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21.10.2024 à 18:25

Ouverture des réunions d’automne des institutions financières internationales

Marin Saillofest

À partir d’aujourd’hui, lundi 21 octobre, et jusqu’au samedi 26, se tiennent à Washington les réunions d’automne de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Celles-ci réuniront, dans un contexte économique fragile, rendu particulièrement incertain par les élections américaines de novembre, des ministres des Finances, des gouverneurs de banques centrales et des représentants de la société civile du monde entier.

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Texte intégral (569 mots)

Dans son aperçu de la teneur des échanges, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a insisté sur le recul de l’inflation à l’échelle mondiale, dû notamment à une combinaison de la politique monétaire et à l’amélioration des contraintes sur les chaînes d’approvisionnement — la Fed et la BCE ont entamé une baisse de leurs taux d’intérêts après un cycle d’une dizaine d’augmentations successives entre 2022 et 2023.

  • Les discussions devraient porter notamment sur l’impact du contexte géopolitique sur les perspectives économiques mondiales et sur la « conjonction implacable de croissance faible et de dette élevée ».
  • Selon un rapport du FMI publié le 15 octobre, la dette publique mondiale devrait atteindre le niveau record de 100 000 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, soit environ 93 % du produit intérieur brut mondial.
  • L’institution insiste sur le fait que la plupart des gouvernements doivent à la fois réduire leur endettement et reconstituer des marges de manœuvre en vue du prochain choc, « qui se produira à coup sûr, et peut-être plus tôt que prévu ».

Dans le même temps, dans la majorité des pays, la part des recettes publiques consacrée aux paiements d’intérêts ne cesse de croître, ce qui réduit la marge de manœuvre des gouvernements et la possibilité d’investir dans des objectifs comme la transition énergétique. 

  • Au Canada, les intérêts de la dette fédérale absorbent près d’un quart des recettes de l’impôt sur le revenu en 2024 ; 
  • Aux États-Unis, le gouvernement devrait dépenser cette année plus pour payer ses intérêts que pour la défense ;
  • En France, selon un rapport de la Commission des finances du Sénat, le remboursement des intérêts de la dette pourrait atteindre 72 milliards d’euros en 2027, contre 46 milliards en 2024.

Cette tendance touche particulièrement les économies émergentes : en 2023, 54 pays en développement ont dépensé 10 % ou plus de leur revenu total pour le service de la dette. Plus de 3 milliards de personnes vivent dans des pays où le service de la dette absorbe plus de ressources que l’éducation ou la santé.

  • Alors que 67 pays ont déjà organisé des élections nationales en 2024 (un chiffre qui atteindra 76 d’ici la fin de l’année), selon une étude du FMI couvrant 65 pays, « les discours des responsables politiques privilégient de plus en plus des orientations budgétaires expansionnistes ».

Les prévisions du FMI pour l’économie mondiale seront publiées demain, mardi 22 octobre. En juillet, le Fonds tablait sur une croissance de 3,2 % en 2024 et de 3,3 % en 2025.

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21.10.2024 à 13:47

Trump est-il trop âgé pour être président ?

Marin Saillofest

Le débat sur l’âge des candidats à l’élection présidentielle américaine s’est largement effondré suite au désistement de Joe Biden puis à l’investiture de Kamala Harris, âgée de 60 ans. Donald Trump, qui aurait 82 ans à la fin d’un possible second mandat, montre pourtant des signes de déclin cognitif qui semblent s’être accentués par rapport à ses candidatures de 2016 et 2020.

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Texte intégral (2008 mots)

En juillet dernier, plus de 11 articles par jour publiés dans le New York Times mentionnaient l’âge de Joe Biden, contre environ 9 pour celui de Donald Trump. Les plateaux télés et autres médias consacraient une partie importante de leur couverture de la campagne présidentielle à l’âge du président démocrate, considéré trop important pour remplir un second mandat. Biden montrait alors de plus en plus de signes de vieillissement et de déclin cognitif.

