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04.03.2025 à 10:54

La lune au fond de l'eau

dev

George Orwell feat. Arcadio Wang

- 3 mars / , ,

Texte intégral 2287 mots

Quand mon quotidien me laisse dans une impression de désœuvrement, que j'erre dans les rues pour tromper ma fatigue ou ma mauvaise humeur et n'ai pas les ressources pour retrouver du sens et de l'allant, je pars les retrouver loin du centre, au café-librairie La Lune au fond de l'eau. Dans une petite rue ombreuse, d'apparence assez misérable, ce lieu cachait bien ses trésors dans ses premiers mois d'existence, mais sa jolie devanture en bois et une enseigne ont depuis été exécutées par deux amies du collectif qui l'a créé [1].

C'est un établissement qui a beaucoup évolué depuis ses débuts, de manière empirique, mais son principe essentiel est resté inchangé. Il s'agit de se plonger dans un siège moelleux et dans un livre, pour quelques minutes, ou plusieurs heures.

Ma principale angoisse est de ne pas trouver un coin où m'asseoir lorsque j'y pénètre. Il n'y a guère que quatre vieux canapés (les plus prisés car ils sont les sièges dans lesquels on s'enfonce le plus profondément), et quelques fauteuils et vieilles chaises disséminés çà et là.

Le lieu pourtant n'est pas minuscule, mais seul l'espace central est dévolu à la détente. Autour, contre deux murs, l'espace librairie finit immanquablement par m'arracher à mon fauteuil convoité et aussitôt investi par une prédatrice en quête d'une place assise ; je me plonge alors dans la contemplation des nouveaux livres présentés aux lectrices, les feuillette, me rassois sur un bord de marche.

La Lune au fond de l'eau, ce ne sont jamais que cent livres : chacun est présenté sur l'ouvroir vertical de l'un des cent casiers répartis sur les deux murs latéraux du local – à l'intérieur de ces boîtes, quelques exemplaires neufs sont proposés à l'achat. Il m'arrive de revenir plusieurs jours de suite pour lire intégralement un livre présenté. J'aime tordre un peu ces ouvrages passés entre de nombreuses mains, parfois soulignés comme si on avait voulu me dire « Là, regarde ! » La lecture en devient une activité moins solitaire. Parfois, malgré tout, je finis par acheter un exemplaire neuf, non par honte de n'avoir pas payé, mais parce qu'il m'est devenu cher et intime.

Chaque livre est accompagné d'une fiche bristol sur laquelle la personne qui l'a sélectionné explique les raisons de son attachement pour lui et mentionne son nom. Je fais partie des gens qui, parfois, ajoutent quelques mots à ces avant-propos externes. Les habituées finissent donc par savoir avec quelle libraire elles partagent le plus d'affinités, mais aussi avec quelles lectrices. Chaque personne participant à l'organisation de ce lieu renouvelle deux livres de son choix par mois. On trouve tout aussi bien des essais que des bandes dessinées, de la poésie, de la littérature jeunesse,… Aux classiques incontournables, majoritaires les premiers mois d'ouverture, ont succédé plus de raretés. Les visiteuses les plus régulières finissent par imprimer un peu leur marque aussi. J'ai moi-même eu le plaisir de voir des lectrices feuilleter Notre part de nuit (que j'avais fait lire à ma libraire favorite avant qu'elle ne le mette en présentation), guettant avec avidité leur réaction tout en faisant semblant d'être plongée dans mon livre. Cent livres, c'est peu, mais ce sont cent livres choisis, qui changent petit à petit, nous évitant ce sentiment de submersion que l'on peut éprouver dans les librairies traditionnelles.

À La Lune au fond de l'eau, il semble que tout ce qui vient vers vous vous est véritablement adressé. Ainsi, si un morceau de musique est diffusé (cela arrive une fois par heure peut-être), vous pouvez être sûre qu'il n'est pas simplement là pour combler quelque vide, mais qu'une personne l'a dégoté comme elle a déniché pour vous des livres, se faisant par avance un plaisir de le partager. Je ferme mon livre alors, et j'écoute.

