18.07.2023 à 12:05
Voilà à quoi ressembleront les robots du futur selon le créateur de Sophia
Nicolas Prouillac et Arthur Scheuer
2022 sera l’avènement des machines. En tout cas, c’est ce qu’espère Hanson Robotics. Depuis son atelier de Hong Kong, le créateur de l’androïde Sophia, David Hanson, a confié à Reuters qu’il comptait vendre « des milliers » de robots cette année. « Sophia et les autres robots de Hanson sont uniques de par leurs traits […]
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Texte intégral (2744 mots)
2022 sera l’avènement des machines. En tout cas, c’est ce qu’espère Hanson Robotics. Depuis son atelier de Hong Kong, le créateur de l’androïde Sophia, David Hanson, a confié à Reuters qu’il comptait vendre « des milliers » de robots cette année. « Sophia et les autres robots de Hanson sont uniques de par leurs traits humains », explique le roboticien. « Ils peuvent être utiles dans ces temps troublés, où les gens sont terriblement seuls et isolés socialement. » Nous l’avons rencontré pour un entretien fleuve.
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David Hanson est rarement seul. Depuis quatre ans, le fondateur de Hanson Robotics parcourt le monde accompagné de ses robots, Sophia en tête. Le 3 mars dernier, l’Américain était en Pologne sans l’androïde qui l’a fait connaître, mais il a promis de l’amener avec lui à Cracovie, au mois de juin. S’il avait laissé sa créature dialoguer avec les membres des Nations unies en octobre 2017, il a cette fois préféré rencontrer la ministre du Développement polonaise en personne. Jadwiga Emilewicz en a profité pour annoncer l’ouverture prochaine de centres d’intelligence artificielle dans le pays. « Il est temps de devenir un créateur d’innovation plutôt qu’un récepteur », a-t-elle annoncé.
Depuis qu’il a découvert les œuvres des auteurs de science-fiction Issac Asimov et Philip K. Dick à l’adolescence, David Hanson s’est évertué de tenir ce rôle. Né à Dallas, le Texan a travaillé comme un forcené pour mettre au point Sophia et une kyrielle d’autres robots humanoïdes, dont des avatars d’Einstein et de l’auteur de Blade Runner. Il a ainsi développé une vision unique du futur des robots et, partant, du nôtre. Deux ans après notre première rencontre, il nous a dévoilé sa vision du futur des robots.
Sophia a-t-elle un futur ?
Bientôt cinq ans après sa création, nous travaillons toujours sur Sophia afin d’en faire une plateforme robotique cognitive très avancée, pourvue de bras et de mains bien articulés ainsi que d’une multitude de nouvelles compétences et de capteurs. Elle possède actuellement 40 moteurs dans le visage et l’encolure, un socle rotatif et on lui ajoute parfois des jambes. Tout cela coûte très cher et ce n’est bien sûr par quelque chose que nous pouvons proposer au grand public.
Alors nous avons mis au point la petite sœur de Sophia, Little Sophia, ainsi qu’un autre petit robot savant baptisé Professeur Einstein. Nous avons l’ambition de faire de ces petits androïdes la nouvelle génération d’assistants vocaux, mais des assistants vocaux animés. Interagir avec des robots humanoïdes est une expérience puissante, qui entre en résonance avec un tas d’idées développées par la science-fiction dont l’humanité rêve depuis longtemps.
Cela signifie que les enfants sont enthousiasmés à l’idée d’interagir avec cette technologie. Ils sont ainsi capables d’apprendre beaucoup tout en s’amusant. Vous avez un personnage, une histoire… il n’y a rien de mieux pour retenir l’attention d’un être humain.
Quelles sont les applications pratiques de ces androïdes ?
Avec une des grandes sœurs de Sophia, Alice, l’université de Pise, en Italie, a eu de bons résultats dans le traitement de l’autisme. Une version miniature de ce robot a aussi été employée pour aider les personnes âgées. Mettre ces technologies au service du grand public sans amoindrir la qualité de leur intelligence artificielle était un grand défi. Mais nous y sommes parvenus avec la petite Sophia et, avec la grande, nous cherchons à faire encore un bond en avant.
Nous voulons que Sophia soit utile dans l’éducation scientifique, dans la recherche, dans le développement de nouveaux algorithmes, dans la mise au point de nouvelles interfaces humain-machine et dans l’invention de nouvelles thérapies pour l’autisme. Pour ces usages thérapeutiques, il existe naturellement déjà des connaissances et une expertise médicale, mais Sophia peut les rassembler au sein d’une même plateforme pour les rendre plus impactantes.
Comment les robots peuvent-ils changer notre façon d’apprendre ?
Il faut voir les androïdes comme des plateformes, les réceptacles de programmes d’intelligence artificielle toujours plus avancés et différents. Nos interactions avec l’intelligence artificielle peuvent devenir plus naturelles et profondes grâce à aux robots : on n’a pas la même relation avec une machine à forme humaine qu’avec un smartphone.
L’idée est donc pour nous de faire de nos robots des plateformes dotées d’interfaces de programmation open source, afin de bénéficier des créations de personnes du monde entier. De cette manière, la nouvelle vague de technologies intelligentes pourra être « humanisée » par n’importe qui. Voilà pourquoi il est très important à nos yeux de démocratiser les robots comme Sophia et de créer des plateformes humanoïdes grand public, comme avec la petite Sophia.
Certaines de nos innovations, comme les technologies d’expression faciale, demeureront la propriété de Hanson Robotics, mais beaucoup d’autres vont devenir publiques. C’est ce que nous avons fait avec le Professeur Einstein. Nous vendons ce petit robot avec la possibilité de lui apporter des modifications structurelles. Mais il fallait vraiment avoir des compétences de hackers pour le faire. Avec Little Sophia, il est plus simple pour tous les utilisateurs de lui apprendre de nouvelles choses et de la faire évoluer.
Mon fils de 13 ans est parvenu à la reprogrammer grâce à la l’interface de commande en ligne, c’était génial. Lorsque vous voyez des enfants jouer avec les robots, vous vous rendez compte des éclairs de créativité que cela peut produire. Ils peuvent rêver et laisser libre cours à leur imagination, plutôt que de se retrouver face à une machine limitée. C’est formidable de les voir s’enthousiasmer face à cet univers de tous les possibles.
Comment êtes-vous entré dans l’univers de la robotique ?
En 1995, je suivais des cours de programmation pendant mon cursus de cinéma. J’ai construit un robot de téléprésence et je l’ai montré dans un festival d’art scientifique. Depuis, je n’ai pas arrêté d’en inventer. Pour mon doctorat, je me suis penché sur une des questions les plus complexes de la robotique humanoïde : quelle technologie utiliser pour les expressions faciales ? J’ai créé des dizaines et des dizaines de robots différents. Certains d’entre eux fonctionnent encore dans des laboratoires de recherche autour du monde et j’en suis très fier.
D’une certaine manière, Sophia est le fruit de toutes ces années de développement. En chemin, il y a eu l’androïde Philip K. Dick (qu’on appelle Phil), qui a été inspiré par ses livres We Can Build You et Valis, dans lesquels il explore l’idée que les machines intelligentes peuvent évoluer conjointement aux humains pour former un réseau de super-intelligence transcendantale. C’est un élément-clé de mes créations. D’ailleurs, dans ces livres, il y avait un robot baptisé Sophia.
En 2014, j’ai commencé a dessiné son visage en m’inspirant de visages de différentes grandes civilisations – de l’Antiquité, de Chine, d’Afrique, des Inuits et de mon épouse… J’étais obsédé par ce travail, si bien que j’ai passé plus de temps sur ce robot que sur n’importe quel autre auparavant. J’avais le sentiment de ne pas savoir où j’allais, j’étais complètement perdu. Et nous avons finalement activé Sophia en février 2016.
