TOUTES LES ASSOS

Le Travailleur Alpin

Journal de la Fédération de l'Isère du Parti Communiste Français

Publié le 24.04.2025 à 16:43

Manuel Pavard

« Le gouvernement devra s’expliquer. J’en ferai une démarche transpartisane. » La députée LFI-NFP de Seine-Saint-Denis Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, annonce la couleur sur X, expliquant l’objectif de son action. Elle demande une commission d’enquête parlementaire « sur l’abandon de l’usine Vencorex », indique-t-elle dans un communiqué diffusé ce mardi 22 avril.

Sa démarche intervient un peu moins de deux semaines après le coup de massue qu’a constitué la décision rendue le 10 avril par le tribunal de commerce de Lyon. Les juges ont en effet écarté le projet de reprise par une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), porté par les salariés, la CGT, des collectivités territoriales et l’industriel local Olivier Six, retenant l’offre de l’entreprise hongroise BorsodChem, filiale de Wanhua.

Les porteurs du projet de SCIC (Séverine Dejoux et Denis Carré, élus CGT, Christophe Ferrari, président de la Métropole, et Olivier Six, PDG de CIC Orio) devant Vencorex, le 10 avril, après l’annonce du tribunal de commerce. © Manuel Pavard

Problème, rappelle Aurélie Trouvé, « seule une petite partie est reprise par le groupe chinois Wanhua », qui était en outre le « principal concurrent » de Vencorex. Le repreneur ne conserve ainsi que l’atelier Tolonates, soit 54 salariés (au maximum) sur les 460 que comptait initialement l’entreprise. Pour le reste, la majeure partie de l’activité va cesser sur les 120 hectares de la plateforme chimique de Pont-de-Claix.

« Notre souveraineté industrielle est en danger »

La députée LFI pointe donc le danger guettant la souveraineté industrielle du pays. « L’abandon de cette production menace directement l’autonomie technologique et industrielle de la France dans des secteurs aussi cruciaux que le nucléaire, le spatial et la défense », redoute-t-elle. La conséquence de l’effet domino observé sur l’ensemble de la filière chimique, à commencer par Arkema et Framatome, toutes deux étroitement liées à Vencorex, sur la plateforme voisine de Jarrie.

Aurélie Trouvé à la Fête du Travailleur alpin 2019, au parc de la Poya. © Luc Renaud

Pourtant, « des élus politiques de tous bords, nationaux et locaux, ainsi que des syndicats de salariés ont alerté le gouvernement depuis des mois sur l’avenir de cette usine », souligne Aurélie Trouvé, qui regrette « qu’aucune mesure concrète et efficace n’ait été prise par le gouvernement ». L’ancienne coprésidente et porte-parole d’Attac cite la « renationalisation temporaire », refusée par François Bayrou, ou la proposition d’un investisseur indien qui « n’a visiblement pas été étudiée, alors qu’elle était sur la table ».

« Je dépose une demande de commission d’enquête en vue d’établir les responsabilités du gouvernement et des entreprises clientes de Vencorex dans la liquidation de l’entreprise. »

Aurélie Trouvé, députée LFI de Seine-Saint-Denis

L’élue insoumise met également en doute les « raisons budgétaires avancées par le gouvernement » pour ne pas soutenir davantage le projet de coopérative des salariés. Des explications qui « interrogent », selon elle, « puisque les coûts de l’abandon de la production (…) risquent d’être bien supérieurs à celui de son maintien ». Une référence notamment à la dépollution du site, dont le coût estimé approcherait le milliard d’euros. Ce qui a conduit l’avocat Pierre Janot, représentant les syndicats (CGT, CFE-CGC, CFDT) et des associations, à interpeller le 16 avril les industriels. Lesquels devraient, selon lui, prendre en charge la dépollution.

Les coûts de l’abandon de la production — notamment la dépollution du site — seront bien supérieurs à celui de son maintien. © Manuel Pavard

Aurélie Trouvé indique, dans son communiqué, déposer une demande de commission d’enquête « en tant que présidente des affaires économiques ». Ceci, annonce-t-elle, « en vue d’établir les responsabilités du gouvernement et des entreprises clientes de Vencorex dans la liquidation de l’entreprise ».

