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17.05.2024 à 10:59

Consulter les œuvres de Denilson Baniwa

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17.05.2024 à 10:38

Une affaire de femmes… et de démocratie

Querrien Anne

L’annonce, attristante, était passée quasi inaperçue : Marie-Claire Chevalier, défendue par Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny, est morte en janvier 2022, à 66 ans, « des suites d’une longue maladie ». Elle était devenue une figure de la lutte pour le droit des femmes après son procès pour avortement illégal à l’automne 1972, dont l’issue avait contribué à … Continuer la lecture de Une affaire de femmes… et de démocratie

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Texte intégral (2572 mots)

L’annonce, attristante, était passée quasi inaperçue : Marie-Claire Chevalier, défendue par Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny, est morte en janvier 2022, à 66 ans, « des suites d’une longue maladie ». Elle était devenue une figure de la lutte pour le droit des femmes après son procès pour avortement illégal à l’automne 1972, dont l’issue avait contribué à rendre possible la loi Veil autorisant l’avortement. Son avocate de l’époque, Gisèle Halimi, avait remporté une magnifique victoire dans ce procès au cours duquel cinq femmes étaient sur le banc des accusées : Marie-Claire, seize ans, qui avait avorté après un viol (et avait été dénoncée par son violeur, récompensé par une réduction de peine) et quatre autres femmes, dont sa mère, Michèle, toutes accusées de complicité ou de pratique de l’avortement. Gisèle Halimi avait accepté de les défendre à condition de pouvoir attaquer la loi de 1920, qui interdisait la contraception et l’avortement. Marie-Claire Chevalier avait courageusement accepté de mener un combat pour toutes et que son procès personnel soit un procès politique pour le droit à l’IVG.

Rappelons que si la contraception se répand dans les années 1960, l’avortement restait le grand tabou et l’inconnu des démographes. Les chiffres ont fini par éclater : dans les années 1960, la France connaît entre 250 000 et 300 000 avortements clandestins par an1 dans des conditions insalubres et traumatisantes pour un grand nombre de femmes, le plus souvent très jeunes. Le tabou se lève en même temps que se soulève le Mouvement de libération des femmes après 1968 ; les féministes rompent alors les chaînes du patriarcat en affirmant le droit des femmes à disposer de leur corps.

Viennent « Le manifeste des 343 », qui fait partie de l’historique de la désobéissance civile, et le procès de Bobigny, autre action de contestation de la loi. Le succès actuel, on l’oublie, est celui de désobéissant·es – toutes les femmes innombrables, soignants, médecins, aidants et militants qui ont œuvré depuis des décennies, dans la clandestinité et la résistance pour le droit des femmes à disposer de leur propre corps. C’est en pensant à elles – à Gisèle Halimi, à Marie-Claire, tant d’autres – pour la première fois honorées officiellement le 8 mars dernier – que l’on peut se réjouir des résultats du vote des parlementaires réunis en Congrès à Versailles et de l’adoption de la révision constitutionnelle visant à protéger la liberté d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG), et se joindre aux hurlements de joie qui ont éclaté partout dans la salle et sur les places, lors de la proclamation du résultat. C’est aussi une surprise, car au vu des difficultés antérieures à lancer le processus au parlement, on ne pouvait pas imaginer une si large majorité (780 voix pour contre 72), La victoire est là aussi, dans les votes de ces parlementaires parfois réticents au départ mais finalement convaincu·es, contraint·es ou assailli·es par leurs filles, amies, électrices et électeurs.

Le 4 mars 2024, la France est donc devenue le premier pays au monde à inscrire l’IVG dans sa constitution : « la liberté garantie de la femme de recourir au droit à l’interruption volontaire de grossesse ». Malgré le caractère alambiqué de la formulation, résultat d’âpres discussions sémantiques et juridiques, le résultat est là. Il nous permet même de faire l’expérience d’un sentiment dont on n’imaginait plus guère la possibilité (en dehors peut-être fugitivement d’événements sportifs ou de récompenses à des artistes aimés) et qui a même quelque chose d’embarrassant : la fierté, non pas « d’être français·e » évidemment, mais pour la France. Après, rappelons-le, une série de lois injustes et imposées sans majorité, qui semblent la marque de fabrique du gouvernement Macron II.

