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27.03.2025 à 17:12

« L’inceste reste considéré comme le problème de la victime »

Sarah Boucault
Travailleuse sociale, ancienne directrice d’association d’accueil pour les jeunes victimes d’inceste, Nathalie Mathieu a coprésidé, avec le juge Édouard Durand, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites […]
Texte intégral (1289 mots)

Travailleuse sociale, ancienne directrice d’association d’accueil pour les jeunes victimes d’inceste, Nathalie Mathieu a coprésidé, avec le juge Édouard Durand, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) entre 2021 et 2023 avant d’en être évincée. Elle est l’autrice de Personne n’est prêt à entendre ça. Violences sexuelles faites aux enfants (L’Harmattan, 2024).

Quelques semaines après que Caroline Darian, la fille de Dominique Pelicot, a porté plainte pour viol contre son père et tandis que le procès Le Scouarnec met en lumière depuis plusieurs semaines les mécaniques incestueuses à l’œuvre dans beaucoup de familles, Nathalie Mathieu décrit la spécificité de ce crime assimilé à tort aux autres violences sexuelles et propose des pistes d’action pour l’éradiquer.

Procès des violeurs de Mazan, procès Le Scouarnec : dans ces deux affaires, les hommes jugés pour violences sexuelles sont également accusés d’inceste. Est-ce une coïncidence ?

Ces deux affaires très médiatisées ne sont pas forcément représentatives de la réalité. Car le plus souvent les auteurs d’inceste ne vont pas agresser des enfants en dehors de leur famille. Comme le dit l’anthropologue Dorothée Dussy, l’inceste est « un viol d’opportunité » car les enfants du cercle familial sont des proies faciles et les agresseurs peuvent « se servir » facilement. Joël Le Scouarnec a agressé sexuellement ses nièces, mais le secret a été gardé à l’intérieur de la famille. Ce n’est que quand il a violé la fille de ses voisins, âgée de 6 ans, qu’il a été dénoncé et que les carnets dans lesquels il consignait méthodiquement ses agressions ont été découverts.

Comme celui de Joël Le Scouarnec, le père de Dominique Pelicot se serait rendu coupable de viols et d’agression sur des enfants de la famille. Est-ce un schéma fréquent dans les affaires d’inceste ?

L’inceste n’arrive jamais par hasard car il préexiste toujours, dans les familles où il est dévoilé, un terrain incestuel, incestueux*, des rapports flous à la loi, des agresseurs égocentriques qui ont une difficulté à être empathique. Les témoignages reçus à la Ciivise parlent beaucoup de ces schémas qui se transmettent : de père en fils, chez les frères, les oncles. Du côté des mères, le silence se transmet également de génération en génération. D’où l’importance de stopper la chaîne.

Malgré tout, dans le champ judiciaire comme dans le champ politique, l’inceste est toujours traité comme le corollaire d’autres violences et très peu en tant que tel…

Notre société est construite sur deux croyances : d’abord que l’inceste serait marginal parce que tabou, ce qui est largement contredit par les chiffres [une personne sur dix en est ou en a été victime selon une enquête réalisée en 2020 par l’institut Ipsos], ensuite l’idée que ce qui se passe à l’intérieur de la famille relèverait de la sphère privée. Quand une victime parle – et encore plus quand elle accuse le chef de famille –, elle met à mal ces deux croyances et c’est elle qui est mise au ban de la société.

L’inceste reste considéré, encore aujourd’hui, comme le problème individuel de la victime et non pour ce qu’il est : un problème de santé publique. Malgré l’ampleur du phénomène, c’est toujours l’incrédulité qui domine quand on en parle et c’est ce qui empêche la société de conscientiser ce phénomène. On sait très bien – car les études sur le sujet sont nombreuses – que le lieu de tous les dangers pour l’enfant, c’est d’abord sa maison et sa famille. Mais les médias préfèrent s’intéresser à la figure du monstre. Ce déni contamine les familles, les institutions scolaires, juridiques, sociales.


« Les professionnel·les ont trop rarement à l’esprit que l’enfant est peut-être victime de violences sexuelles, alors que ça devrait être l’hypothèse numéro un. »


Un an et demi après la remise du rapport de la première équipe de la Ciivise, à l’automne 2023, qu’est-ce qui a vraiment changé ?

Avec cette première équipe, nous avons fait un point sur l’état actuel des connaissances sur l’inceste et ouvert un espace de parole inédit pour les victimes. En 2023, nous avons remis 82 préconisations : elles concernent le repérage des violences sexuelles par les professionnel·les, leur traitement judiciaire, les parcours spécifiques de soins et la prévention. En 2024, une nouvelle équipe a été nommée à la tête de cette institution. Elle n’a retenu que 16 de nos recommandations, dont la création d’une ordonnance de sûreté qui permet de mettre rapidement à l’abri les enfants, la clarification du processus de signalement et la protection des médecins, le questionnement systématique de l’enfant ou la facilitation de l’accès aux soins spécialisés pour les jeunes victimes. Je ne sais pas pourquoi celles-ci plutôt que d’autres. En tout cas, je ne vois pas d’effets concrets sur le terrain. L’objectif était de mettre en œuvre une politique publique ambitieuse pour protéger les enfants : on est très loin du compte.

