06.03.2025 à 17:16
Nos recommandations pour un 8 mars engagé
Ce soir 7 mars et demain, samedi 8 mars, des cortèges défileront dans le monde entier pour À La Déferlante, nous sommes plus mobilisées que jamais pour cette journée internationale des droits des femmes. Nous serons présentes dans la rue, mais également à la Maison des Métallos, à Paris, à partir de 18 heures pour fêter la sortie de notre 17e numéro, consacré au travail. Nous vous proposons ci-dessous une sélection de recommandations pour mieux comprendre les enjeux de cette mobilisation. Dans cet essai publié en 2021, Verónica Gago, chercheuse et militante argentine de la coordination Ni una menos, propose de penser la grève féministe comme un catalyseur des luttes sociales, anticapitalistes et féministes qui, mises toutes ensemble, permettent de résister aux politiques néolibérales et conservatrices désormais en vigueur en Argentine, aux États-Unis comme en Europe. Plus intéressant encore, elle voit dans le processus de construction de cette « grève sans programme » un outil d’émancipation des imaginaires pour les groupes sociaux dominés : « Parler de puissance féministe, c’est revendiquer l’indétermination – nous ne savons pas de quoi nous sommes capables avant d’en avoir fait l’expérience, avant d’avoir repoussé des limites qui ne sont destinées qu’à nous rendre crédules et obéissantes. » Les syndicats de travailleur·euses ayant été historiquement préemptés par les hommes, la mémoire ouvrière conserve peu l’histoire des luttes au féminin. C’est pour réparer cette injustice que l’historienne Fanny Gallot dresse dans ce livre –tiré d’une thèse soutenue en 2012 – le portrait d’une génération d’ouvrières ayant émergé au tournant de 1968. Retraçant certains de leurs combats épiques, notamment les grèves de Moulinex, en Basse-Normandie, et de Chantelle, à Saint-Herblain (Loire-Atlantique), elle décrit comment ces ouvrières ont agi concrètement malgré les nombreux obstacles auxquels elles ont fait face. À travers ces luttes, elles ont contribué à reconfigurer les identités de genre et de classe et « révolutionné le travail et la société ». « L’imposture du travail » que dénonce dans ce court ouvrage la sociologue Maud Simonet, est le fait que celui-ci soit systématiquement envisagé comme étant pratiqué à l’extérieur de la maison en échange d’une rémunération, mais aussi que la figure archétypale du travailleur soit un homme. En pointant la diversité du travail invisible, qu’il soit associatif, domestique, bénévole ou lié au soin, et en montrant qu’il est presque toujours pris en charge par des femmes, la sociologue ouvre une réflexion sur la définition du travail et les moyens de repenser l’émancipation des personnes minorisées. Alors que l’actualité montre à quel point la guerre culturelle qui fait rage est aussi une bataille sémantique, il nous a paru important que La Déferlante propose à ses lecteur·ices des définitions de concepts clés pour appréhender l’époque dans une perspective féministe intersectionnelle. Travail reproductif, grève féministe, temps partiel ou plafond de verre : toutes les définitions sont en accès libre sur notre site internet, qui sera alimenté au fil des numéros pour faciliter la compréhension des concepts mobilisés dans chaque dossier. Des bribes d’assemblées générales, des interviews de grévistes, des chants de lutte, Sardines FM, l’émission culte d’Arte Radio, nous replonge dans le Douarnenez de 1924, alors qu’éclate la grève des sardinières. Mêlant fausses archives sonores et rigoureuses explications des spécialistes de ce mouvement social, ce podcast « historico-loufoque » rend hommage à la lutte menée par les ouvrières bretonnes des conserveries de poissons. La lutte sonne vivante et actuelle et fait le lien avec le combat contemporain des Douarnenistes contre le grignotement de la ville par les résidences secondaires et les locations de courte durée. Que sait-on du métier de secrétaire une fois tombés les clichés qui l’entourent ? Pas grand-chose, si on en croit les témoignages de ces six femmes, à la