Depuis le retrait du président démocrate et l’investiture de Kamala Harris début août, l’attention médiatique portant sur l’âge des candidats s’est largement effondrée.

  • S’il est élu, Donald Trump serait pourtant le plus vieux président de l’histoire des États-Unis (142 jours de plus que Joe Biden au moment de sa potentielle investiture).
  • À 60 ans, Kamala Harris excéderait elle aussi l’âge médian des présidents américains lors de leur première investiture : 55 ans.
  • Avec un écart d’âge de 18,4 ans, Trump et Harris sont loin d’être les candidats pour lesquels celui-ci a été le plus important. En 2008, Obama était 24,9 ans plus jeune que son opposant John McCain1.

De plus en plus de signes pointent pourtant vers une dégradation de la santé mentale de Trump. En avril, le psychologue à l’université Cornell Harry Segal observait que l’écart de performance entre ses prises de parole durant la journée et le soir relève d’un phénomène « qui a été observé chez de nombreuses personnes souffrant des premiers stades de la démence et que l’on appelle « sundowning » (syndrome du coucher du soleil)2. Sa paraphasie phonémique ainsi que sa démarche constituent également des signes de démence3.

Plusieurs études statistiques soulignent également la manière dont les prises de parole de Trump se sont détériorées depuis 2015.

  • La durée moyenne de ses discours de campagne a quasiment doublé, passant de 45 minutes en 2016 à 82 minutes cette année. Le nombre de jurons utilisé a quant à lui augmenté de 69 % par rapport à sa première candidature, ce qui serait susceptible d’indiquer une tendance croissante à la « désinhibition »4 — un trait souvent utilisé pour expliquer les résultats cliniques de troubles neurologiques et psychiatriques, notamment la démence5.
  • Selon une étude réalisée par le psychologue de l’université d’Austin James Pennebaker, Trump utilise 60 % plus de termes comme « toujours », « jamais » et « complètement » — une augmentation également observée chez Biden. La hausse de cette « pensée tout ou rien » peut être associée à un déclin cognitif6.
  • Le candidat républicain n’a également toujours pas publié son dossier médical, après avoir affirmé en août qu’il « le ferait volontiers »7. En novembre 2023, Trump avait partagé une lettre de son médecin affirmant que « ses examens cognitifs étaient exceptionnels »8.
  • Le père de Donald Trump, Fred Trump (décédé en 1999), a été diagnostiqué comme présentant des signes de démence en 1991, alors qu’il était âgé de 86 ans. Des antécédents parentaux multiplient par deux les risques de développer soi-même une forme de démence9.

Les refus successifs de Trump de participer à un second débat présidentiel contre Kamala Harris puis à un town hall de substitution sur CNN mercredi 23 octobre pourraient également être liés à une baisse de ses capacités à formuler des réponses articulées voire complexes sans être en mesure de se reposer sur des notes ou un prompteur. L’appauvrissement du vocabulaire du candidat républicain — déjà de 3 à 7 fois plus restreint que la plupart des candidats à la présidence — est un autre indicateur de déclin cognitif : les tests de fluidité verbale sont utilisé par les neurologues pour établir des diagnostics et détecter des premiers signes de démence, comme Alzheimer10.

Le style populiste de Trump joue un rôle important dans la manière dont celui-ci s’adresse aux foules et aux médias : les comparaisons de ses interviews entre les années 1980 et les années 2020 témoignent du développement d’un langage plus « simple » visant à convaincre les électeurs. Les propos incohérents professés durant ses rallys — sur les requins et les bateaux électriques11, le Congo12, les liens entre les mouches et la présidence Biden13, l’utilisation d’aimants sous l’eau14… — se sont quant à eux multipliés par rapport aux deux précédents cycles.

