Publié le 24.02.2025 à 09:04
Émancipation féminine et alpinisme – Il y a quelques années Anne Benoit-Janin part rencontrer le mari de Passang Lamu Sherpa. Cette népalaise a réussi après plusieurs tentatives à cotoyer le toit du monde. Mais elle n’en reviendra jamais. En prenant connaissance du parcours de Passang, Anne Benoit-Janin se pose la question : y a t-il d’autres népalaises qui ont tenté l’aventure ? Et qu’est-ce que cela change pour elle, dans cette société régit par les castes ? Une enquête sociologique qui l’amènera à réalisé un film documentaire et à écrire un livre. Ce dernier, paru aux éditions Glénat a été réédité en 2024. Après avoir rencontré Sophie Lavaux, qui a grimpé les 14 sommets de plus de 8000 mètres, rencontre avec Anne Benoit-Janin avec les népalaises de l’Everest.
Pour beaucoup de femmes népalaises, l’alpinisme représente bien plus qu’un simple sport. C’est un moyen de se libérer des contraintes sociales et des rôles traditionnels imposés par la société. Particulièrement sur l’Everest, l’ascension est vue comme un symbole de résilience et de pouvoir. Ces femmes, souvent issues de milieux modestes, cherchent à briser les stéréotypes de leur place dans la société en atteignant des sommets qui ont longtemps été réservés aux hommes. Le documentaire d’une sociologue, qui a capté les vies de ces héroïnes invisibles, montre l’importance de cet acte symbolique dans un pays où les femmes sont souvent confinées à des tâches domestiques ou agricoles.
Cependant, malgré ces progrès, les femmes népalaises sont toujours confrontées aux lourdes traditions et à l’héritage des castes. Le système de castes, bien qu’officiellement aboli, continue de jouer un rôle majeur dans leur quotidien. Cela influence non seulement leurs opportunités professionnelles, mais aussi leur accès à l’éducation et à la santé. En parallèle, les attentes sociales liées à leur genre renforcent encore les barrières. Si la montagne est un symbole de puissance et de beauté, elle est aussi un terrain d’émancipation pour ces femmes qui, à travers leurs ascensions, viennent bousculer des siècles de traditions patriarcales. Parmi ces femmes, certaines ont marqué l’histoire, comme Passang Lamu Sherpa, une pionnière qui a ouvert la voie à d’autres.
Pasang Lhamu Sherpa est une figure emblématique du Népal, non seulement en raison de son ascension de l’Everest, mais aussi pour son impact sur la société népalaise. Après sa mort tragique, elle a été honorée par une statue à Katmandou, un geste rare dans une culture où seules les figures divines ou royales sont généralement ainsi reconnues. Sa mémoire perdure, car elle figure désormais dans les manuels scolaires, ce qui permet aux jeunes filles népalaises de la découvrir. Son héritage va bien au-delà de l’alpinisme : elle représente un modèle d’espoir pour les femmes qui aspirent à l’émancipation et à l’égalité.
Le courage de Pasang Lhamu Sherpa a inspiré d’autres femmes comme Lakpa Sherpa, qui détient le record du plus grand nombre d’ascensions de l’Everest par une femme, avec un total de 11 montées. Des exploits comme ceux de Pasang ne sont pas seulement des victoires sportives, mais aussi des symboles de la capacité des femmes à repousser leurs limites, tant physiques que sociétales.
Bien que la montagne soit un outil puissant d’émancipation, les femmes sherpas continuent de faire face à de nombreuses difficultés. Bien que la pratique de l’alpinisme offre des possibilités d’indépendance et de reconnaissance, la pression sociale reste omniprésente. Le parcours de certaines d’entre elles, comme Doma Sherpa, montre que l’Everest ne garantit pas une vie facile ou un statut pérenne.
Doma, par exemple, est une figure du monde alpin, mais après le tremblement de terre au Népal et la pandémie de Covid-19, sa carrière a pris un tournant difficile. En dépit de son statut, elle a été confrontée à des obstacles insoupçonnés dans une société népalaise encore dominée par des traditions et des attentes patriarcales. Doma, la seule à avoir divorcé avant d’escalader l’Everest, est un exemple de femme qui a trouvé sa voie, mais qui reste prisonnière des réalités complexes du Népal. La montagne, bien que libératrice, ne permet pas toujours de se libérer complètement des contraintes culturelles et sociales.
Certaines femmes sherpas ont su trouver un équilibre, comme Kalpana, qui vit au Népal avec son mari et continue son activité d’alpinisme. Mais même pour elles, concilier carrière et vie personnelle reste un défi de taille. Celles qui ont réussi à s’émanciper sont souvent celles qui ont quitté le Népal pour travailler à l’étranger, où elles peuvent exercer des métiers qui leur offrent plus de liberté. Travailler en tant que guides de montagne dans des pays comme les États-Unis leur permet de garder une certaine autonomie financière et professionnelle. Ce type de parcours est un exemple d’émancipation possible, mais il n’est pas représentatif de toutes les femmes du Népal.
Les népalaises qui escaladent l’Everest sont bien plus que de simples alpinistes. Elles sont des symboles de courage et de détermination, mais aussi des témoins des luttes sociales et culturelles auxquelles elles font face. Leur émancipation par la montagne est un processus complexe, souvent marqué par des sacrifices personnels, familiaux et sociaux. Si l’alpinisme leur permet d’évoluer, il ne les libère pas toujours des attentes de leur culture. Leur parcours mérite d’être reconnu, non seulement pour leurs exploits en montagne, mais aussi pour la manière dont elles redéfinissent le rôle des femmes.
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Publié le 18.02.2025 à 11:17
En 2024, les étudiants en master Communication et culture scientifique ont travaillé sur les enjeux des rivières alpines. Ce travail s’est fait avec le concours de l’équipe de Territoire de sciences et Skadi&Co, pour proposer un éditorial cohérent et une narration captivante.
Cinq épisodes de podcast ont vu le jour et sont diffusés la semaine du 17 février 2025. Retrouvez les productions sur Echos de sciences Grenoble et Le Camp de base !
Quelles influences les rivières et les glaciers exercent-ils sur les montagnes et les hommes ? La relation entre les cours d’eau alpins, les glaciers et l’humanité est complexe. Elle est intimement liée à la façon dont l’eau, au fil des siècle, a façonné le paysage tout en influençant les vies humaines.
