07.03.2025 à 10:32
Dans la grande bataille pour l'hégémonie culturelle, il ne suffit pas de dénoncer les idées et les valeurs de l'extrême droite, il faut aussi faire valoir les nôtres. Alors on le répète : vive l'immigration ! Et vive les étrangers, vive les brûleuses de frontières et les passe-murailles... Vive l'immigration ! Oui, vous avez bien lu. Par les temps bruns qui courent, ce qui devrait être un fondamental pour toute personne vaguement de gauche, paraît presque comme un énoncé blasphématoire. Ça (…)
- CQFD n°239 (mars 2025) / Le dossier, Histoires de saute-frontièresDans la grande bataille pour l'hégémonie culturelle, il ne suffit pas de dénoncer les idées et les valeurs de l'extrême droite, il faut aussi faire valoir les nôtres. Alors on le répète : vive l'immigration ! Et vive les étrangers, vive les brûleuses de frontières et les passe-murailles... Vive l'immigration ! Oui, vous avez bien lu. Par les temps bruns qui courent, ce qui devrait être un fondamental pour toute personne vaguement de gauche, paraît presque comme un énoncé blasphématoire. Ça ne se dit pas. Alors on le répète, pour enfoncer le gnou : vive l'immigration ! Et puis vive les étrangers, vive les brûleuses de frontières et les passe-murailles ! D'où qu'ils viennent, de l'Afghanistan à l'Algérie en passant par les Comores ou l'Ukraine, les exilé·es sont les bienvenu·es. Punto. « Chez nous », c'est chez eux. Rappel : on parle d'êtres humains. La voilà leur légitimité à vivre dans ce pays. Ça n'est pas plus compliqué que ça. Et pourtant toute la journée, ça dégueule… les Bayrou (« submersion » migratoire), les Retailleau (« Ce sont des musulmans, ils sont noirs »), les Darmanin, les Ciotti, les Le Pen et compagnie. Jour après jour, ils vont plus loin dans le racisme, la xénophobie et la haine pure, désormais enhardis par les dingueries étatsuniennes de Donald Trump. Une course sans fin vers l'abîme : chaque fois qu'on jette un œil à l'actualité, on subit le triomphe de ce discours nauséabond. Un pur cauchemar. Qui nous plombe. Alors, pour ce numéro de CQFD, on s'est dit : basta ! Safi ! Pour une fois, on va arrêter de répertorier les outrances fascistes du camp d'en face, pour faire de la place à des contre-discours, positifs et offensifs. On en est persuadé·es : dans la grande bataille pour l'hégémonie culturelle, il ne suffit pas de dénoncer les idées et les valeurs de l'extrême droite, il faut aussi faire valoir les nôtres. Les groupes humains ont toujours été traversés de cultures diverses. Nier les mélanges, bloquer les mouvements, c'est s'enfermer dans une lecture de l'histoire à la bêtise consternante. C'est pourquoi, ce mois-ci, nous donnons la parole à des femmes et des hommes qui croient encore à l'humanité et à l'égalité, sans discriminations basées sur la nationalité, l'origine supposée ou la religion. Nous avons voulu relayer des propos qui fassent du bien. À nous, qui écrivons dans ce canard. À vous, lecteurs et lectrices. Et à toutes les cibles des attaques réactionnaires et racistes. *** Attention : on ne dit pas « Vive l'immigration » comme le ferait un patron véreux, se frottant les mains à l'idée de disposer d'une main-d'œuvre contrainte à la clandestinité et donc exploitable à merci. On dit « Vive l'immigration » avec la conscience de la dureté des parcours migratoires causée par la fermeture des frontières – et en sachant bien que parmi les immigrant·es, beaucoup auraient préféré rester auprès de leurs proches dans leur pays natal, s'il n'y avait pas eu la misère, la guerre et d'autres calamités, dans lesquelles l'Occident a souvent sa (grosse) part de responsabilité. Alors on le répète : vive la liberté de circulation et tout ce qui permet de l'exercer ; vive les mariages « blancs » et les mariages d'amour1, vive le regroupement familial, vive le droit du sol, vive la liberté de se vêtir comme on l'entend, en classe comme au club de sport2. Naïf ? Trop évident ? Peut-être un chouïa. Et pourtant, dans l'écosystème médiatique français de l'an 2025, on ne lit ça nulle part. Alors ça nous fait plaisir d'imaginer que dans les magasins