20.06.2025 à 14:31
la Rédaction
Tous les vendredis, les rédactions web de Regards et Politis unissent leurs forces pour vous donner à lire, à écouter et à penser. Des éditos, des articles et des vidéos pour comprendre une actualité de la semaine.
Pour recevoir cette newsletter,
cliquez ici regards.fr/newsletter
par Catherine Tricot
Cette semaine, un président de la République, la nôtre, a cru possible de valider le principe d’une guerre préventive, en l’espèce celle d’Israël contre l’Iran… On institue ainsi qu’un pays a « le droit » de se défendre en attaquant un autre pays. Sur les plateaux et dans les journaux, la détestation générale du régime iranien vaut argument. Au diable le respect du droit international qui peut nous prémunir de la généralisation de la guerre.
Ce mercredi et ce jeudi, le ministre de l’Intérieur, encore un Trump aux petits pieds, a déployé plus de 4000 policiers dans les gares et dans les bus pour débusquer des sans-papiers. Sur les plateaux télé, les critiques se limitent à dénoncer une opération de com’ sans rien dire du scandale de cette chasse à l’homme.
Depuis quelques temps, un ministre qui se dit de la Justice prépare l’incarcération à l’isolement total et pour 5 ans des 200 plus grands narcotrafiquants. La pratique par notre pays de ce qu’il est convenu d’appeler la torture blanche n’est pas débattue. Qui pour défendre les droits humains, refuser la torture et s’opposer à ce qui s’apparente à un retour de la peine de mort ? On pérore sur l’habileté politique du ministre qui montre qu’il en a. Qui se soucie de l’inéluctable engrenage ? Une nouvelle échelle de la répression se construit sous nos yeux. On acceptera demain que les voleurs de poules soient bien maltraités dans les commissariats.
Quelques semaines plus tôt, un petit prétendant au poste de président de ce qu’on appelle la République, faisait voter une loi supprimant l’excuse de minorité face à la justice et adopter la comparution immédiate pour les enfants récidivistes. C’est donc du Conseil constitutionnel qu’est venu ce rappel des « exigences du principe fondamental reconnu par les lois de la République, en ce qu’il exige la mise en place de procédures appropriées à la recherche du relèvement éducatif et moral des mineurs ».
Au Sénat, vient d’être rejetée une proposition pour défendre le principe d’égalité : faire contribuer les milliardaires à la dépense publique. La mesure « Zucman » a été décriée au nom de l’importance supérieure à toute autre exigence : conserver nos riches et pour cela, leur céder en tout.
Toutes ces dérives – et il y en a d’autres, loin de tous les principes fondamentaux de la démocratie, de la République, du droit international et des droits humains – sont conduites par les plus hautes autorités de l’État, par la majorité des députés et des sénateurs. On se rassure en pensant que cela n’a pas toujours de conséquences immédiates. Mais non : leur effet – et sans doute leur objet – le plus tangible est de nous habituer à débattre de l’efficacité de ces ignominies et non plus de leur caractère ignominieux. Désormais, on commente l’habileté de l’un ou de l’autre dans la course aux petits chevaux qui doit conduire à 2027 !
Hélas, quand on entend des voix « d’éditorialistes de gauche », elles sont si souvent elles-mêmes imprégnée des postulats de base. La justice devient vengeance ; la loi et la police doivent être dures contre les immigrés ; il faut se plier au chantage des plus riches et se défier des pauvres toujours tentés par la fraude.
La valorisation absolue du pragmatisme et de l’efficacité à la base du « en même temps » est en train de produire un désastre. En décrédibilisant tout débat idéologique devenu même un gros mot, ils nous désarment face à l’idéologie bien campée du fascisme qui monte. Quand la mode est au vert de gris et à la force, qui pour tenir tête ? Qui a encore les idées claires ?
Comme le héros de la pièce de Ionesco Rhinocéros, nous voyons l’attraction pour le troupeau inhumain se diffuser, se propager, en commençant par les amoureux de l’ordre. Même la femme du personnage principal, sa chère Daisy, succombe au charme de la masse homogène et à la puissance du troupeau. On apprend aux lycéens que Rhinocéros est une pièce emblématique du théâtre de l’absurde. Vraiment ? Si seulement.
par Hugo Boursier
Galaxie Bolloré, chaîne d’infos en continu ou incursion dans l’audiovisuel public, la propagande du premier ministre israélien et de son armée continue d’envahir les médias français, non sans une relative vigilance des sociétés de journalistes.
Karim Kattan, écrivain palestinien et français, est l’invité de #LaMidinale.