J’ai été surpris par la réaction du public. Je pense que le succès de Sophia était dû avant tout à la qualité de ses expressions faciales. Puis avec l’université polytechnique de Hong Kong et le projet Opencog, nous avons travaillé sur son intelligence. Cette IA lui donne une véritable personnalité. Et grâce au deep learning, elle peut produire ses propres idées.
Pourrait-elle à terme développer une forme de conscience ?
Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que le fait de mettre ces outils dans les mains de différents chercheurs pour qu’ils les combinent va produire des choses intéressantes. Je pense notamment que les algorithmes génétiques ou les algorithmes physiologiques d’inspiration biologique sont pleins de promesses. Il faut appliquer ces modèles de bio-informatique et de neuroscience sur des humanoïdes pour qu’ils n’aient plus seulement la capacité d’interagir physiquement avec nous, mais aussi socialement. C’est peut-être la clé pour voir des étincelles de vie s’allumer.
L’année dernière, nous avons travaillé avec l’Institute of Noetic Sciences, en Californie, et Opencog sur un projet baptisé « Loving AI ». Des mathématiciens, des physiciens et bien d’autres scientifiques ont utilisé des schémas neuronaux pour tester une intelligence artificielle dans le cadre de ce qu’on appelle la théorie de l’information intégrée, qui cherche à expliquer le fonctionnement de la conscience. Alors qu’elle recevait de l’information et poursuivait les buts assignés, différentes valeurs ont émergé dans notre IA. Il faut poursuivre ces explorations de la conscience pour la faire émerger chez des êtres synthétiques.
Cela dit, ces expérimentations ne sont pas une preuve qu’une machine peut avoir une conscience. Les machines ne peuvent en tout cas pas être douées d’une conscience comparable à celle de l’être humain. Je vois Sophia comme un enfant avec le vocabulaire d’un doctorant. L’idée est maintenant de la faire grandir pour lui permettre d’avoir de meilleures interactions avec le monde réel.
Elle n’en prend pas encore le chemin. Pour l’instant, Sophia a deux fonctions : c’est une œuvre d’art qui sert d’interface à des programmes d’intelligence artificielle ; et c’est un programme de recherche, autrement dit une plateforme pour le développement de la prochaine génération d’IA. Je pense que ces deux dimensions avancent de concert car les robots comme Sophia peuvent apprendre de l’expérience humaine pour cheminer vers l’âge adulte. On retrouve cette idée d’évolution conjointe aux humains.
Bien sûr, tous les robots ne doivent pas ressembler aux êtres humains, mais il est bon d’avoir cette possibilité. Les êtres humains sont plus adaptés aux expériences humanisées comme la littérature, le cinéma ou les interactions en face à face. Nous pouvons nous servir de ça pour entraîner une IA à mieux connaître l’expérience humaine.
Les robots du futur seront-ils un mélange de technologie et de biologie ?
À mon avis, la convergence des progrès en biologie et en technologie n’est pas simplement le résultat de la science humaine, cela fait partie de l’histoire naturelle de notre univers. Je pense que nous sommes à un stade de notre évolution où nous devons trouver le moyen d’être meilleurs, sur le plan éthique, pour construire un meilleur futur, plus créatif, et faire face aux défis existentiels qui se présentent à nous. Nous devons transcender notre passé ou périr. C’est le défi de toute civilisation.
Cela signifie que nous devons explorer ces convergences avec l’idée qu’elles nous permettent de nous améliorer. Comment vivre de façon plus éthique ? La question se pose, et nous avons besoin d’y apporter des réponses nouvelles. Pour cela, il nous faut être plus créatifs et innovants.
Alors comment créer des modèles plus complexes qui rendront l’existence meilleure ? Il nous faut développer notre intelligence pour pouvoir mieux appréhender l’existence et imaginer de meilleures façons de préserver la vie. Voilà pourquoi créer de nouvelles formes de vie est une bonne chose : aller de l’avant est quelque chose de naturel. Il faut se garder de la tentation de privilégier le court-terme qui favorisent des mécaniques de domination d’un individu sur l’autre, d’une culture sur l’autre ou d’une nation sur l’autre. La convergence de la technologie et de la biologie est nécessaire pour créer des échanges où tout le monde peut être gagnant.
Les robots peuvent-ils rendre l’humain meilleur ?
Cela devrait être notre but : comment se servir des machines et l’IA pour sauver l’humanité et la planète. Je suis fier de la manière avec lesquelles mes équipes créent des robots ou des IA pour faire le bien.
Sophia a déjà fait la promotion d’objectifs de développement durables des Nations unies. Je pense aussi que le storytelling, la bonne science-fiction, améliore la condition humaine, elle nous permet d’examiner ces sujets importants. Nous devons utiliser tous les outils à notre disposition pour sensibiliser les gens. Les deepfakes, les algorithmes comme armes de propagande de masse ou de neuro-hacking sont effrayants. C’est pour ça qu’il nous faut définir un cadre éthique pour utiliser ces outils.
Pourquoi ne pourrions-nous pas nous en emparer pour sensibiliser le monde, pour le rendre mieux informé, plus créatif ? Le neuro-hacking est perçu comme quelque chose de mauvais mais tout nouvel élément culturel ou artistique est une forme de neuro-hacking. Les bonnes idées hackent notre réalité en ouvrant de nouvelles possibilités. C’est le pouvoir de la science et du storytelling.
En 2022, il n’y a pas qu’un seul Philip K. Dick, il y en a des centaines. Peut-être qu’ils s’expriment par d’autres biais qu’à travers la littérature de science-fiction. Le risque est qu’une abondance d’information poussent des gens à revenir aux vieux paradigmes. C’est là que faire de l’exploration et de la création un jeu est très important. C’est là que Sophia trouve une raison d’être.
Couverture : ITU Pictures
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04.05.2023 à 16:24
Comment Photoshop est devenu incontournable dans les projets créatifs
Pablo Oger
La liberté au bout des doigts Des rouleaux de tissu s’entassent derrière une vitrine de la rue d’Alexandrie, dans le centre de Paris. En face de cette mercerie sans âge, petit vestige de la grande époque où, dans les années 1980, le quartier du Sentier déroulait le tapis rouge aux marchands de textile, un salon […]
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Texte intégral (1796 mots)
La liberté au bout des doigts
Des rouleaux de tissu s’entassent derrière une vitrine de la rue d’Alexandrie, dans le centre de Paris. En face de cette mercerie sans âge, petit vestige de la grande époque où, dans les années 1980, le quartier du Sentier déroulait le tapis rouge aux marchands de textile, un salon un peu spécial a ouvert ses portes en 2021. Il fait la fierté de sa fondatrice, « Lili Creuk », dont le nom est écrit en lettres gothiques sur la devanture, à quelques pas de l’arc de triomphe de la porte Saint-Denis.
À l’intérieur, un néon rose accroché au mur affiche la couleur : « Break hearts, not nails. » C’est avec ce style tout en doigté que Lili Chrétien, alias Lili Creuk, s’est fait connaître dans le monde du nail art, une espèce de haute couture de la manucure prisée par les chanteuses Cardi B, Rosalia, Rihanna ou encore Billie Eilish. Les doigts d’artistes francophones comme Angèle, Adèle Exarchopoulos et Leïla Bekhti sont passées entre ses mains, capables de transformer n’importe quels ongles en griffes et même d’y dessiner le tableau d’Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple.