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21.10.2024 à 10:00

En Moldavie, le « oui » l’emporte lors du référendum sur l’adhésion à l’Union (mise à jour 18h, Paris)

Gilles Gressani

Hier, dimanche 20 octobre, les Moldaves étaient appelés aux urnes pour le premier tour de l’élection présidentielle, ainsi que pour un référendum sur l’inscription de l'adhésion de la Moldavie à l’Union européenne dans la Constitution. Le « oui » l’a finalement emporté avec 50,46 % – soit une marge de seulement 13 596 voix.

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Texte intégral (554 mots)

L’élection présidentielle de ce dimanche, la cinquième depuis la déclaration d’indépendance de la Moldavie, a été doublée d’un référendum sur l’adhésion de la Moldavie à l’Union européenne.

  • Maia Sandu est arrivée en tête du premier tour avec 42,45 % des voix. Elle est suivie par Alexandr Stoianoglo, candidat pro-russe (25,98 %). Le deuxième tour aura lieu le 3 novembre.
  • Malgré une avance considérable, la victoire de Sandu n’est pas garantie, tandis que Stoianoglo peut compter sur une importante réserve de voix. Les trois premiers candidats placés en dessous de Sandu sont en effet tous pro-russes et totalisent près de 50 % des voix.
  • Sur l’inscription de l’adhésion à l’Union dans la constitution, 50,46 % ont voté pour le « oui », soit une différence de seulement 13 596 voix (sur un total de près d’1,5 million). La dynamique en faveur du changement constitutionnel a notamment été portée par le vote de la diaspora.
  • Le référendum vise surtout, après l’ouverture des négociations en juin dernier en vue de l’adhésion, à empêcher tout futur gouvernement de changer de cap. Des élections législatives auront lieu en juillet 2025 et les sondages d’opinion donnent le parti de Maia Sandu en position de fragilité, en passe de perdre sa majorité.
  • Alors que la Russie a multiplié ses efforts pour influencer le scrutin, l’OSCE a envoyé 11 observateurs en Moldavie pour s’assurer du déroulement démocratique du vote. Plus de 110 irrégularités ont été signalées hier lors du scrutin.

Le dénominateur commun de la rhétorique pro-russe.

  • Les deux principaux opposants de Maia Sandu, Alexandr Stoianoglo, du Parti des socialistes de la République de Moldavie, un parti de gauche populiste, eurosceptique et russophile, et Renato Usatîi, président de Notre parti, populiste de droite et également russophile, ont tous deux insisté, dans leur campagne, sur la nécessité de renforcer la neutralité du pays, inscrite dans la constitution en 1994.
  • Dans un entretien avec le Grand Continent, Maia Sandu déclarait : « Nous comprenons que notre neutralité est utile pour nous préserver. Nous sommes en sécurité, si ceux qui, manifestement, ne respectent pas l’intégrité territoriale de leurs voisins respectent notre neutralité. Mais s’ils ne la respectent pas, pourquoi croirions-nous que nous sommes en sécurité ? »
  • Selon une source diplomatique consultée par la revue, la faiblesse du soutien européen vis-à-vis de l’Ukraine aurait servi la propagande russe : pourquoi demander aux Moldaves de sortir d’une « neutralité » alors que les Européens n’auraient pas choisi d’une manière tranchée leur camp ?

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21.10.2024 à 06:30

« Il nous faut décider si nous voulons que l’Ukraine gagne — ou simplement qu’elle continue à se battre », une conversation avec Hanno Pevkur, ministre estonien de la Défense

Matheo Malik

Dans un entretien de fond, le ministre de la défense de l’Estonie Hanno Pevkur s'oppose fermement aux appels à un cessez-le-feu et à des pourparlers de paix tant que l'Ukraine n'aura pas atteint ses objectifs stratégiques.

Il plaide pour une approche commune des dépenses de défense au niveau de l'Union.