retraite ou en activité, que la réalisatrice Michèle Dominici réunit dans son documentaire Et l’homme créa la secrétaire. Mises face à l’histoire de leur métier, elles-mêmes découvrent qu’il était au départ réservé aux hommes, avant de s’ouvrir aux jeunes filles et épouses de bonne famille à la faveur de la révolution industrielle. Métier d’appoint pour un salaire d’appoint, les secrétaires n’ont cessé, au fil du temps, de gagner en responsabilités sans être réellement prises au sérieux, bien au contraire. D’édifiantes archives rappellent qu’en plus de leur rigueur et de leur savoir-faire technique, on a toujours attendu d’elles qu’elles soient souriantes et attirantes. Un cas d’école des stéréotypes sexistes qui bloquent l’évolution de carrière des femmes dans de nombreuses entreprises. Le collectif féministe et antivalidiste Les Dévalideuses appelle celles et ceux qui battront le pavé cette fin de semaine à jouer les porte-voix pour des personnes n’ayant pas la possibilité de manifester mais souhaitant participer à la mobilisation autour du 8 mars. Si vous comptez manifester, vous pouvez vous signaler en commentaire de leur post, mais aussi interpeller les organisateur·ices afin de rendre les cortèges plus accessibles. Cofondée en 1981 par Simone de Beauvoir et Christine Delphy, Nouvelles Questions féministes est une des premières revues francophones à s’être intéressée aux études féministes et au genre. Faute de financements suffisants, elle risque aujourd’hui de disparaître et fait donc un appel aux dons et aux abonnements. À l’occasion de la prochaine édition du festival « Femmes, droits sur Mars » organisé par la mairie des 4e et 5e arrondissements de Marseille, Lucie Geffroy, corédactrice en chef de La Déferlante, rencontrera les lecteurs et lectrices de la revue. Sylvie Fagnart et Elsa Sabado, journalistes et coautrices des articles sur le travail domestique et les inégalités salariales dans le dernier numéro « Travailler » de la revue, interviendront à partir de 19h dans le cadre du festival Le Temps des féminismes. Dans le cadre du festival de séries lillois, Marion Pillas, corédactrice en chef de La Déferlante animera une Masterclass de 1h30 avec l’écrivaine Lola Lafon, présidente du jury Panorama 2025 et fan de séries notoire. Ouverture de la billetterie le lundi 10 mars. La Déferlante sera présente au festival Central Vapeur qui met à l’honneur les arts graphiques. Un stand proposera revues, goodies et ouvrages à la vente. Léa Djeziri, illustratrice de l’album Iddù (La Déferlante Éditions, 2024), sera présente le dimanche pour dédicacer son livre. Texte intégral 2860 mots
À la uneLe 8 mars, La Déferlante mobilisée
→ Commandez notre numéro 17 sur le thème « Travailler »
On litTous·tes en grève !
→ Verónica Gago, La Puissance féministe. Ou le désir de tout changer, éditions Divergences, traduit par Léa Nicolas-Teboul, 2021. 268 pages, 17 euros
Luttes ouvrières
→ Fanny Gallot, En découdre. Comment les ouvrières ont révolutionné le travail et la société, La Découverte, 2015. 288 pages,19,50 euros
Travail : nom féminin
→ Maud Simonet, L’Imposture du travail. Désandrocentrer le travail pour l’émanciper, éditions 10/18, 2024. 96 pages, 6 euros
Un glossaire des mots féministes
On écouteLa lutte des sardinières
→ Sardines FM, une création d’Olivier Minot, « Le Radio Show », Arte Radio, 16 février 2024
On regardeL’histoire des secrétaires
→ Et l’homme créa la secrétaire, documentaire de Michèle Dominici, coproduit par Zadig Productions et Arte. 52 minutes, 2025. Visible ici en replay.
On soutientPorter la voix des personnes non valides
Sauver une pionnière
→ Je soutiens Nouvelles Questions féministes
On y sera Cinéclub féministe
Lun 10 Mars 2025
Majestic Bastille, Paris 11e
Festival Le Temps des féminismes
Dim 23 Mars 2025
Église Saint-Guillaume, Strasbourg
Séries Mania
Lun 24 Mars 2025
Théâtre du Nord, Lille
→ Informations sur la rencontre
Central Vapeur
Lun 24 Mars 2025
Théâtre du Nord, Lille
27.02.2025 à 16:56
« Je me sens en sécurité ici » : un accueil en non-mixité pour jeunes femmes exilées.
