18.07.2025 à 13:07
par Catherine Tricot Comme tous, une année de travail, la chaleur… et l’inquiétude. Cette année a été très rude. La guerre d’Israël contre Gaza, son extension à la région… voir les Palestiniens exterminés sans que rien ne se passe ou si peu. Voir Israël sombrer corps et âme dans un génocide. Voir la démocratie s’effondrer aux États-Unis. Elle ne nous a jamais paru exemplaire mais on mesure aujourd’hui ses fragilités et cela nous alerte grandement, pour ici aussi. Et la guerre sans fin et sans raison contre l’Ukraine, les inondations monstres, les canicules, l’atomisation de la gauche… et la méchante bêtise de nos dirigeants. Tout cela donne envie de partir, donne envie de silence ou de musique, de romans, de séries de parties de tarot (ou de belote coinchée1), de bains dans les rivières. Et c’est ce que nous allons faire, après notre dernier débrief de demain ! On vous retrouve tout début septembre, le temps de boucler un numéro de notre revue que l’on savoure par avance. Le temps d’affiner deux ou trois beaux projets, dont celui de rendre compte de ce qui s’explore et se tente dans la gauche, en Europe et ailleurs. Le temps de mettre, avec les médias indépendants, au point une proposition faite à toute la gauche française pour avancer, tous ensemble, ouais. On part et on vous embrasse avec l’envie de vous retrouver. Réunis une dernière fois avant d’aller siroter du prosecco sur les plages italiennes, les 27 ministres des Affaires étrangères de l’UE ont découvert, stupéfaits, que l’État d’Israël ne respectait peut-être pas ses engagements en matière de droits humains. Un rapport de la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, ose cette hypothèse : « Il existe des indications selon lesquelles Israël n’aurait pas respecté ses obligations en matière de droits de l’Homme ». Quoi ?! On nous l’aurait caché ?! Stupeur à Bruxelles. L’Union européenne a su rester fidèle à elle-même : lucide dans ses constats (non), ferme dans ses formules (non plus) et courageuse dans ses actes (toujours pas). Rassurez-vous : après les vacances, rien ne changera. Peut-être un nouveau rapport. Ou une conférence. Avec cocktails. P.P.-V. Et si la gauche britannique ne voulait plus du blairisme mais de la gauche, la vraie ? Selon un sondage de l’institut Find Out Now, un hypothétique parti dirigé par Jeremy Corbyn ferait jeu égal avec le Labour, à 15%. Tandis que le Labour s’effondre de 20 points par rapport aux législatives de 2024, la formation emmenée par l’ancien leader travailliste bondirait de 15 points. Un désaveu cinglant pour l’actuel premier ministre Keir Starmer, une sorte de Tony Blair ennuyeux : atlantiste, libéral, technocratique et plein d’imagination (comme sa super idée de supprimer des aides aux handicapés pour acheter des armes aux Etats-Unis). Pendant ce temps, l’extrême droite de Nigel Farage capitalise 34 %, confirmant que l’effondrement idéologique des formations politiques dominantes laisse le champ libre au pire. P.P.-V. Pour recevoir cette newsletter quotidiennement (et gratuitement) dans votre boîte mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter ! Texte intégral 1445 mots
La lettre du 18 juillet
On ne sait pas pour vous… mais nous, on est rincés !
ACTE DE COURAGE DU JOUR
Le courage de l’Union européenne face au génocide à Gaza (non)
SONDAGE DU JOUR
Corbyn toujours vivant et le Labour toujours mort
ON VOUS RECOMMANDE…
Au « hasard » des algorithmes, un entretien avec l’économiste Jacques Généreux, qui fut proche de Jean-Luc Mélenchon (l’est-il encore ?), nous est remonté à la surface. Pourquoi nos élites intelligentes s’entêtent-elles dans des directions qui nous enfoncent dans le pire ? Mobilisant la psychologie et les sciences cognitives, Généreux expose la « banalité de la bêtise », cette dernière n‘étant précisément pas le contraire de l’intelligence. Si l’accroche de cette vidéo (et de son livre) vise nos « élites », son propos nous interroge tous. Ce qui permet à l’économiste d’envisager la possibilité d’une « intelligence collective » qui permettrait de sortir de l’ornière.C’EST CADEAU
ÇA SE PASSE SUR REGARDS.FR
︎
18.07.2025 à 12:45
« François Bayrou veut du sang et des larmes pour le peuple français »
Fabien Gay, sénateur communiste de Seine-Saint-Denis et directeur de L’Humanité, est l’invité de #LaMidinale. Texte intégral 1445 mots
17.07.2025 à 13:12
Budget inique, censure latente : bordel à tous les étages