Il est rare que la France puisse apparaître comme pionnière : elle l’est non dans le droit à l’avortement (qu’elle a mis du temps à concéder), mais dans cette révision constitutionnelle visant explicitement à protéger la liberté d’avoir recours à l’avortement. Un demi-siècle après l’adoption de la loi Veil, il ne s’agit plus d’affirmer un droit mais bien de le protéger. C’est donc une loi contextuelle : elle est portée sous la menace, et par la troisième vague du féminisme. Il ne s’agit pas d’égalité de droits politiques ou dans le marché du travail (enjeux de la première vague), ni de « droits reproductifs » (pour reprendre la terminologie étatsunienne), mais de liberté sexuelle, de la liberté des femmes à disposer de leur corps, dans la lignée des mouvements féministes du siècle dernier. La loi est bien de l’ère post-#MeToo, marquée par une libération de la parole sur les violences sexuelles et envers les femmes, dont les menaces sur l’avortement font partie. La loi Veil est arrachée en 1975 par les féministes et par les syndicats du Ministère de la Santé, dans la situation atroce que révèle et dénonce le procès de Bobigny ; mais centrée sur la compassion, jamais elle ne fait référence au droit des femmes à disposer de leurs corps.

Cette liberté, et les corps des femmes, c’est la première chose qu’attaquent les dictatures. Dans le livre puis la série culte The Handmaids Tale (La servante écarlate) dont la toute dernière saison est en cours de production, Gilead dictature patriarcale instaurée aux États-Unis, se définit essentiellement par le contrôle des corps des femmes, notamment des servantes (handmaids), femmes détectées fertiles, enfermées et violées afin de produire un enfant pour les couples de la classe dominante : des femmes qui comme l’héroïne, June, travaillaient, s’amusaient, avaient des ami·es et une vie, et qui d’une minute à l’autre, se retrouvent privées de leur travail, de leur compte en banque, et de tout droit – de voter, d’avorter, de lire, de circuler. L’univers de Gilead permet de rappeler que les libertés de femmes sont toujours fragiles et les premières visées par les pouvoirs réactionnaires ou autoritaires. La série annonçait en 2017 les effets de l’arrivée de Trump au pouvoir et la menace qu’un tel spécimen d’humanité constitue en soi pour la dignité des femmes aux États-Unis et dans le monde. Mais désormais, elle illustre une menace généralisée ; la liberté des femmes sur leurs corps, qui semblait majoritairement acquise dans le monde et dans l’opinion publique, est soudain fragilisée.

Comme on sait, la loi Veil n’a pas suffi ; l’application fut lente et difficile et l’accès à l’IVG reste très inégal (en fonction de l’origine ethnique et géographique et du niveau social des femmes). Il est rendu désormais encore plus difficile par des politiques budgétaires néolibérales et la criminelle négligence gouvernementale pour les professions de care. La volonté d’apparaître comme un « phare » pour les autres pays contraste avec les retards de la France en matière de représentation politique des femmes ou d’égalité « réelle », et avec les conditions effectives d’exercice de la liberté d’avorter. C’est bien l’enjeu à venir.

Ce vote « historique » est l’aboutissement d’un processus parlementaire de 18 mois au cours duquel de nombreux·ses élu·es, relais des associations féministes, ont redoublé d’engagement. La présence d’anciennes ministres à l’égalité femmes-hommes ou aux droits des femmes, Isabelle Rome, Elisabeth Moreno, Najat Vallaud-Belkacem à cette séance singulière signalait l’union politique rarissime des femmes pour une cause féministe. Celle de représentantes d’associations comme le Planning familial œuvrant pour les droits des femmes, de militantes et institutionnelles féministes, était signifiante, là aussi dans une période de destruction systématique du tissu associatif en France.

La sénatrice (Europe Écologie-Les Verts) Mélanie Vogel qui a joué un rôle crucial dans le processus a peut-être le mieux marqué le sens politique de l’événement : « La République française, désormais, ne sera plus jamais la République sans le droit à l’avortement ».

Une prochaine étape du combat est de faire inscrire le droit à l’avortement dans ces droits humains que pratiquement tous les pays reconnaissent. En effet, la décision française a eu un écho remarquable dans le monde. Le droit à l’avortement est de plus en plus menacé dans des pays européens comme la Hongrie, la Pologne, l’Irlande et l’Italie. La décision de la Cour suprême des États-Unis dans l’affaire Dobbs v. Jackson Women’s Health, qui a annulé le droit constitutionnel à l’avortement après 49 ans, a été précisément ce qui a suscité (ou galvanisé) les efforts en France pour protéger ce droit.