Relay des gares SNCF, les voyageurs et voyageuses pourront peut-être apercevoir ce message quelque part entre les vomis du Point et de Valeurs actuelles. Qui sait ? La « une » de ce numéro vaudra peut-être à la rédaction de CQFD de figurer dans le prochain hors-série de Frontières, abominable magazine d'extrême droite qui vient de livrer à la vindicte de ses lecteur·ices une liste des « coupables de l'invasion migratoire ». Dans le lot, des noms d'avocat·es en droit des étrangers qui se retrouvent accusé·es d'utiliser le droit pour « faire plier la France »3. À ces avocat·es-là, on dit plutôt merci pour leur boulot. Et à tou·tes les militant·es de France et d'ailleurs qui se battent pour la liberté de circulation : respect. Vive les migrations, nique les frontières – et nique le magazine Frontières. • Vive l'immigration ! – Dans la grande bataille pour l'hégémonie culturelle, il ne suffit pas de dénoncer les idées et les valeurs de l'extrême droite, il faut aussi faire valoir les nôtres. Alors on le répète : vive l'immigration ! Et vive les étrangers, vive les brûleuses de frontières et les passe-murailles... • Au Pays basque, « la frontière n'existe pas » – Face aux contrôles frontaliers discriminatoires qui poussent les exilé·es à se mettre en danger, les luttes pour la liberté de circulation au Pays basque assument une opposition frontale à l'État. En toile de fond, des convictions indépendantistes qui ne reconnaissent aucune légitimité à la frontière franco-espagnole. Reportage. • « Je ne suis pas un rocher planté quelque part » – Dans son film La Langue du feu, Tarek Sami raconte l'exil d'un point de vue intime. Parmi les visages éclairés dans la nuit d'un monde qui ne tourne pas rond, il y a celui de Noureddine, son frère, parti vivre en Afrique du Sud. Entretien croisé autour de la nécessité du mouvement, loin des murs érigés par l'Occident. • « La liberté de circulation est un impératif d'égalité » – À l'heure où la droite repart à l'assaut du droit du sol, il est urgent de rappeler que les droits de chacun·e ne devraient pas être corrélés à la nationalité. On en parle avec deux juristes du Gisti, le Groupe d'information et de soutien des immigré·es. • Face à la submersion raciste, rangeons les calculettes ! – Pour réfuter le fantasme de « submersion » migratoire de François Bayrou, un argument a été très largement mobilisé chez ses détracteurs : le Premier ministre ment, la part de migrants dans la population française reste faible. Un positionnement stérile qui enferme les questions de migration sur le seul terrain du contrôle et de la régulation. • Mineurs non accompagnés : l'avenir se projette à Marseille – En France, les mineurs non accompagnés (MNA) sont censés avoir les mêmes droits que les enfants de nationalité française. Le non-respect du devoir de protection de la part des institutions (logement, scolarité) les pousse à créer leurs propres espaces de socialisation et de solidarité pour imaginer un avenir viable. Rencontre avec quelques MNA marseillais, qui comme tous les mômes débordent d'aspirations pour crever l'horizon. • « Le régime colonial est un régime de contrôle des déplacements » Dans les discours politico-médiatiques dominants, le passé colonial et impérialiste de la France est soit glorifié soit relégué aux oubliettes… Pourtant, le traitement de la question migratoire lui est profondément lié. 1 Le 20 février, le Sénat, avec l'appui du gouvernement, a voté une loi visant à interdire les mariages entre des Français et des personnes en situation irrégulière. 2 Le 18 février, le Sénat a voté une loi interdisant le port du voile dans les compétitions sportives, avec l'appui du gouvernement. 3 Lire notamment « Fichés par un journal d'extrême droite, des avocats en droit des étrangers menacés de mort », Mediapart (05/02/2025). Texte intégral 1749 mots
Au sommaire du dossier « Vive l'immigration ! »
07.03.2025 à 10:32
Au Pays basque, « la frontière n'existe pas »
