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30.10.2025 à 14:31

WhatsApp – Les Passkeys arrivent pour vos sauvegardes

Romain Leclaire
Nous connaissons tous ce micro-infarctus. Ce moment où la main plonge dans la poche ou le sac, pour n’y trouver qu’un vide angoissant. La panique de la perte d’un smartphone n’est plus seulement liée à la valeur de l’objet, mais surtout à la perte de notre vie numérique. Et au cœur de celle-ci, pour plus […]

Texte intégral 1699 mots
Logo de WhatsApp sur fond coloré, représentant l'application de messagerie.

Nous connaissons tous ce micro-infarctus. Ce moment où la main plonge dans la poche ou le sac, pour n’y trouver qu’un vide angoissant. La panique de la perte d’un smartphone n’est plus seulement liée à la valeur de l’objet, mais surtout à la perte de notre vie numérique. Et au cœur de celle-ci, pour plus de trois milliards d’individus, il y a WhatsApp. Des années de conversations, de photos de famille, de notes vocales précieuses et de confidences… Un véritable trésor numérique que l’on pense à tort éternel.

Pendant longtemps, sa protection était étonnamment faible. Si vos messages étaient bien chiffrés pendant leur envoi, les sauvegardes (sur Google Drive ou iCloud) restaient, elles, en clair et vulnérables. Puis, en 2021, Meta a enfin corrigé cette faille béante en introduisant le chiffrement de bout en bout pour les sauvegardes. Un pas en avant pour la confidentialité, mais qui s’accompagnait d’un choix cornélien. Pour protéger ce coffre-fort, WhatsApp vous demandait soit de créer un mot de passe unique, soit de noter précieusement une clé de chiffrement à 64 caractères.

Illustration d'une sauvegarde en ligne avec un nuage et un appareil, montrant des cadenas et une option pour sauvegarder avec une passkey.

Soyons honnêtes, qui a réellement mémorisé cette suite de chiffres et de lettres ? La plupart d’entre nous l’ont copiée à la hâte dans un fichier « notes.txt » sur un ordinateur, ou pire, se la sont envoyée par email, annulant au passage une partie de la sécurité recherchée. Quant au mot de passe, c’est un piège classique. Dans le stress d’un changement de téléphone, souvent des mois ou des années plus tard, le retrouver relève de l’exploit mémoriel. L’échec signifie l’inaccessible, votre sauvegarde existe, mais elle vous a été à jamais verrouillée. La sécurité est devenue une contrainte si forte que beaucoup préfèrent s’en passer.

Aujourd’hui, WhatsApp s’apprête à briser ce dilemme frustrant entre sécurité et simplicité. La plateforme de messagerie déploie une mise à jour qui va changer la donne avec l’intégration des « passkeys » (ou clés d’accès) pour la restauration de vos sauvegardes chiffrées. Qu’est-ce qu’une passkey ? C’est tout simplement la fin du mot de passe tel que vous le connaissez. Une passkey n’est pas un secret que vous devez retenir, mais une information d’identification numérique stockée directement sur votre appareil. Il utilise les systèmes de sécurité biométrique que vous utilisez déjà des dizaines de fois par jour: votre visage (via Face ID ou équivalent Android), votre empreinte digitale (Touch ID ou autre), ou même simplement le code PIN de déverrouillage de votre écran.

Le scénario d’utilisation devient alors d’une simplicité enfantine. Imaginez, vous perdez ou cassez votre téléphone. Vous vous procurez un nouvel appareil. Vous installez WhatsApp. L’application détecte l’existence de votre sauvegarde chiffrée. Mais cette fois, au lieu de vous présenter une angoissante boîte de dialogue vous réclamant une clé à 64 chiffres, votre nouveau téléphone vous demandera simplement de confirmer votre identité. Un regard vers la caméra, un doigt sur le capteur, et voilà. Vos années de souvenirs sont déverrouillées et commencent à se restaurer.

Illustration d'une clé numérique entourée d'icônes représentant un utilisateur, une empreinte digitale et un bouclier, sur un fond pastel.