Avec Delphine Six, glaciologue à l’IGE, Sébastien Nieloud-Muller, chargé d’études et de recherches au Département de la Savoie et Nolwenn Arribart, hydrologue.
Comment les glaciers influencent-ils les rivières en aval ? Pour Delphine Six ces masses de glace ont sculpté les montagnes, formant des moraines et modifiant à jamais le relief des vallées alpines. Ces glaciers, par leur mouvement lent mais puissant, ont transformé le paysage de manière indélébile, et ce processus continue aujourd’hui.
L’archéologue Sébastien Nieloud-Muller souligne l’importance des rivières dans les échanges commerciaux anciens, des premiers habitants aux civilisations antiques, qui ont modelé les vallées à travers des aménagements. Nolwenn Arribart, hydrologue et spéléologue nous guide dans la découverte des processus géologiques, montrant comment l’eau, par érosion, a façonné les Alpes, créant des gorges et des cavernes, dont les grottes sont des témoins directs.
Ce premier épisode aborde l’interaction entre l’homme et l’eau. Les aménagements modernes, tels que les barrages, ont permis à l’agriculture de prospérer, mais ont également modifié l’équilibre naturel des rivières, soulevant des défis écologiques. En conclusion, cette exploration invite à une réflexion sur la manière dont les rivières et glaciers ont transformé non seulement les montagnes, mais aussi l’histoire humaine.
Quelles sont les menaces qui pèsent sur la biodiversité des rivières de montagnes ? L’écosystème des torrents alpins est fragiles, et de nombreux experts nous racontent notamment le rôle du génie végétal dans la stabilisation des berges, grâce à des espèces pionnières.
Avec Juliette Rousset, doctorante en écologie et hydrogéomorphologie à INRAE, Sophie Cauvy-Fraunié, hydro-écologue (Riverly Lab / IRSTEA) & Théo Lauga, technicien à la Fédération de Pêche de l’Isère
La faune aquatique est aussi mise en lumière, notamment les larves de tricoptères et les gamards, menacés par la pollution et les parasites. Enfin, l’importance des interactions entre la végétation et l’eau est soulignée pour maintenir l’équilibre de ces milieux naturels.
la richesse et la diversité des rivières de montagne, abritant une faune abondante mais menacée, indique. Des espèces sont menacées par les espèces exotiques. Les rivières jouent un rôle clé comme corridors écologiques, hébergeant oiseaux, mammifères et amphibiens. Cependant, elles sont mises en péril par l’urbanisation, la pollution et les barrages hydroélectriques, qui modifient le débit et la température de l’eau. Le changement climatique aggrave ces pressions, affectant la biodiversité et la qualité des habitats. Malgré ces menaces, des efforts sont faits pour restaurer les écosystèmes, notamment en améliorant les stations d’épuration et en sensibilisant à l’impact des activités humaines comme la construction de barrages de galets dans les rivières.
L’hydroélectricité a façonné nos paysages et notre industrie depuis plus d’un siècle, mais quel est son avenir face aux défis environnementaux et énergétiques actuels ?
Dans ce troisième épisode, nous nous intéressons à l’histoire et aux enjeux contemporains de l’hydroélectricité en Isère. Nous débutons par une visite du musée de la houille blanche, installé dans l’ancienne demeure d’Aristide Bergès, ingénieur visionnaire qui a popularisé l’expression « houille blanche » pour désigner l’énergie hydraulique, en opposition au charbon. Nous revenons sur le rôle clé de l’exposition internationale de 1925 à Grenoble dans la promotion de cette source d’énergie et sur les avancées technologiques qui ont marqué son développement.
L’épisode explore ensuite l’évolution de l’hydroélectricité, de la construction des premières conduites forcées jusqu’à la nationalisation du secteur avec la création d’EDF après la Seconde Guerre mondiale. Si cette énergie renouvelable a longtemps été une pierre angulaire du mix énergétique français, elle est aujourd’hui confrontée à des défis majeurs : changement climatique, préservation des écosystèmes aquatiques et évolution de la réglementation.
À travers les témoignages d’experts, analysons les impacts environnementaux des barrages et l’émergence de solutions plus durables. Plutôt que de multiplier les nouvelles installations, certaines initiatives, misent sur l’optimisation des infrastructures existantes pour produire de l’énergie tout en limitant l’impact écologique.
Cet épisode ouvre une réflexion sur les solutions les plus adaptées pour concilier production d’énergie renouvelable et préservation de la biodiversité. Un débat essentiel alors que la transition énergétique s’accélère.
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Publié le 12.02.2025 à 08:17
Gouffre Berger-Fromagère : jonction historique ! La spéléologie est peu médiatisé, mais suscite de plus en plus l’intérêt des passionnés de montagne et d’aventure. Dans cet épisode bonus du Camp de base, j’ai eu le privilège d’échanger avec Matisse Roussel et Valentin Chevalier. Tous deux pratiquent la spéléologie et ils ont fait partie, aux côtés de Cédric Lachat et David Parrot de l’équipe de pointe qui a réalisé une jonction entre deux réseaux mythiques : le Gouffre Berger et le Gouffre de la Fromagère. Ce réseau d’une profondeur historique de plus de mille mètres avait déjà été mis en image. C’est dans le film documentaire « On a marché sous la terre » par le réalisateur Alex Lopez, qui propose une plongée souterraine.
Le duo Matisse et Valentin, qui sont descendus dans la galerie de la boue, me racontent au micro, cette première. Un épisode qui permet de mieux comprendre les enjeux de la spéléo et le danger des cavités souterraines. Retour sur une aventure qui mêle passion, technique, et persévérance.
Les montagnes du Vercors, situées au sud de Grenoble, dans le sud-est de la France, sont connues pour leur majesté et leur beauté. Pourtant, sous ces paysages spectaculaires se cache un monde secret, un univers souterrain aussi mystérieux que fascinant. Parmi les réseaux souterrains les plus célèbres de la région, deux noms se distinguent : le Berger et la Fromagère. Ces deux gouffres mythiques, qui ont longtemps intrigué les spéléologues, viennent d’être reliés par une jonction inédite. Un exploit réalisé après plus de 70 ans de recherches acharnées.