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Texte intégral (2609 mots)

Depuis plus de deux ans, nous suivons par nos analyses du terrain, nos cartes du front et des dizaines d’entretiens avec des dirigeants européens la guerre d’Ukraine au jour le jour. Si vous pensez que ce travail est important et que vous nous lisez, nous vous demandons de penser à vous abonner au Grand Continent

English version available at this link

Nous sommes face à un conflit de haute intensité qui dure depuis plus de deux ans — et les élections américaines rendent sa suite très incertaine. Diriez-vous que les pays qui soutiennent l’Ukraine ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour l’aider à remporter la guerre ?

La guerre a commencé en 2014, et même avant l’invasion à grande échelle, la Russie cherchait à déstabiliser l’Ukraine. Il y avait des combats et des pertes chaque semaine, et il est essentiel de s’en souvenir.

Depuis février 2022, nous avons fait beaucoup, mais pas assez. Cela a commencé par l’envoi des couvertures et des casques, et maintenant nous envoyons des chars, des FGM-148 Javelin et des F-16. Malheureusement, beaucoup de temps précieux a été perdu entre-temps. Il n’y a pas eu assez de dynamique dans la contre-offensive de Kharkiv pour apporter la victoire. Les Ukrainiens n’ont pas reçu suffisamment d’équipements et n’ont pas pu avancer tout en conservant le contrôle du territoire. Aujourd’hui, les deux camps s’enlisent, et pour faire une différence sur le champ de bataille, l’Ukraine aurait besoin de beaucoup plus d’aide. Il nous faut décider si nous voulons que l’Ukraine gagne ou simplement qu’elle continue à se battre. Pour paraphraser Shakespeare : la question est de savoir s’il faut gagner ou ne pas gagner — la Russie continue d’attaquer, de prendre d’assaut des villes, de détruire des infrastructures critiques. Ils ne se sont pas arrêtés parce qu’il y a une élection aux États-Unis. Nous n’avons pas le droit — et l’Ukraine n’a certainement pas le luxe — d’attendre le résultat de cette élection. S’il existe une fenêtre d’opportunité entre maintenant et le jour de l’investiture au Capitole, le 20 janvier, il ne faut pas attendre.

Aujourd’hui, les deux camps s’enlisent, et pour faire une différence sur le champ de bataille, l’Ukraine aurait besoin de beaucoup plus d’aide.

Hanno Pevkur

Le nouveau secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a répété à de nombreuses reprises que les Alliés ne devaient pas se laisser distraire par une éventuelle réélection de Donald Trump et se concentrer sur la tâche à accomplir. Trump parle pourtant de mettre fin à la guerre en 24 heures. Êtes-vous inquiet ?

Quand je me rends à Capitol Hill et que je parle aux membres du Congrès, je constate un soutien bipartisan à l’Ukraine. Les choses vont-elles changer, monter ou descendre en intensité ? Nous pouvons spéculer, mais mon point est que c’est pour cette raison que l’Union doit faire beaucoup plus pour montrer aux États-Unis que nous prenons la question de notre sécurité au sérieux.

Vous avez récemment déclaré que les limitations imposées à l’Ukraine en matière d’utilisation de l’aide militaire fournie, surtout concernant la capacité à frapper la Russie en profondeur, allaient à l’encontre de l’objectif recherché. S’agit-il d’un combat inégal ?

Ces restrictions ont un effet négatif : les Ukrainiens ne peuvent pas pleinement exploiter les capacités occidentales et agir au mieux de leur potentiel sur le champ de bataille. Le point positif, si l’on peut le formuler ainsi, c’est qu’en réponse l’Ukraine modernise très rapidement son industrie. Aujourd’hui, nous voyons qu’ils disposent de systèmes d’armement fabriqués en Ukraine qui peuvent atteindre 1 000 kilomètres à l’intérieur du territoire russe. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’ils développeront leur industrie autant que possible. Construire un missile n’est pas sorcier. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils atteignent la capacité d’un Storm Shadow — mais le temps, précisément, est crucial. C’est pourquoi nous devons leur fournir tout ce dont ils ont besoin et lever toutes les restrictions.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a clairement indiqué que Berlin ne changerait pas sa position sur les missiles Taurus. Ces limitations sont-elles le produit de la peur de Moscou et de ce qu’une Russie défaite pourrait signifier ?

