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28.03.2024 à 18:03

Total a cent ans : l’entreprise peut-elle se réinventer ?

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Total a cent ans : l’entreprise peut-elle se réinventer ? hschlegel

Le groupe Total, rebaptisé « Total Énergies », fête aujourd’hui ses 100 ans. En 2025, le géant du pétrole emménagera dans une nouvelle tour à La Défense, qui sera la plus haute de France. Mais ce changement de nom et de bureaux suffiront-ils à redéfinir son identité ? L’entreprise, malgré ses efforts pour se mettre aux renouvelables, demeure controversée, si ce n’est franchement haïe, pour son exploitation des énergies fossiles. Sera-t-elle capable de changer ?

Explications avec Hegel, dans cet article que lui dédiait Anne-Sophie Moreau en 2021 pour nos confrères du magazine Philonomist.

Total a cent ans : l’entreprise peut-elle se réinventer ?
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28.03.2024 à 18:03

Chasse aux œufs

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Chasse aux œufs hschlegel

« “L’homme moderne qui se sent et se prétend areligieux, écrit Mircea Eliade dans Le Sacré et le Profane (1956), dispose encore de toute une mythologie camouflée et de nombreux ritualismes dégradés.” Je ne le lui fais pas dire. Question de génération : je suis, comme qui dirait, mangé aux mythes. Et à ce propos, lundi – rituel familial auquel mes enfants se plient, et me plient, avec bonheur –, c’est chasse aux œufs.

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Quand j’étais petit (je n’étais pas grand), Pâques signifiait trois choses : la Passion du Christ – le Vendredi saint était un immense moment d’angoisse, je voyais des crucifiés partout –, la Veillée pascale – avec enfants porteurs de cierges, dont moi, la trouille au ventre de laisser la précieuse flamme s’éteindre (j’en ai parlé à mon psy, il a pris sa mine sagace qui m’agace) – et lundi, Résurrection, retour des cloches (de Rome) et mystérieux largage d’œufs en chocolat dans la prairie qui jouxtait la maison. Merveilleux moment de l’enfance que je célébrerais volontiers avec vous, sauf que je me souviens très bien des angoisses, pas du tout des chasses aux œufs. Probablement parce que les unes étaient plus lourdes de sens que les autres. Mais le fait est que j’ai beau creuser ma mémoire, invoquer des œufs chamarrés tapis dans l’herbe verte comme des poissons tropicaux sous les algues, je n’ai pas l’ombre du début d’un souvenir, excepté le fait qu’il a peut-être eu lieu. Dans Rebecca (1938), l’amoureuse héroïne de Daphné du Maurier implore : “Si seulement on pouvait inventer quelque chose qui conserve un souvenir dans un flacon, comme un parfum, et qui ne s’évapore, ne s’affadisse jamais. Quand on en aurait envie, on pourrait déboucher le flacon et on revivrait l’instant passé.” Ce serait pratique, tentant mais dangereux : le passé serait figé sans continuité avec le présent. La narratrice ne s’y trompe pas, et tandis que Manderley brûle dans la nuit avec ses souvenirs mortifères, elle se tourne résolument vers l’aube qui s’annonce. Vers le renouveau. Et c’est cela que fêtent les croyants à Pâques, Pessa’h et l’Aïd ou, les athées comme moi, en chassant les œufs avec leurs enfants. Reproduisant, souvent sans le savoir, un vieux rituel d’offrande des œufs porteurs de vie chez les Celtes, les Perses ou les Égyptiens.

Mircea Eliade conclut son analyse en notant qu’“il faut prendre conscience de ce qui reste encore de ‘mythique’ dans une existence moderne, et qui reste tel, justement parce que ce comportement est, lui aussi consubstantiel à la condition humaine, en tant qu’il exprime l’angoisse devant le Temps”. En effet, nos mythes, aussi dégradés soient-ils – il y a du cauchemardesque dans ces rayons d’hypermarché où s’alignent lapins Lindt et cloches Suchard – sont comme le vestige d’un parfum dont on devine encore la fragrance au fond d’un flacon vide et depuis longtemps oublié au fond d’une malle. Même transformé en cérémonial de caddie de supermarché, ils conservent une puissance évocatrice qui ne demande qu’à renaître. Je vais le dire aux enfants : à quoi sert la chasse aux œufs ? À préserver des rituels heureux. Et tant pis s’ils lèvent les yeux au ciel.. »