L’histoire du réseau du Gouffre Berger et de la Fromagère remonte aux années 1950. Le Berger a été découvert dans le Vercors en Isère sur la commune d’Engins en 1953 et devient rapidement un symbole dans le monde de la spéléo. Ce gouffre, profond de plus de 1000 mètres, a marqué un tournant majeur dans l’histoire des galeries souterraines : c’est une première mondiale.
La Fromagère, quant à elle, a été découverte une dizaine d’années après, et se situe à quelques kilomètres du Berger. Elle est également un réseau impressionnant, dont la profondeur atteint presque les 1000 mètres. Ensemble, ces deux gouffres sont devenus des cibles pour les spéléologues, désireux de découvrir si, un jour, il serait possible de relier ces deux mondes souterrains.
Depuis les années 1970, des rumeurs circulaient sur la possibilité d’une jonction entre le Berger et la Fromagère. En 1990, un premier succès déjà : le spéléologue Freddo Poggia avait trouvé une jonction en plongeant dans un siphon à l’aide de bouteilles à oxygène. Il parvint à relier les deux gouffres. Toutefois, cette jonction aquatique n’était pas accessible au grand public et restait une prouesse réservée aux spéléologues expérimentés.
Le véritable défi réside dans la recherche d’une jonction aérienne, qui nécessite de l’escalade, une immense organisation pour descendre avec du matériel, des sacs, des cordes,… Mais l’idée semblait irréalisable, car les deux gouffres sont très profonds et nécessitent une organisation complexe et une sécurité parfois mis à mal, avec notamment des nuits de bivouacs sous terre. Les sorties et les comptes rendus se sont multipliées au fil des décennies, avec des tentatives dans les années 1990 et 2000, mais sans véritable aboutissement.
Il aura fallu attendre une période récente, 2009-2010, pour que les choses prennent une nouvelle tournure. C’est à cette époque qu’une équipe d’explorateurs a commencé à travailler activement sur la jonction aérienne. Grâce à une nouvelle entrée découverte dans un passé récent, il est devenu beaucoup plus facile d’accéder au fond de la Fromagère. Cette découverte a ravivé l’espoir des spéléologues et relancé l’enthousiasme pour une jonction aérienne.
Le projet s’est intensifié en 2015, lorsque le club spéléologique FJS a découvert un nouvel accès (D35). Cette découverte permet d’atteindre la rivière de la Fromagère plus rapidement et plus sûrement qu’auparavant. Ce nouvel accès a facilité l’exploration, mais la jonction restait un défi majeur. Le chemin était encore semé d’embûches, mais chaque petite avancée rapprochait un peu plus les spéléologues de leur but.
C’est avec cette nouvelle perspective que Matisse et Valentin et les autres ont commencé à s’attaquer sérieusement à la jonction. Leur motivation ? Découvrir une solution plus rapide et plus accessible pour relier les deux réseaux. Mais en spéléologie, chaque avancée se fait lentement, souvent à force de travail et de détermination.
Un des éléments clés qui a relancé l’exploration fut un courant d’air détecté dans la zone de la jonction. Un signe clair que quelque chose d’intéressant se cachait derrière. Un tel courant d’air est un indicateur essentiel en spéléologie. Il signifie que des volumes d’air circulent, ce qui laisse présager l’existence de galeries ou de passages non découverts. Ce courant d’air, couplé à une zone découverte par David Parrot lors d’une exploration en amont du Berger, a donné aux explorateurs le coup de pouce nécessaire pour intensifier leurs recherches.
L’exploration de ces réseaux n’a pas été un long fleuve tranquille. Les spéléologues ont dû faire face à des conditions de travail extrêmement difficiles. Les températures proches de 6°C tout au long de l’année, le froid constant, rivières souvent en crue. Sans compter un terrain parfois très étroit et difficile d’accès. Chaque exploration était longue et fatiguante. Elles nécessitent une préparation minutieuse, un transport de matériel lourd et de nombreuses heures passées sous terre.
Mais la passion pour la spéléologie, ce goût de l’aventure et de la découverte, poussait ces explorateurs à aller toujours plus loin. Chaque nouvelle avancée était un pas vers la jonction, un petit triomphe sur les éléments.
Le jour où la jonction aérienne entre le Berger et la Fromagère a été réalisée, c’était un véritable coup de tonnerre dans le milieu de la spéléologie. Cette jonction, unique en son genre, relie désormais deux gouffres historiques. Ainsi, elle permet de franchir des distances qui étaient jusqu’alors inaccessibles. Les conditions extrêmes dans lesquelles sont réalisées cette jonction fait de cet aventure un exploit !
D’un point de vue sportif, cette traversée est un véritable défi. Plus de 1600 mètres de dénivelé positif, avec des passages à plus de 1000 mètres de profondeur, des remontées, des descentes et un parcours semé d’obstacles. Pour les spéléologues passionnés de sport, c’est un véritable Graal. Mais pour les non-initiés, cela peut sembler inimaginable.
Pour l’instant, cette traversée n’est pas encore accessible à tous. De nombreuses étapes restent à accomplir, notamment l’installation de cordes et d’équipements pour sécuriser le parcours. Mais une chose est certaine : la découverte de cette jonction aérienne ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire de la spéléologie.
Au-delà de l’aspect sportif et aventureux, la spéléologie joue également un rôle essentiel dans la compréhension des sciences de la Terre. L’exploration souterraine permet d’observer des phénomènes géologiques. De fait, on peut en apprendre davantage sur la formation des montagnes, des rivières souterraines. Mais aussi sur l’impact des dérèglements climatiques sur les écosystèmes sous-terrains.
La spéléologie n’est pas seulement une recherche d’aventure, mais aussi une démarche scientifique, permettant de mieux comprendre notre planète et les risques naturels. Chaque exploration apporte de nouvelles informations, parfois précieuses, sur les comportements de la Terre et les risques qu’elle pourrait engendrer.
Après la jonction des réseaux Gouffre Berger-Fromagère, les explorations ne sont pas terminées. Les spéléologues continuent de cartographier ces nouveaux passages, de découvrir de nouvelles galeries et de perfectionner les techniques d’exploration. Le travail de topo consiste à repérer chaque point d’un réseau. Les aventuriers réalisent les cartes. C’est un travail de longue haleine, qui peut durer des années.