Lorsque je m'attarde à La Lune, je suis heureux de trouver un livre inconnu, mais je crois l'être plus encore lorsque je découvre une affinité commune pour un ouvrage que j'ai déjà lu, qui me donne immanquablement l'impulsion de partager mon enthousiasme avec la libraire qui l'a choisi : retrouver le cycle de Titus d'Enfer, L'Ange des ténèbres de Sábato ou Les Aventures de la marchandise dont j'ai longuement parlé avec Xavier,... a soulevé en moi la même joie que si j'avais recroisé une vieille amie après des années sans nouvelles… L'intérêt de ce lieu, plus encore que la découverte de véritables pépites livresques (pourtant si précieuse lorsqu'on atteint un certain âge), réside dans les occasions de conversations, formant le point de départ de relations continuées en dehors de La Lune. Les libraires font tout pour favoriser ces interactions, repoussant régulièrement l'heure de fermeture pour organiser des moments de conversation collective autour de références devenues communes.

*

Je me souviens des ricanements avec lesquels mes amis et moi parlions des gens incapables de soutenir une discussion sans ériger Google en arbitre des conversations, avant de céder nous-mêmes, défaits. J'ai aussi bravement, orgueilleusement résisté des années aux sollicitations des réseaux, avant de me soumettre à Whatsapp, sans lequel toute vie sociale est devenue si compliquée. Depuis, malgré ma reddition tardive, je sens mon téléphone me lancer, à tout moment, comme une faim, comme une poussée de mes nerfs. Je ne parviens jamais longtemps à lui résister. Aucune activité, aucune conversation ne peut être menée sans qu'il ne vienne rompre sa continuité.

Aussi ai-je gardé pour la fin la particularité la plus marquante de La Lune au fond de l'eau, qui contribue à cette facilité de rencontres qui y saute aux yeux : il s'agit de l'interdiction de l'usage du téléphone.

Une inscription bien nette sur la vitrine, « No Phone Zone », vous prévient que ce problématique accessoire est prohibé au sein du café-librairie. Un petit comptoir à droite de l'entrée sépare le client d'une étagère à casiers, bâtie sur le modèle des boîtes-à-doudous des crèches ; vous êtes prié de déposer votre téléphone. Vous êtes infantilisé mais vous l'avez bien mérité. Une petite étiquette numérotée vous permet de le récupérer lorsque vous repartez. Tout le temps que vous passez dans ce lieu sera donc dévolu à ce qui y est contenu : les livres, les libraires, les gens ; désormais, mes proches et mes relations professionnelles savent que si je ne réponds pas, c'est que je suis à la Lune. Une bonne part du succès de ce lieu, j'en suis persuadé, réside dans cette ablation.

Cette règle ne s'applique pas toujours sans heurts ; les libraires ont nombre d'anecdotes intéressantes à ce sujet. Il y a les contestataires qui argumentent autant qu'ils peuvent à l'entrée ; ceux qui trichent et prétendent ne pas avoir de téléphone avant d'être surpris, comme à l'époque du lycée,… J'ai moi-même vu une personne s'indigner violemment, moins par esprit libertaire que par révulsion à l'idée qu'un espace, aussi restreint soit-il, échappe au règne de la communication par écran interposé. C'est la partie la plus désagréable du travail du collectif de La Lune, qui génère des crises quasi-quotidiennes, mais il y a toujours des habitués pour leur prêter main forte auprès de ces récalcitrants. Il est plus amusant de voir chaque fois qu'on approche de la librairie, à côté de l'habituel groupe de fumeurs en manque de nicotine, un autre composé d'accros au téléphone, prenant eux aussi leur dose entre deux plongées dans ce commerce anachronique, même dans les rigueurs de l'hiver. Des mauvaises langues disent qu'on aurait vu, à des heures plus discrètes, une certaine licence s'appliquer en ce qui concerne la consommation de tabac au sein de la librairie, mais l'interdiction du téléphone, elle, y est rigoureusement respectée.

J'ai très vite remarqué que grâce à cette précaution, à La Lune, je lis mieux. Pas de sonneries intempestives, pas de personne impolie décrochant avec un air plus ou moins désolé, pas de sollicitation absurde (la nouvelle vidéo du Palma show au milieu d'une phrase de Musil ou d'une conversation stimulante). Je dirais même que j'y ai réappris à lire, à retrouver la continuité de mon attention ; d'autres habitués avouent qu'ils viennent précisément pour que leur téléphone leur soit retiré. Il semble bien qu'on en soit arrivé là.