Cette évolution est bien plus impactante qu’elle n’y paraît. Elle résout le principal point de friction de la sécurité des sauvegardes. En liant l’accès à vos données à quelque chose que vous êtes (votre visage) ou quelque chose que vous avez (votre appareil) plutôt qu’à quelque chose que vous savez (un mot de passe), WhatsApp rend la sécurité maximale accessible à tous, sans effort mental. Ce n’est d’ailleurs pas une initiative isolée. L’industrie tech cherche activement à se débarrasser du mot de passe, ce maillon faible de notre sécurité numérique depuis des dizaines d’années. WhatsApp avait d’ailleurs déjà commencé sa transition en 2023, en introduisant les passkeys comme méthode de connexion principale à votre compte, remplaçant l’ancien système de code SMS. L’extension de cette techno aux sauvegardes est l’étape logique et importante qui vient compléter le tableau.

En sécurisant non seulement l’accès au compte, mais aussi la restauration des données, la plateforme boucle la boucle de la confidentialité. Vos messages sont chiffrés en transit, votre compte est protégé par la biométrie et vos archives sont désormais à la fois impénétrables pour les curieux et instantanément accessibles pour vous. Alors, quand pourrez-vous en profiter ? Meta a annoncé que cette fonctionnalité serait déployée progressivement au cours des semaines et des mois à venir sur iOS et Android. Comme toujours avec des déploiements de cette ampleur, la patience est de mise. Il n’y a pas d’action manuelle à faire pour forcer la mise à jour, si ce n’est de maintenir votre application WhatsApp à jour.

Si vous êtes curieux de savoir si vous faites déjà partie des heureux élus, ou si vous voulez simplement vérifier l’état de votre sauvegarde actuelle, le chemin est simple. Rendez-vous dans les Paramètres de WhatsApp, puis Discussions, suivi de Sauvegarde des discussions. Une fois sur cet écran, cherchez l’option Sauvegarde chiffrée de bout en bout. C’est ici que vous pouvez activer la fonction (si ce n’est déjà fait) et que vous verrez bientôt apparaître l’option de gestion par « passkey » à la place ou en complément du mot de passe ou de la clé manuelle.

Dans son annonce, WhatsApp a parfaitement résumé l’enjeu: « Beaucoup d’entre nous conservent des années de souvenirs précieux dans leurs discussions WhatsApp. C’est pourquoi il est si important de les protéger si jamais vous perdez votre téléphone. » Avec cette solution, la protection de ces souvenirs cesse d’être une corvée technique pour devenir un réflexe aussi naturel que de déverrouiller son téléphone.

30.10.2025 à 09:42

YouTube et l’IA – La « Super Résolution » va transformer vos vieilles vidéos et confirmer la domination de Google sur nos TV

Romain Leclaire
Nous vivons une époque fascinante où l’intelligence artificielle n’est plus un concept de science-fiction, mais un outil quotidien qui modifie nos expériences. Google, ou plutôt sa société mère Alphabet, vient de le prouver une fois de plus, non seulement en annonçant un trimestre record historique dépassant les 100 milliards de dollars de revenus, mais aussi […]

Texte intégral 1351 mots
Un motif de boutons YouTube rouges avec des flèches blanches, représentant la plateforme de streaming vidéo en ligne.

Nous vivons une époque fascinante où l’intelligence artificielle n’est plus un concept de science-fiction, mais un outil quotidien qui modifie nos expériences. Google, ou plutôt sa société mère Alphabet, vient de le prouver une fois de plus, non seulement en annonçant un trimestre record historique dépassant les 100 milliards de dollars de revenus, mais aussi en dévoilant une série de nouveautés pour YouTube qui visent à asseoir sa domination incontestée sur nos écrans de télévision.

Car oui, YouTube n’est plus seulement le roi du streaming sur mobile, il attire désormais plus de spectateurs sur grand écran que Netflix et Disney+ réunis. Fort de ce constat et d’une puissance financière et technologique colossale, Google déploie l’artillerie lourde. Et au cœur de cet arsenal se trouve la « Super Résolution », une fonctionnalité qui pourrait bien changer notre façon de consommer d’anciens contenus.