L’exposé des motifs du projet de loi le dit explicitement :

« En France, la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse est aujourd’hui garantie par la loi. […] Si, dans notre pays, cette liberté n’est pas aujourd’hui directement menacée ou remise en cause, hormis par quelques courants de l’opinion heureusement très minoritaires, tel n’est pas le cas dans d’autres États et non des moindres. »

Le texte mentionne alors l’action de la Cour suprême étatsunienne :

« En mettant un terme à sa célèbre jurisprudence “Roe v. Wade” de 1973, la Cour Suprême a fait la démonstration que les droits et libertés qui nous sont les plus précieux peuvent être menacés alors qu’ils semblaient solidement acquis. »

Le texte garantit la liberté d’avorter aux femmes, et a été critiqué parce qu’il pouvait sembler exclure les femmes qui ont fait une transition vers le genre homme, et ont une identité civile d’homme. Mélanie Vogel a su désamorcer cette attaque en rappelant que la liberté est garantie à tous·tes celleux qui ont un corps susceptible de commencer un processus d’enfantement et désirant y mettre fin, marquant bien le changement de paradigme politique.

Il ne s’agit donc pas de célébrer un « phare de l’humanité », mais de redéfinir la démocratie. Pour Mélanie Vogel, « La France montre que le droit à l’avortement n’est plus une option, mais une condition de notre démocratie ». Elle ajoutait : « Je veux envoyer un message aux féministes en dehors de la France. Tout le monde m’a dit il y a un an que c’était impossible. Rien n’est impossible quand on mobilise la société ». C’est l’une des rares fois où une conquête féministe, ancrée dans l’histoire longue des révoltes et des mobilisations, devient un élément de récit national (réel ou fictif). Et où se révèle l’efficacité de la désobéissance civile : un acte public de refus d’accepter une loi injuste a changé le monde jusqu’à pénétrer la Constitution.

1LINED donne le chiffre de 250 000 avortements clandestins par an dans les années 1960. Simone Veil, lors de son discours à lAssemblée Nationale, évoque le chiffre de 300 000 avortements clandestins par an. La juriste A.-M. Dourlen-Rollier avance le chiffre de 800 000 avortements par an, ce qui signifierait que 50 % des grossesses étaient interrompus dans la clandestinité dans les années 1960.

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17.05.2024 à 10:37

Mon droit à ma vie

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Si l’on peut s’honorer que la France vienne de constitutionnaliser le droit à l’avortement, à la suite des longues luttes des femmes, la France n’est par contre pas du tout pionnière dans le domaine de la question de l’aide à la fin de vie. Elle est encore loin de pouvoir rejoindre des pays pourtant voisins … Continuer la lecture de Mon droit à ma vie

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Si l’on peut s’honorer que la France vienne de constitutionnaliser le droit à l’avortement, à la suite des longues luttes des femmes, la France n’est par contre pas du tout pionnière dans le domaine de la question de l’aide à la fin de vie. Elle est encore loin de pouvoir rejoindre des pays pourtant voisins comme la Belgique, les Pays Bas ou la Suisse qui, depuis plus de vingt ans déjà, assurent un droit à l’euthanasie librement choisie par tout·e citoyen·ne. Les débats continuent pour une énième révision de la loi sur « la fin de vie » dite Léonetti de 2005 qui s’est arrêtée en chemin.

Depuis toujours c’était la famille qui avait principalement en charge la fin de vie de ses membres, tout particulièrement lorsqu’elle jugeait qu’il était temps. Trop de souffrances ou plus simplement de gâtisme conduisaient les proches à prendre le soir autour de la table l’ultime décision. C’est sans doute pourquoi on utilisait communément l’expression du « bouillon de onze heures », celui que l’on portait à l’aïeul, sans doute un peu cérémonieusement, pour qu’il parte entouré des siens.

La plupart des gens meurent maintenant le plus souvent seuls et dans une institution quelconque, Ehpad ou hôpital. Les soignants préviennent le plus souvent discrètement ceux qui visitent le mourant en phase terminale puisque ce sont bien les médecins qui décident presque toujours de débrancher volontairement le système d’aide à la fin de vie. Mais les proches refusent le plus souvent absolument de comprendre ce qu’on tente de leur suggérer tant la fin définitive de celui qui est toujours là dans son lit est incompréhensible. Car on ne peut comprendre, cumprehendere-prendre avec soi, la mort. Seulement la subir, du mieux que l’on peut.

Pour cette raison, tous les sondages depuis 20 ans montrent que l’immense majorité des gens (85 % en France) veulent pouvoir maitriser autant que possible la façon dont leur propre fin de vie doit se dérouler, y compris les croyants.

Et pourtant, tous les pouvoirs institués sans exception s’y opposent absolument.

Les religions, force totalement prééminente en la matière, s’entendent toutes pour proclamer « sacrée » la vie, comme si tout le monde n’était pas d’accord, du moins en Occident ! Le problème est que c’est à la nôtre de vie qu’ils s’intéressent pour que la proclamation quasi incessante de cette quasi banalité ne vise qu’à interdire précisément notre libre choix, alors que nous ne leur avons rien demandé. De quel droit ?