Cette interdiction, associée à toutes les particularités d'agencement et d'organisation de ce lieu, explique à quel point La Lune au fond de l'eau est favorable à l'apparition d'ambiances inconnues ailleurs. J'y éprouve moi-même régulièrement comme une impression de décrochage. Suivant le moment du jour où je choisis de venir, l'atmosphère change, depuis le calme du matin propice à plus de concentration dans la lecture, jusqu'à l'approche de la fermeture où clairement tout le monde est là pour discuter, en passant par l'heure plus familiale du goûter.

Mais ce qui m'étonne toujours est que tous ces moments partagés dans ses murs me paraissent dégager une égale puissance contestataire : les réunions du soir assez nombreuses, après la fermeture, rendent évidente cette volonté de se servir de ce lieu comme tête de pont d'actions de résistance, voire, dit-on, de nuisances [2] ; mais je me suis un jour surpris à éprouver cette même satisfaction contestataire alors que je m'accordais le plaisir simple de faire découvrir à une petite fille Max et les Maximonstres. Je crois pouvoir dire que ce sentiment s'explique par le fait qu'à La Lune on respire un même air, un air moins vicié que celui qu'on inhale presque partout ailleurs. Je ne suis pas naïf, ce lieu reste un commerce. Mais il demeure dans les esprits de ses créateurs comme un moyen pour financer autre chose : un nouveau moment collectif tel qu'un concert, le soutien à une action politique ou à un autre groupe en péril,...

Tout n'est pas idyllique dans l'arrière-cuisine de La Lune au fond de l'eau. J'ai même ouï-dire que ce n'est pas sans dissensions ni implacables exclusions que la décision de se désintéresser de l'indéniable potentiel lucratif de ce commerce a été prise. Mais si un jour la Lune devait couler jusqu'à disparaître dans la vase des bas-fonds, si elle devait se dévoyer, je ne serai pas de ceux qui se félicitent d'un tel échec pour se conforter dans l'idée que toute initiative de ce genre est vouée à la corruption. Le plus important est que, à un moment, ça a marché. Si la petite flamme qui m'y réchauffe si souvent finit par s'éteindre, je n'oublierai pas qu'elle a un temps brûlé ; et c'est une exception vraiment notable au milieu de tous ces espaces commerciaux qui véritablement sentent le cadavre. [3]


[1] Les noms de groupes sont au féminin dans la première section de ce texte et au masculin dans la seconde.

[2] La récente interpellation de l'auteure du très réussi « Faire de la Côte d'Azur un nouveau Gaza » graffé sur le mur de la préfecture, suivie d'une visite houleuse de la police dans le café-librairie, sont ainsi deux événements dont les amis de La Lune ont pu tirer un juste orgueil.

[3] Ce texte s'inspire librement d'un splendide article de George Orwell (The Moon Under Water). Sa traduction est disponible dans le tome 3 d'Essais, articles et lettres, recueil publié par l'Encyclopédie des Nuisances et Ivrea.

04.03.2025 à 10:43

Livraisons à domicile et plateformisation du travail

dev

Un lundisoir avec le sociologue Stéphane Le Lay

- 3 mars / , , , ,

Texte intégral 3508 mots

Fabien Lemozy et Stéphane Le Lay, sociologues du travail, ont mené une vaste enquête sur les livreurs à vélo qui pédalent toute la journée dans le cœur des métropoles pour rassasier la petite bourgeoisie pressée. Ils y voient le déploiement d'un nouveau stade du capitalisme, sa plateformisation ; ou comment les plateformes numériques et les nouvelles technologies qui tiennent dans nos poches révolutionnent l'organisation même du travail, c'est-à-dire l'exploitation et la domination des corps.

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Voir les lundisoir précédents :

Le droit est-il toujours bourgeois ? - Les juristes anarchistes

Cuisine et révolutions - Darna une maison des peuples et de l'exil

Faut-il voler les vieux pour vivre heureux ? - Robert Guédiguian

La constitution : histoire d'un fétiche social - Lauréline Fontaine

Le capitalisme, c'est la guerre - Nils Andersson

Lundi Bon Sang de Bonsoir Cinéma - Épisode 2 : Frédéric Neyrat

Pour un spatio-féminisme - Nephtys Zwer

Chine/États-Unis, le capitalisme contre la mondialisation - Benjamin Bürbaumer

Avec les mineurs isolés qui occupent la Gaîté lyrique

La division politique - Bernard Aspe

Syrie : la chute du régime, enfin ! Dialogue avec des (ex)exilés syriens

Mayotte ou l'impossibilité d'une île - Rémi Cramayol

Producteurs et parasites, un fascisme est déjà là - Michel Feher

Clausewitz et la guerre populaire - T. Drebent

Faut-il boyotter les livres Bolloré - Un lundisoir avec des libraires

Contre-anthropologie du monde blanc - Jean-Christophe Goddard

10 questions sur l'élection de Trump - Eugénie Mérieau, Michalis Lianos & Pablo Stefanoni