À rebours de sa communication qui ne fait pas dans la dentelle, la jeune femme aux bras couverts de tatouages s’arme d’un rare sens du détail lorsqu’il s’agit d’étaler du vernis sur quelques millimètres carrés. Cela requiert évidemment un certain niveau d’abstraction, mais Lili Creuk n’avance pas à l’aveugle. Elle se sert d’Adobe Photoshop pour réaliser ses croquis et voir ce qu’une idée peut donner au bout des doigts. « Ça me fait gagner du temps et ça me permet d’être plus précise », vante-t-elle.
Avec une palette qui a grandi au fil des versions, le logiciel créatif a conquis des utilisateurs aux profils variés. Loin d’être l’apanage des graphistes, il séduit désormais quantité de rêveurs dont le cœur de métier n’est pas nécessairement lié au numérique. On peut notamment penser au restaurateur Julien Pham, toujours prêt à donner de nouvelles identités visuelles aux tables qui font appel à son agence, Phamily First. Ce passionné de cuisine de 39 ans figure d’ailleurs aux côtés de Lili Creuk sur le site Horizons Créatifs, une plateforme vidéo conçue comme une mini-série Netflix pour mettre en avant ceux qui donnent corps à leur imagination à l’aide de Photoshop.
Les épisodes présentent à la fois leur travail et les outils qu’ils manient au quotidien. « Photoshop va me proposer des associations de couleurs auxquelles je n’aurais peut-être jamais pensé », se réjouit Julien Pham, pour qui jouer avec les teintes est essentiel. D’autres capsules font la part belle aux artistes qui passent l’essentiel de leur temps sur ordinateur. « Il n’y a pas un jour où je n’ouvre pas Adobe Photoshop », réalise Koria, un photographe et directeur artistique parisien qui vient de mettre les footballeurs Kylian Mbappé, Neymar et Antoine Griezmann devant son objectif, après avoir tiré le portrait des rappeurs SCH, Niska ou Gradur. « C’est un logiciel qui ne me quitte jamais. »
Sa force vient de sa plasticité. L’application créative d’Adobe peut aussi bien être manipulée par des professionnels de haute volée que pris en main par des amateurs complets. Cette ouverture au grand public est dans son ADN. Car avant de donner le verbe « photoshoper », il a été conçu pour le fun.
Génération Photoshop
Avant de se servir de Photoshop dans son salon de la rue d’Alexandrie, Lili Creuk l’a souvent utilisé pour s’amuser, préférant enchaîner les croquis que de réviser ses cours. Le logiciel est un formidable moyen de procrastiner. C’est d’ailleurs comme ça qu’il est né. À l’automne 1987, un doctorant de l’université du Michigan trouve un bon moyen de ne pas avancer sur sa thèse. Pour aider son frère, qui travaille pour l’entreprise de George Lucas Industrial Light and Magic (ILM), Thomas Knoll imagine un programme capable d’afficher des nuances de gris sur l’écran noir et blanc de son Macintosh. Il donne ainsi naissance à Photoshop, dont la première version est mise en vente le 19 février 1990.
Trois millions de copies sont écoulées en dix ans. « Photoshop est très vite devenu un élément à part entière de la culture informatique », pointe le journaliste du Guardian Charles Arthur. Le logiciel est désormais incontournable.
« Je suis de la génération internet », situe le photographe Koria, qui était adolescent à la fin des années 1990. « J’ai commencé à naviguer à 14-15 ans et on parlait tous de Photoshop. » Le phénomène finit par atteindre l’université, qui est après tout son lieu de naissance. « Je me suis mis à utiliser Photoshop pendant mes études », se souvient Lili Creuk, diplômée en 2016. « J’étais aux Beaux-Arts et on avait des cours sur Adobe Photoshop à l’école. C’était un outil qu’on devait savoir maîtriser. » La norme n’est plus simplement de grandir avec internet mais aussi avec Photoshop.
Beaucoup d’utilisateurs font leurs premiers pas dans leur coin. « J’ai commencé pendant le premier confinement », pose Robin.lrdr, un designer textile mis à l’honneur sur le site Horizons Créatifs. Cet homme de 26 ans est spécialisé dans l’upcycling, une pratique qui consiste à confectionner des pièces de mode haut de gamme avec des vêtements de récupération. N’ayant pas à disposition ces mètres de textile qui encombrent la vitrine située en face du salon de Lili Creuk, il fait des essais sur Photoshop. « Je recrée mon tissu, je le place sur mes dessins techniques et je vois à quoi ça ressemble », décrit-il. « Si ça donne bien, je me lance ensuite dans la création. »
La designer de mode Marianna Ladreyt ne procède pas autrement. « C’est bien pour pouvoir avoir une vision dans la réalité de ce qu’il se passe dans ta tête créativement et du coup transmettre un message plus clair que si c’était un dessin sans matière », souligne-t-elle. Le champ des possibles est d’ailleurs de plus en plus étendu. En mars 2023, Adobe a lancé Adobe Firefly, un nouvel ensemble de modèles d’IA génératives dédié à la création, capable de créer des images à partir du texte qu’on lui donne. Ses compositions sont sans fin. « Pour moi l’avantage de Photoshop c’est qu’il n’y a pas de limite », synthétise Lili Creuk. « On peut tout faire avec et je pense que c’est vraiment chouette parce que ça touche à plein de domaines. »
Depuis son salon du deuxième arrondissement de Paris, la nail artist se prend à imaginer un avenir inattendu. « Même si demain je changeais complètement de carrière et que je devenais, je ne sais pas, cuisinière, je pourrais toujours trouver une façon de m’en servir. » Le restaurateur Julien Pham en sait quelque chose : Photoshop peut être mis entre toutes les mains.
Découvre le parcours de cinq créateurs qui ont utilisé Photoshop pour réaliser leurs projets les plus fous sur Horizons Créatifs !
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17.04.2023 à 14:55
La Troisième Guerre mondiale va-t-elle commencer à Taïwan ?
Ulyces
14 mars 2022. Le ministère de la Défense taïwanais est en alerte. La matinée vient à peine de s’achever, et déjà, treize avions militaires chinois ont pénétré la zone d’identification de défense aérienne de l’île. Taïwan est coutumière de ces démonstrations de force. La petite île, qui porte aussi le nom de République de Chine […]
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Texte intégral (3636 mots)
14 mars 2022. Le ministère de la Défense taïwanais est en alerte. La matinée vient à peine de s’achever, et déjà, treize avions militaires chinois ont pénétré la zone d’identification de défense aérienne de l’île. Taïwan est coutumière de ces démonstrations de force. La petite île, qui porte aussi le nom de République de Chine (RDC) depuis que s’y sont installés des dissidents chinois en exil en 1949, souhaite que son indépendance soit reconnue mondialement. Mais la République populaire de Chine (RPC) la voit toujours comme l’une de ses provinces. Taïwan n’a pourtant jamais été gouvernée par sa grande voisine, ce qui fait dire à quelques États membres de l’ONU – 14 sur 192 – qu’elle est un État indépendant – avec son propre gouvernement, ses frontières et sa souveraineté.
Chaque jour ou presque, le site du ministère égrène le type et le nombre d’avions envoyés par le gouvernement chinois pour tester son espace aérien. Pour faire face à toute éventualité, les appareils qui y entrent doivent être rapidement identifiés, localisés et contrôlés. Mais depuis deux ans, la Chine met une telle pression – 969 violations comptabilisées pour la seule année 2021, selon une base de données de l’AFP ; du jamais-vu – que le matin même, un avion taïwanais s’est abîmé en mer de Chine lors d’un entraînement de défense. C’est le sixième depuis 2020… Si l’accident n’a pas fait de victime, deux autres pilotes ont péri par le passé, et trois n’ont jamais été retrouvés.
