ACCÈS LIBRE
07.04.2025 à 07:42
Khrys’presso du lundi 7 avril 2025
Texte intégral (10577 mots)
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Brave New World
- Free Speech Union plans hostile takeover of InternetNZ (feijoadispatch.nz)
InternetNZ is funded by the registration of .nz domain names, […] Following a 2022 review into systemic racism in the organisation, InternetNZ plans to adopt a new constitution this year.[…] Members of the FSU have been joining InternetNZ en masse, and the organisation’s membership has ballooned from less than 400 to close to 3000.
- « Il a choqué le peuple et semé le chaos » : le président de la Corée du Sud, Yoon Suk Yeol, destitué pour sa tentative ratée de coup d’État (humanite.fr)
Le président déchu de la Corée du Sud, Yoon Suk Yeol, a été officiellement destitué par la Cour constitutionnelle, vendredi 4 avril. L’institution a voté à l’unanimité pour la mise à l’écart du chef d’État conservateur, va-t-en-guerre et réactionnaire, qui a tenté un coup de force en décembre dernier
- Without USAID, Myanmar Is Struggling to Recover From Its Massive Earthquake (motherjones.com)
“We have the capacity to save lives, and the choice has been not to use it,” said the former head of the agency’s Myanmar mission.
- US switches off satellite transmission of Radio Free Europe to Russia and Ukraine (novayagazeta.eu)
- Pourquoi Trump n’a-t-il pas mis en place de tarifs « réciproques » sur la Russie ? (legrandcontinent.eu)
- Trois blessés dans une frappe russe à Kyiv, deux jours après la mort d’enfants dans une attaque sur la ville natale de Zelensky (liberation.fr)
Avec une rare virulence à l’égard de Washington, le président ukrainien dénonce depuis samedi 5 avril la « faible » réaction des Etats-Unis, dont l’ambassadrice s’est dite « horrifiée » par ces tirs, sans en préciser l’origine russe.
- Les services européens se préparent à une attaque russe contre le continent d’ici la fin de la décennie (legrandcontinent.eu)
Selon Copenhague, Poutine aurait besoin de seulement six mois pour lancer une nouvelle attaque contre un pays européen frontalier de la Russie, et cinq ans pour une guerre à grande échelle sur le continent européen — dans le cas où les États-Unis de Donald Trump n’apporteraient pas leur soutien.
- LEGO has removed all points and terms regarding inclusivity from their yearly report. (safereddit.com)
- Vast pedophile network shut down in Europol’s largest CSAM operation (arstechnica.com)
79 arrested after Europol shuts down massive child porn platform.
- La Hongrie annonce son retrait de la Cour pénale internationale en pleine visite de Nétanyahou, visé par un mandat d’arrêt (liberation.fr)
Budapest annonce ce jeudi 2 avril son retrait de la Cour pénale internationale (CPI), au premier jour d’une visite dans la capitale hongroise du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, visé par un mandat d’arrêt de cette juridiction.
- Inside the rise of Viktor Orbán’s unexpected challenger (direkt36.hu)
- En Turquie, dans le mouvement contre Erdogan, « ce sont les étudiant·es qui font tout » (basta.media)
- Tesla dealership fire in Rome destroys 17 vehicles (newsweek.com)
- Les aides publiques ont fait exploser l’énergie solaire en Europe (alternatives-economiques.fr)
La capacité de production d’électricité photovoltaïque a quasiment doublé ces trois dernières années en Europe grâce aux subventions des États.
- Brussels doubles amount of EU cash available for affordable housing (politico.eu)
Member countries will be able to tap up to €15 billion of cohesion funds for homebuilding.
- CJEU saved the HADOPI : what implications for the future of data retention in the EU ? (edri.org)
- L’Union européenne prépare une amende record contre le réseau social X (france24.com)
Selon le New York Times, la Commission européenne préparerait une amende de plus d’un milliard de dollars à l’encontre du réseau social X, anciennement Twitter. Il est reproché à la la plateforme d’Elon Musk ne pas suffisamment lutter contre les contenus illégaux et la désinformation.
- Grève chez Veolia : les éboueurs anglais balayent l’antisyndicalisme (humanite.fr)
- The Royal Society is dead (svpow.com)
It simply isn’t possible for a society to both “recognise, promote and support excellence in science and to encourage the development and use of science for the benefit of humanity” (as its mission statement claims) and enjoy the patronage of someone who is doing the exact opposite. […] In short, the Royal Society is dead. Three hundred and sixty-five years of history, and it’s ended it as a beard for a fascist. What an utterly utterly shameful end for a once-great society.
- Members of British punk rock band UK Subs denied entry into the US (theguardian.com)
Three members of the pioneering band were detained and returned to the UK after flying to Los Angeles for a gig
- British Tourist Detained by ICE for 19 Days Warns Against All US Travel (newsweek.com)
Rebecca Burke, a 28-year-old graphic artist from Monmouthshire, South Wales, told British newspaper The Guardian how she had been refused entry to Canada from the state of Washington. She told the paper after she was sent back to the U.S, American officials classed her as an illegal alien, shackled and transported her to an Immigration and Customs Enforcement (ICE) detention center, where she was locked up for 19 days.
- Eight International Students at ASU Have Had Their Visas Revoked (theintercept.com)
Eight international students at Arizona State University have had their visas revoked amid the Trump administration’s mass deportation efforts and a crackdown on students expressing their political views.
- Washington révoque tous les visas délivrés par les États-Unis aux Soudanais du Sud (liberation.fr)
Jusque-là protégés par un statut protégé octroyé à titre temporaire par l’administration Biden, les ressortissants du deuxième pays le plus pauvre de la planète, au bord de la guerre civile, se sont vu retirer leur droit de séjour « avec effet immédiat ».
- An ‘Administrative Error’ Sends a Maryland Father to a Salvadoran Prison (theatlantic.com)
The Trump administration says that it mistakenly deported an immigrant with protected status but that courts are powerless to order his return.
Voir aussi Immigration : l’administration Trump reconnaît une « erreur » après l’expulsion d’un résident légal vers une prison du Salvador (liberation.fr)
Bien qu’interdit d’expulsion au risque de représailles dans son pays, le Salvadorien Abrego Garcia a été rapatrié le mois dernier et emprisonné. Le gouvernement américain dit ne plus pouvoir obtenir sa libération.
- Waltz and staff used Gmail for government communications, officials say (washingtonpost.com)
- « Signalgate » : le Pentagone ouvre une enquête interne pour mesurer la défaillance de l’administration Trump (humanite.fr)
- In Praise of Laurene Powell Jobs, Owner of The Atlantic, Superhero of Signalgate (thewrap.com)
Though a billionaire, Powell Jobs has not found a reason to kiss Trump’s ring
- Donald Trump décapite le renseignement américain, sur les conseils d’une complotiste (liberation.fr)
Timothy Haugh et Wendy Noble, le patron et son adjointe du puissant service d’écoute et de cyberespionnage américain, ont été limogés jeudi 3 avril, rapportent plusieurs médias. Une décision dénoncée par des élus démocrates et probablement incitée par l’influenceuse Laura Loomer.
- United States Disappeared Tracker (public.tableau.com)
- Trump admin orders scientists to research transition “regret” : It’s “America’s Cass Review” (lgbtqnation.com)
- 75 % des chercheureuses prêt·es à quitter les États-Unis à cause de Trump, selon la revue Nature (humanite.fr)
- voir aussi 75 % of US scientists who answered Nature poll consider leaving (nature.com)
More than 1,600 readers answered our poll ; many said they were looking for jobs in Europe and Canada.
- Open Source Genetic Database Shuts Down to Protect Users From ‘Authoritarian Governments’ (404media.co)
The creator of an open source genetic database is shutting it down and deleting all of its data because he has come to believe that its existence is dangerous with “a rise in far-right and other authoritarian governments” in the United States and elsewhere.
- RFK Jr. cuts CDC labs investigating outbreaks of STDs and hepatitis (cbsnews.com)
There was also not enough time for scientists to properly shut down the laboratories before they were locked out from their email systems and the building, two CDC officials said, with equipment still running and hazardous materials left unattended.
- États-Unis : nouvelle vague de licenciements dans les agences de santé américaines (liberation.fr)
Le gouvernement américain a lancé, mardi 1er avril, la suppression de 10 000 postes de fonctionnaires au ministère de la Santé et dans les agences sanitaires. Les employés ont appris la nouvelle le jour même, en se rendant au travail.
- Wealthy Americans have death rates on par with poor Europeans (arstechnica.com)
Perhaps some Americans may think that this lower overall life-expectancy doesn’t really apply to them if they’re middle- or upper-class. After all, wealth inequality and health disparities are huge problems in the US.
- Le ministère américain de la Justice requiert la peine de mort contre Luigi Mangione, tueur présumé du patron de United Healthcare (liberation.fr)
- Droits de douane de Trump : un suicide économique certain et un coup politique hypothétique (liberation.fr)
La décision du président américain d’augmenter les tarifs douaniers selon un barème incompréhensible signe la fin d’un paradigme commercial vieux de plus d’un siècle et un désastre économique pour de nombreux pays, dont le sien. La première cause de disparition de civilisations historiques, avançait l’historien britannique Arnold Toynbee, est le suicide.
Voir aussi Donald Trump fait hurler le monde entier avec ses nouveaux tarifs douaniers (huffingtonpost.fr)
Sur presque tous les continents, les pays ont mis en garde les États-Unis sur les conséquences d’une « guerre commerciale » et le Brésil a déjà riposté.
- La Chine contre-attaque en imposant des droits de douane de 34 % sur les importations américaines (legrandcontinent.eu)
- Droits de douane : ces 5 produits américains fétiches qui sont en réalité fabriqués en Europe (liberation.fr)
Capsules Starbucks, poupées American Girl, piqûres de Botox… les consommateurs américains découvrent avec surprise que certains de leurs produits préférés seront sujets à des droits de douane dès ce soir.
- Critics suspect Trump’s weird tariff math came from chatbots (arstechnica.com)
Trump accused of consulting chatbots after critics mock tariffs on islands of penguins.
- Big Tech Backed Trump for Acceleration. They Got a Decel President Instead (404media.co)
- Trump est le seul président depuis 1953 à être plus impopulaire que lui-même à ce stade de son mandat (legrandcontinent.eu)
- Une juge démocrate élue dans le Wisconsin, première gifle électorale pour Trump et Musk (lesechos.fr)
Malgré la forte implication d’Elon Musk, la démocrate Susan Crawford a remporté un siège à la cour suprême de cet État pivot. Le multimilliardaire avait estimé que « cette petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale ».
Voir aussi Dans le Wisconsin, Donald Trump et Elon Musk essuient un premier revers électoral très sec (huffingtonpost.fr)
Ce mardi 1er avril, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté le siège en jeu pour dix ans à la cour suprême de cet État.
- Postal Workers Throng to 500 Rallies to Save the Postal Service (labornotes.org)
- « Bas les pattes » [Hands off] : des manifestations de masse contre Trump et Musk à travers tous les États-Unis (huffingtonpost.fr)
- L’agence américaine NOAA arrête des prestations de cloud, de nombreux sites en péril (next.ink)
L’agence américaine NOAA, qui a en charge notamment des données sur le climat et la météorologie, s’apprête à supprimer une quantité importante de sites internet via une simple annulation d’un contrat avec des hébergeurs cloud.
- The environmental burden of the United States’ bitcoin mining boom (nature.com)
- Climate Change Could Wipe 40 % Off Global Economy, Study Predicts (sciencealert.com)
Spécial IA
- Experts warn ‘AI-written’ paper is latest spin on climate change denial (japantimes.co.jp)
A new study questioning human-induced global warming — which claims to be entirely written by Elon Musk’s Grok 3 AI — has gained traction online.
- Google Is Helping the Trump Administration Deploy AI Along the Mexican Border (theintercept.com)
Google is part of a Customs and Border Protection plan to use machine learning for surveillance, documents reviewed by The Intercept reveal.
- DeepMind has detailed all the ways AGI could wreck the world (arstechnica.com)
- Understanding AI in 2025 : It’s Still All About the Next Token (ai-cosmos.hashnode.dev)
Contrary to Popular Belief, Reinforcement Learning Isn’t Part of This Story
- ‘No Longer Think You Should Learn To Code,’ Says CEO of AI Coding Startup (developers.slashdot.org)
- Bullshit universities : the future of automated education (link.springer.com)
- Wikipédia : Le bouleversement annoncé des pratiques par l’IA générative (fr.m.wikipedia.org)
- How crawlers impact the operations of the Wikimedia projects (diff.wikimedia.org)
- NaNoWriMo shut down after AI, content moderation scandals (techcrunch.com)
NaNoWriMo — an abbreviation of National Novel Writing Month — is an annual challenge for writers to complete a rough draft of a novel during the month of November. After starting as a Yahoo ! mailing list in 1999, the project grew into a self-described “internet-famous” writing challenge with hundreds of thousands of participants over more than two decades.
- Poisson artificiel (legorafi.fr)
On n’ouvre plus de livres, on s’en remet à la machine, à des presses-boutons, à des prompts. On tombe dans l’ignorance crasse de la fainéantise parce qu’un jour, un connard n’a pas été capable de prendre des notes pour résumer une réunion de 15 minutes et qu’il s’est senti obligé de compenser son incomparable bêtise congénitale par une IA qui serait capable de faire ce travail élémentaire à sa place.
- RSF quitte les négociations du Code de bonnes pratiques européen sur l’IA (rsf.org)
La troisième version du Code de bonnes pratiques du règlement européen sur l’intelligence artificielle, l’AI Act, reste largement insuffisante.
Spécial Palestine et Israël
- Guerre à Gaza : le gouvernement israélien annonce s’emparer de « larges zones » du territoire palestinien (humanite.fr)
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé mercredi 2 avril l’extension de l’offensive militaire à Gaza pour s’emparer de « larges zones » sous couvert de créer des « zones de sécurité ». Depuis la rupture de la trêve le 18 mars, plus de 1 000 personnes ont été tuées
- En démantelant les camps de réfugiés palestiniens, Israël veut parachever l’annexion de la Cisjordanie (humanite.fr)
- Gaza : une vidéo dément la version israélienne sur la mort de 15 secouristes palestiniens (liberation.fr)
Le Croissant-Rouge a rendu publiques ce samedi 5 avril des images qui montrent les dernières minutes des secouristes, parfaitement identifiables, tués le 23 mars par Tsahal. L’Etat hébreu assurait que ses soldats avaient tiré sur des « véhicules suspects » qui circulaient tous feux éteints.
- Israel Bombs UN Clinic, Killing 22, Days After Gaza Medics Found in Mass Grave (truthout.org)
- La procureure générale d’Israël conclut à un « conflit d’intérêts » de Nétanyahou dans le renvoi du chef du Shin Bet (liberation.fr)
Les décisions prises par le gouvernement Nétanyahou en mars de renvoyer le chef du Shin Bet, d’engager une procédure de destitution contre la procureure générale du pays et de reprendre la guerre à Gaza après près de deux mois de trêve ont relancé la contestation contre l’exécutif, accusé par l’opposition de dérive dictatoriale.
- Nétanyahou bénit le soutien à Israël des fascistes européens (orientxxi.info)
Stade ultime de l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme, la conférence de Jérusalem, réunie le 27 mars 2025, a scellé le pacte entre Israël et l’extrême droite européenne et américaine. Elle a également offert au président du Rassemblement national, Jordan Bardella, l’occasion de s’affirmer sur la scène internationale.
- L’Union Européenne s’aligne sur Trump pour couvrir les crimes israéliens (contretemps.eu)
Les dirigeants européens prétendent être les champions de l’ordre international libéral que Donald Trump répudie. Mais ils s’alignent sur Trump pour soutenir la reprise de l’assaut meurtrier d’Israël contre les civil·es palestinien·nes.
- Benjamin Netanyahu en visite en Hongrie, défiant le mandat d’arrêt de la CPI (france24.com)
- Germany Turns to U.S. Playbook : Deportations Target Gaza War Protesters (theintercept.com)
Berlin’s immigration authorities are moving to deport four young foreign residents on allegations related to participation in protests against Israel’s war on Gaza, an unprecedented move that raises serious concerns over civil liberties in Germany.
Voir aussi Germany moves to deport four foreign residents for pro-Palestine activism (972mag.com)
The four slated for deportation have not been convicted of any crime but are alleged to have participated in protests against Israel’s assault on Gaza.
- Nieman Fellows Honor +972 Magazine with Lyons Award for Conscience and Integrity in Journalism (nieman.harvard.edu)
Fellows in the class of 2025 at the Nieman Foundation for Journalism have chosen +972 Magazine, an independent, nonprofit news organization run by a binational team of Palestinian and Israeli journalists, for this year’s Louis M. Lyons Award for Conscience and Integrity in Journalism. In making their selection, the Nieman Fellows recognized +972 Magazine — whose mission is to provide in-depth reporting “from the ground in Israel-Palestine” — for work that illuminates the complexity of life and politics in the region.
Spécial femmes dans le monde
- Autism’s missing women (aeon.co)
Long believed to be particularly associated with males, new research is revolutionising our understanding of autism
- Au Japon, une élue menacée de mort pour avoir proposé d’équiper les toilettes publiques de protections menstruelles gratuites (huffingtonpost.fr)
Ayaka Yoshida a reçu plus de 8 000 menaces de mort par mail après avoir partagé sur X sa réflexion sur l’absence de produits menstruels dans les toilettes publiques.
- ‘I begged them, my daughter was dying’ : how Taliban male escort rules are killing mothers and babies (theguardian.com)
The need for women to be accompanied by a man in public is blocking access to healthcare and contributing to soaring mortality rates, say experts
- Belgique : un étudiant en gynécologie reconnu coupable de viol échappe à la condamnation, la colère monte (trustmag.fr)
Depuis mardi 2 avril, une affaire secoue la Belgique et provoque une vive indignation. Ruben Vanstiphout, étudiant en gynécologie âgé de 24 ans, a été reconnu coupable de viol et d’agression sexuelle par le tribunal correctionnel de Louvain. Pourtant, il n’a écopé d’aucune condamnation, le tribunal invoquant sa « personnalité favorable »
- Le médiatique chirurgien esthétique Sydney Ohana mis en examen pour viol (liberation.fr)
Le médecin, également placé sous le statut de témoin assisté pour agression sexuelle, est sous contrôle judiciaire depuis le 28 mars. Il est mis en cause par trois femmes, qui dénoncent des faits survenus entre 2017 et 2023.
- Stopping Domestic Abuse With a Trip to the Bank (reasonstobecheerful.world)
In the U.K., “Safe Spaces” in banks and pharmacies give domestic abuse victims a lifeline to seek support — and start again.
RIP
- Bletchley code breaker Betty Webb dies aged 101 (bbc.com)
Mrs Webb, from Wythall in Worcestershire, joined operations at the Buckinghamshire base at the age of 18, later going on to help with Japanese codes at The Pentagon in the US. She was awarded France’s highest honour – the Légion d’Honneur – in 2021.
- Le guitariste et chanteur d’Amadou et Mariam, Amadou Bagayoko, est mort (telerama.fr)
Moitié du célèbre duo qu’il composait avec sa femme Mariam Doumba, le musicien malien est mort vendredi 4 avril à 70 ans.
Spécial France
- Sur Google et les réseaux sociaux, Saint-Pierre et Miquelon plus populaire que jamais suite aux mesures douanières de Donald Trump (la1ere.francetvinfo.fr)
- Droits de douane : les grands patrons en ordre dispersé face à l’appel au « patriotisme économique » de Macron (humanite.fr)
- En difficulté financière, le parti de Zemmour aurait hérité de la fortune d’un mystérieux millionnaire breton (liberation.fr)
Après son suicide en juin 2023, Michel F. a légué l’entièreté de sa fortune de 1,4 million d’euros à Reconquête, selon « la Lettre ». L’ancien candidat du parti, Franck Chevrel, a également profité de cet héritage.
