08.10.2025 à 12:23
Éducation à la sexualité : « Ouvrir aux enfants des espaces de liberté »
Nouveauté de la rentrée scolaire 2025, l’éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité (Évars) Au-delà de ce qui se joue dans l’institution scolaire, les interrogations des enfants sur les rapports de genre, les stéréotypes ou la sexualité sont plus que jamais présentes dans le sillage du mouvement MeToo. Comment discuter avec elles et eux de ces sujets ? Comment répondre à leur curiosité sur des notions cruciales – la diversité des corps, le consentement, la multiplicité des relations affectives – tout en les sensibilisant au danger des violences sexuelles ? C’est pour répondre à ces interrogations que Claire Marcadé Hinge et Marianne Stéphan Marty ont écrit Grandir sans tabou. Comment parler de sexualité avec les enfants ? Toutes deux militantes féministes et engagées professionnellement dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, elles expliquent : « Il nous fallait partager nos idées, nos recherches, nos tentatives pour outiller nos enfants sans les freiner, et leur ouvrir des espaces de liberté. » « Comment répondre à la curiosité des enfants, tout en les sensibilisant au danger des violences sexuelles ? » Inspirées par leur expérience de la parentalité autant que leur engagement, elles signent un guide qui entremêle finement réflexions sur les pratiques éducatives et solutions très concrètes aux embarras des adultes sur ces sujets complexes. Leur texte est enrichi par des éclairages d’expert·es (l’enseignante Lolita Rivé, l’autrice et formatrice Mai Lan Chapiron, les militant·es de l’association Queer Éducation…) et de nombreuses ressources commentées. Grandir Sans tabou s’adresse à toutes les personnes qui accompagnent un·e ou des enfants au quotidien et cherchent des pistes pour parler avec elleux, en toute bienveillance et lucidité, de la sexualité, du corps, de la richesse et de la diversité des liens affectifs. Lire 498 mots
Des solutions à l’embarras des adultes
02.10.2025 à 17:18
Depuis ce matin, vendredi 3 octobre, notre cinquième livre, Sans parler des blessé·es est disponible en librairie. Aurélien Bellanger, coauteur de Sans parler des blessé·es avec Kaoutar Harchi, échangera avec les lectrices et les lecteurs de la librairie Ici – Grands Boulevards. Il sera accompagné de l’éditrice du livre (également corédactrice en chef de La Déferlante), Lucie Geffroy. La rencontre sera suivie d’une séance de dédicaces. Pour la troisième année consécutive, La Déferlante est partenaire du festival du film des Lilas. C’est dans ce cadre que sa corédactrice en chef Marion Pillas animera samedi 11 octobre à 18 h 30 une table ronde intitulée : « La joie militante : de quoi s’agit-il ? ». L’humoriste Tahnee, la militante Sarah Durieux et l’historienne Ludivine Bantigny s’interrogeront sur ce concept, et sur la place que prennent les émotions dans les luttes sociales. Ouverte il y a moins d’un an par Béatrice Walylo et Philippe Poutou, cette librairie engagée accueillera Emmanuelle Josse, corédactrice en chef de La Déferlante, pour un échange avec les lectrices et les lecteurs autour du dernier numéro : « S’informer en féministes ». Marie Barbier, corédactrice en chef de La Déferlante, montera sur scène lors d’un PRESStacle intitulé Quand les médias indés secouent la société, organisé par le média breton Les Trois Ours. La soirée sera suivie d’un concert de l’artiste montpelliéraine Mauvaise Bouche. À l’occasion de la parution du numéro « S’informer en féministes », la librairie de la Friche-La Belle de mai accueillera une discussion entre les journalistes Constant Spina et Floriane Louison, modérée par Lucie Geffroy, corédactrice en chef de La Déferlante. Entrée libre, sans réservation. Comment la presse et l’édition peuvent-elles s’engager dans la lutte contre l’extrême droite ? Que peut le féminisme dans la lutte contre les fake news ? Ces questions seront au cœur d’une table ronde modérée par Marion Pillas. Les discussions seront suivies d’un DJ set. La Déferlante tiendra un stand dans le cadre de la deuxième édition de la masterclass de Salomé Saqué intitulée « Résister en (s)’informant ». Vous y retrouverez nos goodies et nos revues. Alors que l’actualité montre à quel point la guerre culturelle qui fait rage est aussi une bataille sémantique, il nous a paru important que La Déferlante propose à ses lecteur·ices des définitions de concepts clés pour appréhender l’époque dans une perspective féministe intersectionnelle. Grève féministe, intersectionnalité, masculinisme, validisme : toutes les définitions sont en accès libre sur notre site internet, alimenté au fil des numéros pour faciliter la compréhension des concepts mobilisés dans chaque dossier. Texte intégral 2134 mots
Et un de plus ! Lire la critique des Inrocks sur ce lien
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Vous pouvez aussi commander Sans parler des blessé·es sur notre site pour recevoir votre exemplaire dédicacé par les deux auteur·ices !