Je n’entends pas cela au plus haut niveau politique, ni parmi les ministres de la Défense, ni parmi les Premiers ministres. C’est pourquoi j’insiste sur le fait que nous devons cesser de parler d’escalade. Ce n’est pas une question d’escalade ukrainienne. La Russie n’a cessé d’escalader, en déportant des enfants, en violant des femmes, en tuant des civils et en bafouant chaque aspect du droit international. L’Ukraine n’escalade pas, et c’est là l’essentiel. Nous ne devrions pas parler d’escalade et de limites.

Alors pourquoi ces limitations persistent-elles ?

Il faudrait poser la question aux gouvernements qui les maintiennent encore. La position du mien est claire. Il n’y a pas de solution magique. Aucun armement ne ramènera la victoire en soi. C’est une combinaison : envoyer des armes, des chars, de l’artillerie, des missiles SCALP, des Storm Shadows, cela représente l’espoir pour les soldats dans les tranchées. Ils ont besoin de cette motivation et de voir qu’ils disposent des moyens de défendre leur pays. C’est pourquoi cela est si important. Cela leur permettrait également de frapper des cibles, de détruire les dépôts de munitions et de missiles que la Russie utilise contre eux. Nous voyons que les Ukrainiens en sont capables.

L’Ukraine n’escalade pas.

Hanno Pevkur

Il s’agit également d’un message. Donner à l’Ukraine une chance équitable de se défendre montrerait que nous sommes prêts à la soutenir aussi longtemps et autant qu’il le faudra.

Le président Volodymyr Zelensky a dévoilé la semaine dernière son plan pour la victoire. Certains soutiendraient qu’il appelle en fait à davantage de livraisons d’armes — mais sans fournir de perspectives sur le plan diplomatique et politique. Que répondez-vous à cela, surtout face aux idées comme la cession de territoire en échange d’une adhésion rapide à l’OTAN ou à l’Union ?

Nous savons tous ce dont l’Ukraine a besoin pour remporter la guerre. Zelensky le sait aussi. Nous pourrions former davantage d’Ukrainiens, les former mieux. L’Estonie est prête à aider. Il y a des décisions que nous pourrions prendre concernant les munitions, la défense aérienne, la supériorité dans les airs, l’envoi de davantage de F-16, de systèmes d’armes à longue portée pour des frappes de précision en profondeur. Ce sont des mesures que nous pouvons adopter. Ce n’est que par la suite que les discussions politiques et diplomatiques sur, par exemple, l’adhésion à l’Union doivent intervenir, en complément et en restant pour le moment secondaires. Les Ukrainiens doivent d’abord remporter la guerre. 

À l’aune de l’histoire de votre propre pays, quel regard portez-vous sur la cession de territoires ?

Céder des territoires n’est pas une solution à la guerre, et l’histoire nous montre pourquoi. En Estonie, sous l’occupation soviétique, nous n’avions pas le droit de décider pour nous-mêmes — quelqu’un, dans un comité à Moscou, le faisait à notre place. C’est inacceptable au XXIe siècle. La seule nation qui peut décider de la manière dont elle souhaite vivre, c’est l’Ukraine et le peuple ukrainien. 

Si nous commençons à parler d’un cessez-le-feu, de négociations de paix, c’est exactement ce que la Russie veut, car cela signifie que nous forçons l’Ukraine à s’asseoir à la table des négociations. La seule chose sur laquelle nous devrions tous nous accorder, c’est le respect du droit international. Cela signifie revenir aux frontières établies après l’effondrement de l’Union soviétique. Si les Ukrainiens récupèrent les terres occupées, même détruites, la guerre prendra fin.

Si l’Ukraine est contrainte d’accepter un accord de paix, qu’est-ce que cela signifierait pour votre sécurité ?