Pour recevoir cette newsletter quotidiennement (et gratuitement) dans votre boîte mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter !
20.06.2025 à 14:30
Catherine Tricot
En revenant sur une multitude de faits accumulés ces derniers mois, une logique se dégage : celle de l’abandon des principes fondamentaux de notre République, des droits humains, du droit international. Sans fracas, l’affreuse contagion gagne.
Cette semaine, un président de la République, la nôtre, a cru possible de valider le principe d’une guerre préventive, en l’espèce celle d’Israël contre l’Iran… On institue ainsi qu’un pays a « le droit » de se défendre en attaquant un autre pays. Sur les plateaux et dans les journaux, la détestation générale du régime iranien vaut argument. Au diable le respect du droit international qui peut nous prémunir de la généralisation de la guerre.
Ce mercredi et ce jeudi, le ministre de l’Intérieur, encore un Trump aux petits pieds, a déployé plus de 4000 policiers dans les gares et dans les bus pour débusquer des sans-papiers. Sur les plateaux télé, les critiques se limitent à dénoncer une opération de com’ sans rien dire du scandale de cette chasse à l’homme.
Depuis quelques temps, un ministre qui se dit de la Justice prépare l’incarcération à l’isolement total et pour 5 ans des 200 plus grands narcotrafiquants. La pratique par notre pays de ce qu’il est convenu d’appeler la torture blanche n’est pas débattue. Qui pour défendre les droits humains, refuser la torture et s’opposer à ce qui s’apparente à un retour de la peine de mort ? On pérore sur l’habileté politique du ministre qui montre qu’il en a. Qui se soucie de l’inéluctable engrenage ? Une nouvelle échelle de la répression se construit sous nos yeux. On acceptera demain que les voleurs de poules soient bien maltraités dans les commissariats.
Quelques semaines plus tôt, un petit prétendant au poste de président de ce qu’on appelle la République, faisait voter une loi supprimant l’excuse de minorité face à la justice et adopter la comparution immédiate pour les enfants récidivistes. C’est donc du Conseil constitutionnel qu’est venu ce rappel des « exigences du principe fondamental reconnu par les lois de la République, en ce qu’il exige la mise en place de procédures appropriées à la recherche du relèvement éducatif et moral des mineurs ».
Au Sénat, vient d’être rejetée une proposition pour défendre le principe d’égalité : faire contribuer les milliardaires à la dépense publique. La mesure « Zucman » a été décriée au nom de l’importance supérieure à toute autre exigence : conserver nos riches et pour cela, leur céder en tout.
Toutes ces dérives – et il y en a d’autres, loin de tous les principes fondamentaux de la démocratie, de la République, du droit international et des droits humains – sont conduites par les plus hautes autorités de l’État, par la majorité des députés et des sénateurs. On se rassure en pensant que cela n’a pas toujours de conséquences immédiates. Mais non : leur effet – et sans doute leur objet – le plus tangible est de nous habituer à débattre de l’efficacité de ces ignominies et non plus de leur caractère ignominieux. Désormais, on commente l’habileté de l’un ou de l’autre dans la course aux petits chevaux qui doit conduire à 2027 !
Hélas, quand on entend des voix « d’éditorialistes de gauche », elles sont si souvent elles-mêmes imprégnée des postulats de base. La justice devient vengeance ; la loi et la police doivent être dures contre les immigrés ; il faut se plier au chantage des plus riches et se défier des pauvres toujours tentés par la fraude.
La valorisation absolue du pragmatisme et de l’efficacité à la base du « en même temps » est en train de produire un désastre. En décrédibilisant tout débat idéologique devenu même un gros mot, ils nous désarment face à l’idéologie bien campée du fascisme qui monte. Quand la mode est au vert de gris et à la force, qui pour tenir tête ? Qui a encore les idées claires ?
Comme le héros de la pièce de Ionesco Rhinocéros, nous voyons l’attraction pour le troupeau inhumain se diffuser, se propager, en commençant par les amoureux de l’ordre. Même la femme du personnage principal, sa chère Daisy, succombe au charme de la masse homogène et à la puissance du troupeau. On apprend aux lycéens que Rhinocéros est une pièce emblématique du théâtre de l’absurde. Vraiment ? Si seulement.
20.06.2025 à 14:30
Hugo Boursier
Galaxie Bolloré, chaîne d’infos en continu ou incursion dans l’audiovisuel public, la propagande du premier ministre israélien et de son armée continue d’envahir les médias français, non sans une relative vigilance des sociétés de journalistes.
