ACCÈS LIBRE
05.05.2025 à 07:42
Khrys’presso du lundi 5 mai 2025
Texte intégral (10975 mots)
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Brave New World
- Shifting Distribution of Land Temperature Anomalies, 1964-2024 (svs.gsfc.nasa.gov)
- Le retour de l’énergie nucléaire civil au Japon traduit un certain pragmatisme du gouvernement (theconversation.com)
- A long-abandoned US nuclear technology is making a comeback in China (technologyreview.com)
A thorium-fueled reactor is the latest idea being revived after getting shelved in the mid-20th century.It’s an interesting (if decidedly experimental) development out of a country that’s edging toward becoming the world leader in nuclear energy.
- China’s not backing down in Trump’s game of chicken (axios.com)
The tariff pain is more likely to translate to immediate political pressure in the U.S. than in China, both because of the nature of the two political systems and because people on both sides know it was Trump, not Xi, who chose this fight.
- Chaleur extrême : vivre à 50°C, une dangereuse réalité au Pakistan (novethic.fr)
Du Moyen-Orient jusqu’à l’Asie du Sud, les records de températures extrêmes s’enchaînent. En cause : un dôme de chaleur qui ne laisse aucun répit aux populations locales depuis déjà plusieurs jours. Face à ces mesures, plusieurs scientifiques alertent sur ces conditions exceptionnelles qui pourraient devenir la normalité dans cette région du monde.
- Inde-Pakistan : la menace d’une guerre de l’eau (politis.fr)
- Intimidation on All Fronts : Press Freedom and Media Safety in Pakistan (pakistanpressfoundation.org)
- La fragilisation économique des médias nuit gravement à la liberté d’informer, signale RSF dans son bilan (telerama.fr)
Concentration de la propriété, ingérence, autocensure… Dans son bilan 2025 publié ce vendredi, Reporters sans frontières rappelle combien les pressions économiques sont un danger pour la liberté de la presse.
- Art of the protest : How political unrest drives creativity in Turkey, past and present (turkeyrecap.com)
- Élections en Roumanie : l’extrême droite aux portes du pouvoir présidentiel (humanite.fr)
Le pays s’apprête à voter les 4 et 18 mai pour élire son président. En tête des sondages, le candidat d’extrême droite, George Simion, capitalise sur le rejet des élites.
- Fatally shot from behind : German Police chased young man into side street and killed him (digit.site36.net)
The 21-year-old who was killed by a police officer in Oldenburg on Easter Sunday was hit from behind by at least three shots. […] According to the police, he fled on Sunday at 2.40 a.m. after an altercation in front of a discotheque, where he is said to have slightly injured two security guards and two people with an irritant. Several people had broken off an initial pursuit because the man had allegedly threatened to use a knife.
- En Allemagne, le parti AfD classé comme mouvement « extrémiste de droite avéré » par le renseignement intérieur (lemonde.fr)
Cette qualification faite vendredi par l’office fédéral de protection de la Constitution confère aux autorités d’importants moyens de surveillance et de contrôle, y compris des communications privées.
- New surveillance method revealed : German authorities let IP addresses be “caught” with no clear legal basis (digit.site36.net)
A new form of surveillance requires telephone providers to scan the internet behaviour of all customers. Further details are secret.
- En Belgique, l’info trace les limites (cqfd-journal.org)
En Belgique francophone, un « cordon sanitaire médiatique » a été mis en place au début des années 1990 afin de contrer la menace de l’extrême droite. Résultat aujourd’hui : peu institutionnalisée, sa portée reste faible.
- Protections sociales : « On nous inflige d’un seul coup ce que vous subissez depuis 10 ans en France » (basta.media)
La Belgique vit un mouvement social comme elle n’en a pas connu depuis dix ans. Alors qu’un gouvernement de droite s’attaque à la Sécurité sociale, au droit du travail et aux droits des étrangers, les manifestations font le plein.
- MCC Brussels, ou comment l’extrême droite pro-Orbán et pro-Trump s’organise pour affaiblir l’Europe de l’intérieur (multinationales.org)
Dans une capitale européenne où l’extrême droite est plus influente que jamais, MCC Brussels, think tank financé par l’État hongrois, est la tête de pont de l’internationale des « nationalistes conservateurs », hostiles à l’état de droit et à l’environnement.
- ‘ProtectEU’ security strategy : a step further towards a digital dystopian future (edri.org)
The European Commission presented an internal security strategy that would undermine digital rights and even increase security threats. We unpack what ‘ProtectEU’ means for the EU’s future digital policy, including on encryption, data retention, and border surveillance.
- Massive power outage in Spain, Portugal leaves millions in dark (arstechnica.com)
- Spain is about to face the challenge of a “black start” (arstechnica.com)
the challenge is made considerably more difficult because nearly everything about the system—from the management hardware that remotely controls the performance of the grid to the power plants themselves—needs power to operate. […] While the grids in Spain and Portugal are connected to each other, they have limited connections to elsewhere. The only sources of external power to the grid come from France and Morocco, which are small connections, but they could be used to help black start some plants. […] If you’re seeing estimates of several days for the restoration of power, it’s because failing to meet this challenge will leave things back in the state they’re in now.
- Black-out : que s’est-il passé en Espagne ? 7 points sur les causes de la méga-coupure (legrandcontinent.eu)
- “Un résultat effarant, mais pas étonnant” : l’effondrement du nombre d’insectes se confirme grâce à une étude participative britannique (francetvinfo.fr)
Plus de 9 000 Britanniques ont participé à une expérience inédite, qui a conclu mercredi à une baisse du nombre d’insectes de plus de 60 % entre 2021 et 2024.
- Grande-Bretagne : l’extrême droite remporte une élection partielle et se targue d’être « désormais le parti d’opposition au gouvernement travailliste » (humanite.fr)
- Don’t watermark your legal PDFs with purple dragons in suits (arstechnica.com)
Federal judges do not like it when lawyers electronically watermark every page of their legal PDFs with a gigantic image—purchased for $20 online—of a purple dragon wearing a suit and tie. Not even if your firm’s name is “Dragon Lawyers.”
- Le Doliprane change officiellement de nationalité (huffingtonpost.fr)
La célèbre marque de paracétamol passe sous pavillon américain après de la cession d’Opella au fonds d’investissement CD&R.
- L’administration Trump soutient explicitement l’AfD depuis que le renseignement intérieur allemand considère le parti une organisation d’extrême droite (legrandcontinent.eu)
le parti d’extrême droite a reçu le soutien du gouvernement américain, exprimé respectivement par le secrétaire d’État Marco Rubio et le vice-président J.D. Vance sur la plateforme X.Ni l’un ni l’autre […] ne semblent très au courant des subtilités institutionnelles de la protection de la Constitution allemande
- États-Unis recherchent « activement » nouveau pays pour y expulser des migrant·es (huffingtonpost.fr)
Après le Salvador, les pays candidats peuvent se manifester auprès de Marco Rubio.
- États-Unis : la police de Los Angeles ne veut pas expulser les sans-papiers (rtl.fr)
Le chef du LAPD a annoncé que ses 10.000 officiers ne prendront pas part aux expulsions de sans-papiers que veut relancer Donald Trump.
- États-Unis : Après ses 43 ans en prison et les récentes décisions de justice, les soutiens de Mumia mobilisés contre « l’incarcération de masse à perpétuité » (humanite.fr)
La volonté des autorités de Pennsylvanie semble claire. Le 25 mars 2025, la Cour suprême de cet État de l’Est américain, a définitivement écarté tout recours contre la condamnation de ce journaliste qui a toujours nié le meurtre d’un policier blanc dont il est accusé depuis 1981.
- Milwaukee police consider trade : 2.5 million mugshots for free facial recognition access (eu.jsonline.com)
Milwaukee Police Department is proposing trading 2.5 million jail records for facial recognition technology access with the company Biometrica.
- Sam Altman’s eye-scanning ID project launches in U.S. with six locations (cnbc.com)
World is opening six U.S. retail locations for eyeball scans : Austin, Atlanta, Los Angeles, Nashville, Miami and San Francisco.The Orb, a spherical biometric device, scans your face and iris, then creates and stores a unique “IrisCode” for you verifying that you’re a human.World announced two high-profile partnerships with Visa and Match Group, the online dating giant.
- Neurotech companies are selling your brain data, senators warn (theverge.com)
Neurotech companies have access to some of users’ most sensitive data — and few regulations on what they can do with it.
- The Atlantic Warns Combining US Government Databases Could Create a ‘Panopticon’ (news.slashdot.org)
- DOGE put a college student in charge of using AI to rewrite regulations (arstechnica.com)
A young man with no government experience who has yet to even complete his undergraduate degree is working for Elon Musk’s so-called Department of Government Efficiency (DOGE) at the Department of Housing and Urban Development (HUD) and has been tasked with using artificial intelligence to rewrite the agency’s rules and regulations.
- ‘Consciously cruel’ – and the Department for Work and Pensions (DWP) is about to get even worse (voxpoliticalonline.com)
In a searing report, Amnesty International has ripped apart the comforting government myth that the system is “fair but firm” — exposing a reality of humiliation, persecution, and systemic abuse, designed not to help but to hurt the people it claims to support.
- Censoring the scientific enterprise, one grant at a time (arstechnica.com)
Over the last two weeks, in response to Executive Order 14035, the National Science Foundation (NSF) has discontinued funding for research on diversity, equity, and inclusion (DEI), as well as support for researchers from marginalized backgrounds. Executive Order 14168 ordered the NSF (and other federal agencies) to discontinue any research that focused on women, women in STEM, gender variation, and transsexual or transgender populations—and, oddly, transgenic mice. Then, another round of cancellations targeted research on misinformation and disinformation, a subject (among others) that Republican Senator Ted Cruz views as advancing neo-Marxist perspectives and class warfare.
- Seasonal COVID shots may no longer be possible under Trump admin (arstechnica.com)
- RFK Jr. rejects cornerstone of health science : Germ theory (arstechnica.com)
A year ago, the long-time anti-vaccine advocate and current US health secretary famously told The New York Times that a parasitic worm “got into my brain and ate a portion of it and then died.” […] For those who have followed his anti-vaccine advocacy, it’s frightfully clear that, worm-infested or not, Kennedy’s brain is marinated in wild conspiracy theories and dangerous misinformation.
- Le ministre de la Santé de Trump soutient qu’il y a « du fœtus dans le vaccin contre la rougeole » (huffingtonpost.fr)
- Prière et « rêves divins » pour Trump : l’ambiance surréaliste à la Maison Blanche pour la journée de la prière (huffingtonpost.fr)
- Trump Town Hall Audience Bursts Into Laughter When He Says He Hasn’t Made Any Mistakes (thedailybeast.com)
- Pour la journée « Star Wars », Donald Trump habillé en Jedi voulait moquer les démocrates mais… (huffingtonpost.fr)
- Trump’s brain is gone (publicnotice.co)
- La dissidence envers Donald Trump réduite à un état de folie (ledevoir.com)
« C’est là où l’on en est rendu, comme pays. Et c’est nous qu’ils essayent de faire passer pour des fous, pour des déséquilibrés… »
- EFF Leads Prominent Security Experts in Urging Trump Administration to Leave Chris Krebs Alone (eff.org)
Political Retribution for Telling the Truth Weakens the Entire Infosec Community and Threatens Our Democracy ; Letter Remains Open for Further Sign-Ons
- Supporting medical science in the USA (thelancet.com)
Peter Marks, the former head of the FDA’s Center for Biologics Evaluation and Research, said in his March 28 resignation letter that “It has become clear that truth and transparency are not desired by the Secretary, but rather he wishes subservient confirmation of his misinformation and lies.” Calls for Kennedy’s resignation are growing. The Executive Director of the American Public Health Association, Georges Benjamin, called for Kennedy’s resignation or removal on April 9. The Treatment Action Group and Doctors for America have also called for him to go. Given Kennedy’s support for the gutting of the NIH, CDC, and FDA, alongside his espousal of unscientific treatments and theories, The Lancet joins Benjamin’s call for Kennedy’s resignation. Medical journals should not expect to be spared by the Trump administration’s attack on science, nor should health institutions such as the NIH, the CDC, or academic medical centres. Science and medicine in the USA are being violently dismembered while the world watches. While the risks to civil servants and academics’ livelihoods are real and understandably frightening, bullies are only emboldened by acquiescence or indifference.
- Grippe aviaire : des scientifiques du monde entier demandent des actions urgentes (reporterre.net)
Dans une analyse publiée le 29 avril dans la revue The Lancet, ils alertent sur les 70 cas recensés aux États-Unis, dont un mort. Le virus H5N1 est également présent au Canada.
- Screwworms are coming—and they’re just as horrifying as they sound (arstechnica.com)
The biological barrier was breached, they’re slithering toward our border, and the US Department of Agriculture is now carpet-bombing parts of Mexico with weaponized flies to stave off an invasion.
- Oracle engineers caused days-long software outage at U.S. hospitals (cnbc.com)
- 100 Days, a Trillion Dollars : DOGE’s Costs Keep Adding Up (emptywheel.net)
- Bitcoin mining now just totes unprofitable, costing over $137,000 to mine just one BTC in the US and near $200,000 per coin in Germany (pcgamer.com)
With coins pricing at around $90,000 the math just doesn’t add up.
- DOGE could help Musk firms avoid $2.3B in government penalties, Democrats say (arstechnica.com)
- Les écarts de rémunération entre PDG et salariés ne cessent de se creuser (liberation.fr)
Alors que les patrons ont vu leur rémunération croître de 50 % en cinq ans, une étude d’Oxfam portant sur 1984 entreprises dans 35 pays montre que les salariés n’ont gagné que 0,9 %.
- Wealth Expands After Higher State Taxes on High-Income Earners (ips-dc.org)
- Le record du nombre de fusées lancées en 24h a été (largement) battu et ça n’est pas qu’une bonne nouvelle (huffingtonpost.fr)
L’orbite terrestre basse approche de la saturation, mais des milliardaires continuent de déployer leurs méga-constellations de satellites.6 fusées lancées en seulement 18 heures, un record qui donne le tournis.
- There’s A Venusian Spacecraft Coming Our Way (hackaday.com)
It’s not unusual for redundant satellites, rocket stages, or other spacecraft to re-enter the earth’s atmosphere. Usually they pass unnoticed or generate a spectacular light show, and very rarely a few pieces make it to the surface of the planet. Coming up though is something entirely different, a re-entry of a redundant craft in which the object in question might make it to the ground intact. […] At the time of writing the re-entry is expected to happen on the 10th of May, but as yet due to its shallow re-entry angle it is difficult to predict where it might land.
Spécial IA
- Unauthorized AI Bot Experiment Infiltrated Reddit To Test Persuasion Capabilities (slashdot.org)
Researchers claiming affiliation with the University of Zurich secretly deployed AI-powered bots in a popular Reddit forum to test whether AI could change users’ minds on contentious topics.
- Les DSI de la finance voient dans l’IA un risque cyber (cio-online.com)
- AI-generated code could be a disaster for the software supply chain. (arstechnica.com)
AI-generated computer code is rife with references to non-existent third-party libraries, creating a golden opportunity for supply-chain attacks that poison legitimate programs with malicious packages that can steal data, plant backdoors, and carry out other nefarious actions, newly published research shows.
- Microsoft CEO says up to 30 % of the company’s code was written by AI (techcrunch.com)
- Sundar Pichai Testifies That He Hopes Gemini Will Be Integrated into iPhones This Fall (macstories.net)
- Meta tightens privacy policy around Ray-Ban glasses to boost AI training (theverge.com)
The company has removed the option to disable your voice recordings from being stored, among other changes.“Meta AI with camera use is always enabled on your glasses unless you turn off ’Hey Meta”
- Botnet Part 2 : The Web is Broken (jan.wildeboer.net)
I guess you have all heard about the growing problem of AI companies trying to aggressively collect whatever data they can get their hands on to train their models. This has caused an explosive surge in web crawlers relentlessly hitting servers big and small. But who runs these crawlers ? Turns out — it could be you !
- Anubis works (xeiaso.net)
The part that’s the most wild to me is when I stop and consider the scale of these organizations. I think that this means that the problem is much worse than I had previously anticipated. I know that at some point YouTube was about to hit “the inversion” where they get more bot traffic than they get human traffic. I wonder how much this is true across most of, if not all of the Internet right now.
- AI models routinely lie when honesty conflicts with their goals (theregister.com)
- Duolingo Will Replace Contract Workers With AI (news.slashdot.org)
- Wikipedia To Use AI (news.slashdot.org)
Wikipedia will employ AI to enhance the work of its editors and volunteers, it said Wednesday, also asserting that it has no plans to replace those human roles. The Wikimedia Foundation plans to implement AI specifically for automating tedious tasks, improving information discovery, facilitating translations, and supporting new volunteer onboarding, it said.
- Open source AI hiring bots favor men, leave women hanging by the phone (theregister.com)
Easy fix : Telling LLMs to cosplay Lenin makes ’em more gender blind
- L’IA au service du contenu toxique pour enfants (moncarnet.com)
Des dizaines de chaînes diffusent des vidéos animées où des minions, des chatons ou des personnages de dessins animés subissent des violences, sont sexualisés etc. Le tout souvent présenté comme du contenu pour les enfants
Voir aussi Dozens of YouTube Channels Are Showing AI-Generated Cartoon Gore and Fetish Content (wired.com)
A WIRED investigation found that dozens of YouTube channels are using generative AI to depict cartoon cats and minions being beaten, starved, and sexualized—sparking fears of a new Elsagate wave.
