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22.11.2024 à 20:41

Kendrick Lamar sort un nouvel album surprise

FRANCE24

Intitulé "GNX", comme l'un des modèles de la marque de voitures Buick, avec lequel il pose en couverture, l'album comporte 12 titres. Dès le morceau d'ouverture, la star de la côte Ouest américaine fait allusion à la rivalité qui l'oppose à Drake. Il reproche au vétéran Snoop Dogg d'avoir partagé sur Instagram un titre humiliant du Canadien à son encontre. Longtemps confinée à une guerre de mots assez conventionnelle, l'inimitié entre Kendrick Lamar et Drake a pris un tour acide au début de l'année. Les deux stars ont multiplié les "diss tracks", ces morceaux conçus pour ridiculiser l'adversaire, avec des accusations retentissantes. Titulaire du prestigieux prix Pulitzer, Kendrick Lamar a notamment sous-entendu que Drake aurait eu des relations sexuelles avec des mineures et a accusé le rappeur canadien métis d'être un "colonisateur" de la culture noire américaine. De son côté, Drake a suggéré que des infidélités, voire des abus, ont entaché la relation entre Kendrick Lamar et sa fiancée. "GNX" est le premier album de Kendrick Lamar depuis "Mr Morale & The Big Steppers" sorti en 2022 et qui lui a valu trois Grammy Awards, sur les 17 récoltés au cours de sa carrière. Dans son nouvel opus, le rappeur de Compton, célèbre banlieue défavorisée de Los Angeles, évoque également sa prestation à venir lors du prochain Super Bowl en février 2025. Il sera la tête d'affiche du concert de la mi-temps pour cette grand-messe annuelle du football américain, qui se déroulera à la Nouvelle-Orléans. Un choix qui a provoqué une petite polémique chez les fans de rap: certains ont estimé que le rappeur Lil Wayne, natif de la ville, aurait dû être la star de l'événement. Dans son nouveau morceau "Wacced Out Murals", Kendrick Lamar rend hommage au rappeur de Louisiane, en expliquant qu'il avait l'habitude d'écouter un de ses titres. Mais "ironie du sort, je crois que mon travail acharné à fait du tort à Lil Wayne", lâche-t-il.

22.11.2024 à 20:29

Michelin: à Cholet, des salariés restent mobilisés pour "partir dans la dignité"