Les tactiques du pouvoir pour appliquer coûte que coûte leur idéologie pro-business et antisociale tournent au grotesque. Mais ils ont toujours les manettes… Il y a les textes, les institutions, les procédures. Et puis il y a ce qu’on en fait. Ces jours-ci, c’est à une mise en scène de l’ordre institutionnel que se livre François Bayrou, premier ministre d’un exécutif sans majorité, en annonçant une proposition de budget 2026 qui n’a aucune chance d’être adoptée. Toute la gauche, du Parti socialiste à La France insoumise, en passant par les écologistes et les communistes, s’y oppose. L’extrême droite aussi. Même du coté du bloquecito (petit bloc en espagnol), les soutiens sont ténus. À l’Assemblée nationale, c’est une évidence arithmétique et politique : il n’existe aucune majorité pour voter ce budget. TOUS LES JOURS, RETROUVEZ L’ESSENTIEL DE L’ACTU POLITIQUE DANS NOTRE NEWSLETTER Alors pourquoi l’annoncer ? Pourquoi jouer cette partition dont chacun connaît déjà la chute ? Ce n’est pas de la politique, celle qui consiste à partir du réel, à négocier, à faire société. C’est du crantage idéologique, pour reprendre un mot de conseiller en communication. Bayrou n’agit pas pour faire passer un budget, il agit pour fixer une ligne. Une ligne de fuite vers le pire. Le projet que Bayrou propose prépare le terrain à plus de régressions sociales, plus de cadeaux au capital, moins de services publics. C’est un jalon posé pour que celui ou celle qui lui succédera, qu’il ou elle soit de droite extrême, d’extrême droite ou de cette droite macroniste à visage managérial. Et certains n’attendent même pas pour pousser plus loin encore. Ce matin même, la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a évoqué l’idée d’échanger la cinquième semaine de congés payés contre rémunération. Une provocation ? Une diversion ? Ou un signe que cette équipe gouvernementale ne fait même plus semblant d’avoir un horizon commun avec celles et ceux qu’elle est censée représenter ? À ce stade, difficile de dire s’il s’agit de détourner l’attention de la tempête institutionnelle à venir ou de donner libre cours à une vision du monde où tout se vend et tout s’achète, y compris les droits essentiels. Derrière ce budget mort-né, une question se pose avec une acuité renouvelée : celle de la censure. Toutes les conditions sont réunies pour que le gouvernement tombe. Il suffit d’un vote et ce pourrait être plié. Mais pour quoi faire ? Pour aller où ? On entre ici dans la mécanique absurde de la Ve République, celle que Macron maîtrise comme un joueur de poker : un coup de bluff par ici, une dissolution par là, une recomposition sans fin comme stratégie de pouvoir. Car même censuré, Macron pourrait renommer Bayrou. Ce ne serait pas inédit : De Gaulle avait reconduit Pompidou après une censure. Et ce ne serait surtout pas la première fois que Macron tournerait le dos à l’esprit des institutions pour en tordre la lettre. Il pourrait aussi nommer n’importe qui. Littéralement. Et continuer, coûte que coûte, à appliquer sa ligne pro-business. Ou bien il pourrait choisir la dissolution. Encore. Une nouvelle dissolution signifierait 40 jours de campagne express, en plein chaos politique. Ce calendrier n’a rien d’anodin : il empêche toute dynamique politique réelle, tout débat sérieux, tout ancrage populaire. Il écrase le temps démocratique sous la précipitation. En juillet dernier, déjà, Macron avait actionné la dissolution comme une grenade « dégoupillée dans les jambes » de la classe politique. Il croyait pouvoir y gagner en pouvoir et en hauteur de vue. Il n’a récolté que de l’instabilité et du discrédit. Mais ce mode opératoire semble l’obséder. Il court l’idée diabolique un autre scénario qu’on voulait vous exposer pour l’expier : faire coïncider législatives anticipées et municipales en mars 2026. Deux élections radicalement différentes, l’une nationale, l’autre locale, imbriquées pour mieux brouiller les repères (les constitutionnalistes ne sont pas d’accord sur la possibilité d’un tel projet… ce qui signifie qu’il est possible). Ce serait un coup de force politique majeur. Car au moment où la gauche cherche à se recomposer, comment tenir une ligne unitaire au niveau national tout en se divisant localement ? C’est la confusion garantie. Le calcul est cynique mais limpide : profiter de la confusion pour laisser le champ libre à l’extrême droite. Lui céder Matignon pour un an, tester le choc, habituer l’opinion à l’inacceptable. En juillet 2024 déjà, nombreux étaient ceux qui soupçonnaient Macron d’avoir préparé l’accession du RN à Matignon comme on jette un os à ronger à la bête. Entre 2026 et 2027, le RN se sera ancré, institutionnalisé davantage. Prêt pour 5 ans… au terme duquel Macron se voit déjà faire un retour en sauveur du pays. Stratégie du pire. Tout cela nous dit une chose. Dans ces institutions, la démocratie peut être une variable d’ajustement et les institutions, un décor. Le calendrier électoral devient une manette. Les coalitions possibles ? Un alibi pour gouverner sans mandat clair. Et la gauche, dans tout ça, doit se préparer. Non seulement à censurer ce budget indéfendable mais à affronter ce qui pourrait suivre : la dissolution, la confusion et peut-être même la tentation macroniste d’un pacte faustien avec l’extrême droite. À ceux qui sont tentés de précipiter le pays dans une crise institutionnelle permanente, il faudra opposer davantage que de la résistance : une volonté politique cohérente, lisible, enracinée. La démocratie ne meurt pas toujours d’un coup, de face ou dans le dos. Elle peut s’étioler, pièce par pièce. À nous de ne pas les laisser faire. Texte intégral 1110 mots