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Publié le 24.04.2025 à 10:48

Manuel Pavard
La famille hébergée à l’hôtel en attendant une solution plus pérenne (Mise à jour 24/04/2025)

Le combat du collectif RESF n’aura pas été vain. Après une semaine d’occupation, la famille albanaise mise à l’abri dans le gymnase du collège Vercors doit être hébergée provisoirement, à partir de ce jeudi 24 avril, dans un hôtel à Grenoble, indiquent au Travailleur alpin les membres du collectif. Reçus par l’Adate mercredi 23 avril, les parents et leurs trois enfants seront désormais suivis par une assistance sociale.

Pour les enseignants et parents d’élèves mobilisés, c’est un réel succès au regard des précédents. Les occupations d’école menées depuis l’automne 2022 à Grenoble s’étendent en effet généralement sur plusieurs mois. Le collectif RESF reste toutefois vigilant, l’hôtel n’étant qu’une solution temporaire. « On espère que la famille sera logée ensuite de façon plus pérenne dans une structure de l’agglomération et ne sera pas trop éloignée », indique Christelle Blanc-Lanaute, professeure de français au collège Vercors.

[Encadré ajouté le jeudi 24 avril]

Vendredi 18 avril 2025, 18 heures. Alors que les derniers élèves ont quitté le collège Vercors pour deux semaines de vacances, deux collégiens, accompagnés de leurs parents et de leur petit frère, font le trajet inverse. Tous les cinq pénètrent dans l’établissement où ils s’apprêtent à passer les prochaines nuits, installés dans le gymnase. Depuis la veille au soir, des enseignants et parents d’élèves réunis au sein des collectifs RESF (Réseau éducation sans frontières) du collège Vercors et de l’école maternelle de la Rampe — où est scolarisé le petit dernier — occupent en effet le bâtiment pour y mettre à l’abri cette famille albanaise, jusque-là à la rue.

La famille peut dormir toutes les nuits dans le gymnase situé dans l’enceinte du collège Vercors (le bâtiment à droite).

À la fin de l’hiver, quinze écoles grenobloises étaient encore investies par une vingtaine de familles (pour un total de 80 enfants), selon les chiffres de l’intercollectif des écoles occupées. Mais c’est la première fois qu’un collège rejoint le mouvement d’occupation lancé à l’automne 2022 à Grenoble. Une décision que les enseignants et parents ont prise en découvrant, lundi 14 avril, la situation de la sœur et du frère aînés, élèves en quatrième et troisième.

Trois semaines à dormir dehors, malgré le dépôt d’une demande d’asile

Les deux adolescents sont scolarisés au collège Vercors, dans le quartier Abbaye-Jouhaux, depuis le 27 mars, peu après l’arrivée en Isère de la famille, en provenance d’Albanie. Soit trois semaines à dormir dehors quasiment tous les soirs. Pourtant, « la famille a déposé une demande d’asile le 19 mars », explique Christelle Blanc-Lanaute, professeure de français et représentante du collectif RESF. « Ils ont un récépissé de dépôt de demande mais tout ce qui devrait découler de ça n’a pas du tout suivi, que ce soit le droit à l’allocation mensuelle ou à un hébergement en Cada… Donc ils sont à la rue », s’insurge-t-elle.

Pour couronner le tout, « le 115 est totalement saturé », déplore l’enseignante. Et ce, malgré « de nombreuses alertes, notamment de la part du principal du collège ou de l’assistante sociale » qui ont tous cherché à joindre le numéro d’urgence sociale. En vain. La famille était ainsi complètement « livrée à elle-même », sans aucune solution d’hébergement. « Quand on l’a appris, on a décidé de les mettre à l’abri deux nuits à l’hôtel et ensuite d’ouvrir un lieu », raconte Christelle Blanc-Lanaute.

« Une grosse solidarité concrète des parents d’élèves »

Chaque soir, y compris en cette période de vacances, des membres du collectif viennent donc ouvrir le gymnase à la famille, qui peut passer la nuit sur place, avant de vaquer à ses occupations la journée. Et le lendemain soir, rebelote. Concernant les matelas, la nourriture ou les divers objets utiles, les demandeurs d’asile peuvent compter sur « une grosse solidarité concrète des parents d’élèves du collège, qui se sont organisés en réseau pour amener plein de trucs », souligne l’enseignante.

