglais.
Il y a quelques semaines, vous avez reçu le Président français mais il a oublié quelque chose. Une chose qui compte pour nous tous, Français. C’est l’indépendance du Canada. C’est la liberté du peuple Québecois.
Vous avez dit que le Canada devait devenir un État des États-Unis.
Tous les dirigeants du Canada vous ont dit qu’ils refusaient cela. Ils ont dit « non ». Et « non » veut dire « non » en anglais comme en français. « Non ! »
Pourtant, vous avez insisté. Les gens ici n’acceptent pas cela, ni en France.
Nous, Français, soutenons le Canada et le Québec. Je peux vous dire que la plupart des Européens pensent la même chose. En ce moment, nous soutenons l’Ukraine envahie par la Russie. Nous soutiendrons également le Canada et le Québec s’ils étaient envahis. Et, bien sûr, les États-Unis d’Amérique. Heureusement, personne ne vous menace.
Je vous le dis franchement. Aucun dirigeant européen ne vous a dit la vérité. Ils ont peur de vous, monsieur le Président. Mais ne croyez pas que les Européens se désintéressent du Canada et du Québec. Vous auriez tort de le penser.
Président Trump, écoutez ceux qui défendent leurs idées, comme nous. Ne croyez pas ceux qui ont peur.
La semaine prochaine, je serai aux États-Unis. Si vous le souhaitez, je viendrais vous le dire en personne. Et tout le reste sur les sentiment des Européens.
Monsieur le Président, comme vous le savez, un peuple qui veut rester libre réussira toujours. Même s’il doit se battre avec des bâtons et des pierres.
Monsieur le Président, je vous remercie. Avec tout le respect que j’exprime au peuple des Etats-Unis dont vous êtes le Président démocratiquement élu. »
« Mr. President,
I have a message for you.
Unfortunately, you do not speak French. So, I must beg your pardon, I am not able to speak English well enough.
A few weeks ago, you received the French President. But he forgot something. Something that matters to all of us, French people. It is the independence of Canada. It’s the freedom of the Quebec people.
You said that Canada should become a state of the USA. All of Canada’s leaders told you they refuse this. They said “no.” And “no” means “no,” in English as in French. No ! Yet you insist. People here do not accept that, neither in France.
We, as French, support Canada and Québec. I can tell you : most Europeans feel the same. Right now, we are supporting Ukraine, which has been invaded by Russia.
We would also support Canada and Quebec if they were invaded. And, of course, the United States of America. Fortunately, no one menaces you.
I tell you this frankly. No European leader told you the truth. They are afraid of you, Mr. President. But do not think that Europeans would be indifferent about Canada and Québec. You would be wrong thinking so.
President Trump, listen to those who stand by their ideas, as us. Do not believe those who are fearful.
Next week, I will be in the USA. If you want, I will come and tell you this in person. And all the rest about the European’s feelings.
Mr. President, as you know, a people who wants to remain free will always succeed. Even if they must fight with sticks and stones.
Mr. President, I thank you. With all the respect I express to the people of the USA, of whom you are the democratically elected President. »
16.04.2025 à 16:22
Nadim Fevrier
Bardella. Une énième preuve de l’arnaque du RN a été rendue public hier. Jordan Bardella a annoncé renoncer au retour à l’âge légal de départ à la retraite à 62 ou 60 ans. De facto, cela revient à un alignement sur la retraite de 64 ans, défendue et passée en force par Emmanuel Macron. Un tel renoncement devrait faire la une des médias en continu de ce pays, non ? Ce mercredi 16 avril 2025, il fallait avoir dans ses mains le dernier numéro du Canard enchaîné pour en être informé.
Dans ses colonnes, l’hebdomadaire relate les confidences de Jordan Bardella, faites à un certain… Pierre Gattaz, ancien président du Medef. « On va devoir bouger sur les retraites et renoncer au retour à l’âge légal à 60 ou 62 ans », lui a déclaré le président du RN. Néanmoins, est-ce une surprise ? Pas vraiment, étant donné que le même Jordan Bardella, plaidait pour une retraite à 66 ans lors des législatives de 2024. « Qui peut encore faire confiance à ces gens ? Le RN est l’ennemi du peuple, de ses intérêts et de son unité », tance la députée LFI Clémence Guetté. Notre brève.
