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18.04.2025 à 18:52

Rima Hassan retenue 11h30 en interrogatoire, nouvelle cabale des complices de Netanyahu contre l’eurodéputée insoumise

Ulysse Kummer

11h30. C’est le nombre d’heures passées par Rima Hassan au commissariat hier lors d’un interrogatoire. L’eurodéputée insoumise est ciblée en permanence par les amis français de Benjamin Netanyahu pour sa protestation contre le génocide en cours à Gaza. Notre brève.

Rima Hassan, l’honneur de la France

Alors qu’elle sauve l’honneur de la France, comme l’ensemble des insoumis, l’eurodéputée est sans cesse pourchassée et injuriée à longueur d’antenne sur les plateaux de Bolloré. En mars, les ministres racistes Bruno Retailleau et Gérald Darmanin ont été jusqu’à la menacer de déchéance de nationalité. Elle était entendue hier pour l’accusation absurde d’apologie du terrorisme. Le même motif qui a condamné à la prison le syndicaliste Jean-Paul Delescaut pour avoir publié un tract d’appel à la paix en Palestine.

À Gaza, les bombes du génocide pleuvent sans interruption. Des enfants sont mutilés, la famine constante, les journalistes méthodiquement assassinés. En France, les complices de Netanyahu poursuivent leur ignoble besogne pour tenter de calomnier et faire taire les voix de la paix, comme celle de Rima Hassan. « La république bananière est en place. Pouvoir illégitime, police abusive, ministre provocateur, presse de délation. Trump peut envoyer des stagiaires à Paris », a déclaré Jean-Luc Mélenchon en dénonçant l’interrogatoire subi par l’eurodéputée insoumise.

Pour aller plus loin : Convocation pour « apologie du terrorisme » – la déclaration de Mathilde Panot devant les enquêteurs

18.04.2025 à 18:03

Starlink : quand l’espace devient le nouveau Far West écologique

Ulysse Kummer

Espace. Au-delà des rêves futuristes de connectivité mondiale, l’essor fulgurant des activités spatiales orchestrées par Elon Musk – à travers SpaceX et sa constellation Starlink – soulève de graves inquiétudes environnementales.

La conquête spatiale moderne, jadis symbole de progrès scientifique, prend aujourd’hui des allures de saccage planétaire. La multiplication des lancements de satellites, dopée par la montée en puissance des méga-constellations, menace non seulement l’équilibre de notre atmosphère, mais aussi l’accès même à l’espace pour les générations futures. Notre article.

Un impact climatique largement sous-estimé

Il est vrai que le secteur spatial ne représente qu’environ 0,01 % des émissions globales de gaz à effet de serre, mais l’essentiel du problème se situe ailleurs : dans les couches supérieures de l’atmosphère, où les émissions de particules fines, liées à la combustion des ergols – ces carburants de fusées – ont des effets démultipliés, tout comme les produits de désintégration des satellites en fin de vie lors de leur rentrée atmosphérique.

Lors d’un lancement, les suies relâchées dans la mésosphère et la stratosphère par tonne de carburant consommé présentent un pouvoir de forçage radiatif(1) environ 50 000 fois supérieur au CO₂ émis par cette même consommation, et jusqu’à 500 fois supérieur aux mêmes particules émises au sol ou en basse altitude par l’aviation. [NDLR : les lanceurs Falcon 9 de SpaceX sont propulsés au kérosène et à l’oxygène liquide (ou KeroLOX), le carburant de fusée dont les émissions de suies sont les plus importantes.]

En 2014 déjà, les lanceurs spatiaux à eux seuls généraient l’équivalent du quart du forçage radiatif de l’aviation mondiale. En 2024, le nombre de lancements annuels est passé à 296, contre 94 dix ans plus tôt – une explosion due en grande partie à Starlink, qui compte aujourd’hui plus de 7 100 satellites en orbite pour un objectif final de 42 000.


Augmentation du nombre de lancements annuels dont contribution SpaceX – source : newspace.im

À ce rythme, le forçage radiatif du secteur spatial pourrait dépasser celui de l’aviation !

Des constellations à durée de vie courte, nécessitant un renouvellement incessant

D’ici 2040, les principales méga-constellations devraient compter un total estimé de 60 000 satellites « low-cost » en orbite basse (volant autour de 550km d’altitude pour Starlink). Du fait de l’important freinage atmosphérique résiduel(2) à ces altitudes, leur durée de vie moyenne sera de l’ordre de cinq ans, obligeant le renouvellement de 12 000 satellites par an, aussi longtemps que les opérateurs de ces méga-constellations voudront maintenir leur activité – et ce, sans même compter de probables nouveaux projets de méga-constellations en orbite basse qui viendront s’ajouter au total.

À titre de comparaison, entre 1957 (début de l’ère spatiale) et 2008 (année du premier vol réussi de la fusée Falcon 1 de SpaceX), 12 330 objets spatiaux avaient été lancés au total. Il s’agira donc de lancer chaque année au moins autant de satellites qu’en un demi-siècle de conquête spatiale pré-SpaceX. On peut prendre la mesure de l’augmentation en cours du nombre de satellites lancés chaque année sur le graphique ci-dessous, et constater la part de Starlink dans l’emballement récent des cadences de lancement de ces dernières années :


Augmentation du nombre de lancements annuels dont contribution Starlink – source : newspace.im

Des risques de collision exponentiels

Cette prolifération de satellites en orbite basse rend déjà la gestion du trafic orbital extrêmement complexe : entre décembre 2022 et mai 2023, on a enregistré 25 000 manœuvres d’évitement. À terme, avec une constellation Starlink complète, des experts estiment que ce chiffre pourrait grimper à 1 million tous les six mois, soit une fréquence de manœuvres d’évitement 400 fois plus élevée que sur les six premiers mois de 2023.

Le risque d’un scénario type syndrome de Kessler – une réaction en chaîne de collisions, générant des débris provoquant d’autres collisions, popularisé par le film « Gravity » en 2013 – devient donc de plus en plus probable. Selon les auteurs de ce scénario issu d’un rapport de la NASA de 1978, une telle éventualité rendrait quasi impossible l’exploration spatiale et même l’utilisation des satellites artificiels pour plusieurs générations.