Christelle Blanc-Lanaute (à droite), prof de français, et ses collègues se relaient auprès de la famille.

Le collectif du collège Vercors a également pris contact avec l’intercollectif des écoles occupées et avec le DAL 38, afin d’obtenir des conseils sur la manière de mener une occupation d’établissement scolaire et sur les démarches à suivre avec les institutions. Car tous le rappellent, la mise à l’abri dans le gymnase reste une solution provisoire n’ayant, en théorie, pas vocation à durer.

« Continuer à solliciter » les autorités en attendant une solution d’hébergement

Des contacts, directs ou indirects, ont été noués à cet effet avec la ville de Grenoble, le département de l’Isère, la préfecture… Pour l’instant sans succès. « Il y a une tolérance de la mairie et même une certaine forme d’engagement », reconnaît Christelle Blanc-Lanaute. Mais contrairement aux écoles occupées, « le collège relève des compétences du département », pas de la ville. Et « le département, c’est autre chose », euphémise l’enseignante à propos de la majorité départementale de droite.

Le collectif RESF, qui exigeait « qu’une solution d’hébergement soit proposée immédiatement » à la famille, a vu ses espoirs initiaux légèrement douchés. Il va maintenant « continuer à solliciter » les pouvoirs publics et « espère que ça se débloquera avant la rentrée ». L’occupation aura eu en outre un mérite, celui de participer à une certaine « prise de conscience » des collégiens, constate Christelle Blanc-Lanaute. « Ils ont des camarades à la rue : ça les surprend, ça les touche, ils ont des réactions de solidarité », se félicite la prof de français, convaincue que de telles situations seront « amenées à se reproduire » à l’avenir.

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Publié le 20.04.2025 à 00:18

Edouard Schoene

Les Fontainois l’attendaient depuis dix-neuf mois. Fermé depuis l’incendie survenu, fin juin 2023, lors des émeutes urbaines consécutives à la mort du jeune Nahel, le bureau de poste de Fontaine a enfin rouvert au public le 17 février 2025. Pourtant, pas de grande célébration de la part de la municipalité, mais une réception officielle organisée en catimini, comme l’a souligné Willy Pepelnjak, co-secrétaire du PCF à Fontaine, lors de son intervention, ce vendredi 18 avril.

Claudine Didier et Willy Claudine Didier, cheffe de file communiste pour les municipales 2026, et Willy Pepelnjak, co-secrétaire de la section PCF Fontaine rive gauche du Drac.

« Aussi nous avons organisé cette fête ce soir, avec vous qui avez contribué à faire rouvrir la poste de Fontaine, en signant des pétitions et en manifestant », a indiqué le responsable communiste. Et celui-ci de poursuivre : « Nous avons réussi alors que nombre de bureaux de poste ont fermé dans l’agglomération et dans le pays. Pendant des mois, ce fut la galère pour nombre de nos concitoyens pour accéder à la poste de Seyssinet et de Sassenage et y faire la queue. Ambroise Croizat, père de la Sécurité sociale, disait que la Sécu était la richesse de ceux qui n’ont rien. J’étendrai cette phrase aux services publics attaqués par le pouvoir capitaliste. »

Claudine Didier attaque le bilan de Franck Longo

Willy Pepelnjak a ensuite cité les mauvais coups du gouvernement, appelant à résister à ses projets, avant de céder la parole à Claudine Didier. La cheffe de file des communistes pour les municipales 2026 a quant à elle attaqué le bilan du maire Franck Longo (MoDem) et de son équipe, pointant de nombreux points noirs : la réduction des services rendus, des personnels…

Claudine Didier a évoqué notamment les logements pour personnes âgées aux effectifs de gardiennage supprimés ou encore l’écrivain public non remplacé. Sans oublier de dénoncer l’efficacité du camion « France services ». Lequel doit aider aux démarches, mais sans répondre aux attentes pour accéder correctement aux différents services (sécurité sociale, retraite, emploi…).

Claudine Didier a détaillé les nombreux manquements de l’actuelle majorité municipale.

La discussion fraternelle est allée bon train, parmi les participants, autour de boissons, de biscuits. Les situations locale, nationale et internationale portaient en effet au débat, auquel les militants présents se sont volontiers prêtés.

