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31.10.2024 à 12:30

LA LETTRE DU 31 OCTOBRE

la Rédaction

La gauche unie, la droite éparpillée, le RN contrarié

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Texte intégral (1119 mots)

La gauche unie, la droite éparpillée, le RN contrarié

La gauche n’aura pas à se déchirer sur le vote de la loi d’abrogation de la réforme des retraites proposée par le Rassemblement national dans le cadre de sa niche, discutée ce jeudi.

Après que le texte a été détricoté en commission des affaires sociales par le Nouveau Front populaire, notamment en mettant l’accent sur les recettes afférentes, c’est la présidente de l’Assemblée Yael Braun-Pivet qui lui a mis le coup de grâce en convoquant l’article 40 pour refuser au groupe de Marine Le Pen qu’il remette les dispositions supprimées en commission pour le débat dans l’hémicycle. On n’assistera donc pas au vote en ordre dispersé des insoumis, des verts et du Parti communiste (le Parti socialiste avait pris la décision de ne pas le voter) qui tergiversaient dur en interne quant à leur position sur le texte : voter ou ne pas voter une proposition de loi du RN, telle était la question.

Là où la gauche n’a pas eu à montrer sa division, le « socle commun » risque quant à lui de se déliter une nouvelle fois sur deux autres propositions de la niche RN : un texte pour rétablir les peines-planchers et un autre pour tenter d’accélérer l’expulsion des étrangers délinquants. Le premier est une mouture à peine revisitée d’une mesure de Nicolas Sarkozy – qui a déjà fait la preuve de son inutilité, plusieurs études mettant en avant son « faible effet dissuasif. » La deuxième affiche une volonté de fermeté mais qui butte toujours sur la volonté des pays d’origine à octroyer des laisser-passer consulaires aux personnes expulsables. Si la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a affirmé sur Public Sénat ce matin que la position de l’exécutif était un rejet des deux textes, il est fort à parier que certains LR, voire quelques macronistes, le voteront. En matière de cohésion de la coalition au pouvoir, une fois encore, on repassera.

Pour autant, le RN continue de se positionner en faiseur de rois : pas revenchard, le parti a d’ores et déjà annoncé ne pas s’interdire de voter la proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites version NFP qui sera discutée dans la niche LFI le 28 novembre prochain. Parallèlement, l’extrême droite démontre aussi la perméabilité des droites sur les sujets dits régaliens comme l’immigration ou la justice. Mais rendons à César ce qui appartient à César : c’est la gauche qui tire son épingle du jeu dans la séquence budgétaire du moment à l’Assemblée nationale car ce sont ses amendements que l’on discute le plus, ce sont ses directions qui sont votées, c’est elle qui trouve des majorités, notamment en s’appuyant sur le MoDem, LIOT et même parfois quelques macronistes, c’est elle aussi qui fait montre de la plus forte opposition sur les mesures les plus antisociales portées par le gouvernement comme la hausse du ticket modérateur, l’attaque en règle contre les fonctionnaires sur leur soi-disant absentéisme ou le manque d’ambition écologique. 

Point par point, la gauche bataille bien. Reste à savoir si le projet porté – mais surtout si le projet compris par les Français qui sous-tend ces combats – peut être aussi le plus désirable. Souvent dernièrement, si la gauche lutte vaillamment, elle finit par se faire damer le pion au niveau institutionnel (hier l’adoption de la réforme des retraites malgré la mobilisation populaire, demain l’adoption d’un budget de droite via 49.3 malgré l’énergie déployée par les députés NFP) et l’extrême droite d’en retirer, hélas, trois fois hélas, les bénéfices. On ne le redira jamais assez : ce qui se passe au Palais Bourbon est crucial mais ne peut constituer l’alpha et l’oméga de ce que la gauche a à proposer aux Français.

