10.05.2025 à 12:08
L'Autre Quotidien
Le fan de jazz habitué à entendre Wallich va chercher un début de fil, une idée qui se structure en mode connu - quand justement l’idée est de défricher ailleurs. Jouer/rejouer/filtrer/entendre et regarder comment cela se déjoue à chaque fois qu’un motif s’installe pour mieux progresser.
Musique organique - ta mer - qui cherche l’espace du jeu, en quête d’écarts et de sinuosités peu connues.
De celles qu’on trouve dans le contemporain, mais plus rarement dans le jazz improvisé, et dont les codes semblent ici oubliés.
Tabula rasa - demain on rase gratis - de ces deux constantes du son envoyé/ retravaillé et renvoyé surgissent de nouvelles géographies auditives, de celles , basées sur autre chose que le projet musical attendu, qui déroutent pour vous prendre par l’oreille et vous transporter dans de nouveaux espaces, des espèces d’espaces inouïs - pas esquimaux pour une note - mais qui explorent une façon jouer, une façon d’enjouer même, par la surprise/méprise de l’attente déçue.
ReBis- Sans Motif Apparent - Eaux Sombres
Et c’est là que c’en devient passionnant . A vous tendre l’impro pour vous en saisir un instant et vous ouvrir une autre possibilité d’écoute. Mieux la brusquer ensuite, de suite, pour vous maintenir dans l’instant. Pour vous détendre à l’alentour ou vous attendre au prochain détour.
NOUVEAU
[14:58]
N’attendez pas, laissez-vous porter/transporter par la proposition sonore ici jouée/voulue/défendue et délivrée sur la reprise d’ un souffle qui passe, d’une mélodie qui va s’amorçant pour se déjouer en ouvrant un autre registre.
Si, au départ, c’est loin d’être facile d’accès; un seul objectif, se laisse prendre, se laisser emporter vers cet ailleurs, cette belle proposition déroutante/ envoutante.
Sur la scène: deux musiciens, des machines, un saxo et le présent qui se dit en mode souverain, en mode méconnu, mais en mode triomphant.
ReBis, une autre façon de jouer, d’entendre et de s’écouter
L’homme est-il allé sur la lune ( et de qui ?), c’est peut-être ici que cela se joue, entre connu et reconnu, entre improvisation qui souffle et machine qui filtre pour improviser à son tour.
Comme disait Dante dans son Inferno : « Toi qui entre ici, perd toute illusion ».
En transposant un peu, la géographie s’ouvre, le souffle se délie, la musique se déploie et vous en restez coi.
A la croisée de l’électronique, de l’électro-acoustique et du son craquelé qui en surgit, il va falloir laisser fuir votre écoute, la laisser vagabonder pour qu’elle saisisse les ressorts et les clefs - du sax comme de la table de mixage; se laisser apprivoiser par cette façon de faire qui vous colle d’abord le doute sur ce qui se passe ici, pour ensuite vous balader/offrir/ faire surgir cet instant présent de l’impro qui, dès lors, vous a doucement ouvert à une autre écoute, un autre univers à reconnaître et partager. L’espace d’un souffle et de son transport assuré.
ReBis, sans redite - et c’est tant mieux.
Jean-Pierre Simard, le 12/05/2025
ReBis - Sans motif apparent - Disques Eaux Sombres
10.05.2025 à 11:55
L'Autre Quotidien
TOKOUDAGBA_Sans_titre3
Native d’Abomey — capitale de l’ancien royaume — Elise Tokoudagba s’inscrit dans une lignée artistique forte. Fille aînée de Cyprien Tokoudagba, figure incontournable de la scène artistique africaine contemporaine, elle a été initiée très jeune aux arts plastiques dans l’atelier familial. Son père, connu pour avoir participé à l’exposition historique Les Magiciens de la Terre au Centre Pompidou en 1989, a profondément marqué le renouveau de l’art contemporain béninois en alliant traditions vodoun, narration historique et techniques monumentales. Cette transmission directe, patiente et vivante, a profondément nourri l’approche d’Elise Tokoudagba, qui a su en faire une œuvre singulière, ancrée mais résolument personnelle.