Mais une chose est sûre : la spéléologie dans le Vercors n’a pas fini de dévoiler ses secrets. Avec de nouvelles galeries à explorer, de nouveaux passages à découvrir, et des techniques qui ne cessent d’évoluer, les spéléologues continueront à repousser les limites de l’exploration souterraine.
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Publié le 03.02.2025 à 05:30
Traversée vers le Svalbard – l’histoire de Camille Dedenise, vous rappelera certainement un autre épisode du podcast. Et oui, vous avez été nombreux a adorer l’épisode avec la navigatrice Sandrine Pierrefeu. Dans l’épisode 71 du Camp de base, je mets à nouveau à l’honneur une histoire de mer.
Dans un monde où la rapidité et l’efficacité des transports modernes sont souvent synonymes de confort, un projet particulier s’élève contre cette tendance. Au printemps 2024, Camille Dedenise part en expédition plusieurs semaines. Mais elle ne veut pas acheter un billet d’avion. Elle entreprend plutôt une navigation en bateau vers l’Arctique. Elle décide rapidement de partir en expédition et que la traversée sera une part importante de l’aventure : pourquoi ne pas naviguer jusqu’à la Norvège ? Elle partage en détails les défis et les réalités d’une telle traversée à travers les mers du Nord et de Norvège, jusqu’à son arrivée au Svalbard. Le Svalbard, est un territoire sauvage où les glaciers dominent et où l’hiver semble ne jamais s’arrêter. En choisissant de voyager en bateau, elle opte pour une lenteur volontaire, une immersion totale en mer, loin des horizons clos d’un vol aérien.
Son travail artistique fait l’objet de deux épisodes dans le Camp de base en ce mois de février 2025. Dans le premier épisode (n° 71) mon invitée reprend son récit à travers les mers, en voilier : sa première expérience de sailing et la meilleure façon de traverser l’Europe pour se rendre au Svalbard. Dans la deuxième épisode (n°72), nous discutons ensemble sa pratique artistique et de la place des glaciers et de la nature. Une manière de partager et de raconter le rapport que nous avons
L’expérience commence dans la tempête. À bord de l’Antigua, un ancien trois-mâts, l’artiste se trouve confrontée à une réalité qu’elle n’avait jamais imaginée : la mer, implacable, secoue le bateau, le mal de mer fait son apparition. Mais à chaque instant de doute, elle se rappelle sa devise : « You can do hard things ». C’est un défi, un apprentissage.
Les journées à bord sont marquées par des tâches simples mais essentielles : mettre en place les voiles, surveiller les conditions de la mer, préparer du thé pour l’équipage. Ces gestes répétés s’impriment dans sa mémoire, tandis que la mer devient une sorte de partenaire silencieuse. Le temps, sur l’eau, ne se mesure pas en heures mais en sensations, en vagues, en souffles de vent.
Le trajet vers le Svalbard s’étend sur trois jours. L’un des moments les plus intenses survient à l’approche des glaces. En naviguant entre les icebergs, un silence étrange s’installe à bord. L’équipage, concentré, manœuvre avec soin, tandis que l’artiste prend conscience de la majesté et de la brutalité de la nature. Le froid mordant, les blocs de glace qui dérivent lentement, tout semble irréel et profond. C’est ici, face à cette immensité, que l’art de la navigation prend tout son sens. La mer, plus qu’un simple trajet, devient une réflexion sur le temps, la lenteur, et l’engagement dans l’instant présent.
L’artiste s’interroge sur sa place, non seulement dans ce voyage, mais dans le monde en général. Le fait de ralentir, de ne pas chercher à gagner du temps, mais plutôt à l’apprécier, transforme l’expérience en une véritable introspection. Les glaces ne sont pas seulement un obstacle naturel, mais une métaphore de l’effort personnel que demande ce voyage : chaque mouvement doit être mesuré, chaque décision prise avec soin.
Son travail artistique est aussi un travail scientifique. Celui de montrer que les hommes ne sont en rien supérieur à la nature, mais qu’ils doivent vivre en harmonie avec leur environnement. Au fil de l’eau, elle relate dans son journal de bord son expédition en mer pour rejoindre les terres des ours polaires . Dans ce. nouvel épisode du Camp de base, elle me raconte l’expérience de cette traversée, la préparation de son voyage, la vie à bord du voilier et les paysages qu’elle a traversé pendant son aventure. Aller sans escale dans le Camp de base, à la rencontre de Camille Dedenise.
Après ces jours de traversée, le voilier atteint enfin Longyearbyen, le port principal du Svalbard. L’art de voyager autrement n’a pas seulement permis à l’artiste de fuir la modernité rapide, mais de goûter au goût de l’authenticité. Cependant, une nouvelle étape commence : vivre sur cette terre isolée, dans une ville où la vie est marquée par la recherche scientifique et la proximité avec les éléments naturels Le logement est cher, l’adaptation à ce climat rigide est difficile, mais pour l’artiste, chaque moment passé ici est un prolongement de son expérience.
Ce projet, plus qu’un simple trajet vers le Svalbard, s’avère être une réflexion profonde sur le temps. Loin des circuits touristiques classiques, il propose une expérience du monde plus lente, plus consciente, où la mer elle-même devient un élément fondamental de la transformation personnelle.
Il ne s’agit pas simplement de rejoindre un endroit, mais de s’y rendre autrement. Tout cela ne se limite pas à un point d’arrivée, mais à chaque étape, à chaque mouvement du corps et de l’esprit. Par sa lenteur, par ses difficultés, l’expérience devient une véritable forme d’art. Et l’artiste, en la vivant, réalise que l’arrivée au Svalbard n’est que le début d’une aventure plus vaste : celle de réapprendre à prendre le temps.
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Publié le 27.01.2025 à 05:10
En 23 juin 2023, Sophie Lavaud et Dawa Sangay Sherpa foulent le sommet du Nanga Parbat au Pakistan. Ils rentrent ainsi dans la légende. Et pour cause : avec cette réussite, elle établit un record. Réaliser l’exploit de devenir le premier français, canadien (oui, tous genres confondus) et la première suissesse, à boucler les quatorze sommets de plus de 8000m de notre planète.