Les médecins s’accordent aussi sur leurs compétences exclusives à décider de qu’il faut faire pour prolonger au mieux notre vie. De quel droit aussi ? Et notamment pour les gens de plus en plus nombreux qui confient à leur médecin – pour les heureux qui en ont un encore – ce qu’il doit advenir en cas de problèmes graves de santé ou rédigent des « directives anticipées » dans un registre à présent officiel repris dans la loi Leonetti qui inscrit à la manière libre de chacun tous ceux qui ne veulent pas d’« acharnement thérapeutique ». Mais qui connaît cette possibilité restée trop confidentielle ?

Comment un professionnel, fût-il « des hôpitaux », pourrait-il savoir mieux que vous ce qu’il convient de faire dans ces instants critiques si vous les avez expressément anticipés ?

La résistance au changement vient d’un pouvoir médical imbu de son monopole à pouvoir à décider lui-même de ce qui est bon pour vous. Hypocrisie d’un corps médical confronté à la mort quotidiennement qui débranche définitivement ou entame une sédation, mais refuse éthiquement le rôle officiel d’une aide à mourir qui le déchargerait pourtant de la responsabilité pénale. Les intenses débats des différentes conventions citoyennes comme celui sur la bio-éthique sont là pour toujours retarder une évolution de la loi en multipliant de faux enjeux sur « laisser mourir ou faire mourir ». Oui, souvent on laisse mourir dans des conditions épouvantables, seulement dénoncées par des associations comme Le droit de mourir dans la dignité, ou Le Choix, citoyens pour une mort choisie.

Ce pouvoir médical oppose la fausse alternative des soins palliatifs contre le libre choix de sa fin de vie. Il nous faut les deux et, aujourd’hui, les soignants pratiquant les soins à une meilleure fin de vie possible dans le respect du choix de la personne augmentent.

Mais l’État, encore et toujours, s’obstine, même devenu laïc, à faire respecter dans ses lois l’interdit absolu promulgué par les trois religions monothéistes d’un quelconque contrôle sur la fin de vie, exactement comme elles luttent toujours contre nôtre maitrise à la donner. L’État qui ne cesse d’entretenir la confusion en annonçant fort justement vouloir séparer enfin la question des soins palliatifs de celle de l’aide à mourir, mais se donne une politique d’investissement jugée totalement incomplète par tous les soignants, qui ne fera que maintenir l’existant.

En ne laissant aucune possibilité aux gens de soins palliatifs suffisants ni de libre choix, il en oblige beaucoup à partir seuls dans des suicides nécessairement horribles, ou à l’étranger en Belgique, Hollande ou Suisse.

Pourtant, certaines institutions comme l’Académie nationale de médecine, ou le Comité consultatif national d’éthique ont fait des rapports sur cette double nécessité et d’une vraie politique de soins palliatifs et d’une aide à mourir.

La seule issue est donc maintenant de suivre les femmes qui viennent de faire inscrire dans la constitution même le droit d’être libre et maitre de leur corps. Nous aussi, citoyennes et citoyens dans notre communauté, l’exigeons pour ce qui en est de notre droit de vivre, ou pas. Lois et constitution doivent nous garantir de la même façon une maitrise du droit sur notre vie.

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17.05.2024 à 10:36

À quels Jeux voulons‑nous jouer ?

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Imaginez d’aller vers Roma 2024 plutôt qu’en direction de Paris 2024. C’est-à-dire, imaginez les Jeux Olympiques déplacés quelques 1400 kilomètres plus au Sud, là ils avaient été hébergés en 1960. Il y a une dizaine d’années, ce scénario était vraisemblable, puisque les deux villes étaient alors rivales. Plusieurs ouvriers franciliens travaillant sur les chantiers des … Continuer la lecture de À quels Jeux voulons‑nous jouer ?

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Texte intégral (3256 mots)

Imaginez d’aller vers Roma 2024 plutôt qu’en direction de Paris 2024. C’est-à-dire, imaginez les Jeux Olympiques déplacés quelques 1400 kilomètres plus au Sud, là ils avaient été hébergés en 1960. Il y a une dizaine d’années, ce scénario était vraisemblable, puisque les deux villes étaient alors rivales.

Plusieurs ouvriers franciliens travaillant sur les chantiers des JO et des infrastructures complémentaires seraient peut-être toujours en vie : Maxime Wagner, Abdoulaye Soumahoro, Seydou Fofana, Jérémy Wasson, Joao Baptista Fernandes Miranda, Amara Dioumassy1
Souvent d’origine étrangère et en situation de précarité contractuelle, ces hommes sont morts pendant les travaux engagés en vue de l’été 2024, notamment lors de l’agrandissement du réseau de transports et malgré l’attention revendiquée aux normes de sécurité. L’année dernière, beaucoup d’entre leurs collègues ont entamé des actions de grève et d’occupation – comme celle de l’Arena de la porte de La Chapelle – pour dénoncer les conditions d’irrégularité dans lesquelles ils étaient employés : il y aurait eu (un peu) moins d’exploitation de la main d’œuvre migrante autour du périphérique parisien. Moins de « travail » aussi, moins d’« emploi », dira-t-on aussi sans doute.

