Aujourd’hui, mardi 23 septembre, le commissaire européen au Commerce Maroš Šefčovič sera en Indonésie pour signer un accord commercial avec le pays. Les discussions ont été accélérées en grande partie par les droits de douane imposés par Trump, et s’inscrivent dans le cadre des efforts de l’Union visant à réduire sa dépendance vis-à-vis des États-Unis et de la Chine.
L’accord avec Jakarta a été finalisé la semaine dernière, malgré les tensions actuelles concernant la déforestation — l’Indonésie craint en effet l’impact que le règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts, qui devrait entrer en vigueur le 30 décembre, aura sur les petits exploitants agricoles.
Selon des responsables indonésiens, dans le cadre de l’accord, le pays bénéficiera de la suppression des droits de douane européens sur 80 % de ses exportations ainsi que de la levée des barrières non-tarifaires.
En échange, le pays augmentera l’accès à son marché pour les produits agricoles et manufacturés du bloc.
L’Indonésie exporte vers le marché européen principalement de l’huile de palme — dont il est le premier producteur au monde —, des chaussures et des textiles.
L’accord devra être adopté à la majorité qualifiée au sein du Conseil, et ratifié par les États membres et le Parlement européen.
L’Union est le cinquième partenaire commercial de l’Indonésie, mais le pays n’est que le 33e partenaire commercial du bloc.
Les échanges commerciaux entre les deux ont atteint 27,3 milliards d’euros en 2024, l’Indonésie enregistrant un excédent sur les biens de 7,7 milliards d’euros, mais un déficit de 2,6 milliards sur les services.
Le gouvernement indonésien estime que les exportations vers l’Union augmenteront de 58 % dans les trois ans suivant l’entrée en vigueur de l’accord, contribuant ainsi à une hausse du PIB de 0,2 point de pourcentage 1.
Pour l’Union, les relations avec Jakarta — qui possède un marché de consommateurs en plein essor — étaient une priorité, notamment en raison de ses vastes ressources naturelles comme le nickel, un matériau essentiel à la production de batteries. L’accord devra également inclure un engagement en faveur de l’Accord de Paris.
Les négociations durent depuis neuf ans et ont été accélérées en grande partie par les droits de douane imposés par Trump — l’Indonésie est visée par un taux de 19 %.
La Commission a également présenté le 17 septembre un nouvel agenda stratégique Union-Inde, et espère signer un accord de libre-échange avec New Delhi d’ici la fin de l’année.
Des discussions sont également en cours avec l’Afrique du Sud, la Malaisie, les Émirats arabes unis « et d’autres » pays.
Pour Gérard Araud, la reconnaissance de la Palestine est une bascule concrète : en accentuant la pression sur Israël pour négocier avec un interlocuteur légitime opposé au Hamas, elle ouvre également une perspective pour l’après-Netanyahou.
La reconnaissance de l’État palestinien par une dizaine de pays occidentaux aura-t-elle des répercussions concrètes — ou n’est-ce qu’un acte symbolique ? Qu’est-ce que cela change ?
Il est impossible de mesurer la portée de cette décision en se focalisant uniquement sur la question de la reconnaissance, qui s’inscrit dans une initiative diplomatique globale menée depuis 18 mois par la France et l’Arabie saoudite. Elle n’en est toutefois qu’une étape parmi d’autres, peut-être pas la plus importante.
L’objectif est de mettre en place, du côté palestinien, un interlocuteur crédible pour négocier avec Israël, qui a jusqu’à présent refusé de le faire, arguant n’avoir aucun interlocuteur viable — le Hamas étant un groupe terroriste avec lequel il est hors de question de dialoguer, et l’Autorité palestinienne étant trop dévalorisée pour être crédible.
L’initiative franco-saoudienne vise d’abord à restaurer la crédibilité de l’Autorité palestinienne, qui a pris clairement ses distances avec le Hamas et a condamné les attaques terroristes du 7 octobre. Elle propose en outre la tenue d’élections générales dans les territoires palestiniens, afin de faire émerger une nouvelle Autorité palestinienne légitime, l’actuelle n’ayant plus été soumise au suffrage depuis 2006.