Quelles seraient, selon vous, les mesures politiques à mettre en place urgemment pour lutter contre l’inceste ?

Sensibiliser les enfants au maximum est fondamental. Elles et ils doivent savoir qu’il y a des choses qui ne se font pas, mettre des mots dessus. Savoir aussi qu’il existe des adultes en capacité de les écouter et de les aider. Les associations qui actuellement s’opposent à l’enseignement d’un programme sur la vie affective, relationnelle et sexuelle aux enfants à l’école ont tort : moins on parle de sexualité aux petites filles et aux petits garçons, plus on préserve l’agresseur.

On sait que ces séances sont souvent l’occasion pour elles et eux de prendre la parole sur ce qui leur est arrivé. Et comme l’inceste est un phénomène massif, il faudrait que cette parole soit au cœur des préoccupations de tous les adultes qui travaillent avec des enfants. Quand leur comportement change, on cherche toujours plein d’excuses : ses parents divorcent, elle a eu un petit frère, il a déménagé, sa grand-mère est morte… Les professionnel·les ont trop rarement à l’esprit que l’enfant est peut-être victime de violences sexuelles, alors que ça devrait être l’hypothèse numéro un.

* Le terme « incestuel » renvoie à un climat familial dans lequel les limites sur la sexualité des adultes et celle des enfants ne sont pas clairement posées. Une famille « incestueuse » est une famille dans laquelle des actes incestueux sont commis.

20.03.2025 à 17:27

Tous·tes mobilisé·es contre le racisme : les recos de La Déferlante

La Déferlante
🚨À la une Tous·tes mobilisé·es contre le racisme Cette semaine, le gouvernement français s’est prononcé en faveur de l’interdiction du port du voile pendant les compétitions sportives. Les frappes d’Israël […]
Texte intégral (2567 mots)

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À la une

Tous·tes mobilisé·es contre le racisme

Cette semaine, le gouvernement français s’est prononcé en faveur de l’interdiction du port du voile pendant les compétitions sportives. Les frappes d’Israël contre la population civile palestinienne ont repris à Gaza, tandis qu’aux États-Unis, Donald Trump poursuit sa politique ultra-répressive à l’égard des immigré·es clandestin·es.

Dans ce contexte de banalisation des idées et des politiques d’extrême droite, demain, samedi 22 mars, des citoyen·nes défileront partout dans le monde et en France contre le racisme et le fascisme. Pour mieux comprendre les raisons et les enjeux de cette mobilisation, vous trouverez dans cette newsletter des recommandations d’articles à lire et un documentaire à regarder. Et toujours, disponible en ligne ou en librairies, notre numéro spécial « Résister en féministes » paru en août 2024.

👉🏼 → Commandez notre numéro 15 « Extrêmes droites : résister en féministes »

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Revue de presse

50 jours

Accueil des réfugié·es suspendu, renforcement des contrôles à la frontière mexicaine, remise en question de l’enseignement des questions de genre et de racisme à l’école. Les décodeurs du Monde dressent le bilan effarant des 50 premiers jours au pouvoir de Donald Trump.

🦅 → Lire le dossier sur le site du Monde

Antisémitisme

Que penser de la publication par La France insoumise, pour appeler à manifester contre le racisme, d’affiches reprenant des tropes antisémites ? Dans un post Instagram clair et efficace, Valérie Rey-Robert dénonce une faute politique majeure. En complément, on peut lire cette tribune publiée le 8 mars dernier et signée par « des juifs et des juives français·es », appelant à « mener le combat contre l’antisémitisme en refusant son instrumentalisation ».

🕍 → Lire le post de Valérie Rey-Robert et la tribune sur le site du Monde

Raid sur la basilique

Depuis septembre 2024, dans la basilique de Saint-Denis, l’artiste Sandra Reinflet expose des portraits de femmes vivant en Seine-Saint-Denis – certaines sont racisées ou voilées – sur le corps desquelles sont projetés les vitraux de la basilique. Des textes retraçant leurs parcours accompagnent les portraits.
Mais depuis quelques jours, et malgré le soutien de la ville et du diocèse, cette exposition baptisée « Nouvelles Reines » est la cible d’une virulente campagne des milieux catholiques de droite et d’extrême droite.

💣 → Lire l’article de Libération sur cette affaire

C’est pas du français…

Et si au lieu de nous lamenter sur les « wesh » et autres expressions utilisées par nos enfants, nous nous réjouissions de leur capacité à jouer avec les mots et à manier avec à propos différents registres de langage ? C’est l’objet de cette tribune signée par le linguiste Rémi Soulé.