Une foule d’« indésirables » – c’est-à-dire de personnes extrêmement vulnérables (sans-abris, toxicomanes, sans-papiers…) – ne serait pas en train d’être expulsée de la capitale contre sa volonté et loin des réseaux familiers d’aide. La gentrification de la ville de Paris et des communes limitrophes aurait progressé probablement moins vite. Cet été, on aurait vraisemblablement trouvé moins de locations Air BnB destinées à des touristes aisés2. La mise en place de nouveaux systèmes de surveillance vidéo et d’automatisation du contrôle aurait manqué d’un prétexte pour être actée3.

Cependant, la candidature romaine a fait long feu il y a dix ans, suite au choix de la maire Cinque Stelle Virginia Raggi de retirer la candidature à cause des coûts d’organisation d’un tel méga-événement. L’engagement enthousiaste du premier ministre Matteo Renzi n’avait pas suffi, ni celui d’une fameuse lettre de soutien de la part de l’ensemble des athlètes ayant gagné une médaille à Rio 2016. Un seul parmi elleux n’avait pas signé et avait plutôt défendu le doute sur l’opportunité de ce projet, devenant ainsi l’objet de nombreuses pressions et critiques.

Qu’avait-il vu aux jeux brésiliens, le joueur de volleyball Luca Vettori (médaille d’argent) ? Qu’est-ce qui l’avait fait hésiter, et finalement promouvoir ce renoncement ? Dans un article récemment publié4, il évoque les souvenirs de l’été 2016 en écho à la fiction du village olympique « totalitaire » de W de Georges Perec. Il raconte une expérience cloisonnée au sein d’un circuit évènementiel soigneusement séparé de la vie quotidienne des habitant·es de Rio, de ses réalités sociales, de ses problèmes aussi. Dans ce court texte, il ne revient pas sur les polémiques de la lettre et ses raisons à l’époque de ne pas soutenir l’accueil italien des JO. Toutefois nous pouvons entrevoir dans le malaise dont il témoigne la trace subjective d’une certaine gouvernance verticale et déracinée de l’évènement, qui induira le Nouvel Obs à répondre « nulle part » à la demande « où étaient les classes populaires ?5 ». Cette difficulté à inclure la population locale – alors qu’une audience globale et un tourisme d’élite jouissaient insouciamment des Jeux – faisait écho à des questionnements critiques au sujet de l’intégration durable des nouvelles infrastructures dans le tissu de la ville et de ses besoins sociaux6. Sans oublier : la sécurisation violente de la ville pour occulter le mal-être social et la criminalité, les morts sur les chantiers de construction à marche forcée, les problèmes de corruption…

Malgré sa dimension prestigieuse et les magnifiques valeurs qui le couronnent (la fête, le sport, l’internationalisme…), ce digne fils du XXsiècle qu’est l’arbre olympique n’arrive pas à cacher la forêt d’effets indésirables dont il est responsable. Il est pourtant difficile d’affirmer que la responsabilité de ces conséquences lui appartient entièrement, comme si les JO étaient un OVNI atterrissant de nulle part sur le sol des grandes villes et leur imposant son métabolisme tyrannique ! On pourrait plutôt le considérer comme un catalyseur capable d’accélérer des stratégies déjà déployées des pouvoirs publics et privés en charge de les organiser. En ce sens, cet évènement géant peut être envisagé comme un papier de tournesol qui rend (plus) visibles des phénomènes préexistants : l’éloignement des personnes vulnérables des espaces publics, la rente immobilière plutôt que le droit au logement, la mise en œuvre de grandes infrastructures dont l’utilité est questionnée par les mouvements citoyens (voir les ZAD), la configuration d’un réseau de surveillance automatisé de plus en plus envahissant… Cela n’a fait que surfer sur la vague des Jeux Olympique pour prendre plus d’élan.

En se plaçant sur un marché mondial de l’attention les États (du Nord, en général) semblent investir des milliards d’euros dans l’organisation des JO dans une optique de visibilité et de renommée monétisables, par exemple, en termes de tourisme international ou de soft power géopolitique. Au jeu « national » de la rentabilisation de l’attention collective concentrée par le sport jouent également les grandes entreprises privées – de LVMH à Coca Cola7 – qui financent les Jeux et les athlètes par des sponsorisations généreuses. À défaut de renoncer à l’organisation de ces manifestations, autant pour l’argent public employé que pour l’attention commune qui leur est prêtée, il y aurait moyen de se demander comment mieux orienter ces investissements, d’une façon plus juste et durable. Vous souvenez-vous du poing levé de Tommie Smith et John Carlos à Mexico en 1968, canalisant le regard synchronisé par les JO vers une lutte émancipatrice ?