Pour rappel, ce rapport avait précisément pour objectif celui d’alerter la NASA sur la nécessité de réglementer, de gérer efficacement le trafic spatial en orbite basse avec des stratégies de prévention de collisions afin de garantir l’accès à l’espace sur le long terme.

Des retombées toxiques sur la haute atmosphère dangereuses pour la couche d’Ozone

La désintégration des satellites Starlink en fin de vie relâche des particules fines de NOx et d’oxydes d’aluminium dans la haute atmosphère, soupçonnées à terme d’attaquer la couche d’Ozone. En 2022, ce processus a ajouté 16,6 tonnes de ces composés dans l’atmosphère, soit un excès de concentration atmosphérique de 29,5% par rapport aux aérosols d’oxyde d’aluminium d’origine naturelle (micrométéorites) ; les projections annoncent jusqu’à 362,7 tonnes par an dans un avenir proche, soit un excès de concentration atmosphérique d’origine anthropique de 646% !

[NDLR : En 2016, alors que l’espace était encore très peu impacté par Starlink, cette quantité de rejets atmosphériques n’était que de 2,13 tonnes, correspondant à un excès d’oxydes d’aluminium d’à peine 3,8%.]

Tunnel plasma simulant la désintégration atmosphérique d’un mécanisme d’orientation de panneau solaire lors d’une rentrée atmosphérique

Ces particules constituent de véritables bombes à retardement pour l’intégrité de la couche d’ozone. Elles s’accumulent dans la mésosphère, y persistent pendant plusieurs années, et sont fortement suspectées d’attaquer la couche d’ozone par une série de réactions de catalyse d’activation de la chlorine qui décompose à son tour les molécules d’ozone.

Leur impact serait tel que de nombreux scientifiques craignent de ruiner à terme les avancées permises depuis 1989 par la mise en application du Protocole de Montréal qui avait permis la reconstitution de la couche d’Ozone.

En outre, une récente étude a montré que ces émissions pourraient également créer des anomalies de température de l’ordre de 1,5 degrés dans la mésosphère et la stratosphère, ainsi que des réductions des vitesses de vents de l’ordre de 10% au niveau du vortex du pôle nord, y induisant également des perturbations dans la couche d’ozone.

Pollution lumineuse et bruit électromagnétique


Traînées lumineuses générées par des satellites Starlink devant la constellation d’Orion, le 1er juin 2021. © 
Amir H. Abolfath, via apod.nasa.gov

La pollution lumineuse du ciel nocturne et les interférences sur les fréquences radio sont aussi à ajouter au tableau. Outre les traînées lumineuses polluant les prises de vues de nos télescopes terrestres, un rapport de l’American Astronomical Society estime que le niveau de luminosité du ciel sombre nocturne pourrait tripler à terme.

Ces réflexions diffuses de la lumière du soleil sur les satellites des méga-constellations comme Starlink, rendront difficile, pour ne pas dire impossible, la détection des objets célestes les plus discrets pour les astronomes qui alertaient déjà l’opinion globale en 2023 et appelaient à l’interdiction totale des méga-constellations et à la détermination de limites au nombre de satellites autorisés en orbite basse.

Le problème est du même ordre pour la radioastronomie(3), condamnée à devoir extraire avec difficulté des signaux radio extrêmement faibles, provenant des confins de l’univers, et pollués par l’énorme niveau de bruit généré par les signaux de fuites des antennes Starlink. Il semble que la minimisation de ces externalités ne fasse pas partie des priorités de Starlink, étant donné que la deuxième génération de satellites en cours de mise à poste émet 32 fois plus de bruit radio que la première génération, saturant d’autant plus les antennes des radiotélescopes.

De plus, le cycle du jour et de la nuit est un élément structurant pour tous les êtres vivants sur Terre, influençant le comportement des animaux et leurs fonctions métaboliques (modification du système proie-prédateur, perturbation des cycles de reproduction, des migrations…). Peu d’études sont disponibles sur ces potentiels impacts à l’heure actuelle, mais certaines mentionnent déjà des inquiétudes en particulier pour certains insectes et animaux migrateurs de nuit qui se repèrent grâce aux étoiles.

Un modèle insoutenable pour une utilité discutable

L’empreinte carbone par utilisateur du réseau Starlink est 6 à 14 fois plus élevée que celle d’un utilisateur de réseaux terrestres de télécommunications. La prochaine phase de son déploiement, qui ajoutera entre 12 000 et 34 000 satellites à la constellation, promet d’aggraver encore ce bilan.

Concernant les promesses d’internet haut débit disponibles pour tous grâce à Starlink, il est important de noter que concernant l’Union Européenne, à la mi-2023, les services 5G étaient déjà disponibles pour 89,3% des ménages de l’UE, dont presque trois quarts (73,7%) des ménages ruraux de l’UE couverts.
Aussi, toujours à la mi-2023, 97,7% des ménages de l’UE avaient accès à au moins une des principales technologies haut débit fixe, et 92,2% des foyers ruraux étaient couverts par au moins une technologie de haut débit fixe.

Enfin, d’importants efforts sont déployés dans toute l’UE au titre du « programme politique de la décennie numérique » – à savoir : « connectivité très haut débit pour tous d’ici à 2030 » et « au moins une couverture 5G dans toutes les zones peuplées ».

Aucune constellation, aussi démesurée soit-elle, ne pourra rivaliser avec les débits offerts par les infrastructures réseau terrestres.

Vers une urgente régulation internationale des usages de l’espace

Derrière cette frénésie se trouve un « astrocapitalisme » vorace, favorisé par une politique américaine qui défend ses intérêts stratégiques et économiques au détriment du bien commun.

La France, pionnière de l’aventure spatiale, ainsi que ses alliés, ont le devoir de porter, par le biais de leurs agences spatiales et de leurs diplomaties, la voix d’un altermondialisme exigeant au sein des enceintes onusiennes, notamment le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) fondé à l’aube de « l’âge spatial ».

Il n’a jamais été aussi nécessaire et vital de faire barrage à ce mésusage industrialisé de l’espace. La prédation des entreprises astrocapitalistes, cherchant à monopoliser le marché des réseaux de télécommunication et à tout contrôler, constituent en outre une menace considérable pour nos démocraties et notre souveraineté.