- Mark Zuckerberg Thinks You Don’t Have Enough Friends and His Chatbots Are the Answer (404media.co) – voir aussi Give Over, Mark Zuckerberg – AI Friends Are Only Good For Tech Bros Like You (huffingtonpost.co.uk)
- Google is putting AI Mode right in Search (theverge.com)
An AI Mode tab will soon start appearing in Search for a handful of US users.
- Google is quietly testing ads in AI chatbots (arstechnica.com)
Unsurprisingly, an advertising company is finding more places to run ads.
- OpenAI upgrades ChatGPT search with shopping features (techcrunch.com)
When ChatGPT users search for products, the chatbot will now offer a few recommendations, present images and reviews for those items, and include direct links to web pages where users can buy the products.
- Mastercard gives AI agents the ability to shop on your behalf (financialpost.com)
AI agents won’t have total autonomy to click “buy,” with consumers still having the final say over what’s purchased
- Thermal imaging shows xAI lied about supercomputer pollution, group says (arstechnica.com)
Elon Musk raced to build Colossus, the world’s largest supercomputer, in Memphis, Tennessee. He bragged that construction only took 122 days and expected that his biggest AI rivals would struggle to catch up.To leap ahead, his firm xAI “removed whatever was unnecessary” to complete the build, questioning “everything” that might delay operations and taking the timeline “into our own hands” […] Now, xAI is facing calls to shut down gas turbines that power the supercomputer, as Memphis residents in historically Black communities—which have long suffered from industrial pollution causing poor air quality and decreasing life expectancy—allege that xAI has been secretly running more turbines than the local government knows, without permits.
Spécial Palestine et Israël
- Pourquoi Israël s’en prend à la Syrie au point de cibler le palais présidentiel (huffingtonpost.fr)
- Bombing plants, severing pipelines : Israel pushes Gaza water crisis to the brink (972mag.com)
Since March, the army’s intensified targeting of water infrastructure has left Gazans no choice but to drink seawater and ration contaminated supplies.
- Un bateau humanitaire pour Gaza touché par un drone israélien ? Cette ONG dit avoir été ciblée (huffingtonpost.fr)
L’activiste Greta Thunberg, qui se trouvait à Malte pour rejoindre la mission, a dénoncé dans une vidéo un « crime de guerre ».
Voir aussi Guerre à Gaza : un bateau humanitaire attaqué par des drones israéliens, selon la Flottille de la liberté (humanite.fr)
« À 00 h 23, heure maltaise (22 h 23 GMT), le Conscience, un navire de la Coalition de la Flottille de la liberté, a été directement attaqué dans les eaux internationales », écrit vendredi 2 mai l’organisation dans un communiqué. « Des drones armés ont attaqué l’avant d’un navire civil non armé à deux reprises, provoquant un incendie et une importante brèche dans la coque »
- Gaza : ‘Worst-case scenario’ unfolds as brutal aid blockade threatens mass starvation (news.un.org)
- Où est l’indignation face aux violences sexuelles systématiques contre les Palestinien-nes ? (contretemps.eu)
Comme le montre ici Samah Salaime, malgré des preuves de plus en plus nombreuses des crimes de genre commis par l’armée, les organisations féminines israéliennes ont largement ignoré ou nié le nouveau rapport accablant de l’ONU.
Spécial femmes dans le monde
- Women’s safety and empowerment is an empty rhetoric in India. (reporters-collective.in)
While brutal crimes spark public outrage and political blame games, the daily violence faced by women goes unnoticed. The safety mechanisms and government schemes meant to protect them are equally overlooked.
- In Sri Lanka, ‘the Ocean Is For Everyone’ (reasonstobecheerful.world)
For years, fear and social norms kept many women in one of Asia’s top surfing destinations away from the water. Then they started riding the waves.
- Women Plumbers in Jordan Are Breaking Taboos (reasonstobecheerful.world)
For hundreds of women, this unconventional career in a male-dominated field has provided life-changing confidence and independence.
- En RDC, le viol comme arme de guerre (revueladeferlante.fr)
Les crimes sexuels, des entraves à l’avortement, des exactions contre des féministes : trois activistes congolaises analysent les violences de genre à l’œuvre dans le conflit en République démocratique du Congo.
- Au Maghreb la révolte des mots (revueladeferlante.fr)
Arabe classique, arabe populaire, berbère, français, anglais irriguent les parlers au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Le langage est au cœur des réflexions d’une nouvelle génération de féministes et de queers qui veulent réhabiliter les variantes populaires pour libérer la parole.
- En Pologne, Mathilde Panot et Manon Aubry ont remis des pilules abortives à une association pro-IVG (huffingtonpost.fr)
En Pologne, la loi n’interdit pas aux femmes de pratiquer leur propre avortement avec des pilules commandées en ligne. Une brèche utilisée par LFI lors d’un voyage sur place.
- “We’re Going to Do Whatever It Takes to Keep Her Safe” (motherjones.com)
How families are fighting to survive Trump’s war on transgender kids.
- Robert De Niro soutient sa fille Airyn après son coming out trans (huffingtonpost.fr)
Très virulent contre Donald Trump et sa politique anti-inclusion, l’acteur américain de 81 ans n’a pas hésité à s’exprimer publiquement sur sa vie privée.[…]« J’ai aimé et soutenu Aaron comme mon fils, et maintenant j’aime et soutiens Airyn comme ma fille », avant d’affirmer « aimer tous ses enfants », au nombre de sept.« Je ne vois pas où est le problème », a-t-il ajouté
RIP
- Mort de la doyenne de l’humanité Inah Canabarro Lucas, le titre revient à Ethel Caterham, 115 ans (huffingtonpost.fr)
La nonne brésilienne qui avait obtenu ce titre honorifique début janvier 2025 est décédée ce mercredi à l’âge de 116 ans et 326 jours.
Spécial France
- Mort·es au travail en Europe : la carte qui révèle le triste record de la France (humanite.fr)
Ces morts sont le résultat d’un système où le droit de vivre en sécurité pèse moins lourd que les impératifs de rentabilité.
- Pour la Cour de cassation, les logs d’IP en entreprise exigent un consentement (next.ink)
- Un climat « homophobe et raciste » : les conclusions du rapport d’inspection sur le collège Stanislas auraient été falsifiées (humanite.fr)
La commission d’enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires a révélé, mardi 29 avril que le rapport réalisé en 2023 sur le collège parisien Stanislas, a été « plutôt édulcoré ». Le climat raciste et homophobe, reporté dans le rapport initial, ne figurait pas dans le document final
- Une enquête préliminaire ouverte après des plaintes déposées pour violences dans un collège des Pyrénées-Atlantiques (francetvinfo.fr)
- Bétharram ou la « pédagogie noire » (revueladeferlante.fr)
« Il faut vraiment différencier les sévices sexuels, qui sont des crimes et qui sont horriblement traumatisants, du contexte de violences [physiques] qui maintenant seraient inacceptables. […] Mais à l’époque, ça passait. » Ainsi parle Jean-Marie Berchon, maire de Lestelle-Bétharram, commune des Pyrénées-Atlantiques où se situe l’institution Notre-Dame-de-Bétharram […] le 20 février 2025.
- Médecins et enseignants dénoncent-ils les violences sur mineur·es, comme l’exige la loi ? (theconversation.com)
Médecin et criminel pédophile, Joël Le Scouarnec a bien été dénoncé par certains collègues auprès d’établissements hospitaliers et du conseil de l’Ordre, mais ces alertes sont, pour la plupart, restées sans suite. Si certains établissements ont mis fin au contrat de travail du chirurgien d’autres, rencontrant des difficultés de recrutement, l’ont malgré tout embauché, arguant qu’aucune interdiction d’exercer n’avait été prononcée à son encontre et qu’aucune sanction disciplinaire n’avait été prise par le conseil de l’Ordre. Le chirurgien a continué d’exercer et de sévir auprès d’enfants pendant des années.
- Les ZFE sont-elles anti-pauvres et anti-travailleureuses ? (basta.media)
les zones à faibles émissions, ou ZFE, mises en place dans des dizaines d’agglomérations, sont accusées d’asphyxier les classes populaires en restreignant l’accès des voitures anciennes aux centres-villes.
- Valorisation des algues vertes : l’entreprise Olmix n’assure pas la sécurité d’une usine à Bréhan selon l’État (splann.org)
- Perrier risque de perdre son statut « d’eau minérale » dans les prochains jours à cause d’un polluant aussi tenace que répandu : la matière fécale. (reporterre.net)
- Quand la gestion de l’eau en Nouvelle-Calédonie provoque des remous au Congrès (la1ere.francetvinfo.fr)
- La Nouvelle-Calédonie interdit l’exploitation des fonds marins (reporterre.net)
- Archéologie : des épées exceptionnelles vieilles de 2 400 ans, retrouvées dans une nécropole celtique de l’Allier (humanite.fr)
Spécial femmes en France
- Adélaïde Hautval : bientôt une nouvelle femme au Panthéon ? (lesnouvellesnews.fr)
Adélaïde Hautval sera-t-elle la prochaine femme à faire son entrée au Panthéon ? Cette psychiatre fut déportée pour avoir protégé des Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale. Elle serait la septième femme à être panthéonisée.
- “C’est du vandalisme à portée politique” : portraits de femmes piétinés, symboles phalliques tagués, l’artiste affligée par la destruction de son exposition (france3-regions.francetvinfo.fr)
Samedi 26 avril, une exposition féministe baptisée “Benzine Cyprine” a été vandalisée dans une galerie d’art à Nîmes. L’artiste toulousaine Kamille Lévêque Jégo qui a vu ses œuvres détruites se dit écœurée par de tels actes.
- Écriture inclusive, “wokisme”… L’école Kourtrajmé dans le viseur de la région (lesinrocks.com)
L’école de cinéma Kourtrajmé, située à Marseille, a appris ce jeudi 24 avril qu’elle ne percevrait la subvention bisannuelle de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) – présidée par Renaud Muselier (Renaissance) – qu’à la condition de renoncer à l’usage de l’écriture inclusive dans ses communications.
- Gérard Depardieu, en tournage pour un film de Fanny Ardant, va faire son retour au cinéma (huffingtonpost.fr)
- « Dans la Drôme, la santé des femmes sacrifiée » (revueladeferlante.fr)
Le département de la Drôme a voté le 14 avril 2025 la fermeture de sept centres de santé sexuelle ainsi qu’une baisse de 20 % des subventions versées au Planning familial. De quoi creuser encore les inégalités d’accès aux soins de proximité dans ce département rural du sud de la France.
- MeToo de la marine : les violences sexistes en mer enfin jugées au pénal (basta.media)
Trois anciens salariés d’une compagnie maritime du Finistère comparaissaient du 22 au 24 avril pour des faits de harcèlement sexuel, agressions sexuelles, et harcèlement moral à bord de navires. Le premier MeToo de la marine.
- Méfiez-vous (aussi) des hommes parfaits : réflexion sur les stratégies des agresseurs (theconversation.com)
Si Dominique Pelicot préparait les repas et les apportait au lit à son épouse, ce n’était nullement par souci d’équité domestique ni par sollicitude, mais uniquement parce que cela lui permettait de la sédater à son insu […] De même, l’accompagner systématiquement chez le médecin n’était pas une marque d’attention, mais visait à empêcher le corps médical de poser les questions qui auraient pu mener Gisèle Pelicot à s’interroger sur ce qu’elle ingérait – stratégie qui s’est avérée payante. Il l’accompagnait jusque dans le cabinet du gynécologue […] Pas plus qu’ils ne sont paradoxaux, ces procédés ne sont hors norme. Nombre de ses co-accusés ont également été dépeints comme des conjoints et pères « normaux » ou « idéaux ». […] Faire perdre toute agentivité à la conjointe est une stratégie classique du compagnon violent. La faire passer pour folle, ou sénile, en est une autre. Si elle s’était souvenu de quoi que ce soit, qui aurait cru une femme qui perd la tête ? […] Lors de la vague féministe Ni Una Menos (« Pas une de moins ») en Amérique latine, un homme avait fait le buzz en défilant torse nu lors d’une manifestation à Santiago, au Chili, avec une pancarte « Je suis à moitié nu entouré du sexe opposé… Je me sens protégé, pas intimidé. Je veux la même chose pour elles ». Les posts de son ex-compagne le dénonçant pour violences conjugales et paternelles avaient fait nettement moins de bruit.
Spécial médias et pouvoir
- L’empire médiatique de Bolloré en Afrique (acrimed.org)
- Vous saviez que CNews était une chaîne d’extrême droite ? Nous pouvons le prouver (blogs.mediapart.fr)
Une analyse des données publiques permet de démontrer sans ambiguïté l’orientation éditoriale de CNews, et même de dire précisément quand le virage a vraiment commencé. Plongée dans les marqueurs sémantiques du discours identitaire.
- Un journaliste convoqué en gendarmerie pour avoir relayé sur Twitter… une information ! (snj.fr)
Le Syndicat National des Journalistes (SNJ), première organisation de la profession, exprime son indignation après l’audition en gendarmerie, ce mercredi 23 avril, d’un journaliste rémunéré à la pige et adhérent SNJ. Il était entendu après la publication d’un tweet en octobre 2024, relayant une information déjà diffusée par un média le 9 octobre 2024, à propos de l’identité d’un membre des services de renseignement français. Cette procédure constitue une atteinte grave et injustifiée à la liberté d’informer.
Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)
- Laurent Wauquiez et la région Auvergne-Rhône-Alpes ont contourné la loi pour offrir 870.000 euros à des écoles privées hors-contrat (streetpress.com)
- Convention citoyenne sur l’éducation : le SNES-FSU critique un “grand exercice d’esbroufe” qui “passe à côté des urgences de l’éducation nationale” (francetvinfo.fr)
- Énergies renouvelables : Bayrou se couche devant le RN (reporterre.net) Sous la menace d’une censure de l’extrême droite, le Premier ministre a ajourné les textes de programmation énergétique.
- Des empires agricoles bâtis à l’abri des regards (splann.org)
Au-delà de 180 hectares, une ferme est considérée comme trop grande par les services de l’État. Pourtant, certaines exploitations dépassent 1.000 hectares, l’équivalent de vingt fermes moyennes. Petit à petit, l’agriculture familiale disparaît au profit d’une agriculture de firme, entraînant une désertification des campagnes. Le gouvernement, lui, est dans le déni.
- Sous prétexte de simplification, un saccage organisé du vivant et du patrimoine archéologique (humanite.fr)
En ce printemps 2025, un projet de loi d’apparence anodine menace de faire voler en éclats plusieurs décennies de progrès en matière de protection environnementale et patrimoniale. Il s’intitule : projet de loi portant sur la simplification de la vie économique.
Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…
- Discriminations au travail : Des vents mauvais soufflent sur les politiques de diversité (humanite.fr)
La remise en question totale des politiques de diversité, d’inclusion et d’accessibilité mise en œuvre par Donald Trump va-t-elle traverser l’Atlantique ? Si toute une partie du champ économique affirme sa volonté de poursuivre la lutte contre les discriminations, des cadres dirigeants, y compris de grandes entreprises, n’hésitent plus à affirmer des positions réactionnaires.
- « Quel mal avons-nous fait ? » : des tiers-lieux bretons agressés par l’extrême droite (reporterre.net)
Plusieurs lieux bretons luttant contre l’exclusion et le racisme ont été pris pour cible par des militants d’extrême droite.
- À Nantes, des néonazis menés par un récidiviste (Côme Jullien de Pommerol) attaquent un bar (streetpress.com)
« En 20 ans de bar, je n’ai jamais vu ça », s’alarme Gérard Mauduit, patron du Chien Stupide à Nantes (44), qui vient de subir une agression d’un commando d’extrême droite. Le week-end dernier, dans la nuit du vendredi 25 au samedi 26 avril 2025, six agresseurs, tous cagoulés sauf un, débarquent sur sa terrasse
- Traque des personnes sans papiers : les bus pas chers dans le viseur (streetpress.com)
- Meurtre d’Aboubakar Cissé : Retailleau et le soutien à géométrie variable (politis.fr)
Venue tardive du ministère de l’Intérieur et des Cultes, absence du préfet : les réactions suite au meurtre d’Aboubakar Cissé en pleine prière, vendredi 25 avril, interrogent sur la manière dont certaines morts suscitent, chez d’aucuns, un intérêt inférieur par rapport à d’autres.
Voir aussi Après le meurtre d’Aboubakar Cissé, le père du suspect présente ses excuses (huffingtonpost.fr)
Le père d’Olivier H. s’est adressé à la famille du jeune Malien de 22 ans assassiné dans la mosquée de La Grande Combe.[…]Confiée à un juge d’instruction du pôle criminel de Nîmes, l’enquête sur l’affaire a été ouverte lundi pour « meurtre aggravé par préméditation et à raison de la race ou de la religion ». La famille de la victime estime que les faits relèvent du terrorisme
- Gérald Darmanin veut rétablir les « frais d’incarcération » pour les détenus (huffingtonpost.fr)
Pour financer le « fonctionnement de nos prisons » et les « investissements », le ministre de la Justice estime que les détenus doivent « contribuer ».
