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24.04.2025 à 00:15

Le système Bolloré

Une radiographie sans concession du groupe Bolloré, qu'il n'est plus possible de considérer comme une entreprise « comme les autres ».

- Le système Bolloré / , , , , , , , ,
Texte intégral (980 mots)

Comment s'est construit l'empire Bolloré et quelle est sa stratégie aujourd'hui, après la revente des activités portuaires et logistiques et sur fond de proximité de plus en plus marquée de ses dirigeants avec l'extrême-droite ? Dans un rapport publié en partenariat avec Attac, l'Observatoire des multinationales propose une radiographie sans concession du groupe Bolloré et alerte sur les risques démocratiques à continuer à le considérer comme un groupe « comme les autres ».

Vincent Bolloré, l'une des plus importantes fortunes françaises à la tête d'un important groupe qui englobe le secteur de médias, de la communication et des industries culturelles, s'est lancé dans une croisade politique au service de l'extrême-droite et de ses idées. À l'œuvre depuis un certain temps déjà dans la sphère médiatique à travers CNews, Europe 1 et le JDD, cette campagne implique désormais aussi le monde de l'édition (Fayard), et Vincent Bolloré et certaines des sociétés qu'il contrôle ne craignent plus d'intervenir directement dans les campagnes électorales.

Le débat se focalise surtout sur la figure controversée de Vincent Bolloré lui-même et ses idées politiques. L'objectif de cette publication est de montrer ce qui a rendu Vincent Bolloré possible, et ce qui continue à le rendre possible : le système derrière l'individu. Rien ne dit que les choses vont changer lorsqu'il sera contraint de laisser un jour réellement le pouvoir à ses enfants. Sa garde rapprochée et ses alliés resteront les mêmes. Et le système qui a rendu tout cela possible restera également le même.

En mettant à nu la réalité du système Bolloré, nous sommes amenés à casser nombre des mythes que lui et ses alliés aiment à entretenir :

  • Contrairement à l'image qu'il cherche à se construire, la fortune de Vincent Bolloré et de sa famille n'a pas son origine dans le développement d'une entreprise industrielle solidement implantée dans son territoire et axée sur le long terme. Elle provient surtout de coups boursiers et de la captation de rentes, notamment en Afrique. L'empire Bolloré n'a cessé de se composer et de se décomposer au gré des opportunités et de batailles financières gagnées ou perdues.
  • D'un point de vue financier et juridique, son centre de gravité n'est pas du tout la Bretagne, mais le Luxembourg.
  • Le groupe Bolloré n'a pas quitté l'Afrique, comme ses dirigeants l'ont parfois laissé entendre, mais continue à y investir dans le domaine de la culture et de la communication.
  • Il ne gagne pas à tous les coups, comme le voudrait une certaine mythologie qui continue à séduire une partie du monde financier, mais sa carrière est émaillée de scandales, de défaites, d'affaires judiciaires.
  • Il ne doit pas sa fortune seulement à lui-même mais au soutien du monde des affaires, à commencer par celui des grandes banques, et à celui des politiques et des pouvoirs publics sous diverses formes.

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Parmi les nombreuses questions auxquelles répond ce rapport, il y a celle-ci : peut-on séparer l'individu Vincent Bolloré et ses agissements du groupe qu'il contrôle directement et indirectement ? Autrement dit, peut-on continuer à traiter les diverses entités qui composent ce groupe – même lorsqu'elles ne sont pas ouvertement mises au service de l'extrême-droite – en faisant totalement abstraction des idées et du combat politique du milliardaire qui est derrière elles ?