La « Super Résolution » – L’IA au secours de nos archives vidéo

De quoi s’agit-il ? C’est très simple, YouTube va commencer à utiliser l’intelligence artificielle pour mettre à l’échelle (upscale) les vidéos de basse qualité. Concrètement, si une vidéo a été mise en ligne dans une résolution inférieure à 1080p (pensez à tous ces trésors de l’ère SD qui peuplent la plateforme) YouTube générera automatiquement une version de résolution supérieure. L’objectif est de passer ces vidéos de la SD à la HD, mais la firme de Mountain View voit déjà plus loin avec la prise en charge des résolutions allant jusqu’à 4K dans un avenir proche.

Imaginez pouvoir redécouvrir de vieux clips musicaux, des tutoriels historiques ou des vlogs des débuts de la plateforme avec une clarté inédite sur votre téléviseur 4K. C’est une promesse de taille, qui donne une seconde vie à des millions d’heures de contenu qui, autrement, vieilliraient mal sur nos écrans modernes. Cette version améliorée sera clairement étiquetée « Super Résolution » dans les paramètres de lecture, laissant le choix au spectateur.

La transparence et le contrôle – Une leçon retenue

Cette initiative n’est pas totalement nouvelle. Plus tôt cette année, des tests menés par YouTube avaient suscité l’inquiétude de certains créateurs, qui s’étaient plaints de l’aspect artificiel soudain de leurs vidéos, modifié sans leur consentement explicite. Le manque de transparence avait été un point de friction notable. Cette fois, le service de streaming semble avoir retenu la leçon. Il insiste sur le fait que les créateurs garderont un contrôle total.

Bien que la fonctionnalité soit activée automatiquement (opt-in par défaut), les fichiers originaux resteront intacts. Les créateurs auront accès à la fois à la version originale et à la version « Super Résolution » et, surtout, ils disposeront d’une option claire pour se retirer (opt-out) de ces améliorations via les paramètres avancés de YouTube Studio. Du côté du spectateur, la transparence est également de mise. Non seulement les versions améliorées seront étiquetées, mais il sera toujours possible de revenir à la résolution originale téléchargée par le créateur. C’est un équilibre délicat mais nécessaire entre amélioration technologique et respect de l’œuvre originale.

YouTube veut être le roi de votre salon

Cette « Super Résolution » vise à faire de YouTube l’expérience centrale de la télévision domestique. Pour y parvenir, plusieurs autres fonctionnalités sont déployées. D’abord, la page d’accueil sur TV va adopter une ambiance de « zapping » plus traditionnelle. Fini le simple défilement de vignettes, place à des aperçus immersifs des chaînes populaires, permettant de feuilleter le contenu pour avoir un avant-goût, un peu comme on changeait de chaîne à l’époque. Ensuite, la recherche devient plus contextuelle. Si vous lancez une recherche depuis la page d’un créateur spécifique, les résultats affichés proviendront en priorité de cette chaîne, au lieu d’être mélangés avec l’ensemble du catalogue YouTube. Une amélioration de bon sens qui facilitera grandement la navigation.

Enfin, YouTube s’attaque au télé-achat 2.0. Google note que les utilisateurs ont regardé le chiffre impressionnant (et quelque peu alarmant) de 35 milliards d’heures de contenu lié au shopping l’année dernière. Mais comment convertir cet intérêt sur un téléviseur, où cliquer sur un lien est impossible ? La réponse n’est pas l’IA, mais le bon vieux QR code. Les créateurs pourront désormais en intégrer et qui apparaîtront à des moments précis de la vidéo. Les spectateurs n’auront qu’à scanner le code avec leur téléphone pour ouvrir la page du produit.

L’IA et l’économie – Le moteur d’une domination

Ces innovations ne sortent pas de nulle part. Elles sont le fruit de la domination écrasante de Google dans le domaine de l’IA et de sa santé financière insolente. Les résultats du troisième trimestre 2025 d’Alphabet ont révélé un premier trimestre historique à 102,3 milliards de dollars de revenus. Sundar Pichai, son PDG, a partagé que l’application Gemini compte désormais plus de 650 millions d’utilisateurs actifs, un bond spectaculaire par rapport aux 350 millions de mars 2025. L’AI Mode, quant à lui, attire 75 millions d’utilisateurs quotidiens. Cette adoption massive de l’IA générative alimente l’expertise qui permet aujourd’hui de développer des outils comme la « Super Résolution ».

