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27.10.2025 à 15:00

Casus Belli, la guerre avant l’État - Christophe Darmangeat

lundimatin

Avec cet entretien, nous débutons une nouvelle série thématique de lundimatin autour de « la guerre ». La guerre est dans toutes les têtes. Mais elle y est sur un mode abstrait, verbal, pauvre et nu. Nous voulons contribuer à sa reconquête conceptuelle. Une idée n’est concrète que lorsqu’elle est rapportée à la multitude des expériences réelles qui la constitue. Une idée n’est utile que lorsqu’elle pense en intériorité des mécanismes et des logiques qui nous permettent d’en saisir la réalité. Ce soir, nous accueillons l’anthropologue Christophe Darmangeat pour son volumineux Casus belli. La guerre avant l’État. Dans ce livre, publié en 2025 à La Découverte, Darmangeat déploie une vaste typologie des « confrontations » fondée sur des séries de cas ethnographiques fascinants.

Le concept de « guerre » ne renvoie et ne circonscrit plus qu’une forme précise et déterminée de confrontation parmi d’autres formes. La guerre y est définie comme une « confrontation discrétionnaire résolutive », c’est-à-dire : une confrontation collective sans accord préalable entre participants (l’agresseur ne demande pas l’autorisation d’attaquer) dont la résolution repose sur l’anéantissement de l’adversaire permettant d’asseoir sa propre « suprématie ». Mais, comme nous allons le voir, si toutes les guerres sont des confrontations, toutes les confrontations ne sont pas des guerres. La faide (ou feude), c’est-à-dire la vendetta, est une confrontation discrétionnaire comme la guerre, mais elle est résolue d’une autre façon que la guerre : non par la suprématie, mais par l’équilibre des comptes en homicides. La faide (la vendetta) est une confrontation par « règlement de comptes » qui passe par des « homicides de compensation ». La fin de cette confrontation n’est pas la suprématie par anéantissement de la force ennemie ; mais l’équilibre dans les comptes. Ce qui est frappant dans la définition de ces deux confrontations (guerre et faide), c’est qu’elles sont pensées comme pacifiste dans leurs finalités. La fin d’une guerre comme d’une vendetta est de mettre un terme à la faide ou la guerre par la faide et la guerre soit en atteignant l’équilibre soit en obtenant la suprématie.

En fait, ce qu’il est important de comprendre ici c’est que les confrontations ne doivent pas être pensées en fonction de la nature de ses agents. Par exemple, ce n’est pas l’État qui fait la guerre. La guerre n’est pas le propre de l’État. Pour comprendre une confrontation, il faut en déterminer les motifs et les fins. Ce sont à la fois les modes de circonscription du début et de la fin de la confrontation d’une part, et les motifs ou mobiles de la confrontation d’autre part qui en caractérisent le sens et le concept. Si la guerre et la faide sont deux confrontations « discrétionnaires résolutives », c’est parce qu’elles commencent sans prévenir l’adversaire et s’achèvent selon une « résolution » présente à l’esprit de celles et ceux qui la mènent (équilibre ou suprématie). 
 On verra qu’il y a bien d’autres formes de confrontations : par exemple, des confrontations où l’on s’accorde au préalable sur le lieu, l’heure et la durée du combat. Ce sont les duels collectifs. On sait comment ça commence, on est d’accord entre adversaires pour commencer et on sait où et comment cela doit se finir. Mieux encore : il y a des confrontations qui n’ont pas de résolution, qui sont non-résolutives, et dont la fin est indéfinie et, peut-être, infinie. C’est le cas des chasses aux têtes, des confrontations de deuil ou celles de vengeances. Les Wari’ de l’Ouest amazonien, par exemple, ne pratiquent pas la vengeanc

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13.10.2025 à 20:00

Remplacer nos députés par des rivières ou des autobus - Philippe Descola

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Pour l’anthropologue Philippe Descola, l’époque ne peut plus se contenter de penser politiquement à partir des conflits de classes et des rapports de force. Si ces catégories gardent bien entendu leur pertinence, elles doivent être rapportées à un contexte à la fois plus général et fondamental, celui des conflits de mondes. Malgré l’écrasement et l’hégémonie du monde de l’économie et du capitalisme, persistent d’autres manières extrêmement variées de composer des mondes, c’est-à-dire de tisser des rapports à l’environnement, d’habiter des lieux. C’est tout le propos de son nouveau livre Politiques du faire-monde : l’enjeu de l’anthropologie n’est pas de compiler les traces de vies primitives et exotiques perdues dans quelques forêts à l’autre bout du monde mais de nous tendre le miroir de notre propre socio-centrisme. Il s’agit donc d’une anthropologie éminemment pratique qui permet d’interroger les présupposés tant des sciences sociales classique que des théories politiques, qu’elles soient libérales ou marxistes.

Dans son son ouvrage de référence Par-delà nature et culture, Philippe Descola demontrait que ce qui caractérise les « modernes » c’est de séparer le monde en deux catégories principales, nature et culture. Or ces catégories sont situées historiquement et géographiquement et recouvrent une réalité beaucoup plus riche et diverses tant il existent d’autres manières de se rapporter à l’humain comme au non-humain malgré la menace constante d’ethnocide et la voracité de l’extractivisme capitaliste. C’est ce travail que vient prolonger pour mieux le « politiser », ce nouveau Politiques du faire-monde.

