Cette année, pour Un Toit Pour Tous, ce fût une belle et riche journée de rentrée pour près de 100 bénévoles, adhérents et salariés, réunis le 10 octobre sur le thème de l’engagement, à la salle Léo Lagrange à Poisat. Une matinée studieuse et conviviale pour une réflexion collective sur les enjeux du mal-logement pour l’association et sur les moyens d’y mobiliser un plus grand nombre de personnes. Un après-midi de détente (balade à pied et visites) pour favoriser la rencontre entre tous ces partenaires d’un combat commun.
S’engager !
La journée a débuté par une conférence d’Alain Faure, chercheur à l’Institut d’études politiques de Grenoble, sur les ressorts de l’engagement citoyen et les écueils à éviter. S’inspirant de ses recherches sur l’engagement politique (1), il a souligné la place importante du ressort émotionnel dans la décision de s’engager. Et dans notre société actuelle propice aux « vagues émotionnelles », il est nécessaire d’éviter le déploiement de la « fièvre qui balaye tout » et « empêche de prendre de la hauteur ». Pour ce faire, il a rappelé le rôle important des corps intermédiaires en politique (collectivités territoriales, entre autres). À ses yeux, il importe de trouver le bon niveau de dialogue et pense que l’association Un Toit Pour Tous doit continuer et développer ce rôle pour lutter contre le mal-logement.
Des témoignages
Pour illustrer ces propos, cinq personnes investies auprès de l’association dans différents types d’engagements possibles ont apporté leur témoignage sur des solutions innovantes et le soutien apporté par l’association, tout en livrant une réflexion plus profonde sur ce qu’implique le combat contre le mal-logement.
- Georges, bénévole très engagé à UTPT depuis 30 ans, nous a raconté comment on peut être « saisi » par cette injustice du mal-logement dès les années étudiantes.
- Bernard, fort de son récent engagement pour une famille via RESF (Réseau éducation sans frontière) et dont le collectif bénéficie du soutien du dispositif LASUR coordonné par Un Toit Pour Tous, nous a montré comment on peut « passer de l’émotion à l’organisation et de l’individuel au collectif ».
- Bernadette, à partir de son expérience de propriétaire solidaire gratifiante humainement (deux appartements confiés à notre agence Territoires) souligne, de plus, l’avantage financier effectif par rapport à une agence classique, grâce au dégrèvement d’impôts et au primes accordées par Grenoble Alpes métropole et l’Anah (Agence nationale de l’habitat).
- Michel, tout nouveau bénévole, après une vie professionnelle mâtinée de militantisme, exprime sa « satisfaction de pouvoir offrir du temps libre pour une cause qui vous anime depuis longtemps » et de partager avec d’autres des convictions et des expériences.
- Charlotte, salariée à GEG (Gaz et Electricité de Grenoble) et responsable du partenariat avec Un Toit Pour Tous, un mécénat vieux de 10 ans, a insisté sur cet engagement qui a du sens pour son entreprise et ses salariés et qui permet de fournir une aide substantielle à l’association (2).
Des ateliers interactifs
Ils ont occupé le reste de la matinée avant un repas très convivial concocté et servi par l’association Cuisine sans frontières.
Une première série d’ateliers était consacrée aux ressources humaines et financières de l’association. Les vécus des adhérents, des bénévoles et des salariés se sont croisés sous la forme de mots-clefs inscrits sur les post-it autour de plusieurs thèmes : quelles sont les motivations et expériences, en quoi c’est enrichissant, quelles qualités doivent être mobilisées, comment se mettre en route, quelles valeurs. Un jeu de Monopoly solidaire a permis de s’initier aux arcanes de toutes les sources de financement qu’il faut réunir pour réhabiliter un appartement : subventions, prêts, dons, mécénats, financement solidaire etc.
Une deuxième série d’ateliers se concentrait sur les questions très concrètes qui se posent à l’association et qui lui tiennent à cœur : sa mission d’interpellation sur la question du mal-logement et l’engagement auprès de nos locataires. Des voix pour évoquer la variété des supports d’interpellation (articles, réseaux, conférences, spectacles, école, associations relais, manifestations…), les messages pour, suivant les cas, exposer, positiver, dénoncer, rassurer (récits de vie, réussites, dysfonctionnements institutionnels, manque de logements…) sans oublier les moyens à trouver pour interpeller . D’autres voix pour proposer des pistes nouvelles d’engagement pour apporter des aides aux locataires (comme l’aide à la recherche de logement sur internet mise en place depuis deux ans), pour favoriser les rencontres entre locataires et créer une synergie, d’autant plus que les locataires de la coopérative foncière solidaire Un Toit Pour Tous-Développement ont des représentants au conseil d’administration de la coopérative.
Un tremplin pour la suite
Dans les mois qui viennent, cette réflexion communautaire très riche va alimenter le travail de renouvellement du projet associatif d’Un Toit Pour Tous.
Car, n’oublions pas que les formes de solidarités qui existent, informelles ou non, ne sauraient régler à elles seules la crise du logement actuelle. Celle-ci oblige tous les acteurs à interpeller sans cesse les pouvoirs publics, à coopérer et à penser à des solutions innovantes pour répondre à la demande croissante. C’est à la mesure de ce défi que les membres de l’association veulent renforcer leur engagement, poursuivre activement leur recherche de bénévoles et développer de nouvelles pistes tout en s’inspirant des actions concrètes qui déjà portent leur fruit.
(1) Pour aller plus loin sur ces sujets :
- https://enigmes.hypotheses.org/
- https://laviedesidees.fr/Les-blessures-du-pouvoir
- https://shs.hal.science/halshs-04602539v1/document
- https://theconversation.com/la-serie-la-fievre-fable-sur-la-politique-par-dela-les-passions-tristes-230722