- Faux PV adressés pendant le confinement : un policier devant la cour criminelle des Hauts-de-Seine (radiofrance.fr)
Un agent du commissariat de Suresne sera jugé à compter de ce lundi à Nanterre pour “faux en écriture”. Il est accusé d’avoir dressé trois fausses contraventions à un adolescent de 16 ans, pendant le confinement. […] L’avocat des parties civiles, Arié Alimi, espère montrer lors de ce procès que cette affaire n’est pas isolée. Il pointe un système policier mise en place pour “endetter illégalement” des familles de nombreux jeunes de cité. “Les amendes forfaitaires sont un outil de contrôle, qui permet des faux”
Spécial résistances
- “Prévenir un génocide, c’est aussi préserver la liberté d’expression à l’Université” (academia.hypotheses.org)
Depuis quelques mois, les législateurs français s’emballent pour museler la liberté d’expression en voulant criminaliser toute critique de la politique israélienne et en particulier la lutte contre le génocide en cours à Gaza et ce en dépit du droit international (ordonnances, avis ou rapports). Le milieu universitaire est spécifiquement visé.
- Manifestations du 1er mai : léger regain de mobilisation dans les cortèges cette année (huffingtonpost.fr)
Selon la CGT, 250 000 personnes ont manifesté partout en France.
- Danser pour se syndiquer, l’initiative qui surprend (reporterre.net)
« Cela fait partie de la stratégie “cheval de Troie” que l’on a avec Planète Boum Boum pour toucher de nouveaux publics : que des gens viennent faire la fête avec nous et, dans le même temps, soient exposés à un discours politique qui plante une graine dans leur esprit »
- À Narbonne, le meeting de Le Pen brièvement perturbé par des militant·es contre l’antisémitisme (huffingtonpost.fr)
- Dans les campagnes, face à l’extrême droite, mener des luttes fertiles (politis.fr)
Dans la France des villages, des collectifs se sont constitués ou renforcés en réaction au succès électoral de l’extrême droite aux législatives de 2024. Autour de valeurs et de préoccupations communes, ils s’emploient à retisser du lien social. Tour d’horizon en cinq départements.
- Déserts médicaux : pourquoi les médecins et internes font grève à partir de ce lundi (huffingtonpost.fr)
Spécial soutenir
- YunoHost a besoin de votre soutien ! (yunohost.org)
Spécial GAFAM et cie
- UN Drops Google for CryptPad, an Encrypted Open-Source Office Suite (fossforce.com)
- Firefox could be doomed without Google search deal, says executive (theverge.com)
- Eric Schmidt apparently bought Relativity Space to put data centers in orbit (arstechnica.com)
“One of the estimates that I think is most likely is that data centers will require an additional 29 gigawatts of power by 2027, and 67 more gigawatts by 2030. These things are industrial at a scale that I have never seen in my life.”
- Meta’s Reality Labs posts $4.2 billion loss in first quarter (cnbc.com)
Meta is continuing to sink billions of dollars a quarter into the metaverse.In its first-quarter earnings report on Wednesday, Meta said its Reality Labs unit recorded an operating loss of $4.2 billion in the period while bringing in $412 million in sales. Analysts were projecting an operating loss of $4.6 billion on revenue of $492.7 million.
- Amendes et poursuites judiciaires : la fin des beaux jours pour Meta, Google et Apple ? (basta.media)
Les Gafam n’ont pas pour habitude de se plier aux règles – ni de prendre soin des personnes en bout de chaîne qui travaillent pour eux. Mais des États, tribunaux et travailleur·euses du monde entier tâchent de faire cesser cette impunité.
- Apple alerte des utilisateurs de la présence d’un logiciel espion dans leur iPhone (01net.com)
Plusieurs utilisateurs d’iPhone ont été prévenus ces derniers jours que leurs smartphones avaient été infectés par un logiciel espion lâché par une agence gouvernementale. Ce n’est pas une première, et malheureusement il faut croire que ce ne sera pas la dernière fois.
- Millions of AirPlay devices can be hacked over Wi-Fi ; CarPlay too (9to5mac.com) Security vulnerabilities discovered in Apple’s AirPlay SDK mean that millions of devices could be hacked by attackers. The flaw has been dubbed AirBorne.
- Elon Musk takes hit as Europeans ditch X in droves (politico.eu)
The right-wing billionaire’s platform has recently lost about 10 percent of its European user base.
Voir aussi Elon Musk’s X lost 11 million users in the EU over the past 5 months (mashable.com)
Les autres lectures de la semaine
- La panne en Espagne peut nous faire repenser les systèmes électriques (reporterre.net)
- Les écrans tactiles dans les voitures sont une mauvaise idée, rendez-nous les boutons et les molettes (slate.fr)
Présentés comme des révolutions, les écrans embarqués se révèlent peu adaptés à la conduite. Complexes, distrayants et parfois dangereux, ils pourraient bientôt perdre leur place privilégiée à bord des voitures modernes au profit de solutions plus simples.
- Doge : la privatisation des services publics (danslesalgorithmes.net)
- L’heure des prédateurs ou la fabrique de la sidération (maisouvaleweb.fr)
- Salomé Saqué : « Trump incarne un fascisme mutant » (socialter.fr)
- Emil Nolde : l’artiste « dégénéré » qui admirait le régime nazi (theconversation.com)
La légende d’un Nolde martyr du nazisme s’appuie, entre autres, sur la très grande popularité du roman la Leçon d’allemand (1968), de Siegfried Lenz.
- Tchernobyl, le témoignage de la fille d’un « liquidateur » (blogs.mediapart.fr)
- Vietnam Dioxine, un combat d’écologie décoloniale (lisbethmedia.com)
Il y a cinquante ans, jour pour jour, prenait fin la seconde guerre d’Indochine (guerre du Vietnam.) Entre 1961 et 1971, l’armée américaine a déversé plus de 80 millions de litres d’un herbicide ultra-toxique, l’agent orange, sur les forêts et les champs vietnamiens pour tenter d’empêcher la progression de la guérilla communiste. Face aux multinationales responsables, dont Monsanto, un combat judiciaire et mémoriel s’organise, mené par le collectif français Vietnam Dioxine et sa figure emblématique, Tran To Nga, elle-même victime de l’agent orange. Un combat qui établit un lien direct entre les luttes décoloniales et écologistes, alors même que les crimes d’écocide se perpétuent encore aujourd’hui, comme au Liban et à Gaza, avec l’usage illégal de phosphore blanc par Israël.
- Sexe, genre et soupçons dans le sport (laviedesidees.fr)
Du soupçon au contrôle, le sport de haut niveau depuis un siècle traque le “vrai sexe” des athlètes. Les tests de féminité, les violences médicales et politiques qui les accompagnent et les normes implicites – raciales, sociales, sexuelles – continuent de régir l’accès des femmes à la compétition.
- Sex Wars : quand les féministes se déchiraient sur la pornographie (revueladeferlante.fr)
Aux États-Unis, à la fin des années 1970 et lors de la décennie suivante, des militantes se sont opposées, de manière parfois virulente, sur les questions sexuelles.
- Peut-on encore lutter en ligne ? (revueladeferlante.fr)
Les réseaux sociaux sont, depuis leur lancement, au début des années 2000, des lieux ambigus pour les femmes, les personnes racisées et LGBTQIA+. Elles sont la cible de contenus haineux et de cyberviolences, mais elles ont aussi investi ces espaces numériques. De Black Lives Matter à MeToo, les personnes minorisées ont politisé leurs identités et diffusé leurs mobilisations grâce à ces mêmes réseaux.
- Une impossible pédagogie féministe ? (revueladeferlante.fr)
De la bataille pour l’enseignement en mixité au XIXe siècle à la critique des pédagogies jugées oppressives dans les années 1970, les différentes vagues du féminisme ont toujours placé les questions éducatives au centre de leurs revendications. Tour d’horizon de ces luttes historiques avec la philosophe Vanina Mozziconacci, qui appelle à « sortir de l’école » pour penser une éducation féministe globale.
- Was William Shakespeare’s Marriage Closer—and Less Estranged—Than We Thought ? (openculture.com)
- Neanderthals invented their own bone weapon technology by 80,000 years ago (arstechnica.com)
Neanderthals used sleek bone projectiles to hunt big game.
Les BDs/graphiques/photos de la semaine
- BD
- Malades
- Retailleau
- Chien News
- Fête
- Presse
- Public
- 3 lines deep
- Fascism
- Word
- Here
- New Yorker
- April Fool
- Dresses
- The Potsdam Gravity Potato (earthlymission.com)
Les vidéos/podcasts de la semaine
- Interdictions, rationnement et couvre-feu : quand Gabriel Attal part en guerre contre les “écrans” (radiofrance.fr)
- MASC’OFF, Rap et masculinité(s) – Podcast épisode 0 (jetdencre.ch)
- Avenirs en lutte – le dernier épisode est en ligne ! (attac63.site.attac.org)
- Il est libre, Musk – Les Goguettes (en trio mais à quatre) (tube.fdn.fr)
- Chaîne PeerTube pour Les Goguettes (en trio mais à quatre) (indymotion.fr)
- Théo Gardin : fabriquer des K7 audio en 2025 (radiofrance.fr)
Incontournable dans la années 80 et 90 avec le walkman, la K7 audio est tombée en désuétude jusqu’à récemment. C’est en France, à Avranches, qu’est établie l’une des trois usines de fabrication au monde, RTM Industries. A 34 ans, Théo Gardin est son responsable des ventes. Une anomalie en 2025 ?
Les trucs chouettes de la semaine
- Cette base de donnée (bénévolement conçue) propose tous les campings de France, avec une fonction tri hyper pratique (andocamping.touteslatitudes.fr)
- Welcome To My Garden (welcometomygarden.org)
Des jardins mis à disposition pour les voyageur·ses lent·es. Une initiative rendue possible grâce à une communauté de citoyen·nes généreux·ses.
- 70 km de long, 15 millions d’euros : avec sa nouvelle voie verte, le Loiret s’impose comme le paradis des cyclotouristes (leparisien.fr)
On peut désormais pédaler en toute tranquillité entre Orléans et Chalette-sur-Loing, grâce à une nouvelle piste cyclable entièrement aménagée qui permet de connecter le parcours de la Loire à vélo aux canaux du Loiret.
- Tuiles en Liberté : des tuiles OpenStreetMap vectorielles libres, gratuites, sans inscription et anonymes (tuiles.enliberte.fr)
- OIN marks 20 years of defending Linux and open source from patent trolls (zdnet.com)
At the heart of OIN’s legal strategy is a royalty-free cross-license agreement. Here’s how it works and why it’s necessary.
- LibreLingo – une alternative Libre à Duolingo (librelingo.app)
- How To Say The Number 92 In Various European Languages (brilliantmaps.com)
- ‘Unparalleled’ snake antivenom made from man bitten 200 times (bbc.com) – voir aussi Cet américain qui s’injectait du venin de serpent a permis d’aider à développer un antivenin plus que prometteur (huffingtonpost.fr)
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
04.05.2025 à 09:00
Vers un internet plein de vide ?
Texte intégral (4992 mots)
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 13 janvier 2025 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
Des contenus générés par IA qui ânonnent des textes qui ne veulent rien dire. Des images stylisées qui nous déconnectent de la réalité. L’internet zombie colonise l’internet, par un remplissage par le vide qui n’a pas d’autre enjeu que de nous désorienter.
Sur la plupart des réseaux sociaux vous avez déjà dû tomber sur ces contenus génératifs, pas nécessairement des choses très évoluées, mais des contenus étranges, qui n’ont rien à dire, qui hésitent entre développement personnel creux, blague ratée ou contenu sexy. Des vidéos qui ânonnent des textes qui ne veulent rien dire. Les spécialistes parlent de slop, de contenus de remplissages, de résidus qui peu à peu envahissent les plateformes dans l’espoir de générer des revenus. A l’image des contenus philosophiques générés par l’IA que décortique en vidéo Monsieur Phi.
IA slop : de la publicité générative à l’internet zombie
Pour l’instant, ces contenus semblent anecdotiques, peu vus et peu visibles, hormis quand l’un d’entre eux perce quelque part, et en entraîne d’autres dans son flux de recommandation, selon la logique autophagique des systèmes de recommandation. Pour l’analyste Ben Thompson, l’IA générative est un parfait moteur pour produire de la publicité – et ces slops sont-ils autre chose que des contenus à la recherche de revenus ? Comme le dit le philosophe Rob Horning : « le rêve de longue date d’une quantité infinie de publicités inondant le monde n’a jamais semblé aussi proche ». Pour Jason Koebler de 404 Media, qui a enquêté toute l’année sur l’origine de ce spam IA, celui-ci est profondément relié au modèle économique des réseaux sociaux qui rémunèrent selon l’audience que les créateurs réalisent, ce qui motive d’innombrables utilisateurs à chercher à en tirer profit. Koebler parle d’ailleurs d’internet zombie pour qualifier autant cette génération de contenu automatisée que les engagements tout aussi automatisés qu’elle génère. Désormais, ce ne sont d’ailleurs plus les contenus qui sont colonisés par ce spam, que les influenceurs eux-mêmes, notamment par le biais de mannequins en maillots de bains générés par l’IA. À terme, s’inquiète Koebler, les médias sociaux pourraient ne plus rien avoir de sociaux et devenir des espaces « où le contenu généré par l’IA éclipse celui des humains », d’autant que la visibilité de ces comptes se fait au détriment de ceux pilotés par des humains. Des sortes de régies publicitaires sous stéroïdes. Comme l’explique une créatrice de contenus adultes dont l’audience a chuté depuis l’explosion des mannequins artificiels : « je suis en concurrence avec quelque chose qui n’est pas naturel ».
Ces contenus qui sont en train de coloniser les réseaux sociaux n’ont pas l’air d’inquiéter les barons de la tech, pointait très récemment Koebler en rapportant les propose de Mark Zuckerberg. D’autant que ces contenus génératifs semblent produire ce qu’on attend d’eux. Meta a annoncé une augmentation de 8 % du temps passé sur Facebook et de 6 % du temps passé sur Instagram grâce aux contenus génératifs. 15 millions de publicités par mois sur les plateformes Meta utilisent déjà l’IA générative. Et Meta prévoit des outils pour démultiplier les utilisateurs synthétiques. Le slop a également envahi la plateforme de blogs Medium, explique Wired, mais ces contenus pour l’instant demeurent assez invisibles, notamment parce que la plateforme parvient à limiter leur portée. Un endiguement qui pourrait ne pas résister au temps. À terme, les contenus produits par les humains pourraient devenir de plus en plus difficiles à trouver sur des plateformes submergées par l’IA.
On voudrait croire que les réseaux sociaux puissent finir par s’effondrer du désintérêt que ces contenus démultiplient. Il semble que ce soit l’inverse, l’internet zombie est en plein boom. Tant et si bien qu’on peut se demander, un an après le constat de l’effondrement de l’information, si nous ne sommes pas en train de voir apparaître l’effondrement de tout le reste ?
Les enjeux du remplissage par le vide
Dans sa newsletter personnelle, le chercheur et artiste Eryk Salvaggio revient à son tour sur le remplissage par l’IA, dans trois longs billets en tout point passionnants. Il souligne d’abord que ce remplissage sait parfaitement s’adapter aux algorithmes des médias sociaux. Sur Linked-in, les contenus rédigés par des LLM seraient déjà majoritaires. Même le moteur de recherche de Google valorise déjà les images et les textes générés par IA. Pour Salvaggio, avec l’IA générative toute information devient du bruit. Mais surtout, en se jouant parfaitement des filtres algorithmiques, celle-ci se révèle parfaitement efficace pour nous submerger.
Salvaggio propose d’abandonner l’idée de définir l’IA comme une technologie. Elle est devenue un projet idéologique, c’est-à-dire que « c’est une façon d’imaginer le monde qui devient un raccourci pour expliquer le monde ». Et elle est d’autant plus idéologique selon les endroits où elle se déploie, notamment quand c’est pour gérer des questions sociales ou culturelles. « L’optimisation de la capacité d’un système à affirmer son autorité est une promesse utopique brillante des technologies d’automatisation ». « L’un des aspects de l’IA en tant qu’idéologie est donc la stérilisation scientifique de la variété et de l’imprévisibilité au nom de comportements fiables et prévisibles. L’IA, pour cette raison, offre peu et nuit beaucoup au dynamisme des systèmes socioculturels ». Les gens participent à l’idéologie de l’IA en évangélisant ses produits, en diffusant ses résultats et en soutenant ses avancées pour s’identifier au groupe dominant qui l’a produit.
La production par l’IA de contenus de remplissage nécessite de se demander à qui profite ce remplissage abscons ? Pour Salvaggio, le remplissage est un symptôme qui émerge de l’infrastructure même de l’IA qui est elle-même le résultat de l’idéologie de l’IA. Pourquoi les médias algorithmiques récompensent-ils la circulation de ces contenus ? Des productions sensibles, virales, qui jouent de l’émotion sans égard pour la vérité. Les productions de remplissage permettent de produire un monde tel qu’il est imaginé. Elles permettent de contourner tout désir de comprendre le monde, car elle nous offre la satisfaction immédiate d’avoir un « sentiment sur le monde ». « L’AI Slop est un signal vide et consommé passivement, un symptôme de « l’ère du bruit », dans lequel il y a tellement de « vérité » provenant de tant de positions que l’évaluation de la réalité semble sans espoir. »
Notre désorientation par le vide
Eryk Salvaggio se demande même si le but de l’IA n’est pas justement de produire ce remplissage. Un remplissage « équipé », « armé », qui permet d’essaimer quelque chose qui le dépasse, comme quand l’IA est utilisée pour inonder les réseaux de contenus sexuels pour mieux essaimer le regard masculin. Les productions de l’IA permettent de produire une perspective, un « regard en essaim » qui permet de manipuler les symboles, de les détourner. « Les images générées par l’IA offrent le pouvoir de façonner le sens dans un monde où les gens craignent l’impuissance et l’absence de sens en les invitant à rendre les autres aussi impuissants et dénués de sens qu’eux ». Ces images « diminuent la valeur de la réalité », suggère brillamment Salvaggio. Elles créent « une esthétisation », c’est-à-dire rend la représentation conforme à un idéal. La fonction politique de ce remplissage va bien au-delà des seules représentations et des symboles, suggère-t-il encore. L’IA appliquée aux services gouvernementaux, comme les services sociaux, les transforme à leur tour « en exercice esthétique ». Notre éligibilité à une assurance maladie ou à une couverture sociale n’est pas différente de l’IA Slop. C’est cette même infrastructure vide de sens qui est pointée du doigt par ceux qui s’opposent à l’algorithmisation de l’Etat que ceux qui fuient les boucles de rétroactions délétères des médias sociaux.
