07.03.2025 à 11:14
Ce vendredi, des chercheurs français se mobilisent en soutien à leurs collègues américains menacés par l’administration Trump. Loucas Pillaud-Vivien, polytechnicien, chercheur en mathématiques à l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées, s’associe à cette lutte : Ciencia o Muerte, Venceremos ! Il y a dans le silence une complicité dont nous devons nous défaire. Ce silence, c’est celui qui entoure l’assassinat progressif de la pensée libre aux États-Unis sous l’administration Trump. Par vagues, par coups mesquins mais systématiques, l’obscurantisme avance, fauchant la science, muselant les chercheuses et chercheurs, brisant les instruments de leur quête de vérité. Devons-nous regarder ailleurs et attendre notre tour ? Les faits sont là, brutaux. Trump et son administration ont mené une croisade réactionnaire contre la connaissance elle-même, usant d’intimidation, de censure et de destruction pure et simple. Des milliers de chercheurs, de chercheuses, ont vu leur parole entravée, leur travail détruit. La méthode est simple : censurer, licencier, isoler, affamer. Interdire aux scientifiques de la NOAA (l’agence fédérale Océan-Atmosphère) de parler à leurs pairs étrangers. Effacer le mot « changement climatique » des documents officiels. Rayer d’une convocation la présence américaine au sein du GIEC. Supprimer les budgets qui dérangent. Faire taire les rapports sanitaires. Autant de preuves d’une stratégie d’étouffement où l’ignorance n’est pas une carence mais une ambition. Et tandis que les chiffres sont effacés, les budgets tranchés, les postes supprimés, la vérité elle, demeure, tête levée. Le projet de Trump n’est pas seulement autoritaire, il est nihiliste. Il ne veut pas seulement réduire les scientifiques au silence, il veut que la vérité elle-même devienne inaudible, que le monde se noie dans la boue de ses mensonges et de ses peurs. Ce n’est pas une bataille d’idées. C’est une tentative de faire de l’esprit humain un désert. Dans cette guerre sourde, où l’on ne fusille pas les savants mais où on les dépouille, il est de notre devoir de résister. À Paris, demain, nous marcherons, à l’initiative du collectif Stand Up for Science France. Non pas par confort militant, mais par nécessité vitale. La science n’est pas une tour d’ivoire, elle est le flambeau qui brûle au milieu de la nuit, la vigie qui dénonce la tempête avant qu’elle ne frappe. Chaque chercheur réduit au silence, chaque thème de recherche banni, chaque fait dissimulé est une brique arrachée à l’édifice fragile de la connaissance. Si nous cédons à l’indifférence, c’est cet édifice tout entier qui s’effondrera sur nous. Nous avons vu, dans l’histoire, où mène la méthode du mensonge d’État. Nous savons qu’un peuple privé de vérité est un peuple condamné à l’aveuglement, donc à la servitude. Il ne s’agit pas simplement de soutenir nos collègues américains : il s’agit de nous préserver nous-mêmes, de refuser un futur où l’arbitraire dicterait ce que nous avons le droit de savoir, où la crainte gouvernerait nos laboratoires comme nos esprits. Résistons. Trump et ses semblables veulent enterrer la science sous les décombres de leur ignorance. Ne les laissons pas faire. A Jussieu ce vendredi, nous, scientifiques, rappellerons à celles et ceux qui veulent nous plonger dans l’ombre que nous sommes celles et ceux qui portent le feu. Texte intégral 671 mots
06.03.2025 à 12:07
Ukraine : Macron et la stratégie du choc