🧑🏽‍🎓 → Lire la tribune sur le site du Monde

Gagner la guerre des idées

Un sociologue, un militant antifasciste et une militante antiraciste débattent de la meilleure stratégie pour remporter la bataille culturelle contre l’extrême droite et faire obstacle à sa victoire dans les urnes. Un entretien croisé, long et passionnant, nourri d’expériences du terrain militant autant que de réflexions empruntées aux théories féministes, antiracistes et anticapitalistes.

🤼‍♂️ → Lire l’entretien sur le site de la revue Ballast

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On regarde

Quand tu écouteras cette chanson

L’écrivaine Lola Lafon a passé une nuit dans la maison où fut cachée Anne Frank, à Amsterdam, pendant la Seconde Guerre mondiale. La jeune fille juive qui souhaite devenir écrivaine tend un miroir à l’autrice des années 2020, elle-même issue d’une famille juive d’Europe de l’Est ayant vécu la déportation. C’est même peut-être grâce à Anne Frank, dont le souvenir a été transmis par sa grand-mère Ida, que Lola Lafon s’est mise à l’écriture. Une manière, affirme-t-elle, de « rester vivante ».

On est si souvent déçue·es lorsque nos livres adorés sont adaptés à l’écran qu’on l’avoue : on n’attendait pas grand-chose de ce documentaire de Mona Achache adapté du récit de Lola Lafon (Stock, 2022). Pourtant, en gardant intact le récit de l’autrice qui sert de fil conducteur au film, et grâce à un brillant travail d’évocation par l’archive, le film parvient à reconvoquer chez nous l’émotion puissante ressentie à la lecture de l’ouvrage.

🎞Quand tu écouteras cette chanson, 54 minutes, en replay sur france.tv. Adaptation : Lola Lafon et Mona Achache ; réalisation : Mona Achache ; production : Schuch Productions, 2025.

💪
On soutient

Un lieu d’accueil pour jeunes femmes victimes de violences

Après avoir été sauvé in extremis l’an dernier grâce à la mobilisation de nombreuses militantes et personnalités féministes, le LAO Pow’Her, premier centre d’accueil pour les jeunes femmes de 15 à 25 ans victimes de violences sexistes et sexuelles à Bagnolet (Seine-Saint-Denis) est de nouveau à la recherche de financements pour pérenniser son activité. La campagne dure jusqu’au 8 avril 2025.

💸 → Je soutiens financièrement le LAO Pow’Her

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On y sera

🎉 Festival Le Temps des féminismes

Dim 23 Mars 2025
Église Saint-Guillaume, Strasbourg


Sylvie Fagnart et Elsa Sabado, journalistes et coautrices des articles sur le travail domestique et les inégalités salariales dans le dernier numéro « Travailler, à la conquête de l’égalité » de la revue, interviendront à partir de 19h dans le cadre du festival Le Temps des féminismes.

🥨 → Plus d’informations

🎞 Séries Mania

Lun 24 Mars 2025 à 16h15
Théâtre du Nord, Lille

Dans le cadre du festival de séries lillois, Marion Pillas, corédactrice en chef de La Déferlante animera une Masterclass de 1h30 avec l’écrivaine Lola Lafon, présidente du jury Panorama international de l’édition 2025 et fan de séries notoire. La rencontre est complète mais il est encore possible de tenter sa chance le jour même, en arrivant un peu en avance.

🍺 → Plus d’informations par ici

🖌 Central Vapeur

Sam 29 — Dim 30 Mars 2025
La Coop, Strasbourg

La Déferlante sera présente au festival Central Vapeur qui met à l’honneur les arts graphiques. Un stand proposera revues, goodies et ouvrages à la vente. Léa Djeziri, illustratrice de l’album Iddù (La Déferlante Éditions, 2024), sera présente le dimanche pour dédicacer son livre.

🥨 → Toute la programmation sur le site du festival

🍟 Bruxelles

Mer 2 Avril 2025
Librairie Brin d’acier, Bruxelles

Marion Pillas, corédactrice en chef de La Déferlante, sera présente à partir de 19h pour échanger avec les lecteur·ices au sujet de la revue et de son dernier numéro sur le thème « Travailler ».

📱 → Toutes infos à venir sur le compte Instagram de la librairie

📕 Festival Le Livre à Metz

Dim 6 Avril 2025
Place de la République, Metz

Emmanuelle Josse, corédactrice en chef de La Déferlante, est invitée au festival Le Livre à Metz. Elle participera à une rencontre avec l’illustratrice Juliette Mancini intitulée « Elles ne lâchent rien ».

📖 → Informations à venir par ici

13.03.2025 à 17:16

« La diplomatie féministe doit être décoloniale et antifasciste »

Tal Madesta
Le comportement humiliant de Donald Trump à l’égard du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, le 28 février à la Maison Blanche, a été beaucoup commenté. Quel regard féministe peut-on poser sur […]
Texte intégral (1064 mots)

Le comportement humiliant de Donald Trump à l’égard du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, le 28 février à la Maison Blanche, a été beaucoup commenté. Quel regard féministe peut-on poser sur cette scène ?