Face aux contrôles frontaliers discriminatoires qui poussent les exilé·es à se mettre en danger, les luttes pour la liberté de circulation au Pays basque assument une opposition frontale à l'État. En toile de fond, des convictions indépendantistes qui ne reconnaissent aucune légitimité à la frontière franco-espagnole. Reportage. Elle n'a pas l'air bien méchante, quand on la regarde comme ça, la Bidassoa. Mais les flots du fleuve frontalier, soumis aux marées de l'Atlantique, sont piégeux. (…)
- CQFD n°239 (mars 2025) / Le dossier, Histoires de saute-frontières, Clair RivièreFace aux contrôles frontaliers discriminatoires qui poussent les exilé·es à se mettre en danger, les luttes pour la liberté de circulation au Pays basque assument une opposition frontale à l'État. En toile de fond, des convictions indépendantistes qui ne reconnaissent aucune légitimité à la frontière franco-espagnole. Reportage. Elle n'a pas l'air bien méchante, quand on la regarde comme ça, la Bidassoa. Mais les flots du fleuve frontalier, soumis aux marées de l'Atlantique, sont piégeux. Le 12 mars 2022, Ibrahima Samba Diallo s'y est noyé. Son corps a passé 18 jours sous l'eau avant d'être retrouvé. « Ce n'est pas la Bidassoa qui a tué Samba, mais les contrôles policiers », dénonce l'activiste Devi Martinez, qui a organisé le rapatriement de sa dépouille au Sénégal. Ibrahima Samba Diallo avait 24 ans. Après un long voyage, le jeune Sénégalais avait réussi à atteindre l'Espagne. Mais son but, c'était d'aller en France. Restait donc un dernier obstacle à franchir : la Bidassoa, qui sépare le Pays basque Sud (Espagne) du Pays basque Nord (France). N'importe quelle personne blanche aurait pu passer tranquillement par les ponts, mais pour les voyageurs noirs de peau, c'était impossible. Ces dernières années, les contrôles au faciès sont quotidiens à la frontière. En cet hiver 2022, ils étaient même systématiques, de jour comme de nuit. Alors, avec deux compagnons de route, Ibrahima Samba Diallo a tenté de traverser la rivière. Il y est resté. Au total, neuf personnes sont mortes à la frontière basque depuis 2021. Trois Algériens ont été percutés par un train. Un Érythréen s'est suicidé au bord du fleuve. Cinq autres jeunes Africains se sont noyés dans la Bidassoa, dont Ibrahima Samba Diallo. À l'échelle de l'histoire, ces drames n'ont rien d'inédit : dans les années 1960, c'était des « clandestins portugais » (comme les qualifiait à l'époque le quotidien Sud-Ouest) qui mourraient dans le fleuve frontalier. Mais la mémoire de ces noyades s'est estompée. Alors, « quand il y a eu les premiers morts, en 2021, ça a beaucoup choqué ici », se remémore Lutxi Bortayrou, de l'association Diakité, qui participe à l'accueil des exilé·es en transit à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). « C'est pas les migrants qui doivent mourir, ce sont les frontières qui doivent s'ouvrir », clament les manifestant·es. Ce dimanche 26 janvier, sur le pont Santiago, qui relie Irún (Espagne) à Hendaye (France) au-dessus de la Bidassoa, les slogans fusent en français et en espagnol, mais surtout en basque : « Euskal Herria harrera herria » ; « Muga guztiak apurtu ». En VF ? « Le Pays basque est un pays d'accueil » et il faut « briser toutes les frontières ». L'objet de la manifestation : soutenir sept militant·es poursuivi·es par la justice française pour « aide à l'entrée » sur le territoire d'étrangers en situation irrégulière. Puisque ce délit aurait été commis en bande organisée, les prévenu·es risquent dix ans de prison. L'affaire remonte au 14 mars 2024. Ce jour-là, 36 personnes migrantes saisissent l'occasion d'une course pédestre transfrontalière pour pénétrer en France au milieu de la foule. Vêtu·es des mêmes chasubles que les autres participant·es à la Korrika, un événement sportif pour la promotion de la langue basque, les exilé·es parviennent à traverser le pont Santiago sans se faire contrôler par la police. Côté français, des militant·es les attendent pour les conduire en voiture jusqu'au centre d'accueil temporaire Pausa, à Bayonne. Quelques jours plus tard, une vingtaine d'associations, de syndicats et de partis politiques de gauche convoquent une conférence de presse. Ils assument publiquement d'avoir « accompagné sur le pont Santiago » les 36 exilé·es qui avaient choisi de passer la frontière : « Par cet acte de désobéissance civile, nous avons garanti à ces personnes une arrivée sécurisée jusqu'à Bayonne. » Six mois après, le 2 octobre 2024, sept militant·es ayant participé à l'action sont placé·es en garde à vue puis convoqué·es au tribunal. Prévu le 28 janvier, leur procès a finalement été reporté au 7 octobre prochain. En soutien, plus de 3 500 personnes et 80 organisations ont signé un acte symbolique d'auto-inculpation par lequel elles assument avoir elles-mêmes « participé à cette solidarité entre Irún et Bayonne pour accompagner » les exilé·es. Cette campagne de contre-offensive politico-médiatique est intitulée « J'accuse », en référence à la formule d'Émile Zola pendant l'affaire Dreyfus. Il s'agit de retourner la culpabilité à l'encontre de la France et de l'Europe forteresse : « Nous vous accusons de ne pas respecter les droits fondamentaux des migrants. D'être les responsables de tous ces morts en mer. De construire des murs et pas des ponts », résume Amaia Fontang, porte-parole de la fédération pour l'accueil des migrant·es Etorkinekin Diakité. Parmi les sept prévenu·es, il y a Eñaut Aramendi. Militant abertzale (pour l'émancipation du peuple basque), ce syndicaliste attend le procès avec la sérénité de ceux qui savent pour quoi ils se battent : « Pour nous, la frontière n'existe pas. Ici, personne ne la voit. Quand on était gosses, oui, il y avait des contrôles aux frontières. Puis ça a disparu. Mais ces dernières années, ces contrôles sont revenus. C'est comme si on avait reculé de vingt ans, sauf que ça ne change pas grand-chose pour les Blancs. Si on est blanc, on passe. Mais si on est noir, on a de fortes chances de subir un contrôle. On a remis les frontières, mais que pour les Noirs. » Permanent du syndicat LAB (Commissions ouvrières abertzale), Eñaut Aramendi va plus loin : « Si demain, la justice dit que j'ai convoyé 50 personnes en conduisant un bus d'Irún à Hendaye, je répondrai : “Oui, j'ai transporté 50 personnes d'Irún à Hendaye. Mais à quel moment j'ai passé une frontière ?” Ça, c'est mon point de vue de militant indépendantiste : la frontière imposée par l'État français et l'État espagnol, je ne la reconnais pas. Donc, me dire que j'ai commis un délit en passant une frontière qui n'existe pas, d'un point de vue politique, ce n'est pas acceptable pour moi. » Mais l'activiste précise : « La campagne “J'accuse” n'a pas été créée autour de ça, parce qu'on n'est pas forcément tous d'accord sur cette vision-là. Mais ce qui nous rassemble, que l'on soit indépendantiste, autonomiste, nationaliste, basque, français ou espagnol, c'est le droit à la libre circulation pour tout le monde. Et la condamnation des politiques migratoires. » Chose curieuse : au Pays basque, même les élus macronistes œuvrent (un peu) à l'accueil des migrant·es. Le centre Pausa, qui a hébergé plus de 35 000 personnes au total depuis son ouverture à Bayonne en 2019, est intégralement financé par la Communauté d'agglomération du Pays basque (CAPB), présidée par Jean-René Etchegaray, le maire (Renaissance) de Bayonne. Mieux, la CAPB a intenté un procès à l'État pour le forcer à prendre le relais financièrement. En comparaison, à Briançon, dans les Hautes-Alpes, depuis que la mairie est passée aux mains des Républicains, c'est la société civile toute seule qui a dû ouvrir et financer un centre d'accueil, avant de tenter (sans succès) de contraindre l'État à prendre ses responsabilités. Alors, comment expliquer ce volontarisme basque, à contre-courant des modes réactionnaires du moment ? C'est peut-être déjà que l'extrême droite pèse moins ici qu'ailleurs : pour l'instant, elle n'a aucun élu au Pays basque, pas même le moindre conseiller municipal. « De la droite à l'extrême gauche, il y a un consensus chez les élus, qui considèrent que c'est normal de financer ce centre », observe Amaia Fontang, de la fédération Etorkinekin Diakité. Au-delà de ça, la force du mouvement basque de soutien aux exilé·es de passage puiserait ses racines dans une