Ce soir, le Bureau électoral central (BEC) roumain a rejeté la candidature de Călin Georgescu à l'élection présidentielle, mais le candidat en tête des sondages peut encore faire appel à la Cour constitutionnelle.
Son garde du corps recherché à l’international appelle à la violence : « Vous qui avez combattu au Congo, appelez vos gars et allez vous battre, les gars ».
Elon Musk et des réseaux d’extrême droite se mobilisent sur X : « La démocratie est officiellement morte en Roumanie et dans l'Union européenne. Ce soir, l'Europe est tombée ».
À Bucarest, un gendarme a été blessé et des manifestations sont en cours.
Le Bureau électoral central (BEC) roumain a rejeté aujourd’hui, 9 mars, la candidature de Călin Georgescu à l’élection présidentielle.
Après ce verdict, un délai de 24 heures est accordé pour déposer un recours auprès de la Cour constitutionnelle, qui dispose ensuite de 48 heures pour statuer. La décision finale est attendue au plus tard d’ici mercredi soir.
Selon l’ancien ministre de la Justice, le magistrat Tudorel Toader, cette décision pour être recevable doit reposer sur une « illégalité, une irrégularité de fond ou de forme », sans lien avec le fond du dossier 1.
L’annonce de cette décision a produit des manifestations violentes devant le siège du BEC à Bucarest, nécessitant l’intervention des gendarmes dont l’un serait blessé 2.
Călin Georgescu a pour l’instant cherché la voie de la mobilisation internationale. Son message : « Un coup direct au cœur de la démocratie mondiale » a été relayé par la galaxie trumpiste.
Elon Musk a exprimé son soutien en partageant un message qui déclarait : « La démocratie est officiellement morte en Roumanie et dans l’Union européenne. Ce soir, l’Europe est tombée ».
Selon le média roumain Digi24, le légionnaire franco-roumain Horațiu Potra, à la tête du dispositif militaire de Călin Georgescu, actuellement recherché au niveau international, serait en train d’envoyer des messages à un groupe WhatsApp de mercenaires, leur demandant de descendre dans la rue et de faire la révolution. « Vous qui avez combattu au Congo, appelez vos gars et allez vous battre, les gars ».
Comme nous l’écrivons dans nos pages : « Surnommé le Prigojine de Roumanie, il entretient une ressemblance physique avec le mercenaire russe. Horațiu Potra est à la tête d’un réseau paramilitaire international qui a déjà été associé aux intérêts du groupe Wagner. Il est désormais profondément installé en Roumanie grâce à une campagne de recrutement de centaines de membres des forces de l’ordre roumaines : gendarmes, policiers, militaires du ministère de la Défense (MApN), agents du renseignement (SRI) et officiers du Service de protection et de sécurité (SPP). »
C’est le dernier rebondissement d’une semaine particulièrement intense qui a vu l’arrestation de six hommes pour trahison.
Radu Theodoru, général en retraite de 101 ans, ancien vice-président du Parti România Mare (Grand Roumanie) et écrivain aux positions extrémistes, est visé par une enquête pour trahison et constitution d’un groupe criminel organisé.
Selon l’accusation il présidait le « Commandement Vlad Țepeș », une organisation visant à renverser le gouvernement roumain, à instaurer une nouvelle gouvernance nationaliste sous le nom de « Geția » – du nom du peuple de Thrace qui, vers IV siècle avant J.-C., vivait sur les deux rives du cours inférieur du Danube.
Ce groupe comptait une structure hiérarchisée, avec un « Conseil des sages » et un exécutif de neuf ministères.
Il prévoyait de supprimer les partis politiques et de nouer des liens avec la Russie, la Chine et l’Iran, en faisant sortir la Roumanie de l’OTAN et de l’Union européenne 3.
Certains membres se sont rendus à Moscou pour solliciter du soutien, ce qui a conduit à l’expulsion de deux diplomates russes en raison de soupçons d’implication dans cette tentative de déstabilisation 4.
L’affrontement entre Trump et Zelensky dans le Bureau ovale a-t-il marqué un point de bascule ? Plusieurs enquêtes d'opinion sur la France publiées aujourd’hui montrent un fort rejet de la stratégie américaine vis-à-vis de l’Ukraine.
Si presque 75 % des Français perçoivent les pays de l’Union comme des alliés, seuls 24 % considèrent encore les Américains comme tels – et 19 % comme des ennemis.
68 % des Français se disent désormais prêts à boycotter les entreprises américaines.
Alors que Donald Trump a qualifié le président ukrainien Zelensky de « dictateur » le 19 février, une enquête menée en France, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Pologne par More in Commons 1 révèle qu’une nette majorité de la population estime que le président américain mérite d’être qualifié de cette manière.
Une nette majorité – 59 % des Allemands et Français, 56 % des Britanniques et 47 % des Polonais – estime que le président américain est un « dictateur ».
Une minorité – 25 % des Français, 29 % des Allemands et 30 % des Britanniques – refuse cette appellation.
Selon la même enquête, une large majorité qualifie Vladimir Poutine de « dictateur ».
Ce terme est utilisé par 80 % des Français, 81 % des Allemands, 84 % des Britanniques et 92 % des Polonais.
En comparaison, le qualificatif n’est attribué à Zelensky que par une infime minorité.