Nous assistons à une véritable démonstration viriliste de chefs d’État qui semblent dire qu’on ne peut exister sur la scène internationale qu’en tant que dominant ou dominé. Alors qu’ils sont la base de la diplomatie, le dialogue, la raison, le compromis ou le développement de relations fondées sur le respect sont perçus comme des comportements faibles et associés au féminin. C’est un type de diplomatie qu’on peut qualifier d’antiféministe. Au sujet du rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine, certains commentateurs parlent de « diplomatie des bros » [pour brothers, « frères »], d’un boys club organisé en meute sur la scène internationale, pour qui le monde est un terrain de jeu. Pour Trump comme pour d’autres dirigeants, adopter ce comportement revient à montrer patte blanche à Poutine et à s’aligner sur sa stratégie brutale, notamment lorsqu’il s’agit des droits des personnes LGBTQIA+.

Justement, peut-on revenir sur ce qu’est la diplomatie féministe ?

La diplomatie féministe consiste à intégrer une perspective de genre dans la politique étrangère d’un pays. Elle s’appuie sur une politique de coopération internationale, notamment par une aide publique au développement qui prend en compte les besoins et les expériences spécifiques des femmes. Cette approche implique de considérer les enjeux d’égalité de genre comme transversaux dans les politiques qui sont menées – défense des droits sexuels et reproductifs, lutte contre les violences basées sur le genre, réduction des inégalités, paix et sécurité humaine…

Pour être efficace, la diplomatie féministe doit travailler avec des ONG féministes et avec la population civile. À l’Institut du Genre en Géopolitique (IGG), nous considérons qu’elle doit être intersectionnelle et décoloniale pour transformer les structures de pouvoir existantes. Mais également antifasciste.

En février 2025, le président argentin, Javier Milei, a symboliquement offert une tronçonneuse à Elon Musk. Nous avons assisté aux saluts nazis répétés de ce dernier mais aussi de l’ancien conseiller de Donald Trump Steve Bannon. Parallèlement, l’administration Trump est en train de démanteler l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Concrètement, comment la diplomatie féministe peut-elle se positionner dans ce contexte ?

Les multiples crises économiques, politiques, sanitaires et environnementales affectent les femmes de manière disproportionnée : 80 % des personnes déplacées à cause du changement climatique sont des femmes ; elles ont 14 fois plus de risque de mourir lors d’une catastrophe naturelle. La diplomatie féministe a un rôle central à jouer pour les défendre.

Par ailleurs, lors de son investiture, le président Trump a repris la formule « Drill, baby, drill ! » (« Fore, bébé, fore ! »), qui encourage l’extractivisme et renvoie métaphoriquement à un acte de pénétration. Car l’exploitation de la terre va de pair avec l’exploitation des femmes. Mais il faut garder espoir : la diplomatie féministe structure ses efforts à travers des initiatives comme le Groupe de politique étrangère féministe (FFP+) de l’ONU, qui travaille en collaboration avec la société civile, où les mouvements féministes se développent considérablement. Le rôle de la diplomatie féministe est de défendre les droits humains et les libertés individuelles. Tout ce que le fascisme déteste.


« En affirmant sa puissance militaire tout en prônant une diplomatie féministe, la France envoie un message contradictoire.  »


La France se présente souvent comme pionnière en matière de diplomatie féministe, tout en coopérant avec des partenaires commerciaux qui bafouent les droits des femmes, comme l’Arabie saoudite ou Israël. N’y a‑t-il pas un risque que la diplomatie féministe soit uniquement une vitrine marketing ?

Effectivement, de nombreux pays revendiquant une diplomatie féministe restent guidés par des intérêts géopolitiques et économiques qui desservent les droits des femmes. La France est le deuxième exportateur d’armes au monde. Une activité qui contribue directement aux violences subies par les femmes et les minorités dans certaines régions du monde. En affirmant sa puissance militaire tout en prônant une diplomatie féministe, la France envoie un message contradictoire.

À Gaza, les Palestiniennes sont victimes du silence complice des puissances occidentales [selon l’ONU, les femmes et les enfants représentent près de 70 % des victimes des bombardements israéliens]. Le revirement du président Macron sur l’arrêt des ventes d’armes à Israël en octobre 2024 est arrivé trop tard, et le soutien à Israël reste majoritaire. Cet immobilisme s’explique, en France, par un contexte de forte instrumentalisation de l’antisémitisme, d’extrême-droitisation du champ politique et d’un traitement ultra émotionnel de ces thématiques depuis le 7 octobre 2023.