En arrivant en région parisienne, où peut se rendre une adolescente exilée, pas (encore) reconnue par l’État français comme mineure, pour manger, se doucher, consulter une infirmière ? Les centres d’accueil de jour pour les personnes migrantes sont réservés aux adultes, ou mixtes, donc très majoritairement fréquentés par des hommes. Pour combler ce déficit d’accueil spécifique des jeunes filles, Médecins sans frontières (MSF) a décidé de rendre petit à petit son accueil de jour de Pantin (Seine-Saint-Denis) non mixte, et d’orienter les garçons vers d’autres lieux. « Ces jeunes filles manquent de protection, elles sont plus vulnérables que les vulnérables. Elles fuient l’horreur, et se retrouvent encore exposées, pour beaucoup d’entre elles, à l’horreur ici », déplore Ali Besnaci, coordinateur des activités de MSF en Île-de-France. C’est ainsi que, depuis juillet 2024, ce centre est le seul de la région entièrement dévolu aux filles. Les adolescentes sont en attente de passer devant un·e juge des enfants qui reconnaisse leur minorité. Elle pourront ensuite, à ce titre, être prises en charge par l’État. « Soixante-dix pour cent des jeunes filles qu’on accompagne ici et qui ont réussi à avoir une audience sont reconnues comme mineures et placées », informe Ali Besnaci. Mais avant la décision de justice, elles sont livrées à elles-mêmes et tributaires des dispositifs associatifs, parfois pendant de longs mois. Après avoir passé une porte d’entrée discrète, au bout d’un long couloir où des photos de jeunes femmes déguisées en super-héroïnes s’alignent, les adolescentes découvrent plusieurs bureaux où l’équipe de l’ONG les reçoit, une salle à manger et une pièce commune d’où parviennent parfois des voix adolescentes, des rires ou de la musique. L’accueil non mixte permet d’assurer aux filles un environnement sécurisé, là où l’écrasante majorité a déjà subi violences masculines, violences sexuelles, mutilations génitales ou mariages forcés. Le long des couloirs, des affichettes délivrent des messages de prévention. On lit sur l’une d’elles : « Dire non, c’est ton droit », sur d’autres, des numéros de services d’aide. « Je suis arrivée le 31 janvier [2025] en France. J’ai d’abord été dans un autre centre, de la Croix-Rouge, mais on m’a dit que, vu que j’étais mineure, je ne pouvais pas être prise en charge. On m’a parlé de ce lieu et je suis arrivée hier, rapporte Naomi, 16 ans et demi, originaire de République démocratique du Congo. Je me sens un peu en sécurité ici ; là où il y a des hommes, il y a parfois des choses bizarres… Je veux de l’aide pour être scolarisée et pour qu’on puisse me reconnaître comme mineure. Je ne sais pas où j’irais sinon. » La jeune fille dort, en ce moment et pour une poignée de jours encore, dans un appartement mis à sa disposition par l’association Utopia 56. Elle devra ensuite trouver une nouvelle solution de logement. MSF et d’autres associations disposent de quelques places d’hébergement d’urgence pour ces filles, mais pas suffisamment, et certaines d’entre elles dorment dehors, ou dans des tentes dans des gymnases réquisitionnés par les associations, où les jeunes filles souffrent du froid et du manque de confort. À la veille de leur arrivée au centre, 60 % d’entre elles sont à la rue, d’après les chiffres communiqués par l’ONG. « Depuis qu’il n’y a plus de garçons, les filles prennent plus de place. » « J’aime bien le fait qu’il n’y ait que des filles ici. Là où j’étais avant, il y avait trop de garçons. Il y en a qui sont rentrés là où on dormait, relate Dalicia, 15 ans, arrivée en France depuis l’Angola en janvier. Je me sentais isolée là-bas. Et je n’aime pas le comportement des garçons avec nous, je ne veux pas être amie avec eux. Ici, il y a beaucoup de filles qui parlent les mêmes langues que moi, je me sens mieux. » Une petite vingtaine d’entre elles sont présentes le jour de notre visite. Certaines se font des tresses, d’autres discutent dans un coin ou passent du temps sur TikTok, après avoir mangé ensemble le repas du jour : du poulet yassa, une spécialité ouest-africaine. Elles viennent parfois pour des rendez-vous, mais aussi simplement pour occuper leur journée, surtout pour celles qui ne sont pas encore scolarisées. Dans le centre, les adolescentes peuvent manger, se doucher, se reposer, se procurer des protections hygiéniques – des services de base qui ne leur sont pas forcément accessibles ailleurs. Des ateliers, par exemple sur l’utilisation de Google Maps, la santé sexuelle, ou encore le dessin, sont aussi régulièrement organisés. L’équipe a remarqué que la fréquentation hors rendez-vous, a augmenté avec la non-mixité. « La douche était beaucoup moins utilisée avant, alors que c’est compliqué pour elles d’avoir accès à l’hygiène à Paris. Là, on