15.10.2023 à 17:00
Faire tenir ensemble la psychanalyse et le féminisme, la psychanalyse et la politique, Scum Manifesto et Sigmund Freud : tel est le pari de Silvia Lippi et Patrice Maniglier, qui co-signent aux éditions du Seuil Sœurs. Pour une psychanalyse féministe.
Un titre aux allures de manifeste, et un ouvrage qui prend acte des critiques adressées à la psychanalyse, mais qui moins que de la détruire vise au contraire à la recommencer — à partir du féminisme, et de l’introduction du concept de sororité dans la clinique psychanalytique. C’est donc tout à la fois une autre psychanalyse et une autre modalité de relation — que #MeToo, sur le divan et dans la rue a participé à faire exister en pleine lumière — qu’il s’agit de penser ici, « une relation qui se tisse entre des femmes en tant que femmes, mais aussi plus généralement une alliance entre personnes qui s’effectue du point de vue de leur position féminine, c’est-à-dire ce à quoi elles sont à la fois incluses et soustraites à la problématique phallique. » Exister et guérir hors du paradigme d’un pouvoir dont finalement personne ne veut, exister et guérir ensemble à partir d’un commun symptôme, « symptôme partagé » sur lequel se construit la relation sororale, c’est l’horizon de cette réflexion qui fait dialoguer psychanalystes et psychotiques pour faire entendre une voix qui n’attend plus qu’on l’autorise à parler. « La femme est traumatique, la femme est politique » : mais comment penser justement le lien entre la femme et la sœur en échappant au piège de l’essentialisation ? Tout le monde peut-il être « sœur », et peut-on être « soeur » sans être traumatisée, et traumatisée sans être victime ? Qu’est-ce, concrètement, qu'une psychanalyse sororale ? On en parle dans lundi soir.
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29.09.2023 à 16:00
La rébellion est-elle passée à droite ? - Pablo Stefanoni & Marc Saint-Upéry
Partons d’un constat simple : nous héritons, pour nommer l’ennemi de tout un tas de mots et de concepts : le fascisme, l’extrême-droite, l’autoritarisme, la réaction, etc. Pourtant, à chaque fois que nous les convoquons, nous sentons bien qu’ils ne recouvrent pas tout à fait ce qui se trame ou nous fait face. Lorsque le gouvernement Macron juge opportun d’interdire l’abaya et d’organiser le rejet des migrants dans la méditerranée, assiste-t-on à l’endofascisation du parti de l’économie ? Lorsque des milliardaires de la Silicon Valley investissent dans le transhumanisme pour abolir la démocratie, peut-on parler d’une nouvelle hybridation du conservatisme ? Lorsque de Cyril Hanouna à Papacito, nos écrans diffusent en continue l’affect fun de l’asservissement et de la bêtise, faut-il prendre au sérieux la réaction ? Pour tenter d’y voir plus clair, nous lançons cette nouvelle série de lundisoir et pour entamer cette recherche nous avons invité Pablo Stefanoni & Marc Saint-Upéry pour nous parler d’un livre passionnant : La rébellion est-elle passée à droite ? Une présentation plus détaillée du livre comme de cette série est publiée ici : Des insurrections sans lumières.
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24.09.2023 à 18:00
Sortir les ingénieurs de leur cage - Olivier Lefebvre
Déserter, bifurquer, s’évader, autant de mots pour dire le refus de participer à un système mortifère. Si le constat semble sans appel pour un certain nombre d’individus vivant au quotidien le malaise et le clivage que leur situation professionnelle leur impose, l’échappée belle n’est pas toujours si simple. Ces derniers temps, c’est une drôle de classe qui s’est retrouvée en première ligne du front de la désaffiliation : celle des ingénieurs. Qui peut assumer aujourd’hui de faire partie des techniciens de la destruction du monde ? Alors comment partir ? Que faire de compétences si chèrement acquises, et problablement utiles, autrement ? Comment sortir d’une cage que tout le monde considère comme dorée ?
Ce lundisoir nous poursuivons avec Olivier Lefebvre une discussion entamée l’an dernier. Ingénieur-déserteur, il vient de publier une Lettre aux ingénieurs qui doutent.
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