04.03.2025 à 10:54
Quand mon quotidien me laisse dans une impression de désœuvrement, que j'erre dans les rues pour tromper ma fatigue ou ma mauvaise humeur et n'ai pas les ressources pour retrouver du sens et de l'allant, je pars les retrouver loin du centre, au café-librairie La Lune au fond de l'eau. Dans une petite rue ombreuse, d'apparence assez misérable, ce lieu cachait bien ses trésors dans ses premiers mois d'existence, mais sa jolie devanture en bois et une enseigne ont depuis été exécutées par deux amies du collectif qui l'a créé [1]. C'est un établissement qui a beaucoup évolué depuis ses débuts, de manière empirique, mais son principe essentiel est resté inchangé. Il s'agit de se plonger dans un siège moelleux et dans un livre, pour quelques minutes, ou plusieurs heures. Ma principale angoisse est de ne pas trouver un coin où m'asseoir lorsque j'y pénètre. Il n'y a guère que quatre vieux canapés (les plus prisés car ils sont les sièges dans lesquels on s'enfonce le plus profondément), et quelques fauteuils et vieilles chaises disséminés çà et là. Le lieu pourtant n'est pas minuscule, mais seul l'espace central est dévolu à la détente. Autour, contre deux murs, l'espace librairie finit immanquablement par m'arracher à mon fauteuil convoité et aussitôt investi par une prédatrice en quête d'une place assise ; je me plonge alors dans la contemplation des nouveaux livres présentés aux lectrices, les feuillette, me rassois sur un bord de marche. La Lune au fond de l'eau, ce ne sont jamais que cent livres : chacun est présenté sur l'ouvroir vertical de l'un des cent casiers répartis sur les deux murs latéraux du local – à l'intérieur de ces boîtes, quelques exemplaires neufs sont proposés à l'achat. Il m'arrive de revenir plusieurs jours de suite pour lire intégralement un livre présenté. J'aime tordre un peu ces ouvrages passés entre de nombreuses mains, parfois soulignés comme si on avait voulu me dire « Là, regarde ! » La lecture en devient une activité moins solitaire. Parfois, malgré tout, je finis par acheter un exemplaire neuf, non par honte de n'avoir pas payé, mais parce qu'il m'est devenu cher et intime. Chaque livre est accompagné d'une fiche bristol sur laquelle la personne qui l'a sélectionné explique les raisons de son attachement pour lui et mentionne son nom. Je fais partie des gens qui, parfois, ajoutent quelques mots à ces avant-propos externes. Les habituées finissent donc par savoir avec quelle libraire elles partagent le plus d'affinités, mais aussi avec quelles lectrices. Chaque personne participant à l'organisation de ce lieu renouvelle deux livres de son choix par mois. On trouve tout aussi bien des essais que des bandes dessinées, de la poésie, de la littérature jeunesse,… Aux classiques incontournables, majoritaires les premiers mois d'ouverture, ont succédé plus de raretés. Les visiteuses les plus régulières finissent par imprimer un peu leur marque aussi. J'ai moi-même eu le plaisir de voir des lectrices feuilleter Notre part de nuit (que j'avais fait lire à ma libraire favorite avant qu'elle ne le mette en présentation), guettant avec avidité leur réaction tout en faisant semblant d'être plongée dans mon livre. Cent livres, c'est peu, mais ce sont cent livres choisis, qui changent petit à petit, nous évitant ce sentiment de submersion que l'on peut éprouver dans les librairies traditionnelles. À La Lune au fond de l'eau, il semble que tout ce qui vient vers vous vous est véritablement adressé. Ainsi, si un morceau de musique est diffusé (cela arrive une fois par heure peut-être), vous pouvez être sûre qu'il n'est pas simplement là pour combler quelque vide, mais qu'une personne l'a dégoté comme elle a déniché pour vous des livres, se faisant par avance un plaisir de le partager. Je ferme mon livre alors, et j'écoute. Lorsque je m'attarde à La Lune, je suis heureux de trouver un livre inconnu, mais je crois l'être plus encore lorsque je découvre une affinité commune pour un