Ces incidents font craindre une escalade dans le conflit entre la République populaire de Chine et Taïwan. D’autant que les principaux intervenants ne semblent pas disposés à faire la moindre concession. « Il n’y a qu’une seule Chine dans le monde, et Taïwan est une partie inaliénable de son territoire », a ainsi tenu à rappeler Zhao Lijian, l’un des porte-paroles du ministère des Affaires étrangères chinois, en conférence de presse dans l’après-midi du 14 mars. Il s’est ensuite adressé aux États-Unis, principaux soutiens de l’île : « Nous avertissons formellement le gouvernement américain : jouer la “carte de Taïwan”, c’est comme jouer avec le feu. »
La menace fait écho à l’engagement formulé par Joe Biden, le 21 octobre 2021, de défendre l’île militairement s’il le fallait. Un engagement renouvelé et réaffirmé le 23 mai 2022 lors d’une visite au Japon, pendant laquelle le président américain a déclaré que les États-Unis « seraient forcés d’engager la force militaire si la Chine venait à envahir Taïwan ». La situation politique entre la Chine et Taïwan crée dans l’esprit des observateurs un parallèle avec la situation actuelle en Ukraine, où la guerre lancée par la Russie de Vladimir Poutine fait rage, depuis le 24 février dernier. L’invasion du voisin russe pourrait inspirer à la Chine des velléités guerrières. De quoi réveiller la crainte d’un possible conflit généralisé.
Instabilité
Taïwan a une histoire complexe. L’île a connu de nombreux changements successifs de gouvernance. Colonisée par les Espagnols dès 1626, la “Belle Île” est passée aux mains des Néerlandais, puis des Chinois de la dynastie Qing, avant d’être finalement cédée à l’empire du Japon, en 1895. Défaits en 1945, les Japonais remettent Taïwan à l’ONU, qui confie à son tour la stabilisation de l’île à la République de Chine (RDC) gouvernant le continent voisin à l’époque. En 1949, la victoire des communistes de Mao Zedong et la création de la République populaire de Chine (RPC) transforment le statut de l’île : deux millions de dissidents de la RDC s’y réfugient, rejoignant les populations natives ; et s’en emparent.
Le soutien des États-Unis date de cette période : en 1950, la guerre de Corée les décide à protéger l’île d’un possible débarquement communiste, en interposant leur flotte. Les américains continuent de reconnaître le régime en place comme étant le seul légitime jusqu’en 1979, date à laquelle ils transfèrent leur ambassade à Pékin et retirent leurs forces de Taïwan. En contrepartie, le Congrès américain vote le Taiwan Relations Act, une loi délibérément ambiguë visant à empêcher une déclaration d’indépendance unilatérale de Taïwan, ou au contraire, une annexion de l’île par la Chine. Bien qu’elle ne garantisse pas l’intervention militaire américaine en représailles d’une invasion, elle autorise Washington à fournir à l’île des moyens de se défendre contre une réunification forcée.
Xi Jinping, arrivé au pouvoir en 2013, a rendu plus agressive la posture de la Chine vis-à-vis de Taïwan. Comme Vladimir Poutine, il a la volonté farouche de restaurer la grandeur d’un ancien empire qui aurait été dépossédé de ses terres. Par la force, s’il le faut. Dans son discours à la nation russe du 21 février, annonciateur de l’invasion en Ukraine à venir, le chef du Kremlin a d’ailleurs commencé son allocution par des mots très proches de ceux qu’emploie régulièrement le gouvernement chinois : « Pour la Russie, l’Ukraine n’est pas seulement un pays voisin, c’est une partie indivisible de notre histoire, de notre culture, de notre espace spirituel. »
Avec une différence notable, qui a gêné la Chine lors de sa déclaration de soutien à la Russie, face à l’Occident : en fin de discours, Vladimir Poutine a reconnu l’indépendance et la souveraineté des États sécessionnistes ukrainiens de Donetsk et de Louhansk, alors même que la République populaire s’oppose, elle, à l’indépendance taïwanaise. Cette nuance contraint Pékin à endosser un rôle d’équilibriste, au lendemain de l’offensive lancée par Poutine. Le gouvernement chinois refuse de parler d’invasion et souligne sa « compréhension » des inquiétudes russes pour leur sécurité territoriale. Mais il se garde bien de soutenir l’intervention. « La Chine s’est volontairement mise en retrait pour analyser la gestion russe de l’opération et la réponse des Occidentaux », résume Marc Julienne, chercheur et responsable des activités Chine à l’Institut français des relations internationales (IFRI). « Elle a été surprise du soutien massif à l’Ukraine et des mesures de rétorsion très fortes contre la Russie, mais cela lui permet d’anticiper de futures sanctions financières en cas de reprise armée de Taïwan. » Autrement dit, ses objectifs vis-à-vis de l’île restent inchangés.
Rôle essentiel
Car au-delà des prétentions géographiques et historiques, Taïwan, comme l’Ukraine, a une réelle importance stratégique et économique. Ce n’est pas un hasard si les deux territoires cristallisent les tensions entre le “bloc de l’Est”, mené par la Chine et la Russie, et le “bloc de l’Ouest”, dirigé par les États-Unis, adversaire commun des deux superpuissances. L’Ukraine est un couloir naturel entre l’Eurasie et l’Europe de l’Ouest. Elle offre un accès privilégié à la mer Noire et permet au gaz russe d’être acheminé vers l’Ouest par gazoduc. Et si Taïwan semble n’être qu’un petit territoire perdu en mer de Chine méridionale, l’île est bien plus que cela.
« Dans le bassin Indo-Pacifique, Taïwan est fondamental », souligne Yann Roche, président de l’Observatoire de géopolitique de la Chaire Raoul-Dandurand, à Montréal. « C’est la clé pour sortir du littoral chinois en évitant les territoires des alliés des États-Unis. » Dans cette zone géographique qui comprend l’océan Indien et la partie occidentale de l’océan Pacifique, le géant asiatique est en effet bien seul. Au Sud, les Philippines, l’Indonésie et la Malaisie bloquent le passage. À l’Est, le Japon et la Corée du Sud, alliés traditionnels de Washington, occupent l’espace. Cette “première chaîne d’îles” l’empêche de patrouiller dans l’océan Pacifique et de menacer les côtes américaines de ses sous-marins nucléaires. Pour la Chine comme pour les États-Unis, Taïwan fait donc figure de passage géo-stratégique essentiel.
Le petit État a d’autres atouts. Économiquement, c’est l’une des plus grandes puissances d’Asie. C’est surtout le principal producteur de semiconducteurs – des composants électroniques – dans le monde, et de loin. L’île fabrique environ 70 % de ces puces indispensables à la production de tout objet électronique, des smartphones au matériel médical. Le marché est prospère ; il représentait 583 milliards de dollars (environ 530 milliards d’euros) en 2021, selon l’entreprise américaine de conseil et de recherche Gartner. Au point que certains pays d’Europe – Allemagne et France en tête – sont entrés en discussion avec Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), la plus importante fonderie de semiconducteurs de l’île, pour que celle-ci implante des usines sur le vieux continent.
Les États-Unis aussi s’intéressent de près à ce secteur de l’industrie taïwanaise. Car le marché peut provoquer des fluctuations économiques importantes dans les domaines technologiques. Dès 2020, un ralentissement de la production dû à la pandémie de Covid-19 avait entraîné une pénurie des puces. La fabrication de certains produits, comme les cartes graphiques ou les voitures, avait été réduite ou stoppée, et leurs prix s’étaient envolés. Un levier de pression très utile que la Chine perdrait si l’indépendance de l’île, couplée à un rapprochement des États-Unis et de l’Europe, était actée. À l’évidence, Xi Jinping est résolu à récupérer ces avantages, lui qui appelle régulièrement à la « réunification complète de la patrie ». Quitte à ce qu’en mer de Chine méridionale, la tension reste à son comble.