Pablo Pillaud-Vivien

DON’T LOOK UP DU JOUR

La dette écologique, priorité numéro 1 du gouvernement qu’il disait…

Alors que l’Espagne compte ses morts dans les intempéries qui ont touché la région de Valence, Michel Barnier vient de rendre public un Plan national d’adaptation au réchauffement climatique (PNACC) très attendu mais très faiblement ambitieux. Le premier ministre était très fier d’annoncer le renforcement du fonds de prévention des risques naturels qui porte son nom pour le porter à 300 millions d’euros. C’est-à-dire même pas de quoi couvrir les dégâts de la seule tempête Cioran qui a frappé l’ouest de la France il y a un an tout pile. Pareil pour la réalisation d’une « cartographie assez précise des risques et des vulnérabilités » d’équipements clés : après avoir désinvesti Météo France, merci mais ça va pas faire la rue Michel. Ajoutez à cela que le budget proposé par l’exécutif prévoit une coupe de 1,5 milliard dans le Fonds vert pour la transition écologique et on se dit qu’on n’est pas loin de la fumisterie.

P.P.-V.

ON VOUS RECOMMANDE

En guerre(s) pour l’Algérie, sur Arte+7 : retour en témoignages et en archives sur les 8 ans de cette guerre de libération, faite de combats acharnés, de luttes pour la dignité et d’espoirs pour l’avenir.

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30.10.2024 à 15:41

Un autre budget de la santé est possible !

Hendrik Davi et Sébastien Peytavie

L'Assemblée nationale examine le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Les députés Hendrik Davi et Sébastien Peytavie, membres de la commission des affaires sociales, avancent des pistes pour envisager une alternative de gauche.

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Texte intégral (1345 mots)

L’Assemblée nationale examine le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Les députés Hendrik Davi et Sébastien Peytavie, membres de la commission des affaires sociales, avancent des pistes pour envisager une alternative de gauche à la proposition du gouvernement.

Vendredi dernier en commission des affaires sociales, nous avons assisté à un moment historique : la commission a voté à l’unanimité un amendement supprimant l’article définissant les objectifs de l’ONDAM (Objectif National de Dépenses d’Assurance Maladie) pour protester contre l’insuffisance des budgets prévisionnels à faire face à nos besoins, en particulier pour les hôpitaux. Dans le prolongement, les membres de la commission des affaires sociales ont voté à l’unanimité contre l’adoption du PLFSS. Comment expliquer une telle déroute ?

Les propositions du gouvernement désavouées à l’unanimité

Ce gouvernement comme les précédents ne prend pas les problèmes sociaux à la racine. Prisonnier d’une logique comptable, il essaye de résorber le déficit de la sécurité sociale – de 18 milliards pour 2025 ! – en coupant aveuglement dans les dépenses de solidarité. Cette logique comptable est non seulement injuste car elle détériore l’accès aux soins des publics les plus précaires mais surtout inefficiente car elle prive de moyens la prévention. 

Alors que 20% des Français déclarent avoir renoncé à des soins pour des raisons financières en 2022, la hausse du ticket modérateur est une très mauvaise nouvelle. Cette mesure va réduire l’accès aux soins des plus modestes. Mais, elle va également générer des dépenses supplémentaires par une mauvaise orientation des parcours de soin et le report des soins vers les urgences. Pire, elle va causer la hausse des coûts des mutuelles dont les dépenses de gestion sont structurellement plus élevées que celles de la sécurité sociale.  Alors que l’intensification du travail a fait exploser les cas de burn-out en France qui concernent 2,5 millions de personnes, l’abaissement du plafond de remboursement des indemnités journalières en cas d’arrêts maladie et d’accidents du travail va avoir des effets dramatiques sur la santé des salariés. 