- Assistants fictifs du RN : la liste des peines prononcées à l’encontre des membres du parti d’extrême droite (liberation.fr)
Outre celle de Marine Le Pen, 24 condamnations ont été prononcées ce lundi 31 mars au tribunal pour détournement de fonds publics, avec des peines allant de six mois à trois ans de prison.
- Attaques contre l’institution judiciaire : Déclaration du bureau de la CNCDH (cncdh.fr)
Au lendemain des attaques portées contre l’institution judiciaire à l’occasion du jugement rendu le 31 mars 2025 par le tribunal judiciaire de Paris, le bureau de la CNCDH appelle les plus hautes autorités publiques à réagir.
- Avec sa manifestation, la riposte de Marine Le Pen vire à l’impasse stratégique (huffingtonpost.fr)
Le meeting organisé ce dimanche à Paris parachève la régression du parti lepéniste vers un discours radical et antisystème.[…] c’est en s’imaginant citadelle assiégée que le Rassemblement national va sonner la riposte, ce dimanche 6 avril, après la lourde condamnation de Marine Le Pen dans l’affaire des assistants parlementaires.
- Ces archives de Marine Le Pen et Jordan Bardella leur reviennent comme un boomerang après la condamnation (huffingtonpost.fr)
Il n’y a pas si longtemps, le RN voulait rendre inéligible à vie les auteurs de détournement de fonds publics.
- Gifi veut bazarder 11 magasins et supprimer 300 emplois (liberation.fr)
La chaîne de magasins discount a annoncé ce jeudi 3 avril vouloir réduire ses effectifs de 5 % et fermer onze de ses 570 magasins en France.[…] Outre la concurrence des magasins Action ou Maxibazar, ainsi que des plateformes internet comme le site chinois Temu, l’activité de Gifi a été mise à mal par un changement de système informatique courant 2023.
- Pour lutter contre la fraude, la RATP envisage des amendes 20 euros plus chères et davantage de contrôles dans les tramways (liberation.fr)
- Déserts médicaux : les députés remettent en cause la libre installation des médecins contre l’avis du gouvernement (liberation.fr)
Mercredi 2 avril, peu avant minuit, l’Assemblée nationale a voté en faveur de la régulation des installations des médecins, mesure phare de la proposition de loi transpartisane contre les déserts médicaux.
- Affaire Bétharram : devant la commission d’enquête parlementaire, l’enseignement catholique se dédouane de ses responsabilités (humanite.fr)
- Des élèves du « Bétharram » breton saisissent la justice, des témoignages accablants (huffingtonpost.fr)
Cinquante témoignages écrits, relatant des faits de violences commis entre 1962 et 1996 par les enseignants du collège catholique privé Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon, ont été remis au parquet.
- Atteintes à la laïcité : le ministère de l’Éducation nationale menace l’Immaculée-Conception de Pau de « mesures » (liberation.fr)
- La droite imite Trump et attaque l’ESS (alternatives-economiques.fr)
Si jusqu’à présent seul le Rassemblement national constituait une menace pour l’économie sociale et solidaire (ESS), le consensus républicain l’entourant semble s’éroder depuis la dissolution de l’Assemblée nationale.
- Maison autonome : pourquoi des cabanes flottantes sont menacées de destruction près de Paris (basta.media)
Sur l’étang de la Galiotte, à Carrières-sous-Poissy, des anciennes cabanes de pêcheurs présentes depuis 50 ans risquent de disparaître à la demande du département des Yvelines.
- Bureaucratisation, déconnexion du terrain : des paysan·nes abandonné·es par la « machine » Terre de liens (reporterre.net)
Alors que la foncière solidaire Terre de liens achète un nombre grandissant de fermes, des paysans et paysannes estiment avoir été abandonnés au cours de leur projet. Certain·es renoncent à leur installation.
- Sommé·es d’abattre leurs vaches en bonne santé pour que la France continue d’exporter (basta.media)
Il suffit qu’une vache soit suspectée de tuberculose bovine pour que le troupeau entier, même s’il n’est pas malade, soit abattu. De la Normandie au Pays basque, des éleveureuses se rebellent face à un État suspecté de vouloir exporter à tout prix.
- Chikungunya à La Réunion : une épidémie d’ampleur qui exige une vigilance renforcée (theconversation.com)
Depuis début 2025, l’île de La Réunion connaît une épidémie de grande ampleur. Le pic épidémique pourrait survenir en avril ou en mai.[…]la dernière grande épidémie de chikungunya à La Réunion remonte à vingt ans, c’était en 2005-2006.
- Maladies neurologiques : quand les pesticides s’attaquent au cerveau (basta.media)
Des agriculteurs retraités se retrouvent atteints de graves maladies neurologiques causées par l’exposition aux pesticides. Commence alors un parcours du combattant pour leurs familles, qui espèrent faire reconnaître la maladie comme professionnelle.
- Ski : 788 000 euros d’argent public pour de la neige artificielle (reporterre.net)
Confrontée au dérèglement du climat qui réchauffe ses pistes de ski, la station du Lac Blanc, dans le Haut-Rhin, va bénéficier de 788 000 euros attribués par la collectivité européenne d’Alsace, auxquels s’additionnent 159 000 euros fléchés par la communauté de communes de la vallée de Kaysersberg.
- Coût des EPR2 : Reporterre publie une alerte censurée (reporterre.net)
Le garant du débat public sur le projet d’EPR2 au Bugey (Ain) s’est alarmé du manque d’informations économiques fournies par EDF. Sa lettre a été retirée du site de la Commission nationale du débat public trois heures plus tard…
Spécial femmes en France
- « Moi aussi, je suis capable de le faire » : quand les paysannes s’approprient les tracteurs (reporterre.net)
Dans le Lot, une formation de mécanique en non-mixité permet à des paysannes de maîtriser l’utilisation et l’entretien de tracteurs. Le véhicule reste un symbole très masculin de l’agriculture.
- L’Assemblée nationale adopte l’intégration du non-consentement à la définition pénale du viol (ouest-france.fr)
Les député·es ont adopté mardi une proposition de loi intégrant le non-consentement à la définition pénale du viol. Ce texte, transpartisan et soutenu par le gouvernement, divise les juristes et les associations féministes.
- Humiliées, agressées, tétanisées : les actrices racontent les violences du cinéma devant les député·es (telerama.fr)
La commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les violences dans la culture a longuement entendu les professionnel·les des secteurs artistiques. Retour sur les témoignages poignants de plusieurs comédiennes à quelques jours des conclusions.
- Paul Schrader, scénariste de « Taxi Driver », accusé d’agression sexuelle par une ancienne assistante (liberation.fr)
Le cinéaste est visé par la plainte d’une ex-employée, qui l’accuse de l’avoir « piégée dans sa chambre d’hôtel » lors du Festival de Cannes 2024.
- Accusé de viol, le psychanalyste Gérard Miller déplore de ne pas pouvoir se « défendre » (liberation.fr)
L’ancien chroniqueur télé a décidé de sortir du silence via un communiqué à l’AFP, à quelques jours de la sortie d’un livre intitulé « Anatomie d’une prédation » où il sera, estime-t-il, « de fait décrit comme coupable ».
Spécial médias et pouvoir
- Nathalie Saint-Cricq, un problème (communiqués) (acrimed.org) – voir aussi Chère Nathalie Saint-Cricq (blast-info.fr)
- Inéligibilité de Marine Le Pen : un coup d’État contre la démocratie, un putsch contre l’État de droit (sur CNews) (telerama.fr)
- Comment Le Pen et ses sbires tweetent leur guerre contre l’institution judiciaire (auposte.fr)
Depuis la condamnation de Le Pen fille, les députés RN crient à la manipulation politique. Au Poste a scruté leurs tweets et c’est gratiné. Pour eux, les juges n’ont qu’un but : « éliminer » leur cheffe. Coup d’État judiciaire ? Tyrannie des juges ? Bardella, Odoul, Tanguy et les autres embrasent X et poussent le renversement des valeurs comme jamais.
- « L’Humanité » détourne un vieux slogan du FN pour sa Une sur la condamnation de Marine Le Pen (huffingtonpost.fr)
« Mains sales, tête basse ». C’est avec ces mots imprimés en gras et une photo de Marine Le Pen en noir et blanc, semblant avachie, que le journal L’Humanité représente en Une, ce mardi 1er avril, la « défaite » du Rassemblement national après la condamnation de sa cheffe de file à une inéligibilité immédiate pour cinq ans.
Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)
- “Ça sent le Président…” le parfum d’Emmanuel Macron est si fort que l’odeur prévient le personnel de l’Elysée de sa présence (ladepeche.fr)
- Marine Le Pen inéligible, François Bayrou choisit un mot lourd de sens pour réagir (huffingtonpost.fr)
Le Premier ministre a plusieurs fois jugé injuste le sort judiciaire réservé à Marine Le Pen […] L’extrême droite dénonce un procès politique, quand la gauche prend acte d’une décision de justice, qui est « la même pour tous. » François Bayrou, lui, se dit « troublé. »
- Loi de simplification : « c’est un projet de loi assassin pour les droits des salariés » (rapportsdeforce.fr) – voir aussi Simplification ? Mon œil ! (rapport) (fne.asso.fr)
- Aveugle au changement climatique, Bayrou appelle à prendre l’avion (reporterre.net)
Après avoir pesé pour faire rouvrir la ligne aérienne lourdement déficitaire entre Pau et Orly, François Bayrou a appelé dans une lettre les acteurs économiques de l’agglomération de Pau à l’emprunter au maximum.
Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…
- En cas de circonstances exceptionnelles, le Gouvernement peut interrompre provisoirement l’accès à un réseau social, mais sous conditions (conseil-etat.fr)
Saisi pour se prononcer sur la légalité du blocage de TikTok en Nouvelle-Calédonie en mai 2024, le Conseil d’État précise aujourd’hui les conditions dans lesquelles le Premier ministre peut interrompre provisoirement l’accès à un réseau social. Il juge qu’en cas de circonstances exceptionnelles, une telle interruption peut être légale mais à trois conditions : qu’elle soit indispensable pour faire face à des événements d’une particulière gravité, qu’aucun moyen technique ne permette de prendre immédiatement des mesures alternatives moins attentatoires aux droits et libertés, et que l’interruption soit prise pour une durée limitée nécessaire à la recherche et la mise en place de ces mesures alternatives. En l’espèce, le Conseil d’État juge que la décision du Premier ministre d’interrompre l’accès à TikTok en Nouvelle-Calédonie en mai 2024 ne respectait pas l’ensemble de ces conditions.
Voir aussi Blocage de Tiktok en Nouvelle-Calédonie : le Conseil d’État se dérobe en faveur de l’arbitraire (laquadrature.net)
- Donald Trump appelle à « LIBÉRER MARINE LE PEN ! » et dénonce une « chasse aux sorcières » (huffingtonpost.fr)
Le président américain et son vice-président, J. D. Vance, ont apporté leur soutien à la cheffe de file du RN, condamnée à une peine d’inéligibilité dont elle a fait appel.
- Depuis Bruxelles, Jordan Bardella prépare la succession de Marine Le Pen (streetpress.com)
- Affaire des assistants fictifs du RN : Louis Aliot, condamné à six mois de prison et trois ans d’inéligibilité, garde son fauteuil de maire de Perpignan (liberation.fr)
- L’Assemblée adopte un texte revenant sur les aménagements en cas de courtes peines de prison (liberation.fr)
Les députés ont voté, jeudi 3 avril, majoritairement en faveur d’une proposition de loi Horizons supprimant le recours aux alternatives à la prison en cas de courte peine (moins de six mois).
- Fin de la trêve hivernale : « Jamais il n’y a eu autant d’expulsions », alerte la Fondation pour le logement des défavorisé·es (liberation.fr)
À la veille de la fin de la trêve hivernale, l’association pointe les graves conséquences sociales des expulsions locatives, démultipliées par l’inflation et les politiques répressives comme la loi anti-squat de 2023.
- Pour les mineur·es isolé·es du Nord, après l’exil, le droit à l’école reste défaillant (blogs.mediapart.fr)
- Deux policiers de l’office antistupéfiants de Marseille mis en examen pour trafic de stupéfiants (liberation.fr)
- Des policiers de la Brav-M jugés pour des violences en marge d’une manifestation contre la réforme des retraites (francetvinfo.fr)
- Le député de Dordogne Sébastien Peytavie menacé par le site néo-nazi Démocratie participative (liberation.fr)
Un blog raciste et xénophobe a menacé l’élu en faisant référence à l’Aktion T4, programme d’extermination des handicapés sous le IIIe Reich. Le parlementaire a porté plainte pour « menace de mort » et « injures publiques ».
Spécial résistances
- Dans un État de droit, la loi s’applique pareillement à toutes et tous (ldh-france.org)
Depuis la condamnation de Marine Le Pen ce 31 mars 2025, émerge une demande de traitement particulier pour une responsable politique, du seul fait de sa notoriété ou de sa position dans les sondages d’opinion. Y faire droit, c’est porter atteinte à l’Etat de droit, à l’égalité de toutes et tous devant les lois, au profit de l’impunité des gouvernants.
- Des Femen font un happening au meeting du RN à Paris en soutien à Marine Le Pen (huffingtonpost.fr)
« Inéligibilité à perpétuité », « Marine et les fachos au cachot » ou encore « Tolérance zéro pour les fachos », ont notamment scandé trois militantes très rapidement neutralisées et exfiltrées de la foule par le DPS, le service d’ordre du Rassemblement national.
- Non au transfert des données de santé de 10 millions de Français·es dans le cloud de Microsoft (interhop.org)
Le 11 mars, la Cnil a donné son feu vert au projet Darwin EU qui prévoit un transfert massif d’informations de la Cnam vers le géant de la Tech domicilié aux Etats-Unis et sous la coupe des autorités américaines. Un collectif prépare un recours devant le Conseil d’Etat et appelle syndicats, associations et personnalités à le rejoindre.
- STMicroelectronics, Soitec… près de Grenoble, 3 000 personnes manifestent contre l’accaparement de l’eau par les géants des puces électroniques (vert.eco)
- Gino, menacé d’extradition vers la Hongrie : « Même si je gagne ma liberté, il faudra continuer la lutte » (politis.fr)
En liberté conditionnelle après plus de quatre mois de prison, le militant antifasciste Rexhino Abazaj, dit « Gino », se livre à Politis avant l’audience décisive du 9 avril.
- « On se battra jusqu’au bout » : au jour du procès contre Monsanto, la famille de Théo Grataloup, exposé au glyphosate, est déterminée (vert.eco)
Après sept ans de bataille judiciaire, la famille Grataloup a rendez-vous ce jeudi 3 avril au tribunal de Vienne pour son procès contre Bayer-Monsanto, accusé d’être responsable des graves malformations de Théo, exposé in utero au glyphosate.
- De la Serbie à Gaza, la rue contre l’autoritarisme (basta.media)
En Turquie, Serbie, Hongrie, à Gaza, des mouvements de contestation nous rappellent que la société civile n’est pas le reflet des aspirations de ses dirigeants autoritaires. Les média indés internationaux nous parlent de ces soulèvements.
Spécial outils de résistance
- How to Distribute Radical Shit : Don’t Trust Your Printer (revoluciana.net)
Spécial GAFAM et cie
- Gmail unveils end-to-end encrypted messages. Only thing is : It’s not true E2EE (arstechnica.com)
- YouTube removes ‘gender identity’ from hate speech policy (usermag.co)
- How Amazon workers can organise globally (redpepper.org.uk)
- Apple condamné à 150 millions d’euros d’amende en France pour abus de position dominante (liberation.fr)
L’Autorité de la concurrence française a annoncé ce lundi 31 mars lors d’une conférence de presse la condamnation de l’entreprise américaine dans le cadre du ciblage publicitaire sur ses appareils.
- Microsoft employee disrupts 50th anniversary and calls AI boss ‘war profiteer’ (theverge.com)
“Shame on you,” said Microsoft employee Ibtihal Aboussad, speaking directly to Microsoft AI CEO Mustafa Suleyman. “You are a war profiteer. Stop using AI for genocide. Stop using AI for genocide in our region. You have blood on your hands. All of Microsoft has blood on its hands. How dare you all celebrate when Microsoft is killing children. Shame on you all.”
- Microsoft CEOs interrupted by another employee protestor : ‘shame on all of you’ (theverge.com)
“Shame on you all. You’re all hypocrites,” said Microsoft employee Vaniya Agrawal, as some in the crowd began to boo. “50,000 Palestinians in Gaza have been murdered with Microsoft technology. How dare you. Shame on all of you for celebrating on their blood. Cut ties with Israel.”
- Big brands are spending small sums on X to stay out of Musk’s crosshairs (arstechnica.com)
Les autres lectures de la semaine
- Lesley, What Happened to the “Cybersecurity Skills Shortage” ? (tisiphone.net)
It’s time, internet. We need to have a talk about the terrible state of the cybersecurity jobs market.
- Dans les défaillances des décisions automatisées (blogs.mediapart.fr)
Les décisions automatisées façonnent nos rapports au réel. Dans les champs du social, du privé au public, de la banque à la CAF, ils sont partout défaillants. D’abord, parce que les erreurs des calculs ne sont pas une responsabilité pour ceux qui produisent les calculs. Ensuite parce que les individus mal calculés voient leurs possibilités d’action réduites plutôt qu’élargies.
- Vectofascisme (danslesalgorithmes.net)
Le technofascisme n’est pas une résurgence du fascisme du XXe siècle, mais bien une « transformation structurelle dans la manière dont le pouvoir se constitue, circule et s’exerce », explique Gregory Chatonsky.
- « L’hypocrisie des puces électroniques “made in France” » (reporterre.net)
au fond, est-il bien raisonnable de rendre une société entière dépendante, pour sa survie, d’un objet qui repose sur l’activité de centaines de mines aux quatre coins du monde, qui franchit en moyenne 80 frontières avant d’atteindre le stade du produit final ? Le numérique est une technologie impériale. Que devient-il quand l’empire vole en éclats ?
- Cowboy Coding : le plan de Musk pour pirater les États-Unis (legrandcontinent.eu)
- Don’t Look Away / Ne détournez pas le regard par R. D. Lankes (bibliomancienne.ca)
- La condamnation de Marine Le Pen est celle d’un système (politis.fr)
- « La condamnation de Marine Le Pen représente un progrès indéniable pour notre démocratie » (theconversation.com)
C’est une forme de revanche de l’État de droit sur un certain style de vie politique qui fonctionnait à l’arrangement, à l’entre-soi pendant des décennies. […] On pense aussi – bien sûr – à l’affaire Nicolas Sarkozy, plus récemment. Nous assistons aujourd’hui à un retournement historique.
- The cost of Europe’s structural racism (lighthousereports.com)
Europe frames migration as a crisis—but this masks the reality of its aging population and skills shortages
- Résistances syndicales dans l’Argentine de Milei (contretemps.eu)
- États-Unis : La pseudo-science qui exonérait les violences policières (laviedesidees.fr)
Le « délirium agité » est un diagnostic fabriqué de toutes pièces pour absoudre les officiers de police du meurtre d’hommes noirs et latinos placés sous leur responsabilité. Tout un réseau de médecins légistes, de forces de l’ordre et d’entreprises privées ont soutenu cette pseudo-science.
- 25 avril-26 juin 1945 : la conférence de San Francisco crée l’ONU, un événement fondateur (humanite.fr)
- Les bonobos font des phrases (presque) comme nous (theconversation.com)
- Jacqueline Manicom : sage femme féministe et anti-colonialiste (socialter.fr)
Les BDs/graphiques/photos de la semaine
- Indépendante
- Sarko
- Caste
- Retailleau
- CEDH
- Extrême-droite
- Réalité
- Sereine
- Manif
- Fou
- Efficace
- Hydre
- Simplification
- Commerce
- Médias
- Art
- IA
- Brandolini
- Penguins
- Thank you
- Parasites
- Swapping genders
- Guess
- Hands off
Les vidéos/podcasts de la semaine
- Dans les travées du « Paris noir » (mediapart.fr)
- Elizebeth Friedman : la cryptologue secrète (radiofrance.fr) – voir aussi Elizebeth Friedman contre la mafia et les nazis (arte.tv – disponible jusqu’au 29/06/2025)
Elizebeth Smith Friedman est une cryptanalyste d’avant-garde qui a décodé des milliers de messages, elle a ainsi révélé les activités de gangsters américains, sauvé le Queen Mary et démantelé un réseau d’espionnage nazi. Portrait d’une héroïne de la Seconde Guerre Mondiale.
