LUNDI SOIR LUNDI MATIN VIDÉOS AUDIOS
02.05.2022 à 20:00
Ouvrir grandes les vannes de la psychiatrie ! - Martine Deyres
La savante composition du film s’accorde parfaitement avec son sujet. A partir des bobines de films retrouvées dans la bibliothèque de Saint Alban, Martine Deyres nous fait voir, nous fait sentir ce que fut la vie dans le désormais légendaire hôpital. Comment des psychiatres liés à la révolutions catalane et à la Résistance trouvèrent des manières de rompre avec les logiques asilaires qui conduisirent à la mort des dizaines de milliers d’internés psychiatriques, pendant l’Occupation.
On y retrouve des patients, des paysans, des nonnes, des villageois devenus des infirmières et infirmiers. On y retrouve bien sûr les voix du Catalan Francesc Tosquelles, du couple Balvet, de Lucien Bonnafé, de Jean Oury... On entend parler de Georges Canguilhem, de Paul Eluard, de Georges Dubuffet... Mais on y retrouve aussi des paysages, des processions, des fêtes votives comme des carnavals, des travaux des champs, des élevages, une imprimerie, des ateliers, un journal interne à l’hôpital fait avec les patients...
Ce film ne verse pas dans l’hagiographie, ne veut pas conforter le caractère légendaire de la psychothérapie institutionnelle dont le travail de Tosquelles à Saint Alban en fut le berceau. Il nous invite à penser ce que pourrait être aujourd’hui une psychiatrie qui s’ouvre à son dehors malgré l’implosion du secteur psychiatrique.
Il y a aujourd’hui le désinvestissement de l’État dans l’hôpital, la gestion managériale de celui-ci conduisant à un cruel manque de moyens. Mais ce que nous apprend Tosquelles, lorsqu’on songe à l’état du monde asilaire sous l’occupation qui fit des hôpitaux des mouroirs, c’est que la psychiatrie peut se réinventer en se sortant elle-même de son propre enfermement...
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25.04.2022 à 20:00
La barbarie n'est jamais finie - Louisa Yousfi
« Je baiserai la France jusqu’à ce qu’elle-même. » On trouve cette citation du duo de rap Tandem au cœur du chapitre que Louisa Youfi consacre à Booba dans Rester barbare, son premier livre. Un livre qui commence par un portrait de Kateb Yacine, dans lequel on pourrait vouloir lire une sorte d’autoportrait. Et puis, en fait, peu importe les autoportraits. Ceci dit, en revanche, le passage qui, parlant du rap, saisit au plus près en même la nature de ce livre – peut-être sans faire exprès mais, là encore, peu importe – est celui qui déclare l’impossibilité de rendre compte de la puissance du rap, puissance de création et de démolition, qui n’existe qu’en acte, en flow, et qui laisse son auditeur pantois, finalement comme ce livre. En voulant résumé ou chroniquer celui-ci, on se retrouve face à cette impossibilité. À ne pas pouvoir l’évoquer sans le réduire. Nous ne ne saurions trop inviter nos spectateurs à lire ces quelque cent pages. Plutôt que de le résumer, on a essayé de composer une sorte de playlist de textes et de sons à partir de laquelle on aurait pu comprendre ce que signifie cette position esthético-éthique : celle du barbare. On y est d’autant mieux parvenu qu’on n’a pas réussi. Bienvenue en Barbarie.
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18.04.2022 à 20:00
Virginia Woolf, le féminisme et la guerre - Naomi Toth
On a parfois tendance à penser le féminisme de Virginia Woolf comme ancré dans la question de l’écriture. On l’associe souvent à cette revendication bien connue du droit pour les femmes à avoir un lieu à soi, A room of one’s own, comme la forme très concrète d’une indépendance et d’une autonomie élémentaire. Mais les interrogations féministes de Woolf traversent les murs de la maison et interrogent les structures patriarcales de la société sur des sujets qui en sont bien éloignés.
Trois guinées, son avant dernier livre, une fiction épistolaire écrite pendant la Guerre d’Espagne, répond ainsi, en tant que femme à la question posée par un homme : « Que devrions-nous faire pour arrêter la guerre ? «
Sans cesser de rendre ce « nous » problématique, et face aux photos de la barbarie guerrière comme de ses honneurs, Virginia Woolf sonde dans ses réponses les analogies de l’autorité patriarcales, du foyer aux champs de bataille.
Nous en discutons avec Naomi Toth.
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28.03.2022 à 20:00
Françafrique : l'empire qui ne voulait pas mourir - Thomas Deltombe et Thomas Borrel
Qu’est-ce que la Françafrique ? Spontanément, nous avons tous l’impression de le savoir, dans le détail, ce néologisme recouvre une réalité floue voire opaque que nous serions bien en mal de décrire et d’historiciser. C’est justement ce à quoi s’attèle L’Empire qui ne veut pas mourir - Une histoire de la Françafrique, pavé de presque mille pages publié sous la direction de Thomas Borrel, Amzat Boukari Yabara, Benoît Collombat et Thomas Deltombe dont nous avions déjà rendu compte ici. L’ouvrage, de par son volume, pourrait paraître intimidant, il n’en est pas moins passionnant. Une vingtaine de chercheurs, journalistes, militants et spécialistes s’y relaient pour décortiquer les évolutions de l’empire colonial français, ses sales petites secrets autant que son système officiel et revendiqué. Nous en discutons ce lundisoir avec Thomas Deltombe et Thomas Borrel.
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14.03.2022 à 20:00
État des luttes en Guadeloupe - Elie Domota
Depuis la métropole, la Guadeloupe est d’abord connue pour ses magnifiques plages de sable blanc et les hordes de retraités ou vacanciers qui viennent s’y étaler pour bronzer. En réalité, c’est certainement l’un des territoires « français » où la contestation de l’ordre des choses et du monde est la plus dense et la plus intense. On se souvient que de janvier à mars 2009, l’île connaissait un mouvement de grève générale et de blocages sans précédent. À l’initiative, le LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon), un mouvement indépendantiste regroupant une cinquantaine d’organisations syndicales, associatives, politiques et culturelles qui s’est depuis imposé comme la première force politique de Guadeloupe. Cette dernière année, un large mouvement de contestation de la politique sanitaire française s’est déployé dans l’île. Après de nombreuses manifestations populaires contre le passe sanitaire, la radiation de centaines de professionnels de santé et face au mépris ostensible du gouvernement, le mouvement a de nouveau recouru au blocage de toutes les routes en novembre et décembre. Pour ce lundisoir, nous sommes allés à Pointe-à-Pitre rencontrer Elie Domota, secrétaire général de l’Union Général des Travailleurs de Guadeloupe et porte-parole du LKP afin de receuillir son analyse des évènements récents et de la mobilisation en cours. [Nous avons rencontré quelques difficultés techniques lors de cet entretien. Nous nous excusons pour la piètre qualité de l'enregistrement audio. Tendez l'oreille!]
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