Partir des besoins, en finir avec une logique comptable

Cette logique comptable est enfin absurde car elle empêche les professionnels de notre système de soin de bien faire leur travail. Ainsi l’assurance maladie contraint par exemple les médecins à limiter leur nombre de prescriptions de pansements. Une infirmière témoignait en ce sens qu’intervenant un jour pour enlever des points de suture à une petite fille, elle s’était rendu compte que la plaie s’était infectée, faute de soins de pansements non prescrits par le médecin traitant. L’enfant a dû être hospitalisée pendant 15 jours. Bilan comptable pour la sécurité sociale : plus de dépenses.  Pour améliorer la santé de nos concitoyens, il faut partir des besoins. Et ensuite mettre en adéquation les recettes à ces besoins. 

Nous avons besoin de plus d’infirmières, de médecins, de sage-femmes, de médiateur-trices en santé et d’aide-soignant-e-s. Pour cela, il faut augmenter le nombre de personnels soignants, formés dans nos universités et donc augmenter le nombre d’enseignant-es-chercheur-e-s dans les CHU.   

Augmenter le nombre de soignants et rendre leurs métiers plus attractifs

Il est ensuite urgent de rendre ces métiers du soin et du médico-social plus attractifs en augmentant les salaires notamment des aides-soignantes et des infirmières, mais aussi en améliorant leurs conditions de travail. Il est urgent d’instituer des normes de nombre de soignants par nombre de patients dans les services, comme cela est déjà fait pour les services de réanimation où les chiffres sont de 2 IDE pour 5 lits, 1 aide-soignant-e-s pour 4 lits… Nous devons prendre soin de ces professionnels qui portent aujourd’hui à bout de bras notre système de soin et d’accompagnement social. 

Enfin, il faut mieux doter correctement nos hôpitaux, réouvrir les lits (plus de 110 000 ont été fermées depuis 2000) et construire massivement des centres de santé publique pour en finir avec les déserts médicaux. 

Réduire certaines dépenses

Nous pouvons aussi améliorer l’efficacité de notre système de soin en réduisant certaines dépenses. Il faut encadrer la rémunération de certaines professions libérales, limiter les profits des cliniques privées et bâtir un service public du médicament pour en finir avec la spéculation des groupes pharmaceutiques. Plus largement, la santé des écosystèmes et la santé des populations sont intimement liés. Si nous voulons vraiment limiter les dépenses en prévenant les maladies, il faut en finir avec avec les pesticides qui causent des cancers chez les agriculteurs et leurs enfants et avec la pollution de l’air responsable de 47 000 décès prématurés en France.

A l’occasion de l’examen de ce PLFSS, les députés du NFP ont proposé un grand nombre de pistes de recettes. Nous proposons une réforme ambitieuse de réduction des exonérations de cotisation sociales permettant d’en finir avec les effets pallier. Cela permettrait de dégager 12,3 milliards d’euros de recettes. Nous proposons d’en finir avec la désocialisation des heures supplémentaires, ce qui rapporterait 2,5 milliards d’euros à la sécurité sociale. Nous proposons une augmentation 9,2 à 12 % du taux de cotisation à la CSG sur les revenus du capital, ce qui apporterait 3 milliards de recettes de plus. Alors que depuis 2020, les 42 milliardaires français ont gagné 230 milliards d’euros – l’équivalent d’un chèque de 3 400 euros pour chaque Français !  – nous proposons donc une taxe exceptionnelle de 2% sur le patrimoine de ces milliardaires, permettant de dégager entre 2 et 5 milliards d’euros de recettes supplémentaires. 

Financer un vrai service public de la santé efficace est possible

Pour réduire les dépenses de santé, il est aussi nécessaire d’investir les politiques de prévention en modulant le prix de certaines consommations nocives pour la santé publique. C’est le sens des mesures de taxes comportementales que nous proposons sur le tabac, l’alcool et les produits sucrés et les publicités afférentes à ces produits. Ces taxes pourraient générer jusqu’à 4 milliards d’euros de recettes supplémentaires. 

Au total, c’est presque 27 milliards euros de recettes supplémentaires que ces amendements permettent de dégager, ce qui permettrait d’avoir 9 milliards de dépenses de plus et d’éviter d’alourdi de 18 milliards de plus la dette sociale. 