Cette quête des cimes a commencé en 2012. L’exploit de cette alpiniste de 55 ans née à Lausanne brise la malédiction française. Elle boucle une aventure en altitude qui dure depuis une décennie. Celle qui se définit comme une ordinaire « madame tout le monde » casse les codes de l’alpinisme moderne. Le Camp de base de celle qui a passé plus de 1500 nuits au-delà de 5000m, c’est sa tente. Tant qu’elle peut y trouver un minimum de confort et d’intimité.
Sophie Lavaud me fait le plaisir et l’honneur de son témoignage dans un nouvel épisode du podcast. Elle ouvre aussi le 1er épisode de la 4è saison du Camp de base. Aujourd’hui, elle raconte à mon micro son incroyable ascension du Nanga Parbat et l’histoire de ses débuts sur les montagnes tueuses du Népal. De la danse classique à haut niveau au chaussures de ski, elle m’explique aussi l’importance du mental et de la discipline physique. Sans oublier son évolution progressive dans l’alpinisme et ses périples dans les montagnes d’Himalaya.
* merci aux Éditions Glénat, Marion Blanchard et Romane Dargent d’avoir rendu cette rencontre possible.
Sophie Lavaud est une alpiniste française, mais ne soyons pas chauvins : elle a trois nationalités : française, suisse et canadienne. En 2004 qu’elle réalise sa première ascension en haute montagne. Elle atteint ainsi le sommet du Mont Blanc, avec un ami qui habite dans la vallée de Chamonix. Cela déclenche une véritable passion qui l’amènera dans ce projet ambitieux à la conquête des 8000 mètres.
L’alpinisme est un sport exigeant qui défie à la fois le corps et l’esprit. Longtemps dominé par des figures masculines, de plus en plus de femmes brisent ce plafond de verre. Ainsi, elles prouvent que la montagne n’est pas l’apanage des hommes. Enfant et adolescente, Sophie pratique la danse classique a haut niveau. Elle se blesse avant d’entrer dans une compagnie et met fin à sa carrière naissante. Lorsque Sophie Lavaud parle de son parcours, il est évident que la discipline acquise en tant que danseuse classique a été un facteur déterminant dans son ascension dans l’alpinisme. La danse classique n’est pas simplement un art du mouvement, mais une école de vie. Et Sophie s’est forgée une mentalité de fer et un corps capable d’endurer des efforts intenses.
Elle se rappelle très bien de son voyage avec son frère quand elle découvre Katmandou.
« On est parti en trek en Himalaya. Mon frère avait un ami qui a épousé une Sherpani, une Népalaise, elle s’appelle Lakti et elle était une des premières femmes guides de trek au Népal. Les femmes ont eu du mal et ont toujours encore aujourd’hui du mal à s’affranchir quand elles veulent sortir des rangs de mère de famille. Mais il y en a de plus en plus. Mais à l’époque, Lakti était vraiment une des premièreset elle avait appris le français. (11:28) Donc, elle travaillait pour Aliber et en fait, elle a organisé hors saison parce qu’on y était en février, donc il faisait un froid de dingue. Mais il n’y avait personne. On devait aller au camp de base de l’Everest, sauf que les lodges étaient fermés. Et on a bifurqué dans la vallée de Chukung et on a fait ce qu’on appelle donc le Chukungri, qui est un 5005. Et ça a été un des premiers déclics. »
Sophie Lavaud au micro du Camp de base
C’est en 2012 que l’alpiniste s’offre son premier 8000 : le sommet central du Shishapangma. Elle ne sait pas que le véritable sommet se trouve seulement à 14m de dénivelé au dessus. Peu importe, cette année, le Cho Oyu ne lui résiste pas non plus. Et puis, c’est en moyenne deux montagnes par an qu’elle gravit, s’offrant l’Everest le 25 mai 2014. Est-ce à ce moment qu’elle décide de s’offrir les 14 sommets ?
Mais une indigestion en 2022 lui fait raté le sommet. Sa quête s’arrête alors qu’elle a tout de même atteint le Camp 3.
Gravir le Nanga Parbat ce n’est pas rien. Tous les français qui ont voulu l’éplingler à leur collection y ont laissé la vie. Ils ont ainsi gravé irrémédiablement une malédiction française dans l’histoire de l’himalayisme. Le Nanga est surnommée la montagne tueuse. Cette aventure hors norme est retracer dans le documentaire réalisé par François Damilano. Il la suit dans cette expédition avec le journaliste Ulysse Lefebvre. Le réalisateur et aussi guide de haute montagne. Au travers de son film, il raconte comment elle a gravi ce monstre pakinais. Une dernière aventure pour conquérir le record.
Un livre, paru aux éditions Glénat « Les quatorze 8000 de Sophie Lavaud » illustré de nombreuses photos. Il retrace le parcours de l’himalayiste et de ces expéditions. Bien au-delà de son parcours, c’est aussi un très beau livre qui permet de mieux comprendre et d’appréhender les conquêtes des plus hautes montagnes du monde. Une écriture à quatre main qui lui permet de se replonger dans ses photos et ses petits carnets qu’elle n’oublie jamais d’emmener en expédition.
« Rien n’est rapide au dessus de 8000m : on pourrait même parler de l’éloge de la lenteur »
Sophie Lavaud au micro du Camp de base
En alpinisme, surtout à plus de 8000 mètres, la gestion des risques est une question centrale. L’hypoxie, c’est-à-dire la réduction de la quantité d’oxygène disponible dans l’air, altère non seulement les performances physiques, mais aussi les capacités mentales. Cela rendant les décisions cruciales encore plus difficiles à prendre. Sophie explique que l’un des principaux défis réside dans cette gestion fine des ressources, de la sécurité et de l’organisation.
« Quand vous êtes à 8000 mètres, vous perdez beaucoup de votre lucidité. C’est là qu’une coordination parfaite entre les membres de l’équipe et des Sherpas expérimentés devient vitale », indique Sophie. La réalisation d’une expéditions de grande envergure dépend d’une stratégie collective. De la gestion de la météo, de la planification des ascensions et des descentes, mais aussi de la prise en charge des imprévus.