La réponse à notre sens est non :

  • Vincent Bolloré doit sa fortune à un système économique financiarisé, rentier et prédateur de plus en plus contesté, mais dont certains acteurs semblent prêts à tout pour le faire perdurer, y compris en alliance active ou passive avec l'extrême-droite. Il y a bien un alignement entre certains intérêts économiques et la politique de l'extrême-droite.
  • Dans la sphère médiatique et politique aujourd'hui comme dans la sphère boursière et économique depuis les années 1980, on voit à l'œuvre les mêmes méthodes de manipulation, la même conception du pouvoir, la même brutalité.
  • La concentration de pouvoir que Vincent Bolloré a pu accumuler dans le secteur de la culture et des médias est en soi un danger pour la démocratie. Le fait qu'il l'utilise au service d'une extrême-droite qui remet désormais ouvertement en cause l'état de droit ne fait que rendre ce danger plus visible.
  • L'empire Bolloré repose désormais à 90 % sur les médias, la culture et la communication. Pour l'instant, une partie seulement de cet empire est directement mise au service de l'extrême-droite. Mais elle ne fonctionne que grâce au reste de l'empire qui la légitime, la finance et qui sert d'excuse à Vincent Bolloré et ses alliés.

Il est donc plus que temps de mettre fin à la tolérance et au soutien dont le système Bolloré continue de bénéficier dans une large partie du monde des affaires et des sphères culturelles et politiques.

03.04.2025 à 17:16

Vidéo : Rio Tinto, 1888, la première manifestation écologiste de l'histoire

Connaissez-vous la première manifestation écologiste de l'histoire ? Elle a eu lieu le 4 février 1888, en Espagne à Riotinto, contre une des plus grandes multinationales minières, la compagnie Rio Tinto. Ivan du Roy, rédacteur en chef de Basta !, revient sur cet événement à l'occasion de la sortie du livre Multinationales, une histoire du monde contemporain, publié aux éditions La Découverte, et en librairie depuis le 13 février.
Est ce que vous connaissez la première manifestation (…)

- Multinationales. Une histoire du monde contemporain
Texte intégral (554 mots)

Connaissez-vous la première manifestation écologiste de l'histoire ? Elle a eu lieu le 4 février 1888, en Espagne à Riotinto, contre une des plus grandes multinationales minières, la compagnie Rio Tinto. Ivan du Roy, rédacteur en chef de Basta !, revient sur cet événement à l'occasion de la sortie du livre Multinationales, une histoire du monde contemporain, publié aux éditions La Découverte, et en librairie depuis le 13 février.

Est ce que vous connaissez la première manifestation écologiste de l'histoire ?

Nous sommes au XIXe siècle, en 1888 exactement, à Rio Tinto.

Ce nom vous dit peut-être quelque chose. Rio Tinto est l'une des plus grandes compagnies minières au monde. C'est aussi le nom d'un gisement riche en cuivre, situé en Andalousie, en Espagne, (exploité depuis l'Antiquité). Et à la source de la prospérité de la multinationale.

Une prospérité tâchée de sang dès l'origine

Profitant du retour de la monarchie espagnole, après une éphémère République, un conglomérat d'hommes d'affaires anglo-allemand prend le contrôle du gisement. Dans ce conglomérat, on retrouve la Deutsche Bank (la plus grande banque allemande), des britanniques qui ont fait fortune grâce au commerce de l'opium en Chine, mais aussi la banque Rothschild.

Les blocs de roches extraits de la mine sont chauffés en plein air pour en dégager le cuivre. Ce procédé génère des fumées toxiques et une forte pollution de l'air, des eaux et des sols. Des mineurs décèdent et des paysans perdent leurs récoltes.

Le 4 février 1888, des milliers de mineurs en grève, des habitants et des paysans manifestent pacifiquement contre ces pratiques polluantes. La Rio Tinto Company refuse de négocier et l'armée ouvre le feu.

La répression fait au moins 200 morts.

Aujourd'hui la compagnie Rio Tinto n'exploite plus cette mine. Mais elle continue d'être impliquée dans des scandales de pollutions.

On peut penser par exemple à la plus grande mine d'or du monde, Grasberg, en Papouasie Nouvelle Guinée, responsable du déplacement forcé de populations et d'une pollution massive de l'eau et des sols.