Pour faire face à la dangereuse situation, le président entend dépenser plus dans l’armée sans impôt supplémentaire. Une fin de mandat pour boucler la boucle du macronisme originel. Hier soir, mercredi 5 mars, Emmanuel Macron a employé un ton sans manière et solennel pour marquer les esprits et une rupture. Signe d’une inquiétude grandissante dans le pays, nous étions très nombreux devant nos écrans, plus de 15 millions, pour écouter son analyse et ses propositions. D’entrée, il le confirme : « Nous entrons dans une nouvelle ère ». TOUS LES JOURS, RETROUVEZ L’ESSENTIEL DE L’ACTU POLITIQUE DANS NOTRE NEWSLETTER Il n’a pas lésiné pour convaincre que la guerre avec la Russie a déjà commencée et nous ne connaissons pas ses développements. Son argument était double : la guerre n’est pas que militaire et elle nous frappe déjà. Les cyberattaques contre les hôpitaux en est un exemple particulièrement anxiogène. Les autres exemples pris par le président, ceux des assassinats politiques, des influences étrangères dans les élections, de la manipulation des opinions, on le pressentait déjà et on ne l’attribue pas qu’aux Russes, hélas. Il a poursuivi sa démonstration avec un chiffre choc : les Russes consacrent « plus 40% de leur budget » à l’armement. Selon Statista, les Russes dépensaient en 2023, 110 milliards de dollars (100 milliards d’euros) par an pour leur armée, soit autour de 6% de leur PIB. C’est un doublement en 15 ans. C’est déjà beaucoup. Inutile d’en rajouter. Pour se fixer les ordres de grandeur, les Américains dépensent plus de 750 milliards de dollars par an pour leur armée, les Chinois 260. Le président a surtout montré, graphiques à l’appui, leurs intentions de poursuivre leurs efforts d’armements et de modernisation. Macron se saisit de ce moment de hausse des dépenses militaires pour ouvrir une nouvelle brèche dans le modèle social français. Ce qu’il n’a pas réussi à faire en sept ans de présidence, il compte le faire en deux ans. Dans un langage diplomatique, sans chercher l’affrontement avec les États-Unis, il a voulu préparer la fin du partenariat avec ces grands alliés historiques. Là encore, deux arguments : les évolutions récentes de la politique américaine conduisent à préparer cette hypothèse – « Je veux croire que les États-Unis resteront à nos côtés. Mais il nous faut être prêts si tel n’était pas le cas ». Il ajoute un argument moins conjoncturel, qu’il a souvent répété : « L’avenir de l’Europe n’a pas à se décider à Moscou ou à Washington« et « la menace revient à l’Est ». Donc il faut accroître nos dépenses militaires. Rappelons qu’elles vont passer de 32 milliards par an en 2017 à 50 milliards aujourd’hui et 69 milliards en 2030. Mais, selon Emmanuel Macron, les nouvelles augmentations de dépenses devront se faire sans augmentation des impôts. Ha ! Mais pourquoi ? Parce qu’il en a décidé ainsi. « Il faudra des réformes, du choix, du courage […] les moment exigent des décisions sans précédent […] Nous ne pouvons avoir les mêmes débats que naguère. » Revoilà notre Macron disruptif et libéral ! Mettant en oeuvre les analyses de Naomie Klein développées dans son livre La stratégie du choc, Emmanuel Macron se saisit de ce moment de hausse des dépenses militaires pour ouvrir une nouvelle brèche dans le modèle social français. Ce qu’il n’a pas réussi à faire en sept ans de présidence, il compte le faire en deux ans. Ce faisant, le chef de l’État contredit une de ses assertions les plus justes : Pour défendre la démocratie, une certaine idée de l’humanisme […] les décisions politiques, les équipements militaires, les budgets sont une chose. Mais ils ne remplaceront jamais la force d’âme d’une nation ». Alors faut-il une fois encore la brutaliser ? La France défend la démocratie, l’humanisme parfois par les armes et toujours par des politiques sociales, de redistribution et protectrice. Sinon, ça ne convainc pas et affaiblit le force d’âme de notre nation. Emmanuel Macron a tort d’ouvrir ce front. Texte intégral 846 mots
06.03.2025 à 12:05
Les capitalistes, les anti-wokes, les climatosceptiques, les religieux, galvanisés par l’arrivée au pouvoir de Trump, s’attaquent à l’université. Entre coupes budgétaires ciblées, interdictions d’ouvrages et annulations d’enseignements, les libertés académiques sont sévèrement attaquées. Le mouvement étasunien « Stand up for Science » qui réunit professeurs, chercheurs et étudiants, s’organise. Il trouve des échos en France où la situation inquiète : un rassemblement est prévu vendredi 7 mars à 13h30 devant Jussieu à Paris. Lire 129 mots
La science se lève contre l’obscurantisme