La situation olympique n’est pas isolée, en réalité. Les controverses qui la concernent se reflètent dans une série d’autres méga-événements sportifs, comme la Coupe du Monde de football masculine qui a franchi une nouvelle frontière d’indécence lors de sa dernière pétro-édition au Qatar (stades dans le désert climatisés, censure des droits des minorités…). Ces situations ont posé de plus en plus radicalement la question de comment « hériter » d’une importante tradition sportive collective dont l’injustice sociale et l’insoutenabilité environnementale dessinent la nécessité d’une certaine « fermeture ».

Les termes choisis renvoient à une série de travaux en sciences sociales – accueillis dans cette revue8 – qui nous permettent peut-être de trouver un concept, celui de « commun négatif », pour décrire le besoin de prendre en charge des réalités comme celle des JO qui, tout en nous reliant et en occupant une place importante dans le système culturel actuel, ont tendance à générer des effets délétères, des « ruines » plus ou moins littérales. Bien sûr, beaucoup de choses y compris désirables dépendent des Jeux Olympiques : par exemple la valorisation du sport et plus précisément de sports mineurs qui n’auraient sans cet évènement qu’une visibilité et une soutenabilité économique très faible. En même temps, cette machine se branche sur des écosystèmes de communs négatifs dont il faut prendre soin tactiquement, y compris via des politiques de renoncement et démantèlement : le tourisme international, la publicité médiatique, les infrastructures inutiles… N’oublions pas d’inclure également dans la liste une morale extrêmement épuisante du travail et de « l’excellence » que nous partageons au sein des sociétés néolibérales et qu’on doit apprendre à refuser : celle-ci prolifère au sein d’évènements sportifs hautement compétitifs et demande à être désertée, comme le montre la sociologue du travail italienne Francesca Coin en commentant des cas de retrait de grands athlètes (à l’instar de Simone Biles et Michael Phelps)9.

Comment jeter l’eau sale du bain olympique contemporain tout en préservant le bébé d’un certain commun sportif ? Une petite idée peut nous venir du monde du football, qui constitue la contrée la plus démesurée de la logique médiatico-financière régissant le sport professionnel, tout en alimentant un plaisir quotidien de millions d’athlètes ou de fans en dehors de tout circuit commercial et spectaculaire. Le foot, en effet, a représenté depuis de nombreuses années le front le plus avancé de la marchandisation, gentrification et médiatisation de la pratique sportive. L’exemple de la transformation des stades anglais – raconté par le beau court-métrage de Nicolas Goureau This Means More (2019) – est éloquent dans la mesure où ces lieux communautaires ont été transformés en dispositifs d’enrichissement strictement disciplinés par des propriétaires souhaitant rentabiliser leurs capitaux.

Beaucoup d’usages et de classes sociales ont été expulsées par ces processus, mais cette situation d’exclusion n’a pas été simplement subie par ces personnes : elle a parfois donné lieu à des véritables tactiques de soustraction et de création d’espaces alternatifs connus sous le nom de protest club. Dans des cas comme l’Austria Salzburg (fondé en opposition à la gestion par Red Bull de l’équipe autrichienne), l’United of Manchester (équipe alternative issue d’un abandon du célèbre Manchester United) ou encore l’Affordable Football Club Liverpool (projet opposé à la gestion du Liverpoool FC), il s’est agi de refuser une appropriation de l’expérience du football par des logiques verticales et capitalistes, mais sans renoncer à la passion pour ce sport : d’où la création par des supporters de ces équipes locales parallèles, basées sur une gestion coopérative et directe, en dehors de l’économie attentionnelle et marchande des grands championnats. En quittant les sommets glorieux, ils ont préféré demeurer fidèles aux puissances politiques du jeu qui sont celles de la spéculation et du virtuel au-delà du donné, comme nous l’apprend Brian Massumi. Les protest club nous enseignent à en finir avec leur Olympe pour infinir nos jeux…

1Voir : « Au Grand Paris Express, des morts et des accidentés par pertes et profits », Blast, 25/07/2023 ; Cécile Hautefeuille, « Chantiers des JO : Amara Dioumassy est mort dans lindifférence générale », Mediapart, 6/7/2023.