L’espace : un bien commun à défendre

Face aux logiques de profit court-termistes, il est temps de reprendre la main sur notre ciel. Le grand public, les scientifiques, et le personnel politique doivent s’unir pour refuser la privatisation de l’espace au service des intérêts financiers d’une minorité et protéger ce bien commun universel si précieux.
L’espace est vital pour le progrès scientifique, pour la surveillance et la compréhension des évolutions du climat, pour nos besoins stratégiques de défense, de télécommunications, de gestion de nos ressources en eau, ou encore de géolocalisation, mais aussi pour maintenir intacte notre capacité à nous émerveiller de la beauté d’un ciel nocturne étoilé face à l’immensité de la voie lactée.

  • Le forçage radiatif induit par un gaz ou une particule représente la quantité supplémentaire d’énergie « piégée » dans l’atmosphère due à la présence d’une quantité plus importante de ce gaz à effet de serre ou de cet aérosol dans l’atmosphère. Cette énergie en excès est donc rayonnée à nouveau vers le sol et contribue directement au réchauffement climatique. Pour en savoir plus sur le forçage radiatif, cliquez ici.
  • Le freinage atmosphérique résiduel correspond à la force de trainée subie par un satellite en orbite autour de la Terre. Bien que la pression atmosphérique soit très faible dans l’espace, en pratique elle décroît progressivement avec l’altitude sans jamais atteindre 0. De plus, cette force de trainée, ralentissant les satellites, dépend du carré de leur vitesse. Or aux orbites basses, la vitesse orbitale d’un satellite est extrêmement élevée (de l’ordre de 7,6 km/s – soit plus de 27 000 km/h pour un satellite Starlink à une altitude de 550km). C’est ce phénomène qui explique la différence entre la durée de vie de 15 à 20 ans pour un satellite géostationnaire (altitude 35 800km), contre 5 ans pour un satellite en orbite basse. En orbite basse, un satellite doit consommer beaucoup de carburant pour se maintenir sur son orbite. En règle générale, c’est donc la quantité de carburant embarqué couplée à l’altitude de l’orbite qui détermine la durée de vie d’un satellite.
  • La radioastronomie est une branche de l’astronomie traitant de l’observation du ciel dans le domaine des ondes radio. Les radiotélescopes sont généralement composés de larges réseaux d’antennes paraboliques pour capter les ondes radio provenant de l’espace. De la même manière que l’imagerie infrarouge ouvre des perspectives scientifiques complémentaires à l’imagerie en lumière visible, la radioastronomie apporte une contribution majeure au domaine de l’astronomie et de la cosmologie.

Le groupe thématique « Espace »

Pour aller plus loin : Jean-Luc Mélenchon explique la stratégie spatiale insoumise

18.04.2025 à 15:05

Financement du ferroviaire : les trains de la colère entrent en gare

Ulysse Kummer

Depuis Toulouse et Clermont-Ferrand, les « trains de la colère » ont convergé vers Paris. À leur bord, des usagers, des élus, des cheminots. Ils dénoncent la dégradation de leurs lignes, la lenteur des investissements promis, et plus largement, le choix politique d’affaiblir le service public ferroviaire. En gare d’Austerlitz, la colère s’est exprimée en actes : pancartes, prises de parole, et une même exigence partagée. Redonner au rail sa vocation : relier, desservir, connecter.

Une initiative saluée par Bérenger Cernon, conducteur de train devenu député LFI : « Plutôt que de dépenser des dizaines de millions d’euros ds des appels d’offres, renforçons le service public et la cohérence de nos territoires ! » a t-il déclaré au micro de l’Insoumission. Notre article.

Quand la colère monte à Paris

Mercredi 16 avril, deux trains spéciaux ont quitté Toulouse et Clermont-Ferrand à l’aube. À bord, plusieurs centaines d’usagers, d’élus locaux, de cheminots, de membres de collectifs citoyens et d’associations d’usagers. Tous unis par une même exaspération, une même volonté de ne plus laisser leurs lignes s’effondrer en silence. Sous la bannière des « trains de la colère », ils ont roulé vers Paris, comme pour remonter un message à la capitale.

À leur arrivée en gare d’Austerlitz, pancartes brandies, slogans scandés, prises de parole en série : le quai s’est transformé en agora populaire. On y parlait retards chroniques, suppressions de trains, désertification des dessertes et fatigue accumulée.

La mobilisation était coordonnée par les collectifs Urgence Ligne POLT et la FNAUT (Fédération nationale des associations d’usagers des transports), avec le soutien actif de la CGT-Cheminots, de Sud Rail, et d’une délégation d’élus venus de toute la diagonale du vide ferroviaire. Également présent, le député Antoine Léaument, qui a déclaré sur les réseaux sociaux : « Présent en gare pour soutenir la mobilisation pour les lignes Clermont-Nevers-Paris et Paris-Orléans-Limoges-Toulouse. Pour la banlieue comme pour les zones rurales, nous voulons des transports de qualité. Ras-le-bol des sous-investissements. Vive le service public du rail. »

Chronique d’un démaillage territorial

La ligne Clermont-Ferrand-Paris illustre parfaitement la dérive actuelle. En 2008, le trajet durait 2 h 58. En 2024, il atteint en moyenne 3 h 14. Seize minutes de plus, sur fond de retards systématiques, pannes récurrentes, conditions de voyage dégradées et matériel roulant en fin de vie. La plupart des rames circulant encore sur cette ligne ont plus de quarante ans. Des locomotives diesel datant des années 1980 y sont encore utilisées, posant des problèmes de fiabilité. Le renouvellement promis tarde à venir, et les nouvelles rames, attendues depuis 2019, se font toujours attendre.

Sur la ligne POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse), la situation est similaire. 2,6 millions de voyageurs y transitent chaque année, mais les travaux de modernisation accumulent les retards. Selon les collectifs, il manquerait entre 2,5 et 3 milliards d’euros pour que la ligne soit pleinement réhabilitée.

Malgré l’urgence, le ministre des Transports Philippe Tabarot a annoncé lors d’un déplacement dans le Puy-de-Dôme la commande de seulement deux rames supplémentaires pour la ligne Clermont-Paris. Une annonce faite après des années d’attente et de reports, alors même que les rames promises en 2019 ne sont toujours pas livrées. Ce geste, jugé largement insuffisant par les usagers et élus locaux, a été perçu comme un signal faible face à l’ampleur des besoins exprimés depuis des mois.