FRANCE24

"C'est terminé, mon boulot, mon salaire, mes amis. Ce n'était pas que leur usine, c'était la nôtre aussi. Ce qui a fait leur richesse, c'est nous, les employés. Et maintenant, ils nous virent comme des malpropres. Bosser chez Michelin, c'était une fierté", explique Jack Roux, 50 ans, dont 24 à l'usine de Cholet. Depuis l'annonce de la fermeture le 5 novembre dernier, plusieurs dizaines de salariés se relaient jour et nuit près des grilles de l'usine. Un canapé gris et des chaises de jardin ont été installés sous une tonnelle, à côté de barils d'où s'échappent quelques flammes et une fumée grise. Hors de question pour Jack Roux de "partir avec des miettes". "Cela ne m'amuse pas d'être ici mais c'est la dernière chose qu'on peut avoir: des négociations pour partir dans la dignité", ajoute-il, bras croisés devant des dizaines de pneus empilés. Gilet CFDT sur le dos, Anis Ben Tijani, 47 ans, se dit "effondré". "Je cogite jour et nuit. Ma compagne dit que j'en parle même dans mon sommeil", affirme le salarié, qui redoute après "13 ans de boîte" de ne pas retrouver ailleurs son niveau de salaire actuel. "Un travail, ce n'est pas qu'un travail, j'étais heureux de dire que j'étais chez Michelin. Ils peuvent proposer des mutations mais il y a des contraintes: ma femme est choletaise, l'éloigner de sa famille c'est compliqué, c'est ce qui fait son équilibre", explique-t-il. "Charité" Sur le muret blanc qui borde l'entrée de l'usine, des tags multicolores ont été tracés: "Arrivé jeune et motivé, largué usé et abîmé", "Vous nous devez plus que des discours et la charité". Le 5 novembre, la direction du fabricant de pneumatiques français avait annoncé la fermeture avant 2026 de ses sites de Cholet (955 salariés) et Vannes (299), mettant en cause "l'effondrement" des ventes des pneus pour camions et camionnettes. Selon Michelin, ces fermetures sont devenues "inéluctables" en raison de la concurrence asiatique dans ce domaine. A Cholet, les salariés en colère avaient aussitôt voté la grève et bloqué l'entrée et la sortie des camions sur le site. L'usine tourne depuis au ralenti. "On n'empêche personne d'entrer à pied, des salariés vont chaque jour travailler. Mais la production est au ralenti sans les camions qui entrent et sortent", explique Bastien You, délégué CGT. Assignation Pour tenter de mettre fin au blocage, le groupe Michelin a assigné sept salariés en référé devant le tribunal d'Angers, demandant à ce que les mis en cause ainsi que "toute personne entravant le libre accès de l'enceinte de livraison de l'entreprise" soit "condamnée à laisser libre l'accès de l'établissement de Cholet à tout véhicule ou personne", selon l'assignation. Le juge des référés a finalement ordonné vendredi une rencontre des deux parties avec un médiateur, d'après la décision, consultée par l'AFP. A l'issue du rendez-vous, elles devront indiquer si elles souhaitent, ou non, entrer en médiation. Michelin "va se conformer à la décision du juge", a déclaré le groupe à l'AFP en fin de journée. "Le groupe rappelle l'urgence d'une reprise rapide de l’activité du site conformément au souhait de la très grande majorité des salariés de Cholet qui sont tous pénalisés par cette situation de blocage', a-t-il ajouté. De son côté, l'avocat des sept salariés, Me Hugo Salquain, a salué la "décision responsable de la juridiction". Il avait dénoncé à l'audience le "capitalisme sauvage" de Michelin et regretté que le groupe ait assigné des salariés "alors même que la direction disait être dans le dialogue". En fin de semaine dernière, police et pompiers étaient venus sur le site demander aux salariés de mettre fin aux feux de pneus et à leurs fumées noires. Des morceaux de bois ont depuis remplacé le caoutchouc dans les brasiers.

22.11.2024 à 20:09

Indonésie: à Aceh, une patronne de café bouscule les moeurs

FRANCE24

"Je me suis dit: pourquoi ne pas ouvrir un endroit où les femmes se sentent à l'aise ?", se souvient Qurrata Ayuni, 28 ans, première femme, selon elle, à diriger un café à Banda Aceh, pourtant surnommée la "ville aux 1.001 cafés". Dans cette cité de 260.000 habitants, située sur la pointe nord de l'île de Sumatra, les cafés sont habituellement une affaire d'hommes, avec une clientèle masculine enveloppée de fumée de cigarette. Bien que rien n'interdise aux femmes d'exercer ce type de métier dans la charia, tenir un café est souvent perçu comme un travail masculin dans cette province où tout manquement à la loi islamique est susceptible d'être puni par des coups de canne. "Il est très difficile à Aceh pour les femmes de suivre des études ou de se lancer dans une carrière car elles font face à des barrières légales mais aussi aux sarcasmes", relève Andreas Harsono de l'ONG Human Rights Watch. Forte de sa détermination, Qurrata Ayuni a offert aux femmes de sa ville avec son café Morning Mama un espace où se retrouver ou travailler. "Il n'y a pas de fumée de cigarette, ce n'est pas bruyant, c'est vraiment +cozy+", assure-t-elle, précisant que quelques hommes aussi fréquentent son établissement. "Je me sens attachée à cet endroit", souligne Meulu Alina, une étudiante de 21 ans, devenue une habituée. "Si je demande quelque chose à une barista femme (...) c'est un peu comme si je parlais avec ma sœur". Valeurs conservatrices L'histoire du café à Aceh remonte à des centaines d'années, lorsque des colons hollandais ont importé les premières graines de caféier dans l'archipel pour y établir des plantations, donnant naissance à une riche tradition liée au café dans la province. La province d'Aceh est aussi connue pour appliquer des valeurs ultra-conservatrices, notamment en ce qui concerne le rôle des femmes dans la société. A Aceh, contrairement au reste de l'Indonésie, le voile est obligatoire pour les femmes et elles ne peuvent pas s'assoir dans un espace public avec des hommes qui ne sont pas de leur famille. "Ici, les gens ont tendance à croire que les femmes doivent rester à la maison", déplore Qurrata Ayuni. "Or les femmes sont capables de bien plus que ce qu'on leur accorde souvent". "Il est temps que les choses changent". Selon elle, le vent est déjà en train de tourner. La preuve : plus de 1.000 femmes ont candidaté à un poste de barista que la cheffe d'entreprise cherchait à pourvoir. "Je veux leur offrir la possibilité de changer le cours de leur vie", affirme Qurrata Ayuni, qui emploie déjà dans son café cinq femmes et deux hommes. "N'ayez pas peur" Son parcours, estime Qurrata Ayuni, est "la preuve que les femmes peuvent être propriétaires d'entreprises, prendre des décisions et diriger". A l'âge de huit ans, elle a perdu ses deux parents dans le tsunami meurtrier de 2004 qui a fait plus de 200.000 morts dans cette province d'Indonésie. Son village, près de Banda Aceh, a été entièrement détruit par la catastrophe. Pour elle, ce café est une "plateforme qui permet d'aider les autres à trouver leur propre chemin vers la résilience". De nombreuses femmes ont "encore peur de se lancer", par crainte que des hommes ne les jugent. A celles-ci, Qurrata Ayuni dit: "Ne restez pas les bras croisés. N'ayez pas peur."