- À l’intérieur d’une usine d’aluminium ! – Monsieur Bidouille (video.monsieurbidouille.fr)
- AI Hype Enters Its Geopolitics Era (techwontsave.us)
- Que faire ? (attac63.site.attac.org)
passé l’effet de sidération, quand on reprend un peu ses esprits et ses appuis : maintenant, qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on peut faire, dans ce monde néolibéral qui va — droit dans ses bottes et droit dans le mur climatique, sous les vivas de l’extrême droite et du centre ?
- Petit conseil pour ne pas devenir de droite (video.blast-info.fr)
- Les bagnards de Kerhors, un autre Betharram (radiofrance.fr)
- La condamnation de Marine Le Pen vue par @MEMESPOLITIQUES (tube.fdn.fr)
Les trucs chouettes de la semaine
- Au Portugal, l’eau du brouillard fait pousser les chênes (reporterre.net)
Malgré les sécheresses, malgré les feux, l’équipe de Life Nieblas garde son enthousiasme. En captant l’eau du brouillard grâce à des filets, des milliers de chênes replantés grandissent bon an mal an dans le centre du Portugal.
- Les ventes mondiales de Tesla sont en chute libre, tout comme son action (lesoir.be)
- A new security fund opens up to help protect the fediverse (techcrunch.com)
- The EU Open Source Solutions Catalogue is now live (interoperable-europe.ec.europa.eu)
- Framamèmes : vos mèmes préférés en versions libres et accessibles ! (framablog.org)
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
06.04.2025 à 09:00
Ralentir la traduction ?
Texte intégral (1855 mots)
Cet article est une republication, avec l’accord de l’auteur, Hubert Guillaud. Il a été publié en premier le 16 janvier 2025 sur le site Dans Les Algorithmes sous licence CC BY-NC-SA.
La traduction automatique n’a pas été conçue à des fins professionnelles, mais pour produire une traduction moins chère et suffisante. C’est-à-dire, une ubérisation.
Dans un passionnant article pour la revue Traduire, la traductrice indépendante Laura Hurot explique comment le secteur de la traduction a changé ces dernières années, sous la forme d’une ubérisation silencieuse.
Nombre d’agences de traduction imposent de travailler sur des plateformes dotées d’un système de chronométrage intégré qui évalue la productivité des traductrices et traducteurs. Mais cette accélération n’affecte pas seulement la phase traductionnelle : des agences recourent également à des systèmes de révision et de contrôle qualité en partie automatisés reposant sur des outils de catégorisation des erreurs. Ces changements conduisent à une accélération de la productivité et à une perte d’autonomie, des savoir-faire et du bien-être des traducteurs indépendants plateformisés. D’ailleurs, on ne parle plus de traduction, mais de post-édition, pour désigner une correction de traduction automatique, dont la conséquence première est de lisser les tarifs de traduction vers le bas.
Dans un article plus récent de la même revue, le collectif en chair et en os, qui défend une traduction humaine contre la généralisation des machines, souligne que dans l’édition, la traduction automatique touche d’abord certains genres littéraires dont la langue n’est pas plus facile à prendre en charge par la machine, mais des genres qui sont périphériques dans la hiérarchie culturelle et où la précarité est depuis longtemps plus forte (les secteurs de la romance, des livres pratiques, des livres pour les jeunes ou des sciences humaines sociales sont également des secteurs où les rémunérations sont moindres et les statuts plus précaires… et ils se sont précarisés avec la forte féminisation du secteur depuis les années 80). Et les auteurs de rappeler qu’“un outil développé puis déployé à des fins d’économie n’est pas qu’un outil : il est l’élément d’un système”. Et de rappeler que la traduction automatique n’a pas été conçue à des fins professionnelles mais pour produire une traduction moins chère et suffisante. Pour les acteurs de la tech, traduire un texte consiste en effet à le transposer en miroir, dans une vision purement mathématique, en remplaçant simplement un mot par un autre mot, même si désormais ces agencements sont largement statistiques. Ce n’est pourtant pas si simple, surtout quand les textes sont complexes et les langues rares, comme le pointent les limites à l’utilisation croissante d’outils de traduction automatiques pour accomplir des tâches trop complexes pour eux, comme pour remplir des formulaires de demandes d’asiles sans maîtrise de la langue, conduisant à des erreurs multiples et aux rejets massives des demandes.
Il n’y a pas que la traduction depuis des langues rares qui se révèlent complexe, dans leur numéro de décembre, les Cahiers du Cinéma revenaient, à la suite d’une tribune de l’Association des traducteurs et adaptateurs de l’audiovisuel (Ataa), sur la perte de qualité des sous-titres des films, trop souvent réalisés automatiquement. Le problème n’est pas seulement économique et lié au fait que le sous-titrage ou le doublage viennent en bout de chaîne de la production, qui échappe souvent à la production, que de savoir à qui elle incombe : producteur, distributeur, diffuseur… Un conflit de responsabilité qui permet de justifier la perte de qualité. Le plus fascinant pourtant est de constater combien la traduction automatique échoue sur des phrases assez simples, même depuis l’anglais. Ainsi cet « How’s my room ? » traduit par « Comment va ma chambre ? » au lieu de « Où en est ma chambre ? », nous montrant toutes les limites de l’approche de la traduction statistique, qui se révèle bien moins performante qu’on ne le pense souvent.
L’observatoire de la traduction automatique rappelait récemment que sa tribune de 2023 demandant la transparence réelle des données d’entraînements de l’IA générative, la possibilité de refuser que le travail de traduction serve à l’entraînement des machines qui détruisent le métier, que les aides publiques soient exclusivement réservées aux créations humaines ou que les produits culturels créés avec de l’IA soient obligatoirement signalés… n’avait toujours reçu aucune réponse des autorités.
Signalons enfin que le 10e numéro de la revue Contrepoint, la revue du Conseil européen des associations de traducteurs littéraires, est entièrement consacré à la question de la traduction sous IA. Pour Damien Hansen, qui rappelle que la traduction automatique reste incapable de comprendre le texte, “le problème n’est pas tant l’outil en soi que le fait qu’on l’impose aux professionnels et qu’on l’emploie pour des raisons purement économiques”. Plutôt que de venir aider et soutenir le traducteur, la traduction automatique est produite pour le contraindre voire le faire disparaître. L’utilisation de l’IA comme outil de contrôle montre à nouveau que leur orientation vers des outils de contrainte plutôt que d’assistance, contrairement à ce qui nous est asséné, risque de devenir une limite forte à son développement.
Dans son article, Laura Hurot, rappelle, à la suite du livre du spécialiste de la cognition, Olivier Houdé, L’intelligence humaine n’est pas un algorithme (Odile Jacob, 2019), que la clé de l’intelligence réside certainement bien plus dans le ralentissement de la pensée plutôt que dans son accélération. À l’heure où la vitesse est une idole indétrônable, il faudrait pouvoir mieux mesurer ce qu’elle nous fait perdre.
MAJ du 26/01/2025 : Dans un passionnant article sur un secteur assez proche, le Monde revient sur les transformations du secteur du doublage et le péril imminent de l’IA. Le journal rappelle qu’aux Etats-Unis, la grève des acteurs et scénaristes de l’automne 2023 a négocié des contreparties financières en cas d’utilisation de leur image ou de leurs œuvres par une IA générative, mais pas pour le doublage vocal, qui est resté l’angle mort des négociations.
En France, les doubleurs s’inquiètent, explique l’association de défense de la profession, Les Voix. Les acteurs s’interrogent : « l’IA risque de dénaturer totalement l’énergie du jeu, née de la proximité de plusieurs comédiens dans une même pièce », lors du doublage. « Le risque économique lié à l’avènement de l’IA dans le doublage concerne directement 15 000 personnes dans l’Hexagone, dont 5 000 comédiens, le personnel de 110 studios de doublage, donc des ingénieurs du son, des assistants de production, ainsi que 2 500 auteurs-adaptateurs ». Les syndicats réclament des protections pour interdire l’utilisation du travail de doublage pour entraîner les systèmes. Mais, « pour l’heure, rien n’empêche les studios étrangers, notamment américains, de proposer des films doublés directement en français grâce à l’IA, en clonant, par exemple, les voix des acteurs américains ». L’article rappelle enfin que les protections juridiques existent… mais seront-elles suffisantes face aux contraintes économiques qu’imposent les studios ?
02.04.2025 à 10:42
Un grand pouvoir mais aucune responsabilité
Texte intégral (15150 mots)
Mise à jour – 2 avril 16:20 : Remplacement du terme « merdification » par « emmerdification ».
Cory Doctorow, blogueur, journaliste et auteur de science-fiction canado-britannique bien connu chez les lecteur·ices assidu·es du Framablog, et étant notamment à l’origine du néologisme d’ « emmerdification » des espaces numériques, a récemment publié sur son blog une transcription d’une conférence qu’il donnait lors de la conférence Ursula Franklin ayant lieu au Innis College de l’Université de Toronto. Si l’auteur parle avant tout de son point de vue de canadien, son analyse de la situation et ses pistes de réflexion nous semblent mériter toute votre attention.
Notez enfin que l’auteur a aussi récemment été publié en français chez C&F Éditions avec l’ouvrage « Le rapt d’Internet ».
Cet article est une traduction de la publication de Cory Doctorow. Il est traduit et republié avec l’accord de l’auteur selon les termes de la licence CC BY 4.0. Cette traduction apporte un certain nombre d’illustrations et de liens non présents dans la version originale, afin de rendre la lecture plus agréable. Une vidéo de la conférence est également disponible.
Traduction Framalang : cwpute, retrodev, MO, Jums, spf, Booteille, tcit
Hier soir, je me suis rendu à Toronto pour pour l’évènement annuel de la Conférence Ursula Franklin, pour lequel j’ai donné un discours, au Innis College de l’Université de Toronto.
La conférence était intitulée « Un grand pouvoir n’a impliqué aucune responsabilité : comment l’emmerdification a conquis le XXIème siècle, et comment nous pouvons la renverser ». Il s’agit du dernier grand discours de ma série sur le sujet, qui avait commencé avec la conférence McLuhan de l’année dernière à Berlin.
Et qui s’était poursuivie pendant l’été avec une conférence introductive au Defcon.
Ce discours aborde spécifiquement les opportunités uniques de désemmerdification créées par le « désassemblage imprévu en plein-air » du système de libre-échange international par Trump. Les États-Unis ont utilisé des accords commerciaux pour forcer presque tous les pays du monde à adopter les lois sur la propriété intellectuelle qui rendent l’emmerdification possible, et peut-être même inévitable. Alors que Trump réduit en cendres ces accords commerciaux, le reste du monde a une opportunité sans précédent pour riposter à l’intimidation américaine en se débarrassant de ces lois et en produisant les outils, les appareils et les services qui peuvent protéger chaque utilisateur·ice de la Tech (étasunien·nes y compris) de se faire arnaquer par les grandes entreprises étasuniennes de la Tech.
Je suis très reconnaissant à l’idée de pouvoir donner cette conférence. J’ai été accueilli pour la journée par le Centre for Culture and Technology, fondé par Marshall McLuhan, et installé dans le relais de poste qu’il utilisait comme bureau. La conférence, elle, s’est déroulée dans le Innis College, nommé en hommage à Harold Innis, le Marshall McLuhan des penseurs et penseuses. De plus, j’ai eu pour enseignante la fille d’Innis, Anne Innis Dagg, une biologiste féministe, brillante et radicale, qui a quasiment inventé le domaine de giraffologie (l’étude des girafes fossiles, NDT).
Cependant, et avec tout le respect que j’ai pour Anne et son père, Ursula Franklin est la Harold Innis des penseur·euses. Une scientifique, activiste, et communicante brillante qui a dédié sa vie à l’idée que ce n’est pas tant ce que la technologie fait qui est important, mais plutôt à qui elle le fait et pour le bénéfice de qui.
Avoir l’opportunité de travailler depuis le bureau de McLuhan afin de présenter une conférence dans l’amphithéâtre d’Innis qui tient son nom de Franklin ? Ça me fait tout chaud à l’intérieur !Voici le texte de la conférence, légèrement modifié.
Je sais que la conférence de ce soir est sensée porter sur la dégradation des plateformes tech, mais j’aimerais commencer par parler des infirmières.
Un rapport de janvier 2025, provenant du Groundwork Collective, documente comment les infirmières sont de plus en plus recrutées par des applis de mise en relation — « le Uber des infirmières » — ce qui fait qu’elles ne savent jamais d’un jour sur l’autre si elles vont pouvoir travailler et combien elles seront payées.
Il y a quelque chose de high-tech qui se trame ici vis-à-vis du salaire des infirmières. Ces applis pour infirmières — un cartel de trois entreprises : Shiftkey, Shiftmed et Carerev — peuvent jouer comme elles l’entendent avec le prix de la main d’œuvre.
Avant que Shiftkey ne fasse une offre d’emploi à une infirmière, l’entreprise achète l’historique d’endettement de sa carte de crédit via un courtier en données. Plus spécifiquement, elle paie pour savoir combien l’infirmière a de dettes sur sa carte de crédit, et s’il y a un retard de remboursement.
Plus la situation financière de l’infirmière est désespérée, plus le salaire qu’on lui proposera sera bas. Parce que plus vous êtes désespérée, moins ça coûtera de vous faire venir travailler comme un âne à soigner les malades, les personnes âgées et les mourant·es.
Bon, il y a plein de choses qui se passent dans cette histoire, et elles sont toutes terrifiantes. Plus encore, elles sont emblématiques de l’ « emmerdification » (« enshittification » en anglais), ce mot que j’ai forgé pour décrire la dégradation des plateformes en ligne.
Quand j’ai commencé à écrire sur le sujet, je me focalisais sur les symptômes externes de l’emmerdification, un processus en trois étapes :
D’abord, la plateforme est bénéfique pour ses usager·es, tout en trouvant un moyen de les enfermer.
Comme Google, qui limitait les pubs et maximisait les dépenses en ingénierie du moteur de recherche, tout en achetant leur position dominante, en offrant à chaque service ou produit qui avait une barre de recherche de la transformer en barre de recherche Google.
Ainsi, peu importe le navigateur, le système d’exploitation mobile, le fournisseur d’accès que vous utilisiez, vous feriez toujours des recherches Google. C’était devenu tellement délirant qu’au début des années 2020, Google dépensait tous les 18 mois assez d’argent pour acheter Twitter tout entier, juste pour s’assurer que personne n’essaie un autre moteur de recherche que le sien.
C’est la première étape : être bon envers les utilisateur·ices, enfermer les utilisateur·ices.
La deuxième étape c’est lorsque la plateforme commence à abuser des utilisateur·ices pour attirer et enrichir ses client·es professionnel·les. Pour Google, il s’agit des annonceur·euses et des éditeur·ices web. Une part toujours plus importante des pages de résultats Google est consacrée aux annonces, qui sont signalées par des libellés toujours plus subtils, toujours plus petits et toujours plus gris. Google utilise ses données de surveillance commerciales pour cibler les annonces qui nous sont adressées.
Donc voilà la deuxième étape : les choses empirent pour les utilisateur·ices et s’améliorent pour les client·es professionnel·les.
Mais ces client·es professionnel·les sont également fait·es prisonnier·ères de la plateforme, dépendant·es de ces client·es. Dès lors que les entreprises tirent au moins 10 % de leurs revenus de Google, quitter Google devient un risque existentiel. On parle beaucoup du pouvoir de « monopole » de Google, qui découle de sa domination en tant que vendeur. Mais Google est aussi un monopsone, un acheteur puissant.
Ainsi, vous avez maintenant Google qui agit comme un monopoliste vis-à-vis de ses utilisateur·ices (première étape) et comme un monopsoniste vis-à-vis de ses client·es professionnel·les (deuxième étape), puis vient la troisième étape : Google récupère toute la valeur de la plateforme, à l’exception d’un résidu homéopathique calculé pour garder les utilisateur·ices prisonnier·ères de la plateforme, et les client·es professionnel·es enchaîné·es à ces utilisateur·ices.
Google se merdifie.
En 2019, Google a connu un tournant décisif. Son activité de recherche avait cru autant que possible. Plus de 90 % d’entre-nous utilisaient Google pour leur recherches, et nous l’utilisions pour absolument tout. Chaque pensée ou vaine question qui nous venait en tête, nous la tapions dans Google.
Comment Google pouvait-il encore grandir ? Il n’y avait plus d’autre utilisateur·ice pour adopter Google. On allait pas se mettre à chercher plus de choses. Que pouvait faire Google ?
Eh bien, grâce à des mémos internes publiés dans le cadre du procès anti-trust de l’année dernière contre Google, nous savons ce qu’ils ont fait. Ils ont dégradé la recherche. Ils ont réduit la précision du système, de sorte que vous ayez à faire deux recherches ou plus afin de trouver votre réponse, doublant ainsi le nombre de requêtes et doublant la quantité de publicités.
Pendant ce temps, Google a conclu un accord secret et illégal avec Facebook, nom de code Jedi Blue, pour truquer le marché de la publicité, en fixant les prix de manière à ce que les annonceur·euses paient plus et que les éditeur·ices gagnent moins.
Et c’est ainsi que nous arrivons au Google merdifié d’aujourd’hui, où chaque requête renvoie une bouillie générée par IA, au dessus de cinq résultats payants signalés par le mot SPONSORISÉ écrit en gris police 8pt sur fond blanc, eux-même, placés au dessus de dix liens remplis de spam qui renvoient vers des sites SEO (Search Engine Optimization, des sites conçus pour être affichés dans les premiers résultats de Google, NDT) produits à la pelle et remplis d’encore plus de bouillie générée par IA.
Et pourtant, nous continuons d’utiliser Google, parce que nous y sommes enfermé·es. C’est l’emmerdification, vue de l’extérieur. Une entreprise qui est bénéfique pour ses utilisateur·ices, tout en les enfermant. Puis les choses empirent pour les utilisateur·ices, de manière à ce qu’elles s’améliorent pour les client·es professionnel·les, tout en enfermant ces dernier·ères. Puis elle récupère toute la valeur pour elle-même et se transforme en un énorme tas de merde.
L’emmerdification, une tragédie en trois actes.
J’ai commencé en me concentrant sur les signes extérieurs de l’emmerdification, mais je pense qu’il est temps de commencer à réfléchir à ce qu’il se passe à l’intérieur des entreprises qui rendent cette emmerdification possible.
Quel est le mécanisme technique de l’emmerdification ? J’appelle cela le bidouillage (« twiddling »). Les merveilleux ordinateurs qui les font tourner lèguent aux entreprises du numérique leur infinie flexibilité. Cela veut dire que les entreprises peuvent bidouiller les commandes qui contrôlent les aspects les plus fondamentaux de leur activité. Chaque fois que vous interagissez avec une entreprise, tout est différent : les prix, les coûts, l’ordre des résultats, les recommandations.
Ce qui me ramène à nos infirmières. Vous vous rappelez de l’arnaque, celle où vous consultez le degré d’endettement de l’infirmière pour réduire en temps réel le salaire que vous lui offrez ? Ça c’est du bidouillage. C’est quelque chose qu’on ne peut faire qu’avec un ordinateur. Les patrons qui le font ne sont pas plus malfaisants que les patrons d’antan, ils ont juste de meilleurs outils.
Notez que ce ne sont même pas des patrons de la Tech. Ce sont des patrons de la santé, qui se trouvent disposer des outils de la Tech.
La numérisation — tisser des réseaux informatiques à l’intérieur d’une entreprise ou d’un domaine d’activité — rend possible ce genre de bidouillage qui permet aux entreprises de déplacer la valeur depuis les utilisateur·ices vers les client·es professionnel·les, puis des client·es professionnel·les vers les utilisateur·ices, et enfin, inévitablement, vers elles-mêmes.
