16.12.2025 à 11:30
Taiaida Silvania : des fourmis dans le fromage brésilien

Texte intégral (1049 mots)
Après les fromages qui coulent, ceux qui sentent trop fort et même ceux qui coûtent une petite fortune, voici une nouveauté croustillante tout droit venue du Brésil : le fromage aux fourmis. Oui, oui, des fourmis. Dans le fromage. Et contre toute attente, ce produit audacieux ne fait pas fuir les consommateurs… il les séduit. Bienvenue dans l’univers gustatif du Taiada Silvania, le fromage aux fourmis qui bouscule les papilles et les idées reçues.
Une tradition indigène transformée en succès gastronomique
Tout commence dans la ferme Estância Silvânia, au cœur de l’État de São Paulo. Camila Almeida, la propriétaire, voulait créer un produit unique qui raconte une histoire locale. Elle s’est alors inspirée d’une tradition culinaire indigène ancienne : la dégustation des fourmis içá (Atta laevigata), de grandes fourmis coupe-feuille récoltées une fois par an et très appréciées pour leur goût délicat rappelant l’amande et la châtaigne. Ces insectes sont parfois surnommés « le caviar brésilien » tant ils sont recherchés.
Plutôt que de les servir seules comme en-cas, Camila a décidé de les intégrer à un fromage fermier au lait cru A2, fabriqué à partir de vaches Gir nourries à l’herbe. Le résultat est à la fois surprenant et raffiné : une pâte douce et souple ponctuée de petites fourmis grillées, qui apportent une touche croquante et un parfum unique, entre noisette et fenouil sauvage.
Le fromage aux fourmis : une innovation médaillée
Présenté en 2021 au prestigieux Mondial du Fromage et des Produits Laitiers, à Tours, le Taiada Silvania – c’est le nom de ce fameux fromage aux fourmis – a décroché une médaille de bronze. Pas mal pour un fromage parsemé d’insectes !
Le jury a salué l’équilibre entre originalité et qualité gustative. Ce succès a ouvert à Camila les portes du Salon du Fromage à Paris, où son produit a continué à étonner les visiteurs, aussi bien les gastronomes que les simples curieux.
Cette réussite rappelle que l’univers culinaire adore les mélanges inattendus. Après tout, qui aurait parié sur le succès du café aux excréments de jacú, une autre spécialité brésilienne née d’une idée improbable ? Ou sur la notoriété planétaire du pule, le fromage le plus cher du monde ?
Un goût unique qui bouscule les habitudes
Le secret de ce fromage aux fourmis ne réside pas dans une recette complexe, mais dans le moment précis où les fourmis grillées sont incorporées au caillé. En les ajoutant au moulage, elles conservent leur texture croustillante et libèrent des arômes délicats lorsqu’on croque dedans. Le contraste entre la douceur lactée et le petit “pop” croquant sous la dent est assez déroutant au début, mais la subtilité des saveurs finit souvent par convaincre.
Ce mélange entre tradition et innovation n’est pas sans rappeler d’autres curiosités culinaires qui jouent avec les frontières du goût. Les amateurs de fromages étonnants connaissent peut-être déjà le Milbenkäse, ce fromage allemand aux acariens, oui, aux acariens vivants.
Un fromage qui interpelle autant qu’il intrigue
Si le fromage aux fourmis séduit autant, c’est parce qu’il coche plusieurs cases à la fois. Il raconte une histoire profondément ancrée dans la culture locale tout en proposant une expérience sensorielle inédite. Ce n’est pas seulement un produit “bizarre” pour réseaux sociaux en quête de buzz : c’est un vrai fromage, artisanal et travaillé avec soin, qui a su convaincre un jury international.
Bien sûr, ce type de produit bouscule nos repères culinaires. Certains hésiteront sans doute à croquer dans une fourmi – même bien grillée. D’autres seront freinés par le prix, plus élevé qu’un fromage ordinaire, en raison de la récolte saisonnière des fourmis et de la production limitée. Mais pour les curieux, l’expérience est mémorable. En savoir plus : ici et là
Tom de Savoie, le 16/12/2025
Taiaida Silvania : c
16.12.2025 à 11:07
Fred Again envoie "USB002", à la fois clé de dj et coupe dans le son de 2025