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28.03.2024 à 12:00

Disparition du “prix Nobel” d’économie Daniel Kahneman

nfoiry

Disparition du “prix Nobel” d’économie Daniel Kahneman nfoiry

Daniel Kahneman, psychologue et lauréat en 2002 du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, est décédé le 27 mars. Le penseur israélo-américain avait marqué les esprits par la publication en 2011 de son essai Système 1 / Système 2. Les deux vitesses de la pensée. Il y opérait une distinction entre deux modes de fonctionnements de notre pensée : l'un rapide et intuitif, l'autre plus lent et laborieux. Daniel Kahneman demeure une référence incontournable en économie comportementale. Afin de lui rendre hommage, nous republions le grand entretien qu'il nous avait accordé en 2013.

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28.03.2024 à 09:00

Attentat en Russie : pourquoi exhiber la torture ?

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Attentat en Russie : pourquoi exhiber la torture ? hschlegel

Des chocs électriques sur les parties génitales, une oreille arrachée, un sac en plastique sur la tête. Les tortures infligées aux suspects de l’attaque terroriste moscovite n’ont pas seulement été commises : elles ont été montrées, exhibées par l’État russe. Pourquoi cette volonté étatique de mettre en scène la violence qu’il exerce sur les corps ? Explications avec Foucault.

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En Russie poutinienne, une barbarie aussi décomplexée que stratégique

« À la fin du XVIIIe siècle, la torture sera dénoncée comme le reste des barbaries d’un autre âge : marque d’une sauvagerie qu’on dénonce comme “gothique” », écrit Michel Foucault dans son célèbre ouvrage Surveiller et Punir (1975). Force est de constater que la torture fait encore aujourd’hui partie intégrante des pratiques de certains États, comme l’ont montré les images et vidéos des sévices physiques infligées aux quatre suspects de l’attentat commis samedi 22 mars dernier à Moscou. Les forces de sécurité moscovites ont torturé le corps des suspects, mais l’État russe a également choisi d’exhiber ces images, de les diffuser au monde entier.

Le recours à la torture, pourtant fréquent au Kremlin (notamment en 2017 lors de l’attentat de Saint-Pétersbourg),est ici manifeste. Sur les quatre suspects au visage tuméfié, ensanglanté, meurtri, le dernier est arrivé à l’audience inconscient, en fauteuil roulant. Tandis qu’un autre portait autour du cou les vestiges d’un étranglement au sac plastique. Au moins l’un d’entre eux a reçu des chocs électriques sur les parties génitales. Selon une vidéo encore non authentifiée diffusée par un bloggeur russe, un autre se fait couper l’oreille, qu’on lui enfonce ensuite dans la bouche. Lorsqu’il a été interrogé sur ces actes, Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a répondu au journaliste « je laisserai cette question sans réponse ». 

Dans un contexte ou le Kremlin est accusé d’avoir été impuissant à protéger sa population, on peut estimer qu’il s’agit d’abord pour Poutine de démontrer sa capacité à frapper fort. Dans son essai Surveiller et Punir, Michel Foucault explique que les sévices physiques sont pensés comme des symboles de la violence punitive. Dans ce cadre, « le corps est la cible majeure de la répression pénale », explique-t-il. Il est un outil, un support, un moyen, par lequel la main de l’État exerce son pouvoir.

On pourrait estimer que cette option est du côté de l’irrationalité, d’une cruauté absurde et irréfléchie. Mais à suivre Foucault, montrer la torture, en faire spectacle, répond à une stratégie calculée. Les violences étatiques les plus crues sont adossées à une forme de rationalité. L’État, en exhibant crûment les sévices qu’il fait subir – là où les démocraties occidentales auraient plutôt tendance à nier les violences qu’elles pourraient secrètement, et illégalement, commettre –, cherche à instaurer un cadre moral. Contre l’idée selon laquelle il faudrait « éduquer » les coupables et non les châtier, il part du principe qu’« il est juste qu’un condamné souffre physiquement plus que les autres hommes ». Dans ce cas, poursuit le philosophe, « la peine se dissocie mal d’un supplément de douleur physique ». Dévoiler le supplice des accusés est une manière de répondre à une certaine façon d’envisager la justice comme réponse à la douleur par le spectacle de la douleur.