Conflit international
« Seul un engagement militaire massif des États-Unis pourrait, en cas de guerre, sauver l’île », juge Jean-Pierre Cabestan, auteur du livre « Demain la Chine, guerre ou paix ? » Mais de l’autre côté de l’océan Pacifique, le colosse américain a perdu de sa superbe. Les interventions successives à l’étranger – comme en Irak ou en Afghanistan –, souvent impopulaires et ratées, ont écorné son image aux yeux du monde. « Le passé a prouvé que malgré leur impressionnante puissance militaire, il restait difficile pour les États-Unis de gagner des guerres terrestres », analyse Yann Roche. Et le mandat de Donald Trump à Washington a amplifié la volonté, chez les Républicains notamment, « d’arrêter d’être les protecteurs du monde aux frais de la nation. » Le pays de l’Oncle Sam semble douter, et ses prises de positions timorées lors de l’invasion de l’Ukraine ne sont pas pour rassurer ses alliés. Il n’est pas dit que Joe Biden arrive à un consensus total du Congrès en faveur d’une option militaire, si le conflit à Taïwan dégénérait.
Pour autant, l’actuel locataire de la Maison-Blanche continue d’assurer Tsai Ing-wen, la présidente taïwanaise, du soutien de son pays. Depuis sa promesse du 21 octobre de défendre l’île militairement face à la Chine, sa position et son discours n’ont pas changé. Ils ont même été renforcés par la récente déclaration du 23 mai, lors de sa visite au Japon. La crise ukrainienne a même raffermi les liens entre Washington et Taipei, confirmant l’allié américain dans son rôle de plus important soutien de l’île à l’international. En Europe, le discours du président n’avait pas été le même. Biden avait assuré, dès le début de l’attaque russe, ne pas vouloir faire intervenir son armée. Du moins, tant que Poutine « ne s’installe pas dans les pays de l’OTAN ». Preuve s’il en est que l’intérêt stratégique des États-Unis se trouve ailleurs.
Et raison de plus, pour la Chine, de s’agacer de cette alliance. Elle exprime fréquemment « son vif mécontentement » pour ce qu’elle considère être « de l’ingérence dans ses affaires intérieures ». Au point de multiplier les passages de ses porte-avions dans les eaux du détroit de Taïwan, qui sépare l’île de la Chine continentale. Le jeu est risqué pour les deux camps : en mer de Chine méridionale, les américains mènent eux aussi des « Opérations pour la liberté de la navigation », les Fonops (Freedom of navigation Operations). Leurs navires de guerre parcourent la zone maritime, s’appliquant à « exercer et faire respecter les droits et libertés de navigation à l’échelle mondiale », comme le rappelle le département d’État nord-américain. À force d’intimidation et de provocations de part et d’autre, le risque d’accrochages ou d’affrontements accidentels augmente.
Le début d’un conflit plus étendu, aussi. « Si les deux superpuissances mondiales venaient à s’engager militairement, de nombreux pays suivraient », pressent Marc Julienne. À commencer par le Japon et l’Australie, membres du Quad, une alliance militaire dont les États-Unis et l’Inde font aussi partie ; ou la Corée du Sud. Le Premier ministre australien, Scott Morrison, a abordé frontalement le sujet, le 3 mars, au sortir d’une de leurs réunions virtuelles : « On ne peut pas autoriser que ce qui se passe en Ukraine puisse un jour se produire dans l’Indo-Pacifique. » Dans l’hypothèse d’un conflit, la réponse sera internationale.
Dans ces conditions, il paraît peu probable que Pékin lance une opération militaire à Taïwan dans l’immédiat. La Chine a peu d’alliés, le plus important d’entre eux étant déjà sur le front de guerre en Ukraine. Difficile d’imaginer l’Iran, le Pakistan ou la Corée du Nord peser dans une guerre qui serait mondiale, même si les deux derniers possèdent l’arme nucléaire et que Pyongyang a repris ses tirs de missiles balistiques intercontinentaux le 24 mars dernier – une première depuis 2017. Et ces partenariats sont encore loin des alliances américaines, qui impliquent des clauses de défense mutuelle, et des accords de bases et de manœuvres militaires conjointes. Elle-même manque de ravitailleurs en vol et de bateaux amphibies pour transporter ses véhicules militaires.
Mais la Chine se prépare, elle modernise et renforce son armée. Tout au long des années 2000, elle n’a eu de cesse d’augmenter son budget de la défense – près de 10 % supplémentaires chaque année, en moyenne, comptabilise le géopolitologue Pascal Le Pautremat dans la Revue Défense Nationale. Ce qui a fait dire au général Mark Milley, chef d’État-Major des armées américaines, lors de son audition au Congrès du 17 juin 2021, qu’il tablait sur une fin des préparations chinoises à l’horizon 2027-2035. « Le ministre de la Défense taïwanais, Chiu Kuo-cheng, prévoit même une possibilité d’invasion “totale” de l’île d’ici 2025 », acquiesce Marc Julienne, avant de s’exclamer : « En terme d’horizon stratégique, autant dire que c’est demain. » D’ici là, il est fort probable que la Russie aura fini sa campagne ukrainienne, dont on se rappellera peut-être, qui sait, qu’elle a été le premier acte du basculement du monde vers une troisième grande guerre.
Couverture : Reuters
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22.03.2023 à 13:14
Tragédies en série et folie meurtrière : la vérité sur la malédiction des Power Rangers
Pablo Oger
Samedi dernier, Jason David Frank, pratiquant d’arts martiaux et « force verte » de la série Power Rangers, est retrouvé sans vie à son domicile. L’enquête suggère un suicide. « Il était une source d’inspiration pour tant de personnes. Sa présence nous manquera énormément. C’est si triste de perdre un autre membre de notre famille de […]
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Texte intégral (2947 mots)
Samedi dernier, Jason David Frank, pratiquant d’arts martiaux et « force verte » de la série Power Rangers, est retrouvé sans vie à son domicile. L’enquête suggère un suicide. « Il était une source d’inspiration pour tant de personnes. Sa présence nous manquera énormément. C’est si triste de perdre un autre membre de notre famille de Rangers », a déclaré Walter Jones, qui jouait le rôle du Ranger noir dans la série. Ce n’est malheureusement pas la première fois que le casting de Power Rangers perd l’un de ses membres.
Dans la nuit du 3 septembre 2001, sur l’autoroute séparant San Francisco de Los Angeles, les roues d’une voiture heurtent le gravier le long de la route. La conductrice perd soudainement le contrôle et le véhicule fait un violent écart, fonçant droit dans la paroi rocheuse qui borde l’autoroute. Après plusieurs tonneaux, la voiture traverse la chaussée, finissant sa course contre un second mur de pierre. À son bord, trois jeunes femmes se trouvent dans un état critique. Deux d’entre elles sont sauvées par les secouristes, mais Thuy Trang, 27 ans, meurt avant d’arriver à l’hôpital.
Quelques années avant sa mort tragique, l’Américaine originaire du Vietnam débutait sa carrière d’actrice. Et pour son premier rôle important, elle incarnait Trini Kwan, la Ranger jaune de la série originale Mighty Morphin Power Rangers. À ses funérailles, les autres Rangers sont venus lui rendre hommage.