Cet écosystème profite aussi directement aux créateurs. Le nombre de chaînes gagnant plus de 100 000 dollars par an a augmenté de 45 % entre 2024 et 2025. Pour les aider à séduire davantage sur grand écran, YouTube augmente même la limite de taille des miniatures de 2 Mo à 50 Mo, ouvrant la voie à des visuels encore plus léchés. En s’appuyant sur la force de frappe de Gemini et une économie de créateurs florissante, Google cimente sa place non pas comme une alternative à la télévision, mais comme son successeur inévitable.

30.10.2025 à 09:23

AOL change encore de mains – Le pari de Bending Spoons sur un géant déchu d’Internet

Romain Leclaire
Vous avez un message ! Cette notification sonore iconique a défini toute une génération d’internautes. AOL, le portail bleu qui fut pour beaucoup la porte d’entrée vers le monde numérique, est un véritable symbole de l’aube d’Internet. Mais dans le cimetière des géants de la tech, il a toujours refusé de mourir, passant de propriétaire […]

Texte intégral 1904 mots
Logo de la société AOL sur fond jaune, représentant un symbole iconique de l'ère numérique.

Vous avez un message ! Cette notification sonore iconique a défini toute une génération d’internautes. AOL, le portail bleu qui fut pour beaucoup la porte d’entrée vers le monde numérique, est un véritable symbole de l’aube d’Internet. Mais dans le cimetière des géants de la tech, il a toujours refusé de mourir, passant de propriétaire en propriétaire tel un héritage à la fois précieux et encombrant. Aujourd’hui, un nouveau chapitre s’ouvre. Bending Spoons, un développeur d’applications mobiles européen en pleine expansion, a annoncé mercredi avoir conclu un accord pour le racheter à Yahoo, lui-même soutenu par le titan du capital-investissement Apollo.

Cette acquisition n’est pas une mince affaire. Pour financer cette opération d’envergure, Bending Spoons a annoncé avoir sécurisé un financement par la dette colossal de 2,8 milliards de dollars. Si la transaction se déroule comme prévu et obtient toutes les approbations réglementaires nécessaires, elle devrait être finalisée d’ici la fin de l’année. La nouvelle, bien que surprenante par l’identité de l’acheteur, n’est pas une surprise totale. L’agence de presse Reuters avait rapporté plus tôt ce mois-ci que Yahoo était en pourparlers pour céder AOL pour une somme qui avoisinerait 1,4 milliard de dollars. Le financement de 2,8 milliards suggère que Bending Spoons ne se contente pas d’acheter, mais prévoit également d’injecter des fonds conséquents dans sa nouvelle acquisition.

Interface de bienvenue d'AOL datée du 4 août 1999, montrant des sections pour les actualités, la météo, et des options de messagerie.

Le potentiel caché d’un service iconique

Pourquoi un développeur d’applications mobiles moderne s’intéresserait-il à ce qui est souvent perçu comme une relique du passé ? Luca Ferrari, PDG et cofondateur de Bending Spoons, a une vision claire de son investissement. Dans un communiqué de presse, il a décrit AOL comme une entreprise iconique et aimée, en bonne santé, qui a résisté à l’épreuve du temps et qui, selon nous, possède un potentiel inexprimé. Ces mots ne sont pas que de la simple communication d’entreprise. Ferrari s’appuie sur des chiffres concrets.

« Selon nos estimations, AOL est l’un des dix principaux fournisseurs de services de messagerie au monde, avec une base de clients très fidèles comptant environ 8 millions d’utilisateurs actifs quotidiens et 30 millions d’utilisateurs actifs mensuels », a-t-il indiqué.

Trente millions d’utilisateurs mensuels. C’est loin d’être négligeable. C’est une base d’utilisateurs loyaux, habitués à un service qui, malgré ses multiples changements de propriétaire, fonctionne toujours. Bending Spoons l’a bien compris et promet d’agir en conséquence. « Nous avons l’intention d’investir de manière significative pour aider le produit et l’entreprise à prospérer« , affirme le PDG. Face au scepticisme ambiant, ce dernier a tenu à rassurer sur ses intentions à long terme:

« Bending Spoons n’a jamais vendu une entreprise acquise. Nous sommes convaincus que nous sommes le bon gardien à long terme pour AOL, et nous sommes impatients de servir sa large et fidèle base de clients pendant de nombreuses années. »