La deuxième partie de l’initiative franco-saoudienne consiste à exclure le Hamas de l’ensemble du processus. Et de fait, la Ligue arabe, puis l’Assemblée générale des Nations unies, ont l’une et l’autre déclaré que l’organisation ne devait pas faire partie de la solution. Les pays arabes se sont par ailleurs déclarés prêts à prendre en charge à titre provisoire l’administration de la bande de Gaza en lieu et place du Hamas.
L’initiative franco-saoudienne vise d’abord à restaurer la crédibilité de l’Autorité palestinienne, qui a pris clairement ses distances avec le Hamas et a condamné les attaques terroristes du 7 octobre.
Gérard Araud
La reconnaissance de l’État palestinien vise donc à apporter une légitimité supplémentaire à l’Autorité palestinienne : c’est là que réside la réelle avancée du jour. C’est une étape supplémentaire dans la volonté de retirer au gouvernement israélien l’argument de l’absence d’interlocuteur palestinien. Les pays occidentaux qui reconnaissent aujourd’hui la Palestine, avec le soutien des pays arabes engagés dans ce processus, cherchent précisément à construire cet interlocuteur palestinien. En le reconnaissant, ils l’aident à gagner en crédibilité.
Ce processus franco-saoudien a toutefois dû réduire sensiblement son ambition : à l’origine, Emmanuel Macron avait posé un certain nombre de conditions à la reconnaissance par la France de l’État palestinien — notamment une normalisation diplomatique entre les pays arabes et Israël. Ces conditions ne sont à ce jour pas remplies.
Le diplomate que je suis a une conviction : il ne faut jamais poser de conditions, car on ne peut jamais s’accorder pour dire qu’elles sont réunies.
Dans la vie réelle, les conditions ne sont jamais vraiment et pleinement remplies — et cela offre toujours l’occasion à ceux qui sont hostiles à une initiative de s’y opposer.
Je pense donc que c’était une maladresse de parler de « conditions ».
Conditionner la reconnaissance de l’État palestinien à l’élimination du Hamas n’a par exemple aucun sens, car personne ne peut éliminer le Hamas par la force, même pas Israël qui s’y emploie depuis deux ans. Si vous dites qu’on n’avancera pas vers une négociation tant qu’on n’aura pas éliminé le Hamas, cela revient à dire qu’on ne négociera jamais !
Le Hamas ne peut être éliminé qu’à l’issue d’un processus politique, et certainement pas par des bombes. Or, pour que ce processus puisse s’enclencher, il faut justement créer une Autorité palestinienne. Si Israël s’acharne aujourd’hui à bombarder Gaza, c’est parce qu’il ne veut pas entamer de processus politique, car cela reviendrait à réhabiliter l’Autorité palestinienne, et donc à reconnaître la perspective d’un État palestinien.
Certains considèrent au contraire que loin de travailler à affaiblir voire à éliminer le Hamas, la décision française contribue à le légitimer et à le renforcer — en ce qu’elle serait pour ainsi dire une « récompense » aux attaques du 7 octobre 2023.
Pas du tout puisque tout ce processus a pour but, justement, de redonner de la légitimité, de la force et du dynamisme à l’Autorité palestinienne qui est l’ennemie du Hamas.
Le Hamas et l’Autorité palestinienne sont en guerre depuis 2006. En 2007, à Gaza, le Hamas a éliminé des centaines de militants de l’Autorité palestinienne. L’initiative diplomatique française est une opportunité pour Israël qui est aujourd’hui enfermé dans une impasse stratégique. Depuis deux ans, Israël a tué ou blessé 200 000 Palestiniens, selon les chiffres du chef d’état-major de Tsahal. Il a rasé les quatre cinquièmes de la bande de Gaza. Mais il n’a toujours pas éliminé le Hamas. C’est donc une impasse. Israël peut continuer à bombarder encore plus, mais comme je le disais, on n’élimine pas un mouvement terroriste par la seule force.
Le gouvernement israélien actuel est un gouvernement d’extrême droite qui affirme lui-même que son objectif n’est pas la libération des otages, mais la victoire. Et que l’objectif de cette victoire, c’est l’annexion de la Cisjordanie et le nettoyage ethnique sur la bande de Gaza.
Il ne faut jamais poser de conditions, car on ne peut jamais s’accorder pour dire qu’elles sont réunies.