L’affiche de la fête populaire organisée par les communistes fontainois.

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Publié le 18.04.2025 à 12:41

Manuel Pavard

Un acte « absolument inacceptable ». Les propos d’Amandine Demore témoignent de la consternation régnant au sein du lycée Marie-Curie. La maire communiste d’Échirolles a réagi, dans un communiqué diffusé le jour-même, à l’agression à l’arme blanche dont a été victime un élève de l’établissement, blessé après avoir été poignardé à la sortie des cours, ce jeudi 17 avril.

Les faits se sont produits vers 12h15, au moment de la pause méridienne. Selon Le Dauphiné libéré, l’adolescent de 17 ans, élève en première, a été violemment pris à partie par quatre individus encagoulés, qui l’attendaient devant les grilles du lycée. L’un d’eux lui a porté trois coups de couteau, avant de prendre la fuite en voiture avec ses complices.

Conduit par un ami à la clinique des Cèdres, à proximité, le lycéen y a été pris en charge par le Samu, puis transporté au CHU Grenoble Alpes où il a été admis en service de déchocage. Mais d’après les premiers éléments, son pronostic vital n’est heureusement pas engagé. Une enquête a été ouverte, confiée au service local de police judiciaire (SLPJ) de Grenoble.

« J’en appelle, une fois de plus, à nos dirigeants nationaux »

À Échirolles, l’émotion est bien sûr très vive. Amandine Demore a donc tenu d’abord à adresser « toute [sa] compassion » et « tout [son] soutien » à la famille et aux proches de la victime ainsi qu’aux lycéens et lycéennes et à toute l’équipe pédagogique du lycée Marie-Curie. Néanmoins, l’édile souhaite également « faire part de [sa] colère face au déroulement d’un tel évènement » dans la commune.

Amandine Demore à la tribune lors du rassemblement pour un commissariat de plein exercice à Échirolles, en novembre 2024.

Amandine Demore rappelle son combat en tant que maire, depuis de longs mois, « pour l’implantation d’un commissariat de plein exercice » à Échirolles. Et ce, comme ses prédécesseurs PCF Gilbert Biessy et Renzo Sulli « depuis de trop nombreuses années ». Elle souligne également le « besoin criant d’une véritable politique nationale de prévention et de médiation pour éviter que de tels drames continuent de se produire ». Tout comme « la mise en place d’une police nationale de proximité » qui serait, selon l’élue, « de nature à prévenir l’apparition de cette violence insupportable ».

La maire d’Échirolles interpelle de nouveau le sommet de l’État. « J’en appelle, une fois de plus, à nos dirigeants nationaux, président de la République comme ministres, pour mettre en œuvre les solutions efficaces et durables face à tous ces agissements violents et inacceptables », conclut ainsi Amandine Demore.

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Publié le 17.04.2025 à 18:56

Manuel Pavard

La cession est désormais matérialisée. Après le délibéré rendu, le 10 avril, par le tribunal de commerce de Lyon attribuant la reprise (très) partielle de Vencorex à BorsodChem / Wanhua, les autorisations préfectorales ont été fournies à PDC Chemical, filiale française du repreneur, le 14 avril à minuit. Néanmoins, « la gestion de la sécurité et des rejets environnementaux n’est pas encore effective par leur organisation », avertissent Séverine Dejoux et Denis Carré, élus CGT au CSE, dans un courrier adressé, ce mardi 15 avril, à la préfète de l’Isère, à la Dreal, à l’inspection du travail et au maire de Pont-de-Claix.

Les élus CGT Séverine Dejoux et Denis Carré, entourés d’Élisa Martin et Christophe Ferrari, le 10 avril, à Pont-de-Claix, après l’annonce de la décision du tribunal de commerce.

Ce sont ainsi toujours les salariés de Vencorex qui assurent la sécurité de la plateforme chimique de Pont-de-Claix, site classé Seveso seuil haut et accueillant encore des entreprises en activité. Or, ceux-ci n’ont pas encore signé les conventions de mise à disposition — souhaitée par la direction — auprès de PDC Chemical, « toutes les garanties ne leur ayant pas été apportées sur leurs conditions de travail pendant cette période », expliquent les représentants du personnel. Lesquels ont « des doutes sur le fait que suffisamment de salariés le feront puisque la plupart d’entre eux ne seront pas repris et seront bientôt licenciés ».

