TOUTES LES ASSOS

Un Toit Pour Tous

UTPT se donne pour mission de favoriser l’accès et le maintien dans un logement décent des personnes à faibles ressources en lien avec les collectivités locales.

15.04.2025

Anne-Laure Navarro

Selon une étude de la Direction de recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS), 7,6 millions de personnes en France, de plus de 15 ans sont en situation de handicap et vivent à domicile. 26% des personnes handicapées de 15 à 64 ans sont sous le seuil de pauvreté. 25% des plus de 60 ans sont en situation de handicap contre 8,7% pour les 15-59 ans.

Une plateforme pour une prise en compte spécifique

Pascal Bruneau est chargé de mission à la plateforme Vieillissement et Précarité (VIP). Celle-ci est un service du Relais Ozanam, membre du Groupement des Possibles.

Depuis dix ans, au sein des pensions de famille des relais Ozanam, on constate une évolution des besoins des personnes vieillissantes en grande précarité. Les problèmes concernent autant les personnes elles même que les accompagnants ou les structures.

Pour un accompagnement digne et adapté

Le vieillissement prématuré, dès 40-45 ans des personnes en précarité est peu pris en compte. Se pose d’abord le problème de l’acceptation par les personnes concernées de cette évolution de leur situation. Il faut ensuite qu’elles puissent accéder à des aides adéquates. Pour cela, il est nécessaire que les personnels des services sociaux et médicaux sociaux aient conscience des réalités spécifiques pour assurer un bon accompagnement.

La difficulté du maintien des liens avec les familles de cœur ou les familles de sang se pose pour toutes ces personnes vieillissantes en situation de handicap. Aborder la fin de vie et la mort avec ces dernières est compliqué.

Le rôle de la plateforme est d’inciter les professionnels et les structures intervenant auprès de ces personnes à prendre en compte ces spécificités sans les rejeter. Cela peut passer par une adaptation des locaux mais aussi des formations pour les personnels en charge des accompagnements de ce public.

Un réseau pour une meilleure prise en compte

Yanis Bediat et Léonore Boile sont ensuite intervenus pour le Réseau Santé et Précarité, émanation du Réseau Social Rue Hôpital. Ce dispositif rassemble de nombreux acteurs intervenants dans le secteur de la grande précarité sur la métropole de Lyon.

Il est important qu’il y ait un guichet unique qui permette de coordonner les parcours des personnes en grande précarité en situation de handicap afin qu’elles puissent être orientées soit vers des Lits haltes soins santé (LHSS), des Lits d’accueil médicalisés ou des appartements de coordination thérapeutiques. Chaque structure est adaptée à des réalités différentes en fonction de la situation des personnes (avec ou sans papiers, seules ou en couple etc.). Une formation et une coordination des personnels des différents services en contact avec ces personnes sont indispensables.

Pour aller plus loin sur le sujet de la difficile adaptation du logement pour les personnes en situation de handicap, l’Observatoire pour l’hébergement et le logement a rédigé des études pour la Fondation pour le logement des défavorisés :

Les-cahiers-de-lOHL_decembre-2024_Handicap-et-logement-social.pdf,

Les-cahiers-de-lOHL_decembre-2024_lhabitat-inclusif.pdf,

Les-cahiers-de-lOHL-decembre-2024_handicap-et-privation-de-domicile-personnel.pdf

L’article La prise en compte spécifique du vieillissement des personnes en grande précarité, un enseignement du dernier 12/14 est apparu en premier sur Un Toit Pour Tous.


15.04.2025

Anne-Laure Navarro

Philippe Tournier, anciennement artisan et gérant d’une entreprise de plomberie, chauffage et sanitaire, est bénévole et administrateur d’Un Toit Pour Tous. Il rencontre des salariés de l’association en réalisant des travaux de plomberie dans leurs appartements, motivé notamment par les perspectives d’engagement social. Il devient bénévole en 2021 à sa retraite et référant du GAST (Groupe d’appui aux services techniques).


Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Philippe Tournier, j’ai 64 ans, et je suis bénévole depuis plusieurs années et référent du GAST (Groupe d’appui aux services techniques) depuis deux ans.
J’ai travaillé longtemps dans la tuyauterie, puis j’ai créé ma propre entreprise de plomberie, chauffage et sanitaire en 2003, avec une dizaine de salariés.

Depuis quand connaissez-vous l’action d’Un Toit Pour Tous ?
J’ai commencé à travailler avec Un Toit Pour Tous en 2004, en réalisant tous les travaux de plomberie, chauffage et sanitaire dans leurs appartements. Ce n’était pas juste un client pour moi : en tant que patron, je considère qu’on ne doit pas se limiter à faire de l’argent, mais aussi mettre ses compétences au service d’actions sociales. J’ai toujours essayé d’adapter mon travail aux contraintes budgétaires de l’association, tout en garantissant des logements de qualité aux locataires.
En 2021, à ma retraite, Claire, la salariée responsable de la maitrise d’œuvre m’a proposé de rejoindre le GAST.

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager en tant que bénévole ?
Quand j’ai intégré le GAST, c’était une manière de continuer ce que je faisais déjà dans mon travail : mettre mes compétences au service des projets de l’association. J’ai toujours eu des relations avec des architectes, maîtres d’ouvrage et artisans, et c’est exactement ce qui fait aussi le quotidien du GAST.
Puis le président de la coopérative foncière m’a proposé d’intégrer le conseil d’administration. J’ai pris mon temps avant d’accepter, parce que c’est une autre manière d’aborder Un Toit Pour Tous. Je suis davantage dans le concret, la réalisation, et le CA implique une vision plus globale. Mais c’est aussi l’opportunité de donner un autre regard, d’apporter de nouvelles idées, et de participer aux décisions stratégiques.

Sur quelles actions êtes-vous impliqué ?
Je suis référent du GAST. Dernièrement, le fonctionnement du groupe a évolué, avec une nouvelle organisation en lien avec les salariés, la direction et la présidente de l’association. Nous n’avons pas toujours les mêmes points de vue, et c’est aussi pour représenter le GAST que j’ai accepté d’intégrer le conseil d’administration.

Comment envisagez-vous votre rôle en tant qu’administrateur de l’association ?

Mon parcours me permet d’apporter une approche plus pratique et terrain. Je ne suis pas là pour être en contradiction, mais pour ouvrir le débat et faire entendre d’autres perspectives, notamment plus techniques.

Quels sont, selon vous, les enjeux prioritaires pour Un Toit Pour Tous dans les années à venir ?

La situation politique en France suscite des inquiétudes, notamment en ce qui concerne les politiques du logement et l’impact sur le travail des associations. Un Toit Pour Tous s’engage depuis toujours à défendre l’accès au logement pour tous, indépendamment des évolutions politiques. De mon côté, mon engagement en tant que bénévole repose sur des valeurs fortes que je continue à porter, car je suis convaincu que notre action est essentielle pour accompagner ceux qui en ont besoin. J’ai commencé à évoquer cette question en conseil d’administration, c’est un sujet central pour une association à vocation sociale.

Quelles sont vos relations avec les autres bénévoles et les salariés de l’association ?
Les relations avec les bénévoles sont simples et sincères. On se retrouve régulièrement, une fois par mois, et entre-temps, on est souvent en contact pour les visites de chantiers, les restitutions d’appartements, les diagnostics avant travaux, etc.
Avec les salariés, les relations sont bonnes. Je vois souvent Claire, la salariée responsable de la maitrise d’œuvre, avec qui j’ai une relation de longue date et avec qui je partage une manière similaire de travailler.

Y a-t-il un moment fort à Un Toit Pour Tous qui vous a particulièrement marqué ?
En 20 ans d’engagement, ce qui me marque le plus, c’est ma rencontre avec Claire. C’était sur mon premier chantier avec Un Toit Pour Tous : elle nous avait reçus pour chiffrer des appartements. Je l’ai tout de suite trouvée engagée et déterminée. Pour moi, elle est une personne clé pour Un Toit Pour Tous.