Gérard Araud
Face à ce gouvernement d’extrême droite, à cette situation qui est une véritable tragédie, à la catastrophe d’une annexion de la Cisjordanie et d’un nettoyage ethnique à Gaza, il n’est pas vain d’essayer de proposer autre chose que la force — tout en gardant en tête le fait que Netanyahou n’est pas éternel, qu’il devra rendre des comptes et que viendra le jour où il y aura un autre gouvernement israélien.
Bien sûr, il y a une chance sur cent que cela marche — mais que peut-on faire d’autre ?
Le fait que de nombreux pays se soient ralliés à l’initiative diplomatique française ces derniers mois semble effectivement démontrer qu’elle est parvenue à enclencher une dynamique.
Parmi eux figurent la Grande-Bretagne, l’Australie et le Canada, c’est-à-dire les trois pays les plus alignés sur les États-Unis. Ils ont donc fait le choix de suivre la position française plutôt que celle de Washington. En Europe également, de nombreux pays, comme le Portugal, le Luxembourg ou la Belgique, ont décidé de reconnaître la Palestine. Tout cela témoigne du succès de l’initiative française, mais surtout de l’inquiétude et de l’indignation croissantes des opinions publiques face à la tragédie de Gaza.
Peut-on espérer que cette nouvelle vague de reconnaissance permettra l’ouverture d’une nouvelle séquence diplomatique dans les prochains mois ?
Avec Donald Trump à la Maison Blanche et un gouvernement Netanyahou à la tête d’Israël, j’en doute fortement.
Faut-il pour autant se résigner et laisser Israël aller à la catastrophe ? Ou faut-il affirmer malgré tout nos valeurs et notre position ?
On parle de près de 200 000 morts et blessés : rapportés à la population française, cela équivaudrait à 6 millions de victimes. On atteint presque 8 % de la population palestinienne, sans aucune perspective autre que la poursuite de cette tragédie.
La décision française n’est-elle pas liée également à des enjeux de politique nationale ?
Il est évident que cette décision de politique internationale n’est pas décorrélée de considérations intérieures.
D’abord, il faut rappeler que la clémence des Européens à l’égard des Israéliens montre que la culpabilité liée à la Shoah joue encore son rôle. Mais une nouvelle idée se répand aussi en Europe selon laquelle Israël mènerait un combat au nom de l’Occident face à l’islamisme. Cette vision des choses dépasse la seule extrême droite — et Israël sait en tirer parti pour défendre sa cause en Europe.
S’agissant de la France, le président Macron est, dans ses réflexes, pro-israélien.
On se souvient de son discours le soir du 7 octobre, qui était déjà assez étonnant, puis sa proposition d’une coalition aux côtés d’Israël. Il lui fallait toutefois répondre à l’indignation d’une partie de l’opinion publique française.
Est aussi en jeu, plus généralement, la crédibilité de la parole de l’Occident : on ne peut pas dénoncer, à juste titre, chaque missile russe tombant sur Kharkiv, et rester silencieux face au déversement de dizaines de milliers de tonnes de bombes sur le minuscule territoire de Gaza.
Quels effets à votre avis cette reconnaissance aura-t-elle sur les pays arabes et de la région ? Notamment sur les pays du Golfe — et sur le processus de normalisation post-Accords d’Abraham en général ?
Les Palestiniens ne peuvent pas trouver de soutien du côté des pays arabes, qui n’en ont plus les moyens : l’Irak est sorti abîmé de l’occupation américaine ; la Syrie sort difficilement de la guerre civile ; l’Égypte dérive au fil de sa crise sociale, économique et politique.
De leur côté, les monarchies du Golfe n’ont qu’une seule obsession : l’Iran — et elles trouvent dans Israël un protecteur que ne veulent plus être les États-Unis.
Le Hamas est de surcroît leur ennemi mortel.
Dans les faits, elles s’accommodent donc plutôt bien de la politique israélienne : preuve en est que les Accords d’Abraham ont résisté non seulement au 7 octobre mais aussi et surtout aux opérations israéliennes jusqu’à Am Kalavi et au-delà. Des pays comme le Maroc ou les Émirats arabes unis n’ont même pas rappelé leurs ambassadeurs après les frappes au Qatar. D’une certaine manière, ils ont moins réagi à ce qui se passait que les Européens.
Les États-Unis sont aujourd’hui le dernier État membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU à ne pas reconnaître la Palestine. Cet isolement diplomatique est-il inquiétant ?