En assistant au « Grand Forum des libertés » pour « libérer le travail », organisé par Éric Ciotti et son parti, une information tomba entre les mains du Canard enchaîné. Sûrement Jordan Bardella aurait préféré qu’elle reste au stade des confidences : le parti lepéniste va renoncer au retour à l’âge légal à 60 ans ou 62 ans. Un murmure glissé à l’oreille de l’ancien chef du MEDEF, Pierre Gattaz. L’information n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, le patronat tirant à boulets rouges sur toute remise en cause de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron et regardant désormais le RN avec bien plus de tendresse.
Est-ce une surprise ? Pas vraiment. À l’approche des élections législatives, à mesure qu’il se rapprochait du pouvoir, le RN balança par-dessus bord le vernis social de son programme. Il se mit à plaider pour la retraite jusqu’à 66 ans ou encore pour l’abandon de la réduction de la TVA sur les produits de nécessité. À l’Assemblée nationale, le RN a même présenté une fausse proposition d’abrogation de la réforme des retraites. Nous vous le racontions dans nos colonnes en novembre 2024.
Pour aller plus loin : Marine Le Pen, son « clan des versaillais » et la grande bourgeoisie qui lui ouvre ses portes
Bref, tout pour rassurer les grands partons et la bourgeoisie française qui, dorénavant, lui ouvre ses portes. À noter que Jordan Bardella avance désormais comme candidat putatif du RN lors de la prochaine élection présidentielle. Si, au sein du parti d’extrême droite, il est trop tôt pour se faire à l’idée, la décision a été prise. Si la cour d’appel ne revient pas sur l’inéligibilité de Marine Le Pen, dans le cadre de sa condamnation pour détournement de fonds publics, cette dernière n’attendrait pas le verdict de la Cour de cassation. Elle passerait alors le relais à Jordan Bardella : un congrès serait organisé lors de la rentrée politique de 2024 pour acter la candidature de Bardella.
16.04.2025 à 16:05
Nadim Fevrier
L’Insoumission.fr publie un nouvel article de sa rubrique « Nos murs ont des oreilles – Arts et mouvement des idées ». Son but est de porter attention à la place de l’imaginaire et de son influence en politique avec l’idée que se relier aux artistes et aux intellectuels est un atout pour penser le présent et regarder le futur.
Le graphiste Dugudus publie une rétrospective de son œuvre aux éditions Le Temps des Cerises. 300 pages d’images en familiarité avec tous nos combats. « Politique de l’image » pour accompagner nos révoltes. Soulèvements, sourire, rage, surprises et poésie. Un concentré d’histoire sociale des quinze dernières années. On ne comprend toujours pas pourquoi mairies, théâtres et autres institutions délaissent les graphistes libres et indépendants pour des agences publicitaires ou de com.
Mais si Dugudus choisit les murs et la rue comme média, ce n’est pas par défaut. « Les murs imposent une relation directe et sans intermédiaire au peuple », dit-il en introduction. Ce livre prolonge cette relation. Notre article.
Culotté à 35 ans de publier ses œuvres complètes. Il y a pourtant matière. Les affiches de Dugudus sont dans les collections de nombreux musées. Du Mucem à Carnavalet, en passant par la BnF et le Musée de l’Homme. Mais pas seulement. Ses images ont intégré les collections particulières de ceux et celles qui l’ont croisé. Le peuple des manifestants, des révoltés, des activistes, des rebelles…
On peut voir ses stickers – édités souvent dans le cadre du collectif Formes des luttes, dont il est un acteur – sur le frigo, l’ordinateur ou sur la porte d’un ami. Sur le mur d’un autre est accrochée une affiche. Ou une sérigraphie. Sortie gratuite des ateliers de rue qu’il anime avec des militants qui l’entourent.
Il contribue ainsi à rendre présent l’art dans nos demeures. De la cité populaire jusqu’au bureau du député, en passant par le local syndical. Un acte populaire et politique. Pour le sens et le beau partout. Alors que la spéculation a enfermé beaucoup d’artistes dans les coffres-forts. Ou condamné d’autres au silence.
Pour aller plus loin : « La destruction de la culture accompagne l’offensive de l’extrême droite » – Un appel pour défendre un service public de la culture face à ceux qui le menacent
Dugudus a préempté la rue comme atelier et galerie. On le rencontre au cœur des manifestations. Du « Mariage pour tous » aux retraites. Souvent avec son atelier de sérigraphie mobile imaginé en Argentine. Il est au Rojava pour peindre une fresque sur les combattantes, à La Havane, en Tunisie pour le second anniversaire du Printemps arabe. Ou à Berlin et Paris. Place de la République, en meeting en 2017 et en 2022 avec Jean-Luc Mélenchon dont il a tiré le portrait… Partout où le peuple se rassemble pour faire valoir ses droits.