Et la numérisation est en cours dans tous les domaines — dont celui des infirmières. Ce qui signifie que l’emmerdification est en cours dans tous les domaines — dont celui des infirmières.
La juriste Veena Dubal a inventé un terme pour décrire le bidouillage qui comprime le salaire des infirmières endettées. Ça s’appelle la « Discrimination Salariale Algorithmique » (Algorithmic Wage Discrimination), et cela fait suite à l’économie à la tâche.
L’économie à la tâche est un lieu central de l’emmerdification, et c’est la déchirure la plus importante dans la membrane séparant le monde virtuel du monde réel. Le boulot à la tâche, c’est là où votre patron de merde est une application de merde, et où vous n’avez même pas le droit de vous considérer comme un employé·e.
Uber a inventé cette astuce. Les chauffeurs et chauffeuses qui font les difficiles pour choisir les contrats que l’appli leur affiche commencent par recevoir des offres avec de meilleurs paies. Mais si iels succombent à la tentation et prennent l’une de ces options mieux payées, alors les paies commencent à nouveau à réduire, à intervalles aléatoires, petit à petit, imaginés pour être en dessous du seuil de perception humain. Évitant de cuire la grenouille pour seulement la pocher, l’entreprise attend que lae chauffeur·euse Uber se soit endetté·e pour acheter une nouvelle voiture et ait abandonné tout boulot annexe qui lui permettait alors de choisir les meilleures contrats. Et c’est ainsi que leurs revenus diminuent, diminuent, diminuent.
Le bidouillage est une astuce grossière faite à la va-vite. N’importe quelle tâche assez simple mais chronophage est une candidate idéale à l’automatisation, et ce genre de vol de revenus serait insupportablement pénible, fastidieux et coûteux à effectuer manuellement. Aucun entrepôt du XIXème siècle rempli de bonhommes à visière vertes penchés sur des livres de compte ne pourrait faire ça. La numérisation est nécessaire.
Bidouiller le salaire horaire des infirmières est un exemple parfait du rôle de la numérisation dans l’emmerdification. Parce que ce genre de choses n’est pas seulement mauvais pour les infirmières, c’est aussi mauvais pour les patient·es. Pensons-nous vraiment que payer les infirmières en fonction de leur degré de désespoir, avec un taux calculé pour accroître ce niveau de désespoir, et donc décroître le salaire pour lequel elles vont sans doute travailler, aura pour conséquence de meilleurs soins ?
Voulez-vous que votre cathéter soit posé par une infirmière nourrie par les Restos du Cœur, qui a conduit un Uber jusqu’à minuit la nuit dernière, et qui a sauté le petit déjeuner ce matin pour pouvoir payer son loyer ?
Voilà pourquoi il est si naïf de dire « si c’est gratuit, c’est que c’est vous le produit ». « Si c’est gratuit » attribue aux services financés par la publicité un pouvoir magique : celui de contourner nos facultés critiques en nous surveillant, et en exploitant les dossiers qui en résultent pour localiser nos angle-morts mentaux, et en les transformant en armes pour nous faire acheter tout ce qu’un publicitaire vend.
Avec cette expression, nous nous rendons complices de notre propre exploitation. En choisissant d’utiliser des services « gratuits », nous invitons les capitalistes de la surveillance à notre propre exploitation, ceux-là même qui ont développé un rayon-laser de contrôle mental alimenté par les données de surveillance que nous fournissons volontairement en choisissant des services financés par la publicité.
La morale, c’est que si nous revenions à simplement payer pour avoir des choses, plutôt que de demander leur gratuité de manière irréaliste, nous rendrions au capitalisme son état fonctionnel de non-surveillance, et les entreprises recommenceraient à mieux s’occuper de nous, car nous serions les client·es, et non plus les produits.
C’est pour cette raison que l’hypothèse du capitalisme de surveillance élève les entreprises comme Apple au rang d’alternatives vertueuses. Puisqu’Apple nous fait payer avec de l’argent, plutôt qu’avec notre attention, elle peut se concentrer sur la création de services de qualité, plutôt que de nous exploiter.
Si on regarde de façon superficielle, il y a une logique plausible à tout cela. Après, tout, en 2022, Apple a mis à jour son système d’exploitation iOS, qui tourne sur les iPhones et autres appareils mobiles, ajoutant une case à cocher qui vous permet de refuser la surveillance par des tiers, notamment Facebook.
96 % des client·es d’Apple ont coché cette case. Les autres 4 % étaient probablement ivres, ou des employé·es de Facebook, ou des employé·es de Facebook ivres. Ce qui est logique car, si je travaillais pour Facebook, je serais ivre en permanence.
Il semble donc, à première vue, qu’Apple ne traite pas ses client·es comme un « produit ». Mais, en même temps que cette mesure de protection de la vie privée, Apple activait secrètement son propre système de surveillance pour les propriétaires d’iPhone, qui allait les espionner de la même manière que Facebook l’avait fait, et exactement dans le même but : vous envoyer des publicités ciblées en fonction des lieux que vous avez visités, des choses que vous avez recherchées, des communications que vous avez eues, des liens sur lesquels vous avez cliqué. Apple n’a pas demandé la permission à ses client·es pour les espionner. Elle ne leur a pas permis de refuser cette surveillance. Elle ne leur en a même pas parlé et, quand elle a été prise la main dans le sac, Apple a menti.
Il va sans dire que le rectangle à distractions à 1000 dollars d’Apple, celui-la même qui est dans votre poche, c’est bien vous qui l’avez payé. Le fait que vous l’ayez payé n’empêche pas Apple de vous traiter comme un produit. Apple traite aussi ses client·es professionnel·les — les vendeur·euses d’applications — comme un produit, en leur extorquant 30 centimes sur chaque dollar qu’ils gagnent, avec des frais de paiement obligatoires qui sont 1000 % plus élevés que les normes dans le domaine, déjà exorbitantes. Apple traite ses utilisateur·ices — les gens qui déboursent une brique pour un téléphone — comme un produit, tout en les espionnant pour leur envoyer des publicités ciblées.
Apple traite tout le monde comme un produit.
Voilà ce qu’il se passe avec nos infirmière à la tâche : les infirmières sont le produit. Les patient·es sont le produit. Les hôpitaux sont le produit. Dans l’emmerdification, « le produit » est chaque personne qui peut être productifiée.
Un traitement juste et digne n’est pas quelque chose que vous recevez comme une récompense de fidélité client, pour avoir dépensé votre argent plutôt que votre attention. Comment recevoir un traitement juste et digne alors ? Je vais y venir, mais restons encore un instant avec nos infirmières.
Les infirmières sont le produit et elles sont bidouillées, parce qu’elles ont été enrôlées dans l’industrie de la Tech, via la numérisation de leur propre industrie.
Il est tentant de rejeter la faute sur la numérisation. Mais les entreprises de la Tech ne sont pas nées merdifiées. Elles ont passé des années — des décennies — à concevoir des produits plaisants. Si vous êtes assez vieille ou vieux pour vous souvenir du lancement de Google, vous vous souviendrez que, au départ, Google était magique.
Vous auriez pu interroger Ask Jeeves pendant un million d’années, vous auriez pu remplir Altavista avec dix trilliards d’opérateurs booléens visant à éliminer les résultats médiocres, sans jamais aboutir à des réponses aussi nettes et utiles que celles que vous auriez obtenues avec quelques mots vaguement descriptifs dans une barre de recherche Google.
Il y a une raison pour laquelle nous sommes tous passé·es à Google, pour laquelle autant d’entre nous ont acheté des iPhones, pour laquelle nous avons rejoint nos amis sur Facebook : tous ces services étaient nativement numériques, ils auraient pu se merdifier à tout moment, mais ils ne l’ont pas fait — jusqu’à ce qu’ils le fassent, et ils l’ont tous fait en même temps.
Si vous étiez une infirmière, que tous les patient·es qui se présentent aux urgences en titubant présentent les mêmes horribles symptômes, vous appelleriez le ministère de la Santé pour signaler la potentielle apparition d’un nouvelle et dangereuse épidémie.
Ursula Franklin soutenait que les conséquences de la technologie n’étaient pas prédestinés. Elles sont le résultat de choix délibérés. J’aime beaucoup cette analyse, c’est une manière très science-fictionnesque de penser la technologie. La bonne science-fiction ne porte pas seulement sur ce que la technologie fait, mais pour qui elle le fait, et à qui elle le fait.
Ces facteurs sociaux sont bien plus importants que les seules spécifications techniques d’un gadget. Ils incarnent la différence entre un système qui vous prévient lorsqu’en voiture vous commencez à dévier de votre route et qu’un système informe votre assurance que vous avez failli dévier de votre route, pour qu’ils puissent ajouter 10 dollars à votre tarif mensuel.
Ils incarnent la différence entre un correcteur orthographique qui vous informe que vous avez fait une erreur et un patrongiciel qui permet à votre chef d’utiliser le nombre de vos erreurs pour justifier qu’il vous refuse une prime.
Ils incarnent la différence entre une application qui se souvient où vous avez garé votre voiture et une application qui utilise la localisation de votre voiture comme critère pour vous inclure dans un mandat de recherche des identités de toutes les personnes situées à proximité d’une manifestation contre le gouvernement.
Je crois que l’emmerdification est causée par des changements non pas des technologies, mais de l’environnement réglementaire. Ce sont des modifications des règles du jeu, initiées de mémoire d’humain·e, par des intervenants identifiés, qui étaient déjà informés des probables conséquences de leurs actions, qui sont aujourd’hui riches et respectés, ne subissant aucune conséquence ou responsabilité pour leur rôle dans l’avènement du merdicène. Ils se pavanent en haute société, sans jamais se demander s’ils finiront au bout d’une pique.
En d’autres termes, je pense que nous avons créé un environnement criminogène, un parfait bouillon de culture des pratiques les plus pathogènes de notre société, qui se sont ainsi multipliées, dominant la prise de décision de nos entreprises et de nos États, conduisant à une vaste emmerdification de tout.
Et je pense qu’il y a quelques bonnes nouvelles à tirer de tout ça, car si l’emmerdification n’est pas causée par un nouveau genre de méchantes personnes, ou par de grandes forces de l’histoire joignant leur poids pour tout transformer en merde, mais est plutôt causée par des choix de réglementation spécifiques, alors nous pouvons revenir sur ces règles, en produire de meilleures et nous extraire du merdicène, pour reléguer cet internet merdifié aux rebuts de l’histoire, simple état transitoire entre le bon vieil internet et un bon internet tout neuf.
Je ne vais pas parler d’IA aujourd’hui, parce que, mon dieu, l’IA est un sujet tellement ennuyeux et tellement surfait. Mais je vais utiliser une métaphore qui parle d’IA, pour parler de l’entreprise à responsabilité limitée, qui est une sorte d’organisme colonisateur immoral et artificiel, au sein duquel les humain·es jouent le rôle d’une sorte de flore intestinale. Mon collègue Charlie Stoss nomme ces sociétés des « IA lentes ».
Vous avez donc ces IA lentes, dont les boyaux grouillent de gens, et l’impératif de l’IA, le trombone qu’elle cherche à optimiser, c’est le profit. Pour maximiser les profits, facturez aussi cher que vous le souhaitez, payez vos travailleur·euses et vos fournisseur·euses aussi peu que vous le pouvez, dépensez aussi peu que possible pour la sécurité et la qualité.
Chaque dollar que vous ne dépensez pas pour les fournisseur·euses, les travailleur·euses, la qualité ou la sécurité est un dollar qui peut revenir aux cadres et aux actionnaires. Il y a donc un modèle simple d’entreprise qui pourrait maximiser ses profits en facturant un montant infini de dollars, en ne payant rien à ses travailleur·euses et à ses fournisseur·euses, et en ignorant les questions de qualité et de sécurité.
Cependant, cette entreprise ne gagnerait pas du tout d’argent, pour la très simple raison que personne ne voudrait acheter ce qu’elle produit, personne ne voudrait travailler pour elle ou lui fournir des matériaux. Ces contraintes agissent comme des forces punitives disciplinaires, qui atténuent la tendance de l’IA à facturer à l’infini et ne rien payer.
Dans la Tech, on trouve quatre de ces contraintes, des sources de discipline anti-emmerdificatoires qui améliorent les produits et les services, rémunèrent mieux les travailleur·euses et empêchent les cadres et des actionnaires d’accroître leur richesse au détriment des client·es, des fournisseur·euses et des travailleur·euses.
La première de ces contraintes, c’est le marché. Toutes choses égales par ailleurs, une entreprise qui facture davantage et produit moins perdra des client·es au profit d’entreprises qui sont plus généreuses dans leur partage de la valeur avec les travailleur·euses, les client·es et les fournisseur·euses.
C’est la base de la théorie capitaliste, et le fondement idéologique de la loi sur la concurrence, que nos cousins étasuniens nomment « loi anti-trust ».
En 1890, le Sherman Act a été première loi anti-trust, que le sénateur John Sherman, son rapporteur, défendit devant le Sénat en disant :
Si nous refusons de subir le pouvoir d’un roi sur la politique, nous ne devrions pas le subir sur la production, les transports, ou la vente des produits nécessaires à la vie. Si nous ne nous soumettons pas à un empereur, nous ne devrions pas nous soumettre à un autocrate du commerce disposant du pouvoir d’empêcher la concurrence et de fixer les prix de tous les biens.
Le sénateur Sherman faisait écho à l’indignation du mouvement anti-monopoliste de l’époque, quand des propriétaires de sociétés monopolistiques jouaient le rôle de dictateurs, ayant le pouvoir de décision sur qui pouvait travailler, qui mourait de faim, ce qui pourrait être vendu et à quel prix.
En l’absence de concurrence, ils étaient trop gros pour échouer, trop gros pour être emprisonnés, et trop gros pour s’en préoccuper. Comme Lily Tomlin disait dans ses publicités parodiques pour AT&T dans l’émission Saturday Night Live : « Nous n’en avons rien à faire. Nous n’en avons pas besoin. Nous sommes l’entreprise de téléphone. »
Qu’est-il donc arrivé à la force disciplinaire de la concurrence ? Nous l’avons tuée. Depuis une quarantaine d’années, la vision reaganienne des économistes de l’École de Chicago a transformé l’anti-trust. Ils ont rejeté l’idée de John Sherman selon laquelle nous devrions maintenir la concurrence entre les entreprises pour empêcher l’émergence d’« autocrates du commerce », et installé l’idée que les monopoles sont efficaces.
En d’autres termes, si Google possède 90 % des parts de marché, ce qui est le cas, alors on se doit d’inférer que Google est le meilleur moteur de recherche au monde, et le meilleur moteur de recherche possible. La seule raison pour laquelle un meilleur moteur de recherche n’a pas pu se démarquer est que Google est tellement compétent, tellement efficace, qu’il n’y a aucun moyen concevable de l’améliorer.
On peut aussi dire que Google est le meilleur parce qu’il a le monopole, et on peut dire que le monopole est juste puisque Google est le meilleur.
Il y a 40 ans, donc, les États-Unis — et ses partenaires commerciaux majeurs — ont adopté une politique de concurrence commerciale explicitement pro-monopole.
Vous serez content·es d’apprendre que ce n’est pas ce qui s’est passé au Canada. Le Représentant du Commerce étasunien n’est pas venu ici pour nous forcer à bâillonner nos lois sur la compétitivité. Mais ne faites pas trop les fier·es ! Ce n’est pas arrivé pour la simple raison qu’il n’y en avait pas besoin. Parce que le Canada n’a pas de loi sur la concurrence qui mérite cette appellation, et n’en a jamais eue.
Au cours de toute son histoire, le Bureau de la Concurrence (« Competition Bureau ») a contesté trois fusions d’entreprise, et a empêché exactement zéro fusion, ce qui explique comment nous nous sommes retrouvés avec un pays qui doit tout aux ploutocrates les plus médiocres qu’on puisse imaginer comme les Irving, les Weston, les Stronach, les McCain et les Rogers.
La seule raison qui explique comment ces prodiges sans vergogne ont été capables de conquérir ce pays est que les étasuniens avaient boosté leurs monopolistes avant qu’il ne soient capables de conquérir les États-Unis et de porter leur attention sur nous. Mais il y a 40 ans, le reste du monde adoptait le « standard de bien-être du consommateur » pro-monopole de la Chicago School (Consumer Welfare Standard, CWS), et on s’est retrouvé·es avec… des monopoles. Des monopoles en pharmaceutique, sur le marché de la bière, celui des bouteilles de verre, des Vitamine C, des chaussures de sport, des microprocesseurs, des voitures, des lunettes de vue, et, bien sûr, celui du catch professionnel.
Souvenez-vous : ces politiques spécifiques ont été adoptées de mémoire d’humain·e, par des individus identifiables, qui ont été informés, qui sont devenus riches, et n’en ont jamais subi les conséquences. Les économistes qui ont conçu ces politiques sont encore dans le coin aujourd’hui, en train de polir leurs faux prix Nobel, de donner des cours dans des écoles d’élite, de se faire des millions en expertise-conseil pour des entreprise de premier ordre. Quand on les interroge sur le naufrage que leurs politiques ont provoqué, ils clament leur innocence, affirmant — sans ciller — qu’il n’y a aucune manière de prouver l’influence des politiques pro-monopole dans l’avènement des monopoles.
C’est comme si on avait l’habitude d’utiliser de la mort-au-rat sans avoir de problème de rats. Donc ces gens nous demandent d’arrêter, et maintenant les rats nous dévorent le visage. Alors ils prennent leurs grands yeux innocents et disent : « Comment pouvez-vous être sûrs que notre politique contre la mort-au-rat et l’invasion globale de rats soient liées ? C’est peut-être simplement l’Ère des Rats ! Peut-être que les tâches solaires ont rendu les rats plus féconds qu’à d’autres moments de l’histoire ! Ils ont acheté les usines de mort-au-rat puis les ont fermé, et alors quoi ? Fermer ces usines après qu’on ait décidé d’arrêter d’utiliser de la mort-au-rat est une décision rationnelle et Pareto-optimale. »
Les marchés ne punissent pas les entreprises de la Tech parce qu’elles ne font pas de concurrence avec leurs rivaux, elles les achètent. C’est une citation, de Mark Zuckerberg :
Il vaut mieux acheter que d’entrer en concurrence.
C’est pour cela que Mark Zuckerberg a acheté Instagram pour un milliard de dollars, même si l’entreprise n’avait que 12 salarié·es et 25 millions d’utilisateur·ices. Comme il l’écrivait à son Directeur Financier dans un e-mail nocturne particulièrement mal avisé, il était obligé d’acheter Instagram, parce que les utilisateur·ices de Facebook étaient en train de quitter Facebook pour Instagram. En achetant Instagram, Zuck s’assurait que quiconque quitterait Facebook — la plateforme — serait toujours prisonnier·ère de Facebook — l’entreprise.
Malgré le fait que Zuckerberg ait posé sa confession par écrit, l’administration Obama l’a laissé entreprendre cette fusion, parce que tous les gouvernement, de tous les bords politiques, et ce depuis 40 ans, ont pris comme position de croire que les monopoles sont performants.
Maintenant, pensez à notre infirmière bidouillée et paupérisée. Les hôpitaux font partie des secteurs les plus consolidés des États-Unis. D’abord, on a dérégularisé les fusions du secteur pharmaceutique, les entreprises pharmaceutiques se sont entre-absorbées à la vitesse de l’éclair, et elles ont gonflé les prix des médicaments. Alors les hôpitaux ont eux aussi fusionné vers le monopole, une manœuvre défensive qui a laissé une seule chaîne d’hôpitaux s’accaparer la majorité d’une région ou d’une ville et dire aux entreprises pharmaceutiques : « Soit vous baissez le prix de vos produits, soit vous ne pouvez plus les vendre à aucun de nos hôpitaux ».