Il est crucial que l’OTAN reste forte et unie. C’est la seule garantie de sécurité pour nous en Europe : un pour tous. Défendre chaque pays, chaque centimètre de territoire. Si ce principe devait tomber, l’OTAN ne serait plus la même. C’est pourquoi il est si important que l’Ukraine reçoive une invitation à rejoindre l’Alliance — si je suis sûr d’une chose, c’est que l’Ukraine serait la première à défendre l’Estonie.

Pensez-vous que la Russie pourrait attaquer un pays de l’OTAN ? 

L’histoire montre un schéma dans son comportement. La Russie a des ambitions impérialistes. Regardez la Tchétchénie, la Géorgie, la Crimée, le discours de Poutine à la Conférence de Munich en 2008 — il a un plan pour rétablir une sorte de zone tampon et, s’il le pouvait, il recréerait un empire. C’est en préparation depuis vingt ans. 

L’OTAN est une alliance défensive. Nous n’avons aucun intérêt à atteindre Moscou, ni même à aller aussi loin que Pskov, à la frontière avec l’Estonie. L’OTAN n’est pas une menace pour la Russie. Si Poutine veut créer une zone démilitarisée, il peut le faire sur le territoire russe. Mais nous devons prendre la possibilité au sérieux — c’est ainsi que fonctionne l’officier du KGB Vladimir Poutine. Il voit le monde avec la mentalité de la guerre froide.

Si je suis sûr d’une chose, c’est que l’Ukraine, si elle intégrait l’OTAN, serait la première à défendre l’Estonie.

Hanno Pevkur

Le général Rajmund Andrzejczak a suggéré que la dissuasion de l’OTAN devrait être plus musclée, en précisant à la Russie qu’une attaque contre les États baltes ou la Pologne serait suivie d’une réponse puissante « en quelques minutes ». Partagez-vous ce message ?

Bien sûr. Nous nous défendrions dès la première minute. C’est la seule approche possible pour défendre l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie et la Pologne.

Si nous étions attaqués, nous riposterions dès les premières minutes.

Êtes-vous convaincu que vos alliés réagiraient avec la même force ?

Si je n’en étais pas convaincu, nous ne serions pas dans une alliance.

Ce que je dirais à chaque citoyen espagnol, français ou italien, c’est que cela ne concerne pas uniquement les États baltes ou la Pologne. Nous avons construit une alliance qui a su défendre nos pays et maintenir la paix pendant 75 ans. Nous avons clairement défini ce que les pays de l’OTAN doivent faire pour défendre l’Alliance. Il faut avoir confiance dans les experts militaires. Nous devons être prêts, et nous devons l’être ensemble. Les chiffres montrent que nous n’avons pas fait assez au cours des 30 dernières années. Laissez-moi vous en donner deux : les dépenses de défense de la Russie ont augmenté de près de 600 % en 25 ans ; dans l’Union européenne, ce chiffre est de 43 %. Pourtant, même avec cet énorme écart, nous sommes collectivement plus forts que la Russie. Mais une dissuasion crédible signifie aussi qu’il faut investir davantage, produire davantage et apprendre de ce qui se joue en Ukraine.

Dans ce scénario de préparation collective, envisagez-vous le retour du service militaire obligatoire ?

Cela dépend de chaque pays, car nous ne pouvons pas comparer de petits pays comme l’Estonie ou la Finlande, qui ont une longue frontière terrestre avec la Russie, où nous avons une armée de réserve et la conscription, avec des pays comme l’Allemagne, la France ou l’Espagne, qui ont une population bien plus importante. C’est à chaque pays de décider quel est le meilleur modèle et comment organiser sa défense.

Ce que je dirais, c’est que nous devons être en mesure de respecter les critères dont nous avons convenus ensemble au sein de l’OTAN et dans le nouveau plan régional pour la défense de l’Europe.

Si nous étions attaqués, nous riposterions dès les premières minutes.

Hanno Pevkur

La Pologne a proposé que les dépenses militaires soient exemptées des règles budgétaires afin de créer plus de marge de manœuvre financière pour ce qu’elle considère comme une priorité stratégique en matière de sécurité. Soutenez-vous cette idée ?

