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24.11.2024 à 19:00

Contre-anthropologie du monde blanc - Jean-Christophe Goddard

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La contre-anthropologie, ça peut être en un sens assez commun la manière dont les indigènes se représentent et critiquent la culture du colon. Pourquoi n’est-ce pas tout bonnement de l’anthropologie ? Parce qu’il ne faut pas trop croire ce que racontent les scientistes blancs déguisés pour quelques semaines en aventuriers. Les pratiques contre-anthropologiques sont des sortes de théâtres où rugit un rire de résistance contre l’esprit de sérieux occidental, dont on se paie allègrement la tête. Il en existe bien des exemples : Jean-Christophe Goddard en a narrés quelques-uns dans son livre, qu’il est venu nous raconter. Les pratiques contre-anthropologiques existent aussi sous forme de discours ; c’est là toute une tradition critique indigène, puissante, protéiforme. Au fond ce qui est critiqué, haï, c’est la destruction systématique des autres mondes. Qui n’ont rien d’idéologiques, sauf à accepter que l’idéologie tue aussi, et que donc les vieux dualismes sont périmés. Ainsi, à propos des suicides indigènes massifs en Guyane : « Derrière chaque suicide, c’est un même cosmocide. » Ce qui est critiqué c’est l’ethnocide colonialiste généralisé, l’extractivisme débridé, le patriarcat occidental exporté – mais aussi tout un tas d’autres institutions, à commencer par l’école ; en ce que tout cela annihile des formes d’autochtonie qui savent, elles, que l’être n’est pas un minerai. Elles le savent encore aujourd’hui, parce que ce serait donner trop de crédit au capitalisme mondial que de le croire absolu : « le choc de la colonisation n’a […] pas réussi à être fatal ». Ce qui est démystifié, moqué, c’est aussi la philosophie blanche. N’est-elle pas pourtant bien inoffensive ? Non : « la métaphysique cartésienne de la "ruine des fondements" est la métaphysique de l’extirpation coloniale. » Le projet colonial euro-occidental, qui n’est autre que le projet de son existence propre, est porté par un vide métaphysique, une métaphysique dangereuse du commencement absolu. Être chez soi dans l’autre, disait le vieux fonctionnaire qui prêchait le retard éternel de l’Afrique – voilà un mot d’ordre sacrément impérial. Contre ça, d’autres ont su se lier autrement aux autres. Les Blancs, eux, ne savent pas : ce sont d’autres gens que les autres. Mais alors pourquoi un énième livre ? Parce qu’« il restera difficile à qui a été élevé dans les livres imprimés, c’est-à-dire dressé par eux, d’en être libéré sans l’être par un livre. » 00:00 : Introduction 1 - Qu’est-ce que la contre-anthropologie ? 3:21 : Contre-anthropologie ou contres-anthropologies ? Des anthropologies plurielles 9:37 : Qu’est-ce qu’un dispositif contre-anthropologique ? Le culte du cargo et le culte N’gaul 14:03 : Qu’est-ce qu’une ontologie ? Ontologie animiste et ontologie naturaliste 15:18 : Les effets politiques de l’ontologie : racisme et ontologie animiste 17:27 : Retour sur le culte N’gaul : « une anthropologie africaine de la blanchité » 24:35 : A propos du culte du cargo. Critique de l’interprétation de J.Rouch. Comment faire de l’anthropologie quand c’est une contre-anthropologie (du monde blanc) ? 2 - « Eclater de rire face aux blancs » : peut-on être à la fois ridicule et dangereux ? 30:28 : Pilima-Macron : comique de l’émancipation et tradition carnavalesque 36:25 : La métaphysique occidentale est-elle risible ou dangereuse ? 39:00 : L’ontologie est meurtre 3 - Pour une critique politique de l’ontologie naturaliste 46:38 : Le nihilisme du monde blanc : une métaphysique du vide ? 48:49 : si l’ontologie détruit, qu’est-ce qui justifie de continuer à parler d’ontologie pour la métaphysique indigène ? 50:43 : La bêtise de la domination 4- Sur la possibilité des alliances - perspect