longue histoire de contrebande et de bras ouverts aux réfugié·es, notamment celles et ceux qui fuyaient le franquisme. « Le Pays basque a toujours été une terre d'accueil et de passage, résume le député Peio Dufau, membre du parti autonomiste de gauche Euskal Herria Bai (« Pays basque oui »), élu en juin dernier sous l'étiquette du Nouveau Front populaire. Mon arrière-grand-mère aidait les gens qui fuyaient la dictature de Salazar au Portugal. Elle leur donnait à manger la nuit quand ils sortaient pour reprendre leur marche vers une terre un peu meilleure. Aujourd'hui on assiste à la même chose : des gens fuient un quotidien invivable pour essayer de trouver mieux. En tant que Basques, on est bien placés pour le comprendre, puisque dans le passé, beaucoup de [nos ancêtres] sont partis vivre en Amérique pour fuir la misère qu'il y avait chez nous. » • Vive l'immigration ! – Dans la grande bataille pour l'hégémonie culturelle, il ne suffit pas de dénoncer les idées et les valeurs de l'extrême droite, il faut aussi faire valoir les nôtres. Alors on le répète : vive l'immigration ! Et vive les étrangers, vive les brûleuses de frontières et les passe-murailles... • Au Pays basque, « la frontière n'existe pas » – Face aux contrôles frontaliers discriminatoires qui poussent les exilé·es à se mettre en danger, les luttes pour la liberté de circulation au Pays basque assument une opposition frontale à l'État. En toile de fond, des convictions indépendantistes qui ne reconnaissent aucune légitimité à la frontière franco-espagnole. Reportage. • « Je ne suis pas un rocher planté quelque part » – Dans son film La Langue du feu, Tarek Sami raconte l'exil d'un point de vue intime. Parmi les visages éclairés dans la nuit d'un monde qui ne tourne pas rond, il y a celui de Noureddine, son frère, parti vivre en Afrique du Sud. Entretien croisé autour de la nécessité du mouvement, loin des murs érigés par l'Occident. • « La liberté de circulation est un impératif d'égalité » – À l'heure où la droite repart à l'assaut du droit du sol, il est urgent de rappeler que les droits de chacun·e ne devraient pas être corrélés à la nationalité. On en parle avec deux juristes du Gisti, le Groupe d'information et de soutien des immigré·es. • Face à la submersion raciste, rangeons les calculettes ! – Pour réfuter le fantasme de « submersion » migratoire de François Bayrou, un argument a été très largement mobilisé chez ses détracteurs : le Premier ministre ment, la part de migrants dans la population française reste faible. Un positionnement stérile qui enferme les questions de migration sur le seul terrain du contrôle et de la régulation. • Mineurs non accompagnés : l'avenir se projette à Marseille – En France, les mineurs non accompagnés (MNA) sont censés avoir les mêmes droits que les enfants de nationalité française. Le non-respect du devoir de protection de la part des institutions (logement, scolarité) les pousse à créer leurs propres espaces de socialisation et de solidarité pour imaginer un avenir viable. Rencontre avec quelques MNA marseillais, qui comme tous les mômes débordent d'aspirations pour crever l'horizon. • « Le régime colonial est un régime de contrôle des déplacements » Dans les discours politico-médiatiques dominants, le passé colonial et impérialiste de la France est soit glorifié soit relégué aux oubliettes… Pourtant, le traitement de la question migratoire lui est profondément lié. Texte intégral 2699 mots
Au sommaire du dossier « Vive l'immigration ! »
07.03.2025 à 00:30
Au sommaire du n°239 (en kiosque)
Dans ce numéro, un dossier « Vive l'immigration ! » qui donne la parole à des partisan·es de la liberté de circulation, exilé·es comme accueillant·es. Parce que dans la grande bataille pour l'hégémonie culturelle, à l'heure où les fascistes et les xénophobes ont le vent en poupe, il ne suffit pas de dénoncer leurs valeurs et leurs idées, il faut aussi faire valoir les nôtres. Hors dossier, on s'intéresse aux mobilisations du secteur de la culture contre l'asphyxie financière et aux (…)