Le projet DOGE d’Elon Musk, ce département de l’efficacité gouvernementale qui devrait proposer un tableau de bord permettant aux internautes de voter pour éliminer les dépenses publiques les plus inutiles, semble lui-même une forme de fusion de médias sociaux, d’idéologie de l’IA et de pouvoir pour exploiter le regard en essaim de la population et le diriger pour harceler les fonctionnaires, réduire l’État providence autour d’une acception de l’efficacité ultra-réductrice. Au final, cela produit une forme de politique qui traite le gouvernement comme une interface de médias sociaux, conçue pour amplifier l’indignation, intimider ceux qui ne sont pas d’accord et rendre tout dialogue constructif impossible. Bienvenue à la « momusocratie » , le gouvernement des trolls, de la raillerie, explique Salvaggio, cette Tyrannie des bouffons chère à l’essayiste Christian Salmon.
Mais encore, défend Salvaggio, le déversement de contenus produit par l’IA générative promet un épuisement du public par une pollution informationnelle sans précédent, permettant de perturber les canaux d’organisation, de réflexion et de connexion. « Contrôlez le filtre permet de l’orienter dans le sens que vous voulez ». Mais plus que lui donner un sens, la pollution de l’information permet de la saturer pour mieux désorienter tout le monde. Cette saturation est un excellent moyen de garantir « qu’aucun consensus, aucun compromis, ou simplement aucune compréhension mutuelle ne se produise ». Cette saturation ne vise rien d’autre que de promouvoir « la division par l’épuisement ». « Le remplissage est un pouvoir ».
« L’idéologie de l’IA fonctionne comme une croyance apolitique trompeuse selon laquelle les algorithmes sont une solution à la politique » qui suppose que les calculs peuvent prendre les décisions au profit de tous alors que leurs décisions ne sont qu’au profit de certains, en filtrant les données, les idées, les gens qui contredisent les résultats attendus. Alors que l’élection de Trump éloigne les enjeux de transparence et de régulation, l’IA va surtout permettre de renforcer l’opacité qui lui assure sa domination.
Vers un monde sans intérêt en boucle sur lui-même
Dans la dernière partie de sa réflexion, Salvaggio estime que le remplissage est un symptôme, mais qui va produire des effets très concrets, des « expériences désintéressées », c’est-à-dire des « expériences sans intérêt et incapables de s’intéresser à quoi que ce soit ». C’est le rêve de machines rationnelles et impartiales, omniscientes, désintéressées et qui justement ne sont capables de s’intéresser à rien. Un monde où l’on confie les enfants à des tuteurs virtuels par souci d’efficacité, sans être capable de comprendre tout ce que cette absence d’humanité charrie de délétère.
L’IA s’est construite sur l’excès d’information… dans le but d’en produire encore davantage. Les médias sociaux ayant été une grande source de données pour l’IA, on comprend que les contenus de remplissage de l’IA soient optimisés pour ceux-ci. « Entraînée sur du contenu viral, l’IA produit du contenu qui coche toutes les cases pour l’amplification. Le slop de l’IA est donc le reflet de ce que voient nos filtres de médias sociaux. Et lorsque les algorithmes des médias sociaux en reçoivent les résultats, il les reconnaît comme plus susceptibles de stimuler l’engagement et les renforce vers les flux (générant plus d’engagement encore). » Dans le tonneau des Danaïdes de l’amplification, l’IA slop est le fluidifiant ultime, le contenu absurde qui fait tourner la machine sans fin.
Combattre ce remplissage par l’IA n’est une priorité ni pour les entreprises d’IA qui y trouvent des débouchés, ni pour les entreprises de médias sociaux, puisqu’il ne leur porte aucun préjudice. « Les contenus de remplissage de l’IA sont en fait la manifestation esthétique de la culture à médiation algorithmique » : « ils sont stylisés à travers plus d’une décennie d’algorithmes d’optimisation qui apprennent ce qui pousse les gens à s’engager ».
Face à ces contenus « optimisés pour performer », les artistes comme les individus qui ont tenté de partager leur travail sur les plateformes sociales ces dernières années ne peuvent pas entrer en concurrence. Ceux qui ont essayé s’y sont vite épuisés, puisqu’il faut tenir d’abord le rythme de publication infernal et infatigable que ces systèmes sont capables de produire.
Dépouiller les symboles de leur relation à la réalité
« Les images générées par l’IA peuvent être interprétées comme de l’art populaire pour servir le populisme de l’IA ». Elles visent à « dépouiller les symboles de leur relation à la réalité » pour les réorganiser librement. Les gens ne connaissent pas les films mais ont vu les mèmes. Le résultat de ces images est souvent critiqué comme étant sans âme. Et en effet, le texte et les images générés par l’IA souffrent de l’absence du poids du réel, dû à l’absence de logique qui préside à leur production.
« L’ère de l’information est arrivée à son terme, et avec elle vient la fin de toute définition « objective » et « neutre » possible de la « vérité ». » L’esthétique du remplissage par l’IA n’est pas aléatoire, mais stochastique, c’est-à-dire qu’elle repose sur une variété infinie limitée par un ensemble de règles étroites et cohérentes. Cela limite notre capacité à découvrir ou à inventer de nouvelles formes de culture, puisque celle-ci est d’abord invitée à se reproduire sans cesse, à se moyenniser, à s’imiter elle-même. Les images comme les textes de l’IA reflètent le pouvoir de systèmes que nous avons encore du mal à percevoir. Ils produisent des formes de vérités universalisées, moyennisées qui nous y enferment. Comme dans une forme d’exploitation sans fin de nos représentations, alors qu’on voudrait pouvoir en sortir, comme l’expliquait dans une note pour la fondation Jean Jaurès, Melkom Boghossian, en cherchant à comprendre en quoi les algorithmes accentuent les clivages de genre. Comme s’il devenait impossible de se libérer des contraintes de genres à mesure que nos outils les exploitent et les renforcent. Cet internet de contenus absurde n’est pas vide, il est plein de sens qui nous échappent et nous y engluent. Il est plein d’un monde saturé de lui-même.
A mesure que l’IA étend son emprise sur la toile, on se demande s’il restera encore des endroits où nous en serons préservés, où nous pourrons être mis en relation avec d’autres humains, sans que tout ce qui encode les systèmes ne nous déforment.
Du remplissage à la fin de la connaissance
Dans une tribune pour PubliBooks, la sociologue Janet Vertesi estime que les recherches en ligne sont devenues tellement chaotiques et irrationnelles, qu’elle a désormais recours aux dictionnaires et encyclopédies papier. « Google qui a fait fortune en nous aidant à nous frayer un chemin sur Internet se noie désormais dans ses propres absurdités générées par elle-même ». Nous voici confrontés à un problème d’épistémologie, c’est-à-dire de connaissance, pour savoir ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Au XXᵉ siècle, les philosophes ont défini la connaissance comme une croyance vraie justifiée. La méthode scientifique était le moyen pour distinguer la bonne science de la mauvaise, la vérité du mensonge. Mais cette approche suppose souvent qu’il n’y aurait qu’une seule bonne réponse que nous pourrions connaître si nous adoptons les bonnes méthodes et les bons outils. C’est oublier pourtant que la connaissance ne sont pas toujours indépendantes de l’expérience. Ludwig Wittgenstein a utilisé la figure du canard-lapin pour montrer comment des personnes rationnelles pouvaient en venir à avoir des points de vue irréconciliablement différents sur une même réalité. Les épistémologues se sont appuyés sur cette idée pour montrer que les personnes, selon leurs positions sociales, ont des expériences différentes de la réalité et que la connaissance objective ne pouvait naître que de la cartographie de ces multiples positions. Les sociologues de la connaissance, eux, examinent comment différents groupes sociaux en viennent à légitimer différentes manières de comprendre, souvent à l’exclusion des autres. Cela permet de comprendre comment différents faits sociaux circulent, s’affrontent ou se font concurrence, et pourquoi, dans les luttes pour la vérité, ceux qui détiennent le pouvoir l’emportent si souvent… Imposant leurs vérités sur les autres.
Mais ces questions ne faisaient pas partie des préoccupations de ceux qui ont construit internet, ni des systèmes d’IA générative qui s’en nourrissent. Depuis l’origine, internet traite toutes les informations de manière égale. Le réseau ne consiste qu’à acheminer des paquets d’informations parfaitement égaux entre eux, rappelle la sociologue. À cette neutralité de l’information s’est ajoutée une autre métaphore : celle du marché des idées, où chaque idée se dispute à égalité notre attention. Comme dans le mythe du libre marché, on a pu penser naïvement que les meilleures idées l’emporteraient. Mais ce régime épistémique a surtout été le reflet des croyances de l’Amérique contemporaine : un système de connaissance gouverné par une main invisible du marché et entretenue par des conservateurs pour leur permettre de générer une marge bénéficiaire.
« Pourtant, la connaissance n’est pas une marchandise. La « croyance vraie justifiée » ne résulte pas non plus d’une fonction d’optimisation. La connaissance peut être affinée par le questionnement ou la falsification, mais elle ne s’améliore pas en entrant en compétition avec la non-connaissance intentionnelle. Au contraire, face à la non-connaissance, la connaissance perd. » L’interrogation du monde par des mécanismes organisés, méthodiques et significatifs – comme la méthode scientifique – peut également tomber dans le piège des modes de connaissance fantômes et des impostures méthodologiques. « Lorsque toute information est plate – technologiquement et épistémologiquement – il n’y a aucun moyen d’interroger sa profondeur, ses contours ou leur absence ». En fait, « au lieu d’être organisé autour de l’information, l’Internet contemporain est organisé autour du contenu : des paquets échangeables, non pondérés par la véracité de leur substance. Contrairement à la connaissance, tout contenu est plat. Aucun n’est plus ou moins justifié pour déterminer la vraie croyance. Rien de tout cela, au fond, n’est de l’information. »
« En conséquence, nos vies sont consumées par la consommation de contenu, mais nous ne reconnaissons plus la vérité lorsque nous la voyons. Et lorsque nous ne savons pas comment peser différentes vérités, ou coordonner différentes expériences du monde réel pour regarder derrière le voile, il y a soit une cacophonie, soit un seul vainqueur : la voix la plus forte qui l’emporte. »
Contrairement à Wikipédia, encore relativement organisé, le reste du Web est devenu la proie de l’optimisation des moteurs de recherche, des technologies de classement et de l’amplification algorithmique, qui n’ont fait que promouvoir le plus promouvable, le plus rentable, le plus scandaleux. « Mais aucun de ces superlatifs n’est synonyme de connaissance ». Les systèmes qui nous fournissent nos informations ne peuvent ni mesurer ni optimiser ce qui est vrai. Ils ne s’intéressent qu’à ce sur quoi nous cliquons. Et le clou dans le cercueil est enfoncé par l’intelligence artificielle qui « inonde Internet de contenu automatisé plus rapidement que l’on ne peut licencier une rédaction ». Dans ce paysage sous stéroïdes, aucun système n’est capable de distinguer la désinformation de l’information. Les deux sont réduits à des paquets de même poids cherchant leur optimisation sur le marché libre des idées. Et les deux sont ingérés par une grande machinerie statistique qui ne pèse que notre incapacité à les distinguer.
Aucun système fondé sur ces hypothèses ne peut espérer distinguer la « désinformation » de « l’information » : les deux sont réduites à des paquets de contenu de même valeur, cherchant simplement une fonction d’optimisation dans un marché libre des idées. Et les deux sont également ingérées dans une grande machinerie statistique, qui ne pèse que notre incapacité à les discerner. Le résultat ne promet rien d’autre qu’un torrent indistinct et sans fin, « où la connaissance n’a jamais été un facteur et d’où la connaissance ne peut donc jamais émerger légitimement ». « Sans topologie de l’information, nous sommes à la dérive dans le contenu, essayant en vain de naviguer dans une cascade d’absurdités sans boussole ».
« Il est grand temps de revenir à ces méthodes et à ces questions, aux milliers d’années de gestion de l’information et d’échange de connaissances qui ont transmis non seulement des faits ou du contenu, mais aussi une appréciation de ce qu’il faut pour faire émerger des vérités », plaide Vertesi. « Il n’est pas nécessaire que ce soit un projet colonial ou réductionniste. Les connaissances d’aujourd’hui sont plurielles, distribuées, issues de nombreux lieux et peuples, chacun avec des méthodes et des forces d’ancrage uniques. Cela ne signifie pas non plus que tout est permis. Le défi consiste à s’écouter les uns les autres et à intégrer des perspectives conflictuelles avec grâce et attention, et non à crier plus fort que les autres ».
« Alors que nos vies sont de plus en plus infectées par des systèmes d’IA maladroits et pilleurs et leurs flux hallucinatoires, nous devons apprendre à évaluer plutôt qu’à accepter, à synthétiser plutôt qu’à résumer, à apprécier plutôt qu’à accepter, à considérer plutôt qu’à consommer ».
« Notre paysage technologique contemporain exige de toute urgence que nous revenions à une autre des plus anciennes questions de toutes : « Qu’est-ce qui est vraiment réel ? » »
29.04.2025 à 07:42
Docilités numériques
Texte intégral (5087 mots)
L’illusion du progrès numérique masque une réalité brutale : celle d’un monde où chaque geste alimente des systèmes de contrôle, de surveillance et d’exploitation. Ce n’est pas seulement l’intelligence artificielle, mais tout un modèle technologique, celui des plateformes, de la capture de l’attention, de l’extractivisme numérique, qu’il faut interroger. Ce texte n’invite ni à fuir ni à consentir : il appelle à politiser nos usages et à réarmer nos pratiques.
Rhétorique du renoncement
Vers la vingt-deuxième minute de cet entretien matinal sur France Inter, le 09 avril 2025, la journaliste Léa Salamé faisait dire à F. Ruffin qu’il n’y a pas d’alternatives aux GAFAM. « Vous utilisez Google Docs, vous ? ». Tout le monde utilise les outils des GAFAM, on ne peut pas faire autrement…
En écoutant ces quelques secondes, et en repassant mentalement les quelques vingt dernières années passées à militer pour le logiciel libre avec les collègues de Framasoft, je me disais que décidément, le refrain sans cesse ânonné du there is no alternative concernant les outils numériques, n’est pas un argument défaitiste, ce n’est pas non plus un constat et encore moins une lamentation, c’est un sophisme. « Vu que tout le monde les utilise, on ne peut pas faire autrement que d’utiliser soi-même les logiciels des GAFAM » est une phrase qui a une valeur contraignante : elle situe celui ou celle qui la prononce en figure de sachant et exclut la possibilité du contre-argument du logiciel libre et des formats ouverts. Elle positionne l’interlocuteur en situation de renoncement car mentionner les logiciels libres et les formats ouverts suppose un argumentaire pseudo-technique dont le coût cognitif de l’explication l’emporte sur les bénéfices potentiels de l’argument. Face aux sophismes, on est souvent démuni. Ici, il s’agit de l’argumentum ad populum : tout le monde accepte l’affirmation parce qu’un nombre suffisamment important de la population est censé la considérer comme vraie. Et il est clair que dans le bus ou entre le café et la tartine du petit déjeuner, à l’heure de l’interview dont nous parlons ici, beaucoup de personnes ont dû se sentir légitimées et ont abordé leur journée comme ces pauvres prisonniers au fond de la caverne, dans un état de cécité intellectuelle heureuse (mais quand même un peu coupable).
20 ans (et même un peu plus) ! 20 ans que Framasoft démontre, littéralement par A+B que non seulement les alternatives aux outils des GAFAM existent, mais en plus sont utilisables, fiables, souvent conviviales. Depuis que nous avons annoncé que nous n’irions plus prendre le thé à l’Éducation Nationale, nous avons vu passer des pseudo politiques publiques qui tendent vers un semblant de lueur d’espoir : de la confiance dans l’économie numérique, des directives pour les formats ouverts, des débats parlementaires où pointe parfois la question du logiciel libre dans une vague conception de la souveraineté… auxquelles répondent, tout aussi inlassablement des contrats open bar Microsoft dans les fonctions publiques (1, 2, 3), quand il ne s’agit pas carrément du pantouflage de nos ex-élus politiques chez les GAFAM. Comme on dit de l’autre côté du Rhin : Einen Esel, der keinen Durst hat, kann man nicht zum Trinken bringen, que l’Alsacien par chez moi raccourcit ainsi : « on ne donne pas à boire à un âne qui n’a pas soif », autre version de l’historique « laisse béton ». Le salut ne viendra pas des élus. Il ne viendra pas de l’économie libérale, celle-là même qui veut nous faire croire que l’échec tient surtout de nos motivations personnelles, d’un manque de performance, d’un manque de proposition.