Il a un air rétro, mais que nous soupçonnons d’avenir. De la conception à la diffusion, il veut tout contrôler. Pour lui, les réseaux sociaux sont secondaires. Compte en premier lieu le réel. Support. Rue. Contact. Assemblée… C’est cela qui donne sa force à la circulation. Virtuelle ou non.
Dugudus est un graphiste d’indignation. Contre l’exploitation. Contre la catastrophe écologique. Contre toutes les discriminations. L’image, icône des révoltes et des espoirs. Et s’il n’y a pas de commanditaires, il auto-produit pour l’espace public. La rue n’est-elle pas à nous ? Même si la publicité la colonise. Les images des graphistes libres, leurs messages féministes, anticapitalistes, planétaires… sont les contrepoisons. Les coller, c’est déjà agir. Les regarder réveille l’espoir. Les voir à deux amorce un collectif.
Dugudus est aussi un graphiste de l’alternative. Avec les associations écologiques, humanitaires, antiracistes, l’économie sociale et solidaire… Raison aussi pour laquelle il travaille avec les forces de gauche qui le sollicitent. Du PCF à la France Insoumise. Et si on ne lui demande rien, il dessine et imprime son image. « Votez NUPES » ou « Nouveau Front Populaire » pour doublement participer aux campagnes. En citoyen-affichiste.
Dugudus trace sa source dans l’aventure de Grapus, le collectif de graphistes des années 70/80. Comme eux, il cherche un « graphisme d’utilité publique ». Comme eux, ses images politiques sont provocatrices. Comme eux, il veut changer la vie. Il aurait pu leur apporter son originalité.
Dugudus raconte aussi sa formation à l’école Estienne. Comme le photographe Robert Doisneau. Amour commun du peuple, de l’indépendance et de la simplicité, de la gravure et de la lithographie. Sorti de l’école des Gobelins, il file à 22 ans se former à l’école des affichistes de Cuba à La Havane. Une pépinière de talents qui cherche à inventer des formes émancipées des contraintes. Depuis l’interdiction de la publicité commerciale sur l’île en 1961 par Che Guevara, ministre de l’Industrie.
Peut-être la joie caribéenne de sa palette lui vient-elle un peu de l’île ? Beaucoup d’influences et de détours. Mais par son art du trait, par sa recherche de l’efficacité poétique et de l’humour, par sa douceur ferme, il remonte en ligne directe de Savignac, l’affichiste de Monsavon et du Frigeco.
Reconnaissable entre tous, Dugudus est Dugudus. Ses images font journal. C’est un graphiste d’actualité. Que le premier regard n’épuise pas. Malheureusement, le temps des injustices allonge l’utilité politique de ses images. Mais son dessin aussi ne s’use pas. Par son trait et le lexique des mots-images nouveaux pour dire notre présent. Toujours humain, même quand il tape dur. Pour permettre notre identification.
On se rappelle la ridiculisation de nos adversaires avec le « Cochon de la Loi Travail », « Macron démission » sous les jupes de Margaret Thatcher, Trump étouffant George Floyd, son « Macron-dissolution ». Ou le retournement dans notre camp de symboles du capitalisme avec le Père Noël, Coca-Cola ou la Vache qui rit...
Mais Dugudus est avant tout un graphiste positif, illustrant la force du nombre. Seuls ou en masse. Les salariés en lutte. Les premières et secondes lignes du Covid, les générations dans la rue contre les réformes des retraites… Dignes héritiers d’autres figures mémorielles célébrées comme les résistants ou les communards. Célèbres, inconnus et même fictifs.
Le livre « Politique de l’image / Affiches et créations graphiques de Dugudus » est un concentré d’humanité bien bénéfique ces jours-ci. À acheter en librairie ou dans la boutique en ligne de Dugudus et se faire dédicacer dans la manifestation du 1er mai.
Par Laurent Klajnbaum
16.04.2025 à 14:36
Ulysse Kummer
La ministre de l’Agriculture Annie Genevard vient de signer une nouvelle preuve du racisme systémique de ce gouvernement. Son cabinet a exigé de remplacer le couscous – pourtant 2ème plat préféré des Français – par du cassoulet, et un acteur métis par un « caucasien » dans la campagne publicitaire de l’Agence Bio.