ouvrage que j'ai déjà lu, qui me donne immanquablement l'impulsion de partager mon enthousiasme avec la libraire qui l'a choisi : retrouver le cycle de Titus d'Enfer, L'Ange des ténèbres de Sábato ou Les Aventures de la marchandise dont j'ai longuement parlé avec Xavier,... a soulevé en moi la même joie que si j'avais recroisé une vieille amie après des années sans nouvelles… L'intérêt de ce lieu, plus encore que la découverte de véritables pépites livresques (pourtant si précieuse lorsqu'on atteint un certain âge), réside dans les occasions de conversations, formant le point de départ de relations continuées en dehors de La Lune. Les libraires font tout pour favoriser ces interactions, repoussant régulièrement l'heure de fermeture pour organiser des moments de conversation collective autour de références devenues communes. Je me souviens des ricanements avec lesquels mes amis et moi parlions des gens incapables de soutenir une discussion sans ériger Google en arbitre des conversations, avant de céder nous-mêmes, défaits. J'ai aussi bravement, orgueilleusement résisté des années aux sollicitations des réseaux, avant de me soumettre à Whatsapp, sans lequel toute vie sociale est devenue si compliquée. Depuis, malgré ma reddition tardive, je sens mon téléphone me lancer, à tout moment, comme une faim, comme une poussée de mes nerfs. Je ne parviens jamais longtemps à lui résister. Aucune activité, aucune conversation ne peut être menée sans qu'il ne vienne rompre sa continuité. Aussi ai-je gardé pour la fin la particularité la plus marquante de La Lune au fond de l'eau, qui contribue à cette facilité de rencontres qui y saute aux yeux : il s'agit de l'interdiction de l'usage du téléphone. Une inscription bien nette sur la vitrine, « No Phone Zone », vous prévient que ce problématique accessoire est prohibé au sein du café-librairie. Un petit comptoir à droite de l'entrée sépare le client d'une étagère à casiers, bâtie sur le modèle des boîtes-à-doudous des crèches ; vous êtes prié de déposer votre téléphone. Vous êtes infantilisé mais vous l'avez bien mérité. Une petite étiquette numérotée vous permet de le récupérer lorsque vous repartez. Tout le temps que vous passez dans ce lieu sera donc dévolu à ce qui y est contenu : les livres, les libraires, les gens ; désormais, mes proches et mes relations professionnelles savent que si je ne réponds pas, c'est que je suis à la Lune. Une bonne part du succès de ce lieu, j'en suis persuadé, réside dans cette ablation. Cette règle ne s'applique pas toujours sans heurts ; les libraires ont nombre d'anecdotes intéressantes à ce sujet. Il y a les contestataires qui argumentent autant qu'ils peuvent à l'entrée ; ceux qui trichent et prétendent ne pas avoir de téléphone avant d'être surpris, comme à l'époque du lycée,… J'ai moi-même vu une personne s'indigner violemment, moins par esprit libertaire que par révulsion à l'idée qu'un espace, aussi restreint soit-il, échappe au règne de la communication par écran interposé. C'est la partie la plus désagréable du travail du collectif de La Lune, qui génère des crises quasi-quotidiennes, mais il y a toujours des habitués pour leur prêter main forte auprès de ces récalcitrants. Il est plus amusant de voir chaque fois qu'on approche de la librairie, à côté de l'habituel groupe de fumeurs en manque de nicotine, un autre composé d'accros au téléphone, prenant eux aussi leur dose entre deux plongées dans ce commerce anachronique, même dans les rigueurs de l'hiver. Des mauvaises langues disent qu'on aurait vu, à des heures plus discrètes, une certaine licence s'appliquer en ce qui concerne la consommation de tabac au sein de la librairie, mais l'interdiction du téléphone, elle, y est rigoureusement respectée. J'ai très vite remarqué que grâce à cette précaution, à La Lune, je lis mieux. Pas de sonneries intempestives, pas de personne impolie décrochant avec un air plus ou moins désolé, pas de sollicitation absurde (la nouvelle vidéo du