Chlordécone : Défaire l'habiter colonial, s'aimer la terre - Malcom Ferdinand

Ukraine, guerre des classes et classes en guerre - Daria Saburova

Enrique Dussel, métaphysicien de la libération - Emmanuel Lévine

Combattre la technopolice à l'ère de l'IA avec Felix Tréguer, Thomas Jusquiame & Noémie Levain (La Quadrature du Net)

Des kibboutz en Bavière avec Tsedek

Le macronisme est-il une perversion narcissique - Marc Joly

Science-fiction, politique et utopies avec Vincent Gerber

Combattantes, quand les femmes font la guerre - Camillle Boutron

Communisme et consolation - Jacques Rancière

Tabou de l'inceste et Petit Chaperon rouge - Lucile Novat

L'école contre l'enfance - Bertrand Ogilvie

Une histoire politique de l'homophobie - Mickaël Tempête

Continuum espace-temps : Le colonialisme à l'épreuve de la physique - Léopold Lambert

Que peut le cinéma au XXIe siècle - Nicolas Klotz, Marie José Mondzain & Saad Chakali
lundi bonsoir cinéma #0

« Les gardes-côtes de l'ordre racial » u le racisme ordinaire des électeurs du RN - Félicien Faury

Armer l'antifascisme, retour sur l'Espagne Révolutionnaire - Pierre Salmon

Les extraterrestres sont-ils communistes ? Wu Ming 2

De quoi l'antisémitisme n'est-il pas le nom ? Avec Ludivine Bantigny et Tsedek (Adam Mitelberg)

De la démocratie en dictature - Eugénie Mérieau

Inde : cent ans de solitude libérale fasciste - Alpa Shah
(Activez les sous-titre en français)

50 nuances de fafs, enquête sur la jeunesse identitaire avec Marylou Magal & Nicolas Massol

Tétralemme révolutionnaire et tentation fasciste avec Michalis Lianos

Fascisme et bloc bourgeois avec Stefano Palombarini

Fissurer l'empire du béton avec Nelo Magalhães

La révolte est-elle un archaïsme ? avec Frédéric Rambeau

Le bizarre et l'omineux, Un lundisoir autour de Mark Fisher

Démanteler la catastrophe : tactiques et stratégies avec les Soulèvements de la terre

Crimes, extraterrestres et écritures fauves en liberté - Phœbe Hadjimarkos Clarke

Pétaouchnock(s) : Un atlas infini des fins du monde avec Riccardo Ciavolella

Le manifeste afro-décolonial avec Norman Ajari

Faire transer l'occident avec Jean-Louis Tornatore

Dissolutions, séparatisme et notes blanches avec Pierre Douillard-Lefèvre

De ce que l'on nous vole avec Catherine Malabou

La littérature working class d'Alberto Prunetti

Illuminatis et gnostiques contre l'Empire Bolloréen avec Pacôme Thiellement

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Feu sur le Printemps des poètes ! (oublier Tesson) avec Charles Pennequin, Camille Escudero, Marc Perrin, Carmen Diez Salvatierra, Laurent Cauwet & Amandine André

Abrégé de littérature-molotov avec Mačko Dràgàn

Le hold-up de la FNSEA sur le mouvement agricole

De nazisme zombie avec Johann Chapoutot

Comment les agriculteurs et étudiants Sri Lankais ont renversé le pouvoir en 2022

Le retour du monde magique avec la sociologue Fanny Charrasse

Nathalie Quintane & Leslie Kaplan contre la littérature politique

Contre histoire de d'internet du XVe siècle à nos jours avec Félix Tréguer

L'hypothèse écofasciste avec Pierre Madelin

oXni - « On fera de nous des nuées... » lundisoir live

Selim Derkaoui : Boxe et lutte des classes

Josep Rafanell i Orra : Commentaires (cosmo) anarchistes

Ludivine Bantigny, Eugenia Palieraki, Boris Gobille et Laurent Jeanpierre : Une histoire globale des révolutions

Ghislain Casas : Les anges de la réalité, de la dépolitisation du monde

Silvia Lippi et Patrice Maniglier : Tout le monde peut-il être soeur ? Pour une psychanalyse féministe

Pablo Stefanoni et Marc Saint-Upéry : La rébellion est-elle passée à droite ?