Je ne veux pas précipiter ces changements, car la stabilité budgétaire fait aussi partie de notre souveraineté. Sur le plan fiscal, si nous ne pouvons pas gérer nos finances, il sera très difficile de gérer les dépenses de défense et tous les autres postes dont l’État a besoin, comme la santé et l’éducation. C’est pourquoi je trouve l’idée d’achats conjoints — voire l’émission des obligations de défense — plus intéressante. Il y a des besoins spécifiques, mais il y a aussi une large gamme de besoins communs — nous avons tous besoin de munitions, de défense aérienne, de capacités de frappes précises et de longue portée. Ursula von der Leyen a présenté sa proposition de 500 milliards d’euros pour la défense : c’est exactement ce que nous devrions faire. Mettons-nous d’accord sur un effort conjoint et nous n’aurons plus à discuter de déficits de 3 % et d’exemptions pour chaque pays.

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20.10.2024 à 06:30

En Moldavie, un scrutin majeur pour l’Europe

Ramona Bloj

Aujourd’hui, dimanche 20 octobre, les Moldaves sont appelés aux urnes pour le premier tour de l’élection présidentielle ainsi qu'un référendum sur l’inscription de l'adhésion de la Moldavie à l’Union européenne dans la Constitution. Il s’agit du cinquième scrutin présidentiel depuis la déclaration d'indépendance de la Moldavie, au cours duquel les citoyens élisent par suffrage universel le président du pays.

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Texte intégral (559 mots)


L’actuelle présidente, Maia Sandu, du libéral et pro-européen Parti de l’action et de la solidarité (proche du PPE), est candidate à sa réélection et part favorite. 

  • Au total, 11 candidats vont se présenter, mais ses deux principaux opposants sont Alexandr Stoianoglo, du Parti des socialistes de la République de Moldavie (gauche populiste, eurosceptique et russophile), ainsi que Renato Usatîi, président de Notre parti (populiste de droite et également russophile). Le second tour, qui se tiendra le 27 octobre, semble plus incertain entre Sandu et Stoianoglo.
  • L’élection présidentielle se double d’un référendum sur l’adhésion de la Moldavie à l’Union. En décembre 2023, le Conseil européen a annoncé sa décision d’ouvrir les négociations d’adhésion avec Chișinău, qui espère pouvoir entrer dans l’Union en 2030. Le 10 octobre, Ursula von der Leyen a annoncé une aide de 1,8 milliard d’euros pour la Moldavie qui devrait couvrir des investissements sur la période 2025-2027. Selon un sondage d’opinion du mois de septembre, 56 % des Moldaves sont favorables à l’adhésion du pays à l’Union.  
  • Plusieurs mouvements russophiles et/ou directement la Russie elle-même ont déstabilisé la campagne, interrompant des émissions télévisées ou vandalisant la Cour suprême. Le serveur de messagerie du Parlement moldave a été la cible d’une cyberattaque jeudi 17 octobre. Des financements occultes à hauteur de 15 millions d’euros provenant directement de la Russie, orchestrés par l’oligarque pro-russe Ilan Shor afin de corrompre des électeurs, ont également été révélés. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a envoyé 11 observateurs en Moldavie pour s’assurer du déroulement démocratique du vote. 
  • La rhétorique pro-russe des candidats soutenus par Moscou a un dénominateur commun : la neutralité du pays. En effet, les deux principaux opposants de Maia Sandu, Alexandr Stoianoglo et Renato Usatîi, ont tous deux insisté dans leur campagne sur la nécessité de renforcer la neutralité du pays, inscrite dans la Constitution depuis 1994. En 2022, 45 % des Moldaves considéraient que la neutralité était la meilleure manière d’assurer la sécurité du pays et 54,4 % ne soutenaient pas une hypothétique adhésion à l’OTAN.   
  • Dans un entretien avec le Grand Continent, Maia Sandu déclarait : « Nous comprenons que notre neutralité est utile pour nous préserver. Nous sommes en sécurité, si ceux qui, manifestement, ne respectent pas l’intégrité territoriale de leurs voisins respectent notre neutralité. Mais s’ils ne la respectent pas, pourquoi croirions-nous que nous sommes en sécurité ? »
  • Des élections législatives devraient avoir lieu en juillet 2025. Selon les derniers sondages d’opinion, le Parti de l’action et de la solidarité de Maia Sandu pourrait perdre sa majorité.