« Cette phase transitoire n’a pas été anticipée »

La CGT, qui rappelle avoir alerté à de multiples reprises sur « l’impréparation de PDC Chemical », a l’impression que « cette phase transitoire n’a pas été anticipée ». D’où des questions suscitant une profonde inquiétude. « Qui va donner les ordres en termes de sécurité ? Qui gèrerait un accident avec déploiement d’une cellule de crise ? », s’interroge le syndicat.

De fait, les risques sont bien réels. « La sécurité des salariés de Vencorex (et tous les autres) travaillant sur la plateforme n’est pas garantie en cas d’accident ou de d’incident nécessitant intervention des secours », estiment Séverine Dejoux et Denis Carré, qui ont donc « déclenché un danger grave et imminent », indiquent-ils dans la lettre. Par ailleurs, « aucun salarié de PDC Chemical ne semble aujourd’hui en charge des analyses environnementales », poursuivent-ils. C’est pourquoi les élus CGT ont également lancé, ce mardi 15 avril, « un droit d’alerte santé publique et environnement ».

« Nous ne comprenons pas comment un jugement a pu ordonner une cession alors que l’organisation de la sécurité n’est pas effective sur une plateforme Seveso seuil haut. »

Séverine Dejoux et Denis Carré, élus CGT au CSE de Vencorex

Devant un tel état des lieux, la décision du tribunal de commerce leur paraît encore plus déconnectée de la réalité et des enjeux concrets. Séverine Dejoux et Denis Carré le répètent en conclusion du courrier, tous deux ne comprennent pas « comment un jugement a pu ordonner une cession alors que l’organisation de la sécurité n’est pas effective sur une plateforme Seveso seuil haut ».

Le piquet de grève, à l’entrée de la plateforme de Pont-de-Claix, durant la grève des salariés de Vencorex, fin 2024.

La CGT n’élude pas non plus les conséquences potentielles à plus long terme — la casse sociale n’étant pas la seule implication négative de cette situation. Quid en effet du devenir de ce vaste site s’étendant sur 120 hectares ? C’est en ce sens qu’est intervenu ce mercredi 16 avril l’avocat — et conseiller régional écologiste — Pierre Janot, qui s’exprimait au nom des syndicats de Vencorex (CGT, CFDT, CFE-CGC) et des associations France nature environnement (FNE) et Santé environnement Rhône-Alpes (Sera).

Vencorex, PTT GC et Solvay doivent assumer la dépollution

« Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci imagine un redéploiement de cette plateforme, mais le sujet est indissociable de la dépollution du site », souligne Me Janot. Soit une énorme opération, associée à de lourds enjeux sur les plans de l’environnement et de la santé publique, et dont le coût pourrait, selon différentes sources, approcher le milliard d’euros.

Le redéploiement envisagé poserait en outre deux soucis majeurs, expose l’avocat. D’une part, « le démantèlement des unités de production. D’après la carte, il n’y a qu’une très faible partie des 120 hectares qui continuera à être exploitée. Ce qui pose un problème de sûreté, de sécurité et de maintenance du site », déplore-t-il, évoquant le lien avec le danger grave et imminent lancé par la CGT. D’autre part, « la dépollution des terrains », problème très ancien qui « date de l’enfouissement de 1959 à 1976 ».

Qui Pierre Janot vise-t-il ? En premier lieu, les industriels, en vertu notamment de la loi Alur qui impose une obligation de dépollution aux exploitants. Malheureusement, le « montant symbolique d’1,5 million d’euros » provisionné à cet effet par Vencorex est loin d’être suffisant, d’autant que cette somme risque de ne jamais être débloquée « du fait de la cessation de paiements ». L’avocat et les responsables syndicaux et associatifs se tournent donc également vers la maison-mère, le groupe thaïlandais PTT Global Chemical, toutefois sans grandes illusions.