2Les processus de nettoyage social et gentrification constitue une tendance politique et urbanistique bien reconnue au sein de ces méga-événements sportifs, voir : Centre on Housing Rights and Evictions, FAIR PLAY FOR HOUSING RIGHTS, 2007, www.ruig-gian.org/ressources/Report %20Fair %20Play %20FINAL %20FINAL %20070531.pdf

3Voir les commentaires de la Quadrature du Net à ce propos : « VSA et Jeux Olympiques : Coup denvoi pour les entreprises de surveillance », 26/1/2024, www.laquadrature.net/2024/01/26/vsa-et-jeux-olympiques-coup-denvoi-pour-les-entreprises-de-surveillance

4Luca Vettori, « Un atleta sono le sue vittorie », Doppiozero, 5/3/2024, www.doppiozero.com/un-atleta-sono-le-sue-vittorie

5Gourvan Le Quellec, « JO 2016 : un modèle olympique à revoir durgence », Le nouvel Obs, 25/08/2016.

6Voir à ce sujet : Justine Ninnin, Alba Zaluar et Christovam Barcellos, « Mondialisation et méga-événements à Rio de Janeiro : quand les enjeux de sécurité et durbanisation développent les logiques de marché dans les favelas », IdeAs, no 7, 2016, https://journals.openedition.org/ideas/1402

7Mathias Tépot, « JO 2024 : pour LVMH, limportant, cest de gagner », Médiapart, 26/3/2024.

8Voir notamment la majeure du numéro 93, 2023.

9Voir : Francesca Coin, Le grandi dimissioni, Turin, Einaudi, 2023.

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17.05.2024 à 10:35

Guerre ou paix ? L’urgence d’une autre politique des drogues

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La guerre à la drogue fait rage, et ces derniers temps, elle s’était imposée semble-t-il sans discussion. Les fusillades, les morts, les quartiers en proie au trafic, c’est, à l’évidence, une urgence : Place net XXL, c’est le mot d’ordre du gouvernement. Ce mardi 2 avril, trois nouvelles opérations anti-drogue ont été annoncées à Nantes, Toulouse et … Continuer la lecture de Guerre ou paix ?
L’urgence d’une autre politique des drogues

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Texte intégral (1922 mots)

La guerre à la drogue fait rage, et ces derniers temps, elle s’était imposée semble-t-il sans discussion. Les fusillades, les morts, les quartiers en proie au trafic, c’est, à l’évidence, une urgence : Place net XXL, c’est le mot d’ordre du gouvernement. Ce mardi 2 avril, trois nouvelles opérations anti-drogue ont été annoncées à Nantes, Toulouse et Strasbourg. Sauf que la veille, au 1er avril, l’annonce de la légalisation du cannabis en Allemagne a introduit une faille d’où surgit, une nouvelle fois, ce serpent de mer : la légalisation du cannabis, recommandée par une succession de rapports, dont le dernier le 5 mai 2021, par la mission d’information parlementaire aboutissait à la proposition d’une « légalisation encadrée et régulée du cannabis ». Les rapporteurs, Caroline Janvier et Jean Baptiste Moreau, tous deux députés de la majorité présidentielle, étaient persuadés que le débat allait s’ouvrir sur cette question.

Ce n’est pas ce qui s’est passé, le tournant répressif s’est au contraire renforcé depuis la nouvelle mandature, ce qui se traduit par une escalade continue d’une violence meurtrière. Car du point de vue de l’expertise, il n’y a pas de doute possible, la stratégie adoptée par les pouvoirs publics en France exacerbe la violence du trafic. Le ministre de l’Intérieur entend réprimer tous les maillons de la chaîne, usagers de drogues, trafiquants de rue et gros trafiquants. C’est la stratégie de la guerre à la drogue dont l’objectif est d’éliminer la production, le trafic et la consommation des drogues illicites, stratégie qui s’est révélée inefficace et même contre-productive. Elle a pour principale conséquence d’engendrer une criminalisation de masse et de rendre les marchés illicites plus instables et plus violents. Ainsi, le démantèlement des points de deal exacerbe la concurrence entre trafiquants, ce dont le ministre se félicite : la fébrilité des trafiquants témoignerait de l’efficacité des forces de police.

« Faire place nette », c’est-à-dire éliminer le trafic de drogues partout en France, ce serait la condition sine qua non pour garantir la tranquillité et la sécurité des habitants. Voilà qui ne devrait pas rassurer les habitants, qui par expérience, constatent que les petits trafiquants de rue se remplacent aisément. Plutôt que de lutter contre le cannabis, ne vaudrait-il pas mieux lutter contre l’utilisation des armes à feu et autres violences ?