Mais aussi au dynamitage d'une grotte sacrée aborigène vieille de 46 000 ans, en Australie.

Et désormais dans un projet de mine de lithium en Serbie, qui suscite une forte opposition locale.

Rio Tinto n'est pas la seule multinationale minière à continuer de ravager des territoires entiers, de l'Amazonie à l'Indonésie.

En Espagne, un siècle et demi plus tard, l'eau de la rivière Rio Tinto est toujours toxique.

Retrouvez ces récits dans notre livre Multinationales, une histoire du monde contemporain, en librairie depuis le 13 février.

03.04.2025 à 17:05

Vidéo : qui est Beretta, multinationale pionnière des armes à feu ?

De la République de Venise au Beretta 92 de l'armée américaine, retour vidéo sur l'épopée de l'entreprise italienne Beretta. Avec Olivier Petitjean, co-directeur de l'ouvrage Multinationales, une histoire du monde contemporain, aux éditions La Découverte.
Smith & Wesson, Colt ou encore Winchester... Les États-Unis semblent être à la pointe de l'industrie des armes à feux. Mais saviez-vous que l'un des principaux acteurs de ce marché est une vénérable entreprise européenne : Beretta ? (…)

- Multinationales. Une histoire du monde contemporain
Lire plus (481 mots)

De la République de Venise au Beretta 92 de l'armée américaine, retour vidéo sur l'épopée de l'entreprise italienne Beretta. Avec Olivier Petitjean, co-directeur de l'ouvrage Multinationales, une histoire du monde contemporain, aux éditions La Découverte.

Smith & Wesson, Colt ou encore Winchester... Les États-Unis semblent être à la pointe de l'industrie des armes à feux. Mais saviez-vous que l'un des principaux acteurs de ce marché est une vénérable entreprise européenne : Beretta ?

La première trace Beretta remonte à 1526, date d'un contrat entre Bartolomeo Beretta et la République de Venise. L'entreprise, originaire de la région de Brescia dans le nord de l'Italie, est aujourd'hui encore la propriété de la même famille.

1985 : contrat du siècle entre Beretta et l'armée américaine

Depuis 500 ans, Beretta équipe des armées et des forces de police en Italie et dans le reste du monde. Mais c'est en 1985 que l'entreprise obtient le contrat du siècle : le pistolet semi-automatique Beretta 92 (ou M9) devient l'arme de service de l'armée américaine. Il remplace le Colt 45 qui était utilisé depuis 1911.

Pour obtenir ce marché, l'entreprise italienne ouvre une usine de production sur place, dans l'État du Maryland. Le Beretta 92 devient l'une des armes les plus vendues de l'histoire, omniprésente au cinéma et dans les jeux vidéo.

En parallèle, Beretta va immédiatement mettre sur le marché une version du Beretta 92 pour la population civile. Les fabricants d'armes continuent aujourd'hui à appliquer la même stratégie : ils créent des nouveaux modèles pour les forces armées, puis en proposent une version civile. Commercialement, c'est un succès retentissant, mais cela contribue à la prolifération des armes à feu dans la société. Malgré les tueries à répétition, notamment dans les écoles américaines, le puissant lobby des armes à feu, la National Rifle Association (NRA), réussit à empêcher un véritable contrôle.

Beretta est d'ailleurs l'un des premiers financeurs de la NRA. Et quand en 2015, suite au massacre de Sandy Hook, le Maryland décide de passer des lois plus restrictives sur la possession d'armes, Beretta délocalise son usine dans le Tennessee.

Cette histoire est à retrouver dans le livre Multinationales, Une histoire du monde contemporain, publié aux éditions La Découverte, et en librairie depuis le 13 février.

03.04.2025 à 16:56

Vidéo : qui sont les « ratisseurs de boue », pionniers du journalisme d'investigation ?