Hélas, les députés du socle commun ont refusé une large partie de ces propositions de recettes permettant pourtant de résorber le déficit historique de la sécurité sociale dont ils sont responsables. Dans une forme d’irresponsabilité, ces derniers sont allés même jusqu’à voter contre la proposition – timide – de réduction des allègements d’exonération de cotisations sociales de leur propre gouvernement. Ce faisant, ils renoncent donc à améliorer ou même maintenir l’accès aux prestations de soin de nos concitoyens, pourtant première préoccupation des français selon un sondage récent. Il est encore temps cette semaine lors cours de l’examen en séance publique de changer de politique et voter un projet de loi de financement de la sécurité sociale ambitieux à la hauteur des besoins réels de nos concitoyens.

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30.10.2024 à 11:47

LA LETTRE DU 30 OCTOBRE

la Rédaction

Harris-Trump : les jeux sont faits, rien ne va plus

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Texte intégral (1012 mots)

Harris-Trump : les jeux sont faits, rien ne va plus

Si la victoire du Républicain porterait un coup terrible à la démocratie étasunienne, celle de la Démocrate n’ouvrirait, à ce stade, pas de perspectives claires.

Dans la dernière ligne droite, Kamala Harris centre ses meetings contre « un petit tyran » qu’elle n’hésite plus à désigner comme « fasciste ». Sa campagne rappelle celle de Lula au Brésil : il y a tout juste deux ans, la grande coalition associant la gauche et le centre droit avait réuni 50,9 % des voix pour barrer la route du pouvoir à Jair Bolsonaro. Un cheveu !

Dans ces deux pays-continents, le choix stratégique est de gommer les aspérités et de jouer la carte du flou sur les enjeux qui divisent le pays pour tenter de rallier la majorité des suffrages.

On ne sait évidemment pas si le pari de Kamala Harris sera gagnant. On espère vraiment qu’elle battra Donald Trump, un danger pour les États-Unis, le monde, le climat et la démocratie. Mais il est possible de s’interroger sur la suite.

Kamala Harris va-t-elle offrir un répit à son pays ? Aura-t-elle les moyens d’apporter des réponses aux attentes des Américains ? Dès la remise en cause du droit à l’avortement, elle a su voir l’enjeu existentiel de ce combat. Il n’est pas à la marge de l’affrontement avec les visions portées par Donald Trump. Il prend appui sur un mouvement social puissant, mondial, celui des femmes pour l’égalité et la liberté. C’est certainement une intuition majeure : le féminisme compte parmi les forces qui ont le plus de puissance, de cohérence et d’énergie pour affronter le fascisme. Femme noire, elle élargit un peu plus la brèche ouverte par Barack Obama pour affirmer la place des Noirs dans la société américaine et au-delà pour accompagner les Américains dans la grande mutation qui verra les WASP (White Anglo-Saxon Protestant ou Anglo-Saxon blanc et protestant) perdre leur hégémonie avant de perdre leur majorité. La place des femmes et des minorités travaille en profondeur un pays construit sur un mythe unificateur raconté sur grand écran.

Comme Trump, elle produit essentiellement un discours, des images et des symboles. Elle les espère rassembleurs et accessibles à tous. Mais la liste des sujets qui rongent la société et qui restent dans l’ombre est inépuisable : coût et manque de logements, niveau de vie, transition énergétique, coût des études, malbouffe, position des États-Unis dans le monde (notamment sur Gaza et l’Ukraine), violence meurtrière banalisée, épidémie mortelle d’antidouleurs… L’Amérique est toujours une puissance économique mais son étoile mondiale a pâli et les Américains ne vont pas bien. Sur ces sujets Harris est incertaine, élude. Faute d’avoir clarifié ses positions et ses propositions, elle pourrait manquer d’énergie et de légitimité pour agir une fois élue.