Le problème, c’est qu’Israël et les États-Unis se moquent éperdument d’être isolés. Cela ne gêne ni l’un ni l’autre.
Du côté israélien, il y a la conviction forte que le monde entier est hostile, voire antisémite. J’ai été jeune diplomate en Israël au début des années 1980. À l’époque, il n’y avait qu’une trentaine d’ambassades à Tel Aviv, parce que seuls les pays occidentaux reconnaissaient Israël. Les pays communistes, les pays africains et la plupart du reste du monde ne le reconnaissaient pas. Il y a donc une sorte d’habitude au mépris du reste du monde et de conviction profonde que tout le monde est contre eux.
Quant aux États-Unis de Donald Trump, l’indifférence et le mépris y sont absolus. Trump lui-même est imprévisible et n’éprouve aucun attachement particulier pour un pays.
Vis-à-vis d’Israël, il oscille entre un alignement indéfectible et, de temps en temps, des prises de liberté que ses prédécesseurs n’auraient pas envisagées. Il négocie un accord avec les Houthis sans s’embarrasser d’Israël, obtient la libération d’un otage américain sans informer les Israéliens, négocie avec l’Iran sans tenir compte d’eux. Mais, dans le même temps, il accepte de bombarder l’Iran. Il incarne donc l’imprévisibilité d’un allié peu fiable, ce qui inquiète à juste titre les Israéliens, même si en fin de compte il est toujours tombé du côté d’Israël.
À plus long terme, le principal sujet d’inquiétude pour Israël est le détachement croissant d’une partie de l’opinion publique américaine vis-à-vis de la cause israélienne qui constitue une nouveauté.
Quand j’étais aux États-Unis, il régnait une unanimité en faveur d’Israël.
Aujourd’hui, à gauche comme à l’extrême-droite, cette unanimité se fissure. À l’extrême-droite, la base MAGA, fondamentalement isolationniste et en partie antisémite, commence à grogner. De l’autre côté, la gauche s’intéresse davantage à la cause palestinienne.
Israël et les États-Unis se moquent éperdument d’être isolés. Cela ne gêne ni l’un ni l’autre.
Gérard Araud
Les Européens et les Palestiniens doivent-ils craindre des représailles israéliennes à ces reconnaissances ?
Il y aura des représailles israéliennes en particulier pour l’activité diplomatique.
Israël ira-t-il jusqu’à fermer le consulat général de France à Jérusalem, comme certains menacent de le faire ? Est-ce que notre ambassadeur ne pourra plus accéder aux autorités israéliennes ? Y aura-t-il des problèmes sur les visas diplomatiques ? Ou des menaces sur les nombreuses propriétés françaises en Israël et en Palestine, héritées de notre très longue histoire dans les lieux saints ?
J’espère que non.
Si c’était le cas, les réactions françaises devraient être énergiques — les Israéliens aussi ont des intérêts en France.
Le nouveau président sud-coréen Lee Jae-myung, élu en juin suite à la destitution de son prédécesseur Yoon Suk-yeol en décembre, se rend aujourd’hui aux États-Unis pour la deuxième fois en moins d’un mois.
Malgré la pression exercée par l’administration Trump pour conclure un accord sur les droits de douane, dont les termes sont similaires à celui signé cet été par Tokyo, aucune rencontre avec le président américain n’est prévue à New York.
Le 30 juillet, Donald Trump a annoncé qu’un accord commercial avait été trouvé avec la Corée du Sud. Dans le cadre de celui-ci, les tarifs sur les importations de biens sud-coréens entrant aux États-Unis sont ramenés à 15 % — contre 25 % auparavant —, en « échange » de 350 milliards d’investissements de Séoul dans l’économie américaine. Les biens en provenance des États-Unis sont quant à eux soumis à un taux nul.
Les contours de cet accord inégal sont similaires au deal conclu quelques jours plus tôt, le 22 juillet, entre les États-Unis et le Japon.
Depuis qu’un accord sur les grandes lignes a été atteint durant l’été, la finalisation des détails et la mise en œuvre sont au point mort.
La dernière visite de Lee Jae-myung à la Maison-Blanche le mois dernier n’a débouché sur aucun progrès, le président sud-coréen ayant quitté les États-Unis sans déclaration commune.