Texte intégral (760 mots)
À la base, USB002 n’est pas un “album” classique : c’est une série de morceaux pensés pour la clé USB que Fred trimballe de club en festival. L’idée est simple et géniale : 10 titres, 10 raves, 10 semaines, avec des tracks qui naissent sur la route, évoluent au fil des concerts, puis se figent sur disque. Ce double vinyle vient capter ce moment où les IDs mythiques deviennent enfin des morceaux à part entière.
Dans la lignée d’USB001 et de la Compilation USB Vol. 1, USB002 mélange edits maison, collabs et remixes, mais en poussant encore plus loin le curseur club : kicks plus durs, basses plus sales, moments de tension pensés pour les tunnels de 5 heures de set. Sur platine, tu as littéralement l’impression de poser l’aiguille au milieu d’un warehouse à 3 h du matin. Et si tu as un ampli costaud et des enceints qui assurent, tu peux te faire une rave maison…
Là où la série Actual Life et l’album ten days racontent surtout la vie intime de Fred Again.. (voix de proches, notes vocales, fragments de vie), le projet USB a toujours été tourné vers la scène. USB002 pousse la logique au maximum : c’est le Fred Again du dancefloor, sans filtre, celui qu’on voit sauter derrière ses machines en faisant hurler la foule.
Musicalement, on navigue entre house émotionnelle, UK garage, techno, hard drum, voire touches de hardstyle sur certains drops. Les premiers retours de la presse électronique et des fans sont clairs : USB002 est en train de devenir le versant le plus radical de sa discographie, celui dont on parlera comme de la bande-son d’une génération de raves post-pandémie.
Sur vinyle, cette énergie se ressent encore plus : la dynamique des kicks, les basses qui poussent vraiment les enceintes, le grain des voix pitchées… USB002 gagne une dimension physique qui complète parfaitement les versions streaming et les lives captés sur radio ou plateformes. Mais surtout, on y entend un monde pris des turbulences qui fluctue et se renouvelle sansz cesse. La bande-son de Noyel - et même après. L’album qui pousse, et pouse encore, de quoi oublier les cuves à pisse qui interdisent les raves autorisées. La fête cheza vous, pour vous De quoi clôturer une annéen forte en désillusions, patronée par un crétin orange en pleine crise de sénilité; quand ici on a un vide au sourire de veau qui a déjà gagné les élections pour la galaxie bol à raie… Enjoy !
Jean-Pierre Simard, le 16/12/2026
Fred Again - USB002 - Atlantic / East West Records UK.
16.12.2025 à 10:50
En route avec des abeilles, des choses et des fleurs pour Maude Maris

Texte intégral (1249 mots)
Quand bien même on aurait pris le temps de détailler chacune des fleurs, il manquerait encore quelque chose, l’impression d’ensemble, les nécessaires intrications du vivant. Peindre un pré n’est pas chose facile. Francis Ponge pensait que la tâche n’était envisageable que du seul point de vue du langage. Maude Maris l’a envisagé dans la continuité d’un travail de la toile qui propose de regarder entre les choses.
Maude Maris, Still, 2024 — Huile sur toile, 24 x 33 cm
“Prendre un tube de vert, l’étaler sur la page, Ce n’est pas faire un pré.”
Le Pré, Francis Ponge
Entre la forme et la contreforme, la pierre et la sculpture, l’artiste a longtemps abordé la question du sujet de biais ; il s’agissait de traiter de la représentation elle-même, de la façon dont différents systèmes de classification, de catégorisation reposent sur l’œil et l’observation.
Progressivement, des formes animales sont arrivées, présences fossiles, totems évocateurs, jusqu’à la silhouette d’un cheval, la toison d’un mouton, la tête d’une vache. Un ensemble de plus en plus mouvant, un cadre de représentation qui devient celui d’une rencontre. Pour l’artiste, l’animal est une figure de l’altérité la plus absolue. Sa présence s’impose en même temps qu’une manière d’être au monde fondamentalement différente. Une seconde ne passe pas de la même manière pour un humain ou une libellule ; un mouvement lent peut être perçu dans un autre champ de vision comme un geste brusque.
En prenant pour centre de son travail depuis 2022, une maison normande, Maude Maris avance la peinture par la marche. Il faut aller contre l’habitude de la domesticité, regarder les animaux au pré. Le travail à l’huile avec sa multitude de couches permet à l’artiste d’atteindre la bonne heure, le bon moment.
Une toile représentant une cavalcade à l’horizon, prend d’abord les teintes de l’aube avant de s’assombrir et d’atteindre à la tombée de la nuit. D’une couche à l’autre, c’est un travail des contraires qui amène l’artiste à sans cesse préciser son attention. La touche haptique rend palpable d’une toile à l’autre la neige, la paille, un certain climat.
L’artiste s’attache comme au travers de la statuaire à rendre le poids des choses, à leur donner une place. Autant que les ombres, chères à l’artiste Susan Rothenberg qui retrouvent une énergie pariétale dans ses toiles, c’est le souffle qui donne au cheval sa forme. Les contrastes sont présents : la légèreté d’une fleur qui ploie au vent, la pesanteur d’un corps capable de s’émouvoir.
Il s’agit pour l’artiste, comme l’y invitait le philosophe Jean Grenier dans Les îles, de redevenir proche par la répétition quotidienne des arbres, du ciel, des animaux, par les constantes physiques et naturelles. La part de terre et de ciel est toujours dans les tableaux en perpétuelle négociation. Le point de vue est mouvant. Deux chiens ancrés dans le sol semblent les gardiens d’un repos qui n’appartient qu’à eux. Leur façon d’occuper l’espace, leur permet pour ainsi dire d’entrer en discussion avec l’herbe, avec le soleil, les formes se répondent, les mouvements du pinceau y invitent.
Tout bruisse dans le pré, même ce que l’on n’y discerne pas.
Henri Guette, le 16/12/2025
Maude Maris — Just bees, and things, and flowers ->4:2:2026
Les Jardiniers de Montrouge 9/11, rue Paul Bert 92120 Montrouge