Fort de son épouvantable logorrhée, Trump apporte une réponse : celle du retour à un pays perdu, à un ordre fantasmé, celui des hommes blancs. Les Démocrates américains et Kamala Harris vont peut-être éviter le pire, cette fois. Mais le courant trumpiste est puissant, enraciné. Il résonne avec d’autres courants d’extrême droite. On ne peut pas les battre, les défaire durablement sans un grand projet et un grand récit. Sans doute acculée et forcée de parer au plus pressé, Kamala Harris a ouvert de rares pistes. La question est loin d’être seulement américaine et nous inquiète tous. 

Catherine Tricot

DESILLUSION DU JOUR

L’hôpital ne se moque plus de la charité

Pour financer l’achat d’une machine révolutionnaire pour traiter les cancers des enfants, l’AP-HM, les hôpitaux publics de Marseille, lance un appel aux dons. L’objectif : récolter 10 millions d’euros. On en est donc là : le service public de la santé est à ce point exsangue qu’il en est à devoir quémander auprès des particuliers les subsides nécessaires à son bon fonctionnement. La France ne se donne plus les moyens de soigner les enfants correctement. Mais bravo aux personnels de la Timone qui se battent avec leurs moyens pour continuer à essayer d’assurer le plus efficacement leurs missions.

P.P.-V.

ON VOUS RECOMMANDE

Toute la matinale de France Inter ce mercredi 30 octobre : d’abord le riche débat entre le sociologue Etienne Ollion et le politiste Luc Rouban sur l’extrême droite dans la bataille des idées. Ensuite celui entre la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet et l’économiste Jean-Marc Daniel sur la hausse du délai de carence dans la fonction publique.

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30.10.2024 à 11:08

Harris-Trump : les jeux sont faits, rien ne va plus

Catherine Tricot

Si la victoire du Républicain porterait un coup terrible à la démocratie étasunienne, celle de la Démocrate n'ouvrirait, à ce stade, pas de perspectives claires.

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Texte intégral (1281 mots)

Si la victoire du Républicain porterait un coup terrible à la démocratie étasunienne, celle de la Démocrate n’ouvrirait, à ce stade, pas de perspectives claires.

Dans la dernière ligne droite, Kamala Harris centre ses meetings contre « un petit tyran » qu’elle n’hésite plus à désigner comme « fasciste ». Sa campagne rappelle celle de Lula au Brésil : il y a tout juste deux ans, la grande coalition associant la gauche et le centre droit avait réuni 50,9 % des voix pour barrer la route du pouvoir à Jair Bolsonaro. Un cheveu !

Dans ces deux pays-continents, le choix stratégique est de gommer les aspérités et de jouer la carte du flou sur les enjeux qui divisent le pays pour tenter de rallier la majorité des suffrages.

On ne sait évidemment pas si le pari de Kamala Harris sera gagnant. On espère vraiment qu’elle battra Donald Trump, un danger pour les États-Unis, le monde, le climat et la démocratie. Mais il est possible de s’interroger sur la suite.

Kamala Harris va-t-elle offrir un répit à son pays ? Aura-t-elle les moyens d’apporter des réponses aux attentes des Américains ? Dès la remise en cause du droit à l’avortement, elle a su voir l’enjeu existentiel de ce combat. Il n’est pas à la marge de l’affrontement avec les visions portées par Donald Trump. Il prend appui sur un mouvement social puissant, mondial, celui des femmes pour l’égalité et la liberté. C’est certainement une intuition majeure : le féminisme compte parmi les forces qui ont le plus de puissance, de cohérence et d’énergie pour affronter le fascisme. Femme noire, elle élargit un peu plus la brèche ouverte par Barack Obama pour affirmer la place des Noirs dans la société américaine et au-delà pour accompagner les Américains dans la grande mutation qui verra les WASP (White Anglo-Saxon Protestant ou Anglo-Saxon blanc et protestant) perdre leur hégémonie avant de perdre leur majorité. La place des femmes et des minorités travaille en profondeur un pays construit sur un mythe unificateur raconté sur grand écran.