Le gouvernement oppose un prétendu réalisme stratégique à un pacifisme féministe inapplicable dans le réel. Cela illustre une vision du monde où la realpolitik et la politique du « deux poids, deux mesures » prédomine. Récemment, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a publié une brochure afin de définir la diplomatie féministe de la France pour 2025–2030 : elle comporte seulement huit pages et propose des objectifs flous, sans plan d’action.

Malgré tout, dans un contexte international où les droits des femmes sont de plus en plus menacés, il reste crucial que certains États défendent, même très imparfaitement, ces principes, car cela crée un effet d’entraînement entre les pays.

06.03.2025 à 17:16

Nos recommandations pour un 8 mars engagé

La Déferlante
✊🏼À la une Le 8 mars, La Déferlante mobilisée Ce soir 7 mars et demain, samedi 8 mars, des cortèges défileront dans le monde entier pour dénoncer les inégalités salariales, les réformes néolibérales qui précarisent […]
Texte intégral (2976 mots)

✊🏼
À la une

Le 8 mars, La Déferlante mobilisée

Ce soir 7 mars et demain, samedi 8 mars, des cortèges défileront dans le monde entier pour

dénoncer les inégalités salariales, les réformes néolibérales qui précarisent tout particulièrement les femmes, les personnes LGBTQIA+, les classes populaires et, plus largement, toutes les formes de violences exercées par le système capitaliste et patriarcal.

À La Déferlante, nous sommes plus mobilisées que jamais pour cette journée internationale des droits des femmes. Nous serons présentes dans la rue, mais également à la Maison des Métallos, à Paris, à partir de 18 heures pour fêter la sortie de notre 17e numéro, consacré au travail.

Nous vous proposons ci-dessous une sélection de recommandations pour mieux comprendre les enjeux de cette mobilisation.

👉🏼 → Commandez notre numéro 17 sur le thème « Travailler »

📖
On lit

Tous·tes en grève !

Dans cet essai publié en 2021, Verónica Gago, chercheuse et militante argentine de la coordination Ni una menos, propose de penser la grève féministe comme un catalyseur des luttes sociales, anticapitalistes et féministes qui, mises toutes ensemble, permettent de résister aux politiques néolibérales et conservatrices désormais en vigueur en Argentine, aux États-Unis comme en Europe. Plus intéressant encore, elle voit dans le processus de construction de cette « grève sans programme » un outil d’émancipation des imaginaires pour les groupes sociaux dominés : « Parler de puissance féministe, c’est revendiquer l’indétermination – nous ne savons pas de quoi nous sommes capables avant d’en avoir fait l’expérience, avant d’avoir repoussé des limites qui ne sont destinées qu’à nous rendre crédules et obéissantes»

📢 → Verónica Gago, La Puissance féministe. Ou le désir de tout changer, éditions Divergences, traduit par Léa Nicolas-Teboul, 2021. 268 pages, 17 euros

Luttes ouvrières

Les syndicats de travailleur·euses ayant été historiquement préemptés par les hommes, la mémoire ouvrière conserve peu l’histoire des luttes au féminin. C’est pour réparer cette injustice que l’historienne Fanny Gallot dresse dans ce livre –tiré d’une thèse soutenue en 2012 – le portrait d’une génération d’ouvrières ayant émergé au tournant de 1968. Retraçant certains de leurs combats épiques, notamment les grèves de Moulinex, en Basse-Normandie, et de Chantelle, à Saint-Herblain (Loire-Atlantique), elle décrit comment ces ouvrières ont agi concrètement malgré les nombreux obstacles auxquels elles ont fait face. À travers ces luttes, elles ont contribué à reconfigurer les identités de genre et de classe et « révolutionné le travail et la société ».

👩🏽‍🔧 → Fanny Gallot, En découdre. Comment les ouvrières ont révolutionné le travail et la société, La Découverte, 2015. 288 pages,19,50 euros

Travail : nom féminin

« L’imposture du travail » que dénonce dans ce court ouvrage la sociologue Maud Simonet, est le fait que celui-ci soit systématiquement envisagé comme étant pratiqué à l’extérieur de la maison en échange d’une rémunération, mais aussi que la figure archétypale du travailleur soit un homme. En pointant la diversité du travail invisible, qu’il soit associatif, domestique, bénévole ou lié au soin, et en montrant qu’il est presque toujours pris en charge par des femmes, la sociologue ouvre une réflexion sur la définition du travail et les moyens de repenser l’émancipation des personnes minorisées.

🧹 → Maud Simonet, L’Imposture du travail. Désandrocentrer le travail pour l’émanciper, éditions 10/18, 2024. 96 pages, 6 euros

Un glossaire des mots féministes

Alors que l’actualité montre à quel point la guerre culturelle qui fait rage est aussi une bataille sémantique, il nous a paru important que La Déferlante propose à ses lecteur·ices des définitions de concepts clés pour appréhender l’époque dans une perspective féministe intersectionnelle. Travail reproductif, grève féministe, temps partiel ou plafond de verre : toutes les définitions sont en accès libre sur notre site internet, qui sera alimenté au fil des numéros pour faciliter la compréhension des concepts mobilisés dans chaque dossier.