Olivier Lefebvre : Sortir les ingénieurs de leur cage

Du milieu antifa biélorusse au conflit russo-ukrainien

Yves Pagès : Une histoire illustrée du tapis roulant

Alexander Bikbov et Jean-Marc Royer : Radiographie de l'État russe

Un lundisoir à Kharkiv et Kramatorsk, clarifications stratégiques et perspectives politiques

Sur le front de Bakhmout avec des partisans biélorusses, un lundisoir dans le Donbass

Mohamed Amer Meziane : Vers une anthropologie Métaphysique->https://lundi.am/Vers-une-anthropologie-Metaphysique]

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Serge Quadruppani : Une histoire personnelle de l'ultra-gauche

Pour une esthétique de la révolte, entretient avec le mouvement Black Lines

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De gré et de force, comment l'État expulse les pauvre, un entretien avec le sociologue Camille François

Nouvelles conjurations sauvages, entretien avec Edouard Jourdain

La cartographie comme outil de luttes, entretien avec Nephtys Zwer

Pour un communisme des ténèbres - rencontre avec Annie Le Brun

Philosophie de la vie paysanne, rencontre avec Mathieu Yon

Défaire le mythe de l'entrepreneur, discussion avec Anthony Galluzzo

Parcoursup, conseils de désorientation avec avec Aïda N'Diaye, Johan Faerber et Camille

Une histoire du sabotage avec Victor Cachard

La fabrique du muscle avec Guillaume Vallet

Violences judiciaires, rencontre avec l'avocat Raphaël Kempf

L'aventure politique du livre jeunesse, entretien avec Christian Bruel

À quoi bon encore le monde ? Avec Catherine Coquio
Mohammed Kenzi, émigré de partout

Philosophie des politiques terrestres, avec Patrice Maniglier

Politique des soulèvements terrestres, un entretien avec Léna Balaud & Antoine Chopot

Laisser être et rendre puissant, un entretien avec Tristan Garcia

La séparation du monde - Mathilde Girard, Frédéric D. Oberland, lundisoir

Ethnographies des mondes à venir - Philippe Descola & Alessandro Pignocchi

Terreur et séduction - Contre-insurrection et doctrine de la « guerre révolutionnaire » Entretien avec Jérémy Rubenstein

Enjamber la peur, Chowra Makaremi sur le soulèvement iranien

La résistance contre EDF au Mexique - Contre la colonisation des terres et l'exploitation des vents, Un lundisoir avec Mario Quintero

Le pouvoir des infrastructures, comprendre la mégamachine électrique avec Fanny Lopez

Rêver quand vient la catastrophe, réponses anthropologiques aux crises systémiques. Une discussion avec Nastassja Martin

Comment les fantasmes de complots défendent le système, un entretien avec Wu Ming 1

Le pouvoir du son, entretien avec Juliette Volcler

Qu'est-ce que l'esprit de la terre ? Avec l'anthropologue Barbara Glowczewski

Retours d'Ukraine avec Romain Huët, Perrine Poupin et Nolig

Démissionner, bifurquer, déserter - Rencontre avec des ingénieurs

Anarchisme et philosophie, une discussion avec Catherine Malabou

« Je suis libre... dans le périmètre qu'on m'assigne »
Rencontre avec Kamel Daoudi, assigné à résidence depuis 14 ans

Ouvrir grandes les vannes de la psychiatrie ! Une conversation avec Martine Deyres, réalisatrice de Les Heures heureuses

La barbarie n'est jamais finie avec Louisa Yousfi

Virginia Woolf, le féminisme et la guerre avec Naomi Toth

Katchakine x lundisoir

Françafrique : l'empire qui ne veut pas mourir, avec Thomas Deltombe & Thomas Borrel

Guadeloupe : État des luttes avec Elie Domota

Ukraine, avec Anne Le Huérou, Perrine Poupin & Coline Maestracci->https://lundi.am/Ukraine]

Comment la pensée logistique gouverne le monde, avec Mathieu Quet

La psychiatrie et ses folies avec Mathieu Bellahsen

La vie en plastique, une anthropologie des déchets avec Mikaëla Le Meur

Déserter la justice

Anthropologie, littérature et bouts du monde, les états d'âme d'Éric Chauvier

La puissance du quotidien : féminisme, subsistance et « alternatives », avec Geneviève Pruvost