Quarante-huit heures pour prendre le soin de bien tout répéter. D’utiliser les mêmes mots, de faire ricocher les mêmes éléments de langage. Lundi 16 juin, Laurence Ferrari calque son édito dans « Punchline », son émission quotidienne sur CNews, sur le discours qu’a tenu Benjamin Nétanyahou, après les premiers bombardements lancés sur l’Iran, dans la nuit de jeudi à vendredi 13 juin. Quand le premier ministre israélien parle d’une « menace claire et immédiate pour la survie même d’Israël », la porte-voix de la galaxie Bolloré alerte sur « la survie du seul État démocratique du Moyen-Orient qui est en train de se jouer ».
D’un côté, l’Iran travaillerait sur « un nouveau plan pour détruire Israël », de l’autre, Ali Khamenei réclamerait « l’éradication d’Israël de la surface de la Terre ». En « nous défendant, nous défendons aussi les autres », argue l’architecte du génocide à Gaza, Israël « se bat pour une certaine conception de la civilisation, la nôtre », insiste celle qui est aussi rédactrice en chef politique de Paris Match. « C’est le seul moment où je dis, moi, ce que je pense », justifiait-elle sur l’autre satellite bolloréen, Europe 1, le 17 juin. Dans les faits, Laurence Ferrari pense très souvent comme Benjamin Nétanyahou.
Une copie conforme qui est même félicitée par le lobby Diaspora Defense Forces (DDF). Le 27 mai, lors d’un gala organisé par l’association qui défend les intérêts d’Israël en France et dont le porte-parole de Tsahal, Olivier Rafowicz, était « le grand parrain », la DDF a remis à « l’invitée d’honneur », Laurence Ferrari, un « trophée » des « justes du 7-Octobre ». L’animateur de cette soirée, Olivier Benkemoun, est aussi présentateur sur CNews. Le « trophée des justes » vise à récompenser celles et ceux qui ont « continué à défendre Israël au lendemain de la pire attaque islamique [sic] depuis le 21e siècle », comme l’a noté Arrêt sur images. Le publicitaire, communicant de Nicolas Sarkozy en 2007 et fondateur de l’association, Frank Tapiro, n’a pas manqué de féliciter CNews pour son traitement médiatique sur Israël et Gaza.
Le système Bolloré a ouvert les vannes du soutien au gouvernement israélien, et dans cette logorrhée complice, le mot de « génocide » est scrupuleusement interdit. Soit il est totalement absent – Laurence Ferrari ne l’a jamais utilisé. Soit il est immédiatement contesté lorsqu’il est à peine prononcé. Mis en débat, minimisé à un « conflit entre Israël et le Hamas ». Mais cette bataille rhétorique ne se limite pas à celle orchestrée par CNews, Europe 1 ou le JDD.
D’autres la mènent aussi vaillamment, à l’instar du « philosophe » Raphaël Enthoven. Le chroniqueur n’est pas avare en désinformation sur la situation en Palestine. Mais l’on peut citer un tweet, parmi d’autres : « La fable d’un ‘génocide à Gaza’ est le plus gros mensonge du XXIe siècle. Il y a juste une guerre, qui cessera le jour où le Hamas rendra les otages et les armes. » Faire commencer la guerre menée par Israël à partir du 7-Octobre est un refrain habituel pour l’hebdomadaire Franc-Tireur, qu’il a confondé.
La négation de l’histoire coloniale dans laquelle s’inscrit la guerre à Gaza est habituelle. Sur les plateaux de télévision, le rappeler peut s’avérer risquer. « La configuration des débats n’est pas de nature à pouvoir exposer ces faits établis », pointe le député insoumis de Seine-Saint-Denis, Thomas Portes, qui avait proposé la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les ingérences politiques du lobby pro-Nétanyahou, Elnet. Le groupe d’influence a payé des aller-retours pour Jérusalem à des parlementaires français, mais aussi à des journalistes. « Ils se font le relai du gouvernement du premier ministre israélien. »
La directrice de la rédaction de Franc-Tireur Caroline Fourest, préfère, de son côté, faire « attention au mot » de génocideafin d’éviter de sombrer dans le « populisme sémantique ». Dans sa chronique hebdomadaire dans « 24 H Pujadas », sur LCI, le 28 mai, la journaliste tente une bien difficile acrobatie rhétorique. « Je vais tenter une pédagogie dont je ne sais pas si elle est encore possible dans l’époque que nous vivons », avertit-elle, d’un air grave.
