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23.07.2025 à 13:12

Comment analyser les évolutions de la politique étrangère indienne dans la crise avec le Pakistan à propos du Cachemire ?

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Le 10 mai dernier, le cessez-le-feu entre l’Inde et le Pakistan a été considéré comme une « détente » entre les deux pays. Celui-ci venait mettre un terme à plusieurs jours d’affrontements militaires déclenchés par l’Inde, dans le cadre de l’opération Sindoor. Il faut effectivement se féliciter que les armes se soient tues, car trop de civils ont perdu la vie de part et d’autre de la frontière lors des frappes menées par New Delhi et Islamabad. Cependant, cet apaisement est en réalité un trompe-l’œil : aucun motif de tension n’a été désamorcé. Au contraire, des éléments inédits de cet affrontement indo-pakistanais font que les motifs d’une prochaine confrontation régionale perdurent, voire se sont accentués. Tout d’abord, et à rebours de la chronologie, l’annonce, par Donald Trump, de l’arrêt des hostilités a été vécue comme un affront en Inde. Si, depuis 1948, Islamabad s’est efforcé d’internationaliser le conflit, en revanche New Delhi a plutôt tendu à considérer qu’il relevait d’un différend bilatéral, voire d’un enjeu national. Dans les faits, les puissances tierces activaient les canaux diplomatiques pour influencer l’un ou l’autre, mais cela était peu rendu public afin de ne pas mettre en difficulté les gouvernements respectifs. Cristallisé autour de la zone du Cachemire, le contentieux entre les deux pays est consubstantiel à la création des deux États indépendants. Par conséquent, quel que soit les gouvernements en place, il est perçu comme relevant de l’intégrité territoriale nationale : le rejet de l’autre nourrit la construction nationale. Depuis 2014, il se double, en Inde, d’une dimension xénophobe et d’une haine du musulman avec l’arrivée au pouvoir du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien). À cela s’ajoute le fait que, pour la première fois, un chef d’État étranger qui annonce le cessez-le-feu et s’en arroge la paternité, est perçu comme une ingérence humiliante dans les […]

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Texte intégral (1595 mots)

Le 10 mai dernier, le cessez-le-feu entre l’Inde et le Pakistan a été considéré comme une « détente » entre les deux pays. Celui-ci venait mettre un terme à plusieurs jours d’affrontements militaires déclenchés par l’Inde, dans le cadre de l’opération Sindoor. Il faut effectivement se féliciter que les armes se soient tues, car trop de civils ont perdu la vie de part et d’autre de la frontière lors des frappes menées par New Delhi et Islamabad. Cependant, cet apaisement est en réalité un trompe-l’œil : aucun motif de tension n’a été désamorcé. Au contraire, des éléments inédits de cet affrontement indo-pakistanais font que les motifs d’une prochaine confrontation régionale perdurent, voire se sont accentués.

Tout d’abord, et à rebours de la chronologie, l’annonce, par Donald Trump, de l’arrêt des hostilités a été vécue comme un affront en Inde. Si, depuis 1948, Islamabad s’est efforcé d’internationaliser le conflit, en revanche New Delhi a plutôt tendu à considérer qu’il relevait d’un différend bilatéral, voire d’un enjeu national. Dans les faits, les puissances tierces activaient les canaux diplomatiques pour influencer l’un ou l’autre, mais cela était peu rendu public afin de ne pas mettre en difficulté les gouvernements respectifs. Cristallisé autour de la zone du Cachemire, le contentieux entre les deux pays est consubstantiel à la création des deux États indépendants. Par conséquent, quel que soit les gouvernements en place, il est perçu comme relevant de l’intégrité territoriale nationale : le rejet de l’autre nourrit la construction nationale. Depuis 2014, il se double, en Inde, d’une dimension xénophobe et d’une haine du musulman avec l’arrivée au pouvoir du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien). À cela s’ajoute le fait que, pour la première fois, un chef d’État étranger qui annonce le cessez-le-feu et s’en arroge la paternité, est perçu comme une ingérence humiliante dans les affaires nationales indiennes. Elle s’inscrit dans un contexte déjà compliqué pour Narendra Modi : en février, il s’était invité à Washington dans l’espoir de renégocier les tarifs douaniers, sachant que depuis son arrivée au pouvoir le Premier ministre vante la souveraineté retrouvée de l’Inde. Reçu sans honneurs et revenu sans résultats, cette visite avait été qualifiée de camouflet par sa base électorale. À présent chauffée à blanc par dix ans de discours souverainistes, elle appelle à la revanche contre le Pakistan, et instrumentalise cet incident pour cibler les Indiens de confession musulmane, au premier rang desquels les Cachemiris.