Au début du XXe siècle aux États-Unis, apparaissent les premiers journalistes d'investigation, surnommés les « ratisseurs de boue ». Explications vidéo avec Olivier Petitjean, co-directeur de l'ouvrage Multinationales, une histoire du monde contemporain, paru chez La Découverte.
La contestation du pouvoir des multinationales ne date pas d'hier. De leur émergence jusqu'à aujourd'hui, les journalistes d'investigation ont toujours joué un rôle important pour mettre en lumière leurs abus. (…)

- Multinationales. Une histoire du monde contemporain
Texte intégral (512 mots)

Au début du XXe siècle aux États-Unis, apparaissent les premiers journalistes d'investigation, surnommés les « ratisseurs de boue ». Explications vidéo avec Olivier Petitjean, co-directeur de l'ouvrage Multinationales, une histoire du monde contemporain, paru chez La Découverte.

La contestation du pouvoir des multinationales ne date pas d'hier. De leur émergence jusqu'à aujourd'hui, les journalistes d'investigation ont toujours joué un rôle important pour mettre en lumière leurs abus. Parmi les pionniers du journalisme engagé, il y a ceux qu'on appelle les « muckrakers », au début du 20e siècle aux États-Unis. « Muckrakers » signifie littéralement « ratisseurs de boue ». Autrement dit, les « fouille-merdes ». Ces journalistes écrivent dans des magazines prestigieux de l'époque comme McClure's Magazine. Et observent la montée en puissance des grands trusts industriels comme la Standard Oil, le géant pétrolier du multi-milliardaire Rockefeller, de General Electric ou United Fruit.

Enquêtes sur les multinationales naissantes

Parmi ces muckrakers, il y a Ida Tarbell, fille d'une enseignante et d'un ouvrier du pétrole qui a grandi en Pennsylvanie. Elle publie une série d'articles dénonçant les méthodes de John D. Rockefeller dans l'industrie pétrolière naissante. Un autre, Ray Stannard Baker, couvre les grandes grèves ouvrières et enquête sur le monopole de la US Steel (dans la sidérurgie) que vient de créer le puissant financier JP Morgan. On peut aussi citer le romancier Upton Sinclair, qui se fait embaucher dans les abattoirs de Chicago, plaque tournante de l'industrie de la viande. En 1906, son roman La Jungle dénonce les déplorables conditions sociales et sanitaires qui y règnent. Le livre fait scandale et mène aux premières régulations de l'industrie.

L'âge d'or des ratisseurs de boue prend fin rapidement en raison des représailles des milieux d'affaires. Ils ont cependant contribué à alerter la société américaine et les pouvoirs publics sur la puissance des trusts.

Les lanceurs d'alerte, les journalistes d'investigation d'aujourd'hui perpétuent cet héritage. Par exemple dans les années 1990, quand ils vont enquêter dans les usines asiatiques qui produisent des vêtements ou des équipements pour Nike ou Gap, qu'on appelle les « sweatshops ». Ou dans les années 2010 avec les grandes révélations sur l'industrie de l'optimisation fiscale, avec les Panama Papers et autres Luxleaks.

Cette histoire est à retrouver dans le livre Multinationales, une histoire du monde contemporain, paru chez La Découverte, et en librairie depuis le 13 février.

13.03.2025 à 16:39

L'enfer est pavé de beaux discours. La lettre du 13 mars 2025

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Bonne lecture
« Gender-washing » (…)

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« Gender-washing »

TotalEnergies prétend aider les femmes en Ouganda à « prendre le contrôle de leur vie »...

Mais de quel contrôle parle-t-on, dès lors que les grands projets extractivistes se traduisent avant tout par une prise de possession des territoires de vie, des déplacements de populations, une destruction des sources traditionnelles de subsistance et l'arrivée d'ouvriers ou de policiers venus d'ailleurs – autant d'impacts qui affectent en premier et tout particulièrement les femmes ?