Bien sûr, une fois cette mission accomplie, les hôpitaux ont commencé à arnaquer les assureurs, qui mettaient en scène leur propre orgie incestueuse, achetant et fusionnant jusqu’à ce que les étasunien·nes n’aient plus le choix qu’entre deux ou trois assurances. Ça a permis aux assureurs de riposter contre les hôpitaux, en laissant les patient·es et les travailleur·es de la santé sans défense contre le pouvoir consolidé des hôpitaux, des entreprises pharmaceutiques, des gestionnaire de profits pharmacologiques, des centrales d’achats, et des autres cartels de l’industrie de la santé, duopoles et monopoles.
Ce qui explique pourquoi les infirmières signent pour travailler dans des hôpitaux qui utilisent ces effroyables applis, remplaçant des douzaines d’agences de recrutement qui entraient auparavant en compétition pour l’emploi des infirmières.
Pendant ce temps, du côté des patient·es, la concurrence n’a jamais eu d’effet disciplinaire. Personne n’a jamais fait de shopping à la recherche d’une ambulance moins chère ou d’un meilleur service d’urgences alors qu’iel avait une crise cardiaque. Le prix que les gens sont prêts à payer pour ne pas mourir est « tout ce que j’ai ».
Donc, vous avez ce secteur qui n’a au départ aucune raison de devenir une entreprise commerciale, qui perd le peu de restrictions qu’elle subissait par la concurrence, pavant le chemin pour l’emmerdification.
Mais j’ai dit qu’il y avait 4 forces qui restreignaient les entreprises. La deuxième de ces forces, c’est la régulation, la discipline imposée par les états.
C’est une erreur de voir la discipline du marché et la discipline de l’État comme deux champs isolés. Elles sont intimement connectées. Parce que la concurrence est une condition nécessaire pour une régulation effective.
Laissez-moi vous l’expliquer en des termes que même les libertariens les plus idéologiques peuvent comprendre. Imaginons que vous pensiez qu’il n’existe précisément qu’une seule régulation à faire respecter par l’État : honorer les contrats. Pour que le gouvernement puisse servir d’arbitre sur le terrain, il doit avoir le pouvoir d’inciter les joueurs à honorer leurs contrats. Ce qui veut dire que le plus petit gouvernement que vous pouvez avoir est déterminé par la plus grande entreprise que vous voulez bien tolérer.
Alors même si vous êtes le genre de libertarien complètement gaga de Musk et qui ne peut plus ouvrir son exemplaire de La Grève tellement sont toutes collées entre elles, qui trépigne à l’idée d’un marché du rein humain, et demande le droit de se vendre en esclavage, vous devriez quand même vouloir un robuste régime anti-monopole, pour que ces contrats puissent être honorés. Quand un secteur se cartelise, quand il s’effondre et se transforme en oligarchie, quand internet devient « cinq sites internet géants, chacun d’eux remplit des d’écran des quatre autres », alors celui-ci capture ses régulateurs.
Après tout, un secteur qui comporte 100 entreprises en compétition est une meute de criminels, qui se sautent à la gorge les uns les autres. Elles ne peuvent pas se mettre d’accord sur quoi que ce soit, et surtout pas sur la façon de faire du lobbying.
Tandis qu’un secteur de 5 entreprises — ou 4 — ou 3 — ou 2 — ou une — est un cartel, un trafic organisé, une conspiration en devenir. Un secteur qui s’est peu à peu réduit en une poignée d’entreprises peut se mettre d’accord sur une position de lobbying commune.
Et plus encore, elles sont tellement isolées de toute « concurrence inefficace » qu’elles débordent d’argent, qu’elles peuvent mobiliser pour transformer leurs préférences régulatoires en régulations. En d’autres termes, elles capturent leurs régulateurs.
La « capture réglementaire » peut sembler abstraite et compliquée, aussi laissez-moi vous l’expliquer avec des exemples concrets. Au Royaume-Uni, le régulateur anti-trust est appelé l’Autorité des Marchés et de la Concurrence (« Competition and Markets Authority », abbrégé CMA), dirigé — jusqu’à récemment — par Marcus Bokkerink. Le CMA fait partie des enquêteurs et des régulateurs les plus efficaces du monde contre les conneries de la Big Tech.
Le mois dernier (le 21 janvier 2025, NDT), le Premier ministre britannique Keir Starmer a viré Bokkerink et l’a remplacé par Doug Gurr, l’ancien président d’Amazon UK. Hey Starmer, on a le poulailler au téléphone, ils veulent faire entrer le renard.
Mais revenons à nos infirmières : il y a une multitude d’exemples de capture réglementaire qui se cachent dans cette situation, mais je vais vous sélectionner le plus flagrant d’entre eux, le fait qu’il existe des courtiers en données qui vous revendront les informations d’étasunien·nes lambda concernant leurs dettes sur carte de crédit.
C’est parce que le congrès étasunien n’a pas passé de nouvelle loi sur la vie privée des consommateur·ices depuis 1988, quand Ronald Reagan a signé la loi appelée « Video Privacy Protection Act » ( Loi de Protection de la Vie Privée relative aux Vidéos) qui empêche les vendeur·euses de cassettes vidéo de dire aux journaux quelles cassettes vous avez emmenées chez vous. Que le congrès n’ait pas remis à jour les protections de la vie privée des étasunien·nes depuis que Die Hard est sorti au cinéma n’est pas une coïncidence ou un oubli. C’est l’inaction payée au prix fort par une industrie irrespectueuse de la vie privée, fortement concentrée — et donc follement profitable — et qui a monétisé l’abus des droits humains à une échelle inconcevable.
La coalition favorable à maintenir gelées les lois sur la vie privée depuis la dernière saison de Hôpital St Elsewhere continue de grandir, parce qu’il existe une infinité de façons de transformer l’invasion systématique de nos droits humains en argent. Il y a un lien direct entre ce phénomène et les infirmières dont le salaire baisse lorsqu’elles ne peuvent pas payer leurs factures de carte de crédit.
Donc la concurrence est morte, la régulation est morte, et les entreprises ne sont punies ni par la discipline du marché, ni par celle de l’état. Mais il y a bien quatre forces capables de discipliner les entreprises, de contribuer à l’environnement hostile pour la reproduction des monstres merdifiants et sociopathes.
Alors parlons des deux autres forces. La première est l’interopérabilité, le principe selon lequel deux ou plusieurs autres choses peuvent fonctionner ensemble. Par exemple, vous pouvez mettre les lacets de n’importe qui sur vos chaussures, l’essence de n’importe qui dans votre voiture, et les ampoules de n’importe qui dans vos lampes. Dans le monde non-numérique, l’interopérabilité demande beaucoup de travail, vous devez vous mettre d’accord sur une direction, une grandeur, un diamètre, un voltage, un ampérage, une puissance pour cette ampoule, ou alors quelqu’un va se faire exploser la main.
Mais dans le monde numérique, l’interopérabilité est intégrée, parce que nous ne savons faire qu’un seul type d’ordinateur, la machine universelle et Turing-complète de von Neumann, une machine de calcul capable d’exécuter tout programme valide.
Ce qui veut dire que pour chaque programme d’emmerdification, il y a un programme de contre-emmerdification en attente d’être lancé. Quand HP écrit un programme pour s’assurer que ses imprimantes refusent les cartouches tierces, quelqu’un d’autre peut écrire un programme qui désactive cette vérification.
Pour les travailleur·euses à la tâche, les applis d’anti-emmerdification peuvent endosser le rôle du fidèle serviteur. Par exemple, les conducteur·ices de taxi à la tâche en Indonésie se sont monté·es en coopérative qui commissionnent les hackers pour écrire des modifications dans leurs applis de répartition de travail. Par exemple, une appli de taxi ne contractera pas un·e conducteur·ice pour aller cherche un·e client·e à la gare, à moins qu’iel soit juste à la sortie de celle-ci, mais quand les gros trains arrivent en gare c’est une scène cauchemardesque de chaos total et létal.
Alors les conducteur·ices ont une appli qui leur permet d’imiter leur GPS, ce qui leur permet de se garer à l’angle de la rue, mais laisse l’appli dire à leur patron qu’iels sont juste devant la sortie de la gare. Quand une opportunité se présente, iels n’ont plus qu’à se faufiler sur quelques mètres pour prendre leur client·e, sans contribuer à la zizanie ambiante.
Aux États-Unis, une compagnie du nom de Para proposait une appli pour aider les conducteur·ices chez Doordash à être mieux payé·es. Voyez-vous, c’est sur les pourboires que les conducteur·ices Doordash se font le plus d’argent, et l’appli Doordash pour ses conducteur·ices cache le montant du pourboire jusqu’à ce que vous acceptiez la course, ce qui veut dire que vous ne savez pas avant de la prendre si vous acceptez une course qui vous paiera 1,15$ ou 11,50$ avec le pourboire. Alors Para a construit une appli qui extrayait le montant du pourboire et le montrait aux conducteur·ices avant qu’iels ne s’engagent.
Mais Doordush a fermé l’appli, parce qu’aux États-Unis d’Amérique, les applis comme Para sont illégales. En 1998, Bill Clinton a signé une loi appelée le « Digital Millenium Copyright Act » (Loi du Millénaire Numérique relative aux Droits d’auteur, abrégé DMCA), et la section 1201 du DMCA définit le fait de « contourner un accès contrôlé par un travail soumis aux droits d’auteur » comme un délit passible de 500.000$ d’amende et d’une peine de prison de 5 ans pour une première condamnation. Un simple acte de rétro-ingénierie sur une appli comme Doordash est un délit potentiel, et c’est pour cela que les compagnies sont tellement excitées à l’idée de vous faire utiliser leurs applis plutôt que leurs sites internet.
La toile est ouverte, les applis sont fermées. La majorité des internautes ont installé un bloqueur de pubs (qui est aussi un outil de protection de vie privée). Mais personne n’installe de bloqueur de pubs pour une appli, parce que c’est un délit de distribuer un tel outil, parce que vous devez faire de la rétro-ingénierie sur cette appli pour y arriver. Une appli c’est juste un site internet enrobé dans assez de propriété intellectuelle pour que la compagnie qui l’a créée puisse vous envoyer en prison si vous osez la modifier pour servir vos intérêts plutôt que les leurs.
Partout dans le monde, on a promulgué une masse de lois qu’on appelle « lois sur la propriété intellectuelle », qui rendent illégal le fait de modifier des services, des produits ou des appareils afin qu’ils servent vos propres intérêts, plutôt que les intérêts des actionnaires.
Comme je l’ai déjà dit, ces lois ont été promulguées de mémoire d’humain·e, par des personnes qui nous côtoient, qui ont été informées des évidentes et prévisibles conséquences de leurs plans téméraires, mais qui les ont tout de même appliquées.
En 2010, deux ministres du gouvernement Harper (Premier ministre canadien, NDT) ont décidé de copier-coller le DMCA étasunien dans la loi canadienne. Ils ont entrepris une consultation publique autour de la proposition qui rendrait illégale toute rétro-ingénierie dans le but modifier des services, produits ou appareils, et ils en ont pris plein les oreilles ! 6138 canadien·nes leurs ont envoyé des commentaires négatifs sur la consultation. Ils les ont mis en garde que rendre illégale le détournement des verrous propriétaire interférerait avec la réparation des appareils aussi divers que les tracteurs, les voitures, et les équipements médicaux, du ventilateur à la pompe à insuline.
Ces canadien·nes ont prévenu que des lois interdisant le piratage des verrous numériques laisseraient les géants étasuniens de la Tech s’emparer du marché numérique, nous forçant à acheter nos applis et nos jeux depuis les magasins d’appli étasuniens, qui pourraient royalement choisir le montant de leur commission. Ils ont prévenu que ces lois étaient un cadeau aux monopolistes qui cherchaient à gonfler le prix de l’encre ; que ces lois sur les droits d’auteur, loin de servir les artistes canadien·nes, nous soumettraient aux plateformes étasuniennes. Parce que chaque fois que quelqu’un dans notre public achèterait une de nos créations, un livre, une chanson, un jeu, une vidéo verrouillée et enchaînée à une appli étasunienne, elle ne pourrait plus jamais être déverrouillée.
Alors si nous, les travailleur·euses créatif·ves du Canada, nous mettions à migrer vers un magasin canadien, notre public ne pourrait pas venir avec nous. Il ne pourrait pas transférer leurs achats depuis l’appli étasunienne vers l’appli canadienne.
6138 canadien·nes le leur ont dit, tandis que seulement 54 répondant·es se sont rangé·es du côté du Ministre du Patrimoine canadien, James Moore, et du Ministre de l’Industrie, Tony Clement. Alors, James Moore a fait un discours, à la réunion de la Chambre Internationale du Commerce ici à Toronto, où il a dit qu’il allait seulement écouter les 54 grincheux·ses qui supportaient ses idées affreuses, sur la base que les 6138 autres personnes qui n’étaient pas d’accord avec lui étaient des « braillard·es… extrémistes radicaux·ales ».
Donc en 2012, nous avons copié les horribles lois de verrouillage numérique étasuniennes dans notre livre de lois canadien, et nous vivons maintenant dans le monde de James Moore et Tony Clement, où il est illégal de pirater un verrou numérique. Donc si une entreprise mets un verrou numérique sur un produit, ils peuvent faire n’importe quoi derrière ce verrou, et c’est un crime de passer passer outre.
Par exemple, si HP met un verrou numérique sur ses imprimantes qui vérifie que vous n’êtes pas en train d’utiliser des cartouches d’encre tierces ou de recharger une cartouche HP, c’est un crime de contourner ce verrou et d’utiliser une encre tierce. Et c’est pour ça que HP peut continuer de nous racketter sur le prix de l’encre en le faisant monter, et monter, et monter.
L’encre d’imprimante est maintenant le fluide le plus coûteux qu’un·e civil·e peut acheter sans permis spécial. C’est de l’eau colorée qui coûte 10.000$ le gallon (environ 2000€ le litre, NDT) ce qui veut dire que vous imprimez votre liste de courses avec un liquide qui coûte plus cher que la semence d’un étalon gagnant du Derby dans le Kentucky.
C’est le monde que nous ont laissé Clement et Moore, de mémoire d’humain·e, après qu’on les ait avertis, et qu’ils aient tout de même appliqué leur plan. Un monde où les fermier·ères ne peuvent pas réparer leurs tracteurs, où les mécanicien·nes indépendant·es ne peuvent pas réparer votre voiture, où les hôpitaux pendant les confinements de l’épidémie ne pouvaient pas mettre en service leurs respirateurs artificiels défectueux, où chaque fois qu’un·e utilisateur·ice canadien·ne d’iPhone achète une appli d’un·e auteur·ice canadien·ne de logiciel, chaque dollar qu’iels dépensent fait un petit tour par les bureaux d’Apple à Cupertino en Californie, avant de revenir allégés de 30 centimes.
Laissez-moi vous rappeler que c’est le monde dans lequel une infirmière ne peut pas avoir de contre-appli ou d’extension pour son appli « Uber-des-infirmières » qu’elles doivent utiliser pour trouver du travail, qui les laisserait échanger avec d’autres infirmières pour refuser des gardes tant que les salaires pour celles-ci ne montent à des niveaux corrects, ou bloquer la surveillance de leurs déplacements et de leur activité.
L’interopérabilité était une force disciplinante majeure pour les entreprises de la Tech. Après-tout, si vous rendez les publicités sur votre site internet suffisamment inévitables, une certaine fraction de vos utilisateur·ices installera un bloqueur de pubs, et vous ne toucherez jamais plus un penny d’eux. Parce que personne dans l’histoire des bloqueurs de pub n’a jamais désinstallé un bloqueur de pubs. Mais une fois qu’il est interdit de construire un bloqueur de pubs, il n’y a plus aucune raison de ne pas rendre ces pubs aussi dégoûtantes, invasives et inévitables que possible, afin de déplacer toute la valeur depuis les utilisateur·ices vers les actionnaires et les dirigeants.
Donc on se retrouve avec des monopoles et les monopoles capturent les régulateurs, et ils peuvent ignorer les lois qu’ils n’aiment pas, et empêcher les lois qui pourraient interférer avec leur comportement prédateur — comme les lois sur la vie privée — d’être entérinées. Ils vont passer de nouvelles lois, des lois qui les laissent manipuler le pouvoir gouvernemental pour empêcher d’autres compagnies d’entrer sur le marché.
Donc trois des quatre forces sont neutralisées : concurrence, régulation, et interopérabilité. Ce ne laissait plus qu’une seule force disciplinaire capable de contenir le processus d’emmerdification : la main d’œuvre.
Les travailleur·euses de la Tech forment une curieuse main d’œuvre, parce qu’iels ont historiquement été très puissants, capables d’exiger des hauts salaires et du respect, mais iels l’ont fait sans rejoindre de syndicat. La densité syndicale dans le secteur de la Tech est abyssale, presque indétectable. Le pouvoir des travailleur·euses de la Tech ne leur est pas venu de la solidarité, mais de la rareté. Il n’y avait pas assez de travailleur·euses pour satisfaire les offres d’emploi suppliantes, et les travailleur·euses de la Tech sont d’une productivité inconcevable. Même avec les salaires faramineux que les travailleur·euses exigeaient, chaque heure de travail qu’iels effectuaient avaient bien plus de valeur pour leurs employeurs.
Face à un marché de l’emploi tendu, et la possibilité de transformer chaque heure de travail d’un·e travailleur·euse de la Tech en or massif, les patrons ont levé tous les freins pour motiver leur main d’œuvre. Ils ont cajolé le sens du devoir des travailleur·euses, les ont convaincus qu’iels étaient des guerrier·ères saint·es, appelant l’avènement d’une nouvelle ère numérique. Google promettait qu’iels « organiseraient les informations du monde et les rendraient utiles ». Facebook leur promettait qu’iels allaient « rendre le monde plus ouvert et plus connecté ».
Il y a un nom pour cette tactique : la bibliothécaire Fobazi Ettarh l’appelle la « fascination vocationnelle » (« vocational awe » en anglais, NDT). C’est lorsque l’intérêt pour le sens du devoir et la fierté sont utilisés pour motiver les employé·es à travailler plus longtemps pour de moins bons salaires.
Il y a beaucoup d’emplois qui se basent sur la fascination vocationnelle : le professorat, le soin aux enfants et aux personnes âgées, et, bien sûr, le travail d’infirmière.
Les techos sont différent·es des autres travailleur·euses cependant, parce qu’iels ont historiquement été très rares, ce qui veut dire que bien que les patrons pouvaient les motiver à travailler sur des projets auxquels iels croyaient, pendant des heures interminables, à l’instant-même où les patrons leurs ordonnaient de merdifier les projets pour lesquels iels avaient raté l’enterrement de leur mère pour livrer le produit dans les temps, ces travailleureuses envoyaient chier leurs patrons.
Si les patrons persistaient dans leurs demandes, les techos quittaient leur travail, traversaient la rue, et trouvaient un meilleur travail le jour-même.
Donc pendant de longues années, les travailleur·euses de la Tech étaient la quatrième et dernière contrainte, tenant bon après que les contraintes de concurrence, de régulation et d’interopérabilité soient tombées. Mais alors sont arrivés les licenciements de masse. 260 000 en 2023 ; 150 000 en 2024 ; des dizaines de milliers cette année, et Facebook qui prévoit d’anéantir 5 % de sa masse salariale, un massacre, tout en doublant les bonus de ses dirigeants.
Les travailleur·euses de la Tech ne peuvent plus envoyer chier leurs patrons, parce qu’il y a 10 autres travailleur·euses qui attendent derrière pour prendre le poste.
Bon, j’ai promis que je ne parlerai pas d’IA, mais je vais devoir un tout petit peu briser cette promesse, juste pour signaler que la raison pour laquelle les patrons de la Techs sont aussi excités par l’IA c’est qu’ils pensent qu’ils pourront virer tous leurs techos et les remplacer par des chatbots dociles qui ne les enverront jamais chier.
Donc voilà d’où vient l’emmerdification : de multiples changements dans l’environnement. L’effondrement quadruple de la concurrence, de la régulation, de l’interopérabilité et du pouvoir de la main d’œuvre crée un environnement merdigène, où les éléments les plus cupides et sociopathes du corps entrepreneurial prospèrent au détriment des éléments modérateurs de leur impulsion merdificatoire.