Dans les coulisses, un choix politique

La situation actuelle n’est pas une fatalité. Elle est le résultat d’un choix : celui de désengager l’État du financement du rail. Depuis la réforme de 2018, SNCF Réseau est liée à un contrat de performance qui limite ses capacités d’investissement. En 2025, 6 milliards d’euros d’investissements sont annoncés, dont 3,3 pour la régénération du réseau. Mais selon SNCF Réseau elle-même, il en faudrait 4,5 milliards par an jusqu’en 2028 pour simplement stabiliser l’état du réseau existant.

Certaines lignes, comme Nevers-Paris, n’ont pas vu le moindre euro d’investissement public depuis 25 ans. Les dessertes diminuent, les retards explosent, les infrastructures vieillissent. Pendant ce temps, le ministère tente de calmer la grogne à coups de billets à 19 euros. Une réponse cosmétique à un problème structurel.

Les déserts ferroviaires

Cette politique produit une fracture territoriale de plus en plus visible. D’un côté, des métropoles bien desservies par les LGV. De l’autre, 10 millions de Français vivant dans des « déserts ferroviaires ». Cette fracture n’est pas nouvelle : elle est le fruit de quarante ans de politique du tout-TGV, concentrée sur les axes les plus rentables, en laissant à l’écart les lignes structurantes hors métropoles.

Aujourd’hui, cette logique est relancée avec force. En témoigne le projet de LGV Sud-Ouest, soutenu par le gouvernement, qui prévoit un financement public massif pour connecter Bordeaux à Toulouse et Dax. Pendant ce temps, les lignes Intercités existantes continuent de se dégrader. Cette orientation budgétaire est d’autant plus préoccupante que l’ouverture à la concurrence pousse à concentrer les investissements sur les lignes à fort potentiel commercial. Les autres sont menacées d’asphyxie.

Dans ces territoires, l’absence de train n’est pas un simple retard : c’est une condamnation à l’immobilité, ou à la dépendance automobile. Là où l’on parle de « mobilité durable », les habitants attendent encore que le service public suive.

Les revendications portées par la mobilisation

Au-delà des discours et des témoignages, la mobilisation du 16 avril a été l’occasion d’énoncer ce que les usagers attendent.

Un plan massif de réinvestissement est exigé pour les lignes Intercités. Ces lignes doivent redevenir prioritaires, car elles structurent des territoires aujourd’hui relégués et car exclus de toute logique de rentabilité.

Les représentants ont aussi pointé le coût excessif des péages ferroviaires, qui pèse directement sur le prix des billets. Leur baisse est nécessaire pour garantir un accès équitable au train.

Autre exigence : un moratoire immédiat sur la fermeture des petites lignes, pour mettre fin à l’effacement du maillage ferroviaire. Enfin, les usagers ont plaidé pour un abonnement mensuel plafonné, accessible à toutes celles et ceux qui prennent le train quotidiennement, souvent faute d’alternative.

Ces revendications traduisent une exigence de justice territoriale et d’égalité d’accès au service public. Ces propositions rejoignent celles proposées par les insoumis.

La conférence « Ambition France Transports » dans le viseur

La mobilisation du 16 avril a mis la pression. Et le calendrier politique oblige : la conférence « Ambition France Transports » sur le financement des infrastructures, qui débutera le 5 mai à Marseille, sera un test. Le ministre Philippe Tabarot a annoncé, dans une interview à La Tribune, rechercher 3,5 milliards d’euros pour l’ensemble des infrastructures de transport – ferroviaire et routier. Un chiffre largement insuffisant pour le député cheminot Bérenger Cernon, qui rappelle qu’il faut « minimum 4,5 milliards par an rien que pour l’entretien du réseau ferroviaire existant ».

Et avec du recul, la macronie à la rescousse, on n’y croit plus. Difficile d’oublier qu’en février 2023, la Première ministre Élisabeth Borne promettait 100 milliards d’euros pour le ferroviaire sur 15 ans. Promesse depuis lors tombée dans l’oubli.

Les collectifs, eux, annoncent que la mobilisation continuera tant qu’aucun engagement structurel n’aura été pris. Les trains de la colère ne sont pas un baroud d’honneur : ils marquent une étape vers une reconquête du service public ferroviaire.

Cette révolution du rail, la France insoumise la défend. Elle propose un plan d’investissement massif dans le réseau ferré national, à hauteur de 150 milliards d’euros sur 20 ans, pour moderniser les lignes existantes, rouvrir les petites lignes abandonnées, et développer une offre de trains du quotidien accessible à tous. Elle plaide pour la sortie du ferroviaire de la logique de rentabilité, le retour à un monopole public et intégré, et l’abrogation du pacte ferroviaire de 2018. Pour que le train ne soit plus un privilège mais un droit.

18.04.2025 à 10:49

Influenceurs réacs, millions d’euros, liens avec Marine Le Pen : Pierre-Édouard Stérin, le parrain invisible d’une extrême droite en croisade

Nadim Fevrier

À l’ombre des projecteurs, le milliardaire Pierre-Édouard Stérin construit patiemment une machine de guerre au service de l’extrême droite. Exilé fiscal en Belgique, ultra-catholique revendiqué, il finance des influenceurs, des écoles hors contrat, des médias réactionnaires et forme les futurs élus d’un gouvernement d’extrême-droite. Objectif : installer durablement une idéologie conservatrice et inégalitaire à la tête de l’État. Enquête sur un homme qui veut prendre le pouvoir… sans jamais se présenter aux élections.​ Notre article.