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08.10.2025 à 12:00

« C’est leur monde qui est fou, pas nous » Un lundisoir sur la Mad Pride et l’antipsychiatrie radicale

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Ce samedi 11 octobre se tient la première Mad Pride autonome. Pride pour fierté, évidemment et Mad pour « fou » et énervé. S’il y a bien une question qui est systématiquement dépolitisée, c’est celle de l’inadéquation psychique au monde ; ceux qui nous gouvernent parlent de « santé mentale », Emmanuel Macron en a même fait la grande cause nationale de l’année 2025. Il s’agirait de prendre en charge ce qui déborde, de faire rentrer dans le rang ceux qui déconnent. Mais que disent-ils tous ceux-là ? Les fous, les traumatisés, les déprimés, les dépressifs, les fêlés, les bipolaires, les toqués, les psychotiques, les dingues et les maniaques ? Pour en parler, nous avons invité deux membres du collectif Mad Pride Paris, Joan qui tient le blog Comme des fous et nan marci, chercheuse en philosophie, artiste et militante féministe, marxiste et antipsychiatrie. Entre eux, nous avons aussi convié Jonathan, un patient ordinaire qui a récemment publié deux textes formidables sur lundimatin dans lesquels il raconte avec beaucoup de justesse et d’humour ce que cela signifie d’être « fêlé » et en concubinage avec de trop nombreuses pilules.

Mad Pride, un manifeste
Le site de la Mad Pride
Le site Comme des fous
Police, polisse, polis, « La psychiatrie n’est pas en crise, c’est la crise qui est psychiatrisée »un article de Jonathan l’im-patient.
En prise et contre nous, la suite de celui ci-dessus.

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04.10.2025 à 15:00

Comment devenir fasciste - La stratégie de conversion de Mark Fortier

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On glose beaucoup, y compris dans lundimatin, sur la « fascisation » en cours de nombreux régimes considérés jusque là comme des démocraties libérales. Tropisme français, on commence toujours par penser les mutations sociales à partir des évolutions du pouvoir ; accaparés et obsédés que nous sommes par les institutions. Dans ce revigorant Devenir fasciste, une thérapie de conversion Mark Fortier explore ce que cela implique de devenir soi-même fasciste. Quels rapports au monde, aux autres et à la pensée sont requis pour accéder à cette forme bien particulière de la petitesse éthique.

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22.09.2025 à 20:00

Pouvoir et puissance (ou pourquoi refuser de parvenir) - Sébastien Charbonnier

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Philosophe et spécialiste des sciences de l’éducation, Sébastien Charbonnier vient de publier Pouvoir et puissance (Vrin), un petit manuel de philosophie pratique. Le sous-titre de l’ouvrage a valeur de programme : Refuser de parvenir : une joie pure. Spontanément, on pense au dégoût que peuvent susciter des Rastignac et des Bel-Ami, voire plus proche de nous, les figures plus ou moins pathétiques de Attal ou autre Darmanin ; dents qui rayent le parquet et dalle du requin-outsider déterminé à dévorer à sa tour. En réalité, il s’agit ici de quelque chose d’à la fois plus précis et plus vaste.

Ce mot d’ordre (de désordre) issu du milieu pédagogique-libertaire, anarcho-syndicaliste, de l’entre-deux-guerres est repris par l’auteur qui choisit d’en étendre le sens à l’ensemble des rapports de pouvoir. Non pas le refus sacrificiel et/ou stratégique de l’établi maoiste, qui projette une fin (la révolution) au-delà de moyens non désirables pour eux-mêmes (l’exploitation quotidienne) – et c’est là un autre sens de l’idée de « parvenir », parvenir à ses fins, remettre à plus tard, et s’extraire ainsi de toute prise sur le présent – non pas cela, donc, mais la joie pure de ne pas se laisser tyranniser par les tristes affects que la vie du tyran (qu’il soit étatique ou domestique) charrie toujours avec elle.
 C’est à partir de recherches qu’il mène depuis longtemps autour des philosophies de l’éducation et des rapports de pouvoir entre adultes et enfants, que l’auteur puise ses remarques sur la puissance collective qui réside dans le refus des dominations. Si bien que la forme du livre correspond, elle aussi, à ces enjeux d’émancipation : abandonner la velléité d’ « éduquer » depuis une position de prétendue supériorité épistémocrate mais multiplier, par la dispersion joyeuse des aphorismes, les occasions de produire une rencontre avec autrui. Or, ce n’est pas en moralisant qu’on rencontre, mais plutôt en commençant dès maintenant à pratiquer les relations que les pouvoirs rendent impossibles.
 Pour accompagner l’entretien, des bonnes feuilles sont disponibles ici.
Ajoutons que les éditions lundimatin publieront le prochain livre de Sébastien Charbonnier: La fabrique de l’enfance, anthropologie de la comédie adulte dont vous pouvez déjà lire quelques extraits ici.

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