« Je me souviens que Thuy était toujours blessée sur le plateau », racontait plus tard le Ranger vert Jason David Frank. « Elle se donnait à fond, alors parfois il lui arrivait des bricoles. Je me souviens qu’on a souvent dû la porter à cause de ses blessures. Elle était toujours positive et donnait le meilleur d’elle-même. »
Ensemble dès le jour du casting, les deux jeunes acteurs s’entendaient à merveille. Mais Jason n’a pas pu assister aux funérailles de son amie, car il s’occupait encore des affaires de son grand frère Erik Frank, décédé lui aussi quelques mois plus tôt. Ce dernier avait failli décrocher le rôle du Ranger doré. Ces deux disparitions ne représentent qu’une fraction des tragédies qui ont frappé les acteurs de la série. Ce qui fait murmurer à Internet qu’ils ont été les victimes d’une bien étrange malédiction : la malédiction des Power Rangers.
Série noire
Peu de gens le savent, mais Erik Frank a fait ses débuts dans la franchise derrière la caméra. Il est ensuite passé sous les projecteurs, pour devenir le frère perdu du personnage de Tommy Trueheart, interprété par son petit frère dans la série originale, puis dans Power Rangers : Zeo. L’essai avait été concluant, et Erik aurait dû rejoindre le casting permanent pour de futures saisons. Malheureusement, il a succombé à une maladie le 16 avril 2001 à l’âge de 29 ans, sans que son frère Jason ne souhaite donner plus de précisions. La nouvelle a bouleversé les fans de la série, qui espéraient voir le duo réuni à nouveau. Des années plus tard, l’acteur soulignait encore le manque laissé par la tragédie, dans sa vie comme dans l’univers des Power Rangers.
Le 25 mai 2017, Jason a cru à son tour que sa fin était venue. Alors qu’il participait à la Comic-Con de Phoenix, l’acteur a été la cible d’un homme en tenue de Punisher, le justicier ultra-violent de l’univers Marvel. L’assaillant était armé d’un fusil à pompe, de trois pistolets, de shurikens et d’un couteau de combat. Il a finalement été maîtrisé par la police avant d’avoir pu approcher le Ranger vert. Sur son téléphone, le suspect avait un rappel pour le jour-même indiquant : « Tuer JDF. »
Quatre ans plus tard, Jason David Frank se porte bien. Sa carrière d’acteur a beau être au point mort, à l’exception du tournage du fanfilm Legend of the White Dragon, il a au moins la vie sauve. Au vu du nombre de malheurs qui se sont abattues sur la saga télévisée, ce n’est pas rien.
Ainsi le 11 mai 2019, l’acteur Pua Magasiva s’est suicidé dans une chambre d’hôtel de Wellington. Ses fans sous le choc ont alors appris la dure vérité sur le Ranger rouge de Power Rangers Ninja Storm. La veuve de Pua a révélé toute l’horreur de sa relation abusive avec l’acteur, aboutissant à une agression brutale contre elle la nuit de sa mort.
Alors que les réseaux sociaux du couple laissaient penser qu’ils vivaient une romance digne d’un conte de fées, elle et sa fille vivaient dans la peur de la violence et des abus émotionnels. Elle a déclaré avoir été victime à trois reprises de commotions cérébrales sous les coups du Ranger, qui aurait aussi menacé de faire du mal à sa fille Laylah. Quelques minutes avant sa mort, l’acteur l’a attaquée dans une rage ivre, lui a cogné la tête contre une table et l’a laissée inconsciente et en sang. Lorsqu’elle a repris connaissance, Pua était mort.
D’autres acteurs de la série ont pour leur part succombé à des maladies à un jeune âge. Dix-neuf ans plus tôt, en 2000, Bob Manahan, qui était au casting des quatre premières séries, est mort d’une crise cardiaque. La voix de Zordon, le mentor des Rangers, s’est pour sa part éteinte à l’âge de 44 ans. Son collègue Bob PapenBrook, qui disait les répliques de Rito Revolto, un des super-vilains, est quant à lui décédé d’une maladie pulmonaire chronique en mars 2006, à tout juste 50 ans. Quelques mois plus tard, c’était le tour d’Edward Albert. Après avoir tenu le rôle M. Collins dans Time Force, il est décédé à 55 ans d’un cancer du poumon. Et la liste est encore longue.
L’acteur Richard Genelle est mort deux ans après à l’âge de 47 ans. Le comédien qui incarnait Ernie, un allié des Power Rangers jusque dans la troisième série, a succombé à une crise cardiaque le 3 décembre 2008. Puis, quatre ans après sa première apparition en tant que Ranger blanc, ce fut au tour de Peta Rutter d’apprendre qu’elle avait une tumeur au cerveau. Elle s’est alors rapidement affaiblie, et a fini par perdre son combat le 20 juin 2010. Elle n’avait que 51 ans.
Ces trop nombreuses coïncidences tragiques ont ancré dans la tête d’une partie des fans que la franchise était victime d’une malédiction. Sa manifestation la plus effroyable (et grotesque) est sans conteste l’affaire du Power Ranger rouge.
Red Is Dead
Mais avant d’en venir à l’histoire macabre du Ranger rouge, notons qu’un autre acteur aperçu dans la série originale a été impliqué dans une sordide histoire. Lorsqu’il avait 14 ans, en 1994, Skylar Julius Deleon est apparu dans l’épisode « Seconde Chance ». Puis au début des années 2000, l’ancien enfant acteur est l’auteur d’une série de meurtres horribles. Aujourd’hui âgé de 41 ans, il est emprisonné dans le couloir de la mort, condamné à l’injection létale.
En 2009, il avait été arrêté pour le double homicide de Thomas et Jackie Hawks. Cherchant à acquérir un yacht, il est entré en contact avec le couple. Pour les convaincre de sa bonne foi, il leur a même présenté sa femme et sa fille d’un an. Lors d’une sortie suivante, l’acteur et deux complices ont maîtrisé le couple et les ont forcés à céder la propriété du bateau. Ils ont ensuite attaché le vieux couple à l’ancre, avant de les jeter dans l’océan Pacifique. Leurs corps n’ont jamais été retrouvés.
Skylar a également été reconnu coupable du meurtre de John Jarvi, en 2003. Il avait rencontré l’homme en prison, après avoir été arrêté pour cambriolage. Mais pour ne pas lui rembourser les 50 000 dollars qu’il lui avait empruntés, il a décidé de l’égorger et de laisser son corps au bord d’une route mexicaine. Un triple homicide sans lien avec la série, sinon sa brève apparition dans le show des années plus tôt. Ce n’est pas le cas de Ricardo Medina.
L’acteur Ricardo Medina Jr., qui a joué le Ranger rouge dans plusieurs séries Power Rangers, s’est lui aussi rendu coupable d’un meurtre violent. Le soir du Nouvel An 2015, il a brutalement assassiné son colocataire avec une réplique de l’épée de Conan le Barbare. L’acteur a d’abord affirmé qu’il avait agi en état de légitime défense. Mais il a finalement accepté de plaider coupable d’homicide volontaire plutôt que de risquer une condamnation à perpétuité.
Selon la police, Medina et sa petite amie étaient dans leur chambre quand Joshua Sutter est entré de force. L’acteur l’a alors poignardé avec la lame qu’il gardait derrière sa porte. Mais la version du comédien n’a pas semblé assez convaincante. « Il a choisi de tuer mon frère au lieu des nombreuses options que toutes les personnes rationnelles auraient prises », a déclaré la sœur de Sutter, devant le tribunal. « Il a choisi de tuer pour prendre une vie. »
Coïncidence macabre, les épées étaient l’arme de choix du personnage de Medina dans Power Rangers Samurai, de 2010 à 2012. Ricardo Medina Jr. a finalement écopé de six ans de prison et devrait être libéré cette année.