Une croisade ultra-conservatrice bien financée

Pierre-Édouard Stérin, fondateur de Smartbox, ne cache pas sa volonté de changer la société. Mais son « changement » est à sens unique : celui d’un retour aux années 1950. Avec sa fortune estimée à plus d’un milliard d’euros, il a lancé en 2021 le Fonds du Bien Commun, une fondation à l’apparence philanthropique, mais dont les financements servent principalement à soutenir des projets conservateurs : écoles hors contrat aux programmes catholiques, formation de journalistes réactionnaires, et campagnes hostiles aux droits des femmes et des personnes LGBTQ+.​

Au cœur de cette stratégie : le réseau Acutis, un groupe d’influenceurs catholiques réactionnaires sponsorisés pour évangéliser TikTok, YouTube et Instagram. Le ton est moderne, le fond beaucoup moins : on y défend la soumission de la femme, la répression morale, et un rejet systématique des valeurs progressistes. L’un des visages phares du réseau, le frère Paul-Adrien d’Hardemare (voir l’enquête de StreetPress), a cofondé Acutis en 2022 avant de s’en retirer en mars 2025, dénonçant des dérives dans la gestion du réseau. Parmi les autres influenceurs soutenus figurent Yentl CG, Zeytooun, Lecathodeservice, Leana Daily, Amen Media, Mon expérience de Dieu, et le père Simon de Violet, animateur de la chaîne Catholand.

Pour aller plus loin : Copinage entre l’extrême droite et les riches : le projet « Périclès » de Pierre-Édouard Stérin met en danger la démocratie

Périclès : 150 millions d’euros pour préparer la prise de pouvoir

Mais la stratégie ne se limite pas à influencer la jeunesse. Avec le projet Périclès, Stérin entend désormais préparer l’arrivée au pouvoir d’une extrême droite formatée et professionnalisée. Ce programme, doté de 150 millions d’euros sur dix ans, se donne pour mission de former une élite conservatrice à tous les niveaux : élus municipaux, cadres administratifs, experts, communicants, juristes.​

L’ambition est claire : occuper les mairies dès 2026, pour installer un réseau d’élus conservateurs sur tout le territoire. Périclès ne cache pas sa volonté d’imposer une nouvelle génération de responsables politiques formés « en rupture » avec l’héritage de 1968. Les stages proposés à ses futurs cadres mêlent apprentissage technique, endoctrinement idéologique et storytelling nationaliste. Le tout, dans une logique d’« accélération culturelle » inspirée des milieux néo-conservateurs américains.​

Cette logique s’appuie sur un constat froid : une partie des institutions peut être conquise sans majorité dans les urnes, mais par le biais d’un quadrillage territorial, de l’ingénierie électorale, et d’un accompagnement professionnel de candidats soigneusement choisis. Une méthode qui emprunte davantage à la stratégie que Stérin a pratiquée dans le monde des affaires qu’au débat démocratique.​

L’extrême droite institutionnelle dans la boucle

Si Stérin se défend de tout lien partisan, les faits parlent d’eux-mêmes. Son bras droit, François Durvye, est désormais conseiller économique de Marine Le Pen. Il a participé à la rédaction du programme du Rassemblement National pour les élections législatives de 2024. Et de nombreux cadres passés par la galaxie Périclès se retrouvent aujourd’hui dans les campagnes municipales du RN ou de la droite radicalisée.​

Pour aller plus loin : Marine Le Pen, son « clan des versaillais » et la grande bourgeoisie qui lui ouvre ses portes

L’objectif est limpide : construire une union des droites sous pilotage idéologique, appuyée sur des moyens financiers que les partis classiques n’ont plus. Le terrain municipal est vu comme une rampe de lancement : implantation locale, discours sur la « sécurité », récupération des classes moyennes rurales, instrumentalisation de la religion. À la clef, un pouvoir institutionnalisé, prétendument propre, mais enraciné dans une vision autoritaire de la société.​

Une offensive contre la démocratie

Pierre-Édouard Stérin ne se contente pas de former des troupes. Il cherche aussi à contrôler le récit. En 2023, il tente de racheter le journal Marianne, suscitant une vague d’indignation dans la rédaction. Son objectif n’était pas commercial : il s’agissait de s’assurer un levier d’influence médiatique pour diffuser les idées de l’extrême droite sous des formes plus présentables. Une stratégie bien connue : celle du cheval de Troie.​

Au-delà des médias, il vise aussi à discréditer les contre-pouvoirs traditionnels : syndicats, associations, presse indépendante. Sa galaxie oppose systématiquement « la France d’en haut » à un « peuple enraciné » fantasmé, tout en étant financée par une fortune installée… en Belgique. Car oui, Stérin ne paie pas ses impôts en France. L’homme qui clame défendre les « vraies valeurs » est un exilé fiscal qui finance des campagnes contre l’impôt depuis Bruxelles. Le « bien commun » selon lui commence par la défiscalisation personnelle, et finit par l’ingérence politique d’une élite économique dans les institutions de la République.

Cette contradiction est centrale : derrière la rhétorique du « bon sens », c’est une vision oligarchique du pouvoir qui s’impose. Celle d’une minorité fortunée qui dicte au peuple ce qui est bon pour lui, tout en échappant à la solidarité nationale.

Face à la menace de l’extrême droite, la riposte : des manifestations prévues partout en France le 1er mai

La situation peut paraître triviale mais elle est grave : une extrême-droite moderne, riche et déterminée se structure à grande vitesse avec en toile de fond, un gouvernement Bayrou-Retailleau complice de ses idées. Périclès n’est pas un simple think tank : c’est une machine de guerre idéologique, un projet de société vertical, autoritaire et réactionnaire.

Face à cela, il convient de riposter sans attendre. Il faut alerter, dévoiler, documenter, mais aussi contre-attaquer. Le combat contre l’extrême-droite se joue sur tous les fronts : à l’école, dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans les urnes. Ce n’est pas seulement une question électorale : c’est une bataille culturelle, sociale et morale. Un enjeu de société total.

Par Kaïs

17.04.2025 à 10:52

« Nous, Français, soutenons le Canada et le Québec ! » – Le message de Jean-Luc Mélenchon à Donald Trump

snoel

Jean-Luc Mélenchon est en déplacement à Montréal depuis dimanche dernier en soutien « affectif et effectif » au Canada et à nos cousins québecois face aux menaces d’annexion de Donald Trump. Ce mercredi soir, il intervenait lors d’une conférence avec Ruba Ghazal, députée et membre fondatrice de Québec solidaire devant plus de 500 personnes venues l’écouter.

A cette occasion, Jean-Luc Mélenchon a adressé un message oral en anglais à Donald Trump en prenant fait et cause pour le Canada et le Québec. Il se rendra dès la semaine prochaine à New-York. Retrouvez son intervention en français et en anglais dans nos colonnes.