📌 → Je consulte le glossaire

📻
On écoute

La lutte des sardinières

Des bribes d’assemblées générales, des interviews de grévistes, des chants de lutte, Sardines FM, l’émission culte d’Arte Radio, nous replonge dans le Douarnenez de 1924, alors qu’éclate la grève des sardinières. Mêlant fausses archives sonores et rigoureuses explications des spécialistes de ce mouvement social, ce podcast « historico-loufoque » rend hommage à la lutte menée par les ouvrières bretonnes des conserveries de poissons. La lutte sonne vivante et actuelle et fait le lien avec le combat contemporain des Douarnenistes contre le grignotement de la ville par les résidences secondaires et les locations de courte durée.

🐟Sardines FM, une création d’Olivier Minot, « Le Radio Show », Arte Radio, 16 février 2024

📺
On regarde

L’histoire des secrétaires

Que sait-on du métier de secrétaire une fois tombés les clichés qui l’entourent ? Pas grand-chose, si on en croit les témoignages de ces six femmes, à la retraite ou en activité, que la réalisatrice Michèle Dominici réunit dans son documentaire Et l’homme créa la secrétaire. Mises face à l’histoire de leur métier, elles-mêmes découvrent qu’il était au départ réservé aux hommes, avant de s’ouvrir aux jeunes filles et épouses de bonne famille à la faveur de la révolution industrielle. Métier d’appoint pour un salaire d’appoint, les secrétaires n’ont cessé, au fil du temps, de gagner en responsabilités sans être réellement prises au sérieux, bien au contraire. D’édifiantes archives rappellent qu’en plus de leur rigueur et de leur savoir-faire technique, on a toujours attendu d’elles qu’elles soient souriantes et attirantes. Un cas d’école des stéréotypes sexistes qui bloquent l’évolution de carrière des femmes dans de nombreuses entreprises.

👩🏿‍💻Et l’homme créa la secrétaire, documentaire de Michèle Dominici, coproduit par Zadig Productions et Arte. 52 minutes, 2025. Visible ici en replay.

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On soutient

Porter la voix des personnes non valides

Le collectif féministe et antivalidiste Les Dévalideuses appelle celles et ceux qui battront le pavé cette fin de semaine à jouer les porte-voix pour des personnes n’ayant pas la possibilité de manifester mais souhaitant participer à la mobilisation autour du 8 mars. Si vous comptez manifester, vous pouvez vous signaler en commentaire de leur post, mais aussi interpeller les organisateur·ices afin de rendre les cortèges plus accessibles.

📣 → Je veux être porte-voix

Sauver une pionnière

Cofondée en 1981 par Simone de Beauvoir et Christine Delphy, Nouvelles Questions féministes est une des premières revues francophones à s’être intéressée aux études féministes et au genre. Faute de financements suffisants, elle risque aujourd’hui de disparaître et fait donc un appel aux dons et aux abonnements.

💸 → Je soutiens Nouvelles Questions féministes

📍
On y sera

💥 Cinéclub féministe

Lun 10 Mars 2025
Majestic Bastille, Paris 11e

À l’occasion de la prochaine édition du festival « Femmes, droits sur Mars » organisé par la mairie des 4e et 5e arrondissements de Marseille, Lucie Geffroy, corédactrice en chef de La Déferlante, rencontrera les lecteurs et lectrices de la revue.

👉🏼 → Informations pratiques

🎉 Festival Le Temps des féminismes

Dim 23 Mars 2025
Église Saint-Guillaume, Strasbourg

Sylvie Fagnart et Elsa Sabado, journalistes et coautrices des articles sur le travail domestique et les inégalités salariales dans le dernier numéro « Travailler » de la revue, interviendront à partir de 19h dans le cadre du festival Le Temps des féminismes.

🥨 → Plus d’informations

🍟 Séries Mania

Lun 24 Mars 2025
Théâtre du Nord, Lille

Dans le cadre du festival de séries lillois, Marion Pillas, corédactrice en chef de La Déferlante animera une Masterclass de 1h30 avec l’écrivaine Lola Lafon, présidente du jury Panorama 2025 et fan de séries notoire. Ouverture de la billetterie le lundi 10 mars.

🍺 → Informations sur la rencontre

🖌 Central Vapeur

Lun 24 Mars 2025
Théâtre du Nord, Lille

La Déferlante sera présente au festival Central Vapeur qui met à l’honneur les arts graphiques. Un stand proposera revues, goodies et ouvrages à la vente. Léa Djeziri, illustratrice de l’album Iddù (La Déferlante Éditions, 2024), sera présente le dimanche pour dédicacer son livre.

🥨 → Toute la programmation sur le site du festival

27.02.2025 à 16:56

« Je me sens en sécurité ici » : un accueil en non-mixité pour jeunes femmes exilées.

