Publié le 13.11.2024 à 19:54
« Le groupe La Poste veut-il couler son service public ? » Derrière le ton volontairement incisif employé par François Auguste, du collectif « J’aime ma poste », se cache une vraie question. C’est en effet l’incompréhension qui prédomine parmi la grosse cinquantaine de manifestants rassemblés samedi 9 novembre devant le bureau de poste Alsace-Lorraine, à Grenoble.
Salariés, syndicats (CGT FAPT et Sud PTT), usagers, élus – dont le sénateur Guillaume Gontard, la députée Elisa Martin et les adjoints Isabelle Peters, Alan Confesson et Margot Belair, ceints de leur écharpe tricolore… Tous ont répondu à l’appel du collectif « J’aime ma poste », afin de protester contre la fermeture imminente du bureau de poste. D’abord annoncée pour le 15 juin, puis le 24 août, celle-ci a déjà été reportée à deux reprises, grâce à la mobilisation.
Cette fois pourtant, les dés semblent quasiment jetés, du moins pour le groupe La Poste, qui prévoit de baisser le rideau ce vendredi 15 novembre. Cerise sur le gâteau, les salariés indiquent avoir appris la date « par la mairie, et non par la direction… Un comble ! » Quant aux explications fournies pour justifier la décision, « on n’arrive pas à les comprendre« , grince Arnaud Vossier, représentant syndical Sud PTT, guichetier au bureau de la place Saint-Bruno et occasionnellement à celui d’Alsace Lorraine.
Le syndicaliste évoque en effet la « forte activité » de ce bureau de poste, « toujours plein« . « La seule chose qu’on nous ait dit, c’est qu’il fallait réduire les coûts. Mais ce n’est pas aux usagers et aux postiers de payer les mauvais choix des dirigeants de La Poste« , s’insurge-t-il. Arnaud Vossier souhaite en outre « insister sur le côté inhumain de cette fermeture« , pointant les « mensonges » de la direction : « On nous a menti pendant des mois et des mois en nous disant qu’il ne fallait pas s’inquiéter, que le bureau ne fermerait pas. C’est une honte !«
Si le site d’Alsace-Lorraine est ciblé à (très) court terme, son cas illustre une situation globale également inquiétante, dans l’agglomération grenobloise comme ailleurs en France. « En défendant le bureau d’Alsace-Lorraine, nous défendons tous les bureaux de poste de Grenoble« , affirme ainsi François Auguste. « Nous demandons à La Poste d’accélérer les travaux pour l’ouverture du bureau de poste Jean-Perrot et le maintien du distributeur de billets. Et nous défendrons s’il le faut les bureaux de poste Stalingrad et Bajatière, qui sont eux aussi menacés » – avec une fermeture potentielle d’ici septembre 2025.
Par conséquent, « une table ronde s’impose dans les meilleurs délais« , estime le militant du collectif, qui entend solliciter à cet effet la nouvelle préfète de l’Isère Catherine Séguin. Dès son arrivée, celle-ci trouvera ainsi sur sa table ce dossier particulièrement symbolique. Car aujourd’hui, l’accès à un service public comme la poste « fait partie du droit à la communication« , souligne Serge Benito, postier et élu CGT. C’est « l’un des droits fondamentaux » dont doivent bénéficier « tous les citoyens« , ajoute-t-il. Et ce, « au même titre que la santé, l’éducation, la culture ou les sports« .
Publié le 12.11.2024 à 20:18
Les négociations menées ce mardi 12 novembre, dans l’après-midi, n’ont conduit à aucune avancée. La direction a simplement « proposé de réfléchir à nous payer ce qu’on nous doit », ironise Laure Drillat, déléguée syndicale CGT. Les salariés de la clinique psychiatrique du Dauphiné, à Seyssins, poursuivent donc leur grève illimitée entamée lundi 11 novembre au soir.
Deux ans après un premier mouvement massif, le mécontentement est toujours généralisé, avec plus de 95 % de grévistes parmi les 86 salariés. « Il n’y a que trois soignants qui ne font pas grève », précise Laure Drillat. En cause cette fois-ci, le management de la nouvelle direction, qui « met en souffrance de nombreux salariés », ainsi que la dégradation des relations sociales et des conditions de travail.
Tant qu’ils n’auront pas de garanties sur ce dernier point, le mouvement perdurera, assurent les grévistes. Concrètement, cela implique notamment « qu’on ne touche pas à notre planning », mais aussi d’obtenir « des garanties sur les effectifs infirmiers », précise la soignante. Ses craintes ? Passer à « deux le week-end au lieu de trois, pour 35 patients », et la nuit, « de un pour 35 à un pour 70, comme dans d’autres cliniques du groupe ». Si la direction n’a pas confirmé de telles intentions, elle refuse toutefois de donner des gages à ce sujet.