L'année dernière, avec notre enquête « Survivre à EACOP », nous avons documenté les conséquences des développements pétroliers menés par TotalEnergies sur les femmes en Ouganda. Leurs témoignages dépeignent une réalité bien différente de celle décrite par le groupe dans ses documents de communication pour convaincre l'opinion et les investisseurs.

À l'occasion de la journée mondiale des droits des femmes, Agatha Allain revient sur ce phénomène souvent qualifié de « gender-washing » - l'équivalent pour les droits de femmes du greenwashing pour l'environnement – à partir de l'exemple d'EACOP mais aussi d'autres projets très contestés comme la mine de charbon de Cerrejón en Colombie (Glencore) ou le gazoduc Coastal Gas Link au Canada (TCEnergy).

Son enquête montre que ces multinationales tendent à promouvoir une version individualiste et « industrie-compatible » de l'égalité hommes/femmes, en insistant sur la promotion des femmes parmi leurs propres employés et leur accession aux postes de direction.

C'est ainsi que la mine de Cerrejón est dirigée par une femme, sans que les critiques ne cessent à la fois sur le traitement des employées féminines de la mine, et à plus forte raison sur les impacts écologiques de son exploitation et la dépossession qui en découle.

Lire l'article : « Gender-washing » : comment les multinationales du secteur extractiviste détournent les revendications féministes.

À cette occasion, nous publions aussi une version anglaise de notre enquête « Survivre à EACOP » et même un résumé en luganda, la langue locale.

Toute ressemblance avec notre époque...

Le livre collectif Multinationales. Une histoire du monde contemporain (éditions La Découverte) est disponible en librairies depuis le 13 février. Produit d'une collaboration entre l'Observatoire des multinationales et Basta !, cet ouvrage auquel ont contribué une cinquantaine de chercheurs et de journalistes est une fresque sur la véritable histoire des Nestlé, United Fruit, General Electric, Bayer, TotalEnergies, Google et compagnie, qui raconte comment les multinationales en sont venues à occuper une telle place dans le monde et dans nos vies.

Ce détour par l'histoire est utile d'abord pour comprendre comment nous en sommes arrivés où nous sommes – et en quoi la domination économique (et même politique) des multinationales n'a rien d'inéluctable.

Mais il vaut aussi par ses résonances avec l'actualité. Nous racontons en particulier comment les relations entre États et grandes entreprises n'ont cessé de recomposer au fil du temps et des crises. Avec la réélection de Donald Trump, l'essor des géants de la tech, la lutte pour les ressources et la fin de la mondialisation naïve, nous sommes en train d'assister aujourd'hui à une nouvelle recomposition.

Nous publions à titre de « bonnes feuilles » le chapitre sur le mouvement antitrust du début du XXe siècle aux États-Unis, qui illustre parfaitement ces effets de résonance. Il parle d'une époque où des « barons voleurs » comme Rockefeller construisent d'immenses empires industriels avec le soutien de financiers comme JP Morgan à Wall Street et d'un président adepte des tarifs douaniers, McKinley, que Trump cite aujourd'hui en modèle. C'est le moment de la naissance de General Electric, AT&T, United Fruit et de nombreuses autres multinationales étatsuniennes. En face, cependant, un mouvement émerge pour dénoncer le pouvoir et les abus de ces nouveaux monopoles. Les premières lois antitrust sont adoptées, et des géants comme la Standard Oil sont partiellement démantelés ou régulés.

À lire ici : Trust et antitrust : une guerre de cent ans toujours en cours

Un autre extrait du livre est accessible sur le site de Basta ! : 1992. Comment Total et consorts nous ont fait perdre un temps précieux dans la lutte contre le réchauffement, par Christophe Bonneuil.

Pour les annonces de rencontres autour du livre et une sélection de recensions et d'entretiens, voir la page dédiée de notre site.