La rançon d’être un Ranger
Selon toute probabilité, cette collection de drames est totalement fortuite et ils sont si divers que leurs causes le sont aussi. Mais ils attirent l’œil sur un univers professionnel ultra-exigent et plein de désillusions, qui a pu favoriser certaines tragédies. Car être un Power Ranger n’est pas qu’une partie de plaisir, et l’implication demandée aux acteurs est pointée du doigt. Pour intégrer le show, les Rangers se devaient d’être des athlètes accomplis, ainsi que des experts des arts martiaux. Et il leur a fallu garder cette forme physique des années durant.
Il n’était d’ailleurs pas rare que des acteurs se blessent, à l’image de Thuy Trang. Selon certains témoignages, les conditions de travail étaient parfois à la limite de l’acceptable, et le rythme infernal. « Je rentrais à la maison et je tombais de sommeil, donc je ne retournais pas les appels manqués et certaines personnes ont pensé que j’avais changé », confie le Ranger noir Walter Emanuel Jones. La première saison de la série originale comprenait à elle seule 60 épisodes. Une première année de tournage dont Austin St. John se souvient parfaitement.
« Nous avons tellement enchaîné la première année. Du lundi au vendredi, tournage. Il faisait encore nuit quand on commençait, et il faisait nuit quand on finissait. Le samedi, on était appelés pour faire la voix off. Le dimanche, j’étais généralement si fatigué que j’allais juste à la salle pour m’entraîner, puis je rentrais chez moi pour me détendre. Je ne suis pas sorti pendant près d’un an. Nous avons finalement eu une semaine de congé pour Noël. J’ai dormi une journée entière pour essayer de retrouver mon énergie. À 19 ans, tu ne devrais pas avoir à faire ça ! »
En plus de leurs journées surchargées, les jeunes acteurs se sont soudain retrouvés sous les projecteurs. La première génération de Rangers n’y était absolument pas préparée. « Nous n’avions vraiment aucune idée de ce qui allait se passer », révèle le Ranger bleu David Yost. La première fois qu’Austin St. John est rentré dans un centre commercial, il a même dû être évacué par la sécurité. Cette soudaine célébrité n’a pas simplifié la vie des comédiens, ajoutant une forte pression sur leurs épaules. « Je l’ai trouvé incroyablement écrasante », se rappelle pour sa part Amy Jo Johnson, la Ranger rose.
Être un Power Ranger n’était donc pas une partie de plaisir, mais poursuivre une carrière d’acteur après ça était encore plus complexe. Parmi ceux et celles qui s’y sont essayés, très peu ont réussi à sortir du lot. Walter Jones a bien fait quelques apparitions dans des séries à succès, mais toujours pour des rôles mineurs. Pour la plupart des Rangers, la fin de leur rôle dans la série était synonyme de fin de carrière. Il est possible que toucher son rêve du bout des doigts, puis se le voir refuser, ait pu créer de la frustration chez certains membres du casting.
Sans compter que toutes ces années de dévouement n’ont pas payé. Les acteurs gagnaient si peu que, même pendant qu’ils travaillaient, Austin et Walter (les Rangers rouge et noir) partageaient un appartement avec plusieurs cascadeurs. « C’était un show non-syndiqué », raconte le premier leader de la troupe. De fait, aucun des acteurs ne touchait la moindre compensation pour le merchandising de la série, qui était estimé à environ un milliard de dollars.
Au milieu de la deuxième saison, les conditions étaient telles que la moitié des Rangers a décidé de quitter la série. Amy Jo Johnson a par la suite regretté qu’elle et les autres membres du casting ne se soient pas joints aux démissionnaires. Tous ensemble, ils auraient sans doute obtenu de meilleurs contrats, et abouti à un résultat différent.
Malgré tous ces déboires, la franchise continue de se réinventer, et une nouvelle génération de Rangers a vu le jour avec la série Dino Fury, sortie en février. Quant aux acteurs passés, ils continuent d’endosser leur rôle pour participer à des rassemblements de fans. Des admirateurs du monde entier leur envoient encore des lettres pour les remercier d’avoir été une source d’inspiration. « Leurs histoires m’ont montré combien Power Rangers a aidé des enfants qui avaient juste besoin de se sentir en sécurité. C’est vraiment cool d’en avoir fait partie », confie l’ex Ranger rose. Même sans malédiction, devenir un Power Ranger aura inévitablement changé la vie de ces acteurs.
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03.11.2022 à 18:00
Comment Migos a marqué la pop culture
Nicolas Prouillac
Takeoff est mort à 28 ans. C’est avec cette information que les fans et acteurs du milieu du rap se sont réveillés mardi matin, choqués et émus par la nouvelle. « Plus rien n’a de sens. Plus rien du tout. », a tweeté le réalisateur Cole Bennett, qui a travaillé avec Takeoff sur plusieurs clips. […]
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Texte intégral (5485 mots)
Takeoff est mort à 28 ans. C’est avec cette information que les fans et acteurs du milieu du rap se sont réveillés mardi matin, choqués et émus par la nouvelle. « Plus rien n’a de sens. Plus rien du tout. », a tweeté le réalisateur Cole Bennett, qui a travaillé avec Takeoff sur plusieurs clips.
De son vrai nom, Kirshnik Khari Ball, Takeoff a été assassiné au 810 Billiards & Bowling, au 1201 San Jacinto Street, à Houston, lors d’une soirée privée organisée le soir d’Halloween. Une altercation a éclaté entre Quavo et un individu non identifié à propos d’une partie de dés. « À 2 h 34 du matin, des officiers ont reçu un appel pour une fusillade en cours », raconte le chef de la police de Houston Troy Finner. Si Quavo n’a pas été blessé, Takeoff a pris deux balles perdues, dont une dans la tête qui a causé sa mort. « J’ai reçu de nombreux appels de Houston et de l’extérieur et tout le monde m’a dit que c’était un super garçon, qu’il était pacifique. Quel grand artiste. », ajoute Finner.
Un grand artiste en effet qui a marqué le monde de la musique et la pop culture accompagné de son oncle Quavo et de son cousin Offset. Retour sur le phénomène Migos, de son ascension à sa chute.
Le temps semble suspendu dans les montagnes de Santa Monica en cet après-midi de printemps. La température avoisine les 25°C sous le soleil californien, et pas un nuage ne vient encombrer l’azur où planent des buses en quête de gourmandises à se mettre sous le bec. En contrebas, Calabasas somnole. C’est l’heure de la sieste dans les collines arides qui servent d’enclave à The Oaks, la résidence surveillée la plus hype d’Amérique. Drake, Kanye West, J-Lo et la famille Kardashian y ont tous élu domicile, se cloîtrant dans d’exubérantes villas où s’entassent voitures de sport et piscines turquoise. C’est aussi là que vit Justin Bieber, dans une hacienda de plus de 800 m² située le long du bien nommé Prado del Grandioso.
Juste de l’autre côté de la route, dans une villa toute en colonnes et fresques d’inspiration Renaissance, on ne dort pas. La brise porte la rumeur de basses puissantes et d’un refrain entêtant, qui sourdent de l’intérieur de la demeure baroque. « Versace, Versace, Versace… Versace, Versace, Versace… »
Les rappeurs de Migos sont ici pour tourner le clip d’un morceau qui deviendra rapidement iconique, après que Drake en fera un remix au mois de mai 2013 et qu’il servira d’hymne aux défilés de la maison de haute couture italienne. Mais pour l’heure, nous sommes le 9 avril et Drake est loin d’ici, accaparé par l’enregistrement de son album Nothing Was the Same. Quavo et Takeoff répètent un plan inspiré de La Cène, accompagnés du producteur du morceau Zaytoven.