En amont de son arrivée à New York, où aucune rencontre bilatérale avec Trump n’est prévue à cette heure, Lee a déclaré vendredi 19 septembre que les conditions de l’accord telles qu’imposées par Trump plongeraient la Corée du Sud dans une crise financière similaire à celle de 1997 1. Le président sud-coréen craint notamment que l’engagement sur un tel montant sans accord sur un swap de devises affaiblisse fortement le won, rendant les importations plus coûteuses, augmentant la pression sur les taux d’intérêt et fragilisant l’économie.
Tout comme pour Tokyo, la coopération en matière de sécurité avec les États-Unis est perçue comme centrale pour Séoul, qui fait face à la menace représentée par la Corée du Nord, la Russie et la Chine.
Pour Séoul et Tokyo, la tenue de ces exercices aux côtés de l’armée américaine envoie un signal à Pyongyang quant à la continuité de l’implication militaire de Washington dans la région.
Le risque serait toutefois que Washington décide de lier les questions commerciales à sa présence militaire en Indo-Pacifique.
Avec 27 000 militaires américains stationnés sur son territoire, la Corée du Sud compte la troisième présence la plus importante après le Japon (61 500) et l’Allemagne (49 500).
Lee a déclaré que Washington souhaitait pour le moment « séparer les négociations sur la sécurité et celles sur le commerce ». Le nouveau président sud-coréen a néanmoins plaidé hier, dimanche 21 septembre, en faveur d’une défense « autonome et forte » et appelé à arrêter la « pensée de soumission » dans un message visant vraisemblablement les États-Unis 2.
Quelques jours avant l’élection de Lee, le Wall Street Journal révélait que l’administration Trump envisageait de déplacer environ 4 500 soldats américains de la Corée du Sud vers Guam ou d’autres zones de la région 3.
La détérioration de la situation sécuritaire de la Corée du Sud a lieu dans un contexte de ralentissement économique, marqué notamment par un taux de chômage des jeunes extrêmement élevé.
En août, celui-ci a atteint 5,7 % en glissement annuel, soit plus du double du taux de chômage moyen (2,6 %).
Il y a une décennie, le président syrien Ahmed al-Charaa était à la tête du Front al-Nosra, un groupe terroriste jihadiste affilié à Al-Qaïda actif en Syrie et au Liban.
Aujourd’hui, lundi 22 septembre, al-Charaa est à New York pour l’Assemblée générale des Nations unies, où il devrait rencontrer d’autres dirigeants et prononcer un discours mercredi 24.
Le nouveau président syrien Ahmed al-Charaa a atterri hier, dimanche 21 septembre à New York, en amont de l’ouverture du débat général de l’Assemblée générale de l’ONU. C’est dans le cadre de cet événement annuel qu’il s’adressera à une centaine de chefs d’État et de gouvernement, ministres et ambassadeurs réunis au siège de l’organisation jusqu’au lundi 29.
Le dernier chef d’État syrien à avoir participé à l’Assemblée générale de l’ONU est Noureddine al-Atassi, qui était devenu en 1967 le premier dirigeant du pays à prendre la parole au siège de l’organisation.
L’arrivée au pouvoir d’Hafez el-Assad en 1971 puis de son fils, Bashar al-Assad, en 2000 a mis fin à cette pratique.
Quelques années plus tard, en 1979, les États-Unis imposaient leurs premières sanctions contre Damas en raison de l’implication du régime dans la guerre civile libanaise.
Al-Charaa devrait mettre à profit son temps passé à New York pour rencontrer des chefs d’État et de gouvernement étrangers, participer à des réunions bilatérales et demander la levée de plus de sanctions visant le pays. Le ministre des Affaires étrangères syrien, présent dans la délégation, a également inauguré vendredi 19 la nouvelle ambassade du pays à Washington après plus d’une décennie de fermeture.
Au-delà du caractère « historique » de la visite souligné par les médias syriens, celle-ci vise également à envoyer un signal quant à la réouverture économique du pays 1.
Al-Charaa a rencontré aujourd’hui, lundi 22 septembre, plusieurs investisseurs et experts économiques dans le cadre d’une réunion organisée par le Concordia International Summit.