Palma show au milieu d'une phrase de Musil ou d'une conversation stimulante). Je dirais même que j'y ai réappris à lire, à retrouver la continuité de mon attention ; d'autres habitués avouent qu'ils viennent précisément pour que leur téléphone leur soit retiré. Il semble bien qu'on en soit arrivé là. Cette interdiction, associée à toutes les particularités d'agencement et d'organisation de ce lieu, explique à quel point La Lune au fond de l'eau est favorable à l'apparition d'ambiances inconnues ailleurs. J'y éprouve moi-même régulièrement comme une impression de décrochage. Suivant le moment du jour où je choisis de venir, l'atmosphère change, depuis le calme du matin propice à plus de concentration dans la lecture, jusqu'à l'approche de la fermeture où clairement tout le monde est là pour discuter, en passant par l'heure plus familiale du goûter. Mais ce qui m'étonne toujours est que tous ces moments partagés dans ses murs me paraissent dégager une égale puissance contestataire : les réunions du soir assez nombreuses, après la fermeture, rendent évidente cette volonté de se servir de ce lieu comme tête de pont d'actions de résistance, voire, dit-on, de nuisances [2] ; mais je me suis un jour surpris à éprouver cette même satisfaction contestataire alors que je m'accordais le plaisir simple de faire découvrir à une petite fille Max et les Maximonstres. Je crois pouvoir dire que ce sentiment s'explique par le fait qu'à La Lune on respire un même air, un air moins vicié que celui qu'on inhale presque partout ailleurs. Je ne suis pas naïf, ce lieu reste un commerce. Mais il demeure dans les esprits de ses créateurs comme un moyen pour financer autre chose : un nouveau moment collectif tel qu'un concert, le soutien à une action politique ou à un autre groupe en péril,... Tout n'est pas idyllique dans l'arrière-cuisine de La Lune au fond de l'eau. J'ai même ouï-dire que ce n'est pas sans dissensions ni implacables exclusions que la décision de se désintéresser de l'indéniable potentiel lucratif de ce commerce a été prise. Mais si un jour la Lune devait couler jusqu'à disparaître dans la vase des bas-fonds, si elle devait se dévoyer, je ne serai pas de ceux qui se félicitent d'un tel échec pour se conforter dans l'idée que toute initiative de ce genre est vouée à la corruption. Le plus important est que, à un moment, ça a marché. Si la petite flamme qui m'y réchauffe si souvent finit par s'éteindre, je n'oublierai pas qu'elle a un temps brûlé ; et c'est une exception vraiment notable au milieu de tous ces espaces commerciaux qui véritablement sentent le cadavre. [3] [1] Les noms de groupes sont au féminin dans la première section de ce texte et au masculin dans la seconde. [2] La récente interpellation de l'auteure du très réussi « Faire de la Côte d'Azur un nouveau Gaza » graffé sur le mur de la préfecture, suivie d'une visite houleuse de la police dans le café-librairie, sont ainsi deux événements dont les amis de La Lune ont pu tirer un juste orgueil. [3] Ce texte s'inspire librement d'un splendide article de George Orwell (The Moon Under Water). Sa traduction est disponible dans le tome 3 d'Essais, articles et lettres, recueil publié par l'Encyclopédie des Nuisances et Ivrea. Texte intégral 2287 mots
04.03.2025 à 10:43
Livraisons à domicile et plateformisation du travail
Un lundisoir avec le sociologue Stéphane Le Lay
- 3 mars / lundisoir, 2, Positions, Cybernétique, Avec une grosse photo en hautFabien Lemozy et Stéphane Le Lay, sociologues du travail, ont mené une vaste enquête sur les livreurs à vélo qui pédalent toute la journée dans le cœur des métropoles pour rassasier la petite bourgeoisie pressée. Ils y voient le déploiement d'un nouveau stade du capitalisme, sa plateformisation ; ou comment les plateformes numériques et les nouvelles technologies qui tiennent dans nos poches révolutionnent l'organisation même du travail, c'est-à-dire l'exploitation et la domination des corps. Pour vous y abonner, des liens vers tout un tas de plateformes plus ou moins crapuleuses (Apple Podcast, Amazon, Deezer, Spotify, Google podcast, etc.) sont accessibles par ici. Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d'existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C'est par ici. 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Drebent Faut-il boyotter les livres Bolloré - Un lundisoir avec des libraires Contre-anthropologie du monde blanc - Jean-Christophe Goddard 10 questions sur l'élection de Trump - Eugénie Mérieau, Michalis Lianos & Pablo Stefanoni Chlordécone : Défaire l'habiter colonial, s'aimer la terre - Malcom Ferdinand Ukraine, guerre des classes et classes en guerre - Daria Saburova Enrique Dussel, métaphysicien de la libération - Emmanuel Lévine Combattre la technopolice à l'ère de l'IA avec Felix Tréguer, Thomas Jusquiame & Noémie Levain (La Quadrature du Net) Des kibboutz en Bavière avec Tsedek Le macronisme est-il une perversion narcissique - Marc Joly Science-fiction, politique et utopies avec Vincent Gerber Combattantes, quand les femmes font la guerre - Camillle Boutron Communisme et consolation - Jacques Rancière Tabou de l'inceste et Petit Chaperon rouge - Lucile Novat L'école contre l'enfance - Bertrand Ogilvie Une histoire politique de l'homophobie - Mickaël Tempête Continuum espace-temps : Le colonialisme à l'épreuve de la physique - Léopold Lambert « Les gardes-côtes de l'ordre racial » u le racisme ordinaire des électeurs du RN - Félicien Faury Armer l'antifascisme, retour sur l'Espagne Révolutionnaire - Pierre Salmon Les extraterrestres sont-ils communistes ? 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Avec Ludivine Bantigny et Tsedek (Adam Mitelberg) De la démocratie en dictature - Eugénie Mérieau Inde : cent ans de solitude libérale fasciste - Alpa Shah 50 nuances de fafs, enquête sur la jeunesse identitaire avec Marylou Magal & Nicolas Massol Tétralemme révolutionnaire et tentation fasciste avec Michalis Lianos Fascisme et bloc bourgeois avec Stefano Palombarini Fissurer l'empire du béton avec Nelo Magalhães La révolte est-elle un archaïsme ? avec Frédéric Rambeau Le bizarre et l'omineux, Un lundisoir autour de Mark Fisher Démanteler la catastrophe : tactiques et stratégies avec les Soulèvements de la terre Crimes, extraterrestres et écritures fauves en liberté - Phœbe Hadjimarkos Clarke Pétaouchnock(s) : Un atlas infini des fins du monde avec Riccardo Ciavolella Le manifeste afro-décolonial avec Norman Ajari Faire transer l'occident avec Jean-Louis Tornatore Dissolutions, séparatisme et notes blanches avec Pierre Douillard-Lefèvre De ce que l'on nous vole avec Catherine Malabou La littérature working class d'Alberto Prunetti Illuminatis et gnostiques contre l'Empire Bolloréen avec Pacôme Thiellement La guerre en tête, sur le front de la Syrie à l'Ukraine avec Romain Huët Abrégé de littérature-molotov avec Mačko Dràgàn Le hold-up de la FNSEA sur le mouvement agricole De nazisme zombie avec Johann Chapoutot Comment les agriculteurs et étudiants Sri Lankais ont renversé le pouvoir en 2022 Le retour du monde magique avec la sociologue Fanny Charrasse Nathalie Quintane & Leslie Kaplan contre la littérature politique Contre histoire de d'internet du XVe siècle à nos jours avec Félix Tréguer L'hypothèse écofasciste avec Pierre Madelin oXni - « On fera de nous des nuées... » lundisoir live Selim Derkaoui : Boxe et lutte des classes Josep Rafanell i Orra : Commentaires (cosmo) anarchistes Ludivine Bantigny, Eugenia Palieraki, Boris Gobille et Laurent Jeanpierre : Une histoire globale des révolutions Ghislain Casas : Les anges de la réalité, de la dépolitisation du monde Silvia Lippi et Patrice Maniglier : Tout le monde peut-il être soeur ? 