Violence capitaliste
Si le logiciel libre n’était pas performant, il ne serait pas présent absolument partout. Il suffit d’ouvrir de temps en temps le capot. Mais comme je l’ai écrit l’année dernière, c’est une situation tout aussi confortable que délétère que de pouvoir compter sur les communs sans y contribuer, ou au contraire d’y contribuer activement comme le font les multinationales pour s’octroyer des bénéfices privés sur le dos des communs. En quelques années, les transformations du monde numérique n’ont pas permis au grand public de s’approprier les outils numériques que de nouvelles frontières, floutées, sont apparues. L’une des raisons principales de l’adoption des logiciels libres dans le domaine de la bureautique personnelle consistait à tenter de s’émanciper de la logique hégémonique des grandes entreprises mondialisées qui imposent leurs pratiques au détriment des besoins réels pour se gaver des données personnelles. Or, l’intégration des services numériques et la puissance de calcul mobilisée, aux dépends de l’environnement naturel comme de nos libertés, ont crée une attraction telle que la question stratégique des pratiques personnelles est passée au second plan. Ce qui importe maintenant, ce n’est plus seulement de savoir ce que deviennent nos données personnelles ou si les logiciels nous émancipent, mais de savoir comment s’extraire du cauchemar de la production frénétique de contenus assistée par IA. Nous perdons pied.

Die Zeit Online. 21/01/2025. Capture d’écran. Source.
Cette logique productiviste numérique est au sommet de la logique formelle du capital. Elle a une histoire dont la prise de conscience collective date des années 1980, contemporaine de celle du logiciel libre. C’est Detlef Hartmann (il y a bien d’autres auteurs) qui nous en livre l’une des formulations que je trouve assez simple à comprendre. Dans Die Alternative : Leben als Sabotage (1981), D. Hartmann procède à une critique de l’idéologie capitaliste en montrant comment celle-ci tend à subsumer l’ensemble des rapports sociaux sous une logique instrumentale, formelle, qui nie les subjectivités concrètes. C’est un processus d’aliénation généralisée : ce que le capitalisme fait au travailleur dans l’atelier taylorisé, il le reproduit à l’échelle de toute la société à travers l’expansion de technologies façonnées par les intérêts du capital. La taylorisation, qu’on peut résumer en une intensification de la séparation entre conception et exécution, devient paradigmatique d’un mode de domination : elle dépouille les individus de leur autonomie, les rendant étrangers à leur propre activité. À partir des années 1970-1980, cette logique d’aliénation se déplace du seul domaine de la production industrielle vers celui de la production symbolique et intellectuelle, via l’informatisation des tâches, toujours au service du contrôle et de la rationalisation capitalistes. Dans cette perspective, ce que Hartmann appelle la « violence technologique » s’inscrit dans le prolongement de la violence structurelle du capital : elle consiste à tenter de formater les dimensions qualitatives de l’existence humaine (l’intuition, l’émotion, l’imaginaire) selon les exigences d’un ordre rationnel formel, celui du capital abstrait. Cette normalisation est une violence parce que, au profit d’une logique d’accumulation et de contrôle, elle nie la richesse des facultés humaines, elle réduit les besoins humains à des catégories qui ne représentent pas l’ensemble des possibilités humaines1. Ce faisant, elle entrave les pratiques d’émancipation, c’est-à-dire la capacité collective à transformer consciemment le monde.
Contrôle et productivisme
La violence technologique capitaliste s’incarne à la perfection dans la broligarchie qui a contaminé notre monde numérique. Ce monde que, par excès d’universalisme autant que de positivisme, nous pensions qu’il allait réussir à connecter les peuples. Cette broligarchie joue désormais le jeu de la domination anti-démocratique. Elle foule même au pied la démocratie libérale dont pourtant nous avions compris les limites tant en termes d’inégalités que d’assujettissement des gouvernements aux intérêts économiques de quelques uns. Pour ces techbros, le combat est le même que le gouvernement chinois ou russe : le contrôle et les systèmes de contrôle ne sont pas des sujets démocratiques, il n’y a pas plus de contrat social et les choix politiques se réduisent à des choix techniques. Et il n’y a aucune raison que nous soyons exemptés dans notre start-up nation française.
Quelles sont les manifestations concrètes de ce productivisme dans nos vies ? il y a d’abord les algorithmes de contrôle qui relèvent du vieux rêve de l’automatisation généralisée dont je parlais déjà dans mon livre. Comme le montre H. Guillaud, ces systèmes décisionnels automatisés influencent les services publics, tout comme les banques ou les assurances avec une efficacité si mauvaise, entraînant des injustices, que l’erreur loin d’être corrigée devient partie intégrante du système. Le droit au recours, la nécessité démocratique du contrôle de ces systèmes, tout cela est nié parce que ces systèmes automatisés sont considérés comme des solutions, et non des problèmes. L’IA arrive alors comme le Graal tant attendu, surfant sur le boom du développement des IA génératives, les projets d’emmerdification maximale des services publics deviennent des projets d’avenir : si les caisses sont vides pour entretenir des services publics performants, utilisez l’IA pour les rendre plus productifs ! Comme l’écrit H. Guillaud :
Dans l’administration publique, l’IA est donc clairement un outil pour supprimer des emplois, constate le syndicat. L’État est devenu un simple prestataire de services publics qui doit produire des services plus efficaces, c’est-à-dire rentables et moins chers. Le numérique est le moteur de cette réduction de coût, ce qui explique qu’il soit devenu omniprésent dans l’administration, transformant à la fois les missions des agents et la relation de l’usager à l’administration. Il s’impose comme un « enjeu de croissance », c’est-à-dire le moyen de réaliser des gains de productivité.
Outre la question antédiluvienne du contrôle, cela fait bien longtemps que nous avons intériorisé l’idée que nous ne sommes pas seulement des usagers, mais surtout des produits. Ce constat ne relève plus de la révélation. Comme le montre David Lyon, c’est un choix culturel, une absorption sociale. En acceptant sans sourciller l’économie des plateformes, nous avons scellé un pacte implicite avec le capitalisme de surveillance, troquant nos données personnelles contre des services dont la pertinence est souvent discutable, dans des contrats où la vie privée se monnaie à vil prix. Ce choix, pour beaucoup, s’est imposé comme une fatalité, tant l’alternative semble absente ou inaccessible : renoncer à ces services reviendrait à se marginaliser et se priver de certains bienfaits structurels.
Pire : nous avons également intégré, souvent sans résistance, le modèle économique des plateformes parasites dont la logique repose sur l’intermédiation. Ces plateformes ne produisent rien : elles captent, organisent, et exploitent la relation entre des prestataires précaires et des clients captifs. Elles génèrent du profit non pas en créant de la valeur, mais en prélevant leur dîme sur chaque interaction. Et pourtant nous continuons à alimenter ces circuits toxiques : d’un côté, une généralisation du travail sous contrainte algorithmique, mal payé, pressurisé, et de l’autre, un mode de consommation séduisant qui reconduit en fait une exploitation des travailleurs qu’on croyait enterrée avec le siècle d’Émile Zola.
De l’émancipation
Dans sa conception classique, le logiciel libre se proposait d’effacer autant que faire se peut la distinction entre producteur et consommateur. Programmer n’est pas seulement une réponse à une demande industrielle, mais un moyen puissant d’expression personnelle et de possibilités créatives. Utiliser des programmes libres est tout autant créatif car cela renforce l’idée que l’utilisateur ne partage pas seulement un programme mais des savoirs, des rapports complexes avec les machines, au sein d’une communauté d’utilisateurs, dont font aussi partie les programmeurs.
L’efficacité et la durabilité de cette approche obéissent à une logique de « pratique réflexive ». La qualité d’un logiciel libre émerge d’une forme de « dogfooding », c’est-à-dire de la consommation directe du produit par son propre producteur, un processus d’amélioration continue. Cette pratique assure une dynamique auto-correctrice. Au sein de la communauté, la qualité du logiciel est d’autant plus renforcée par un feedback interne, où l’utilisateur se transforme en agent critique, capable d’identifier et de rectifier les dysfonctionnements de manière autonome. Il en résulte une production plus cohérente, car motivée par des intérêts personnels et collectifs qui orientent la création. Le code n’est pas seulement un produit technique, mais aussi un produit socialement inscrit dans une logique de désirs et de partage.
Code is law
Privacy is power
Épuisement
C’est beau, non ? Dans ces principes, oui. Mais les barrières sont de plus en plus efficaces, soit pour élever le ticket d’entrée dans les communautés d’utilisateur-ices de logiciels libres, soit pour conserver la dynamique libriste au sein même de la production de logiciels « communautaires ».
Pour le ticket d’entrée, il suffit de se mettre à la place des utilisateurs. Là où il était encore assez facile, il y a une dizaine d’années, de promouvoir l’utilisation de logiciels libres dans la bureautique personnelle, le cadre a radicalement changé : l’essentiel de nos communications et de nos productions numériques passe aujourd’hui par des services en ligne. Cela pose la question du maintien des infrastructures techniques qui sous-tendent ces services. Il y a dix ans, Nadia Eghbal constatait que, au fil du temps, le secteur de l’open source a une tendance à l’épuisement par une attitude productiviste :
Cette dernière génération de développeurs novices emprunte du code libre pour écrire ce dont elle a besoin, mais elle est rarement capable, en retour, d’apporter des contributions substantielles aux projets. Beaucoup sont également habitués à se considérer comme des « utilisateurs » de projets open source, davantage que comme les membres d’une communauté.
Aujourd’hui, cette attitude s’est radicalisée avec les outils à base d’IA générative qui se sont largement gavés de code open source. Mais en plus de cela, cela a conduit les utilisateurs à s’éloigner de plus en plus des pratiques réflexives que je mentionnais plus haut, car il est devenu aujourd’hui quasi impossible de partager des connaissances tant l’usage des services s’est personnalisé : les services d’hébergement de cloud computing, l’intégration toujours plus forte des services à base d’IA dans les smartphones, l’appel toujours plus contraignant à produire et utiliser des contenus sur des plateformes, tout cela fait que les logiciels qu’on installe habituellement sur une machine deviennent superflus. Ils existent toujours mais sont rendus invisibles sur ces plateformes. Ces dernières vivent de ces communs numériques. Elles y contribuent juste ce qu’il faut, créent au besoin des fondations ou les subventionnent fortement, mais de communautés il n’y a plus, ou alors à la marge : celleux qui installent encore des distributions GNU/Linux sur des ordinateurs personnels, celleux qui veulent encore maîtriser l’envoi et la réception de leurs courriels… Dans les usages personnels (hors cadre professionnel), tout est fait pour que l’ordinateur personnel devienne superflu. Trop subversif, sans doute. Et ainsi s’envolent les rêves d’émancipation numérique.
Même les logiciels dont on pouvait penser qu’il participaient activement à une certaine convivialité d’Internet commencent à emmerdifier les utilisateurs. Par exemple : qui a convaincu la fondation Mozilla que ce dont avaient besoin des utilisateurs de Firefox c’est d’un outil de prévisualisation des liens dont le contenu est résumé par IA ? Que ce soit utile, efficace ou pas, n’est pas vraiment la question. La question est de savoir si les surcoûts énergétiques, environnementaux et cognitifs en valent la peine. Et la réponse est non. Dans un tel cas de figure, où est la communauté d’utilisateurs ? où sont les principes libristes ?
Vers une communauté critique
Il faut re-former des communautés d’utilisateurs, en particulier pour des services en ligne, mais pas uniquement. Avec son projet Frama.space, basé sur Nextcloud, Framasoft a annoncé haut et fort vouloir œuvrer pour « renforcer le pouvoir d’agir des associations ». L’idée mentionnée dans le billet qui était alors consacré portait essentiellement sur la capacité des associations et autres collectifs à faire face aux attaques contre les libertés associatives, la mise en concurrence des associations, les logiques de dépolitisation et de ringardisation. Avoir un espace de cloud partagé pour ne pas dépendre des plateformes n’est pas seulement une méthode pour échapper à l’hégémonie de quelques multinationales, c’est une méthode qui permet d’échapper justement aux logiques formelles qui nous obligent à la productivité, nous contraignent aux systèmes de contrôle, et nous empêchent d’utiliser des outils communs. Nextcloud n’est pas qu’un logiciel libre dont nous pourrions nous contenter d’encourager l’installation. C’est un logiciel dont le mode de partage que nous avons adopté, en mettant à disposition des serveurs payés par des donateurs, consiste justement à outiller une communauté d’utilisateurs. Et nous pouvons le faire dans une logique libriste et émancipatrice. Les communs qui peuvent s’y greffer sont par exemple des logiciels tels l’outil de supervision Argos Panoptès ou Intros, une application spécialement dédié à la prise en main de Frama.space. Ce que Framasoft encourage, ce n’est pas seulement des outils : cela reviendrait à verser dans une forme de solutionnisme infructueux. C’est l’« encapacitation » des utilisateurs.
Mais j’ai aussi écrit plus haut qu’il ne s’agissait pas seulement de services en ligne. Pourquoi avons-nous avancé quelques pions en produisant un logiciel qui utilise de l’IA comme Lokas ? Ce logiciel n’a rien de révolutionnaire. Il tourne avec une IA spécialisée, déjà entraînée, et il existe d’autres logiciels qui font la même chose. Qu’espérons-nous ? Constituer une communauté critique et autonome autour de la question de l’IA. Lokas n’est qu’un exemple : que souhaitons-nous en faire ? Si des modèles d’IA existent, quel avenir voulons nous avec eux ou à côté d’eux ? L’enjeu consiste à construire les conditions d’émancipation numérique face à l’envahissement des pratiques qui nous contraignent à produire des contenus sans en maîtriser la cognition.
J’ai affirmé ci-dessus la raison pour laquelle nous sommes embarqués de force dans un monde où les IA génératives connaissent un tel succès, quasiment sans aucune perspective critique : elles sont considérées comme les outils ultimes de la mise en production des subjectivités, leur dés-autonomisation. Les possibilités sont tellement alléchantes dans une perspective capitaliste que tout argument limitatif comme les questions énergétiques, climatiques, sociales, politiques, éthiques sont sacrifiées d’emblée sur l’autel de la rentabilité start-upeuse au profit de l’impérialisme fascisant des techbros les plus en vue. Ce que nous souhaitons opposer à cela, tout comme Framasoft avait opposé des outils alternatifs pour « dégoogliser Internet », c’est de voir si une alternative à l’« IA über alles » est possible. La question n’est pas de savoir si nous apporterons une réponse à la pertinence de chaque outil basé sur de l’IA générative ou spécialisée. La question que nous soulevons est de savoir quelles sont nos capacités critiques et notre degré d’autonomie stratégique et collective face à des groupes d’intérêts qui nous imposent leurs propres outils de contrôle, en particulier avec des IA.

Capital (poing dans une flaque rouge), Fac. des Sciences. BNF. Collection [Mai 1968]. Affiche. Source.
Une émancipation numérique collective
Il y a vingt ans déjà, nous avions compris que culpabiliser les utilisateurs de Windows constituait non seulement une stratégie inefficace, mais surtout contre-productive, dans la mesure où elle nuisait directement à la promotion et à la légitimation des logiciels libres. Cette attitude moralisatrice présupposait une liberté de choix que la réalité technologique, sociale et économique ne garantit pas à tous. L’environnement numérique est souvent imposé par défaut, par des logiques industrielles, éducatives ou institutionnelles. La posture libriste ne peut être qu’une posture située, consciente des rapports de force et des contraintes concrètes qui pèsent sur les individus.
À l’heure de l’IA générative omniprésente, le rapport de force s’est accentué et l’enfermement technologique est aggravé. Les systèmes d’exploitation en deviennent eux-mêmes les vecteurs, comme le montre la prochaine version de Windows, où la mise à jour n’est plus un choix mais une obligation, dissimulant des logiques de captation des usages et des données.
Dans ce contexte, proposer des alternatives « sans » IA devient de plus en plus difficile – et pourrait s’avérer, à terme, irréaliste. Dans la mesure où l’environnement numérique est colonisé par les intérêts d’acteurs surpuissants, il ne s’agit plus de rejeter globalement l’IA, mais de re-politiser son usage : distinguer entre les instruments de domination et les instruments d’émancipation.
Il serait malhonnête de nier en bloc toute forme d’utilité aux systèmes d’IA. Automatiser certaines tâches, c’est un vieux rêve de l’informatique, bien antérieur à l’essor actuel de l’IA générative. Il arrive que des IA fassent ce qu’on attend d’elles, surtout dans des environnements et des rôles restreints. Lorsqu’on regarde l’histoire des techniques numériques dans l’entreprise dans la seconde moitié du XXe siècle, on constate autant de victoires que de défaites, sociales ou économiques. Mais les usages supposément vertueux sont devenus l’argument marketing préféré des entreprises de l’IA d’aujourd’hui : une vitrine bien propre, bien lisse, pour faire oublier les ravages sociaux, environnementaux et politiques que ces technologies engendrent ailleurs. Comme si quelques cas d’usage médical, par exemple en médecine personnalisée, pouvaient suffire à justifier l’opacité des systèmes, la dépendance aux infrastructures privées, la capture des données sensibles et l’accroissement des inégalités. Ce n’est pas parce qu’une technologie peut parfois servir qu’elle sert le bien commun2.