Caroline Fourest commence par entamer un large détour : « Même si le ratio combattants/morts civils est le même que dans toutes les guerres, dont celle que nous avons menée contre Daesh [sans citer de source, N.D.L.R.], même si la pause humanitaire a été de courte durée et que 100 camions sont entrés dans Gaza pour finalement ravitailler la population, commence-t-elle, ça reste une guerre d’une violence absolue », finit-elle par concéder.
Pour l’éditorialiste, il s’agit surtout d’une « volonté d’employer un mot plus fort [pour que] les gens [réalisent] la violence de cette riposte qui n’a que trop duré ». Une exagération délibérée pour susciter l’émotion. L’interprétation a de quoi choquer, surtout lorsque l’on constate que le mot de génocide est employé trois mois seulement après le début des bombardements suite au 7-Octobre, en décembre 2024, dans un rapport d’Amnesty International. Puis en mars 2024, par la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens.
Un an plus tard, en mars dernier, cette fois-ci par la commission d’enquête mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Enfin, au Conseil de sécurité, par le chef de l’humanitaire de l’ONU, deux semaines avant la chronique de Caroline Fourest.
Malgré les rapports, les alertes onusiennes, les enquêtes journalistiques, Caroline Fourest, s’interroge : « Est-ce que le mot convient à des bombardements non-ciblés, ou mal-ciblés, qui visent des cadres du Hamas mais qui peuvent taper des écoles où il y a des armes, tuer des enfants utilisés comme bouclier humain ? »
La minimisation des actes génocidaires se poursuit quelques semaines plus tard, le 10 juin, lorsque Caroline Fourest évoque le blocus humanitaire, constitutif d’une famine organisée portant un grave danger pour les enfants, comme le déplorait l’Unicef. « Israël n’a pas mis fin à l’aide humanitaire définitivement à Gaza, elle a fait une pause pour réorganiser cette aide de façon à ce qu’elle arrive aux populations gazaouies et pas directement au Hamas et à ses tunnels », explique-t-elle, en précisant que c’était ainsi qu’Israël justifiait cette décision, et que l’on « n’était pas obligé d’être d’accord ».
Cette interprétation des bombardements israéliens trouve d’autres échos, que ce soit sur BFMTV ou le service public. Comme l’a précisément relevé une précieuse enquête d’Acrimed, plusieurs médias sont devenus adeptes d’un novlangue technique pour éviter de parler des actes guerriers menés par Israël. « Agrandissement des opérations militaires », pour BFM, le 5 mai, « plan d’expansion offensive » à Gaza sur TF1, le même jour, « évacuation stratégique et méthodique » sur France 2, le surlendemain. Le site critique des médias examine aussi la construction de l’information auprès du JT de la chaîne publique. Laquelle reprend à plusieurs reprises les éléments de langage de l’armée israélienne. Notamment le 14 mai, lorsque le 20 h évoque le bombardement de l’hôpital européen à Khan Younès et précise qu’il couvrait un « centre de commandement du Hamas », sans que la rédaction n’ait de « confirmation de sa présence ».
Les diversions techniques pour déshumaniser la mort de la population palestinienne s’accompagnent aussi d’un autre outil : « l’humour ». Pas tant pour minimiser la gravité de la situation à Gaza que pour cibler les personnes souhaitant alerter sur celle-ci. Ce fut le cas avec l’humoriste Sophie Aram, dans sa chronique sur France inter du 16 juin. Pendant plus de 3 minutes, celle-ci ironise sur le sort réservé aux centaines d’européens partis rejoindre la Marche pour Gaza, tout en ciblant l’eurodéputée insoumise, Rima Hassan, et la militante écologiste, Greta Thunberg, toutes deux membres de l’équipage du Madleen et arrêtées par la marine israélienne avant d’être expulsées vers la France. La SDJ du Parisien, dans lequel la chronique a d’abord été publiée, accuse Sophie Aram de « racisme ».
Une autre SDJ, celle de BFMTV et de RMC, dénonce une série de propos de la part de l’enseignante et essayiste, Barbara Lefebvre. D’abord, au fameux gala de la DDF où l’on retrouvait Laurence Ferrari, fin mai. La chroniqueuse régulière des « Grandes Gueules » sur RMC organisait un « quiz durant lequel il était proposé au public de deviner la part de civils gazaouis morts depuis le début de la guerre ». Mais aussi en février, sur la chaîne israélienne i24 News, où l’habituée d’Alain Marschall et Olivier Truchot a conseillé de « décider une bonne fois pour toutes que la bande de Gaza doit devenir une zone vierge ». « Il faut que ces gens-là aillent vivre ailleurs », ajoutait-elle. Elle peut aussi, elle et sa clique qui nie le génocide, quitter les plateaux télé.