Quel événement ou action de l’association vous semble particulièrement emblématique de son engagement ?
C’est un ensemble de choses. Les Rencontres d’UTPT sont bien sûr un moment fort. Mais j’apprécie aussi les visites de chantier avec les salariés et les autres bénévoles. On est sur la même longueur d’ondes, et ces échanges sont très enrichissants.

Un dernier mot pour conclure ?
Ce que la vie t’a donné, il faut que tu le rendes. C’est comme ça que l’on avancera !

L’article De l’artisan engagé à la gouvernance de l’association : parcours d’un bénévole est apparu en premier sur Un Toit Pour Tous.


11.04.2025

Anne-Laure Navarro

Mardi 1er avril à 17 h, allée des Maires à Voreppe, Un Toit Pour Tous a convié les collectivités et ses différents partenaires à l’inauguration de cinq logements, résultat d’une collaboration longue et performante pour le logement de familles très défavorisées.

Au départ, il y avait deux maisons proches, dans un état délabré, abritant chacune une famille. Elles étaient en vente. La commune de Voreppe a proposé à l’Etablissement public foncier local d’acquérir ces habitations. Celles-ci ont ensuite été cédées à la Communauté de commune du Pays Voironnais.

La volonté de l’ancienne municipalité était d’utiliser ces bâtisses pour en faire des logements pour les familles défavorisées. C’est pourquoi il a été fait appel à l’association Un Toit pour Tous et sa coopérative foncière Un Toit pour Tous Développement. Le résultat, ce sont cinq logements dans un quartier résidentiel avec de magnifiques vues, de belles pièces de vie, des cuisines équipées, avec des commerces et des transports en commun à proximité. Dans quelques semaines des familles (une commission pilotée par le Pays Voironnais se charge de proposer des candidats par ordre de priorité) pourront venir vivre dans ces beaux cadres de vie.

Réhabiliter sans démolir

Comme l’a rappelé Monsieur Maire, Luc Rémond, ce n’a pas été un fleuve tranquille. Mais grâce à cette opération, des familles parmi les plus fragiles vont construire un nouvel avenir. Ces réalisations représentent la force d’un partenariat. Il a rappelé que selon Victor Hugo : « Le premier des droits de l’homme c’est la liberté. Le premier des besoins de l’homme c’est d’avoir un toit »

Pour le président du Pays Voironnais, Monsieur Bruno Cattin, la réhabilitation de ces deux maisons pour en faire cinq logements répond aux trois grands enjeux de centralité, sobriété et solidarité. La nécessité de préserver les espaces agricoles et naturels entraine l’obligation de mobiliser les logements vacants en ville. Ces réalisations en sont l’illustration. Le coût du logement ayant fortement augmenté ces dernières années il est important de pouvoir proposer des logements aux familles les plus précaires.  Il a rappelé la devise d’un Toit Pour Tous « S’approprier son espace de vie est un droit humain fondamental.»

Madame Anne Gérin, conseillère départementale, rappelle que le logement ne fait pas partie des missions obligatoires du département. Mais celui-ci a choisi de soutenir ce projet et continuera à apporter son appui à d’autres démarches similaires.

Pour Monsieur Christophe Ferraris, député suppléant de Sandrine Nosbé, s’abriter, avoir un toit sur la tête est un droit humain fondamental conditionnel à une vie saine. Pour les gouvernements successifs le logement n’est pas une priorité. Madame la Députée a proposé que la Constitution reconnaisse le Droit au logement.

De nombreux partenariats indispensables

Michelle Daran, présidente d’un Toit Pour Tous a remercié tous les partenaires qui ont permis à l’association de réaliser cette opération. C’est la volonté de la commune qui déclenche cette opération mais il faut aussi compter sur le soutien important du Pays Voironnais en particulier grâce à l’engagement de sa vice-présidente, Alyne Motte. Michelle Daran souligne également le soutien du département de l’Isère et des mécènes, le Crédit agricole et la Fondation Saint Gobain, et aussi les appuis de la Fondation pour le Logement des Plus Défavorisés et de l’associé principal de la coopérative, Pluralis. Elle remercie tous les professionnels techniques, les bénévoles d’un Toit Pour Tous ainsi que les entreprises qui ont participé à cette opération.