De fait, une autre dimension inédite du récent conflit s’inscrit dans le temps moyen indien : il s’agit de la politique d’hindouisation de la société et de l’État au cœur du projet de Narendra Modi. Elle concerne l’ensemble des Indiens de confession musulmane. Toutefois, au Cachemire, territoire où la population est majoritairement musulmane, elle y est logiquement plus marquée. En 1950, le statut spécial du Cachemire entérinait son identité distincte : seuls les sept millions de Cachemiris pouvaient accéder au foncier afin de préserver l’équilibre démographique et favoriser le développement autochtone de ce territoire riche en minerais et en hydroélectricité, ainsi que haut-lieu du tourisme national. Le non-respect de cette disposition avait entrainé une insurrection en 1989 à laquelle l’État avait répondu par l’instauration d’une loi militaire draconienne en 1990. Encore en vigueur à ce jour, elle est à l’origine de toutes les mobilisations populaires, violentes ou non, en cours dans la vallée depuis 35 ans. New Delhi les réprime systématiquement avec force. À cette gestion historiquement fondée sur l’exploitation économique et la sécurité, Narendra Modi ajoute une dimension identitaire. En 2019, le statut spécial est supprimé dans le but proclamé de ramener la « sécurité » et la « normalité » dans la vallée. Aux yeux des Cachemiris il s’agit en réalité d’une part, de transformer la démographie régionale afin d’en invisibiliser la composante musulmane, et d’autre part, de les priver de ressources économiques. Cette décision constitue donc une menace sur leur existence même, d’autant qu’elle s’accompagne effectivement d’un appel des autorités au tourisme, notamment sur les sites religieux hindous, et à l’installation sur place pour y développer des activités. Depuis six ans, près de 85 000 Indiens se sont ainsi établis au Cachemire et y ont acheté des terres. S’y ajoutent 3,5 millions de touristes en 2024, soit l’équivalent de la moitié de la population résidente. C’est dans ce contexte que se tient l’attentat du 22 avril : c’est le cœur du sujet. Mais cette dimension a été immédiatement occultée par Narendra Modi en accusant le Pakistan de « terrorisme ». Cet argument a permis de boucler la vallée et, encore une fois, de mater la population : destructions illégales de maisons, arrestations massives, fermeture de journaux. Idem dans le reste de l’Inde où les rares voix soutenant les Cachemiris ont été criminalisées. Aucune solution n’a donc été apportée aux Cachemiris. Instrumentalisés ou non par le Pakistan, les facteurs de rejet d’un État indien perçu comme colonisateur, ferment de la violence locale, restent plus vifs que jamais.

Enfin, la manière même dont New Delhi a mené ce conflit témoigne du dévoiement du droit international au profit de la seule force. Sans n’avoir jamais étayé son implication dans l’attentat, l’Inde a immédiatement accusé le Pakistan d’en être l’instigateur et y a mené, la première, des frappes. Narendra Modi a également suspendu – illégalement – le Traité des eaux de l’Indus (IWT) qui, signé en 1960, répartit celles-ci entre les deux pays et avait été maintenu lors des guerres précédentes. À ce jour, le traité demeure « suspendu » par l’Inde, en dehors de tout cadre légal puisque l’IWT ne comprend pas de mécanismes de suspension. L’Inde met ainsi en danger des millions de civils en préemptant une ressource vitale dans le cadre d’un affrontement militaire, ce qui semble aller à rebours du droit international humanitaire. Surtout, cet acte induit un précédent dangereux dans une région où 30 à 40 % de l’humanité dépend des fleuves prenant naissance sur le plateau tibétain, mais qui est très marquée par le dérèglement climatique. Chine et Inde tentent donc d’accaparer l’eau. À l’instar de la méthode Trump, l’escalade militaire de New Delhi peut être vue comme la poursuite du commerce par d’autres moyens puisque l’Inde et le Pakistan sont en conflit à ce sujet, la première cherchant à renégocier l’IWT à son avantage depuis plusieurs années.