De même que la promotion des logiciels libres n’avait pas vocation à se cristalliser dans un antagonisme stérile entre Windows (ou Mac) et GNU Linux, la question d’une informatique émancipatrice ne peut aujourd’hui se réduire à un débat binaire « pour ou contre l’IA ». Il faut reconnaître la diversité des IA – génératives, prescriptives, symboliques, décisionnelles, etc. – et la pluralité de leurs usages. L’enjeu est de comprendre leur place dans les systèmes techniques, reflets des rapports socio-économiques, et des visions du monde. Les IA nouvelles, notamment génératives, connaîtront un cycle d’adoption : après l’euphorie initiale et les sur-promesses, viendra probablement une phase de décantation, une redescente vers un usage plus mesuré, plus intégré, moins spectaculaire. Selon moi, cette marche forcée prendra fin. Mais ce qui restera – les infrastructures, les dépendances, les cultures d’usage – dépendra largement de ce que nous aurons su construire en parallèle : des communautés numériques solidaires, résilientes, capables de reprendre la main sur leurs outils et de refuser les logiques de dépossession. Quelle résilience pouvons-nous opposer à la violence technologique que nous subissons ? Il ne s’agit pas d’imaginer un monde d’après, neutre ou apaisé, mais de préparer les conditions de notre autonomie dans un monde où la violence technologique est déjà notre quotidien.
— Christophe Masutti
Notes
-
J’emprunte cette formulation à Agnès Heller, La théorie des besoins chez Marx, Paris, Les Éditions sociales, 2024, p.51.↩︎
-
Pour continuer avec l’exemple de la médecine, souvent employé par les thuriféraires de l’IA-partout, on voit poindre régulièrement les mêmes problèmes que soulève depuis longtemps la surveillance algorithmique. Ainsi ce récent article dans Science relate de graves biais relatifs aux groupes sociaux (femmes et personnes noires, essentiellement) dans la recherche diagnostique lorsqu’on utilise une aide à l’analyse d’imagerie assistée par IA. ↩︎
28.04.2025 à 07:42
Khrys’presso du lundi 28 avril 2025
Texte intégral (10010 mots)
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
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Brave New World
- « Un déficit compris entre 560 et 650 millions de dollars » : lâché par les États-Unis, l’OMS annonce une vague de licenciements pour survivre (humanite.fr)
- ‘I’ve woken up with them on my face’ : millipede infestation horrifies Wellington (theguardian.com)
- Mass food poisonings cast shadow over Indonesia’s free school meals (bbc.com)
- Cachemire : l’escalade se poursuit entre l’Inde et le Pakistan (humanite.fr)
Suite à l’attaque meurtrière de mardi au Cachemire, des échanges de tirs ont eu lieu durant la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 avril entre troupes pakistanaises et indiennes le long de la ligne de contrôle (LOC), la frontière entre les deux pays. L’ONU appelle à la « retenue maximale ».
- Guerre au Soudan : comment les Émirats convoitent l’or et les terres agricoles (reporterre.net)
- Fenêtre sur un cinéma soudanais en résistance (orientxxi.info)
La projection en mars 2025 à Paris d’un cycle intitulé « Cinéma soudanais : défis et résiliences » a offert une occasion rare de présenter et discuter des films d’une grande richesse. La mise en valeur de ces créations alors que la société soudanaise est déchirée par la guerre, trop souvent négligée, est un moyen pour lutter contre l’oubli et les raccourcis.
- How Big Tech hides its outsourced African workforce (restofworld.org)
- Tunisia : Authorities set fire to migrant camp (infomigrants.net) – voir aussi “Ils ont cassé toutes nos habitations” : en Tunisie, des milliers de migrant·es chassé·es des champs d’oliviers, près de Sfax (infomigrants.net)
Depuis plusieurs jours, un climat de terreur règne dans les campements de migrants disséminés dans la région de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. La Garde nationale mène une opération de grande ampleur visant à démanteler les milliers de logements de fortune érigés dans les champs d’oliviers, sur la route qui mène de Sfax à El-Amra. Selon les estimations des autorités, environ 20 000 migrants vivent dans cette zone, en attendant de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Italie.
- Mark Zuckerberg wanted to fly his helicopter from his gigantic superyacht to go skiing on Swedish mountains and offered villagers tens of thousands, but they flat out refused, saying the noisy chopper would disturb their reindeer (luxurylaunches.com)
That billionaires would fly private jets to luxury yachts, then board helicopters to chase the last snow-covered peaks in Europe—while attempting to silence Indigenous voices—is being seen as a microcosm of global environmental inequality.
- Donald Trump met les universités suisses sous pression (rts.ch)
Une dizaine d’universités et de hautes écoles suisses, parmi lesquelles l’EPFL, l’EPFZ ou les universités de Berne et de Genève, bénéficient de subventions du gouvernement américain.
- Les vins européens massivement contaminés par les PFAS (reporterre.net)
Des polluants éternels en forte dose dans nos verres de vin. C’est ce qu’a découvert le réseau d’associations Pesticide Action Network (PAN) Europe, qui a analysé une cinquantaine de bouteilles, révèle Le Monde. Tous les millésimes récents contiennent des concentrations élevées d’acide trifluoroacétique (TFA). Cette contamination s’est accrue à un rythme effréné. Absent des vignes les plus anciennes, le TFA est présent dans tous les vins testés mis en bouteille après 1988, y compris ceux issus de l’agriculture biologique.
- London Marathon organisers boycott X over ‘descent into gutter’ under Musk (theguardian.com)
- 21 millions de captures d’écran divulguées : la faille honteuse d’un outil qui surveille les employé·es (presse-citron.net) – voir aussi Employee monitoring app leaks 21 million screenshots in real time (cybernews.com)
A surveillance tool meant to keep tabs on employees is leaking millions of real-time screenshots onto the open web.
- Droits de douane : le FMI abaisse sa prévision de croissance mondiale pour 2025 (france24.com)
“Nous entrons dans une période où le système économique mondial que nous connaissons depuis 80 ans est réinitialisé”, a averti le chef-économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas
- Donald Trump ne veut finalement plus taxer la Chine à hauteur de 145 % (huffingtonpost.fr)
Donald Trump a aussi assuré mardi qu’il ne comptait pas limoger le chef de la Fed, Jerome Powell, malgré ses virulentes critiques contre lui, contribuant à soulager en partie les marchés mondiaux effrayés par ses politiques agressives. Les Bourses ont ainsi rebondi en Asie ce mercredi, de Tokyo à Hong Kong
Voir aussi Trump says China tariffs will drop ‘substantially – but it won’t be zero’ (theguardian.com)
- Environnement : Trump veut lancer le forage au fond des océans même dans les eaux internationales (humanite.fr)
Le président états-unien, Donald Trump, a signé un décret pour accélérer l’exploration et l’exploitation des minerais contenus dans les fonds marins, y compris dans les eaux internationales.
Voir aussi Donald Trump livre les océans à l’exploitation minière (reporterre.net)
Donald Trump a signé un décret autorisant l’exploitation minière des fonds marins. Une décision à rebours des accords internationaux, qui sera mortifère pour la vie et la biodiversité des océans.
- Trump administration has set National Oceanic and Atmospheric Administration (Noaa) on ‘non-science trajectory’, workers warn (theguardian.com)
Researchers left at US climate agency say drastic cuts could leave air ‘not breathable’ and water ‘not drinkable’
- Weapons of war are launching from Cape Canaveral for the first time since 1988 (arstechnica.com)
The US military launched a long-range hypersonic missile Friday morning from Cape Canaveral Space Force Station in Florida on a test flight that, if successful, could pave the way for the weapon’s operational deployment later this year.
- Fact-Checking What Donald Trump Said in His ‘100 Days’ Interview With TIME (time.com)
- L’administration Trump s’attaque maintenant à Wikipédia (surchauffe.info) – voir aussi Trump’s D.C. Prosecutor Is Going After Wikipedia For Allegedly Spreading ‘Propaganda’ (huffpost.com) et U.S. attorney for D.C. accuses Wikipedia of ‘propaganda,’ threatens nonprofit status (washingtonpost.com)
Trump appointee Ed Martin accuses the online encyclopedia of “allowing foreign actors to manipulate information and spread propaganda to the American public.”
- DOGE is building a master database for immigration enforcement, sources say (edition.cnn.com)
The goal is to create a massive repository of data pulled from various agencies, according to sources familiar with the project who spoke on the condition of anonymity because they aren’t authorized to talk about it. The administration has previously sought to centralize information from a number of agencies, including the Internal Revenue Service, the Social Security Administration and Health and Human Services, among others. Palantir, a Silicon Valley data-analytics company co-founded by a Musk ally that has been used by immigration officials before for criminal investigations, is involved in building out the database.
Voir aussi Trump s’appuie sur Palantir, l’entreprise de Peter Thiel, pour déporter des migrant·es et assister le DOGE d’Elon Musk (legrandcontinent.eu)
- DOGE Installs a Former Tesla Employee at the FBI (theintercept.com)
- Judge Hannah Dugan arrested by FBI for allegedly helping undocumented immigrant ‘evade arrest’ (abcnews.go.com)
- DOGE Is Just Getting Warmed Up (wired.com)
DOGE has tapped into some of the most sensitive and valuable data in the world. Now it’s starting to put it to work.
- L’université Harvard porte plainte contre l’administration Trump après le gel de ses subventions (huffingtonpost.fr) – voir aussi Harvard sues to block government funding cuts (arstechnica.com)
The suit claims that the government’s demands for input on Harvard’s hiring and admissions violate the university’s First Amendment rights, and that the funding freeze hasn’t followed the procedures laid out in federal law.
- At Last, College Presidents Are Standing Up to Trump (motherjones.com)
A letter signed by more than 400 university heads offers a sharp rebuke to the bully-in-chief.
Voir aussi Universities (finally) band together, fight “unprecedented government overreach” (arstechnica.com)
- « Pas de roi en Amérique » : 2e mobilisation anti-Trump dans les grandes villes, des milliers d’Américains dans la rue (nouvelobs.com)
Une descendante de survivants de la Shoah : ce que lui ont raconté ses parents de la montée du nazisme « est en train de se passer ici »
Le facepalm de la semaine
- Les membres de l’Académie des Oscars vont être obligé·es de voir les films en compétition (telerama.fr)
Spécial IA
- EU bans the bots : Commission bars ‘AI agents’ from joining online meetings (politico.eu)
AI-powered assistants are becoming a popular business and consumer tool. The EU says “no thanks” for now.
- Santé intelligente : l’IA au coeur de la médecine, un pari risqué ? (soignonsnosalgos.org)
Hallucinations algorithmiques, discriminations exacerbées, atteintes à la vie privée, dépendance des professionnel.les de santé, ou encore obstacles dans l’accès aux droits de remboursement, on ne compte plus les exemples où des IA défaillantes ont affecté la santé et les droits des premiers concernés : les patient·es.
- In the age of AI, we must protect human creativity as a natural resource (arstechnica.com)
- OpenAI wants to buy Chrome and make it an “AI-first” experience (arstechnica.com)
- Microsoft va finalement proposer Recall, la fonction maudite de Windows 11, au grand public (01net.com)
Recall se présente sous la forme d’une frise chronologique listant des captures d’écran réalisées à intervalles réguliers. Ces captures sont interprétées par une technologie de reconnaissance d’écriture, des informations qui sont ensuite moulinées par de l’IA.
- Perplexity CEO says its browser will track everything users do online to sell ‘hyper personalized’ ads (techcrunch.com)
“That’s kind of one of the other reasons we wanted to build a browser, is we want to get data even outside the app to better understand you,” Srinivas said. “Because some of the prompts that people do in these AIs is purely work-related. It’s not like that’s personal.” And work-related queries won’t help the AI company build an accurate-enough dossier.
- En 2024, 51 % du trafic web a été généré par des bots automatisés (next.ink)
Les robots utilisés par les grands modèles de langage (LLM) pour indexer le web ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Une étude portant sur le trafic web des clients d’une entreprise de cybersécurité proposant des services de lutte contre les bots avance que 37 % émanerait en effet de « robots malveillants » (contre 19 % il y a 10 ans), contre 14 % pour les robots légitimes, et 49 % pour les internautes humains (contre plus de 60 % il y a encore 5 ans).
- Comment l’IA détraque le marché européen de l’énergie (reporterre.net)
L’absence de transparence sur le fonctionnement de certains outils d’intelligence artificielle inquiète. « Nous ne pouvons pas accepter de travailler uniquement avec une boîte noire […] Nous sommes une infrastructure cruciale, nous devons comprendre ce qui se passe et le contrôler. »
- Saying ‘please’ and ‘thank you’ to ChatGPT is costing millions of dollars (euroweeklynews.com)
Being polite to your AI might make you feel warm and fuzzy, but it’s also burning through millions in electricity – literally.
- Aux Philippines, le calvaire des petites mains de l’intelligence artificielle (equaltimes.org)
- ‘You Can’t Lick a Badger Twice’ : Google Failures Highlight a Fundamental AI Flaw (wired.com)
Google’s AI Overviews feature credible-sounding explanations for completely made-up idioms.
- Meta got caught gaming AI benchmarks (theverge.com)
With Llama 4, Meta fudged benchmarks to appear as though its new AI model is better than the competition.
- Intel admits what we all knew : no one is buying AI PCs (xda-developers.com)
Intel has tried to position itself at the forefront of the AI PC revolution, but based on the company’s latest financial report, it looks like that revolution isn’t happening yet. Despite offering dozens of AI-enabled PCs packing a Meteor Lake, Lunar Lake, or even more recently, Arrow Lake, CPU, Intel says that its older generations are seeing “much greater demand”
- We’ve Been Conned : The truth about Big LLM (dolthub.com)
Big LLM is purposefully obfuscating the cost of running LLMs, because if the people actually knew the cost, they’d riot. Well, they wouldn’t riot. But they definitely stop believing all the hype surrounding AI and LLMs and especially open-source models.
In fact, I’m willing to go a step further and say you can’t actually run them.
Spécial Palestine et Israël
- La bande de Gaza “est devenue une fosse commune pour les Palestiniens et ceux qui leur viennent en aide”, dénonce Médecins sans frontières (francetvinfo.fr)
Après deux mois de trêve, Israël a repris le 18 mars ses bombardements aériens suivis d’une offensive terrestre dans la bande de Gaza.
- Gaza : 115 exilé·es ont été évacué·es de l’enclave palestinienne vers Paris (humanite.fr)
« L’incapacité à tenir l’engagement d’accueillir 50 enfants palestiniens en sept mois est symbolique ; elle accompagne, à mon sens, notre attentisme face à un génocide qui se poursuit »
- L’Espagne annule un contrat d’armement avec une entreprise israélienne sous la pression de la gauche radicale (leparisien.fr)
Le gouvernement justifie ce revirement par l’engagement de l’Espagne envers le peuple palestinien.
- Trump Administration Texted College Professors’ Personal Phones to Ask If They’re Jewish (theintercept.com)
“The federal government reaching out to our personal cellphones to identify who is Jewish is incredibly sinister,” said Barnard associate professor Debbie Becher, who is Jewish and received the text. “They are clearly targeting what most of the United States, I hope and I think, defines as freedom of speech, but only in the case of anti-Israeli speech.”
Spécial femmes dans le monde
- “We asked Labour’s 59 LGBTQ+ MPs if they think trans women are women – just four replied saying yes” (thepinknews.com)
- Greens call for single-sex guidance to be withdrawn (bbc.co.uk)
- Woman who tricked her way into men-only Magic Circle finally allowed in (bbc.com)
A magician who tricked her way into the Magic Circle is finally being granted membership – 34 years after she was kicked out.Sophie Lloyd says she disguised herself as a man to fool examiners into letting her join the elite society in 1991, at a time female magicians were not allowed to be members.
- Virginia Giuffre, one of Jeffrey Epstein’s most prominent abuse survivors, dies by suicide (nbcnews.com)
Other Epstein victims credited Giuffre with giving them the courage to speak out.
RIP
- Le pape François est mort d’un AVC selon le Vatican (huffingtonpost.fr)
Le souverain pontife a succombé à un accident vasculaire cérébral qui a provoqué un coma, d’après son certificat de décès.
- Mort du pape François : que se passera-t-il au Vatican d’ici le prochain Conclave ? (legrandcontinent.eu)
- L’option carolingienne de J.D. Vance (legrandcontinent.eu)
J. D. Vance et son entourage théologico-politique sont descendus sur Rome avec une proposition et une menace.
- L’héritage du Pape François : réforme plutôt que révolution (politis.fr)
Le Pape François a marqué son pontificat par un changement de discours sur des questions cruciales comme l’immigration et la crise climatique, ainsi qu’une ouverture relative sur les questions morales. Il est mort à l’âge de 88 ans ce lundi 21 avril.
- Le Pape François est mort : histoire d’un pontife révolutionnaire (1936-2025) (legrandcontinent.eu)
- Écolieux, désobéissance… Ces chrétien·nes poussé·es vers l’écologie par le pape François (reporterre.net)
- Pope Francis : the first post-colonial papacy to deliver messages that resonate with Africans (theconversation.com)
- Two Artists Capture the Spirit of Pope Francis in the Streets of Rome (streetartutopia.com)
Spécial France
- Nouvelle-Calédonie : la justice ordonne la suspension des interdictions de manifester (la1ere.francetvinfo.fr)
- Le Conseil constitutionnel censure la prolongation de la vidéosurveillance algorithmique (lemonde.fr)
- « Permis de tuer » : l’ONU admoneste la France pour la troisième fois (blogs.mediapart.fr)
Deux propositions de loi ont été déposées, des syndicats de policiers s’élèvent contre le cadre légal flou, et en 2024, un nombre record de personnes a été tué par les balles policières. Mais ce jeudi, devant les experts du Comité contre la torture de l’ONU, la France a continué de faire la sourde oreille.