Grâce à ces aides, la coopérative Un Toit pour Tous Développement peut réaliser des logements très sociaux dans des secteurs très diffus par le biais d’un bail à réhabilitation. Ensuite Un Toit Pour Tous interviendra pour accompagner les familles proposées et favoriser ainsi leur insertion.

Un financement solide et citoyen pour une rénovation ambitieuse

Paul Coste, président d’un Toit Pour Tous Développement, a indiqué que le coût de cette opération s’est monté à 954 000 euros qui comprend pour l’essentiel des travaux de réhabilitation. Un peu plus de la moitié des financements est assurée par des emprunts auprès de la Caisse des dépôts, un tiers par des subventions et le reste par des fonds propres de la coopérative foncière solidaire. Le président de cette dernière a rappelé que le financement de la coopérative s’appuie non seulement sur Pluralis mais aussi depuis deux ans sur des particuliers qui choisissent d’y placer leur argent. Il a invité chacun à faire connaitre ce type de placements en faveur du logement très social. Enfin, il a signalé que par cette opération le classement énergétique de ces maisons est passé de E à B ou C.

Cette opération montre que, pour un Toit Pour Tous, proposer des logements très sociaux ne se limite pas à prendre en charge des appartements dans des immeubles. Grâce aux aides de l’État et autres partenariats comme Action logement, il est possible de réhabiliter des anciens bâtiments dans des communes en manque de logement social et disposant de services (transports, commerces etc.) à proximité.

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17.03.2025

Anne-Laure Navarro

Fin février 2025, Paul Coste, président de la foncière solidaire UTPT-Développement a adressé un courrier aux « investisseurs solidaires », associés de la coopérative, pour les tenir informés de la situation de la foncière à la fin de l’année 2024, avant l’assemblée générale qui se tiendra prochainement en juin 2025 avec quelques grands points :

L’évolution du nombre de logements de la coopérative :

23 nouveaux logements ont été agréés en 2024 : 1 dans le Grésivaudan, 1 dans le Pays Voironnais et 21 sur le territoire de la métropole grenobloise. Il s’agit des logements pour lesquels il a été déposé un dossier auprès de l’État – en lien avec les collectivités locales – pour obtenir les financements pour réaliser des logements sociaux par une opération d’acquisition-réhabilitation. Ces logements feront l’objet de travaux dans les 24 mois à venir pour ensuite être mis en exploitation et accueillir leurs premiers locataires. Début 2025, la coopérative compte d’ores et déjà 18 logements validés ce qui doit lui permettre de réaliser autour de 30 logements et de se rapprocher ainsi de la cible des 35 logements à atteindre selon le projet associatif. L’interdiction prochaine pour les propriétaires privés de louer des logements « passoires thermiques » (DPE F et G) semble ouvrir des opportunités d’acquisition pour UTPT-Développement, coopérative foncière en capacité de financer l’acquisition et la réhabilitation de ces logements.

L’évolution du capital de la coopérative

En 2024, 36 ménages ont apporté un soutien à l’activité de la coopérative Un Toit Pour Tous – Développement en souscrivant des parts sociales de cette société (pour 20 ménages sur 2022/2023). Ceci a permis de collecter 240 K€ de fonds propres à moyen terme, en complément des fonds propres apportés à très long terme par le bailleur Pluralis (253 K€) et par l’association Un Toit Pour Tous grâce au mécénat d’entreprises (118.4 K€).

Le point sur le projet partenarial innovant : la Maison du Bercail

Parmi les nouveaux investisseurs en 2024, 25 ménages, pour 128,5 K€, ont souhaité soutenir le projet du Bercail Paysan lorsque l’association a fait appel à ses adhérents et soutiens pour apporter des fonds propres à la coopérative afin de contribuer au financement de cette opération. Les financements sont aujourd’hui acquis, le permis de construire a été déposé, et la consultation des entreprises se fera au printemps 2025.