Nous pouvons essayer de soigner ces entreprises. Nous pouvons utiliser les lois anti-monopole pour les briser, leur faire payer des amendes, les amoindrir. Mais tant que nous n’aurons pas corrigé l’environnement, la contagion se répandra aux autres entreprises.
Alors discutons des manières de créer un environnement hostile aux merdificateurs, pour que le nombre et l’importance des agents merdificateurs dans les entreprises retrouvent leurs bas niveaux des années 90. On ne se débarrassera pas de ces éléments. Tant que la motivation du profit restera intacte, il y aura toujours des gens dont la poursuite du profit sera pathologique, immodérée par la honte ou la décence. Mais nous pouvons changer cet environnement pour qu’ils ne dominent pas nos vies.
Discutons des lois anti-trust. Après 40 ans de déclin anti-trust, cette décennie a vue une résurgence massive et globale de vigueur anti-trust, qu’on retrouve assaisonnée aux couleurs politiques de gauche comme de droite.
Au cours des quatre dernières années, les anti-monopolistes de l’administration Biden à la Federal Trade Commission (Commission Fédérale du Commerce, abrégé en FTC) au Department of Justice (Département de la Justice, abrégé en DoJ) et au Consumer Finance Protection Bureau (Bureau de Protection des Consommateurs en matière Financière) ont fait plus de répression anti-monopole que tous leurs prédécesseurs au cours des 40 années précédentes.
Il y a certainement des factions de l’administration Trump qui sont hostiles à ce programme mais les agents de répression anti-trust au DoJ et au FTC disent maintenant qu’ils vont préserver et renforcer les nouvelles lignes directrices de Biden concernant les fusions d’entreprises, qui empêchent les compagnies de s’entre-acheter, et ils ont effectivement déjà intenté une action pour bloquer une fusion de géants de la tech.
Bien évidemment, l’été dernier Google a été jugé coupable de monopolisation, et doit maintenant affronter la banqueroute, ce qui explique pourquoi ils ont été si généreux et amicaux envers l’administration de Trump.
Pendant ce temps, au Canada, le Bureau de la Concurrence édenté s’est fait refaire un dentier au titane en juin dernier, lorsque le projet de loi C59 est passé au Parlement, octroyant de vastes nouveaux pouvoirs à notre régulateur anti-monopole.
Il est vrai que le premier ministre britannique Keir Starmer vient de virer le chef du Competition and Markets Authority (Autorité des Marchés et de la Concurrence, abrégé en CMA) et l’a remplacé par l’ex patron d’Amazon UK. Mais ce qui rend le tout si tragique c’est que le CMA faisait un travail incroyablement bon au sein d’un gouvernement conservateur.
Du côté de l’Union Européenne, ils ont passé la Législation sur les marchés numériques (Digital Markets Act) et le Règlement sur les Services Numériques (Digital Services Act), et ils s’attaquent aux entreprises de la Big Tech avec le tranchant de la lame. D’autres pays dans le monde — Australie, Allemagne, France, Japon, Corée du Sud et Chine (oui, la Chine !) — ont passé de nouvelles lois anti-monopole, et lancent des actions majeures de répression anti-monopole, donnant souvent lieu à des collaborations internationales.
Donc vous avez le CMA britannique qui utilise ses pouvoirs d’investigation pour faire des recherches et publier des enquêtes de marché approfondies sur la taxe abusive pratiquée par Apple sur les applis, et ensuite l’UE qui utilise ce rapport comme feuille de route pour sanctionner Apple, puis interdire le monopole d’Apple sur les paiements grâce à de nouvelles régulations. Ensuite les anti-monopolistes en Corée du Sud et au Japon traduisent l’affaire européenne et gagnent des affaires quasi-identiques dans leurs propres cours de justice.
Et quid de la capture réglementaire ? Et bien, on commence à voir les régulateurs faire preuve d’astuce pour contrôler les grosses entreprises de la tech. Par exemple, la Législation sur les Marchés Numériques et le Règlement sur les Services Numériques européens ont été imaginés pour contourner les cours de justice national des états membres de l’UE, et spécifiquement de l’Irlande, le paradis fiscal où les entreprises étasuniennes de la Tech prétendent avoir leurs bureaux.
Le truc avec les paradis fiscaux c’est qu’ils deviennent immanquablement des paradis criminels, parce qu’Apple peut prétendre être irlandaise cette semaine, être maltaise ou chypriote ou luxembourgeoise la semaine d’après. Alors l’Irlande doit laisser les géants de la Tech étasuniens ignorer les lois européennes sur la vie privée et autres régulations, ou le pays les perdra au profit de nations plus sordides, plus dociles et plus compétitives.
Donc à partir de maintenant, la régulation européenne sur le secteur de la Tech sera exécutée en cour fédérale européenne, et pas en cour nationale, en considérant les cours irlandaises capturées comme endommagées et en les contournant.
Le Canada doit renforcer sa propre capacité à appliquer les régulations sur le secteur de la Tech, en détricotant les fusions monopolistes comme celle de Bell et Rogers, mais par dessus tout, le Canada doit poursuivre son programme sur l’interopérabilité.
L’année dernière, le Canada a passé deux projets de loi très excitants : le projet de loi C244, une loi nationale sur le Droit de Réparation ; et le projet de loi C294, une loi d’interopérabilité. Nommément, ces deux lois permettent aux canadien·nes de tout réparer, depuis les tracteurs aux pompes à insuline, et de modifier les logiciels dans leurs appareils, que ce soient les consoles de jeux comme les imprimantes, pour qu’ils puissent fonctionner avec des magasins d’applis, des consommables, ou des extensions tierces.
Pourtant, ces projets de loi sont fondamentalement inutiles, parce qu’ils ne permettent pas aux canadien·nes d’acquérir les outils nécessaires pour briser les verrous numériques. Vous pouvez modifier votre imprimante pour qu’elle accepte des encres tierces, ou interpréter les codes diagnostiques d’une voiture pour que n’importe quel mécanicien·ne puisse la réparer, mais seulement si il n’y a pas de verrou numérique qui vous empêche de le faire, parce que donner à quelqu’un l’outil qui permet de briser un verrou numérique reste illégal grâce à la loi que James Moore et Tony Clement ont fourré dans la gosier du pays en 2012.
Et chaque imprimante sans exception, chaque enceinte connectée, voiture, tracteur, appareil ménager, implant médical ou appareil médical hospitalier aura un verrou numérique qui vous empêchera de le réparer, de le modifier, ou d’utiliser des pièces, un logiciel ou des consommables tiers.
Ce qui veut dire que ces deux lois remarquables sur la réparation et l’interopérabilité sont inutiles.
Alors pourquoi ne pas se débarrasser de la loi de 2012 qui interdit de briser les verrous numériques ? Parce que ces lois font partie d’accords d’échange avec les États-Unis. C’est une loi dont on a besoin pour garder un accès sans taxe aux marchés étasuniens.
Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais Donald Trump va imposer 25 % de taxe sur toutes les exportations vers le Canada. La réponse de Trudeau c’est d’imposer des taxes de représailles, qui rendront les produits étasuniens 25 % plus chers pour les canadien·nes. Drôle de façon de punir les États-Unis !
Vous savez ce qui serait mieux encore ? Abolir les lois canadiennes qui protègent les compagnies des géants de la Tech étasuniens de la concurrence canadienne. Rendre légale la rétro-ingénierie, le jailbreak (le fait de contourner les limitations volontairement imposées par le constructeur) et la modification des produits technologiques et services américains. Ne demandez pas à Facebook de payer une taxe pour chaque lien vers un site d’information canadien, légalisez le crochetage de toutes les applis de Méta et de bloquer toutes les pubs qui en proviennent, pour que Mark Zuckerberg ne puisse plus se faire un sou sur notre dos.
Légalisez le jailbreak de votre Tesla par des mécanicien·nes canadien·nes, pour débloquer toutes les fonctionnalités normalement disponibles sur inscription, comme le pilotage automatique, et l’accès complet à la batterie, pour un prix fixe et pour toujours. Pour que vous puissiez mieux profiter de votre voiture et que, quand vous la revendrez, lae prochain·ne propriétaire continue de jouir de ces fonctionnalités, ce qui veut dire qu’iel paiera davantage pour votre voiture d’occasion.
C’est comme ça que l’on peut faire du tort à Elon Musk : pas en s’affichant publiquement comme horrifié·es par ses saluts nazi. Ça ne lui coûte rien. Il adore qu’on parle de lui. Non ! Frappez dans sa machine à sous incroyablement lucrative du marché de l’abonnement d’occasion sur lequel il se repose pour son entreprise de Swastikamions. Frappez-le en plein dans le câble d’alimentation !
Laissez les canadien·nes monter un magasin d’applis canadien pour les appareils Apple, le genre qui prend 3 % de commission sur les transactions, pas 30 %. En conséquence, chaque journal canadien qui vend des abonnements en passant par cette appli, et chaque créateur·ice de logiciel, musicien·ne ou écrivain·ne canadien·ne qui vend quelque chose en passant par une plateforme numérique verra ses revenus augmenter de 25 % du jour au lendemain, sans enregistrer un·e seul nouvelle·eau client·e.
Mais nous pouvons rallier de nouvelles·aux client·es, en vendant des logiciels de jailbreak et un accès aux magasins d’applis canadiens, pour tous les appareils mobiles et les consoles, partout dans le monde, et en incitant tous les éditeur·ices de jeux vidéos et les développeur·euses d’applis à vendre via les magasins canadiens pour les client·es du monde entier sans payer 30 % aux géantes entreprises étasuniennes de la Tech.
Nous pourrions vendre à chaque mécanicien·ne dans le monde un abonnement à 100$CAD par mois pour un outil de diagnostique universel. Chaque fermier·ère du monde pourrait acheter un kit qui leur permettrait de réparer leurs propres tracteurs John Deere sans payer 200$CAD de frais de déplacement à un·e technicien·ne de Deere pour inspecter les réparations.
Ils traceraient un chemin dans notre direction. Le Canada pourrait devenir un moteur de l’export des technologies, tout en baissant les prix pour les usager·ères canadien·nes, tout en rendant les affaires plus profitables pour tous ceux qui vendent des médias ou des logiciels sur des magasins en ligne. Et — c’est la partie la plus intéressante — ce serait un assaut frontal contre les entreprises étasuniennes les plus grandes, les plus profitables, les entreprises qui, à elles seules, maintiennent le S&P 500 à flot, en frappant directement dans leurs lignes de compte les plus profitables, en réduisant à néant, en l’espace d’une nuit et dans le monde entier, les centaines de milliards de revenus de ces arnaques.
Nous pouvons aller plus loin qu’exporter pour les étasuniens des médicaments à prix raisonnable. Nous pourrions aussi exporter pour nos amis étasuniens les outils extrêmement lucratifs de libération technologique.
C’est comme ça que vous gagnez une bataille commerciale.
Qu’en est-t-il des travailleur·euses ? Là, nous avons de bonnes et de mauvaises nouvelles.
La bonne nouvelle, c’est que la popularité des syndicats dans l’opinion publique est à son plus haut niveau depuis le début des années 1970, que le nombre de travailleur·euses souhaitant rejoindre un syndicat n’a pas été aussi haut depuis des générations, et que les syndicats eux-mêmes sont assis sur des réserves financières battant tous les records, qu’ils pourraient utiliser pour organiser la lutte de ces travailleur·euses.
Mais voilà la mauvaise nouvelle. Les syndicats ont passé toutes les années Biden — alors qu’ils disposaient de l’environnement réglementaire le plus favorable depuis l’administration Carter, que l’opinion public était à son maximum, qu’un nombre record de travailleur·euses voulaient rejoindre un syndicat, qu’ils avaient plus d’argent que jamais à dépenser pour syndiquer ces travailleur·euses — à faire que dalle. Ils n’ont alloué que des clopinettes aux activités de syndicalisation, aboutissant à la fin des années Biden à un nombre de travailleur·euses syndiqué·es inférieur à celui de leur début.
Et puis nous avons eu Trump, qui a illégalement viré Gwynne Wilcox du National Labor Relations Board, laissant le NLRB sans quorum et donc incapable de réagir à des pratiques professionnelles injuste ou de certifier des élections syndicales.
C’est terrible. Mais la partie n’est pas terminée. Trump a viré les arbitres, et il pense que cela signifie la fin de la partie. Mais je vais vous dire un truc : virer l’arbitre ne termine pas la partie, ça veut juste dire que l’on rejette les règles. Trump pense que c’est le code du travail qui crée les syndicats, mais il a tord. Les syndicats sont la raison par laquelle nous avons un code du travail. Bien avant que les syndicats ne soient légalisés, nous avions des syndicats, qui combattaient dans la rue les voyous à la solde des patrons.
Cette solidarité illégale a conduit à l’adoption d’un code du travail, qui légalisait le syndicalisme. Le code du travail est passé parce que les travailleur·euses ont acquis du pouvoir à travers la solidarité. La loi ne crée pas cette solidarité, elle lui donne seulement une base légale. Retirez cette base légale, et le pouvoir des travailleur·euses reste intacte.
Le pouvoir des travailleur·euses est la réponse à la fascination vocationnelle. Après tout, il est bon pour vous et pour vos camarades travailleur·euses de considérer votre travail comme une sorte de mission. Si vous ressentez cela, si vous ressentez le devoir de protéger vos utilisateur·ices, vos patient·es, vos patron·nes, vos étudiant·es, un syndicat vous permet d’accomplir ce devoir.
Nous avons vu cela en 2023, lorsque Doug Ford (premier ministre de l’Ontario, NDT) a promis de détruire le pouvoir des fonctionnaires d’Ontario. Des travailleur·euses de toute la province se sont soulevés, annonçant une grève générale, et Doug Ford a plié comme l’un de ses costumes bas de gamme. Les travailleur·euses lui on mis une raclée, et on le refera si il le faut. Chose promise, chose due.
Le « désassemblage imprévu en plein-air » du code du travail étasunien signifie que les travailleur·euses peuvent à nouveau se soutenir les uns les autres. Les travailleur·euses de la Tech ont besoin de l’aide des autres travailleur·euses, parce qu’eils ne sont plus rares désormais, plus après un demi-million de licenciements. Ce qui signifie que les patrons de la Tech n’ont plus peur d’eux.
On sait comment les patrons de la Tech traitent les travailleur·euses dont ils n’ont pas peur. Regardez Jeff Bezos : les travailleur·euses dans ses entrepôts se blessent trois fois plus que la moyenne nationale, ses livreur·euses doivent pisser dans des bouteilles, et iels sont surveillé·es par des caméras IA qui les balancent si leurs yeux ne regardent pas dans la direction requise ou si leur bouche est ouverte trop souvent pendant qu’iels conduisent, parce que le règlement interdit de chanter avec la radio.
En comparaison, les développeur·euses d’Amazon ont le droit de venir travailler avec des crêtes roses, des piercings au visage et des tshirts noirs qui parlent de choses incompréhensibles pour leurs patrons. Iels ont le droit de pisser quand iels veulent. Jeff Bezos n’est pas tendre avec les travailleur·euses de la Tech, de la même manière qu’il ne nourrit pas une haine particulière contre les travailleur·euses des entrepôts ou les livreur·euses. Il traite ses travailleur·euses aussi mal qu’il est permis de le faire. Ce qui veut dire que les dévelopeur·euses aussi connaîtrons bientôt les bouteilles de pisse.
Ce n’est pas seulement vrai pour Amazon, bien entendu. Prenons Apple. Tim Cook a été nommé directeur général en 2011. Le comité directeur d’Apple l’a choisi pour succéder au fondateur Steve Jobs parce c’est le gars qui a compris comment délocaliser la production d’Apple vers des sous-traitants en Chine, sans rogner sur la garantie de qualité ou risquer une fuite des spécifications de produit en amont des lancements de produit légendaires et pompeux l’entreprise.
Aujourd’hui, les produits d’Apple sont fabriqués dans une gigantesque usine Foxconn à Zhengzhou, surnommée « iPhone City« . Effectivement, ces appareils arrivent par conteneurs dans le Port de Los Angeles dans un état de perfection immaculée, usinés avec les marges d’erreur les plus fines, et sans aucun risque de fuite vers la presse.

Chantier de construction d’une usine Foxconn (sous-traitant principal d’Apple) à Zhengzhou.
Photo sous licence CC BY-NC-SA par Bert van Dijk.
Pour aboutir à cette chaîne d’approvisionnement miraculeuse, Tim Cook n’a eu qu’à faire d’iPhone City un enfer sur Terre, un lieu dans lequel il est si horrible de travailler qu’il a fallu installer des filets anti-suicide autour des dortoirs afin de rattraper les corps de travailleur·euses tellement brutalisé·es par les ateliers de misère de Tim Cook qu’iels tentent de mettre fin à leurs jours en sautant dans le vide. Tim Cook n’est pas attaché sentimentalement aux travailleur·euses de la Tech, de même qu’il n’est pas hostile aux travailleur·euses à la chaîne chinois·es. Il traite simplement ses travailleur·euses aussi mal qu’il est permis de le faire et, avec les licenciements massifs dans le domaine de la Tech, il peut traiter ses développeur·euses bien, bien pire.
Comment les travailleur·euses de la Tech s’organisent-iels en syndicat ? Il y a des organisations spécifiques au domaine de la Tech, comme Tech Solidarity et la Tech Workers Coalition. Mais les travailleur·euses de la Tech ne pourront massivement se syndiquer qu’en faisant preuve de solidarité avec les autres travailleur·euses et en recevant leur solidarité en retour. Nous devons toustes soutenir tous les syndicats. Toustes les travailleur·euses doivent se soutenir les un·es les autres.
Nous entrons dans une période de polycrise omnibordélique. Le grondement menaçant du changement climatique, de l’autoritarisme, du génocide, de la xénophobie et de la transphobie s’est transformé en avalanche. Les auteurs de ces crimes contre l’humanité ont transformé internet en arme, colonisé le système nerveux numérique du XXIème siècle, l’utilisant pour attaquer son hôte, menaçant la civilisation elle-même.
L’internet merdifié a été construit à dessein pour ce genre de co-optation apocalyptique, organisée autour de sociétés gigantesques qui échangeraient une planète habitable et des droits humains contre un abattement fiscal de 3 %, qui ne nous présentent plus que des flux algorithmiques bidouillables et bloquent l’interopérabilité qui nous permettrait d’échapper à leur emprise, avec le soutien de gouvernements puissants auxquels elles peuvent faire appel pour « protéger leur propriété intellectuelle ».
Ça aurait pu ne pas se passer comme ça. L’internet merdifié n’était pas inévitable. Il est le résultat de choix réglementaires spécifiques, réalisés de mémoire d’humain·e, par des individus identifiables.
Personne n’est descendu d’une montagne avec deux tablettes de pierre en récitant « Toi Tony Clement, et toi James Moore, tu ne laisseras point les canadien·nes jailbreaker leurs téléphones ». Ces gens-là ont choisi l’emmerdification, rejetant des milliers de commentaires de canadien·nes qui les prévenaient de ce qui arriverait par la suite.
Nous n’avons pas à être les éternel·les prisonnier·ères des bourdes politiques catastrophiques de ministres conservateurs médiocres. Alors que la polycrise omnibordélique se déploie autour de nous, nous avons les moyens, la motivation et l’opportunité de construire des politiques canadiennes qui renforcent notre souveraineté, protègent nos droits et nous aident à rendre toustes les utilisateur·ices de technologie, dans chaque pays (y compris les États Unis), libres.
La présidence de Trump est une crise existentielle, mais elle présente aussi des opportunités. Quand la vie vous donne le SRAS, vous faites des sralsifis. Il fut un temps où nous avions un bon vieil internet, dont le principal défaut était qu’il requérait un si haut niveau d’expertise technique pour l’utiliser qu’il excluait toustes nos ami·es « normalles·aux » de ce merveilleux terrain de jeu.