« Ce sont des financiers », tacle Laure Drillat en évoquant le groupe Orpea (désormais Emeis), qui a racheté la clinique en 2020. « On a l’impression qu’on ne parle pas le même langage », ajoute-t-elle.
Après la grève d’octobre 2022, les soignants n’ont « pas eu d’augmentation de salaire » suivant l’inflation, déplore la déléguée CGT. Avant d’énumérer : « Ils nous devaient une prime de 150 euros net. La participation n’a pas été versée, alors qu’elle doit l’être en juin normalement. Et on a aussi des salariés qui travaillent sans contrat, une collègue qui n’est pas payée et a dû faire un crédit… »
Laure Drillat fustige ainsi « la manière dont sont traités les gens ». « On a des collègues qui sont complètement déprimés », constate-t-elle, accusant ces « financiers qui détruisent des vocations ». Et de rappeler le passif d’un « groupe alpagué pour maltraitance ». Laquelle touche à la fois les soignants et les patients.
En psychiatrie, les conséquences peuvent être en effet particulièrement lourdes pour ces derniers. « Que font les patients une fois dehors ? », s’interroge la représentante syndicale, pointant notamment les risques de décompensation ou de suicide. Pour elle, le groupe Orpea/Emeis ne réfléchit qu’en termes de profit et de bénéfices potentiels. « Mais il y a des limites quand on travaille avec des êtres humains », s’insurge-t-elle.
Les grévistes seront de nouveau reçus par la direction ce mercredi matin. Avec des revendications inchangées : l’organisation du travail en douze heures, la non-diminution du ratio patients/soignants, les acquis sociaux, les embauches sur les postes vacants et l’augmentation générale des salaires.
« On essaye de limiter la casse, même pas de gagner de nouveaux droits », souligne Laure Drillat. Pour l’instant, la seule réponse de la direction est de « faire rentrer des huissiers tous les jours », observent les soignants, amers. Il y a pourtant urgence. Car le turn-over est déjà presque inexistant à la clinique du Dauphiné. Et si rien ne change, « on partira », préviennent-ils.
Publié le 12.11.2024 à 16:57
Ce samedi 9 novembre, plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées rue Félix-Poulat, pour cette nouvelle manifestation de soutien aux Palestiniens et Libanais. Les manifestants ont ainsi pu écouter avec attention François Moscato (AFPS) expliquer les raisons supplémentaires de se réunir et manifester face au silence assourdissant des médias dominants et des gouvernants, qui taisent les massacres perpétrés par l’armée israélienne.
« Vous, au moins, pourrez témoigner, chers amis, à vos enfants et petits enfants que vous étiez là pour résister. Honte aux médias qui se taisent, merci au Travailleur alpin, qui soutient semaine après semaine notre cause », a lancé le militant, debout sur les marches de l’église.
Le tract, distribué lors du rassemblement précédant le départ du cortège, revendiquait pêle-mêle « un cessez-le-feu immédiat, total et permanent, à Gaza et en Cisjordanie, l’arrêt immédiat de l’agression israélienne contre le Liban, le retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza, l’arrêt des livraisons d’armes à Israël ». Mais aussi « l’acheminement d’urgence d’une aide humanitaire à la hauteur des besoins, la protection internationale pour les personnels humanitaires sur le terrain et le respect des institutions de l’Onu, des sanctions contre Israël tant qu’il ne respectera pas le droit international, la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens ainsi que des otages israéliens »… Sans oublier « la fin de l’occupation, de la colonisation et de l’apartheid, la suspension de toute collaboration entre nos universités et les universités israéliennes, le respect de la liberté d’expression sur la nature et les acteurs de ces conflits », et enfin « la reconnaissance de l’État de Palestine ».
Parmi les points importants évoqués, la nécessité de faire pression sur les gouvernants afin que ceux-ci s’opposent à la volonté d’Israël d’interdire les activités de l’UNRWA. L’agence humanitaire de l’Onu fournit en effet une aide à à 2,2 millions de personnes à Gaza, à Jérusalem et en Cisjordanie.
Avant le départ du cortège, dans les rues de Grenoble, l’AFPS et les associations présentes en soutien ont également vanté l’impact de la campagne BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions), un moyen d’action prioritaire face au gouvernement israélien, selon ces organisations.