Les décisions stratégiques sont toujours prises en groupe. Chaque membre de l’expédition doit connaître ses compagnons de cordées. C’est ainsi que Sophie Lavaid confie qu’elle n’est rien sans son équipe. Elle aime faire les choses en groupe et qu’elle accordance beaucoup d’importance au prévisions météorologiques de Yan Giezendanner. Cela la met en confiance pour être en mesure de prendre des décisions rapides et adaptées aux circonstances. Le météorologue joue un rôle clé, en permettant aux équipes de planifier leurs ascensions selon les fenêtres météo disponibles. Cela permet non seulement d’optimiser les chances de réussite, mais surtout de garantir la sécurité de l’ensemble de l’équipe. Car ici comme en Himalaya, les avalanches sont monnaies courantes.
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Publié le 17.01.2025 à 05:05
Bilan de la Via Alpina – Ce parcours mythique qui traverse l’Europe, constitue bien plus qu’une simple aventure de randonnée. C’est un véritable défi, une invitation à l’itinérance tout en traversant des paysages grandioses. Aujourd’hui, après avoir suivi les pérégrinations de Célestine, il est temps de dresser un bilan de la Via Alpina. Retours sur cette expérience de voyage à pied et d’itinérance en randonnée, à travers les Alpes et les pays voisins.
Retrouver l’intégralité de cette série de podcast sur la Via Alpina sur le site internet et sur toutes les plateformes de podcast (Apple podcast, Deezer, Spotify, Youtube,…)
La Via Alpina, est un réseau de sentiers qui traverse huit pays alpins, de la Slovénie à la France, s’étendant sur environ 5 000 kilomètres. Ce parcours, qui réunit cinq grandes routes alpines, traverse des paysages variés, des forêts denses aux vallées profondes, des cols enneigés aux villages pittoresques. Traverser l’Europe à pieds sur la Via Alpina, c’est s’offrir un voyage de longue haleine, mais aussi une immersion complète dans des cultures et des paysages diversifiés. De la Slovénie à la France, chaque étape apporte son lot de surprises, de rencontres, et surtout, de découvertes personnelles.
L’itinérance à pied sur la Via Alpina permet ainsi de vivre une expérience authentique. Chaque sentier représente une invitation à ralentir le temps, à écouter les bruits de la nature, à observer les détails que l’on oublie souvent dans la frénésie du quotidien. L’âme du voyageur est mise à l’épreuve, non seulement par la distance et les dénivelés, mais aussi par la relation intime qui s’installe entre le marcheur et les montagnes. C’est un retour aux sources, un renouement avec la terre et le corps.
L’itinérance en randonnée, et plus particulièrement sur la Via Alpina, dépasse le simple acte de marcher. Elle devient un mode de vie, une manière d’être, d’exister en harmonie avec le monde naturel. Chaque jour sur les sentiers, les corps se façonnent, les esprits se libèrent. Marcher des kilomètres chaque jour, c’est non seulement un test physique, mais aussi un défi mental. Se lever chaque matin avec l’âme du voyageur, c’est s’engager dans une dynamique de transformation personnelle.
Une traversée à pied, surtout dans des environnements aussi exigeants que les Alpes, oblige à une introspection continue. Les paysages alpins offrent des panoramas à couper le souffle, mais imposent aussi des moments de doute, d’épuisement, et parfois de solitude. L’itinérance à pied devient alors une métaphore de la vie : parfois difficile, parfois belle, mais toujours enrichissante.
L’une des grandes richesses de la Via Alpina réside dans ses rencontres. Que ce soit des villageois ou d’autres randonneurs, chaque échange devient une pépite. L’itinérance en randonnée, souvent perçue comme un voyage solitaire, se transforme rapidement en une aventure collective, où les autres font partie intégrante de l’expérience. Une simple conversation sur un sentier ou lors d’une halte dans un refuge peut nourrir la mémoire du voyageur.
Lors de se traversée, Célestine a croisé des personnes venues des quatre coins du monde, toutes unies par un même désir : celui de marcher, de découvrir, de se perdre pour mieux se retrouver. Chaque échange devient une part essentielle du voyage. Certaines rencontres se font sur le pas de la porte d’un refuge, d’autres autour d’un café partagé dans un village, mais elles sont toutes inoubliables. L’importance des liens humains se révèle à chaque étape, ajoutant une dimension particulière à cette aventure de traversée.
La traversée des Alpes à pied, sur la Via Alpina, exige une préparation. L’itinérance en montagne n’a rien d’anodin : chaque jour, on se confronte à des terrains exigeants, des conditions climatiques parfois imprévisibles, et des défis imprévus qui viennent mettre à l’épreuve notre capacité d’adaptation. Et pourtant, c’est dans ces moments de difficulté que le voyage devient encore plus intense. À chaque ascension, une nouvelle perspective se dévoile. La récompense n’est pas toujours immédiate, mais elle arrive à chaque sommet franchi, à chaque étape gravie.
Traverser l’Europe à pieds, c’est aussi accepter de se laisser aller au rythme de la nature. On apprend à vivre à l’unisson avec les éléments, à écouter le vent, à sentir la terre sous ses pieds. Cette connexion profonde à la nature permet de retrouver une forme de sérénité intérieure, de se détacher des préoccupations quotidiennes, et de se recentrer sur l’essentiel : le mouvement, l’effort, la contemplation.
La Via Alpina représente une expérience unique pour les amateurs de randonnée et de voyage à pied. Pour ceux qui souhaitent repousser leurs limites tout en découvrant des paysages extraordinaires, la Via Alpina est un terrain d’aventure parfait. Ses sentiers traversent des montagnes, des vallées, des forêts et des villages aux cultures diverses, offrant ainsi une palette inédite d’expériences.
L’un des principaux attraits de la Via Alpina est sa diversité : chaque portion du sentier dévoile des facettes uniques des Alpes. De la Slovénie à la France, chaque pays traverse des régions où la montagne s’impose, mais où l’on découvre aussi des traditions locales riches et préservées. Voyager par la Via Alpina, c’est donc aussi plonger dans les coutumes, la gastronomie, et les histoires de chaque région, tout en étant immergé dans la nature la plus sauvage.