Près de 76 000 tonnes de déchets enfouis, « une bombe à retardement chimique »

Outre Vencorex, une autre entreprise de la plateforme chimique de Pont-de-Claix est elle aussi ciblée : la société Solvay, propriétaire des terrains où sont enfouis quelque 76 000 tonnes de déchets chimiques et organiques (dont 30 000 tonnes de dioxines), depuis la fin des années 1970. À la demande de la sénatrice communiste Annie David — qui pointait déjà à l’époque « une bombe à retardement chimique » — ces déchets ont été recouverts en 2017 d’un « sarcophage » permettant de les isoler du sol et d’éviter une infiltration dans la nappe phréatique.

La sénatrice PCF Annie David avait fait pression pour limiter les risques liés à l’enfouissement de 76 000 tonnes de déchets sur le site.

Mais qui va entretenir cet aménagement maintenant ? Un point crucial car la « porosité » de l’ouvrage pourrait conduire les déchets à se déverser dans les nappes et in fine dans le Drac, craignent Me Janot et Philippe Dubois, président de FNE Isère. Pour eux, Solvay doit procéder à leur enlèvement. Dépolluer le site relève en effet ici de la santé publique car il existe un risque de « mise en danger de la vie d’autrui », affirme l’avocat. Et celui-ci de rappeler que pour les riverains des plateformes de Pont-de-Claix et Jarrie, il est déjà « interdit de manger les légumes issus de son potager ».

Appliquer le principe « pollueur-payeur »

Concernant le coût de la dépollution, tous sont unanimes : c’est aux industriels d’assumer cette facture environnementale colossale. « Est-ce qu’on applique le principe pollueur-payeur ? C’est ce que nous souhaitons faire », assène Pierre Janot, rappelant que « ces sociétés ont bénéficié d’aides de l’État et gagné beaucoup d’argent ».

Pour lui, comme pour les syndicats et associations, « la pollution n’est pas un mistigri » que les entreprises pourraient « refiler aux collectivités et donc aux contribuables », tout en se dédouanant. Hors de question d’être le dindon de la farce !

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Publié le 17.04.2025 à 18:07

Edouard Schoene

Une odeur de mort et de rage avait envahi la salle dès les premiers mots du médecin Pascal André, médecin urgentiste à Rodez, qui racontait ses interventions à Gaza et en Cisjordanie. Une épidémie d’hépatite A faisait déjà rage en 2024, quand le médecin s’y est rendu pour la première fois. « Il n’y avait déjà plus d’eau, plus de viande, plus de fruits et légumes et pas de toilettes. Alors, tous les virus et bactéries circulent plus facilement. »

Partis de Marseille, passés par Montpellier, Narbonne, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes, Tours, Le mans, Clermont, Lyon les militants qui l’accompagnent veulent alerter. « Nous voulons le désengagement de la France de cette invasion de Gaza, de la colonisation de la Cisjordanie. Thalès continue de livrer des armes. À l’exposition du Bourget, huit industriels israéliens sont invités. Nous voulons que le droit international soit respecté. Un arrêt immédiat des échanges commerciaux avec Israël, « c’est non-négociable ».»

Au départ de Marseille, Pascal André avait expliqué son initiative. « Nous sommes en colère de voir que le refus israélien de respecter le droit entraîne les catastrophes que nous avons vues. Nous souhaitons rencontrer tous les politiques dans les villes où nous nous arrêterons pour leur demander de faire appliquer le droit international. »

À l’hôtel de ville de Saint-Egrève.

À Saint-Egrève, Pascal André se félicitait de l’attitude d’élus. « Nous vous remercions M. le maire de nous accueillir ici dans l’hôtel de ville. C’est la première fois. Nous vous remercions M. le sénateur Gontard, c’est aussi la première fois qu’un parlementaire est là pour nous accueillir. »

Le très long exposé du médecin en grève de la faim et de Amina Mansouri,  (qui est en jeûne) était lourd d’émotions, de témoignages sur la réalité du massacre à Gaza et en Cisjordanie dans le silence complice de nombre de médias, de gouvernants européens, d’institutions comme les universités ou l’Ordre des médecins… À plusieurs reprises, le Dr André évoquait les reproches entendus en Palestine vis-à-vis des Occidentaux qui laissent décimer leurs familles, détruire leur pays.

Amina Mansouri.

Signalant qu’il est chrétien, le docteur rappelait les nombreuses interventions qu’il a eues auprès de responsables religieux (catholiques, protestants, musulmans, juifs) et signale avoir tenté de s’adresser aux chrétiens dans l’église de Saint-Sernin à Toulouse et en avoir été expulsé avec menace d’action en justice.