Comme Trump, elle produit essentiellement un discours, des images et des symboles. Elle les espère rassembleurs et accessibles à tous. Mais la liste des sujets qui rongent la société et qui restent dans l’ombre est inépuisable : coût et manque de logements, niveau de vie, transition énergétique, coût des études, malbouffe, position des États-Unis dans le monde (notamment sur Gaza et l’Ukraine), violence meurtrière banalisée, épidémie mortelle d’antidouleurs… L’Amérique est toujours une puissance économique mais son étoile mondiale a pâli et les Américains ne vont pas bien. Sur ces sujets Harris est incertaine, élude. Faute d’avoir clarifié ses positions et ses propositions, elle pourrait manquer d’énergie et de légitimité pour agir une fois élue.

Fort de son épouvantable logorrhée, Trump apporte une réponse : celle du retour à un pays perdu, à un ordre fantasmé, celui des hommes blancs. Les Démocrates américains et Kamala Harris vont peut-être éviter le pire, cette fois. Mais le courant trumpiste est puissant, enraciné. Il résonne avec d’autres courants d’extrême droite. On ne peut pas les battre, les défaire durablement sans un grand projet et un grand récit. Sans doute acculée et forcée de parer au plus pressé, Kamala Harris a ouvert de rares pistes. La question est loin d’être seulement américaine et nous inquiète tous. 

Si la victoire du Républicain porterait un coup terrible à la démocratie étasunienne, celle de la Démocrate n’ouvrirait, à ce stade, pas de perspectives claires.

Dans la dernière ligne droite, Kamala Harris centre ses meetings contre « un petit tyran » qu’elle n’hésite plus à désigner comme « fasciste ». Sa campagne rappelle celle de Lula au Brésil : il y a tout juste deux ans, la grande coalition associant la gauche et le centre droit avait réuni 50,9 % des voix pour barrer la route du pouvoir à Jair Bolsonaro. Un cheveu !

Dans ces deux pays-continents, le choix stratégique est de gommer les aspérités et de jouer la carte du flou sur les enjeux qui divisent le pays pour tenter de rallier la majorité des suffrages.

On ne sait évidemment pas si le pari de Kamala Harris sera gagnant. On espère vraiment qu’elle battra Donald Trump, un danger pour les États-Unis, le monde, le climat et la démocratie. Mais il est possible de s’interroger sur la suite.

Kamala Harris va-t-elle offrir un répit à son pays ? Aura-t-elle les moyens d’apporter des réponses aux attentes des Américains ? Dès la remise en cause du droit à l’avortement, elle a su voir l’enjeu existentiel de ce combat. Il n’est pas à la marge de l’affrontement avec les visions portées par Donald Trump. Il prend appui sur un mouvement social puissant, mondial, celui des femmes pour l’égalité et la liberté. C’est certainement une intuition majeure : le féminisme compte parmi les forces qui ont le plus de puissance, de cohérence et d’énergie pour affronter le fascisme. Femme noire, elle élargit un peu plus la brèche ouverte par Barack Obama pour affirmer la place des Noirs dans la société américaine et au-delà pour accompagner les Américains dans la grande mutation qui verra les WASP (White Anglo-Saxon Protestant ou Anglo-Saxon blanc et protestant) perdre leur hégémonie avant de perdre leur majorité. La place des femmes et des minorités travaille en profondeur un pays construit sur un mythe unificateur raconté sur grand écran.