22.11.2024 à 20:07

Pam Bondi, une obligée de Trump au ministère de la Justice

FRANCE24

"J'ai l'honneur d'annoncer que l'ex-procureure générale de Floride, Pam Bondi, sera notre prochaine ministre de la Justice", a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social jeudi soir, quelques heures après le retrait de son précédent poulain, le controversé élu de Floride (sud-est) Matt Gaetz. "Depuis trop longtemps, le ministère de la Justice est instrumentalisé contre moi et d'autres républicains. Plus maintenant", a affirmé le président élu, qui a déjà placé trois de ses avocats personnels à des postes stratégiques de ce ministère clé. "Je connais Pam depuis des années, elle est intelligente et dure", a-t-il ajouté. De fait, les relations entre celle qui était alors une étoile montante du Parti républicain et le futur président remontent à plus d'une décennie. En 2013, Donald Trump a ainsi contribué par un versement de 25.000 dollars à la campagne pour la réélection de Pam Bondi, native de Tampa, comme procureure générale de Floride, la première femme à ce poste. A l'époque, son Etat envisageait de se joindre à une action collective pour escroquerie engagée par son homologue de New York contre l'"Université Trump". L'affaire s'est finalement soldée en 2016 par un accord aux termes duquel le magnat de l'immobilier avait consenti à indemniser pour 25 millions de dollars les quelque 6.000 étudiants victimes. Mais Pam Bondi avait renoncé en 2013 à rejoindre cette action de groupe, une décision dont elle a dû se justifier par la suite, niant tout lien avec le don de Donald Trump à sa campagne. Cabinet de lobbying En tant que procureure générale résolument conservatrice, elle a ferraillé avec ses collègues d'autres Etats gouvernés par les républicains contre la réforme du système de santé Obamacare, le mariage homosexuel ou encore la légalisation du cannabis à usage thérapeutique. Pam Bondi a également combattu le trafic de drogue et d'êtres humains et soutenu la peine capitale en Floride. Au terme de son second mandat, en 2019 elle a été embauchée par le cabinet de lobbying républicain Ballard Partners, pour lequel la juriste de 59 ans travaille encore actuellement. Elle y a notamment représenté les intérêts d'entreprises comme General Motors, Amazon et Uber ou encore l'émirat du Qatar. En 2020, Pam Bondi a fait partie de l'équipe d'avocats de Donald Trump lors de son procès en destitution au Sénat, où il a été acquitté par la majorité républicaine d'alors. Il était accusé d'avoir tenté de faire pression sur le président ukrainien Volodymyr Zelensky - lors d'une conversation téléphonique passée à la postérité - pour que Kiev enquête sur le fils de Joe Biden, son rival pour la présidentielle de 2020, en échange d'une aide militaire cruciale. Pam Bondi a ensuite rejoint l'équipe d'avocats qui a mené sa vaine contestation judiciaire de l'élection de Joe Biden. En récompense de ses bons et loyaux services, juste avant son départ de la Maison Blanche, Donald Trump l'a recasée au conseil d'administration du prestigieux centre artistique John F. Kennedy, à Washington. L'ex-procureure de Floride lui a ensuite manifesté sa fidélité en venant assister à New York, au printemps de cette année, à son procès pénal pour paiements dissimulés à l'actrice de films X Stormy Daniels lors de sa campagne victorieuse de 2016. Un point commun à beaucoup de membres de la future administration Trump.