La veille de son passage à Saint-Egrève, la délégation de « faim de justice pour la Palestine » s’était arrêtée à Lyon. Elle était accompagnée de Pierre Stambul , porte-parole de l’Union juive française pour la paix. La parole des militants pour la paix n’a pu être entendue du fait d’actions bruyantes de militants ultra du CRIF.

Le docteur André appelle à témoigner, notamment sur le site de la Cour pénale internationale, sur tous les faits, actes ou propos condamnables par la loi, pour faire taire les militants, les menacer, faire l’apologie des massacres à Gaza.

A l’issue de la rencontre de Saint-Egrève, le docteur Pascal André, très affaibli par dix-sept jours de grève de la faim, soulignait qu’aucune autorité (la préfecture, par exemple) n’a réagi pour proposer ses services alors qu’en de telles situations de grèves de la faim, les autorités publiques réagissent habituellement, comme ce fut le cas pour les militants kurdes, par exemple.

Le sénateur Guillaume Gontard, Pascal André, Amina Mansouri et Laurent Amadieu, maire de Saint-Egrève..

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Publié le 16.04.2025 à 18:41

Manuel Pavard

« Nous ne voulons pas que l’égalité des chances ne soit qu’une formule ! » La phrase résume parfaitement la philosophie et les objectifs du mouvement de contestation né dans les écoles de la Villeneuve, avant de gagner les établissements scolaires de différents quartiers populaires de Grenoble. Jeudi 10 avril, ce ne sont ainsi pas moins de quatorze écoles qui étaient totalement fermées : les Trembles, les Frênes, la Fontaine, les Genêts, le Lac, la Rampe, les Buttes, Anatole-France, Libération, Simone-Lagrange, Malherbe, Jean-Racine, Marie-Reynoard, Léon-Jouhaux… Sans oublier les collèges des Saules, Lucie-Aubrac et Aimé-Césaire, dont le fonctionnement était également fortement perturbé.

Les grévistes ont lu un communiqué à la fin de l’AG, qui a réuni près de 150 personnes sur la place Rouge.

Une journée de grève massivement suivie par l’ensemble des travailleurs et travailleuses de l’éducation (enseignants, AESH, Atsem, personnel du périscolaire…) de ces établissements, avec le soutien des organisations syndicales (CNT, SNUIPP, Sud) et des parents d’élèves. Tous se sont rassemblés en fin de matinée sur la place Rouge — ou place Nibia-Sabalsagaray-Curutchet (sa dénomination officielle) — au cœur du parc Jean-Verlhac et du quartier de la Villeneuve, pour une assemblée générale réunissant près de 150 personnes.

« Le service public ne fonctionne plus »

À l’origine de cette mobilisation, un énorme ras-le-bol face à la situation sociale très précaire de nombreux élèves, conjuguée au manque de moyens chronique affectant les écoles. « Nous voulons des adultes supplémentaires : enseignants surnuméraires, enseignants spécialisés, UPE2A, enseignant référent, AESH, Rased, CMP, orthophonistes, médecin scolaire, Atsem et le remplacement de tous ces personnels pour que nos élèves puissent apprendre ensemble dans les meilleures conditions et avec toutes les aides nécessaires tout au long de leur scolarité », explique le communiqué lu par les grévistes à l’issue de l’assemblée générale.

Pancartes et banderoles reflétaient une multitude de revendications, illustration d’un profond malaise.

Et ces derniers d’ajouter : « Nous voulons arrêter de souffrir en faisant notre travail. Nous voulons un service public d’éducation de qualité pour toutes et tous ! » Au sein des équipes éducatives présentes, le constat, aussi sombre que pessimiste, est quasi unanime. Au vu des situations vécues, « on peut dire clairement que le service public ne fonctionne plus », s’insurge ainsi Valérie Favier, enseignante et déléguée FSU à l’école des Genêts.