L’interminable valse des propriétaires d’AOL

Cette promesse de stabilité est importante, car si AOL a résisté à l’épreuve du temps, il a surtout fait face à une instabilité chronique de propriétaires. Son histoire est une véritable saga de la tech, marquée par des fusions désastreuses et des reventes stratégiques. Souvenons-nous de 2001. Au sommet de la bulle Internet, AOL fusionne avec le géant des médias Time Warner. Cette opération, saluée à l’époque comme le mariage du siècle entre l’ancien et le nouveau monde, est aujourd’hui enseignée dans les écoles de commerce comme l’une des pires fusions de l’histoire de l’entreprise. La culture des deux entités n’a jamais pris et l’éclatement de la bulle a rendu l’accord caduc. En 2009, AOL retrouve son indépendance, mais il est affaibli, dépassé par de nouveaux acteurs comme Google et Facebook.

En 2015, c’est au tour de l’opérateur télécom Verizon de tenter sa chance. Persuadé que l’avenir réside dans la convergence des contenus et de la publicité, il débourse 4,4 milliards de dollars pour racheter AOL. L’objectif était de créer un géant de la publicité numérique pour concurrencer le duopole Google-Facebook. Dans cette optique, Verizon rachète également Yahoo pour 4,8 milliards de dollars en 2017. Les deux entreprises sont alors fusionnées sous une nouvelle entité au nom maladroit de « Oath ». L’ambition était grande, mais la réalité fut décevante. La synergie espérée ne s’est jamais matérialisée.

En 2021, Verizon jette l’éponge et revend sa division média, rebaptisée Verizon Media Group (comprenant AOL et Yahoo), à la société de capital-investissement Apollo Global Management pour environ 5 milliards de dollars, soit près de moitié moins que ce qu’il avait payé pour les deux entités. Sous la houlette d’Apollo, AOL a été placée sous l’ombrelle de Yahoo. Le service a continué de fonctionner, offrant un portail web et son service d’email, bien qu’il ait récemment mis fin à son service historique d’accès à Internet par ligne commutée (dial-up) après plus de trente ans.

Le style Bending Spoons – Une source d’espoir et d’inquiétude

L’arrivée de Bending Spoons marque donc la fin de la période du capital-investissement pour AOL et le début d’une ère nouvelle, dirigée par une pure entreprise de logiciels. Mais qui est-elle ? Cette société italienne s’est fait un nom grâce à une série d’acquisitions très médiatisées de marques technologiques américaines bien connues, souvent des services patrimoniaux similaires à AOL. Dans son portefeuille, on trouve des noms comme l’application de prise de notes Evernote, la plateforme de gestion d’événements Meetup, le service de transfert de fichiers WeTransfer et, bientôt, la plateforme vidéo Vimeo.

Un homme souriant portant un t-shirt noir se tient debout devant un mur avec le logo de Bending Spoons, entouré de plantes d'intérieur.

Le « style » Bending Spoons a pourtant de quoi inquiéter les utilisateurs fidèles d’AOL. Ces acquisitions récentes ont souvent suivi un schéma similaire: une vague de licenciements pour restructurer l’entreprise, suivie, dans certains cas, d’une augmentation des prix pour les clients. La reprise d’Evernote, par exemple, s’est accompagnée d’une restructuration douloureuse et d’une refonte de la politique tarifaire qui a fait grincer des dents de nombreux utilisateurs de longue date.

Cette tension est au cœur de l’annonce d’aujourd’hui. D’un côté, nous avons la promesse de Luca Ferrari d’être un « gardien à long terme » et « d’investir significativement ». De l’autre, nous avons un historique d’acquisitions pragmatiques visant à rentabiliser rapidement des actifs sous-performants. Alors, quel sort Bending Spoons réserve-t-il à AOL ? Vont-ils réellement investir pour moderniser le service de messagerie et le portail, capitalisant sur cette base d’utilisateurs étonnamment résiliente ? Ou assisterons-nous à une optimisation des coûts et à une monétisation accrue des 8 millions d’utilisateurs quotidiens ? Difficile de le dire. Mais pour des millions de personnes qui, peut-être par habitude ou par loyauté, ouvrent encore chaque jour leur boîte de réception AOL, l’avenir de leur premier foyer numérique est, une fois de plus, en suspens.

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