On y sera Discussion et dédicaces
Jeu 9 octobre 2025, à 19 h
Ici Librairie – Grands Boulevards, Paris
→ Informations et réservations
Festival du film féministe
Mer 8 — Dim 12 octobre 2025
Théâtre du Garde-Chasse, Les Lilas (Seine-Saint-Denis)
Philippe Poutou reçoit La Déferlante
Jeu 16 octobre 2025 à 19 h
Librairie Les 400 coups, Bordeaux
→ Informations pratiques et réservations
Des médias sur scène
Jeu 16 octobre 2025 à 20 h 30
Salle de la Cité, Rennes
Débat à Marseille
Jeu 16 octobre 2025 à 18 h 30
La Friche, Marseille
→ Informations à venir sur notre site
Table ronde à Lille
Jeu 17 octobre 2025 à 19 h
Bazaar St So, Lille
→ Informations et réservations sur notre site
Résister en s’informant
Lun 20 octobre 2025 à 19 h 30
MK2 Bibliothèque, Paris 13e
→ Informations et réservations
Un glossaire pour tout comprendre
26.09.2025 à 12:33
MeToo en Turquie : « Ignorer la parole des femmes, c’est autoriser les violences »
Plus de 5 000 comptes turcs ont publié et relayé des accusations de violences sexuelles sur X dès la mi-août. En tant qu’avocate et militante féministe, comment avez-vous réagi en découvrant cette prise de parole ? Certains témoignages m’ont mise mal à l’aise, car ils font écho à des expériences personnelles. Je suis aussi inquiète que des procédures pour diffamation soient lancées contre ces femmes. Pourtant, quand on lit les messages publiés, on comprend immédiatement de quels faits il s’agit, car nous sommes beaucoup à avoir vécu des choses similaires, en Turquie ou ailleurs. À la Fondation Mor Çatı [qui accueille et accompagne les femmes victimes de violence domestique], nous menons depuis des années une campagne intitulée « Crie ! Que tout le monde entende et que cesse la violence masculine ! ». Parce que dans les récits de harcèlement ou d’agression, les femmes sont presque toujours réduites au silence et finissent par culpabiliser. Prendre la parole, c’est se rebeller, alerter les autres femmes et faire appel à leur solidarité. Quel rôle jouent des associations et des fondations comme Mor Çatı, en Turquie ? Le collectif Mor Çatı a été fondé en 1990, après une importante marche des femmes contre les violences de genre qui a eu lieu en 1987. L’objectif était de lutter ensemble contre la violence masculine, d’apporter une réponse institutionnelle aux demandes d’aide et aux besoins en matière d’hébergement (la fondation propose aujourd’hui quelques places d’hébergement et dispose d’un refuge indépendant). C’était aussi de mettre en place un accompagnement en partenariat avec des travailleurs sociaux, des psychologues et des juristes, en tenant compte des besoins des femmes et en adoptant une approche holistique. Il nous semble très important de valoriser l’expérience collective, de mettre en évidence les lacunes existant dans l’application du droit, et de visibiliser [auprès du grand public et des institutions] les bénéfices de l’approche féministe. Ignorer la parole des femmes – comme cela arrive souvent au sein des institutions ou des organisations [police, justice, lieux de travail], ou même dans la famille –, c’est autoriser ces violences. Quels types de violences voyez-vous le plus souvent ? En Turquie, la quasi-totalité des dossiers de divorces comportent des violences sexuelles. Les femmes n’ont pas toujours conscience qu’il s’agit de violences, car elles considèrent les relations sexuelles comme un devoir conjugal. De plus, ce sont des cas où il est très difficile, tant sur le plan social que juridique, de porter plainte. Il y a donc peu de signalements, car les femmes pensent qu’elles ne seront pas soutenues et, au contraire, blâmées. On retrouve aussi très souvent, au sein de couples, des violences d’ordre économique et psychologique. Presque toutes les femmes sont par ailleurs victimes de harcèlement sexuel, dans la rue, dans les transports, ou pendant des concerts par exemple… C’est lié au système patriarcal, au regard porté sur le corps des femmes, jugé en permanence à travers leur tenue, leur attitude, leurs gestes. « En Turquie, presque toutes les femmes sont victimes de harcèlement sexuel. » Pourtant, il existe, dans la jurisprudence turque, un principe plutôt favorable aux victimes… Le principe de « primauté de la parole de la plaignante » apparaît effectivement dans les jurisprudences de la Cour de cassation et de la Cour constitutionnelle. Dans les cas de crimes sexuels, c’est à l’auteur présumé de réfuter les faits : si le crime n’a pas eu lieu, il doit en apporter la preuve. C’est une forme d’inversion de la « charge de la preuve* ». Les tribunaux s’attachent avant tout à évaluer si la déclaration de la victime est cohérente. Quand la plainte a‑t-elle été déposée ? Comment a‑t-elle été formulée ? Existe-t-il un passif d’animosité ? Pourquoi une femme porte-t-elle cette accusation alors même que cela pourrait porter atteinte à son honneur et à sa dignité ? En 2020, la Cour de cassation a utilisé le principe de « primauté de la parole de la plaignante » dans une affaire de harcèlement sexuel impliquant un patron et une secrétaire dans laquelle les faits se sont déroulés sans témoin. Après avoir porté plainte, la secrétaire a perdu son emploi, et l’affaire s’est ébruitée dans tout son milieu professionnel : sa dignité et son honneur sont devenus un sujet de débat. Cela représente un coût énorme dans la vie de la plaignante. Quel intérêt avait-elle à accuser son patron ? La Cour est donc partie de ces réflexions pour faire avancer la procédure. Personnellement, en plus de vingt ans de métier, je n’ai jamais vu une femme mentir sur ce type de faits. Qu’est ce que le mouvement MeToo turc peut attendre du système judiciaire ? En théorie, les procureurs doivent agir dans l’intérêt public et prendre connaissance des infractions lorsqu’ils reçoivent des plaintes. Mais, en Turquie, on ne les a jamais vus s’emparer de révélations publiques de harcèlement ou d’agressions sexuelles. Ils interviennent plus volontiers sur des sujets politiques [liés à des questions de mœurs]. Par exemple, en septembre, deux procès ont été ouverts immédiatement après des plaintes du ministère de l’Intérieur contre des groupes de musique pop [pour « obscénité » et « exhibitionnisme »]. * Dans le droit pénal français, la charge de la preuve repose sur les victimes. C’est à elles d’apporter des éléments prouvant les faits qu’elles dénoncent. Texte intégral 1101 mots