La rencontre au Bureau ovale a été un choc ressenti pour une partie large de l’opinion. Une majorité nette de Français considère que la responsabilité repose sur le président américain.
Selon une enquête Ipsos parue aujourd’hui 2 l’indignation et la colère face aux déclarations et décisions de Trump sur l’Ukraine sont majoritaires dans toutes les tendances politiques – y compris au Rassemblement national.
61 % des Français jugent Trump irrespectueux, un avis partagé par 64 % des Britanniques et 59 % des Allemands.
Face au renversement d’alliance, les Européens évaluent leur relation avec Washington, en se tournant vers leurs alliés européens.
Seulement 24 % des Français et 23 % des Allemands considèrent encore les États-Unis comme un allié, contre 49 % des Britanniques et 55 % des Polonais.
Les Français considèrent largement l’Union européenne, le Royaume-Uni et l’Allemagne comme des alliés, mais sont plus réservés sur la Pologne.
Si la Russie (54 %) et l’Iran (45 %) sont clairement perçus comme des ennemis, la Chine suscite davantage d’hésitation.
Seuls 25 % des Français voient encore les États-Unis comme un allié, tandis que 57 % peinent à qualifier la relation, reflétant une incertitude sur un possible basculement de l’alliance.
Selon l’enquête Ipsos, 68 % des Français se disent prêts à boycotter les entreprises américaines.
La majorité des personnes interrogées se disent favorables à un boycott, avec des taux élevés de réponses « Oui, sûrement » et « Oui, probablement » dans toutes les familles politiques.
Le soutien le plus élevé se retrouve chez les électeurs de l’ancienne majorité présidentielle Renaissance-Horizons-MoDem (84 %), suivis de près par La France Insoumise (76 %) et le Parti Socialiste (74 %).
Les électeurs de LR-UDI et du Rassemblement National (RN) sont plus partagés. Chez LR-UDI, 71 % sont favorables au boycott, mais avec une forte proportion de « Oui, probablement » (42 %), indiquant une position plus prudente. Les électeurs du RN sont les plus divisés, avec 55 % d’entre eux en faveur du boycott, et une proportion notable de 22 % répondant « Non, sûrement pas ».
Plus de huit mois après avoir lancé une incursion en territoire russe, l’armée ukrainienne est aujourd’hui en mauvaise posture à Koursk et semble sur le point de se retirer au moins partiellement, alors que plusieurs milliers de ses troupes risquent l’encerclement. L’abandon de ces positions nuirait considérablement à Kiev dans la perspective de l'ouverture prochaine de négociations de cessez-le-feu.
Les forces russes, épaulées par plusieurs milliers de combattants nord-coréens, ont considérablement intensifié leurs opérations visant à repousser l’armée ukrainienne de l’oblast frontalier de Koursk au cours du week-end. Dimanche 9 mars, le ministère russe de la Défense a annoncé la capture du village de Lebedevka, situé à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Soudja 1.
Selon plusieurs témoignages de combattants de Kiev déployés sur le territoire russe, une partie importante de la logistique ukrainienne à Koursk aurait été détruite au cours des derniers jours 2.
Les contre-attaques russes ont conduit à la destruction au sud de Soudja, le principal centre urbain dans la zone tenue par Kiev (5 000 habitants avant la guerre), de ponts utilisés par les forces ukrainiennes pour leurs approvisionnements.
Dans le même temps, Moscou a intensifié ses attaques frontalières dans l’oblast ukrainien de Soumy autour des villages de Zhuravka et de Novenke, à l’ouest de Soudja.
Plusieurs rapports indiquent que l’armée russe a été en mesure de couper en deux la poche ukrainienne à Koursk depuis jeudi dernier, et menace désormais d’encerclement plusieurs milliers de combattants ukrainiens.
Selon des informations obtenues par le Telegraph, la situation serait si critique que l’état-major ukrainien serait en train d’étudier la faisabilité d’un éventuel retrait des forces de Kiev de la région russe de Koursk 3. Ces derniers mois, Kiev a été contraint de céder du terrain dans ce secteur du front mais a su conserver des lignes d’approvisionnements qui se retrouvent aujourd’hui menacées par l’intensification de la contre-offensive russe.
Un retrait ukrainien de Koursk conduirait à affaiblir la position de l’Ukraine dans les futures négociations de cessez-le-feu qui pourraient s’ouvrir prochainement.
Volodymyr Zelensky se rendra demain, lundi 10 mars, en Arabie saoudite où il doit s’entretenir avec le prince héritier Mohammed ben Salmane ainsi qu’avec les négociateurs de l’administration Trump envoyés deux semaines plus tôt à Riyad pour un premier cycle de discussions avec des représentants russes.
L’occupation par les forces ukrainiennes d’une portion du territoire russe vise à servir un objectif double : disposer d’une monnaie d’échange dans le cadre de futures négociations de cessez-le-feu et contraindre l’état-major russe à renforcer ses défenses en Russie, allégeant ainsi la pression qui pèse sur le front en Ukraine.
La percée russe à Koursk intervient alors que les États-Unis ont mis fin à l’assistance militaire directe (armes et munitions) et indirecte (partage de renseignement, accès aux images satellites américaines) à l’Ukraine ces derniers jours.