sent qu’elles sont beaucoup plus à l’aise, et on va même devoir en installer une deuxième », raconte Véga Levaillant, responsable des activités socio-juridiques. Plus largement, « les filles prennent plus de place, elles rigolent fort, elles chantent, elles se coiffent… Elles ne se comportent pas de la même manière que lorsqu’elles étaient minoritaires dans une salle remplie de garçons », poursuit la responsable. Elle note aussi que les filles adhéraient moins au programme lorsqu’il était mixte : l’équipe perdait souvent leur trace en cours de route, ce qui est devenu « extrêmement rare ». Véga Levaillant observe aussi que la libération de la parole sur les violences subies est « beaucoup plus rapide » qu’avant. Le centre a pris en charge une centaine de filles depuis le mois de juillet. Elles ont en moyenne 15 ans, et ont, pour la plupart, fui des pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. « Tous les acteurs ont remarqué une augmentation du nombre de mineur·es non accompagné·es en recours depuis deux ans », et notamment des filles, explique Véga Levaillant (lire l’encadré ci-dessous). La prise en charge au centre a évolué, pour s’adapter à ce public exclusivement féminin. Quatre rendez-vous sont organisés pour chaque nouvelle arrivante : avec l’infirmière ou la sage-femme, la psychologue, un·e assistant·e social·e et un·e juriste. Dans son cabinet dont les murs sont tapissés d’affiches en faveur des droits LGBT+ et contre les violences, Margot Seas, l’infirmière, a aussi ajusté sa pratique. Elle propose une séance de dépistage des urgences médicales ou psychologiques dès l’arrivée de chaque jeune. Elle demande à chacune si elle a été victime de violences sexuelles dans les trois derniers jours, pour une prise en charge rapide à l’hôpital. L’infirmière parle également des douleurs de règles et de la découverte de son corps pendant la puberté. « Maintenant, j’aborde beaucoup plus les questions des violences, de consentement, de contraception, observe-t-elle. Presque 100 % des jeunes filles ont été violées dans leur pays d’origine. Pour certaines, en France aussi. Leur statut ici les rend très vulnérables. Venir au centre leur évite de mendier, de s’exposer encore plus. » Dans la salle commune, où le chauffage est poussé au maximum, au milieu des conversations multilingues, les jeunes filles semblent baisser la garde entre deux rendez-vous. Elles retrouvent des occupations d’adolescentes, en espérant être bientôt prises en charge, logées et scolarisées par l’État. À l’accueil de jour de Pantin (Seine-Saint-Denis), MSF reçoit une vingtaine de nouvelles jeunes filles chaque mois depuis le début de l’année, contre une dizaine habituellement. Cette augmentation est aussi constatée par d’autres associations, ailleurs en France. À Lille, l’association Utopia 56 a mené lundi dernier une action pour demander la mise à l’abri urgente de quinze jeunes filles à la rue. En 2023, l’antenne lilloise d’Utopia 56 n’accompagnait que trois filles. En 2024, ce nombre est passé à 24. Depuis le début de l’année 2025, l’association a déjà été contactée par une dizaine de nouvelles adolescentes. Elles étaient jusque-là hébergées par un réseau d’habitant·es solidaires. « Ce nombre n’était plus tenable pour nous, on s’est dit qu’on allait bientôt devoir en laisser certaines à la rue, alors que c’est très risqué pour elles », relate Marie Davtian, la coordinatrice locale. L’association dit avoir alerté depuis plusieurs mois les pouvoirs publics sur l’augmentation du nombre de jeunes filles isolées, sans réponse pour l’instant. À l’issue de la manifestation de lundi, ces 15 adolescentes ont fini par obtenir des places en hébergement d’urgence. La situation à Lille n’est pas isolée : « Cette augmentation se constate dans toutes les antennes locales d’Utopia qui accompagnent des jeunes », rapporte Marie Davtian. Les associations d’aide aux exilé·es observent que les raisons qui poussent à l’exil sont plus variées chez les filles que chez les garçons, mais n’ont pour l’instant pas assez de recul pour expliquer cette hausse. En 2023, le rapport d’activité du ministère de la Justice relevait déjà « une augmentation de la proportion et du nombre de jeunes filles » mineures non accompagnées, ajoutant qu’une « attention particulière » devait être portée à leur suivi et aux risques qu’elles courent. Texte intégral 1833 mots
Protéger des violences masculines
« Les comportements ont changé »
Une prise en charge en évolution
Une augmentation du nombre de jeunes filles isolées partout en France
20.02.2025 à 16:30
Nos recos féministes en attendant le 8 mars