- CQFD n°239 (mars 2025) / SommaireDans ce numéro, un dossier « Vive l'immigration ! » qui donne la parole à des partisan·es de la liberté de circulation, exilé·es comme accueillant·es. Parce que dans la grande bataille pour l'hégémonie culturelle, à l'heure où les fascistes et les xénophobes ont le vent en poupe, il ne suffit pas de dénoncer leurs valeurs et leurs idées, il faut aussi faire valoir les nôtres. Hors dossier, on s'intéresse aux mobilisations du secteur de la culture contre l'asphyxie financière et aux manifestations de la jeunesse de Serbie contre la corruption. Quelques articles seront mis en ligne au cours du mois. Les autres seront archivés sur notre site progressivement, après la parution du prochain numéro. Ce qui vous laisse tout le temps d'aller saluer votre marchand de journaux ou de vous abonner... En couverture : « Vive l'immigration ! » par Adrien Labbe. *** – Vive l'immigration ! – On en est persuadé·es : dans la grande bataille pour l'hégémonie culturelle, il ne suffit pas de dénoncer les idées et les valeurs de l'extrême droite, il faut aussi faire valoir les nôtres. Alors ce mois-ci, on va arrêter de répertorier les outrances fascistes du camp d'en face, pour faire de la place à des contre-discours, positifs et offensifs. – Au Pays basque, « la frontière n'existe pas » – Face aux contrôles frontaliers discriminatoires qui poussent les exilé·es à se mettre en danger, les luttes pour la liberté de circulation au Pays basque assument une opposition frontale à l'État. En toile de fond, des convictions indépendantistes qui ne reconnaissent aucune légitimité à la frontière franco-espagnole. Reportage. – « La liberté de circulation est un impératif d'égalité » – À l'heure où la droite repart à l'assaut du droit du sol, il est urgent de rappeler que les droits de chacun·e ne devraient pas être corrélés à la nationalité. On en parle avec deux juristes du Gisti, le Groupe d'information et de soutien des immigré·es. – « Je ne suis pas un rocher planté quelque part » – Dans son film La Langue du feu, Tarek Sami raconte l'exil d'un point de vue intime. Parmi les visages éclairés dans la nuit d'un monde qui ne tourne pas rond, il y a celui de Noureddine, son frère, parti vivre en Afrique du Sud. Entretien croisé autour de la nécessité du mouvement, loin des murs érigés par l'Occident. – [Face à la submersion raciste, rangeons les calculettes !] – Pour réfuter le fantasme de « submersion » migratoire de François Bayrou, un argument a été très largement mobilisé chez ses détracteurs : le Premier ministre ment, la part de migrants dans la population française reste faible. Un positionnement stérile qui enferme les questions de migration sur le seul terrain du contrôle et de la régulation. – Mineurs non accompagnés : l'avenir se projette à Marseille – En France, les mineurs non accompagnés (MNA) sont censés avoir les mêmes droits que les enfants de nationalité française. Le non-respect du devoir de protection de la part des institutions (logement, scolarité) les pousse à créer leurs propres espaces de socialisation et de solidarité pour imaginer un avenir viable. Rencontre avec quelques MNA marseillais, qui comme tous les mômes débordent d'aspirations pour crever l'horizon. – « Le régime colonial est un régime de contrôle des déplacements » Dans les discours politico-médiatiques dominants, le passé colonial et impérialiste de la France est soit glorifié soit relégué aux oubliettes… Pourtant, le traitement de la question migratoire lui est profondément lié. *** – Culture : pass et impasses – Le 25 janvier, une journée de mobilisation contre l'extrême droite était organisée par la Coordination féministe dans une vingtaine de villes. L'objectif ? Massifier le mouvement et créer des alliances en vue d'une grève féministe capable de faire plier les fachos. Reportage depuis Marseille. – La transformation sociale par le dépistage – Basé à Marseille et porté par l'association Aides, le Spot Longchamp est un centre de santé sexuelle qui a la particularité de s'adresser aux populations les plus précarisées. Ici, personnes exilées, travailleuses du sexe ou trans peuvent rapidement