« Nous, Français, soutenons le Canada et le Québec ! »

« Monsieur le Président, j’ai un message pour vous. Malheureusement vous ne parlez pas français. Je vous prie donc de m’excuser car je ne parle pas suffisamment bien l’anglais.

Il y a quelques semaines, vous avez reçu le Président français mais il a oublié quelque chose. Une chose qui compte pour nous tous, Français. C’est l’indépendance du Canada. C’est la liberté du peuple Québecois.

Vous avez dit que le Canada devait devenir un État des États-Unis.

Tous les dirigeants du Canada vous ont dit qu’ils refusaient cela. Ils ont dit « non ». Et « non » veut dire « non » en anglais comme en français. « Non ! »

Pourtant, vous avez insisté. Les gens ici n’acceptent pas cela, ni en France.

Nous, Français, soutenons le Canada et le Québec. Je peux vous dire que la plupart des Européens pensent la même chose. En ce moment, nous soutenons l’Ukraine envahie par la Russie. Nous soutiendrons également le Canada et le Québec s’ils étaient envahis. Et, bien sûr, les États-Unis d’Amérique. Heureusement, personne ne vous menace.

Je vous le dis franchement. Aucun dirigeant européen ne vous a dit la vérité. Ils ont peur de vous, monsieur le Président. Mais ne croyez pas que les Européens se désintéressent du Canada et du Québec. Vous auriez tort de le penser.

Président Trump, écoutez ceux qui défendent leurs idées, comme nous. Ne croyez pas ceux qui ont peur.

La semaine prochaine, je serai aux États-Unis. Si vous le souhaitez, je viendrais vous le dire en personne. Et tout le reste sur les sentiment des Européens.

Monsieur le Président, comme vous le savez, un peuple qui veut rester libre réussira toujours. Même s’il doit se battre avec des bâtons et des pierres.

Monsieur le Président, je vous remercie. Avec tout le respect que j’exprime au peuple des Etats-Unis dont vous êtes le Président démocratiquement élu. »

« Mr. President, i have a message for you »

« Mr. President,

I have a message for you.

Unfortunately, you do not speak French. So, I must beg your pardon, I am not able to speak English well enough.

A few weeks ago, you received the French President. But he forgot something. Something that matters to all of us, French people. It is the independence of Canada. It’s the freedom of the Quebec people.

You said that Canada should become a state of the USA. All of Canada’s leaders told you they refuse this. They said “no.” And “no” means “no,” in English as in French. No ! Yet you insist. People here do not accept that, neither in France.

We, as French, support Canada and Québec. I can tell you : most Europeans feel the same. Right now, we are supporting Ukraine, which has been invaded by Russia.

We would also support Canada and Quebec if they were invaded. And, of course, the United States of America. Fortunately, no one menaces you.

I tell you this frankly. No European leader told you the truth. They are afraid of you, Mr. President. But do not think that Europeans would be indifferent about Canada and Québec. You would be wrong thinking so.

President Trump, listen to those who stand by their ideas, as us. Do not believe those who are fearful.

Next week, I will be in the USA. If you want, I will come and tell you this in person. And all the rest about the European’s feelings.

Mr. President, as you know, a people who wants to remain free will always succeed. Even if they must fight with sticks and stones.

Mr. President, I thank you. With all the respect I express to the people of the USA, of whom you are the democratically elected President. »

16.04.2025 à 16:22

Bardella a avoué : le RN va s’aligner sur la retraite à 64 ans de Macron

Nadim Fevrier

Bardella. Une énième preuve de l’arnaque du RN a été rendue public hier. Jordan Bardella a annoncé renoncer au retour à l’âge légal de départ à la retraite à 62 ou 60 ans. De facto, cela revient à un alignement sur la retraite de 64 ans, défendue et passée en force par Emmanuel Macron. Un tel renoncement devrait faire la une des médias en continu de ce pays, non ? Ce mercredi 16 avril 2025, il fallait avoir dans ses mains le dernier numéro du Canard enchaîné pour en être informé.

Dans ses colonnes, l’hebdomadaire relate les confidences de Jordan Bardella, faites à un certain… Pierre Gattaz, ancien président du Medef. « On va devoir bouger sur les retraites et renoncer au retour à l’âge légal à 60 ou 62 ans », lui a déclaré le président du RN. Néanmoins, est-ce une surprise ? Pas vraiment, étant donné que le même Jordan Bardella, plaidait pour une retraite à 66 ans lors des législatives de 2024. « Qui peut encore faire confiance à ces gens ? Le RN est l’ennemi du peuple, de ses intérêts et de son unité », tance la députée LFI Clémence Guetté. Notre brève.

« On va renoncer au retour à l’âge légal à 60 ou 62 ans » : les confessions de Jordan Bardella au MEDEF sur la retraite

En assistant au « Grand Forum des libertés » pour « libérer le travail », organisé par Éric Ciotti et son parti, une information tomba entre les mains du Canard enchaîné. Sûrement Jordan Bardella aurait préféré qu’elle reste au stade des confidences : le parti lepéniste va renoncer au retour à l’âge légal à 60 ans ou 62 ans. Un murmure glissé à l’oreille de l’ancien chef du MEDEF, Pierre Gattaz. L’information n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, le patronat tirant à boulets rouges sur toute remise en cause de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron et regardant désormais le RN avec bien plus de tendresse.

Est-ce une surprise ? Pas vraiment. À l’approche des élections législatives, à mesure qu’il se rapprochait du pouvoir, le RN balança par-dessus bord le vernis social de son programme. Il se mit à plaider pour la retraite jusqu’à 66 ans ou encore pour l’abandon de la réduction de la TVA sur les produits de nécessité. À l’Assemblée nationale, le RN a même présenté une fausse proposition d’abrogation de la réforme des retraites. Nous vous le racontions dans nos colonnes en novembre 2024.