20.06.2025 à 12:16
la Rédaction
Karim Kattan, écrivain palestinien et français, est l’invité de #LaMidinale.
19.06.2025 à 11:27
Loïc Le Clerc
Peut-on, dans la même journée, se prétendre héritier du général de Gaulle et organiser une opération nationale de chasse aux migrants ? Impossible n’est pas Bruno !
Bruno Retailleau a lancé, ce 18 juin, une campagne à l’adresse de « la France des honnêtes gens ». Avec une poignée d’affiches à l’appui représentant un agriculteur, un cuisinier, une policière, un pompier et une infirmière – affiches visiblement conçues avec l’IA –, le président de LR espère gagner de nouveaux adhérents parmi « ces honnêtes gens qui travaillent dur, qui en ont marre de voir que d’autres abusent du système, qui vivent au crochet de la société ».
TOUS LES JOURS, RETROUVEZ L’ESSENTIEL DE L’ACTU POLITIQUE DANS NOTRE NEWSLETTER
C’est beau, c’est la France, c’est le 18 juin parce que « nous sommes ses héritiers », dit-il en pensent à Charles de Gaulle. Mais Bruno Retailleau est un cumulard. En plus de présider l’héritage du Général, il est ministre macroniste. Et là, le 18 juin du ministre, c’est moins gaulliste que trumpien.
Le parallèle avec Donald Trump est inévitable. Le président américain met en oeuvre une politique migratoire xénophobe qui provoque de violents affrontements entre population et forces de l’ordre. Un modèle pour notre ministre donc…
Le ministère de l’intérieur a fait passer une note d’instruction aux préfets, aux militaires, aux douaniers et aux directions de la gendarmerie et de la police : ces mercredi 18 juin et jeudi 19, on mobilise toutes les troupes pour contrôler les papiers dans les gares, les trains et les bus. En ligne de mire : les clandestins. « Dans ces 48h, on va mobiliser 4000 gendarmes, des policiers, des douaniers, des forces Sentinelle pour interpeller des clandestins », se pavane-t-il sur Cnews. Fier des 47 000 arrestations depuis le début de l’année, il se veut cash : « Ce que je veux dire, c’est que les clandestins ne sont pas les bienvenus en France de la façon la plus ferme et la plus définitive ».
Le parallèle avec Donald Trump est inévitable. Le président américain est en guerre ouverte avec la population immigrée, envoie l’armée les chercher jusque dans leur maison pour les expulser sans ménagement. Une politique migratoire xénophobe qui provoque de violents affrontements entre population et forces de l’ordre. Un modèle pour notre ministre donc… alors les « honnêtes gens », Bruno Retailleau n’en a cure, c’est l’imaginaire des « malhonnêtes » qui l’intéresse : les assistés, les barbares, les délinquants, les voyous. Et il s’imagine qu’il peut les violenter à sa guise sans que la majorité réagisse. Comme le commente sobrement la députée communiste Elsa Faucillon : « L’appel du 18 juin de Retailleau : organiser une chasse aux étrangers dans les trains ! »
Bruno Retailleau profite de la surmédiatisation de son poste de ministre de l’intérieur pour porter sa campagne présidentielle, à droite toute. Une surenchère d’autant plus violente que la compétition est rude entre lui, son collègue Gérald Darmanin, ses challengers Philippe et Attal. Tous entendent battre l’extrême droite en courant après. Très gaullien…
Le 22 juin 1940, dans un autre appel à la radio de Londres, le général de Gaulle en appelait à « l’honneur, le bon sens, l’intérêt supérieur de la patrie ». Bruno Retailleau ne porte en lui aucune de ces trois qualités.
19.06.2025 à 11:05
la Rédaction
Dernier rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme pour 2024 : augmentation du seuil de tolérance et persistance des actes racistes, antisémites et xénophobes. Et c’est pas jojo pour les sympathisants RN : pour 21 % d’entre eux, il existerait des races supérieures ; pour 51 %, les musulmans ne sont « pas des citoyens français comme les autres » ; et pour 99 %, la France ne devrait pas accueillir de nouveaux immigrants. Mieux : 54 % se considèrent carrément « plutôt » ou « un peu » raciste. Tout va bien. Cette xénophobie assumée de son électorat pose un problème au RN dans son hypocrite mutation. Contrairement à ce que pense Marine Le Pen à l’occasion de la publication de l’enquête sur l’élue d’extrême droite Caroline Parmentier : son parti ne permet pas d’arracher les gens à un courant de pensée raciste mais demeure bien un lieu pour son épanouissement.