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12.11.2024 à 09:00

10 questions sur la victoire de Trump - Eugénie Mérieau | Michalis Lianos | Pablo Stefanoni

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Trump incarne-t-il un élan fasciste de masse ou, paradoxalement, le triomphe d’un individualisme libertarien ?A-t-on affaire, avec lui, à un suprématisme ou bien plutôt un infantilisme politique au service d’une refondation mythique des USA ? L’antagonisme entre fasciste et “wokiste“ est-il le nœud qui divise l’Amérique ou bien la fiction qui recouvre une division plus profonde entre celles et ceux qui se sont insurgés suite à l’assassinat de George Floyd et la panique électorale des propriétaires ? Que peut encore le parti de la subversion, lorsque la droite s’est réapproprié les affects de la rébellion ? La démocratie en Amérique est-elle formellement soluble dans l’illibéralisme ? Sommes nous sur le point d’entrer dans le capital-cloud ou le techno-féodalisme ? Elon Musk relance-t-il le mythe colonial de la conquête de terres vierges dans l’espoir de soumettre une population extraterrestre et rejouer le pacte colonial où métropole démocratique et colonies dictatoriales fonctionnent de concert ? En décrétant la fin de l’Empire, Trump va-t-il ramener la violence coloniale à l’intérieur de ses frontières ? Le paradigme de la guerre civile est-il plus éclairant que celui de la fascisation ? L’humiliation est-elle la condition de possibilité du capitalisme ? L’effondrement de l’hypothèse libérale démocratique et de la mondialisation impériale appellent-ils à repenser la souveraineté ou à propager le communalisme ?

Nous vivons un interrègne dont la première des évidences est que les catégories politiques depuis lesquelles nous pensons achoppent. Parce que dans ce clair-obscur, il va bien falloir commencer à y voir quelque chose, nous recevons trois invités. Eugénie Mérieau, constitutionnaliste autrice de La dictature, une antithèse de la démocratie ? et Géopolitique de l’état d’exception, Michalis Lianos, sociologue spécialiste des dynamiques sociales et contestations contemporaines et Pablo Stefanoni, auteur de La rébellion est-elle passée à droite ? et spécialiste des hybridations capitalisto-fascisantes les plus étonnantes. Au vu de la confusion de nos propres intervieweurs, nous avons ajouté un chapitrage sous cette vidéo afin qu’il soit plus simple de naviguer à travers ces deux heures de discussion.

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04.11.2024 à 20:00

Chlordécone : Défaire l’habiter colonial, s’aimer la terre - Malcom Ferdinand

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Après quelques décennies de mensonges et de dissimulations, le scandale du Chlordécone est désormais connu. Pendant près de 30 ans aux Antilles, les sols ont été pollués, l’environnement contaminé et les corps intoxiqués afin de protéger et optimiser les profits générés par l’industrie bananière à destination de l’hexagone. Malcom Ferdinand, docteur en philosophie et chercheur au CNRS vient de publier S’aimer la terre, défaire l’habiter colonial (Seuil), une enquête majeure et magistrale qui condense 15 années de recherches, de rencontres et de réflexion.


Si ce livre est incontournable dans l’évolution de la pensée écologique et décoloniale, c’est d’abord par sa méthode : à partir de cette microscopique molécule, Ferdinand déplie et déploie toutes les dimensions de l’existence personnelle, collective, économique et politique qu’elle vient affecter ou révéler. Ainsi, s’ouvrent au lecteur les questions et enjeux les plus décisifs de notre temps : comment habitons-nous le monde ? Quelles forces et logiques s’activent à zombifier la terre ? Depuis quel rapport à la vie, à la science et à l’environnement pouvons nous envisager de démanteler les structures des maîtres qui nous asservissent ?
(C10Cl10O)56 ou la formule chimique qui vient nous rappeler l’impossibilité d’une humanité-astronaute flottant au-dessus de son propre désastre autant que la nécessité de trouver les manières de vivre à travers et contre la corruption, même lorsque celle-ci s’est immiscée jusque dans nos cellules.
Nous avons donc eu cette longue et foisonnante discussion avec Malcom Ferdinand.

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