Pour aller plus loin : Marine Le Pen, son « clan des versaillais » et la grande bourgeoisie qui lui ouvre ses portes

Bref, tout pour rassurer les grands partons et la bourgeoisie française qui, dorénavant, lui ouvre ses portes. À noter que Jordan Bardella avance désormais comme candidat putatif du RN lors de la prochaine élection présidentielle. Si, au sein du parti d’extrême droite, il est trop tôt pour se faire à l’idée, la décision a été prise. Si la cour d’appel ne revient pas sur l’inéligibilité de Marine Le Pen, dans le cadre de sa condamnation pour détournement de fonds publics, cette dernière n’attendrait pas le verdict de la Cour de cassation. Elle passerait alors le relais à Jordan Bardella : un congrès serait organisé lors de la rentrée politique de 2024 pour acter la candidature de Bardella.

https://x.com/mbompard/status/1912377541861531660

16.04.2025 à 16:05

« Politique de l’image », par Dugudus : un concentré d’histoire politique et sociale

Nadim Fevrier

L’Insoumission.fr publie un nouvel article de sa rubrique « Nos murs ont des oreilles – Arts et mouvement des idées ». Son but est de porter attention à la place de l’imaginaire et de son influence en politique avec l’idée que se relier aux artistes et aux intellectuels est un atout pour penser le présent et regarder le futur.

Le graphiste Dugudus publie une rétrospective de son œuvre aux éditions Le Temps des Cerises. 300 pages d’images en familiarité avec tous nos combats. « Politique de l’image » pour accompagner nos révoltes. Soulèvements, sourire, rage, surprises et poésie. Un concentré d’histoire sociale des quinze dernières années. On ne comprend toujours pas pourquoi mairies, théâtres et autres institutions délaissent les graphistes libres et indépendants pour des agences publicitaires ou de com.

Mais si Dugudus choisit les murs et la rue comme média, ce n’est pas par défaut. « Les murs imposent une relation directe et sans intermédiaire au peuple », dit-il en introduction. Ce livre prolonge cette relation. Notre article.

« Rien ne peuple comme les gueux » – Denis Diderot

Culotté à 35 ans de publier ses œuvres complètes. Il y a pourtant matière. Les affiches de Dugudus sont dans les collections de nombreux musées. Du Mucem à Carnavalet, en passant par la BnF et le Musée de l’Homme. Mais pas seulement. Ses images ont intégré les collections particulières de ceux et celles qui l’ont croisé. Le peuple des manifestants, des révoltés, des activistes, des rebelles…

On peut voir ses stickers – édités souvent dans le cadre du collectif Formes des luttes, dont il est un acteur – sur le frigo, l’ordinateur ou sur la porte d’un ami. Sur le mur d’un autre est accrochée une affiche. Ou une sérigraphie. Sortie gratuite des ateliers de rue qu’il anime avec des militants qui l’entourent.

Il contribue ainsi à rendre présent l’art dans nos demeures. De la cité populaire jusqu’au bureau du député, en passant par le local syndical. Un acte populaire et politique. Pour le sens et le beau partout. Alors que la spéculation a enfermé beaucoup d’artistes dans les coffres-forts. Ou condamné d’autres au silence.

Pour aller plus loin : « La destruction de la culture accompagne l’offensive de l’extrême droite » – Un appel pour défendre un service public de la culture face à ceux qui le menacent

« Les hommes éveillés ont un monde, les endormis ont chacun le leur » – Héraclite

Dugudus a préempté la rue comme atelier et galerie. On le rencontre au cœur des manifestations. Du « Mariage pour tous » aux retraites. Souvent avec son atelier de sérigraphie mobile imaginé en Argentine. Il est au Rojava pour peindre une fresque sur les combattantes, à La Havane, en Tunisie pour le second anniversaire du Printemps arabe. Ou à Berlin et Paris. Place de la République, en meeting en 2017 et en 2022 avec Jean-Luc Mélenchon dont il a tiré le portrait… Partout où le peuple se rassemble pour faire valoir ses droits.

Il a un air rétro, mais que nous soupçonnons d’avenir. De la conception à la diffusion, il veut tout contrôler. Pour lui, les réseaux sociaux sont secondaires. Compte en premier lieu le réel. Support. Rue. Contact. Assemblée… C’est cela qui donne sa force à la circulation. Virtuelle ou non.

« Une image vaut mieux que mille mots » – Confucius

Dugudus est un graphiste d’indignation. Contre l’exploitation. Contre la catastrophe écologique. Contre toutes les discriminations. L’image, icône des révoltes et des espoirs. Et s’il n’y a pas de commanditaires, il auto-produit pour l’espace public. La rue n’est-elle pas à nous ? Même si la publicité la colonise. Les images des graphistes libres, leurs messages féministes, anticapitalistes, planétaires… sont les contrepoisons. Les coller, c’est déjà agir. Les regarder réveille l’espoir. Les voir à deux amorce un collectif.

Dugudus est aussi un graphiste de l’alternative. Avec les associations écologiques, humanitaires, antiracistes, l’économie sociale et solidaire… Raison aussi pour laquelle il travaille avec les forces de gauche qui le sollicitent. Du PCF à la France Insoumise. Et si on ne lui demande rien, il dessine et imprime son image. « Votez NUPES » ou « Nouveau Front Populaire » pour doublement participer aux campagnes. En citoyen-affichiste.

« L’influence est une nourriture », Claude Baillargeon

Dugudus trace sa source dans l’aventure de Grapus, le collectif de graphistes des années 70/80. Comme eux, il cherche un « graphisme d’utilité publique ». Comme eux, ses images politiques sont provocatrices. Comme eux, il veut changer la vie. Il aurait pu leur apporter son originalité.

Dugudus raconte aussi sa formation à l’école Estienne. Comme le photographe Robert Doisneau. Amour commun du peuple, de l’indépendance et de la simplicité, de la gravure et de la lithographie. Sorti de l’école des Gobelins, il file à 22 ans se former à l’école des affichistes de Cuba à La Havane. Une pépinière de talents qui cherche à inventer des formes émancipées des contraintes. Depuis l’interdiction de la publicité commerciale sur l’île en 1961 par Che Guevara, ministre de l’Industrie.

Peut-être la joie caribéenne de sa palette lui vient-elle un peu de l’île ? Beaucoup d’influences et de détours. Mais par son art du trait, par sa recherche de l’efficacité poétique et de l’humour, par sa douceur ferme, il remonte en ligne directe de Savignac, l’affichiste de Monsavon et du Frigeco.

« Héros obscurs plus grands que les illustrés » – Victor Hugo

Reconnaissable entre tous, Dugudus est Dugudus. Ses images font journal. C’est un graphiste d’actualité. Que le premier regard n’épuise pas. Malheureusement, le temps des injustices allonge l’utilité politique de ses images. Mais son dessin aussi ne s’use pas. Par son trait et le lexique des mots-images nouveaux pour dire notre présent. Toujours humain, même quand il tape dur. Pour permettre notre identification.