Dans un rapport publié début juillet, la Banque mondiale a souligné que les 14 ans de guerre civile ainsi que les sanctions ont entraîné un effondrement des exportations, un recentrage des partenariats commerciaux vers les acteurs régionaux, un épuisement des réserves de change et une dépendance accrue à l’égard des importations de biens essentiels et des canaux informels de financement extérieur — notamment la vente de Captagon sous le régime Assad 2.
Le nouveau pouvoir syrien considère qu’un accord avec Israël constitue l’un des moyens les plus efficaces pour attirer des investissements étrangers dans le pays.
Tsahal continue de mener régulièrement des raids et des frappes dans le sud-ouest du pays, et occupe toujours illégalement depuis décembre le plateau du Golan et la zone tampon démilitarisée, créée en 1974 suite à la résolution 350 du Conseil de sécurité de l’ONU.
Malgré l’organisation par l’intermédiaire des États-Unis d’une réunion en août entre des négociateurs syriens et israéliens à Paris, Netanyahou continue d’affirmer qu’il « reste encore du chemin à parcourir » avant la conclusion d’un accord avec Damas 3.
L’organisation d’élections, initialement reportées sine die en août puis annoncées pour le 5 octobre, enverrait également un signal positif aux investisseurs relatif à la volonté du nouveau gouvernement d’accompagner une transition démocratique.
Depuis l’arrivée au pouvoir d’al-Charaa en décembre, le pays a connu plusieurs épisodes de violence, notamment en mars lorsque plusieurs centaines de personnes, dont des minorités alaouites et chrétiennes, ont été tuées par des combattants alliés au gouvernement de transition.
À la fin de la journée du lundi 22 septembre, 157 États membres de l’ONU devraient reconnaître l’État de Palestine, soit 81 % des membres des Nations unies.
Depuis 1988, ce processus n'a rien de linéaire.
Nous proposons une chronologie en cartes des différentes étapes jusqu'à la reconnaissance qu'Emmanuel Macron annoncera aujourd'hui.
Le plan de partage de la Palestine adopté par l’ONU en novembre 1947 ouvrait la voie à la création d’un État palestinien internationalement reconnu. Il prévoyait une tripartition de la Palestine mandataire entre un État juif sur 56 % du territoire, un État arabe sur 42 % et une zone sous administration internationale sur les 2 % restants, autour de Jérusalem.
Malgré des désaccords entre dirigeants sionistes quant à l’attitude à adopter face à ce plan qui ne leur donnait pas pleinement satisfaction, David Ben Gourion proclama la naissance de l’État d’Israël à l’expiration du mandat britannique, le 14 mai 1948.
Pour marquer leur refus du principe même d’un partage de la Palestine et de la création d’un État juif en son sein, les Palestiniens s’abstinrent à l’époque de proclamer l’État arabe prévu par le plan onusien. Ils furent soutenus dans cette intransigeance par les États arabes voisins qui non seulement ne reconnurent pas le jeune État israélien, mais entrèrent immédiatement en guerre contre lui.
Il faut attendre quatre décennies et le déclenchement de la première Intifida en décembre 1987 pour que le 15 novembre 1988, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), lors d’une réunion de son Conseil national en exil à Alger, se décide à proclamer, par la voix de son leader Yasser Arafat, la création d’un État palestinien.
S’engage alors une longue bataille diplomatique pour obtenir la reconnaissance de cet État sur la scène internationale.
À partir de 1988, la première vague de reconnaissance
Dans les heures qui suivent la proclamation de l’État palestinien le 15 novembre 1988, quatorze pays le reconnaissent officiellement.
L’Algérie — depuis laquelle la naissance de l’État palestinien est proclamée par l’OLP — est la première à le faire.
Elle est suivie par le Bahreïn, l’Indonésie, l’Irak, le Koweït, la Libye, la Malaisie, le Maroc, la Mauritanie, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) — elle-même non reconnue par la plupart de la communauté internationale —, la Somalie, la Tunisie, la Turquie et le Yémen. Des pays appartenant tous à l’Organisation de la coopération islamique.
Les jours et mois suivants, une soixantaine d’États reconnaissent à leur tour la Palestine, parmi lesquels l’Arabie saoudite et Cuba (dès le 16 novembre), l’Égypte, l’Inde et la RDA (le 18 novembre), l’URSS (le 19 novembre), la Chine populaire (le 20 novembre) ainsi que de nombreux pays d’Afrique subsaharienne (Angola, Togo, République démocratique du Congo, Zimbabwe, etc.). La reconnaissance de l’État palestinien est alors principalement le fait de pays non occidentaux, appartenant soit au bloc soviétique, soit au « Tiers monde » et se réclamant du non-alignement. Elle apparaît donc comme un marqueur d’indépendance voire d’hostilité à l’égard des États-Unis, principal allié d’Israël qui s’oppose fermement à une telle reconnaissance.