« Mes pièces parlent des rois et des guerriers de l’ancien Dahomey. Elles représentent les divinités, les dieux et les demi-dieux, et décrivent la vie sociale des habitants », explique l’artiste.
L’argile, qu’elle modèle, cuit et peint avec maîtrise, est son médium de prédilection.
Elle n’oublie pas les femmes — déesses, amazones, ou héroïnes du quotidien — qui sont bien présentes dans son panthéon. En tant que femme artiste, elle a su s’imposer dans un environnement souvent masculin, et sa reconnaissance institutionnelle témoigne de la force de son parcours. En effet, en 2024, le musée du quai Branly — Jacques Chirac a acquis deux de ses céramiques, et elle expose régulièrement, au Bénin et en France.
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En écho à ses sculptures, la bande dessinée Tassi Hangbé — L’Amazone, Reine du Danxomè ! (H Diffusion), écrite en 2024 par Mèdéssè Nathalie Sagbo et illustrée par Gilchrist Domingo, retrace l’histoire oubliée de la reine Tassi Hangbé. Elle fut au XVIIIe siècle l’unique femme à avoir régné sur le trône du Dahomey, et fonda le corps militaire féminin des célèbres amazones. Pourtant sa vie, son règne et sa bravoure ont longtemps été occultés et ignorés. Passionnée de littérature, Mèdéssè Nathalie Sagbo signe là une première œuvre graphique ambitieuse, où se mêlent documentation historique, fiction et volonté de réhabilitation des grandes figures féminines africaines. Gilchrist Domingo, de son côté, apporte à cette œuvre un dessin d’une grande richesse visuelle, mêlant influences traditionnelles et modernité graphique. Lancée à Cotonou puis présentée dans plusieurs festivals et salons en Afrique de l’Ouest et en France, la bande dessinée a connu un succès immédiat, salué par la critique et largement relayé par les médias culturels.
Les héritières du Dahomey célèbre ainsi la vitalité de la création contemporaine béninoise portée par deux femmes qui, chacune à sa manière, ont su affirmer leur voix, faire acte de transmission et obtenir une reconnaissance institutionnelle. Une exposition comme un pont entre les générations, entre l’histoire et la création, entre spiritualité ancienne et engagement contemporain.
Mamadou Hempaté-Haut le 12/05/2025
Elise Tokoudagba, Mèdéssè Nathalie Sagbo - Les héritières du Dahomey- > 31/05/2025
Galerie Vallois 35 & 41, rue de Seine 75006 Paris
Elise Tokoudagba, Sans titre, 2024 — Terre cuite peinte, 12 x 18 x 15 cm Courtesy of the artist & Galerie Robert Vallois, Paris
10.05.2025 à 09:45
L'Autre Quotidien
En soudant des outils industriels tels que du fil barbelé, des cisailles et des chaînes à des morceaux de porcelaine et de poterie cassés, l'artiste s'inspire de nos associations avec le vieillissement, le décorum et l'usure quotidienne.
Influencées par le kintsugi, l'art japonais qui consiste à réparer les céramiques brisées à l'aide de coutures métalliques pour souligner l'histoire de l'objet, les sculptures font allusion à nos expériences et à nos émotions intérieures. « Je poursuis mon voyage en exprimant mon émerveillement, ma confusion, ma bataille féroce avec le dilemme d'être un humain », explique-t-il. "Mon travail continue d'ouvrir plus largement les blessures de l'amour et de la vie, de marcher dans cette vie sans avoir peur d'utiliser mon cœur.”
En savoir plus sur Glen Taylor sur son site et son Insta
Phil Deferre avec Colossal, le 12/05/2025
Le kintsugi potier sado-maso de Glen Taylor