La santé financière de la coopérative

Dans ce courrier, il leur a communiqué les éléments financiers discutés au Comité de direction de décembre 2024, tant sur la situation anticipée pour 2024, que sur les perspectives pour 2025 et les années suivantes, dans un contexte de taux d’intérêt élevés mais avec un autofinancement net qui reste très solide. Pour 2025, le président de la coopérative se tient à la disposition de tous les candidats à un investissement en parts sociales pour leur donner toutes les informations utiles pour éclairer leurs choix (mail à : contact@untoitpourtous.org). N’hésitez pas à en parler à vos proches et vos amis, imposables sur le revenu, qui peuvent disposer d’une épargne qu’ils pourraient consacrer à un investissement solidaire (avec réduction d’impôt, pour une durée de détention de 7 ans).

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17.03.2025

Anne-Laure Navarro

Un Toit Pour Tous relaie un communiqué d’ABSISE (association des bailleurs sociaux de l’Isère) relatif aux chiffres nationaux pour l’année 2024.  

La demande de logements sociaux poursuit sa hausse…

« Au 31 décembre 2024, le nombre de demandes de logement social atteint 2 760 000, soit une hausse de près de 157 000 par rapport au début de l’année. Bien que cette progression de 6 % soit inférieure à celle des années précédentes (+ 7,5 % en 2023 et 7,4 % en 2024), elle reste importante en volume. Les demandes de mutation, stables à 32 % du total (890 000 ménages), représentent une part moins significative des nouvelles demandes. Comme l’an dernier, les régions qui connaissent les plus fortes hausses de demandes sont l’Occitanie, PACA, Auvergne- Rhône Alpes, les Hauts de France, et le Grand Est.

… pendant que les attributions continuent leur baisse

En parallèle, les attributions de logements sociaux s’établissent à près de 380 000 sur l’année 2024, soit une baisse de 2,4 % par rapport à 2023. Ce niveau d’attribution est inférieur à celui de 2020, pourtant affectée par la crise sanitaire. Le nombre d’attributions diminue dans toutes les régions, excepté en Nouvelle Aquitaine. La plus forte baisse est observée en PACA, Centre- Val de Loire et Bretagne, tandis qu’en Bourgogne- Franche Comté, l’évolution du nombre d’attributions demeure quasi stable. Cette tendance s’explique très probablement par une diminution des mises en service et un taux de rotation en baisse dans le parc social. »  

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14.03.2025

Anne-Laure Navarro

Par Marc Bartoli, président de Territoires (Agence immobilière à vocation sociale d’Un Toit Pour Tous).

Les rencontres Un Toit Pour Tous du 6 février 2025 avaient pour thème : « Mixité sociale et habitat : quels leviers pour les politiques locales ? »

Allons droit au but, la qualité des intervenants réunis comme l’amphi comble de l’IEP ont été la grande réussite de ces rencontres, davantage que l’approche de la « mixité sociale » qui a surtout tiré ce mot valise vers les sujets de la mixité des logements bâtis et de leurs localisations plutôt que du vivre ensemble des habitants dans le concret vivant de leurs diversités.

La mixité sociale dans le modèle français du logement social

La première intervention était celle de Jean-Luc Vidon (Fédération HLM), rappelant que le modèle français HLM est un modèle généraliste, s’agissant d’accueillir non seulement les plus exclus mais aussi les salariés. La mixité sociale est ainsi censée se faire au sein même du parc HLM, mais se faire aussi au sein du territoire, avec les obligations de pourcentages de logements sociaux initiés par la loi SRU (décembre 2000) et ses aménagements successifs. L’introduction récente (Kasbarian, ministre éphémère) de logements intermédiaires dans les objectifs de logements sociaux montre surtout que cette loi SRU dérange.

Le réel d’aujourd’hui, c’est une crise du logement social, avec 2,7 millions de demandes (dont un tiers sont pour mutations) pour 380 000 attributions.

Sur les 2000 communes concernées, la moitié a atteint les objectifs légaux de 20 à 25% de logements sociaux. La hausse des prix de l’immobilier est considérable depuis 20 ans, et la politique gouvernementale a aggravé les difficultés économiques des organismes HLM.