Comme Trump, elle produit essentiellement un discours, des images et des symboles. Elle les espère rassembleurs et accessibles à tous. Mais la liste des sujets qui rongent la société et qui restent dans l’ombre est inépuisable : coût et manque de logements, niveau de vie, transition énergétique, coût des études, malbouffe, position des États-Unis dans le monde (notamment sur Gaza et l’Ukraine), violence meurtrière banalisée, épidémie mortelle d’antidouleurs… L’Amérique est toujours une puissance économique mais son étoile mondiale a pâli et les Américains ne vont pas bien. Sur ces sujets Harris est incertaine, élude. Faute d’avoir clarifié ses positions et ses propositions, elle pourrait manquer d’énergie et de légitimité pour agir une fois élue.

Fort de son épouvantable logorrhée, Trump apporte une réponse : celle du retour à un pays perdu, à un ordre fantasmé, celui des hommes blancs. Les Démocrates américains et Kamala Harris vont peut-être éviter le pire, cette fois. Mais le courant trumpiste est puissant, enraciné. Il résonne avec d’autres courants d’extrême droite. On ne peut pas les battre, les défaire durablement sans un grand projet et un grand récit. Sans doute acculée et forcée de parer au plus pressé, Kamala Harris a ouvert de rares pistes. La question est loin d’être seulement américaine et nous inquiète tous. 

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29.10.2024 à 16:30

Absentéisme des fonctionnaires : les approximations problématiques de l’exécutif

Bernard Marx

Le graphique d’un rapport officiel dément la charge de Guillaume Kasbarian contre ceux dont il est censé être le ministre.

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Texte intégral (1204 mots)

Le graphique d’un rapport officiel dément la charge de Guillaume Kasbarian contre ceux dont il est censé être le ministre.


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Dans la deuxième lame des mesures antisociales du projet de budget du gouvernement, les fonctionnaires sont en première ligne. Outre la poursuite du gel de la valeur du point d’indice, la suppression de la Garantie individuelle de pouvoir d’Achat (GIPA), le gouvernement veut imposer un passage d’un à trois jours de carence en cas d’arrêt maladie. En cas d’arrêt de longue durée, le taux de couverture des trois premiers mois du congé maladie passerait par ailleurs de 100 % à 90% du salaire.

Le ministre Kasbarian mène la charge pour désigner les fonctionnaires à la vindicte de la population laborieuse. Et comme de bien entendu, le Rassemblement National annonce déjà son soutien. 

Sauf que, comme le révèle Nicolas Da Silva, très bon spécialiste de la Protection Sociale sur son compte X, les documents sur lesquels le ministre s’appuie, disent largement le contraire des abus qu’il prétend combattre. 

Prenons dans l’ordre. Ainsi, le ministre affirme :

« Cet absentéisme coûte 15 milliards d’euros. Nous devons agir. C’est le sens de ces mesures d’alignement sur le privé :

  • Passer le nombre de jours de carence d’un à trois ;
  • Limiter les remboursements des arrêts maladie à 90% ;
  • Concrètement, c’est 1,2 milliard d’euros d’économisés.

Ces données proviennent d’un rapport de l’Inspection Générale des Finances et de l’Inspection Générale des Affaires Sociales remis en juillet 2024. Après une période 2014 – 2019 au cours de laquelle les absences pour raison de santé se situaient à des niveaux comparables dans les deux champs public et privé (environ 8 jours par an), elles s’élèvent en 2022 à 14,5 jours par agent dans la fonction publique et à 11,7 jours dans le secteur privé par salarié. Depuis 2022, elles amorcent une baisse mais sans revenir à leur niveau d’avant crise. 

Les 15 milliards de « coût de l’absentéisme » représentent en fait la rémunération de la totalité des jours d’absence (et non d’absentéisme) pour raison de santé des agents publics. « Les mots peuvent être comme des minuscules doses d’arsenic : on les avale sans y prendre garde » a averti Victor Klemperer (cité par Edwy Plenel dans son dernier ouvrage Le jardin et la jungle aux éditions La Découverte).