Les trois points ci-dessus illustrent dès lors une rupture notable : l’État revendiquant d’être la seule démocratie de la région, et admis comme telle par les gouvernements occidentaux, a été la puissance agressive et violant le droit international. À l’aune de la politique nationale menée par Narendra Modi depuis 2014, un tel recours à la force n’est guère surprenant. Les atteintes portées à l’état de droit et aux libertés fondamentales se multiplient et sont rapportées par des observateurs indépendants comme les Nations unies ou Human Rights Watch. L’institut suédois V-Dem estime même que l’Inde n’est plus une démocratie, mais une « autocratie électorale ». On peut donc analyser la récente attitude indienne vis-à-vis de son voisin comme l’exportation à présent, dans le champ diplomatique, de l’autoritarisme et de la xénophobie qui caractérisent la politique hindouiste de Narendra Modi et de son gouvernement. Malgré ces faits, la dichotomie prévalant chez la plupart des dirigeants occidentaux et consistant à classer et figer les États selon la nature de leur régime, autoritaire versus démocratique, sans attention portée aux processus longs permettant de passer d’un système à l’autre, semble avoir obéré la possibilité de critique à l’égard de l’attitude belliciste de New Delhi. Pourtant les parties prenantes sont deux puissances dotées de l’arme nucléaire : leurs crispations concernent donc a minima la sécurité régionale, voire mondiale.

Que l’Inde soit à l’origine de l’escalade militaire est dès lors particulièrement marquant, d’autant que cela s’inscrit dans une dynamique plus générale de remise en question du système international régi par le droit et issu de l’Après-guerre, y compris de la part d’États censés en être garants. Le constat du ministre des Affaires étrangères,  Subrahmanyam Jaishankar, est à cet égard sans appel : « nous ne nous laisserons pas dicter notre comportement par des règles que l’Occident lui-même ne respecte pas quand ses propres intérêts sont en jeu ».

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23.07.2025 à 11:14

Histoire de la mafia : Au-delà des préjugés

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L’histoire de la mafia ne peut dans bien des cas n’être autre qu’une histoire de l’antimafia, celle-ci permettant de définir par défaut la mafia. L’ouvrage de Jean-Yves Frétigné n’échappe pas à cette difficulté et son histoire de la mafia est aussi l’histoire du préfet César Mori pendant le fascisme, du préfet Dalla Chiesa pendant les cent jours à Palerme qui précéderont son assassinat, des collectifs antimafia issus de la société civile ou encore celle de la construction complexe et progressive de la législation antimafia.L’originalité de l’ouvrage réside dans son sous-titre. L’auteur ne veut pas se livrer à un simple narratif chronologique. Il souhaite aller « au-delà des préjugés », déconstruire des idées reçues sur Cosa nostra. Dans cette note de lecture, Clotilde Champeyrache, maître de conférences au Conservatoire National des Arts et Métiers, membre du conseil d’orientation scientifique de l’Observatoire des criminalités internationales (ObsCi), nous offre une analyse de l’ouvrage Histoire de la mafia : Au-delà des préjugés de Jean-Yves Frétigné

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L’histoire de la mafia ne peut dans bien des cas n’être autre qu’une histoire de l’antimafia, celle-ci permettant de définir par défaut la mafia. L’ouvrage de Jean-Yves Frétigné n’échappe pas à cette difficulté et son histoire de la mafia est aussi l’histoire du préfet César Mori pendant le fascisme, du préfet Dalla Chiesa pendant les cent jours à Palerme qui précéderont son assassinat, des collectifs antimafia issus de la société civile ou encore celle de la construction complexe et progressive de la législation antimafia.
L’originalité de l’ouvrage réside dans son sous-titre. L’auteur ne veut pas se livrer à un simple narratif chronologique. Il souhaite aller « au-delà des préjugés », déconstruire des idées reçues sur Cosa nostra.