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Avec l'anthropologue Barbara Glowczewski Retours d'Ukraine avec Romain Huët, Perrine Poupin et Nolig Démissionner, bifurquer, déserter - Rencontre avec des ingénieurs Anarchisme et philosophie, une discussion avec Catherine Malabou La barbarie n'est jamais finie avec Louisa Yousfi Virginia Woolf, le féminisme et la guerre avec Naomi Toth Françafrique : l'empire qui ne veut pas mourir, avec Thomas Deltombe & Thomas Borrel Guadeloupe : État des luttes avec Elie Domota Ukraine, avec Anne Le Huérou, Perrine Poupin & Coline Maestracci->https://lundi.am/Ukraine] Comment la pensée logistique gouverne le monde, avec Mathieu Quet La psychiatrie et ses folies avec Mathieu Bellahsen La vie en plastique, une anthropologie des déchets avec Mikaëla Le Meur Anthropologie, littérature et bouts du monde, les états d'âme d'Éric Chauvier La puissance du quotidien : féminisme, subsistance et « alternatives », avec Geneviève Pruvost Afropessimisme, fin du monde et communisme noir, une discussion avec Norman Ajari Puissance du féminisme, histoires et transmissions Fondation Luma : l'art qui cache la forêt L'animal et la mort, entretien avec l'anthropologue Charles Stépanoff Rojava : y partir, combattre, revenir. Rencontre avec un internationaliste français Une histoire écologique et raciale de la sécularisation, entretien avec Mohamad Amer Meziane LaDettePubliqueCestMal et autres contes pour enfants, une discussion avec Sandra Lucbert. Basculements, mondes émergents, possibles désirable, une discussion avec Jérôme Baschet. Au cœur de l'industrie pharmaceutique, enquête et recherches avec Quentin Ravelli Vanessa Codaccioni : La société de vigilance Comme tout un chacune, notre rédaction passe beaucoup trop de temps à glaner des vidéos plus ou moins intelligentes sur les internets. Aussi c'est avec beaucoup d'enthousiasme que nous avons décidé de nous jeter dans cette nouvelle arène. D'exaltations de comptoirs en propos magistraux, fourbis des semaines à l'avance ou improvisés dans la joie et l'ivresse, en tête à tête ou en bande organisée, il sera facile pour ce nouveau show hebdomadaire de tenir toutes ses promesses : il en fait très peu. Sinon de vous proposer ce que nous aimerions regarder et ce qui nous semble manquer. Grâce à lundisoir, lundimatin vous suivra jusqu'au crépuscule. « Action ! », comme on dit dans le milieu. Texte intégral 3508 mots
Version podcast
Voir les lundisoir précédents :
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Mohammed Kenzi, émigré de partout
03.03.2025 à 16:15
Ce n'était pas qu'un grillage : c'est un monde, à nous, qui s'est ouvert
Et nous avons vibré, ensemble, attendu dans le froid et dans l'obscurité, appris à nous taire et à marcher en silence, à effacer nos empreintes et chacune de nos traces, à nous coordonner, Nous avons ainsi appris à nous organiser et à nouer dans quelque chose de plus intense que l'objectif lui-même l'expérience concrète du commun. Dans cette commune nécessité, un monde s'est ouvert, donc. Lire 400 mots
Appris à nous voir en toute discrétion,
à échanger des conseils et à nous enfuir,
à lire une carte et à faire un feu,
à masquer nos visage et prendre soin les un.e.s des autres,
à parcourir la ville, les bois et les friches,
à emprunter un pied de biche et au détour une paire de gants,
à découper des barbelés et des câbles électriques,
à emprunter des vélos et nous dissimuler encore,
à nous faire confiance afin d'avoir moins peur,
parfois à avoir peur mais à nous faire confiance,
à reconnaître les bruits suspects,
à briser des serrures et à arrêter des machines,
à ouvrir une fenêtre et tant d'autres choses,
à détourner l'attention et à escalader un mur,
Un commun partagé qui a enrichi davantage encore notre hostilité vis-à-vis du champs politique. Car nous faisons le constat que, des formes éculées du militantismes à la gauche parlementaire, se trouve la même opération de détournement du devenir-révolutionnaire de ce qui est historiquement voué à détruire l'état de choses actuel. Dès lors nous préférons habiter une situation conflictuelle que d'adhérer à un discours mystificateur sur la nécessité d'en passer par la conquête de l'appareil d'état.