Afropessimisme, fin du monde et communisme noir, une discussion avec Norman Ajari

L'étrange et folle aventure de nos objets quotidiens avec Jeanne Guien, Gil Bartholeyns et Manuel Charpy

Puissance du féminisme, histoires et transmissions

Fondation Luma : l'art qui cache la forêt

De si violentes fatigues. Les devenirs politiques de l'épuisement quotidien,
un entretien avec Romain Huët

L'animal et la mort, entretien avec l'anthropologue Charles Stépanoff

Rojava : y partir, combattre, revenir. Rencontre avec un internationaliste français

Une histoire écologique et raciale de la sécularisation, entretien avec Mohamad Amer Meziane

Que faire de la police, avec Serge Quadruppani, Iréné, Pierre Douillard-Lefèvre et des membres du Collectif Matsuda

La révolution cousue main, une rencontre avec Sabrina Calvo à propos de couture, de SF, de disneyland et de son dernier et fabuleux roman Melmoth furieux

LaDettePubliqueCestMal et autres contes pour enfants, une discussion avec Sandra Lucbert.

Pandémie, société de contrôle et complotisme, une discussion avec Valérie Gérard, Gil Bartholeyns, Olivier Cheval et Arthur Messaud de La Quadrature du Net

Basculements, mondes émergents, possibles désirable, une discussion avec Jérôme Baschet.

Au cœur de l'industrie pharmaceutique, enquête et recherches avec Quentin Ravelli

Vanessa Codaccioni : La société de vigilance

Comme tout un chacune, notre rédaction passe beaucoup trop de temps à glaner des vidéos plus ou moins intelligentes sur les internets. Aussi c'est avec beaucoup d'enthousiasme que nous avons décidé de nous jeter dans cette nouvelle arène. D'exaltations de comptoirs en propos magistraux, fourbis des semaines à l'avance ou improvisés dans la joie et l'ivresse, en tête à tête ou en bande organisée, il sera facile pour ce nouveau show hebdomadaire de tenir toutes ses promesses : il en fait très peu. Sinon de vous proposer ce que nous aimerions regarder et ce qui nous semble manquer. Grâce à lundisoir, lundimatin vous suivra jusqu'au crépuscule. « Action ! », comme on dit dans le milieu.

03.03.2025 à 16:15

Ce n'était pas qu'un grillage : c'est un monde, à nous, qui s'est ouvert

dev

Lire 400 mots
D'abord nous nous sommes rencontré.e.s et nous avons appris.
Appris à nous voir en toute discrétion,
à échanger des conseils et à nous enfuir,
à lire une carte et à faire un feu,
à masquer nos visage et prendre soin les un.e.s des autres,
à nous cacher,
à parcourir la ville, les bois et les friches,
à emprunter un pied de biche et au détour une paire de gants,
à découper des barbelés et des câbles électriques,
à emprunter des vélos et nous dissimuler encore,
à nous faire confiance afin d'avoir moins peur,
parfois à avoir peur mais à nous faire confiance,
à reconnaître les bruits suspects,
à briser des serrures et à arrêter des machines,
à ouvrir une fenêtre et tant d'autres choses,
à détourner l'attention et à escalader un mur,

Et nous avons vibré, ensemble, attendu dans le froid et dans l'obscurité, appris à nous taire et à marcher en silence, à effacer nos empreintes et chacune de nos traces, à nous coordonner,

et puis disparaître pour nous retrouver ailleurs

Nous avons ainsi appris à nous organiser et à nouer dans quelque chose de plus intense que l'objectif lui-même l'expérience concrète du commun.
Un commun partagé qui a enrichi davantage encore notre hostilité vis-à-vis du champs politique. Car nous faisons le constat que, des formes éculées du militantismes à la gauche parlementaire, se trouve la même opération de détournement du devenir-révolutionnaire de ce qui est historiquement voué à détruire l'état de choses actuel. Dès lors nous préférons habiter une situation conflictuelle que d'adhérer à un discours mystificateur sur la nécessité d'en passer par la conquête de l'appareil d'état.

Dans cette commune nécessité, un monde s'est ouvert, donc.

et peut-être un grillage, à l'aube, aux abords de la ville de Strasbourg.

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