« À la Villeneuve, on a aujourd’hui des enfants qui dorment dehors, qui ont faim, qui sont mal vêtus, qui sont dans une précarité sans nom. »

Valérie Favier (FSU), enseignante à l’école des Genêts

« On a des gamins qui sont victimes d’une misère sociale hallucinante, qui n’ont plus accès aux soins les plus élémentaires ni aux besoins primaires », poursuit-elle. À la Villeneuve, par exemple, « on a aujourd’hui des enfants qui dorment dehors, qui ont faim, qui sont mal vêtus, qui sont dans une précarité sans nom », observe Valérie Favier. Quant au personnel éducatif, celui-ci est « le réceptacle de tout cela », estime-t-elle.

Malheureusement, les alertes ont beau se multiplier, « tout le monde a démissionné », s’indigne l’enseignante, fustigeant l’État, le Département, qui a « complètement échoué sur la protection de l’enfance », ou encore l’aide sociale à l’enfance (Ase). En étant ainsi « parasités par plein de problèmes qu’on ne devrait pas avoir à leur âge », ces élèves sont « empêchés d’apprendre », déplore la représentante FSU. « Et nous, on est empêchés d’enseigner ! »

« On aimerait que nos enfants aient les mêmes chances »

Le désappointement des profs est largement partagé par les parents d’élèves, à l’instar de Julien et Samira, dont les enfants respectifs sont scolarisés à l’école Jean-Racine, dans le quartier Teisseire. Un établissement qui, selon le premier nommé, « mériterait d’avoir plus de moyens pour donner une éducation de qualité et améliorer les conditions d’accueil ». Samira abonde, réclamant « moins d’élèves dans les classes et plus de moyens humains. Une AESH pour cinq-six élèves, ce n’est pas possible », affirme-t-elle, décrivant « une équipe éducative un peu abandonnée ».

Les enseignants, AESH ou Atsem de quatorze écoles grenobloises étaient en grève le 10 avril.

Samira assure pourtant ne pas demander la lune : « On aimerait que nos enfants aient les mêmes chances que les autres. » Les parents et enseignants de l’école Jean-Racine sont d’autant plus frustrés que celle-ci a perdu le statut de Rep (réseau d’éducation prioritaire) à la suite de son rattachement au collège des Saules. Et ce, bien que « le quartier concentre des difficultés sociales », souligne Julien. Résultat des courses, l’école ne bénéficie pas — tout comme Malherbe, Anatole-France, Libération et Simone-Lagrange — des avantages afférents. D’où la revendication des manifestants, qui demandent leur classement en éducation prioritaire.

En Isère, 650 à 700 enfants en situation de handicap sans solution

Parmi les autres enjeux de cette mobilisation, l’un des points majeurs concernait l’accueil des enfants en situation de handicap. Alors que l’année 2025 marque les 20 ans de la loi « handicap » et que l’État promeut l’école inclusive, la question doit encore affronter de multiples écueils. L’anniversaire précité fait d’ailleurs rire jaune Luis Beltran-Lopez, conseiller municipal délégué au handicap, présent au rassemblement. « À Grenoble, on a souvent des reconnaissances disant qu’on est la ville la plus accessible de France. On n’est pas la plus accessible, on est la moins pire des villes », ironise-t-il.

Aujourd’hui, constate l’élu grenoblois, « on a à la fois un manque de moyens sur l’école inclusive (AESH ou autre) et un manque de places dans les IME (instituts médico-éducatifs). Il faut réussir à offrir aux familles un choix qu’elles n’ont absolument pas », regrette-t-il. Les chiffres récents sont en effet édifiants. « On parle de 650 à 700 enfants en situation de handicap sans solution, dans le département de l’Isère », indique Luis Beltran-Lopez. Des élèves qui devraient tous avoir accès, selon la loi, à une prise en charge spécifique, mais s’en retrouvent privés, faute de personnel ou moyens suffisants.

La question du manque d’AESH pour les élèves à besoins spécifiques était au cœur des revendications.

Devant un tel tableau, Valérie Favier s’étonne quant à elle du manque de considération à l’égard des AESH : « C’est devenu le deuxième métier de l’Éducation nationale, l’un des plus précaires de notre société — donc l’un des plus féminisés — alors qu’en termes d’utilité sociale, c’est l’un des premiers. » Et l’enseignante de conclure en pointant cette incongruité « scandaleuse » : « Il y a certains pays qui ont fait le choix de confier les gamins les plus fragiles aux personnels les mieux payés et les plus formés… En France, on a fait le contraire : on les confie aux moins payés et moins formés ! »

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