Samedi 8 mars aura lieu la Journée internationale des droits des femmes. Cette année encore, partout dans le monde, des collectifs appellent à manifester et à suivre la grève féministe. Dans un long article publié sur Mediapart, la journaliste Mathilde Mathieu replace les mensonges de François Bayrou au sujet de l’institution catholique Notre-Dame-de-Bhétarram (Pau) dans le paysage plus large d’un pays qui, à la protection des enfants, préfère la sanction des « mineur·es ». La journaliste rappelle ainsi que l’adoption devant l’Assemblée nationale, jeudi 6 février, du projet de loi de Gabriel Attal pourrait mettre fin à l’un des principes fondamentaux de notre justice des mineur·es : la primauté de l’éducation sur la répression. Dans un entretien donné à la newsletter « Impact » des Glorieuses, Kehinde Ajayi, directrice du programme sur l’égalité des genres et l’inclusion du think tank Center for Global Developement, revient sur le gel des activités de l’agence de développement international USAID décidée par Donald Trump. Selon elle, les femmes et les filles seront les plus durement affectées à l’échelle de la planète, en raison notamment de la fermeture de nombreux centres de santé reproductive et maternelle. Elles seront également très impactées par la fin de l’accès aux traitements contre le VIH. Dans une longue analyse publiée sur le site AOC, le politiste Benjamin Boudou met au jour la parenté entre les déclarations de Marine Le Pen sur l’immigration clandestine au lendemain du passage du cyclone Chido à Mayotte avec le slogan inventé par Jean-Marie Le Pen dans les années 1980 : « 1 million de chômeurs = 1 million d’immigrés ». Tout comme la sortie de François Bayrou sur la « submersion migratoire », ce type de discours résulte de ce qu’il nomme « la migrantisation des problèmes publics », soit une simplification outrancière des analyses politiques dans le double but d’incriminer des citoyen·nes étranger·es et de flatter des électeur·ices par des solutions simplistes. Elles ont tracé plusieurs fois sur la carte de France la distance qui les séparerait bientôt. Elle se sont dit au revoir le cœur gros. Presque 900 kilomètres et puis… que restera-t-il de cette fragile amitié entre l’autrice, une artiste trentenaire en partance pour le sud de la France, et Janine, pensionnaire à jamais d’une maison de retraite pour personnes sans revenus à Lille ? Depuis trois ans, la première rend régulièrement visite à la seconde : promenades à pas lents dans le quartier, bribes de souvenirs, révélations inattendues – Janine veut faire remplacer son unique dent par une prothèse en or – ponctuées de silences. Un compagnonnage claudicant dont Léa Anaïs Machado nous confie le récit avec énormément de tendresse et de talent. Comme pour tous les ouvrages publiés chez La Fourmi Éditions, le texte est accompagné de notes permettant de mieux comprendre le processus d’écriture. De ce premier ouvrage littéraire, l’autrice écrit ainsi : « Terminer ce livre me donne l’étrange sensation de relâcher un oiseau qui m’a tenu compagnie des saisons durant. Je suis joie de le laisser s’envoler mais au moment d’ouvrir les mains, mon cœur se pince un peu. » Le monde de la culture subit depuis quelques mois des coupes budgétaires drastiques menaçant l’existence même des spectacles, des salles et des emplois qui y sont liés. « Chaque fois qu’une coupe budgétaire de 20 000 euros est annoncée, c’est l’équivalent d’un emploi permanent dans une structure culturelle […] qui est menacé de disparition. À chaque perte d’emploi, c’est l’accès à l’art et à la culture qui recule pour toute la population française », explique une pétition disponible en ligne. Elle a déjà été signée par plus de 40 000 personnes. Marie Barbier, corédactrice en chef de La Déferlante échangera avec les lecteur·ices finistérien·nes au sujet du numéro 17 « Travailler », disponible dès aujourd’hui en librairie. Texte intégral 1657 mots
À la une
À La Déferlante, nous vous proposons de nous rejoindre dans les cortèges qui défileront partout en France. Une partie de notre équipe marchera à Paris, avant de vous accueillir, à partir de 18 heures à la Maison des Métallos (11e arrondissement) pour une soirée d’engagement et de fête.
Au programme : 18h30 : « La grève féministe est-elle le seul moyen de se faire entendre ? » Table ronde en présence de militantes, comme Nina Faure (La Syndicale),
20h30 : Quiz « Qui est qui ? » par Miskin Télé
21h30 : Showcase de La Chica
22h00 : DJ set et Karaokay géant par Verginie Descente
Revue de presseProtéger les enfants
Les femmes victimes de Donald Trump
Les migrant·es boucs émissaires
On litJuste une dent en or
→ Juste une dent en or, Léa Anaïs Machado. La Fourmi Éditions, 2025. 18 euros. En précommande jusqu’au 6 mars 2025 sur le site de La Fourmi.
On soutientLes migrant·es boucs émissaires
On y sera En librairie à Concarneau
Jeu 27 Fev 2025, à 19h
Librairie Albertine, Concarneau