On se rappelle la ridiculisation de nos adversaires avec le « Cochon de la Loi Travail », « Macron démission » sous les jupes de Margaret Thatcher, Trump étouffant George Floyd, son « Macron-dissolution ». Ou le retournement dans notre camp de symboles du capitalisme avec le Père Noël, Coca-Cola ou la Vache qui rit...

Mais Dugudus est avant tout un graphiste positif, illustrant la force du nombre. Seuls ou en masse. Les salariés en lutte. Les premières et secondes lignes du Covid, les générations dans la rue contre les réformes des retraites… Dignes héritiers d’autres figures mémorielles célébrées comme les résistants ou les communards. Célèbres, inconnus et même fictifs.

Le livre « Politique de l’image / Affiches et créations graphiques de Dugudus » est un concentré d’humanité bien bénéfique ces jours-ci. À acheter en librairie ou dans la boutique en ligne de Dugudus et se faire dédicacer dans la manifestation du 1er mai.

Par Laurent Klajnbaum

16.04.2025 à 14:36

Racisme d’État : le ministère de l’Agriculture censure la nouvelle France dans sa pub bio

Ulysse Kummer

La ministre de l’Agriculture Annie Genevard vient de signer une nouvelle preuve du racisme systémique de ce gouvernement. Son cabinet a exigé de remplacer le couscous – pourtant 2ème plat préféré des Français – par du cassoulet, et un acteur métis par un « caucasien » dans la campagne publicitaire de l’Agence Bio.

Ces directives racistes, assumées sans complexe par mail, révèlent la vision ethniciste de l’exécutif : en France, seuls les blancs sont dignes d’être montré à la télévision. L’Agence bio a dû obtempérer pour le menu, mais a conservé la diversité des acteurs. Une source dénonce des « injonctions étatiques racistes assumées ».

Racisme et privatisation, les deux jambes du macronisme

Derrière cette polémique se cache aussi une bataille budgétaire, alors que le gouvernement tergiverse sur le financement de la campagne. Le gouvernement tente de démanteler l’Agence Bio, comme il sabote l’ensemble des services publics.

Cette affaire est symptomatique du macronisme : une idéologie dont la feuille de route est claire : détruire toutes les entraves aux profits des milliardaires. Cela passe par le poison du racisme pour diviser le peuple, et la casse méthodique des services publics.

Par Ulysse

16.04.2025 à 10:55

Préparation du 1er mai à Marseille : l’objectif, « organiser la plus forte participation possible des quartiers populaires »

Nadim Fevrier

1er mai. L’insoumission.fr et Informations Ouvrières s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours aux quatre coins du pays. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et d’Informations ouvrières.

Vendredi 4 avril à la Cayolle, quartier ouvrier et populaire isolé à l’extrême sud de Marseille, à l’issue d’un vaste porte-à-porte, une centaine d’habitants se sont rassemblés avec les militants insoumis et les députés Sébastien Delogu et Manuel Bompard. C’est un pas en avant dans une zone de Marseille où la France Insoumise a eu de bons résultats électoraux dans quelques quartiers populaires isolés, mais où elle n’était pas présente de manière organisée. C’est le fruit d’un patient travail des militants des deux groupes d’action locaux les plus proches.

Au printemps 2024, lors des européennes, le seul groupe d’action insoumis actif dans le sud de Marseille avait déjà organisé un porte-à-porte géant dans le quartier voisin de la Soude, qui avait donné naissance à un premier nouveau petit groupe d’action. Notre brève.

Un porte-à-porte réussi

Encore plus au sud, à la Cayolle, depuis janvier 2025, cinq porte-à-porte préparatoires ont été organisés avec à chaque fois deux équipes de deux militants des GA les plus proches, dont le nouveau GA de la Soude. Quatre cents affichettes annonçant la venue des députés insoumis Sébastien Delogu et Manuel Bompard ont ensuite été posées dans les dix derniers jours.

Le 4 avril, plus de vingt insoumis de tout Marseille sont venus aider pour réaliser un grand porte-à-porte avec les députés. Plan du quartier et des montées d’immeubles en main, ils ont, pendant une bonne heure, discuté avec les habitants pendant qu’une voiture sono rappelait dans toute la Cayolle le lieu de la rencontre publique prévue ensuite avec les députés.

Pour aller plus loin : « Contre l’extrême droite, agir maintenant ! » – L’appel de Jean-Luc Mélenchon

https://x.com/lfidep13/status/1908441619797336288

Un véritable « meeting de rue »

Comme le dit le journal La Provence, c’est finalement un véritable « meeting de rue » qui a suivi ce porte-à-porte. Après le mot de bienvenue d’une nouvelle militante LFI habitante de la Cayolle, les députés insoumis sont intervenus contre l’abandon que subissent les habitants du quartier, contre l’austérité et les budgets de guerre, contre le racisme et le fascisme nourris par le Gouvernement et ses alliés d’extrême droite.

Manuel Bompard a appelé à participer aux manifestations les dimanches Porte d’Aix contre le génocide en Palestine. Il a aussi lancé un appel pressant à la mobilisation pour un 1er mai massif, contre la guerre sociale, pour la paix, la retraite à 60 ans et la 6ᵉ République.

Pour un 1er mai le plus massif possible, dans le cortège LFI

À l’issue du porte-à-porte et du rassemblement, 125 habitants du quartier ont demandé et reçoivent régulièrement des informations sur les actions des insoumis à la Cayolle et à Marseille. Cinq jours après la venue des députés, une réunion s’est tenue à la Cayolle avec douze personnes dont neuf nouvelles et nouveaux militants du quartier, pour constituer un groupe d’action local et préparer la manifestation du 1er mai.

Un co-voiturage depuis la Cayolle pour la manifestation du 1er mai au centre-ville de Marseille a été décidé, préparé auprès des amis et voisins avec une fiche d’inscription. Quatre porte-à-porte pour inscrire et une réunion de fabrication de pancartes et banderole ont aussi été prévus, pour organiser une participation la plus importante possible des habitants du quartier au cortège LFI du 1er mai.

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