Les services en ligne du Web 2.0 avaient des toboggans bien graissés pour que tout le monde puisse se mettre en ligne facilement, mais s’échapper de ces jardins clos du Web 2.0 c’était comme remonter la pente d’une fosse tout aussi bien graissée. Un bon internet tout neuf est possible, et nécessaire. Nous pouvons le construire, avec toute l’auto-détermination technologique du bon vieil internet, et la facilité d’usage du Web 2.0.
Un endroit où nous pourrions nous retrouver, nous coordonner et nous mobiliser pour résister à l’effondrement climatique, au fascisme, au génocide et à l’autoritarisme.
Nous pouvons construire ce bon internet tout neuf, et nous le devons.
01.04.2025 à 09:42
Framamèmes : vos mèmes préférés en versions libres et accessibles !
Texte intégral (1370 mots)
Vous voulez produire du mème libre, artisanal et remixé ? Framasoft sort (vraiment) le service Framamèmes. Vraiment. Promis.
Un générateur de mèmes libres ? C’est une blague ?
Noyons le poisson dans le bocal : Framamèmes est une blague… mais une blague durable, qu’on compte bien continuer de maintenir même après ce 1er avril.
Vous pouvez d’ores et déjà vous rendre sur Framamemes.org, et tester vous-mêmes les mèmes à faire… comme chez mémé. Même que mémé aime les mèmes de millenials : si Framasoft a 20 ans, ses membres en ont (en moyenne) deux fois plus 😊.
Notez que ce n’est pas la première fois qu’à Framasoft, on prend la blague au sérieux et maintient le petit projet fun au-delà de l’annonce (l’occasion de vous faire redécouvrir Framaprout, Framadsense ou le fameux bingo du troll).
Les mèmes sont hors la loi… sauf chez Framamèmes !
Il faut dire que la culture du remix et du partage est (à peine) tolérée par les industries culturelles qui capitalisent sur le droit d’auteur et le copyright.
Fi du fair use, exit l’exception pour parodie… les mèmes pourraient tout à fait être considérés comme illégaux, et mener à des poursuites judiciaires si leurs ayants droits y voyaient un intérêt (même que c’est déjà arrivé).
C’est pour cela que Gee s’est jeté sur sa tablette graphique au cours d’un stream (sur PeerTube, parce qu’ici, on est libres de bout en bout) et s’est dit : « tiens, et si je faisais mes propres versions libres des mèmes les plus populaires ? »
La route est longue, mais le mème est libre
Avec son propre style de dessin bien connu du lectorat du Framablog, et en n’hésitant pas à franciser les mèmes, que ce soit simplement en traduisant les textes inclus dans les images (« draw 25 » sur la carte Uno devient « pioche 25 cartes ») ou même en appliquant le style français aux panneaux autoroutiers !

À gauche, les versions originales ; à droite, les versions dessinées ET francisées par Gee !
Quelques mèmes plus tard, il est devenu évident qu’un site web était nécessaire pour les partager. En ajoutant une pincée de JavaScript pour inclure un éditeur (libre, évidemment), et même une police libre (parce que All Fonts Are Beautiful, comme on dit)… on obtient Framamèmes !
Pour l’instant, une sélection restreinte de mèmes est proposée, mais Gee compte bien continuer à enrichir l’éditeur dans les semaines à venir ! N’hésitez pas à proposer les mèmes que vous voudriez voir adaptés en commentaires.
Des mèmes libres… et accessibles !
Partager des images en ligne, c’est bien : si elles sont accessibles à toutes et à tous, c’est mieux ! Une bonne pratique consiste à systématiquement inclure une description des images porteuses d’informations dans la balise prévue à cet effet (la fameuse balise alt
en HTML).
Pas mal de médias sociaux, notamment Mastodon (le réseau de microblogging libre et décentralisé que nous plébiscitons à Framasoft), permettent d’inclure un tel texte alternatif au moment d’intégrer une image dans un message.
Eh bien avec Framamèmes, on a décidé de vous simplifier la tâche : lorsque vous créez un mème, vous avez la possibilité de copier en un clic un texte descriptif de votre image dans le presse-papier ! Parce qu’il n’y a pas de raison que tout le monde ne puisse pas profiter de vos créations dont on ne doute pas qu’elles vaudront le détour…
Lancé sur un coup de tête et de crayon
Franchement : c’était pas prévu, à Framasoft, de faire un 1er avril cette année. On a du boulot plein le cloud. On a une Assemblée Générale ce week-end.
Alors faire un 1er avril qui en plus est un vrai service que vous pouvez vraiment utiliser… on ne l’imaginait pas. Sauf que Gee nous l’a servi sur un plateau. Et puis ça nous amuse. Et puis c’est une raison de rappeler que les monopoles de la propriété intellectuelle, ça peut très vite effacer de jolis sourires.
Alors on dit merci à Gee (et aux petites mains qui ont aidé à l’accouchement 😄) et on rappelle que cet artiste libre essaie de vivre de son art : vous pouvez le soutenir en achetant son nouveau livre, en jouant à ses jeux vidéo, ou encore par un don.
L’art libre, c’est vraiment bien plus intéressant que de voir ces mèmes refaits par des IA, avec OpenAI qui pille tranquillement le style de Hayao Miyazaki… le même Miyazaki qui déclarait que l’art généré par IA était « tout à fait écœurant » et constituait « une insulte à la vie même » (voir notamment cet article (en anglais).
Et puis surtout : amusez-vous avec Framamèmes, faites tourner autour de vous, et faites des mèmes libres, quelle que soit la date !
31.03.2025 à 07:42
Khrys’presso du lundi 31 mars 2025
Texte intégral (8651 mots)
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Brave New World
- La Corée du Sud confrontée aux incendies les plus dévastateurs de son histoire (france24.com) – voir aussi Au moins 27 morts, 36 000 hectares brûlés, crash d’un hélicoptère… Des incendies « sans précédents » ravagent la Corée du Sud (humanite.fr)
- La Chine dévoile un robot coupeur de câbles sous-marins (next.ink)
- Le séisme en Birmanie a fait plus de 1 600 morts selon la junte, les experts redoutent un bilan largement plus lourd (liberation.fr)
Les autorités birmanes ont revu à la hausse le nombre de victimes ce samedi 29 mars dans l’après-midi, tandis que les secours multiplient les efforts pour rechercher des survivants. L’Institut géologique américain anticipe jusqu’à 100 000 victimes possibles.
- L’administration Trump veut imposer un accord inégal qui ferait de l’Ukraine une propriété américaine (legrandcontinent.eu)
- Turquie : un mouvement de masse se construit contre le coup de force d’Erdoğan (contretemps.eu)
- Turquie : un juge ordonne l’incarcération de sept journalistes dont un photographe de l’AFP (liberation.fr)
L’ONG Reporters sans Frontières a qualifié mardi de « scandaleuse » la décision d’un juge turc de placer en détention provisoire les journalistes, accusés par les autorités d’avoir participé à un rassemblement illégal à Istanbul.
- Pro-opposition TV channel handed 10-day blackout over İmamoğlu protest coverage (bianet.org)
RTÜK has issued a total of seven penalties against four television channels due to their broadcasts during the protests
- Le PKK et Erdoğan : à peine né, le processus de paix est gelé (contretemps.eu)
- Fin de voyage pour Gaia : après une décennie à scruter 2 milliards d’objets célestes, quelles découvertes le satellite de l’Agence spatiale européenne a-t-il permises ? (humanite.fr)
- Europe is looking for alternatives to US cloud providers (arstechnica.com)
The global backlash against the second Donald Trump administration keeps on growing. Canadians have boycotted US-made products, anti–Elon Musk posters have appeared across London amid widespread Tesla protests, and European officials have drastically increased military spending as US support for Ukraine falters. Dominant US tech services may be the next focus.
- Guerres, inondations, incendies : l’UE recommande de préparer chez soi un kit de survie de 72 heures en cas de crise (liberation.fr)
La commissaire européenne chargée de la préparation et de la gestion des crises, Hadja Lahbib, a présenté mercredi 26 mars plusieurs mesures que la population devrait suivre pour anticiper une crise. Elle appelle les États membres à créer une stratégie commune sur le sujet.
- “Tesla kills” : le magasin Tesla de Lausanne vandalisé, une première en Suisse romande (rts.ch)
- Danish PM accuses US of ‘unacceptable pressure’ as JD Vance says he will join Greenland visit (theguardian.com)
US vice-president says he will join unsolicited visit to Arctic island, which Mette Frederiksen says is ‘not what Greenland needs or wants’
- Flight bookings between Canada and US down 70 % amid Trump tariff war (theguardian.com)
- Elon Musk started aligning with Donald Trump even before he won. Now Canada’s tech industry is following a similar playbook (thestar.com)
- Tesla : des manifestations anti-Musk devant des magasins à travers tout les États-Unis (liberation.fr)
Un peu partout dans le pays, de nombreuses personnes se sont rassemblées samedi 29 mars devant des boutiques de la marque automobile, dans le cadre d’une journée mondiale d’opposition au milliardaire et proche conseiller de Donald Trump.
- Comment l’administration Trump essaie de protéger Tesla (et Elon Musk) par tous les moyens (huffingtonpost.fr)
Du téléachat à la répression terroriste, Donald Trump fait tout pour sauver Elon Musk dont l’entreprise automobile est en déclin.
- Elon Musk Is Hijacking Rural America’s Internet (jacobin.com)
- Trump can’t fire us, FTC Democrats tell court after being ejected from office (arstechnica.com)
“A President cannot remove an FTC Commissioner without cause,” lawsuit says.
- As Trump Broadens Crackdown, Focus Expands to Legal Immigrants and Tourists (nytimes.com)
U.S. border officials are using more aggressive tactics at ports of entry as the administration scrutinizes green card and visa holders who have expressed opposition to its policies.
- ICE is kidnapping immigrant and labor rights activists (peoplesdispatch.org)
- El Salvador, a new migrant prison under the Trump administration (globalvoices.org)
- Immigration Myths Feed Divisions among Workers (labornotes.org)
The Trump administration’s opening barrage against immigrants—arresting thousands of people around the country and declaring that hospitals, schools, and churches are no longer off limits—has put a chill on immigrant communities.
- L’anglais, langue officielle des États-Unis : un décret de Trump qui bouleverse une longue histoire multilingue (theconversation.com)
Depuis leur indépendance, les États-Unis n’avaient jamais proclamé de langue officielle. Le 1er mars dernier, le président américain Donald Trump a décrété le statut officiel de l’anglais, marquant une rupture fondamentale avec l’approche traditionnelle du gouvernement américain en la matière.
- When the physicists need burner phones, that’s when you know America’s changed (theguardian.com)
- Aux États-Unis, la mort mystérieuse d’une ancienne procureure qui pose questions (lexpress.fr)
L’ex-procureure de Virginie, Jessica Aber, a été retrouvée morte samedi. Depuis, la disparition de celle qui avait enquêté sur des espions russes et un ex-agent de la CIA fait l’objet de spéculations outre-Atlantique.
- Harvard Professor Steven Levitsky : “Right Now, the U.S. Is Ceasing to Be a Democracy” (spiegel.de)
- DOGE Plans to Rebuild SSA Codebase in Months, Risking Benefits and System Collapse (wired.com)
Social Security systems contain tens of millions of lines of code written in COBOL, an archaic programming language. Safely rewriting that code would take years—DOGE wants it done in months.
- U.S. Officials Called Signal a Tool for Terrorists and Criminals. Now They’re Using It (theintercept.com)
Despite years of official criticism of encrypted messaging, CIA Director John Ratcliffe revealed that Signal comes installed on agency computers.
- The Trump Administration Accidentally Texted Me Its War Plans (theatlantic.com) – voir aussi Un journaliste de The Atlantic a reçu par erreur des informations militaires confidentielles, confirme la Maison-Blanche (nouvelobs.com)
Il a révélé avoir reçu le plan d’attaque détaillé des raids américains menés le 15 mars contre les Houthis au Yémen.
- Private Data and Passwords of Senior U.S. Security Officials Found Online (spiegel.de)
Donald Trump’s most important security advisers used Signal to discuss an imminent military strike. Now, reporting by DER SPIEGEL has found that the contact data of some of those officials, including mobile phone numbers, is freely accessible on the internet.
- Arkansas Bill Targets ‘Gender Nonconforming’ Haircuts for Kids (newsweek.com)
- États-Unis : la Floride veut assouplir la législation sur le travail de nuit des mineur·es (rfi.fr)
L’État de Floride examine un projet de loi qui assouplit les conditions dans lesquels les mineur·es pourraient travailler, et cela, pour compenser la perte de main d’œuvre liée à l’expulsion de migrant·es.
Voir aussi Florida debates lifting some child labor laws to fill jobs vacated by undocumented immigrants (edition.cnn.com)
Florida has been working for years to crack down on employers that hire undocumented immigrants. But that presented a problem for businesses in the state that are desperate for workers to fill low-wage and often undesirable jobs.
- 10 000 emplois de postiers bientôt supprimés aux États-Unis (rapportsdeforce.fr)
Selon le directeur général des Postes, le renouvellement des baux de près de 31 000 bureaux de poste serait trop coûteux pour l’État, en raison notamment « de la hausse générale des loyers à l’expiration des baux ». Pour compenser les hausses de dépenses, il acte également la suppression de 10 000 emplois « dans les 30 prochains jours », grâce à « des départs volontaires à la retraite »
- L’OMS n’a « pas d’autre choix » que de couper dans son budget après le retrait américain (huffingtonpost.fr)
Les États-Unis étaient de loin le plus grand contributeur au budget de l’Organisation mondiale de la santé, jusqu’à la décision de Donald Trump.
- “This will be a painful period” : RFK Jr. slashes 24 % of US health dept. (arstechnica.com)
- RECOVER Long COVID pathobiology grants restored (thesicktimes.org)
Long COVID research grants from the National Institutes of Health’s RECOVER program will be restored following news stories about their abrupt cancellations and advocacy to restore the funding, according to patient representatives in the initiative.
- Fin de partie pour 23andMe, en passe d’être vendue (next.ink)
Pour les usager·es installé·es dans des zones où la loi protège les données personnelles, il est encore possible de supprimer ses informations et données génétiques pour éviter qu’elles ne soient transmises à un futur acheteur.
Voir aussi A Sale of 23andMe’s Data Would Be Bad for Privacy. Here’s What Customers Can Do (eff.org)
- Kink and LGBT dating apps exposed 1.5m private user images online (bbc.com)
- COP30 : au Brésil, des syndicalistes rendent hommage au défenseur de l’environnement Chico Mendes (humanite.fr)
- « Cela n’augure rien de bon pour l’avenir » : la taille maximale de la banquise de l’Arctique n’a jamais été aussi réduite (humanite.fr)
- Indice de vie sur Mars : pour la première fois, des chercheurs découvrent des molécules similaires à celles sur Terre (humanite.fr)
- Chewing Gum Releases Hundreds of Microplastics In Your Mouth, Study Finds (sciencealert.com)
Spécial IA
- A well-funded Moscow-based global ‘news’ network has infected Western artificial intelligence tools worldwide with Russian propaganda (newsguardrealitycheck.com)
- How AI coding assistants could be compromised via rules file (scworld.com)
AI coding assistants such as GitHub Copilot and Cursor could be manipulated to generate code containing backdoors, vulnerabilities and other security issues via distribution of malicious rule configuration files
- Open Source devs say AI crawlers dominate traffic, forcing blocks on entire countries (arstechnica.com)
AI bots hungry for data are taking down FOSS sites “by accident”, but humans are fighting back.
- Fausses photos et vidéos porno : l’Espagne légifère contre les montages à caractère sexuel par IA (liberation.fr)
Le gouvernement de gauche espagnol a présenté ce mardi 25 mars un large projet de loi visant à « protéger les jeunes filles et garçons ainsi que les adolescents » face aux dangers du « numérique ».
- Elon Musk’s X has a new owner—Elon Musk’s xAI (arstechnica.com)
xAI buys X ; deal values social network at $33 billion, $11B less than Musk paid.”xAI and X’s futures are intertwined,” Musk wrote. “Today, we officially take the step to combine the data, models, compute, distribution and talent. This combination will unlock immense potential by blending xAI’s advanced AI capability and expertise with X’s massive reach.”
- OpenAI’s Studio Ghibli meme factory is an insult to art itself (bloodinthemachine.com)
Sam Altman is promoting his new image generator by appropriating the work of one of the greatest living animators—who is “disgusted” by AI.
- Apple says it’ll use Apple Maps Look Around photos to train AI (theverge.com)
The company says that as part of its commitment to privacy, any images it captures that are published in the Look Around feature have faces and license plates blurred. Apple also says it will only use imagery with those details blurred out for training models. It does accept requests for those wanting their houses to also be blurred, but by default they are not.
- Apple’s AI isn’t a letdown. AI is the letdown (edition.cnn.com)
AI can never fail, it can only be failed. Failed by you and me, the smooth-brained Luddites who just don’t get it.
- Boston Dynamics’ Atlas can run and cartwheel like a human now – and it’s stunning – (zdnet.com)
- You can now download the source code that sparked the AI boom (arstechnica.com)
On Thursday, Google and the Computer History Museum (CHM) jointly released the source code for AlexNet, the convolutional neural network (CNN) that many credit with transforming the AI field in 2012 by proving that “deep learning” could achieve things conventional AI techniques could not.
- La phase G : les GPU et les IA génératives comme nouvelle phase de l’histoire environnementale de la numérisation ? (gauthierroussilhe.com)
- Chronique imparfaite des risques des agents autonomes (maisouvaleweb.fr)
- Entre le factuel et le factice : l’esthétique fasciste contemporaine face à l’IA (chatonsky.net)
Special outils anti-IA
- AI Labyrinth (ai-labyrinth)
- Anubis (anubis)
- Glaze (glaze.cs.uchicago.edu)
- HarmonyCloak (mosis.eecs.utk.edu)
- Iocaine (iocaine.madhouse-project.org)
- Kudurru (kudurru.ai)
- Nepenthes (nepenthes)
- Nightshade (nightshade.cs.uchicago.edu)
Spécial Palestine et Israël
- Liban : en violation du cessez-le-feu, Israël bombarde la banlieue sud de Beyrouth pour la première fois depuis la trêve (humanite.fr)
Israël a bombardé la banlieue sud de Beyrouth, vendredi 28 mars, après avoir frappé le sud du Liban. Après quatre mois de trêve, cette nouvelle attaque est une violation du cessez-le-feu déclaré fin novembre.
- Press freedom groups condemn targeted killing of two journalists in Israeli strikes (theguardian.com)
Israel Defense Forces has confirmed it killed Hossam Shabat and Mohammed Mansour, claiming they were terrorists
- Des Palestiniens témoignent devant l’ONU des abus sexuels infligés par des Israéliens (france24.com)
Des Palestiniens dénoncent, à visage découvert, les coups et les violences sexuelles qui leur ont été infligés dans les prisons israéliennes ou par des colons devant un panel d’experts des Nations unies à Genève”Je ne pensais pas qu’il existait sur Terre des gens avec un tel degré de laideur, de sadisme et de cruauté”.
- Gaza : les violences sexuelles et reproductives participent du génocide (humanite.fr)
- Israël : avec la visite de Jordan Bardella, c’est tout le RN qui est adoubé par Benyamin Netanyahou (humanite.fr)
- Israël : le cabinet du gouvernement a voté le limogeage de la procureure générale, Gali Baharav-Miara (liberation.fr)
Cette magistrate indépendante de 65 ans occupe ce poste depuis 2022. Elle s’est opposée à plusieurs reprises à Benyamin Nétanyahou, notamment en ordonnant une enquête sur les liens du Premier ministre israélien avec le Qatar, principal financeur du Hamas.
- Les excuses tardives de L’Académie des Oscars pour son manque de soutien au réalisateur Hamdan Ballal (telerama.fr)
D’abord silencieuse après l’arrestation du réalisateur palestinien primé début mars à Los Angeles, l’Académie a envoyé une lettre que nombre de ses membres ont publiquement jugée insuffisante. L’instance a présenté des excuses ce vendredi 28 mars.