Au 1er janvier 1989, 78 pays avaient reconnu l’État palestinien.
Huit autres le firent durant l’année 1989 (Bénin, Éthiopie, Guinée équatoriale, Iran, Kenya, Philippines, Rwanda et Vanuatu).
Les années 1990 et 2000 : le plateau de la reconnaissance
Seuls douze nouveaux États, pour la plupart situés en Asie centrale, reconnaissent la Palestine durant cette période.
Exception de taille, l’Afrique du Sud se joint à cette liste en 1995. Cette décision tardive au regard du reste du continent africain s’explique par la longue persistance du régime d’apartheid, très hostile à la cause palestinienne. C’est l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela qui fait basculer la position sud-africaine en faveur de la reconnaissance de la Palestine.
Le rythme des reconnaissances internationales de la Palestine ralentit encore durant la décennie 2000 durant laquelle seuls sept nouveaux États reconnaissent l’État palestinien, au nombre desquels le Liban en 2008 et le Venezuela d’Hugo Chavez en 2009.
Une deuxième vague de reconnaissance dans les années 2010
Une nouvelle vague de reconnaissance internationale de la Palestine s’enclenche durant la décennie 2010.
Dans le sillage de la reconnaissance vénézuélienne de 2009, une large partie des pays latino-américains reconnaissent la Palestine — dans un geste inédit d’émancipation diplomatique à l’égard de Washington. L’Argentine, la Bolivie et l’Équateur franchissent ainsi le pas en 2010, suivis entre autres par le Chili, le Pérou, le Paraguay, l’Uruguay et le Brésil en 2011. Cette même année 2011, la Syrie est le dernier État moyen-oriental à reconnaître la Palestine, ce que le clan Assad, au pouvoir depuis 1971, s’était jusqu’alors refusé à faire par hostilité à l’OLP.
En 2014, la Suède devient le premier pays membre de l’Union européenne à reconnaître la Palestine. Les autres pays de l’Union européenne reconnaissant alors la Palestine — Chypre, Hongrie, Pologne, Tchéquie, Roumanie, Bulgarie et Slovaquie — avaient en effet pris cette décision bien avant leur entrée dans l’Union, du fait de leur appartenance au bloc soviétique (sauf pour Chypre). Plusieurs pays d’Europe centrale et orientale pionniers dans la reconnaissance de l’État palestinien sont aujourd’hui paradoxalement plutôt alignés sur les positions du gouvernement Netanyahou, notamment la Hongrie et la Tchéquie.
En 2015, le Vatican, État observateur non membre de l’ONU, reconnaît à son tour la Palestine.
Ces deux dernières années : une accélération
L’offensive sur Gaza orchestrée par Israël en réponse aux attaques terroristes du 7 octobre 2023, ainsi que la position du gouvernement Netanyahou sur la Cisjordanie a enclenché un nouveau cycle de reconnaissance internationale de l’État palestinien.
Alors qu’aucune nouvelle reconnaissance n’était intervenue depuis 2019, huit États ont franchi le pas durant la seule année 2024 : l’Arménie, les Bahamas, la Barbade, l’Espagne, l’Irlande, la Jamaïque, la Norvège et Trinidad et Tobago. Le Mexique en a fait de même en février 2025.
On compte parmi eux la quasi-totalité des pays latino-américains, africains et asiatiques.
S’ils sont numériquement minoritaires, les États ne reconnaissant pas la Palestine comptent toutefois dans leurs rangs des puissances politiques et économiques de premier ordre comme les États-Unis, l’Allemagne, l’Italie ou le Japon.
Hier, dimanche 21 septembre, quatre pays (le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal) ont annoncé reconnaître la Palestine. Ils devraient être suivis aujourd’hui par six autres États occidentaux : la France, la Belgique, le Luxembourg, Malte, Saint-Marin et Andorre.
À la fin de la journée, les États-Unis seront le dernier État membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU à ne pas reconnaître la Palestine.