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19.10.2024 à 06:30

À Tchassiv Yar, l’armée russe a pénétré sur la rive ouest du canal

Marin Saillofest

Jeudi 17 octobre, des petits groupes de combattants russes ont effectué deux percées au nord-est et au sud de la ville de Tchassiv Yar, dans l’oblast de Donetsk. Les défenseurs ukrainiens avaient réussi à contenir depuis avril dernier les assaillants dans la partie est de la ville, notamment grâce au canal qui agissait comme un obstacle protégeant la rive ouest.

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Texte intégral (781 mots)

Plus de six mois après avoir pénétré dans la partie est de Tchassiv Yar, constituée uniquement du quartier du canal, l’armée russe a percé jeudi 17 octobre les défenses ukrainiennes en deux points pour s’établir sur une zone représentant environ 19 % de la surface totale de la ville (1,5 km² sur la rive est et 2 km² environ sur la rive ouest).

  • La ville de Tchassiv Yar est le point le plus élevé dans ce secteur du front (environ 230 mètres d’altitude contre 85 pour Bakhmout ou 100 pour Kramatorsk), fournissant aux défenseurs un avantage tactique et conférant à la ville une place centrale au sein du dispositif ukrainien.
  • Jeudi 17 octobre, des images géolocalisées publiées par des blogueurs militaires russes et ukrainiens confirmaient que les forces russes avaient progressé au nord-est de la ville, dans le quartier Zhovtnevyi, et au sud en direction de la mine « Bloc 9 »1.
  • Selon le témoignage d’un combattant du 21e bataillon d’infanterie motorisé séparé, chargé de la défense : « Les troupes russes ont grimpé le long des câbles tendus sur le canal avant de sprinter par petits groupes dans la zone tampon »2.

Si l’armée russe parvient à établir des lignes d’approvisionnement entre les deux rives du canal, sa supériorité numérique pourrait rendre la défense de la ville de plus en plus insoutenable. En avril, lorsque Moscou a pénétré dans la partie est, un groupe d’analystes militaires ukrainiens avertissait : « Si l’Ukraine devait perdre le contrôle de Tchassiv Yar, l’armée russe disposerait d’une voie directe pour avancer vers des villes clés du Donbass, telles que Kostiantynivka et Kramatorsk »3.

La situation est très dynamique et les forces russes peuvent encore être repoussées vers le canal.

  • L’armée ukrainienne continuait vendredi 18 octobre de présenter les avancées russes comme constituant une « situation temporaire » : « nous contrôlons les routes logistiques et le lieu de l’avancée [russe], et toute route menant à nos positions avec nos drones et notre artillerie »4.
  • Tchassiv Yar est constamment ciblée par des bombes guidées ainsi que des missiles russes qui ont réduit une partie importante de la ville en ruines, limitant les possibilités d’établir des positions dans le cadre de combats urbains.

En progressant au Sud, en direction de Pokrovsk, et au nord, autour de Tchassiv Yar, l’armée russe menace de plus en plus les flancs des positions ukrainiennes autour de la ville de Toretsk, située à une vingtaine de kilomètres plus au Sud. Après avoir pénétré dans les limites de la ville aux alentours du 22 août, l’armée russe avance depuis le long de l’axe routier principal.

L’article À Tchassiv Yar, l’armée russe a pénétré sur la rive ouest du canal est apparu en premier sur Le Grand Continent.

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