Cette pratique de la violence punitive répond également à une idée de proportionnalité. « Le supplice met en corrélation le type d’atteinte corporelle, la qualité, l’intensité, la longueur des souffrances avec la gravité du crime », explique Foucault. Cette façon d’envisager les sévices physiques comme une réaction symétrique à la gravité du crime commis est aujourd’hui prise en compte par les instances internationales qui luttent contre la torture. Près de 173 États – dont la Russie – ont à ce titre ratifié en 1987 la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, initiée par le Haut-Commissariat des Nations unies. L’article 2 stipule qu’« aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse de l’état de guerre ou de menace de guerre, d’instabilité politique intérieure ou de tout autre état d’exception, ne peut être invoquée pour justifier la torture ». La convention prévoyait bien que l’exceptionnalité – la gravité absolue d’un crime – avait souvent tendance à justifier, voire à légitimer les sévices et des tortures corporelles. 

Marquer le corps du coupable

À lire Foucault, il s’agit donc de rendre les coups de manière « mathématique », de faire subir aux accusés ce qu’ils sont suspectés d’avoir infligé, mais aussi, plus profondément, de laisser une empreinte sur leur corps. Le supplice, écrit le philosophe « doit […] être marquant : il est destiné, soit par la cicatrice qu’il laisse sur le corps, soit par l’éclat dont il est accompagné, à rendre infâme celui qui en est la victime ». Dans le cadre d’actes de torture, l’aveu – censé être le but de la manœuvre – devient secondaire. Il ne s’agit pas de faire parler la victime elle-même, mais de faire parler son corps. La présence de marques physiques est un stigmate censé attester symboliquement de la culpabilité.

Cette méthode va à l’encontre de l’évolution de la justice, telle qu’elle est présentée par Michel Foucault. Historiquement, le système judiciaire s’est graduellement orienté vers ce qu’il appelle une politique « d’effacement du geste punitif ». Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de violence judiciaire, mais que cette violence ne vise pas directement la souffrance du corps, et qu’elle n’est pas mise en spectacle, ni exposée comme une preuve de force. Suivant cette conception moderne de la justice, l’exercice – et le spectacle – de la violence sont envisagés comme une forme d’échec, voire de compromission. On soupçonne ceux qui se livrent à de tels actes « d’entretenir avec [le crime] de louches parentés : de l’égaler, sinon de le dépasser en sauvagerie ». Dans ce contexte, la pratique d’actes de tortures floute les limites, voire inverse les rôles. L’État qui violente, est accusé « de faire ressembler le bourreau à un criminel, les juges à des meurtriers, d’inverser au dernier moment les rôles, de faire du supplicié un objet de pitié ou d’admiration ».

Le supplice écrit Foucault, « a pour fonction de purger », mais pas de réparer. Il ne permet pas de rétablir la justice ou d’apaiser les victimes. Au contraire, le souvenir, l’exhibition de la torture, sert à maintenir vivace la mémoire de ce qui a eu lieu. Le supplice, nous dit le philosophe « ne réconcilie pas ; il trace autour ou, mieux, sur le corps même du condamné des signes qui ne doivent pas s’effacer ; la mémoire des hommes, en tout cas, gardera le souvenir de l’exposition, du pilori, de la torture et de la souffrance dûment constatés ». Ces images de torture resteront donc peut-être gravées dans la mémoire de nombreuses victimes, et plus largement de toutes celles et ceux qui y ont été confronté. Difficile, en revanche, d’imaginer qu’elles puissent avoir une quelconque vertu réparatrice.

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28.03.2024 à 07:00

Test : êtes-vous kantien, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… ou pas du tout ?

nfoiry

Test : êtes-vous kantien, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… ou pas du tout ? nfoiry

Kant a un tel poids dans l’histoire de la philosophie que vous êtes peut-être kantien sans le savoir. Ou, au contraire, vous rejetez la plupart de ses idées. Mais attention: on peut suivre le maître sur les questions morales sans partager sa vision de la connaissance, de la politique ou de l’esthétique. Alors pour savoir si vous êtes kanto-compatible, répondez aux questions de ce test paru dans notre hors-série disponible chez votre marchand de journaux ?

Test : êtes-vous kantien, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… ou pas du tout ?
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