22.11.2024 à 20:07

La justice française reconnaît le préjudice écologique d'atteinte à l'herbier de posidonie

FRANCE24

"Cette décision de justice inédite contribue à l'efficacité de la politique de protection des herbiers de posidonie", cette plante endémique de Méditerranée qui sert de puits de carbone, nurserie pour poissons et protection contre l'érosion côtière, s'est réjoui la préfecture maritime de Méditerranée dans un communiqué. La France interdit depuis 2020 le mouillage des yachts de plus de 24 mètres dans certaines zones de la Côte d'Azur et de la Corse, hauts lieux de la plaisance mondiale. Les ancres des yachts, notamment quand on les relève, mais aussi le mouvement de leurs chaînes lors du mouillage, peuvent causer de véritables balafres sur des centaines de mètres à cette plante protégée depuis 1988. Dans cette affaire, deux capitaines de yachts étaient poursuivis pour avoir mouillé en zones interdites. Le premier yacht, le "Take off", pavillon maltais et capitaine hongrois, a jeté l'ancre illégalement au large de Cannes et Saint-Tropez (sud) entre 2021 et 2023. Le deuxième, "My Falcon", long de 51 mètres, battant pavillon des îles Caïmans et au capitaine turc, avait mouillé dans une zone interdite à Cannes en 2023. Poursuivis au pénal, leurs capitaines avaient été respectivement condamnés à 20.000 euros d'amende et une interdiction de naviguer dans les eaux françaises pour le premier, Hongrois, et à 15.000 euros d'amende pour le second, Turc. Mais deux associations de défense de l'environnement en Provence-Alpes Côte d'Azur, France Nature Environnement (FNE) et de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), avaient demandé que le préjudice écologique soit aussi pris en compte afin d'obtenir une réparation. Les associations avaient retenu deux méthodes de calcul: l'une consiste en une estimation de la valeur des services écosystémiques rendus par l'herbier de posidonie, l'autre se base sur les coûts estimés de la restauration de cet herbier. Dans le premier cas, le préjudice avait été chiffré à 213.223 euros par les associations, dans le second à 246.875 euros. Au civil, le tribunal maritime a retenu vendredi le préjudice écologique et condamné les capitaines des yachts à verser des indemnités de 86.537 euros pour celui du "Take Off" et à 22.423 euros pour celui du "My Falcon". Cet argent ira à l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse pour mener des opérations de restauration écologique des herbiers de posidonie. Les capitaines devront également payer 5.000 euros, pour le "Take Off", et 4.000 euros pour le "My Falcon", au titre de préjudice moral aux deux associations parties civiles. "En reconnaissant l’existence d’un préjudice écologique causé par les mouillages illégaux, les magistrat·es ont rendu aujourd’hui une décision d'importance en faveur de la préservation herbiers de posidonie, écosystème (...) fondamental pour le vivant marin et terrestre", s'est félicité la FNE.

22.11.2024 à 19:45

L'inquiétude grandit autour du sort de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal

FRANCE24

. Qui est Boualem Sansal? Né en 1949 à Theniet El Had, en Algérie, d'un père d'origine marocaine et d'une mère qui a reçu une éducation à la française, il commence à écrire à 48 ans et publie son premier roman, "Le Serment des Barbares", deux ans plus tard. Il y raconte la montée en puissance des intégristes qui a contribué à faire plonger l'Algérie dans une décennie de guerre civile ayant fait 200.000 morts entre 1992 et 2002. Après une carrière d'enseignant, de chef d'entreprise et de haut fonctionnaire, il est limogé en 2003 du ministère de l'Industrie algérien pour sa position critique contre le pouvoir, en particulier sur l'arabisation de l'enseignement. En 2019, il participe à Alger aux manifestations qui conduisent à la démission du président Abdelaziz Bouteflika. . Que lui est-il arrivé ? Selon plusieurs médias, dont l'hebdomadaire français Marianne, l'écrivain aurait été arrêté samedi à l'aéroport d'Alger, en provenance de France. Aucune information officielle, ni même sous couvert d'anonymat, n'a cependant filtré sur son sort des deux côtés de la Méditerranée, dans un contexte de relations tendues entre les deux pays. Selon Le Monde, les autorités algériennes pourraient avoir très mal pris des déclarations de Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, qui reprennent la position marocaine selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie. D'après le quotidien, il s'agirait d'une "ligne rouge" pour Alger, qui pourrait valoir à l'écrivain des accusations d'"atteinte à l'intégrité nationale". Jeudi soir, l'entourage du président Emmanuel Macron a fait savoir que ce dernier était "très préoccupé par la disparition" de Boualem Sansal et précisé que "les services de l'Etat sont mobilisés pour clarifier sa situation", sans donner davantage de détails. . De quoi parle son oœuvre? L'œuvre de Boualem Sansal évoque sans tabou, et dans un style parfois caustique, l'histoire de l'Algérie, la mémoire, les relations avec la France, et dénonce inlassablement l'islamisme. Parmi ses titres célèbres, "Le village de l'Allemand" (2008), censuré dans son pays d'origine, invoque à la fois la Shoah, la guerre civile en Algérie et la vie des Algériens dans les banlieues françaises. Dans "2084, la fin du monde" (2015), il prend des accents orwelliens pour dénoncer la menace que fait poser le radicalisme religieux sur les démocraties, en imaginant l'islamisme au pouvoir. Édité dans la prestigieuse collection Blanche de Gallimard, Boualem Sansal est habitué des prix littéraires en France: l'Académie française lui a décerné son Grand prix de la francophonie, puis son grand prix du roman pour "2084, la fin du monde". . Quelles ont été ses prises de position? Son engagement et ses mises en garde de l'Europe, et de la France en particulier, contre les dangers de l'islamisme ont valu à cet athée revendiqué de solides inimitiés. Et le soutien d'intellectuels et de médias de droite et d'extrême droite, applaudissant ses déclarations choc sur un "ordre islamique" qui tenterait "de s'installer en France". En Algérie, les menaces ont redoublé depuis qu'il s'est rendu en Israël pour y recevoir un prix littéraire en 2014. Ses prises de position lui attirent parfois des accusations d'islamophobie, dont il se défend inlassablement. "Je n'ai jamais dit quoi que ce soit contre l'islam qui justifierait cette accusation" mais, "ce que je n'ai cessé de dénoncer, c'est l'instrumentalisation de l'islam à des fins politiques et sociales", expliquait-il à l'AFP en 2017. . Quelles sont les réactions? Plusieurs responsables politiques français ont exprimé leur inquiétude depuis jeudi, notamment l'ex-Premier ministre Edouard Philippe qui a estimé que l'écrivain "incarne tout ce que nous chérissons: l'appel à la raison, à la liberté et à l'humanisme contre la censure, la corruption et l'islamisme". Du côté des auteurs, les marques de soutien affluent aussi, du Franco-Marocain Tahar Ben Jelloun, appelant à "libérer" Boualem Sansal, au Français Nicolas Mathieu. "Boualem Sansal et moi sommes aux antipodes l'un de l'autre", a écrit son compatriote Yasmina Khadra, également "critique envers le système algérien", dans un communiqué à l'AFP. "Cependant, son arrestation m'insupporte. La place d'un intellectuel est autour d'une table ronde, autour d'un débat d'idées, et non en prison". Dans Le Point, le Franco-Algérien Kamel Daoud a dénoncé le fait que son "frère" Boualem Sansal soit "derrière les barreaux, comme l'Algérie toute entière". L'auteur est lauréat cette année du Goncourt (le plus prestigieux prix littéraire français) pour "Houris", roman évoquant la guerre civile. Sa maison d'édition française Gallimard a été interdite de venir au Salon international du livre d'Alger cet automne, et Kamel Daoud est également visé par deux plaintes en Algérie. Elles l'accusent, avec son épouse psychiatre, d'avoir dévoilé et utilisé l'histoire d'une patiente pour l'écriture de "Houris".
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