Maya Elboudrari
En arrivant en région parisienne, où peut se rendre une adolescente exilée, pas (encore) reconnue par l’État français comme mineure, pour manger, se doucher, consulter une infirmière ? Les centres d’accueil […]
Texte intégral (1837 mots)

En arrivant en région parisienne, où peut se rendre une adolescente exilée, pas (encore) reconnue par l’État français comme mineure, pour manger, se doucher, consulter une infirmière ?

Les centres d’accueil de jour pour les personnes migrantes sont réservés aux adultes, ou mixtes, donc très majoritairement fréquentés par des hommes. Pour combler ce déficit d’accueil spécifique des jeunes filles, Médecins sans frontières (MSF) a décidé de rendre petit à petit son accueil de jour de Pantin (Seine-Saint-Denis) non mixte, et d’orienter les garçons vers d’autres lieux. « Ces jeunes filles manquent de protection, elles sont plus vulnérables que les vulnérables. Elles fuient l’horreur, et se retrouvent encore exposées, pour beaucoup d’entre elles, à l’horreur ici », déplore Ali Besnaci, coordinateur des activités de MSF en Île-de-France.

C’est ainsi que, depuis juillet 2024, ce centre est le seul de la région entièrement dévolu aux filles. Les adolescentes sont en attente de passer devant un·e juge des enfants qui reconnaisse leur minorité. Elle pourront ensuite, à ce titre, être prises en charge par l’État. « Soixante-dix pour cent des jeunes filles qu’on accompagne ici et qui ont réussi à avoir une audience sont reconnues comme mineures et placées », informe Ali Besnaci. Mais avant la décision de justice, elles sont livrées à elles-mêmes et tributaires des dispositifs associatifs, parfois pendant de longs mois.

Protéger des violences masculines

Après avoir passé une porte d’entrée discrète, au bout d’un long couloir où des photos de jeunes femmes déguisées en super-héroïnes s’alignent, les adolescentes découvrent plusieurs bureaux où l’équipe de l’ONG les reçoit, une salle à manger et une pièce commune d’où parviennent parfois des voix adolescentes, des rires ou de la musique.

L’accueil non mixte permet d’assurer aux filles un environnement sécurisé, là où l’écrasante majorité a déjà subi violences masculines, violences sexuelles, mutilations génitales ou mariages forcés. Le long des couloirs, des affichettes délivrent des messages de prévention. On lit sur l’une d’elles : « Dire non, c’est ton droit », sur d’autres, des numéros de services d’aide.

« Je suis arrivée le 31 janvier [2025] en France. J’ai d’abord été dans un autre centre, de la Croix-Rouge, mais on m’a dit que, vu que j’étais mineure, je ne pouvais pas être prise en charge. On m’a parlé de ce lieu et je suis arrivée hier, rapporte Naomi, 16 ans et demi, originaire de République démocratique du Congo. Je me sens un peu en sécurité ici ; là où il y a des hommes, il y a parfois des choses bizarres… Je veux de l’aide pour être scolarisée et pour qu’on puisse me reconnaître comme mineure. Je ne sais pas où j’irais sinon. » La jeune fille dort, en ce moment et pour une poignée de jours encore, dans un appartement mis à sa disposition par l’association Utopia 56. Elle devra ensuite trouver une nouvelle solution de logement.

MSF et d’autres associations disposent de quelques places d’hébergement d’urgence pour ces filles, mais pas suffisamment, et certaines d’entre elles dorment dehors, ou dans des tentes dans des gymnases réquisitionnés par les associations, où les jeunes filles souffrent du froid et du manque de confort. À la veille de leur arrivée au centre, 60 % d’entre elles sont à la rue, d’après les chiffres communiqués par l’ONG.


« Depuis qu’il n’y a plus de garçons, les filles prennent plus de place. »


« J’aime bien le fait qu’il n’y ait que des filles ici. Là où j’étais avant, il y avait trop de garçons. Il y en a qui sont rentrés là où on dormait, relate Dalicia, 15 ans, arrivée en France depuis l’Angola en janvier. Je me sentais isolée là-bas. Et je n’aime pas le comportement des garçons avec nous, je ne veux pas être amie avec eux. Ici, il y a beaucoup de filles qui parlent les mêmes langues que moi, je me sens mieux. »

« Les comportements ont changé »

Une petite vingtaine d’entre elles sont présentes le jour de notre visite. Certaines se font des tresses, d’autres discutent dans un coin ou passent du temps sur TikTok, après avoir mangé ensemble le repas du jour : du poulet yassa, une spécialité ouest-africaine. Elles viennent parfois pour des rendez-vous, mais aussi simplement pour occuper leur journée, surtout pour celles qui ne sont pas encore scolarisées. Dans le centre, les adolescentes peuvent manger, se doucher, se reposer, se procurer des protections hygiéniques – des services de base qui ne leur sont pas forcément accessibles ailleurs. Des ateliers, par exemple sur l’utilisation de Google Maps, la santé sexuelle, ou encore le dessin, sont aussi régulièrement organisés.