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En bref

« Tronçonneuse » et impôts des milliardaires. Derrière les attaques spectaculaires d'Elon Musk contre les agences fédérales américaines, une autre bataille se joue : celle de l'extension des baisses d'impôts imposées par Trump en 2017, qui profitent surtout aux plus riches. Avec potentiellement un coût astronomique pour les finances publiques américaines, et une cure d'austérité beaucoup plus drastique qui affecterait l'ensemble de la population. Lire l'analyse d'Anne-Sophie Simpere : Derrière la tronçonneuse de Musk, la guerre fiscale des milliardaires.

Transition en Europe, exploitation minière à Madagascar. Qui profite vraiment de la ruée vers les matières premières critiques, et qui en paie le prix ? C'est la question que nous voulons mettre au cœur du débat public avec notre « Observatoire des minerais critiques », lancé l'année dernière avec des partenaires européens. Nouvelle pièce au dossier : un rapport de l'Observatori del Deute en la Globalització, basé à Barcelone, sur les projets d'exploitation des terres rares à Madagascar. Disponible en français ici.

Comment les projets de TotalEnergies enrichissent les élites ougandaises. Tout comme TotalEnergies vend ses forages pétroliers et l'oléoduc EACOP comme une contribution à la « libération » des femmes en Ouganda (voir ci-dessus), le groupe se plaît aussi à mettre en valeur sa contribution à l'économie du pays et les nombreuses retombées indirectes de ses activités. Mais à qui profitent-elles vraiment ? Une investigation de longue haleine menée par Thomas Bart et Mickaël Correia pour Mediapart montre que les contrats de sous-traitance passés par TotalEnergies en Ouganda profitent à au moins une trentaine de membres ou de proches de la famille de Yoweri Museveni, dictateur à la tête du pays depuis trente-neuf ans.

Plongée dans la fabrique du « greenwashing ». Lorsqu'elles veulent mener ou faire financer des grands projets potentiellement destructeurs dans le domaine de l'énergie ou des infrastructures, les multinationales doivent produire des études d'impact et des plans d'action. Ces documents se transforment souvent en exercices de « greenwashing » et d'affichage de bonnes intentions. Pour les rédiger, elles font appel à des cabinets d'audits spécialisés, dont le conflit d'intérêt est structurel puisqu'ils sont payés par les entreprises elles-mêmes. L'ONG Climate Whistleblowers a mis la main sur des documents internes au leader français du secteur, le cabinet Biotope, qui a travaillé pour Vinci sur le projet d'aéroport Notre-Dame-des-Landes, ou encore pour les promoteurs de l'A69, mais également pour des grands groupes français, en Afrique en particulier. Par exemple … TotalEnergies en Ouganda. Partagés avec Mediapart, Mongabay et Africa Uncensored, ces documents ont donné lieu à la série d'enquête « GreenFakes », qui prouve à quel point les auditeurs censés garantir le respect de l'environnement se plient docilement aux exigences de leurs donneurs d'ordre. À lire ici.

Rapaces. Si les mécanismes d'arbitrage international lié à l'investissement – ces fameux tribunaux privés qui permettent aux multinationales de poursuivre les gouvernements – commencent à être mieux connus du grand public et sont plus critiqués que jamais, il y en a qui y voient surtout une aubaine et une source de profits. Une enquête du Guardian met en lumière le rôle croissant de fonds spécialisés qui encouragent des entreprises à lancer ce type de poursuites et prennent le risque de financer elles-mêmes les procédures, contre une part des sommes mirobolantes qui seront extorquées aux États. C'est ainsi qu'une petite entreprise minière australienne, Energy Transition Minerals, réclame au Groenland plus de 11 milliards de dollars de compensation en raison l'interdiction de l'exploitation de l'uranium votée en 2021, avec l'appui d'un fonds appelé Burford Capital.

Cette lettre a été écrite par Olivier Petitjean.

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