Dans cette note de lecture, Clotilde Champeyrache, maître de conférences au Conservatoire National des Arts et Métiers, membre du conseil d’orientation scientifique de l’Observatoire des criminalités internationales (ObsCi), nous offre une analyse de l’ouvrage Histoire de la mafia : Au-delà des préjugés de Jean-Yves Frétigné

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22.07.2025 à 14:35

L’été indopacifique français : une actualisation de la stratégie indopacifique et un projet « d’État de la Nouvelle-Calédonie »

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Le 12 juillet 2025, contre toute attente et après dix jours d’intenses discussions, les représentants indépendantistes et non-indépendantistes de Nouvelle-Calédonie réunis à Bougival, dans les Yvelines, ont accepté de s’engager en faveur de la création d’un « État de la Nouvelle-Calédonie ». Cet État sui generis et le statut pérenne proposé aux citoyens calédoniens ouvrent des perspectives au territoire et à ses proches voisins australiens et mélanésiens, inquiets devant le climat de tensions persistantes dans lequel semblaits’enfoncer l’archipel au fil du temps. D’aucuns espèrent que l’important volet économique que contient le projet d’accord permettra d’arrêter son lent délitement, alors que beaucoup reste à reconstruire après les émeutes de mai 2024. Si, comme s’est plu à le répéter Emmanuel Macron, la « France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie », force est de constater que l’Indo-Pacifique français serait fortement amoindri sans l’archipel océanien et que la stratégie éponyme portée par le chef de l’État pour la région en subirait le contrecoup. Dans l’immédiat, les discussions apaisées autour de la création possible de ce « nouvel État » ont permis au gouvernement de publier la mise à jour de sa stratégie Indo-Pacifique promise depuis de longs mois. La large place qui y est consacrée aux sept territoires ultramarins français, et qui répare l’oubli des premiers textes, aurait pâti d’une situation de tensions trop vives en Nouvelle-Calédonie, même si rien n’est encore réglé. Les efforts du gouvernement français en direction de l’archipel et son investissement notable lui assurent une relative marge de manœuvre tout en rassurant sur la crédibilité de l’engagement de la France dans la région.

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Le 12 juillet 2025, contre toute attente et après dix jours d’intenses discussions, les représentants indépendantistes et non-indépendantistes de Nouvelle-Calédonie réunis à Bougival, dans les Yvelines, ont accepté de s’engager en faveur de la création d’un « État de la Nouvelle-Calédonie ». Cet État sui generis et le statut pérenne proposé aux citoyens calédoniens ouvrent des perspectives au territoire et à ses proches voisins australiens et mélanésiens, inquiets devant le climat de tensions persistantes dans lequel semblait
s’enfoncer l’archipel au fil du temps. D’aucuns espèrent que l’important volet économique que contient le projet d’accord permettra d’arrêter son lent délitement, alors que beaucoup reste à reconstruire après les émeutes de mai 2024. Si, comme s’est plu à le répéter Emmanuel Macron, la « France serait moins belle sans la Nouvelle-Calédonie », force est de constater que l’Indo-Pacifique français serait fortement amoindri sans l’archipel océanien et que la stratégie éponyme portée par le chef de l’État pour la région en subirait le contrecoup. Dans l’immédiat, les discussions apaisées autour de la création possible de ce « nouvel État » ont permis au gouvernement de publier la mise à jour de sa stratégie Indo-Pacifique promise depuis de longs mois. La large place qui y est consacrée aux sept territoires ultramarins français, et qui répare l’oubli des premiers textes, aurait pâti d’une situation de tensions trop vives en Nouvelle-Calédonie, même si rien n’est encore réglé. Les efforts du gouvernement français en direction de l’archipel et son investissement notable lui assurent une relative marge de manœuvre tout en rassurant sur la crédibilité de l’engagement de la France dans la région.

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