- États-Unis. Dans les universités, une campagne maccarthyste pour protéger Israël (orientxxi.info)
Après de fortes mobilisations dans les plus grandes universités américaines contre la guerre que mène Israël à Gaza, vient le temps du retour de bâton, renforcé par l’administration toute puissante de Donald Trump. Sur les campus, pour les soutiens du peuple palestinien, c’est la chasse aux sorcières, qui n’épargne pas les voix juives.
- Projet Esther : le rapport de la Heritage Foundation dont s’inspire Trump pour sa lutte contre le mouvement pro-palestinien (legrandcontinent.eu)
- Répression des pro-palestinien·nes : une étudiante turque arrêtée aux États-Unis (humanite.fr)
À Somerville, dans la banlieue de Boston, une étudiante turque, Rumeysa Ozturk a été arrêtée en pleine rue par des agents fédéraux en civils, mardi. Son visa a été révoqué en raison de son soutien présumé à la cause palestinienne. La vidéo de son interpellation a rapidement suscité une vague d’indignation.
Voir aussi Aux États-Unis, le parcours infernal d’une étudiante turque arrêtée et déplacée à l’autre bout du pays (huffingtonpost.fr)
- UK : Oxford council passes Boycott, Divestment and Sanctions motion (middleeasteye.net)
The city council, in which no party has overall control, cites ICJ rulings over decision to pass motion boycotting Israel
Spécial femmes dans le monde
- La sociologue Eva Illouz « annulée » du prix Israël pour « idéologie anti-israélienne » (liberation.fr)
Le ministre de l’Éducation israélien a refusé l’attribution de la plus haute distinction scientifique du pays à la directrice d’études à l’EHESS pour avoir signé une pétition appelant à une investigation de la Cour pénale internationale contre de possibles crimes de guerre en Cisjordanie.
- Libération d’une otage kurde après 32 ans de captivité (kurdistan-au-feminin.fr)
- En Belgique, les autorités enquêtent sur des dizaines d’agressions sexuelles sous soumission chimique (liberation.fr)
Ces femmes auraient été droguées à leur insu, vraisemblablement par de la kétamine mélangée à leur boisson, en consommant dans des établissements de Courtrai, indique le parquet de Flandre occidentale ce jeudi 27 mars. A minima 41 victimes ont été identifiées entre décembre 2021 et décembre 2024.
- Elon Musk deadnames his ‘killed’ child — his trans daughter claps back (out.com)
- Le masculiniste Andrew Tate accusé de viol et de violences physiques par son ex-compagne (huffingtonpost.fr)
La mannequin Brianna Stern a déposé une plainte contre l’influenceur américano-britannique qu’elle accuse de l’avoir violée en mars 2025 dans un hôtel de Los Angeles.Brianna Stern n’a porté plainte qu’après le départ d’Andrew Tate pour la Roumanie, après qu’il l’a menacée de « la tuer » si elle le « trahissait »
Spécial France
- Procès Sarkozy : l’ex-président est le « véritable décisionnaire et commanditaire » du pacte conclu avec Kadhafi, affirme le parquet financier (liberation.fr)
Le procureur du PNF a évoqué ce mardi 25 mars dans ses réquisitions « l’implication totale » de l’ancien chef de l’Etat, demandant sa condamnation, avec Claude Guéant et Brice Hortefeux, pour corruption et association de malfaiteurs.
Voir aussi Procès Sarkozy-Kadhafi : sept ans de prison et 300 000 euros d’amende requis contre l’ancien président (liberation.fr)
Le parquet a requis une peine de sept ans de prison à l’encontre de Nicolas Sarkozy, accusé d’avoir conclu un « pacte de corruption » avec l’ancien dictateur libyen Muammar al-Kadhafi pour financer sa campagne de 2007.
- Olivier Faure menace sur les retraites : si le Parlement n’est pas saisi, la censure serait « une obligation morale » (liberation.fr)
- « Les universités jugées wokistes sont mal notées » : la gauche veut supprimer le Hcéres (reporterre.net)
- Pression américaine sur les entreprises françaises : « Inadmissible » pour le Medef, la loi « va continuer à s’appliquer » assure Bergé (liberation.fr)
Des sociétés françaises ont reçu une lettre de l’ambassade des États-Unis concernant leurs programmes internes en faveur de la diversité.
- Julie Sweet met fin aux politiques d’inclusion et de diversité chez Accenture (solidaires-octo.com)
Nous n’en sommes plus à une menace vague et lointaine d’un avenir déplaisant, ce sont les conséquences concrètes de politiques autoritaires de Trump. Il n’aura fallu que 17 jours pour qu’Accenture se plie aux exigences de Trump et de son administration fasciste.
- Au Centre Pompidou, l’exposition “Paris noir” invisibilise-t-elle ceux qui l’ont rendue possible ? (telerama.fr)
Pour son exposition mettant à l’honneur des artistes noirs, le musée se serait approprié le travail d’anciens collaborateurs, eux-mêmes noirs. C’est ce qu’affirme l’un deux, Chris Cyrille, dans un post Instagram interpellant les deux commissaires.
- Carambolage à Paris : le conducteur de la voiture percutée par trois véhicules de police qui le poursuivaient sera jugé en juin (liberation.fr) – voir aussi Carambolage après un refus d’obtempérer : pourquoi le conducteur de la BMW ne sera pas poursuivi pour les blessures des dix policiers (liberation.fr)
le parquet a semble-t-il considéré que si les véhicules de police ont fini encastrés dans la BMW poursuivie, ce n’est pas du fait du conducteur – quand bien même il aurait refusé de se soumettre à un contrôle routier – mais parce que les policiers n’ont pas pu ou su freiner à temps.
- Piétonnisation et végétalisation des rues à Paris : 66 % des votant·es pour étendre le dispositif (liberation.fr)
Par une large majorité, les participant·es à la votation citoyenne organisée ce dimanche 23 mars dans la capitale ont voté « oui » à la proposition de « végétaliser et rendre piétonnes 500 nouvelles rues dans Paris ». Mais le scrutin est marqué par une très faible participation (3,9 %).
- SUV, vols en avion… Il faut supprimer ces publicités, estiment des hauts fonctionnaires (reporterre.net)
- Vaches perturbées par l’électricité : RTE devra verser plus de 450 000 euros à un éleveur (reporterre.net)
Cette fois, la décision est définitive : la ligne à haute tension qui passait au-dessus de sa ferme est bien en lien avec les difficultés que Dominique Vauprès a rencontrées dans son élevage laitier.
- Dans le Marais poitevin, des mégabassines continuent d’être construites (reporterre.net)
Deux ans après la grosse manifestation antibassines de Sainte-Soline, où en est la construction des 16 retenues d’eau prévues dans les Deux-Sèvres ? Quatre bassines ont été construites, dont une jugée illégale après des recours.
- Tofu, steaks au soja : les cantines sommées de ne plus en servir (reporterre.net)
Dans un avis, l’Anses préconise de ne plus servir d’aliments à base de soja dans la restauration collective. Et recommande à l’industrie agroalimentaire de modifier ses méthodes de fabrication pour éviter les substances nocives.
- « Comportements inappropriés » avec des élèves : un directeur de lycée catholique de Saint-Nazaire suspendu après un voyage scolaire (liberation.fr)
Le chef d’établissement est accusé de s’être rendu dans les chambres d’élèves âgées de 15-16 ans lors d’un voyage scolaire organisé à Paris et d’y avoir eu des gestes ainsi que des propos « déplacés ». Enseignants et parents n’étaient même pas au courant de sa présence dans la capitale.
- Dans le milieu gay, les violences sexuelles sortent du placard (alterechos.be)
Peu documentées, les agressions entre partenaires masculins sont un angle mort de la prise en charge des violences sexuelles. Des représentations stéréotypées de la virilité aux espaces de drague particulièrement propices aux agressions, en passant par le chemsex et un contexte sociétal hétéronormé… Le tabou domine.
Spécial femmes en France
- Des noms de grandes scientifiques vont être gravés sur la tour Eiffel (humanite.fr)
Le projet Hypathie, du nom d’une scientifique grecque d’Alexandrie, a pour but de faire graver les noms de quarante grandes femmes scientifiques au deuxième étage de la Tour Eiffel. Dès son inauguration en 1889, 72 noms d’hommes scientifiques sélectionnés par Gustave Eiffel avaient été plaqués en lettre d’or sur une frise.
- Ce rapport déterré par Mediapart contredit le gouvernement sur le port du voile dans le sport (huffingtonpost.fr)
Le site d’investigation révèle l’existence d’un rapport fouillé passé sous les radars et niant l’existence d’un lien entre sport et radicalisation.
- « 81,5 % des actes islamophobes sont commis contre des femmes » : les femmes musulmanes à la croisée des oppressions (humanite.fr)
- Gérard Depardieu jugé pour agressions sexuelles : le one-man-show en trois actes de son avocat (telerama.fr) – voir aussi Procès de Gérard Depardieu : près de 200 avocats dénoncent le sexisme du conseil de l’acteur, Jérémie Assous, dans une tribune publiée par “Le Monde” (francetvinfo.fr) et Fin du procès Depardieu : quatre jours d’“apologie du sexisme”, selon les avocates de la partie civile (telerama.fr)
« Monsieur Depardieu est fort avec les faibles et il est faible avec les forts. »[…]« Monsieur Depardieu a plusieurs facettes : c’est aussi le voyou de Châteauroux, un homme d’argent qui a investi dans le pétrole, un homme proche des dictateurs et un agresseur sexuel. »
- Gérard Depardieu ne « sait pas » ce qu’est une agression sexuelle, voici un rappel de la définition (huffingtonpost.fr)
- L’actrice Vahina Giocante dénonce les « dégueulasseries » de Gérard Depardieu sur les tournages de films (huffingtonpost.fr)
« J’ai vu un homme se gargariser de la honte et de la terreur des plus faibles et s’abreuver de manière insatiable à toutes formes de domination. J’ai vu des équipes entières prises en otage par la gêne insupportable que ces mots et ces gestes provoquaient
- Une femme retrouvée morte dans la Marne, son mari arrêté après un assaut du GIGN (liberation.fr)
Une enquête en flagrance pour « homicide sur conjoint » a été ouverte par le parquet de Châlons-en-Champagne après l’arrestation d’un ancien policier septuagénaire déjà condamné pour des faits de violences conjugales, samedi 29 mars à Esternay.
- Féminicide de Chahinez : “Je ne ressens aucune culpabilité” répond l’accusé à son procès (rue89bordeaux.com) – voir aussi Féminicide de Chahinez Daoud : son ex-mari condamné à la perpétuité (humanite.fr)
- Féminicide de Sandra Pla : un procès contre l’État, « pour les autres » (humanite.fr)
Sandra quitte son compagnon fin décembre 2020. Dès le 6 janvier, elle porte plainte pour violences conjugales. Le 24 février, elle demande une ordonnance de protection auprès du juge aux affaires familiales de Bordeaux – demande rejetée après une semaine. Fin mars, elle veut porter plainte pour harcèlement : on ne lui laissera enregistrer qu’une simple main courante. Le 30 mars, elle écrit au procureur et au président de la République : « Je crains le pire des dénouements sans votre intervention. » Sans effet. […] Sandra Pla « n’a jamais eu la protection qu’elle souhaitait, sa famille veut que ça n’arrive plus jamais à d’autres ».
Spécial médias et pouvoir
- Le Syndicat de la Presse Pas Pareille, un acteur sur lequel compter (blogs.mediapart.fr)
Ça y est ! le Syndicat de la presse pas pareille (SPPP) est lancé, et doté d’un site. Il défend une presse émancipatrice, contre toutes formes de domination. Réfléchi lors des Assises de la Presse Pas Pareille, il souhaite promouvoir les médias indépendants, créer une dynamique collective entre rédactions et porter des revendications politiques et économiques.
- Débat sur Gaza : France info mis en garde par l’Arcom après une séquence qui imaginait l’enclave en Riviera du Moyen-Orient (liberation.fr)
- La mairie RN de Perpignan s’attaque à l’Empaillé (lempaille.fr)
- Politiser la haine : la stratégie du buzz (acrimed.org)
Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)
- Comment Bercy efface, en catimini, une ardoise de 320 millions d’euros de pénalité fiscale pour Vincent Bolloré (humanite.fr)
Le milliardaire aurait menti avec l’aide de Bercy. Selon le Canard Enchaîné, le groupe Vivendi a baissé son imposition sans payer les pénalités prévues, avec le soutien du ministère de l’Économie et des Finances.
- Sous Macron, 207 milliards d’euros de cadeaux fiscaux accordés aux ultrariches (reporterre.net)
- Alexis Kohler dit au revoir à l’Élysée et bonjour à la Société générale (liberation.fr)
Le bras droit historique d’Emmanuel Macron, secrétaire général de l’Elysée depuis huit ans, a été nommé directeur général adjoint de la banque française, a annoncé cette dernière ce vendredi 28 mars.
- Le scandale Galileo, énième rappel de la nécessité de réguler l’enseignement supérieur privé (alternatives-economiques.fr)
Alors qu’une enquête accablante sur le groupe Galileo a mis une nouvelle fois en lumière les abus des établissements supérieurs privés lucratifs, les pouvoirs publics s’interrogent enfin sur la régulation de ce secteur.
- Normandie : des professeurs apprennent par leur application professionnelle Iprof que leur poste est supprimé (francebleu.fr)
Le rectorat dit effectivement que les collègues vont recevoir un courrier et ils vont le recevoir à priori le 2 avril, puisque l’instance académique a lieu le 1er avril, sachant que pour saisir ses vœux quand on perd son poste et qu’il en faut un nouveau, les collègues ont jusqu’au 3 avril.
Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…
- La dématérialisation réduit l’accès aux droits, alerte (encore) la Défenseure des droits (next.ink)
- Médecins du monde dénonce “une grave atteinte aux fondements de notre modèle social”, après le vote du Sénat limitant l’accès aux prestations sociales pour les étrangers (francetvinfo.fr)
L’ONG signe une tribune publiée mercredi pour dénoncer “une préférence nationale déguisée” à propos d’une proposition de loi Les Républicains adoptée au Sénat pour restreindre certaines prestations sociales aux étrangers.
- Antisémitisme : Deux députés écologistes veulent saisir la justice contre Manuel Valls (20minutes.fr) Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a affirmé lundi que « la haine des Juifs vient essentiellement du monde arabo-musulman, en France comme ailleurs ».
- Le « racisme anti-Blancs » n’existe pas (politis.fr)
Alors que les actes antisémites progressent de manière significative, de même que les actes racistes et islamophobes, les défenseurs de la France aux Français, les bons, les blonds, les Blancs, allument un contre-feu, et dénoncent avec force et vigueur le « racisme anti-Blancs ». C’est dire si leur combat contre l’antisémitisme est sincère. Et prioritaire. En réalité, ils ne font que hiérarchiser leur haine. Les Arabes et les Noirs d’abord, les juifs ensuite.
Voir aussi Fabien Roussel évoque un « racisme anti-blanc » (liberation.fr)
- “Je n’ai plus d’espoir” : sur les quais de Seine, un campement de 250 mineurs isolés bientôt évacué (francetvinfo.fr)
- Quand l’extrême droite instrumentalise le féminisme pour cibler l’islam et les migrant·es (theconversation.com)
Le féminisme est traditionnellement associé à des valeurs progressistes, telles que l’égalité et la justice sociale. Mais ces dernières années, des activistes d’extrême droite, comme « Némésis », les « Antigones » ou les « Caryatides », revendiquent leur féminisme. Ciblant l’islam et les migrants au nom de la défense des femmes, elles sont de plus en plus présentes dans les médias.
- Un an d’infiltration chez les identitaires (streetpress.com)
- À Toulon, deux mineurs tabassés par un groupe d’extrême droite attendent toujours des nouvelles de leurs plaintes (streetpress.com)
- Le silence de l’État face au meurtre d’un agriculteur anti-mafia en Corse (basta.media)
Pierre Alessandri était connu en Corse pour son engagement syndical contre la spéculation, les fraudes et les pratiques mafieuses. Alors que les investigations se poursuivent sur son assassinat le 17 mars, le silence des autorités est effarant.
Spécial résistances
- Mais qui brûle les voitures Tesla de Niort ? (liberation.fr)
En six mois, douze véhicules électriques de la célèbre marque du milliardaire Elon Musk ont été incendiés dans la ville des Deux-Sèvres. Les enquêteurs privilégient la piste criminelle.
- Millau fait flamber les machos : un carnaval pour cramer le crapaud patriarcal (millavois.com)
Spécial outils de résistance
- Bloque Bolloré sur Internet et les médias d’extrême droite (bloquebollore.codeberg.page)
- Non, la France n’est pas « submergée » par l’immigration (alternatives-economiques.fr)
Spécial GAFAM et cie
- Oops : Google says it might have deleted your Maps Timeline data (arstechnica.com)
- L’Italie ordonne à Google d’empoisonner son DNS public en vertu de la loi stricte Piracy Shield qui vise à empêcher le piratage des retransmissions en direct (developpez.com)
- Everything you say to an Alexa speaker will be sent to Amazon – starting today (theconversation.com)
Amazon has disabled two key privacy features in its Alexa smart speakers, in a push to introduce artificial intelligence-powered “agentic capabilities” and turn a profit from the popular devices.
- Whittaker : “don’t be fooled by WhatsApp’s marketing fluff” (cybernews.com)
Meredith Whittaker, the president of Signal, isn’t too happy with Will Cathcart’s recent statements, which suggest there are hardly any differences between WhatsApp and Signal.”WhatsApp can link that information to Facebook, to Instagram and to payment data that they could buy into. Signal simply doesn’t have all that data”
Voir aussi Dans un contexte tendu, Signal rappelle ses différences avec WhatsApp (next.ink)
Les autres lectures de la semaine
- Doctorow : rendre l’interopérabilité contraignante (danslesalgorithmes.net)
- Le service public dans la tourmente du néolibéralisme (contretemps.eu)
- D.O.G.E. : anatomie du coup d’État numérique d’Elon Musk (legrandcontinent.eu)
- Par pitié, arrêtez de dire « les Anglo-Saxons » (slate.fr – texte d’octobre 2020)
- A 1930s movement wanted to merge the US, Canada and Greenland. Here’s why it has modern resonances (theconversation.com)
- Guerre d’Algérie. Armes chimiques, le mur du silence (orientxxi.info)
Récemment déprogrammé par France Télévisions, Algérie, sections armes spéciales met en lumière la guerre chimique menée par l’armée française contre la population civile. En donnant la parole à des victimes et des anciens combattants, le documentaire soulève également des questions sur la transparence des archives militaires et la mémoire collective.
- « L’inceste reste considéré comme le problème de la victime » (revueladeferlante.fr)
- Comment nommer les nuages ? Une histoire entre science et art (theconversation.com)
Les BDs/graphiques/photos de la semaine
Les vidéos/podcasts de la semaine
- Retailleau : “Vive le sport, à bas le voile” : cette journaliste lui répond (lemediatv.fr)
- Loi Attal, narcotrafic : la grande offensive réactionnaire du Gouvernement Bayrou (lemediatv.fr)
- La Tesla du démon (radiofrance.fr)
- L’IA au service de la charia, c’est la charIA (radiofrance.fr)
les bros de la Silicon Valley inventent des technologies qui sont ensuite utilisées par leurs bros d’Iran pour oppresser les femmes. On est vraiment au carrefour des masculinités toxiques. […] Ça veut dire aussi que les génies de l’IA… font de loooongues études, très pointues… ils sont capables de coder des programmes hyper compliqués et la première chose qu’ils font au moment d’utiliser leurs compétences, c’est DE FOUTRE LA MISÈRE AUX MEUFS ? ! ! ! !
Les trucs chouettes de la semaine
- Sixteen Organizations Endorse the UN Open Source Principles (unite.un.org)
- Une alternative franco-allemande à Google Docs (francetvinfo.fr)
- Atlas international des nuages – Manuel de l’observation des nuages et des autres météores (cloudatlas.wmo.int)
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).