- Comment TotalEnergies continue de cultiver discrètement son influence à Polytechnique et sur le plateau de Saclay (multinationales.org)
Malgré l’échec de son projet d’implantation au sein même du campus de Polytechnique, TotalEnergies reste omniprésent sur le plateau de Saclay et – plus généralement – dans l’écosystème de la recherche et de l’enseignement supérieur français. Mais la contestation ne faiblit pas.
- Le lycée Averroès retrouve son contrat d’association avec l’État (lavoixdunord.fr)
Le tribunal administratif de Lille a décidé ce mercredi d’annuler la résiliation du contrat d’association avec l’État de l’établissement privé musulman de Lille, décidée par un ancien préfet en décembre 2023. […] « Sur le fond, c’est simple, tout ce qu’a dit le préfet était faux » […] C’est un camouflet pour le préfet Georges-François Leclerc, désormais en poste à Marseille, et pour le président du Conseil régional, Xavier Bertrand. Depuis l’année scolaire 2020-21, ce dernier refuse de verser le forfait d’externat au lycée même si à chaque fois, le Conseil d’État le contraint à payer. […] un éventuel appel ne serait pas suspensif. Averroès, revenu dans le giron de l’Éducation nationale avec rétroactivité à la rentrée de septembre, est en droit de réclamer des dommages économiques et moraux.
- La facture environnementale des data centers et des télécoms s’alourdit (zdnet.fr)
Les usages se développent, comme la consommation d’énergie et les émissions des acteurs des télécoms et des datacenters d’après l’édition 2025 de l’enquête de l’Arcep sur le numérique.
- Comment la LGV Bordeaux-Toulouse dévore les terres les plus fertiles d’Aquitaine (reporterre.net)
- Pollution aux PFAS : la consommation de l’eau du robinet interdite aux personnes fragiles dans 11 communes de l’agglomération de Saint-Louis (Haut-Rhin) (france3-regions.francetvinfo.fr)
- Casino accusé de raser l’Amazonie pour vendre des steaks (reporterre.net)
Plus de 500 000 hectares. C’est l’ampleur de la déforestation menée par Casino au Brésil selon un rapport publié le 23 avril par l’Instituto Centro de Vida (ICV), une ONG spécialisée dans l’analyse des dégâts éco-environnementaux des chaînes d’approvisionnement en viande et en soja. Un chiffre a minima : les coupes pourraient s’étendre jusqu’à 50 fois la taille de la capitale française.
- Chez Primark, une « police des toilettes » et des managers qui « se prennent pour Dieu » (basta.media)
Depuis son arrivée en France en 2013, l’enseigne Primark a connu un succès fulgurant. Mais au sein de la multinationale irlandaise de la fast-fashion, les salarié·es sont au bout du rouleau. Ils et elles ont fait grève en mars.
Spécial femmes en France
- “Elle a avalé la boîte de médicaments qu’elle s’était prescrite contre le stress” : interne en médecine, sa fille a mis fin à ses jours après des semaines de 100 heures et des gardes difficiles (francetvinfo.fr)
À l’hôpital, les internes doivent assumer d’importantes responsabilités dans des conditions très difficiles, avec des horaires à rallonge pouvant mener au burn-out et la dépression
- Affaire de Bétharram : la fille de François Bayrou révèle avoir été victime de violences lors d’un camp organisé par la congrégation à laquelle appartient l’établissement (lemonde.fr)
Dans une interview à « Paris Match », Hélène Perlant, ancienne élève de Notre-Dame-de-Bétharram, décrit par ailleurs un établissement scolaire « organisé comme une secte ou un régime totalitaire » pour que les élèves « se taisent ».
Voir aussi Affaire Bétharram : la fille de François Bayrou met à mal la défense du Premier ministre (huffingtonpost.fr)
Hélène Perlant assure que son père s’est rendu au domicile du juge Christian Mirande pour parler de l’affaire, ce que François Bayrou avait toujours nié.
- “Je t’accuse” : la chanteuse Suzane révèle dans une chanson avoir subi un viol et sort un clip avec plusieurs victimes (telerama.fr)
C’est la première fois que la chanteuse de 34 ans évoque publiquement son agression. À ses côtés dans le clip mis en ligne, la comédienne Charlotte Arnould, qui accuse Gérard Depardieu de viols, ou Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot.
Spécial médias et pouvoir
- Le système Bolloré (multinationales.org)
Dans un rapport publié en partenariat avec Attac, l’Observatoire des multinationales propose une radiographie sans concession du groupe Bolloré et alerte sur les risques démocratiques à continuer à le considérer comme un groupe « comme les autres ».
- 5,3 milliards d’euros : l’inquiétant pactole de Vincent Bolloré (politis.fr)
Dans un rapport, Attac et l’Observatoire des multinationales décortiquent le « système Bolloré », expliquant comment le milliardaire, dans l’indifférence, voire avec le soutien des pouvoirs publics, a acquis son empire médiatique. Et s’inquiètent d’une trésorerie largement positive qui laisse craindre le pire.
- Le groupe Lagardère, propriété de Vincent Bolloré, visé par un redressement fiscal de 200 millions d’euros (humanite.fr)
Les filiales Lagardère Media et Hachette Livre sont visées par un redressement fiscal de près de 200 millions d’euros […] Bercy leur a respectivement adressé 189,9 millions et 6,5 millions d’euros de rectification pour l’année 2024. Une annonce à rebours de la communication du groupe, qui a loué une année record.
- Le média identitaire Frontières, ses obsessions, ses alliés et ses dons défiscalisés (basta.media)
Dans la galaxie des médias d’extrême droite, Frontières occupe une place centrale. Le jeune média identitaire peut compter sur le soutien de l’écosystème pour diffuser ses idées réactionnaires, parfois aux frais du contribuable.
Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)
- Mozambique LNG : Macron au chevet de Total à Mayotte (amisdelaterre.org)
- Avec LVMH et Total dans le viseur, le ministre de l’Économie en « appelle au patriotisme des patrons » (liberation.fr)
- L’effort d’accueil des chercheurs américains « doit se faire au niveau européen », selon le ministre français de la Recherche (nouvelobs.com)
- Le gouvernement annule 3,1 milliards d’euros de crédit pour les missions écologie, économie et recherche et enseignement supérieur (lemonde.fr)
- Budget : « On a une image totalement déformée de la dépense publique » (basta.media)
Quand on dit que la dépense publique c’est 57 % du PIB, la plupart des gens imagine que l’on prélève plus de la moitié de la richesse créée par le privé, qui serait le seul secteur productif, pour payer les fonctionnaires. Tout est faux dans cette phrase.
- Retraites : les partenaires sociaux envisagent prudemment une dose de capitalisation (editions-legislatives.fr)
Lors de la séance du 24 avril, les partenaires sociaux présents (Medef, CPME, CFDT, CFE-CGC) ont fait un pas de côté, en effleurant le sujet d’une dose de retraite par capitalisation, en sus du système par répartition, sans parvenir à une proposition commune concrète. Ils n’excluent pas de lancer une négociation distincte incluant les quatre organisations absentes (U2P, FO, CGT et CFTC).
Voir aussi Retraite par capitalisation : le retour d’un débat explosif (lessentieldeleco.fr)
La retraite par capitalisation revient dans le débat public, sur fond de réforme des retraites et de tensions démographiques croissantes.
Et Retraites : 68 % des Français·es favorables à un référendum, 73 % des salarié·es pour l’abrogation de la réforme à 64 ans (humanite.fr)
« Attention aux publicités mensongères : dans plusieurs pays où les retraites ont été capitalisées, c’est-à-dire jouées en Bourse pour les intérêts des fonds de pension ou des banques, tout a été perdu lors des différentes crises financières […] Avec la capitalisation, on sait ce qu’on verse mais pas ce qu’on reçoit une fois retraité. Avec le salaire socialisé, on est protégé, avec la capitalisation, on risque de perdre sa pension. »
- « 2 euros la commande » : Les travailleureuses ubérisé·es maintenu·es dans la précarité (basta.media)
L’Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi, créée il y a quatre ans à l’initiative du gouvernement, devait favoriser le dialogue social entre les plateformes comme Uber et les travailleureuses. Mais c’est toujours la précarité qui règne.
Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…
- Nouvelle-Calédonie : « Je ne sais pas quand je vais pouvoir revoir mes enfants » (blogs.mediapart.fr)
- La Défenseure des droits décrit des pratiques policières « d’éviction » de personnes considérées comme « indésirables » à Paris (nouvelobs.com)
- Malgré ce que dit l’extrême droite, les centres d’accueil pour demandeurs d’asile disparaissent (streetpress.com)
Alors que deux centres d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) doivent fermer en Haute-Loire, des bénévoles et habitants se mobilisent, malgré un climat local et national parfois hostile et une justification budgétaire contestée.
- Attaque au couteau dans un lycée à Nantes : victimes, enquête, suspect hospitalisé… Ce que l’on sait (nouvelobs.com)
« Le lycéen, les gens le connaissaient comme dépressif, il disait qu’il adorait Hitler. Il a envoyé un mail de 13 pages à tout le monde pour expliquer tous ses problèmes à midi » […] Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a estimé que l’attaque au couteau n’était « pas un fait divers » mais « un fait de société ». « Je pense que ce n’est pas un fait divers ce drame, cette tragédie, c’est un fait de société. Nous sommes dans une société qui a encouragé le laxisme, qui a voulu déconstruire les interdits, l’autorité, l’ordre, les hiérarchies et qui a accouché finalement de toute cette violence »
- Meurtre dans une mosquée du Gard : “Je me demande si M. Retailleau avait piscine”, réagit le président de SOS Racisme (francetvinfo.fr)
Dominique Sopo déplore le manque de réaction “de certains responsables politiques”, notamment du ministre de l’Intérieur, après l’assassinat, vendredi, d’un homme dans une mosquée du Gard. [Il] reproche au ministre de l’Intérieur de s’être “précipité à Nantes” après l’attaque dans le lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides […]“pour raconter à peu près n’importe quoi”. “Là, il a su s’exprimer, se déplacer, se prendre pendant quelques instants pour le ministre de l’EN mais, en tant que ministre des cultes, lorsque l’information que ce crime est au moins en partie motivé par la haine envers les musulmans, il y a un silence pour le moins assourdissant”
- L’embarrassant fils du directeur de la police, cadre d’un groupe néofasciste (streetpress.com)
Au sein de la Ligue ligérienne, Stanislas Laugier fricote avec des néofascistes violents et racistes. Un fiston encombrant pour son père, Louis Laugier, directeur général de la police nationale depuis octobre 2024, nommé par Bruno Retailleau.
- Fond, Nuit ou Maison du Bien Commun… une galaxie au service de l’extrême droite (lundi.am)
L’empire philanthropique du milliardaire Pierre-Édouard Stérin
- Que sait-on de Justin P., ayant commis l’attaque au couteau à Nantes, hospitalisé en psychiatrie ? (huffingtonpost.fr)
« les gens le connaissaient comme dépressif ». « Il disait qu’il adorait Hitler » […] il était « réservé » et « partageait des idées bizarres, des idées nazies ».
- Procès des militants antinucléaires : 8 ans de procédure pour rien ? (reporterre.net)
« Le but n’est pas de nous mettre en cellule mais de nous fatiguer. » Trois antinucléaires sont repassés au tribunal pour des faits remontants à 2017. Une épopée judiciaire épuisante qui pourrait bien se terminer par une relaxe.
Spécial résistances
- Pierre Nicodème sur la complicité du ministère de l’Enseignement supérieur avec l’université Reichman : « dégoût et colère » (aurdip.org)
Pierre Nicodème, mathématicien-informaticien retraité au CNRS, rend la médaille d’honneur du CNRS, qu’il avait reçue en 2013, en réponse aux pressions du ministère de l’Enseignement supérieur sur l’IEP de Strasbourg pour maintenir le partenariat avec l’Université Reichman de Herzliya en Israël.
- À Paris, les militant·es pro-palestinien·nes accusent l’assureur AXA de complicité dans le génocide à Gaza (humanite.fr)
Des militant·es de la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) et de la CGT se sont mobilisé·es jeudi 24 avril devant la Salle Pleyel à Paris, en marge de l’assemblée générale du groupe AXA. Iels accusent l’assureur d’investir dans des entreprises d’armements liées au génocide perpétré par Israël à Gaza.
- Journée internationale de la visibilité lesbienne : la rue contre les idées d’extrême droite (humanite.fr)
Ce 26 avril, des centaines de personnes se sont donné rendez-vous place de la Nation à Paris pour célébrer la journée de visibilité lesbienne. Une manifestation sous le prisme de la lutte contre l’extrême droite.
- Il a construit une cellule de prison dans un camion : on vous présente la grotte mobile d’Adama Camara (streetpress.com)
- Ces habitant·es créent leurs institutions pour combler l’absence de l’État (reporterre.net)
« Nous, on n’est pas anti-État. C’est plutôt l’État qui est anti-nous »
- Un silence inquiétant du gouvernement sur la pauvreté (ldh-france.org)
Les président·es d’associations de solidarité du collectif Alerte ont adressé le 18 mars au Premier ministre un recours gracieux pour lui rappeler ses obligations légales en matière de réduction de la pauvreté. En ce sens, il lui a été demandé de définir un objectif quantifié de la pauvreté pour les 5 ans à venir et de reprendre la remise au Parlement d’un rapport annuel sur le sujet. Il s’agit en effet d’une obligation prévue dans la loi du 1er décembre 2008 généralisant le revenu de solidarité active (RSA). […] Le silence du gouvernement est considéré comme un refus au bout de deux mois selon la loi. Aujourd’hui, à un peu plus d’un mois de l’échéance, une vingtaine de parlementaires déposent une question écrite au gouvernement lui demandant de respecter cette obligation légale.
- La France développe son élevage de singes de laboratoire (reporterre.net)
Pour développer un élevage capable de fournir en singes les laboratoires français, le CNRS veut tripler la capacité d’accueil de la station de primatologie de Rousset, dans les Bouches-du-Rhône. Selon ce projet, elle deviendrait d’ici à 2030 le centre national de primatologie et fournirait une part bien plus important qu’aujourd’hui des primates non-humains dont dit avoir besoin la recherche biomédicale. […] Opposée à l’expérimentation animale en général et à celle sur les primates en particulier, l’association One Voice […] dénonce un projet « qui transforme un lieu principalement dédié à l’observation de colonies de babouins en un élevage pour de l’expérimentation animale invasive » […] Aujourd’hui, la station de Rousset accueille en majorité des babouins à des fins de recherche en éthologie, l’étude du comportement animal.
Spécial outils de résistance
- Fuck Starlink (fuckstarlink.org)
Spécial GAFAM et cie
- Commission slams Apple and Meta for breaching the Digital Markets Act, doesn’t stick the landing with fines (edri.org)
The European Commission has shown some teeth with the EU’s digital rulebook by slamming tech giants Apple and Meta with fines, and an order to stop the infringing behaviour. While we commend the strong stance, we’re concerned about whether the low fines will actually lead to change of behaviour from the tech giants.
- Pourquoi le montant des amendes infligées par l’Union à Meta et Apple est-il aussi faible ? (legrandcontinent.eu)
- RIP, Google Privacy Sandbox (theregister.com)
Chrome will keep third-party cookies, a win for web giant’s ad rivals
- Google is killing software support for early Nest Thermostats (theverge.com)
The company is also pulling Nest thermostats out of Europe entirely, citing “unique” heating challenges.
- Lesson from huge Blue Shield California data breach : Read the manual (csoonline.com)
Data on 4.7 million members was captured over almost four years from a misconfiguration that sent Google Analytics data to Google Ads.
- Meta faces Ghana lawsuits over impact of extreme content on moderators (theguardian.com)
Meta is facing a second set of lawsuits in Africa over the psychological distress experienced by content moderators […] Moderators working for Majorel in Accra claim they have suffered from depression, anxiety, insomnia and substance abuse as a direct consequence of the work they do checking extreme content.
- European critical dependencies (jurgen.gaeremyn.be)
Multiple countries in Europe are critically dependent on services provided by Microsoft. Querying mail-servers teaches that in some countries, over 70 % of all public services rely on this American provider. Europe needs to build its own infrastructure, and open source is the most robust solution.
- Bluesky révèle les limites de son ouverture avec cette censure (frandroid.com) – voir aussi Bluesky restricts access to 72 accounts in Turkey amid government pressure (stockholmcf.org)
Les autres lectures de la semaine
- En Polynésie, « la grandeur de la France, je la porte avec ma leucémie » (terrestres.org)
Lorsque la France annonce la reprise des essais nucléaires en Polynésie en 1995, Tahiti s’enflamme et le monde se mobilise. Quelques mois plus tard, c’est la fin… sauf pour les victimes des retombées atomiques des 193 bombes explosées dans l’archipel. Hinamoeura Morgant-Cross est l’une d’elles.