C’est précisément ce que propose une expertise fondée sur la comparaison des résultats selon les stratégies et les dispositifs, santé ou sécurité. Ainsi, concernant les problèmes posés les marchés des drogues illicites, le Consortium international sur les politiques des drogues (IDPC), recommande d’accorder la priorité à la réduction des conséquences les plus dommageables liées au marché des drogues comme la violence, la corruption, le blanchiment de l’argent1. C’est là un changement de perspective aussi radical que l’a été la réduction des risques liés à l’usage de drogues au milieu des années 1990. En termes de sécurité, il s’agit d’abord de recentrer la répression sur les responsables de l’expansion du marché des drogues plutôt que le bas de la chaîne, consommateurs, petits dealers de rue, mules qui transportent la marchandise dans leurs corps ou encore petits cultivateurs, qui tous ont été jusqu’à présent les principales cibles de la guerre à la drogue.

L’enjeu est de définir les priorités de l’action publique avec des stratégies de dissuasion ciblée. Ainsi, les organisations trafiquantes transnationales qui ont investi les ports d’Anvers, de Rotterdam ou de Hambourg se sont révélées particulièrement menaçantes en termes de violence et comme en termes de corruption.

La France peut mener des actions contre le trafic transnational en coordination avec ses voisins européens, mais au niveau national, la stratégie adoptée maintient un objectif d’intervention tout azimut, en commençant par ceux qui sont désignés comme les premiers coupables à savoir les consommateurs : « il ny aurait pas de marché de la drogue sil ny avait pas de consommateurs » a répété le ministre de la justice après le ministre de l’intérieur.

Mais les consommateurs existent et l’expérience de ces trente dernières années a montré que les seules actions efficaces les concernant relèvent du champ de la santé avec la réduction des risques liée à l’usage mais aussi dans le soin et dans la prévention. Les pays européens en ont pris acte avec à minima des mesures de décriminalisation de l’usage et de la petite détention afin d’éviter toute incarcération. En France, Il y a toujours des usagers incarcérés dans la mesure où la détention pour consommation personnelle n’est pas distinguée du trafic. Pour l’essentiel les personnes incarcérées sont des petits trafiquants de rue, condamnés ainsi à l’exclusion sociale et à l’enfermement dans la délinquance. Il conviendrait de distinguer les auteurs de violence des acteurs non violents du marché illicite. Les alternatives à l’incarcération sont recommandées pour les acteurs non violents tandis que la dissuasion doit cibler les personnes et les gangs les plus violents. Aux États-Unis, l’opération Cessez le feu (Operation Ceasefire) à Boston sert de référence pour ce qui concerne ce ciblage sélectif. À l’opposé de la tolérance zéro qui sévissait dans les années 90, la stratégie policière et judiciaire s’est donnée pour objectif la réduction des homicides commis par des gangs violents sans chercher à réduire le marché des drogues. Cette stratégie, négociée avec tous les acteurs y compris les jeunes appartenant aux gangs, a obtenu une baisse de 66 % des homicides après le lancement des opérations en 19962. Au reste, l’action ne s’est pas limitée à la répression, elle s’est accompagnée d’actions d’insertion pour les jeunes du quartier appartenant ou non aux gangs.

Dans la lutte contre le trafic, l’Allemagne vient de franchir un pas de plus avec la légalisation du cannabis, une stratégie de régulation que recommandent désormais les experts internationaux réunis dans la commission globale de politique en matière de drogues3. Malte avait déjà franchi ce pas ainsi que le Luxembourg et d’autres pays vont suivre, dont tout d’abord la Suisse, les Pays-Bas et la Tchéquie. Les résultats obtenus par les États qui ont fait le choix de la légalisation sont attentivement suivis. Si le marché illicite du cannabis n’est pas éradiqué, du moins, est-il sensiblement réduit. Son évolution dépend de plusieurs facteurs dont la capacité du marché légal à entrer en concurrence avec le marché noir, mais aussi le type de cadre légal adopté. Les traditions de violence et de corruption, différentes selon les États sont également un facteur à prendre en compte. Il est difficile de prévoir quelle sera l’incidence de la légalisation du cannabis sur le crime organisé.

Quoiqu’il en soit, nous n’en avons pas fini avec les conséquences désastreuses de la prohibition des drogues. Il faut se souvenir que les organisations mafieuses engendrées par la prohibition de l’alcool aux États-Unis ont perduré bien au-delà de son abrogation en 1933. Du moins peut-on éviter de continuer à alimenter le crime organisé transnational, protéger la santé des consommateurs et pacifier autant que possible les relations que les êtres humains entretiennent entre eux.

1https://idpc.net/fr/principes-politiques

2IDPC  La_dissuasion_ciblee_le_ciblage_selectif_le_trafic.pdf

3f2020report_FR_web_0.pd.pdf / Commission globale de politique en matière de drogues : « Lapplication des lois sur les drogues, viser les responsables du crime organisé », 2020).

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