Une ségrégation sociale persistante

Emmanuel Boulanger (Agence d’urbanisme de la région grenobloise) a dressé un tableau de la segmentation territoriale entre les pauvres et les riches, ségrégation sociale qui survit aux politiques locales. Ainsi sur l’ensemble de l’agglomération grenobloise, il y a globalement 15% de ménages pauvres (moins de 1150 euros pour une personne seule, ou moins de 2000 euros pour un couple avec enfant, etc.), mais c’est 22% à Échirolles, 20% à Saint Martin d’Hères, et 54% à l’Arlequin à Grenoble. Les logements sociaux à moins de 5,8 euros le m2, c’est massivement dans les Quartiers politiques de la ville. À Échirolles, avec 37000 habitants dont une grande précarité en QPV, le pourcentage de logements sociaux atteint 38 à 40%.

Les politiques locales face aux défis du logement social

Les maires présents l’ont été pendant toute la durée de ces Rencontres et ont joué pleinement le jeu du débat. Leurs politiques locales doivent faire preuve d’un volontarisme à la mesure des conditions actuelles de constructions de logements sociaux et de leur renchérissement. Ainsi, à Échirolles, selon Amandine Demore, la ville n’aurait plus les moyens aujourd’hui de faire cette longue opération de construction du centre-ville, qui dura 20 ans, comprenant 35% de logements sociaux en évitant une ville dortoir grâce à l’inclusion également de 35% de bâtiments destinés à des activités diverses commerciales, culturelles, bureaux etc. La réhabilitation du village Sud remonte également à la période 2008-2018, concernant 853 logements sociaux des années 1960, avec une mobilisation associative des habitants, et une recherche de mixité sociale incluant l’accession privée à la propriété.

Vers une nouvelle définition de la mixité sociale ?

À Grenoble, malgré 24,9 % de logements sociaux, selon Éric Piolle la ségrégation sociale se fait avant tout par le haut, le séparatisme est d’abord celui des riches. L’objectif premier à ne pas oublier est de réduire, en amont, les inégalités sociales. Devant les difficultés d’accroître suffisamment par la construction l’offre de logements sociaux, il ne faut pas négliger la captation dans le parc privé (il se dit que 3,5% des ménages contrôleraient 50% du parc locatif), en basculant des logements privés en logements sociaux.

À Seyssinet, la municipalité actuelle essaie de remonter la part des logements sociaux, sachant que la situation héritée vaut à la ville des amendes représentant un tiers de son budget de fonctionnement. Guillaume Lissy ajoute toutefois que le plus important à considérer c’est le taux de personnes en difficulté, et non en soi le taux de logements sociaux, tant les temps actuels sont concrètement à ce que des gens démunis vivent en dehors des logements sociaux.

Cette considération conduit à ressentir le besoin de dépasser les politiques locales du logement strictement dit pour s’intéresser à la question de la mixité sociale vue à travers les situations d’habitat et celles et ceux qui les vivent concrètement, bref une mixité sociale qui soit quelque peu incarnée.

Plus inclusive ?

Une militante d’une association de locataires a pu exprimer son irritation face à l’injonction de mixité sociale lorsque celle-ci est un peu « hors sol », témoignant d’une mixité réussie dans son quartier politique de la ville, et opposant cette situation à celle des quartiers riches où il n’y a pas de mixité sociale, celle-ci pouvant même plutôt y être rejetée.

Le temps du débat n’a pas permis pour autant d’aborder plus précisément ce que recouvre aujourd’hui la mixité sociale dans ses expériences, ses réussites comme ses rejets, dans les termes où les vivent et en traitent les habitants au quotidien, comme locataires mais aussi citoyens.

Pourtant, la société et ses habitants des « quartiers » sont quelque peu traversés par des questions qui ont comme noms troubles du voisinage, incivilités, acceptabilité de règles communes, insécurité, narcotrafic etc. autant de sujets actuels qui ont peut-être à voir avec une mixité sociale en mal d’adhésion et de déploiement plus larges.

L’article À la recherche de la « mixité sociale », ce qu’il faut retenir des Rencontres Un Toit Pour Tous est apparu en premier sur Un Toit Pour Tous.


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