- “À la Réunion, notre “retard”, c’était notre avance” – Entretien avec Gaëlle Fredouille (frustrationmagazine.fr)
- « Il y a un retour en force du masculinisme, on est retournés 30 ans en arrière » (blogs.mediapart.fr)
- Séamas O’Reilly : Trans people have spent a decade being attacked in a moral panic (irishexaminer.com)
I speak of the near-constant refrain that devious men will enter these spaces and pretend to be trans women, in order to spy on, or assault, their occupants. It obviously appals me that our trans friends are constantly cited as monsters, ubiquitously mentioned in the same breath as cisgendered male predators. […] Perhaps my conception of feminism has been mis-calibrated all this time, and true freedom for women is mandating that they carry their birth certificates around with them all day, so they can be checked by citizen genital inspectors, male and female, encouraged to presume you’re a predator first, and work backwards from there. […] The only way any of the absurdities of this ruling make sense, is if its aims are exactly what they appear to be : A punitive attack on the rights and dignity of trans people divorced from any real-world concern about safety or women’s rights, designed to demoralise and punish them simply for the crime of existing.
- Recréer un second « Gilded Age » (Âge doré) : les illusions de Trump (theconversation.com)
- Puissance et déclin – La fragile synthèse trumpienne (lundi.am)
- Understanding “longtermism” : Why this suddenly influential philosophy is so toxic (salon.com)
- Monstertutional Conarchy (illwill.com)
One way or another, we are inside a process of fundamentally changing the world. If we don’t want their plan to be the only one on offer, we have to similarly give ourselves the right to dream big, to act boldly, and make clear that it’s our vision against theirs.
Une traduction de ce texte est proposée ici : Monstruosité constitutionnelle et escroquerie monarchiste (lundi.am)
La théorie du complot qui permet de comprendre le second mandat Trump
- Hitler’s Terrible Tariffs (theatlantic.com)
By seeking to “liberate” Germans from a globalized world order, the Nazi government sent the national economy careening backwards.
- How Much Injustice Will Americans Take ? (americaamerica.news)
last night the story broke of three children ages 2, 4 and 7—all U.S. citizens—being taken out of the country without due process […] the “rapid early-morning deportation” involved two mothers (one who is pregnant) and their children, including a two-year-old who suffers from a rare form of metastatic cancer and was removed without needed medication.
- The courage to be decent (radleybalko.substack.com)
The Trump administration wants to make us too afraid to look out for one another. Don’t let them.One of the more pernicious effects of authoritarianism is to make the everyday participation in civic life we take for granted feel subversive. The goal isn’t to police all behavior at all times. It’s to make us fearful to the point that we police our own behavior. […] There was no video. “That’s when I learned why my VPN had gone down. It wasn’t the VPN. Someone had shut off my Wifi.” About 15 minutes after the interaction at his front door, Jackson’s Wifi was up and running again.“So there was about a 30-minute period where my Wifi was down, and it happened to be the period where these officers came to my door, which prevented my Ring camera from recording them […] I guess it could be a coincidence. But that’s a big coincidence” […] [Intimidating lawyers has become a key component of the Trump administration’s overall strategy, and this is especially true with respect to mass deportations. Immigrants detained for lacking documentation are more than 10 times more likely to get a favorable outcome if they have an attorney than if they don’t.
- Alice Kaplan, historienne et écrivaine : « On est dans une ambiance proche de 1984 » (humanite.fr)
De passage en France pour effectuer des recherches sur son prochain livre, l’historienne, écrivaine et professeure à Yale Alice Kaplan s’inquiète des attaques menées par Donald Trump contre les universités américaines et le langage. Elle revient sur son parcours et ses travaux sur la période de l’Occupation en France et sur l’Algérie.
- « Nous revendiquons une égalité pleine et entière pour les femmes » (contretemps.eu)
Claudia Jones (1915-1964) fut une grande militante du Parti Communiste états-unien et une féministe, qui a très tôt théorisé la triple oppression des femmes (de race, de classe et de genre). Après une présentation de son parcours par Carole Boyce Davies, nous publions un de ses textes les plus célèbres, rédigé en 1949.
- “Je pensais que c’étaient les restes d’une construction” : patrimoine insolite et méconnu, à quoi servent les cheminées géodésiques ? (france3-regions.francetvinfo.fr)
- Combien de pénis sur la tapisserie de Bayeux ? (huffingtonpost.fr)
Cette question insolite oppose deux historiens britanniques. Christopher Monk dit avoir repéré un « pénis manqué » sur la broderie médiévale, ce que conteste George Garnett qui avait réalisé un premier comptage il y a six ans.
- Des canards augmentent la taille de leur pénis s’ils ont des rivaux (sciencesetavenir.fr – article de 2017)
Les canards font partie des 3 % d’oiseaux seulement dotés de pénis externes (les autres, comme les coqs ont des cloaques ), organes qu’ils ne développent qu’au printemps, avant que celui-ci ne dégénère totalement, puis repousse à la saison des amours suivante. […] En 2011, Patricia Brennan avait déjà montré que les canards se livraient une véritable guerre des sexes dans une course évolutive effrayante : l’anatomie interne des femelles évolue en effet pour empêcher l’accès aux indésirables qui forcent la copulation et leurs cloaques forment même des culs-de-sacs où vont se perdre leurs spermatozoïdes. De leur côté, les mâles développent des sexes de plus en plus longs en forme de tire-bouchon hérissés de crochets de kératine pour augmenter leur chances […] Les accouplements se font dans la majorité des cas par la coercition. Et ils ne durent que quelques secondes
Les BDs/graphiques/photos de la semaine
- Portables
- Timeline
- Trump
- Harvard
- History
- One day
- Maths
- Piss on carpet
- Point
- Future
- Compta
- Francis
- Jesus
- Alien
- Critic
- Men
- Tweet
- Binary
- Eggs
- Hope
Les vidéos/podcasts de la semaine
- Molly White’s Call to Action (flipboard.video)
- Comment résister aux GAFAM ? (et arrêter de détruire la planète) (video.blast-info.fr)
- Entrave à l’IVG (radiofrance.fr)
Alors que l’interruption volontaire de grossesse est autorisée depuis la loi Veil du 17 janvier 1975, des femmes rencontrent encore des obstacles pour faire valoir ce droit. On leur fait la morale, on leur reproche de mal prendre leur contraceptif, on les bouscule psychologiquement. Trois expériences d’interruption volontaire de grossesse (IVG) à la limite du déni de droit.
- Marine Périn : Et encore je suis gentille (réel instagram) (tube.fdn.fr)
- Aux racines de la domination masculine. Le féminisme matérialiste de Paola Tabet (en deux parties) (spectremedia.org)
- À Tel Aviv, des milliers d’israélien·nes défilent en tenant des photos d’enfants palestiniens assassinés (leperepeinard.com)
- Avenirs en lutte (attac63.site.attac.org)
Les trucs chouettes de la semaine
- Dijon : fête de printemps des Lentillères, 15 ans de luttes ! (fr.squat.net)
- Le site de l’association AWARE (Archives of Women Artists, Research & Exhibitions (awarewomenartists.com) a pour but d’archiver et de visibiliser les œuvres d’art des femmes à travers le monde et l’Histoire.
- La revue Insectes passe en accès libre ! Le nouveau numéro est disponible en pdf par ici, avec notamment un article sur les femmes en entomologie. Et bientôt, les anciens numéros seront disponibles sur le sitede l’OPIE (insectes.org)
- À la recherche des œufs de Pâques cartographiques (shs.hal.science)
- 33 bonnes nouvelles – récolte du vendredi 25 avril (lescerisesdehiatus.blogspot.com)
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
27.04.2025 à 09:00
L’État artificiel : la vie civique automatisée
Texte intégral (2731 mots)
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 19 novembre 2024 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
Sommes-nous en passe d’entrer dans un État artificiel, c’est-à-dire un moment où la vie civique n’est plus produite que par le calcul au risque de nous dessaisir de toute action collective ?
Le philosophe Rob Horning rapporte que des chercheurs de Google ont publié un article décrivant un projet de « Machines d’Habermas » – hommage au philosophe et à sa théorie de l’espace public – décrivant des machines permettant de faciliter la délibération démocratique. L’idée consiste à utiliser des IA génératives pour générer des déclarations de groupes à partir d’opinions individuelles, en maximisant l’approbation collective par itération successive. Le but : trouver des terrains d’entente sur des sujets clivants, avec une IA qui fonctionne comme un médiateur.
Vers des machines pour délibérer à notre place
Dans leur expérimentation, les chercheurs rapportent que les participants ont préféré les déclarations générées par les IA à celle des humains. Pour Horning, cela signifie peut-être que les gens « sont plus susceptibles d’être d’accord avec une position lorsqu’il semble que personne ne la défende vraiment qu’avec une position articulée par une autre personne ». Effectivement, peut-être que le fait qu’elles soient artificielles et désincarnées peut aider, mais peut-être parce que formulées par la puissance des LLM, ces propositions peuvent sembler plus claires et neutres, comme le sont souvent les productions de l’IA générative, donc plus compréhensibles et séduisantes. Les chercheurs mettent en avant l’efficacité et la rapidité de leur solution, par rapport aux délibérations humaines, lentes et inefficaces – mais reconnaissent que les propositions et les synthèses faites par les outils nécessiteraient d’être vérifiées. 404 media rapportait il y a peu le développement d’une IA pour manipuler les réseaux sociaux permettant de cibler les messages selon les discours politiques des publics. Pas sûr effectivement qu’il y ait beaucoup de différence entre les machines d’Habermas de Google et ces outils de manipulation de l’opinion.
Ces efforts à automatiser la sphère publique rappellent à Horning le livre de Hiroki Azuma, General Will 2.0 (2011) qui défendait justement l’utilisation de la surveillance à grande échelle pour calculer mathématiquement la volonté générale de la population et se passer de délibération. « Nous vivons à une époque où tout le monde est constamment dérangé par des « autres » avec lesquels il est impossible de trouver un compromis », expliquait Azuma, en boomer avant l’heure. Il suffit donc d’abandonner la présomption d’Habermas et d’Arendt selon laquelle la politique nécessite la construction d’un consensus par le biais de discussions… pour évacuer à la fois le compromis et les autres. D’où l’idée d’automatiser la politique en agrégeant les données, les comportements et en les transformant directement en décisions politiques.
Rob Horning voit dans cette expérimentation un moyen de limiter la conflictualité et de lisser les opinions divergentes. Comme on le constate déjà avec les réseaux sociaux, l’idée est de remplacer une sphère publique par une architecture logicielle, et la communication interpersonnelle par un traitement de l’information déguisé en langage naturel, explique-t-il avec acuité. « Libérer l’homme de l’ordre des hommes (la communication) afin de lui permettre de vivre sur la base de l’ordre des choses (la volonté générale) seule », comme le prophétise Azuma, correspond parfaitement à l’idéologie ultra rationaliste de nombre de projets d’IA qui voient la communication comme un inconvénient et les rencontres interpersonnelles comme autant de désagréments à éviter. « Le fantasme est d’éliminer l’ordre des humains et de le remplacer par un ordre des choses » permettant de produire la gouvernance directement depuis les données. Les intentions doivent être extraites et les LLM – qui n’auraient aucune intentionnalité (ce qui n’est pas si sûr) – serviraient de format ou de langage permettant d’éviter l’intersubjectivité, de transformer et consolider les volontés, plus que de recueillir la volonté de chacun. Pour Horning, le risque est grand de ne considérer la conscience de chacun que comme un épiphénomène au profit de celle de la machine qui à terme pourrait seule produire la conscience de tous. Dans cette vision du monde, les données ne visent qu’à produire le contrôle social, qu’à produire une illusion d’action collective pour des personnes de plus en plus isolées les unes des autres, dépossédées de la conflictualité et de l’action collective.
Mais les données ne parlent pas pour elles-mêmes, nous disait déjà Danah Boyd, qui dénonçait déjà le risque de leur politisation. La perspective que dessinent les ingénieurs de Google consiste à court-circuiter le processus démocratique lui-même. Leur proposition vise à réduire la politique en un simple processus d’optimisation et de résolution de problèmes. La médiation par la machine vise clairement à évacuer la conflictualité, au cœur de la politique. Elle permet d’améliorer le contrôle social, au détriment de l’action collective ou de l’engagement, puisque ceux-ci sont de fait évacués par le rejet du conflit. Une politique sans passion ni conviction, où les citoyens eux-mêmes sont finalement évacués. Seule la rétroaction attentionnelle vient forger les communautés politiques, consistant à soumettre ceux qui sont en désaccord aux opinions validées par les autres. La démocratie est réduite à une simple mécanique de décisions, sans plus aucune participation active. Pour les ingénieurs de Google, la délibération politique pourrait devenir une question où chacun prêche ses opinions dans une application et attend qu’un calculateur d’opinion décide de l’état de la sphère publique. Et le téléphone, à son tour, pourrait bombarder les utilisateurs de déclarations optimisées pour modérer et normaliser leurs opinions afin de lisser les dissensions à grande échelle. Bref, une sorte de délibération démocratique sous tutelle algorithmique. Un peu comme si notre avenir politique consistait à produire un Twitter sous LLM qui vous exposerait à ce que vous devez penser, sans même s’interroger sur toutes les défaillances et manipulations des amplifications qui y auraient cours. Une vision de la politique parfaitement glaçante et qui minimise toutes les manipulations possibles, comme nous ne cessons de les minimiser sur la façon dont les réseaux sociaux organisent le débat public.
Dans le New Yorker, l’historienne Jill Lepore dresse un constat similaire sur la manière dont nos communications sont déjà façonnées par des procédures qui nous échappent. Depuis les années 60, la confiance dans les autorités n’a cessé de s’effondrer, explique-t-elle en se demandant en quoi cette chute de la confiance a été accélérée par les recommandations automatisées qui ont produit à la fois un électorat aliéné, polarisé et méfiant et des élus paralysés. Les campagnes politiques sont désormais entièrement produites depuis des éléments de marketing politique numérique.
En septembre, le Stanford Digital Economy Lab a publié les Digitalist papers, une collection d’essais d’universitaires et surtout de dirigeants de la Tech qui avancent que l’IA pourrait sauver la démocratie américaine, rien de moins ! Heureusement, d’autres auteurs soutiennent l’exact inverse. Dans son livre Algorithms and the End of Politics (Bristol University Press, 2021), l’économiste Scott Timcke explique que la datafication favorise le néolibéralisme et renforce les inégalités. Dans Théorie politique de l’ère numérique (Cambridge University Press, 2023), le philosophe Mathias Risse explique que la démocratie nécessitera de faire des choix difficiles en matière de technologie. Or, pour l’instant, ces choix sont uniquement ceux d’entreprises. Pour Lepore, nous vivons désormais dans un « État artificiel », c’est-à-dire « une infrastructure de communication numérique utilisée par les stratèges politiques et les entreprises privées pour organiser et automatiser le discours politique ».
Une société vulnérable à la subversion
La politique se réduit à la manipulation numérique d’algorithmes d’exploration de l’attention, la confiance dans le gouvernement à une architecture numérique appartenant aux entreprises et la citoyenneté à des engagements en ligne soigneusement testés et ciblés. « Au sein de l’État artificiel, presque tous les éléments de la vie démocratique américaine – la société civile, le gouvernement représentatif, la presse libre, la liberté d’expression et la foi dans les élections – sont vulnérables à la subversion », prévient Lepore. Au lieu de prendre des décisions par délibération démocratique, l’État artificiel propose des prédictions par le calcul, la capture de la sphère publique par le commerce basé sur les données et le remplacement des décisions des humains par celles des machines. Le problème, c’est qu’alors que les États démocratiques créent des citoyens, l’État artificiel crée des trolls, formule, cinglante, l’historienne en décrivant la lente montée des techniques de marketing numérique dans la politique comme dans le journalisme.
À chaque étape de l’émergence de l’État artificiel, les leaders technologiques ont promis que les derniers outils seraient bons pour la démocratie… mais ce n’est pas ce qui s’est passé, notamment parce qu’aucun de ces outils n’est démocratique. Au contraire, le principal pouvoir de ces outils, de Facebook à X, est d’abord d’offrir aux entreprises un contrôle sans précédent de la parole, leur permettant de moduler tout ce à quoi l’usager accède. Dans l’État artificiel, l’essentiel des discours politiques sont le fait de bots. Et X semble notamment en avoir plus que jamais, malgré la promesse de Musk d’en débarrasser la plateforme. « L’État artificiel est l’élevage industriel de la vie publique, le tri et la segmentation, l’isolement et l’aliénation, la destruction de la communauté humaine. » Dans sa Théorie politique de l’ère numérique, Risse décrit et dénonce une démocratie qui fonctionnerait à l’échelle de la machine : les juges seraient remplacés par des algorithmes sophistiqués, les législateurs par des « systèmes de choix collectifs pilotés par l’IA ». Autant de perspectives qui répandent une forme de grande utopie démocratique de l’IA portée par des technoprophètes, complètement déconnectée des réalités démocratiques. Les Digitalist Papers reproduisent la même utopie, en prônant une démocratie des machines plutôt que le financement de l’éducation publique ou des instances de représentations. Dans les Digitalists Papers, seul le juriste Lawrence Lessig semble émettre une mise en garde, en annonçant que l’IA risque surtout d’aggraver un système politique déjà défaillant.
La grande difficulté devant nous va consister à démanteler ces croyances conclut Lepore. D’autant que, comme le montre plusieurs années de problèmes politiques liés au numérique, le risque n’est pas que nous soyons submergés par le faux et la désinformation, mais que nous soyons rendus toujours plus impuissants. « L’objectif principal de la désinformation n’est pas de nous persuader que des choses fausses sont vraies. Elle vise à nous faire nous sentir impuissants », disait déjà Ethan Zuckerman. Dans une vie civique artificielle, la politique devient la seule affaire de ceux qui produisent l’artifice.