L’équipe a remarqué que la fréquentation hors rendez-vous, a augmenté avec la non-mixité. « La douche était beaucoup moins utilisée avant, alors que c’est compliqué pour elles d’avoir accès à l’hygiène à Paris. Là, on sent qu’elles sont beaucoup plus à l’aise, et on va même devoir en installer une deuxième », raconte Véga Levaillant, responsable des activités socio-juridiques.

Plus largement, « les filles prennent plus de place, elles rigolent fort, elles chantent, elles se coiffent… Elles ne se comportent pas de la même manière que lorsqu’elles étaient minoritaires dans une salle remplie de garçons », poursuit la responsable. Elle note aussi que les filles adhéraient moins au programme lorsqu’il était mixte : l’équipe perdait souvent leur trace en cours de route, ce qui est devenu « extrêmement rare ». Véga Levaillant observe aussi que la libération de la parole sur les violences subies est « beaucoup plus rapide » qu’avant.

Une prise en charge en évolution

Le centre a pris en charge une centaine de filles depuis le mois de juillet. Elles ont en moyenne 15 ans, et ont, pour la plupart, fui des pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. « Tous les acteurs ont remarqué une augmentation du nombre de mineur·es non accompagné·es en recours depuis deux ans », et notamment des filles, explique Véga Levaillant (lire l’encadré ci-dessous).

La prise en charge au centre a évolué, pour s’adapter à ce public exclusivement féminin. Quatre rendez-vous sont organisés pour chaque nouvelle arrivante : avec l’infirmière ou la sage-femme, la psychologue, un·e assistant·e social·e et un·e juriste. Dans son cabinet dont les murs sont tapissés d’affiches en faveur des droits LGBT+ et contre les violences, Margot Seas, l’infirmière, a aussi ajusté sa pratique. Elle propose une séance de dépistage des urgences médicales ou psychologiques dès l’arrivée de chaque jeune. Elle demande à chacune si elle a été victime de violences sexuelles dans les trois derniers jours, pour une prise en charge rapide à l’hôpital. L’infirmière parle également des douleurs de règles et de la découverte de son corps pendant la puberté.

« Maintenant, j’aborde beaucoup plus les questions des violences, de consentement, de contraception, observe-t-elle. Presque 100 % des jeunes filles ont été violées dans leur pays d’origine. Pour certaines, en France aussi. Leur statut ici les rend très vulnérables. Venir au centre leur évite de mendier, de s’exposer encore plus. »

Dans la salle commune, où le chauffage est poussé au maximum, au milieu des conversations multilingues, les jeunes filles semblent baisser la garde entre deux rendez-vous. Elles retrouvent des occupations d’adolescentes, en espérant être bientôt prises en charge, logées et scolarisées par l’État.

Une augmentation du nombre de jeunes filles isolées partout en France

À l’accueil de jour de Pantin (Seine-Saint-Denis), MSF reçoit une vingtaine de nouvelles jeunes filles chaque mois depuis le début de l’année, contre une dizaine habituellement. Cette augmentation est aussi constatée par d’autres associations, ailleurs en France. À Lille, l’association Utopia 56 a mené lundi dernier une action pour demander la mise à l’abri urgente de quinze jeunes filles à la rue.

En 2023, l’antenne lilloise d’Utopia 56 n’accompagnait que trois filles. En 2024, ce nombre est passé à 24. Depuis le début de l’année 2025, l’association a déjà été contactée par une dizaine de nouvelles adolescentes. Elles étaient jusque-là hébergées par un réseau d’habitant·es solidaires. « Ce nombre n’était plus tenable pour nous, on s’est dit qu’on allait bientôt devoir en laisser certaines à la rue, alors que c’est très risqué pour elles », relate Marie Davtian, la coordinatrice locale. L’association dit avoir alerté depuis plusieurs mois les pouvoirs publics sur l’augmentation du nombre de jeunes filles isolées, sans réponse pour l’instant. À l’issue de la manifestation de lundi, ces 15 adolescentes ont fini par obtenir des places en hébergement d’urgence.

La situation à Lille n’est pas isolée : « Cette augmentation se constate dans toutes les antennes locales d’Utopia qui accompagnent des jeunes », rapporte Marie Davtian. Les associations d’aide aux exilé·es observent que les raisons qui poussent à l’exil sont plus variées chez les filles que chez les garçons, mais n’ont pour l’instant pas assez de recul pour expliquer cette hausse. En 2023, le rapport d’activité du ministère de la Justice relevait déjà « une augmentation de la proportion et du nombre de jeunes filles » mineures non accompagnées, ajoutant qu’une « attention particulière » devait être portée à leur suivi et aux risques qu’elles courent.

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