En outre, cette traversée est idéale pour ceux qui recherchent une expérience de voyage authentique, loin des foules et des distractions modernes. L’itinérance sur la Via Alpina permet de se déconnecter, de vivre pleinement chaque instant sans la pression du quotidien. C’est un voyage à la fois physique et spirituel, qui nourrit l’âme tout en forgeant le corps.
Le bilan de la Via Alpina est incontestablement positif : c’est une expérience de voyage à pied qui change une vie. Elle nous apprend à nous confronter à nos limites, à apprécier la beauté du monde naturel, et à redécouvrir le plaisir simple de marcher. L’itinérance en randonnée sur cet itinéraire mythique nous fait comprendre qu’au-delà de l’effort, c’est l’harmonie entre l’homme et la montagne qui fait toute la richesse de ce voyage. Traverser l’Europe à pied, c’est se retrouver face à soi-même tout en ouvrant son esprit à un monde infiniment plus vaste.
Les Alpes, avec leurs paysages grandioses et leur diversité culturelle, restent gravées dans la mémoire de ceux qui osent se lancer dans cette traversée. Que l’on parte pour une semaine ou plusieurs mois, la Via Alpina est un voyage qui se vit pleinement, à chaque pas, chaque rencontre, chaque sommet franchi.
L’article Bilan de la Via Alpina : pourquoi partir cinq mois à travers l’Europe ? est apparu en premier sur Camp de base - Montagne, transitions, aventures.
Publié le 13.01.2025 à 15:08
Via Alpina, marche en montagne et philosophie – Dans nos vies modernes, l’idée de « travail » et le rythme effréné qu’il impose sont souvent remis en question. Et si, parfois, les réponses se trouvaient ailleurs, loin des bureaux et des agendas serrés ? La marche, ce simple geste du quotidien, pourrait-elle être une forme de méditation sur nos modes de vie ? C’est en arpentant les sentiers que l’on se rend compte combien nos habitudes de travail sont profondément liées à des questions de confort, de liberté et, surtout, de sens. Rencontre dans ce cinquième épisode avec Célestine, sur la Via Alpina.
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Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui se demandent s’il est vraiment nécessaire de consacrer 35 heures par semaine à des tâches qui semblent souvent déconnectées de nos aspirations profondes. Une réflexion qui s’ancre dans un passé lointain, lorsque, au XIXe siècle, un certain gendre de Paul Lafargue proposait, dans son ouvrage Le droit à la paresse, l’idée que trois heures de travail par jour pourraient suffire à créer une société plus saine et plus épanouie. Si cette idée semble presque utopique aujourd’hui, elle soulève une question essentielle : sommes-nous condamnés à travailler autant simplement pour répondre à des impératifs financiers et sociaux ?
« Le plus grand malheur de l’homme moderne, c’est de ne pas savoir travailler le moins possible. » — Paul Lafargue
Il y a quelque chose de profondément révélateur à marcher, loin de tout ce qui nous contraint. Lorsque l’on est en montagne, seul, face à l’élément naturel, tout semble se remettre en place. La question du confort n’a plus la même valeur. Marcher sous la pluie pendant plusieurs heures devient un plaisir, une nécessité. Ce n’est pas seulement le corps qui réclame de continuer, mais bien un besoin intérieur de répondre à une sorte de discipline, à une routine saine, que l’on construit jour après jour. La sensation de bien-être n’est pas liée à un luxe quelconque, mais à la simplicité de l’acte.
« Dans la marche, il n’y a pas de chemin à parcourir, il y a seulement un chemin à vivre. » — Antoine de Saint-Exupéry
Parfois, lorsque l’on s’éloigne de la routine quotidienne et que l’on marche, que l’on vit l’instant présent, on se rend compte que nous avons besoin de très peu pour être heureux. Un toit pour se protéger, un peu de nourriture et la liberté d’aller à son propre rythme. Pourquoi, dans nos sociétés modernes, avons-nous besoin de plus ? Ce questionnement devient encore plus frappant lorsque l’on réfléchit à la vie professionnelle : plus nous gagnons, plus nous cherchons à accumuler. Et pourtant, que reste-t-il de ce confort matériel lorsque le stress et la pression nous envahissent ?
Dans les conversations que l’on entretient aujourd’hui, surtout entre ceux qui ont un confort certain, la question du sens du travail revient régulièrement. « Pourquoi continuer à faire un travail qui nous stresse, qui ne nous plaît pas ? », se demandent de plus en plus de jeunes trentenaires. Bien sûr, il y a des impératifs financiers. Un prêt à rembourser, des enfants à nourrir. Mais, à côté de cela, est-ce que l’on se sent vraiment épanoui ? Ou, au contraire, poussé à accomplir ce travail parce qu’il est synonyme de réussite sociale ?
Le bonheur, semble-t-il, ne réside pas dans l’accumulation de biens matériels, mais dans un équilibre fragile entre ce que l’on doit faire pour vivre et ce que l’on veut vraiment faire. Quand on a la chance de pouvoir se poser cette question, pourquoi ne pas en profiter pour se réinventer, pour oser un pas de côté ? Marcher, voyager, se donner la liberté de réfléchir sans la pression constante du quotidien. Parce que finalement, le véritable luxe n’est-il pas dans cette liberté de choisir, dans ce temps que l’on s’accorde pour soi-même ?
« Le plus grand luxe, c’est la liberté d’être soi-même. » — Jean-Paul Sartre
L’émergence du « minimalisme » est une réponse à cette quête de sens. L’un des exemples frappants en est Fumio Sasaki, un auteur japonais, qui, après avoir vécu dans un environnement de consommation excessive, a choisi de réduire sa vie à l’essentiel. Un matelas, un futon, une vie sobre. Mais au-delà de la simplicité de son quotidien, Sasaki a trouvé un équilibre qui lui permet de vivre pleinement. Il a compris que le confort matériel, que nous nous efforçons tous de construire, est souvent un fardeau plus qu’une bénédiction.
« Moins de biens, plus de bien-être. » — Sénèque
Peut-être que l’on se sent bien dans un petit espace, parce qu’il nous libère de la multitude de distractions et de possessions inutiles. Et, à l’issue de cette réflexion, on se pose une question essentielle : avons-nous vraiment besoin de tout ce que nous possédons ? Peut-être qu’une fois débarrassé de cette lourdeur, l’esprit devient plus léger, plus apaisé.