trouver informations et soins adaptés à leurs réalités. Reportage. – À Marseille, le privé s'accapare l'eau – À l'heure où l'eau devient denrée précieuse, l'État en fournit à profusion à l'industrie. Depuis onze ans, c'est le cas des Houillères du bassin de Provence qui fournissent, dans le 15e arrondissement de Marseille, une source d'eau qui aurait pu être mise à disposition du public depuis plus de cent ans. – Paysanne en lutte : déraciner le patriarcat – Sexisme ordinaire, matériel inadapté, entraves à l'installation : pour les agricultrices, les raisons de lutter ne manquent pas. Des problématiques mises en lumière le 5 février dernier dans un long article du jeune média féministe Lisbeth. Extraits. – Serbie : pour balayer la corruption, jusqu'où iront les étudiants ? – En novembre, un soulèvement contre la corruption impulsé par les étudiant·es a gagné la Serbie et secoue le gouvernement nationaliste d'Aleksandar Vučić. La détermination des Serbes ne faiblit pas et le mouvement est parti pour durer ! – Lu dans Mediazona : « Certains quittent le pays, d'autres se tournent vers les explosifs » – Le10 février, le farouchement anti-Poutine média russe Meduza, basé en Lettonie, a publié un résumé des lettres écrites (initialement publiées par Mediazona) par Ruslan Sidiki, un prisonnier anarchiste racontant sa conversion dans l'art du sabotage. Extraits. – Dans mon salon : animal de vivre – Trottiner d'un stand à l'autre, se glisser parmi les exposants, observer et prendre note, s'approprier un salon. Ce mois-ci, on cherche de la compagnie animale. – [Sur la Sellette : comme toujours – En comparution immédiate, on traite à la chaîne la petite délinquance urbaine, on entend souvent les mots « vol » et « stupéfiants », on ne parle pas toujours français et on finit la plupart du temps en prison. Une justice expéditive dont cette chronique livre un instantané. – Échec scolaire | Billy Elliot – Loïc est prof d'histoire et de français contractuel dans un lycée pro des quartiers Nord de Marseille. Chaque mois, il raconte ses galères au sein d'une institution toute pétée. Entre sa classe et la salle des profs, face à sa hiérarchie où devant ses élèves, il se demande : où est-ce qu'on s'est planté ? – Capture d'écran | Racisme en prime time – Les bas-fonds des réseaux sociaux, c'est la jungle, un conglomérat de zones de non-droits où règnent appât du gain, désinformation et innovations claquées. Ce mois-ci, la reporter téméraire que nous y avons envoyée fait un pas de côté. Elle plonge dans le petit écran anglais, où un programme de téléréalité met en scène des racistes jouant aux réfugié·es. – Aïe Tech | Vous saurez tout sur les ziziens – Mois après mois, Aïe Tech défonce la technologie et ses vains mirages. Vingt-quatrième épisode dépressif consacré à l'overdose d'IA et à ses dommages collatéraux chez les illuminés. *** – Brigade de « Choque » – Dans son documentaire Derrière la ligne des boucliers, le réalisateur brésilien Marcelo Pedroso choisit de filmer la police militaire anti-émeute de l'intérieur, abaissant volontairement ses propres défenses et préjugés dans l'espoir de faire tomber les boucliers. – À l'écoute d'adolescentes enfermées – Le quotidien en étau, la rage qui monte, les fugues, régulières et vitales. Au micro de Cabiria Chomel, Alya, Jennyfer, Katarina et Chloé racontent leur vie à l'Institution publique de protection de la jeunesse (IPPJ) belge. Ça donne un puissant documentaire sonore, intitulé La Fugue et le canon. – Paraguay : de l'opération Condor au désastre écologique – Dans son documentaire De la guerre froide à la guerre verte, qui sortira le 28 mars, Anna Recalde Miranda retourne dans le pays d'origine de son père et mène un travail d'enquête minutieux et sensible. Elle tisse des liens entre l'opération Condor et la catastrophe écologique actuelle au Paraguay. *** – L'édito – En Bayrou libre – Ça brûle ! – Y'a de la joie ! – L'animal du mois – Le castor zadiste – Abonnement - (par ici) Texte intégral 2208 mots
Dossier « Vive l'immigration ! »
Actualités d'ici & d'ailleurs
Côté chroniques
Côté culture
Et aussi...