Les salarié.es dans le secteur privé ne subissent pas 3 jours de carence contre 1 pour les salarié.es de la fonction publique. Deux tiers d’entre eux sont protégés contre la perte de revenu induite par le délai de carence grâce à la prévoyance d’entreprise. Et justement une étude de la très officielle DREES datant de 2015, conclut que « les salariés (du privé) couverts durant le délai de carence n’ont pas de probabilité plus élevée d’avoir un arrêt dans l’année, mais ont des durées totales d’arrêt maladie significativement plus courtes ».

L’absentéisme, c’est-à-dire l’abus d’absence qui serait spécifique à la fonction publique, est en fait presque introuvable.

C’est ce que dit le graphique ci-dessus que l’on retrouve à la page 10 du rapport.

Les caractéristiques des agents (âge, sexe, état de santé) et de leurs emplois (type de contrat, catégorie socio-professionnelle, diplôme) diffèrent entre le secteur privé et la fonction publique.  Et, dit le rapport, ces caractéristiques différentes « expliquent 95 % des écarts de taux d’absence avec le secteur privé pour la Fonction publique d’Etat et la Fonction publique hospitalière et 53 % pour la Fonction publique territoriale ».

Exemples : une plus grande féminisation de la fonction publique ; un âge moyen plus élevé ; des agents publics territoriaux et hospitaliers plus souvent atteints de maladie chronique ou membres d’une famille monoparentale…

Quand le ministre parle de 15 milliards de coût de l’absentéisme dans la fonction publique, le rapport chiffre le coût de l’écart inexpliqué dans l’ensemble de la fonction publique à … 700 millions d’euros !

Et encore, le rapport précise que l’écart inexpliqué notamment dans la fonction publique territoriale pourrait l’être par d’autres caractéristiques non retracées dans l’enquête. Il ne s’agit pas forcément d’absentéisme. 

S’agissant de la lutte contre l’absentéisme, le rapport fournit les pistes reprises par le gouvernement : l’allongement à trois jours du délai de carence et la baisse du taux de remplacement des salaires à 90 voire 80%. Le rapport évoque surtout l’effet de baisse sur les dépenses publiques beaucoup plus que l’impact sur l’absentéisme proprement dit. Il ne dit rien des effets secondaires sur la santé publique et sur les comptes de la sécurité sociale. 

Pour finir, le rapport souligne que « l’amélioration de la santé au travail des agents publics, qui implique une politique de prévention plus volontariste et un accompagnement renforcé des parcours professionnels, constitue un levier de réduction de l’absentéisme. » Mais pour le gouvernement et son ministre en charge contre la fonction publique, c’est visiblement hors sujet.

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29.10.2024 à 11:04

UNRWA bannie d’Israël : crime et écœurement

La Rédaction

Cette nuit, la Knesset a voté l’interdiction des activités de l’UNRWA en Israël – seule porte d’entrée vers les territoires palestiniens. L’agence spéciale de l’ONU pour les 5 millions de réfugiés palestiniens se déploie dans les camps de réfugiés à Gaza, à Jérusalem-Est, en Cisjordanie ainsi que dans l’ensemble de la région. Elle fournit des services…

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Cette nuit, la Knesset a voté l’interdiction des activités de l’UNRWA en Israël – seule porte d’entrée vers les territoires palestiniens.

L’agence spéciale de l’ONU pour les 5 millions de réfugiés palestiniens se déploie dans les camps de réfugiés à Gaza, à Jérusalem-Est, en Cisjordanie ainsi que dans l’ensemble de la région. Elle fournit des services de première nécessité (alimentaire et santé) et assure les cours dans les écoles. Les 30 000 employés de l’ONU – dont 13 000 à Gaza – ne pourront plus se déplacer, soigner, acheminer les denrées. Ils étaient parmi les derniers à pouvoir porter secours aux Palestiniens bombardés.

Une très large majorité des députés israéliens a voté cette loi criminelle : 92 pour, 10 contre. 

La France officielle ne bouge pas.

Il est des matins d’écœurement et de colère. 

Jusqu’où l’horreur et l’ignominie ?

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