Ces directives racistes, assumées sans complexe par mail, révèlent la vision ethniciste de l’exécutif : en France, seuls les blancs sont dignes d’être montré à la télévision. L’Agence bio a dû obtempérer pour le menu, mais a conservé la diversité des acteurs. Une source dénonce des « injonctions étatiques racistes assumées ».
Derrière cette polémique se cache aussi une bataille budgétaire, alors que le gouvernement tergiverse sur le financement de la campagne. Le gouvernement tente de démanteler l’Agence Bio, comme il sabote l’ensemble des services publics.
Cette affaire est symptomatique du macronisme : une idéologie dont la feuille de route est claire : détruire toutes les entraves aux profits des milliardaires. Cela passe par le poison du racisme pour diviser le peuple, et la casse méthodique des services publics.
Par Ulysse
16.04.2025 à 10:55
Nadim Fevrier
1er mai. L’insoumission.fr et Informations Ouvrières s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours aux quatre coins du pays. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et d’Informations ouvrières.
Vendredi 4 avril à la Cayolle, quartier ouvrier et populaire isolé à l’extrême sud de Marseille, à l’issue d’un vaste porte-à-porte, une centaine d’habitants se sont rassemblés avec les militants insoumis et les députés Sébastien Delogu et Manuel Bompard. C’est un pas en avant dans une zone de Marseille où la France Insoumise a eu de bons résultats électoraux dans quelques quartiers populaires isolés, mais où elle n’était pas présente de manière organisée. C’est le fruit d’un patient travail des militants des deux groupes d’action locaux les plus proches.
Au printemps 2024, lors des européennes, le seul groupe d’action insoumis actif dans le sud de Marseille avait déjà organisé un porte-à-porte géant dans le quartier voisin de la Soude, qui avait donné naissance à un premier nouveau petit groupe d’action. Notre brève.
Encore plus au sud, à la Cayolle, depuis janvier 2025, cinq porte-à-porte préparatoires ont été organisés avec à chaque fois deux équipes de deux militants des GA les plus proches, dont le nouveau GA de la Soude. Quatre cents affichettes annonçant la venue des députés insoumis Sébastien Delogu et Manuel Bompard ont ensuite été posées dans les dix derniers jours.
Le 4 avril, plus de vingt insoumis de tout Marseille sont venus aider pour réaliser un grand porte-à-porte avec les députés. Plan du quartier et des montées d’immeubles en main, ils ont, pendant une bonne heure, discuté avec les habitants pendant qu’une voiture sono rappelait dans toute la Cayolle le lieu de la rencontre publique prévue ensuite avec les députés.
Pour aller plus loin : « Contre l’extrême droite, agir maintenant ! » – L’appel de Jean-Luc Mélenchon
Comme le dit le journal La Provence, c’est finalement un véritable « meeting de rue » qui a suivi ce porte-à-porte. Après le mot de bienvenue d’une nouvelle militante LFI habitante de la Cayolle, les députés insoumis sont intervenus contre l’abandon que subissent les habitants du quartier, contre l’austérité et les budgets de guerre, contre le racisme et le fascisme nourris par le Gouvernement et ses alliés d’extrême droite.
Manuel Bompard a appelé à participer aux manifestations les dimanches Porte d’Aix contre le génocide en Palestine. Il a aussi lancé un appel pressant à la mobilisation pour un 1er mai massif, contre la guerre sociale, pour la paix, la retraite à 60 ans et la 6ᵉ République.
À l’issue du porte-à-porte et du rassemblement, 125 habitants du quartier ont demandé et reçoivent régulièrement des informations sur les actions des insoumis à la Cayolle et à Marseille. Cinq jours après la venue des députés, une réunion s’est tenue à la Cayolle avec douze personnes dont neuf nouvelles et nouveaux militants du quartier, pour constituer un groupe d’action local et préparer la manifestation du 1er mai.
Un co-voiturage depuis la Cayolle pour la manifestation du 1er mai au centre-ville de Marseille a été décidé, préparé auprès des amis et voisins avec une fiche d’inscription. Quatre porte-à-porte pour inscrire et une réunion de fabrication de pancartes et banderole ont aussi été prévus, pour organiser une participation la plus importante possible des habitants du quartier au cortège LFI du 1er mai.