« La simplicité est la sophistication suprême. » — Léonard de Vinci
La question qui se pose ensuite, lorsqu’on s’éloigne de tout ça, est celle du retour à la réalité. Après plusieurs mois à marcher, à se réinventer, comment revenir à un quotidien qui semble, tout à coup, beaucoup plus contraignant ? C’est un des grands questionnements auxquels se confrontent ceux qui s’aventurent dans des projets comme celui de partir en voyage à pied. Une fois l’expérience terminée, comment continuer à avancer sans perdre la liberté retrouvée ?
« La difficulté de la vie réside dans l’art de trouver l’équilibre entre ce que nous devons faire et ce que nous voulons faire. » — Charles de Gaulle
Le retour à un « travail normal » n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Ce qui est frappant, c’est que beaucoup de ceux qui prennent ce chemin de réflexion sont des personnes avec des carrières bien établies, des diplômes, une situation financière stable. Pourtant, un mal-être persiste. La question devient alors : pourquoi avoir consacré tant de temps et d’énergie à des études et à une carrière qui ne résonnent plus ? Pourquoi continuer à faire quelque chose que l’on n’aime pas, simplement pour répondre à des attentes extérieures ?
« Un travail qu’on n’aime pas est une forme de violence contre soi-même. » — Simone de Beauvoir
Et au milieu de toutes ces questions, il y a la marche. Simple, élémentaire, apaisante. Elle semble offrir la réponse à tout : elle permet de prendre du recul, de s’interroger sur ses besoins réels et de redécouvrir la simplicité. C’est en marchant que l’on évacue les pressions extérieures, que l’on retrouve sa propre voie, en dehors des attentes et des conventions sociales.
« Marcher, c’est une manière de rêver avec les pieds. » — René Char
Il existe quelque chose de profondément spirituel dans l’acte de marcher. Quand on est seul, face à l’immensité de la nature, on comprend que l’on n’a besoin de rien d’autre que de ce que l’on porte sur soi, et que tout le reste n’est qu’une illusion. Peut-être que, finalement, ce que l’on recherche tous, au fond, c’est cette liberté. La liberté de vivre pleinement, d’être en accord avec soi-même, de ne plus se laisser définir par des horaires ou des obligations, mais seulement par les pas que l’on fait, ici et maintenant.
« La liberté, c’est la possibilité de se définir soi-même sans la contrainte des autres. » — Albert Camus
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Publié le 19.08.2024 à 05:00
Via Alpina en direct du canton du Tessin – Avez-vous déjà rêvé de parcourir les sentiers alpins pendant plusieurs mois, en découvrant des paysages époustouflants et en rencontrant des randonneurs de tous horizons ? Dans ce quatrième épisode de cette aventure relayée par Le Camp de Base, Célestine m’appelle depuis un refuge non gardé dans le canton du Tessin en Suisse pour partager ses dernières aventures sur la Via Alpina. Entre montagnes escarpées et rencontres inattendues, elle nous plonge dans son quotidien de marcheuse au long cours.
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Célestine nous raconte ses aventures depuis son arrivée en Suisse. Elle a parcouru de nombreuses régions alpines :
« [J’ai traversé] pas mal de montagnes assez exemples de végétation. Les dernières étapes que j’ai effectué, c’est des étapes qui étaient plutôt alpines où j’ai traversé des vires, des passages avec des câbles. C’était assez technique et j’étais assez fatiguée. Donc là, actuellement, j’ai passé une journée de vacances dans mes vacances, dans un refuge. Enfin c’est un refuge non gardé suisse et en fait c’est un standing un peu comme une maison (…) j’ai dormi à côté à la belle étoile hier soir mais c’est agréable de faire une pause dans le trek. »
Célestine dans l’épisode 4 de son aventure sur la Via Alpina
Marcher sur de longues distances pendant plusieurs mois nécessite une bonne gestion de la récupération. Célestine partage ses méthodes pour se remettre de ses journées de marche, notamment par des massages à l’huile de jojoba et à l’huile essentielle de gaulthérie, mais aussi en s’étirant. Elle mentionne également qu’elle ressent de la douleur aux genoux, probablement à cause du poids de son sac et de ses longues journées de marche.
Tout au long de son périple, Célestine rencontre divers profils de randonneurs et d’alpinistes. Elle nous parle des personnes qu’elle croise sur les sentiers, allant des randonneurs aguerris équipés de baudriers et de cordes, aux marcheurs occasionnels venus profiter des paysages pour le week-end.
« Par exemple, ici, ce sont quand même pas mal de randonneurs aguerris qui se promènent avec des baudriers et des cordes puisqu’ils font un chemin de randonnée plutôt en niveau T5, T6, c’est-à-dire que ce sont des chemins plutôt alpins et engagés. Mais à la fois, ça mixe des personnes qui viennent juste pour le week-end. Aujourd’hui, on est samedi. Et donc, ils viennent randonner pour avoir un coucher de soleil sur la montagne.
Célestine dans l’épisode 4 de son aventure sur la Via Alpina
Ici, visiblement, les animaux sont autorisés, donc ils viennent avec leurs chiens et des amis viennent les rejoindre. Donc, c’est plutôt un environnement assez festif. Et ça côtoie des personnes qui font plutôt faire une course assez sportive et qui, je pense, font se coucher tôt. Hier soir il y a un guide avec une cordée qui est partie à 5h du matin par exemple et puis il y a aussi des marcheurs qui viennent juste pour profiter du lac la journée et qui redescendent le soir pour rentrer chez eux. »
Une des particularités de la Suisse que Célestine apprécie particulièrement est la gestion des cabanes de montagne. Ces refuges, souvent gérés par des associations, offrent des commodités telles que de l’eau, du gaz et de la nourriture à acheter. Cela permet aux randonneurs de trouver un abri confortable et bien équipé en cas de besoin.
Pour les prochaines semaines, Célestine prévoit de traverser le Val Bavona et de rejoindre Rial dans les Alpes Bernoises. Ensuite, elle continuera sa route pour arriver en France, dans les Alpes Chablais, avant de poursuivre jusqu’à Monaco et Menton. Elle espère également avoir le temps de remonter jusqu’à Nice à pied.
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