Pour « Versace », le réalisateur Gabriel Hart, autoproclamé « The Video God », a vu les choses en grand. « On ne pouvait pas faire un clip de tier-quar pour parler de Versace », raconte-t-il. « La mode a fait un come-back en force dans le hip-hop, grâce à la jeune génération. » C’est pourquoi le groupe a fait le voyage depuis Atlanta, en Géorgie, pour passer une journée dans le décor de rêve qu’offre le havre ultra-sécurisé des icônes de la pop culture américaine. Pour remplir ses cadres de délices, Hart entasse devant la caméra une vingtaine de mannequins de l’agence NEXT, de magnifiques ensembles et parures Versace, des liasses de billets, des bouteilles de vodka fluorescentes importées de France, et un guépard… pour le panache.
Sorti en septembre de la même année, le clip fait un carton – il compte plus de 20 millions de vues sur YouTube – et marque le début de l’ascension de Migos vers le succès. La propriétaire de la villa, dont la ressemblance avec Donatella Versace frappe le réalisateur, fait une brève apparition dans le clip : l’illusion fonctionne et la presse s’emballe. « Pourquoi on ne pourrait pas vivre dans des châteaux et être acceptés par tout le monde ? » interroge Gabriel Hart. « Moi je dis qu’on peut. »
En 2013 déjà, c’était une question de culture – de cross plutôt que de clash. Aux critiques qui s’en sont pris à Miley Cyrus pour s’être appropriée la culture trap avec son album Bangerz, produit par le beatmaker d’Atlanta Mike WiLL Made-It, le vidéaste répond qu’il n’a que respect pour leur travail. Son clip lui rend hommage durant la séquence « Hannah Montana ». Depuis « Versace » jusqu’à la sortie de leur album Culture le 27 janvier dernier, l’univers de Migos n’a cessé d’infiltrer la culture contemporaine.
Mais pour y parvenir, le trio n’a fait aucune concession à la pop mainstream. En 2016, ils ont trôné au sommet du Hot 100 de Billboard avec « Bad and Boujee », pur produit de la culture trap d’Atlanta qu’ils ont réussi à globaliser.
Nawf
Quavo (Quavious Keyate Marshal), Takeoff (Kirshnik Khari Ball) et Offset (Kiari Kendrell Cephus) ont tous les trois grandi à Lawrenceville, une banlieue du comté de Gwinett située à 30 minutes au nord-est d’Atlanta. Une zone qu’on appelle généralement le Northside – le Nawf, dans l’argot du trio. Migos est une affaire de famille : Quavo est l’oncle de Takeoff, et Offset est le cousin de Quavo. Petits, ils passaient tout leur temps ensemble, à l’école comme en dehors, vivant sous le même toit chez la mère de Quavo. Ils l’appellent tous les trois maman. À l’adolescence, deux éléments déterminants viennent se greffer à la situation initiale : la drogue et le rap.
Dans les années 1990, le trafic de drogue se répand comme la peste dans les rues de la métropole d’Atlanta. Pour y faire face, la police locale crée en 1995 une unité spéciale baptisée Atlanta HIDTA, pour High Intensity Drug Trafficking Area, « zone de trafic de drogue à haute intensité ». Les organisations criminelles mexicaines sévissent dans les banlieues pauvres de la ville, profitant d’une vague d’immigration latino-américaine dans la région. Ils trafiquent la marijuana, la cocaïne, la méthamphétamine et l’héroïne par kilos dans les quartiers, installant leurs stocks, leurs points de vente et leurs réseaux dans les zones résidentielles ou industrielles les plus touchées par la misère. Les maisons abandonnées y sont légion et servent de camp de base aux dealers, qui les appellent les bandos (pour abandoned houses).
Ils dealent le jour, jamment la nuit, et se débarrassent de leur premier blase en 2010 pour se rebaptiser Migos.
Quand le trio commence à rapper en 2009, concoctant ses premiers sons dans le sous-sol de la maison de mama, le groupe se fait appeler The Polo Club. « Il y avait plein de clubs de polo à Atlanta quand on était gamins », se souvient Offset. Lui et Quavo ont 18 ans à l’époque – Takeoff a trois ans de moins qu’eux – et veulent devenir des hustlers : brasser du cash en dealant pour collectionner les filles et les belles voitures. Pour la musique comme pour la drogue, il faut commencer au bas de l’échelle. Mais dans les deux milieux, les perspectives d’avenir sont étincelantes pour qui réussit dans la région : la deuxième moitié des années 2000 sourit aux rappeurs comme aux trafiquants d’Atlanta.
D’après la DEA, les autorités ont fait main basse sur environ 70 millions de dollars liés au trafic de drogue à Atlanta en 2008 et davantage l’année suivante, surpassant toutes les autres grandes métropoles du pays. « Dans le comté de Gwinnett, les trafiquants de drogue peuvent se fondre dans le décor », explique à l’époque le procureur local Danny Porter à CNN. « Nous devons mettre en place de nouvelles tactiques pour combattre la présence de ces organisations » – à savoir les cartels mexicains de Sinaloa et du Golfe. Ils remplissent le vide laissé par une autre organisation criminelle d’Atlanta, la Black Mafia Family (BMF), qui s’était lancée dans l’industrie du hip-hop pour couvrir ses activités illégales d’un paravent doré.
Lorsqu’il est arrêté en 2008, son fondateur, Demetrius « Big Meech » Flenory, est déjà une légende urbaine. Une autre légende est en marche tandis que The Polo Club fait ses premiers pas : Gucci Mane en est à son sixième album studio et définit le son trap, le beatmaker emblématique Zaytoven à ses côtés. Les trois ados ont des exemples pour guider leurs pas, du temps et l’envie de percer d’une manière ou d’une autre. Ils dealent le jour, jamment la nuit, et se débarrassent de leur premier blase en 2010 pour se rebaptiser Migos.
« On a grandi dans un quartier avec une grande communauté latino », explique Offset. « “Migos”, c’est le nom qu’on donne aux dealers du Northside », poursuit Quavo. Contraction d’amigos, le terme est employé au sein des réseaux hispaniques installés dans le comté de Gwinnett, « de la même façon qu’entre potes on s’appelle “nigga” ». Le trio aménage peu à peu le sous-sol en studio bricolé : ils téléchargent un logiciel de musique gratuit sur Yahoo et enregistrent leurs deux premières mixtapes avec de l’équipement acheté grâce à l’argent du deal.
Grâce au bouche-à-oreille, leur morceau « Bando » parvient aux oreilles de Zaytoven, qui voit immédiatement leur potentiel sur ce beat inspiré de ses propres compositions. « J’ai fini par tomber par hasard sur Quavo dans les loges VIP d’une émission de radio à laquelle je participais. Il m’a marché sur le pied », raconte-t-il en riant. « Quand j’ai levé les yeux pour voir qui c’était, j’ai reconnu le jeune rappeur de la vidéo. Je lui ai dit que je les cherchais et il m’a répondu qu’eux aussi ! Dès qu’ils demandaient à quelqu’un de leur faire un beat, ils disaient qu’ils voulaient que ça sonne “comme du Zaytoven”. »
Le lendemain, le groupe est invité à enregistrer chez Zay, qui les branche par la suite avec deux poids lourds du milieu : Pierre « Pee » Thomas, le fondateur de Quality Control Music et Kevin « Coach K » Lee, l’ancien manager de Gucci Mane et Young Jeezy.
« Je n’avais jamais entendu un style pareil », se rappelle Pee. Mais ce qui a véritablement décidé Coach K à signer le trio, c’est que les hipsters d’ATL les adulaient déjà, comme il l’a confié à Noisey. « J’ai demandé à ces types : “Vous connaissez Migos ?” Et ils m’ont répondu : “Grave ! ‘Bando’ !” Quand j’ai entendu ces mecs qui veulent toujours être les premiers à écouter le truc le plus frais me dire ça, je les ai signés immédiatement. » Commence alors l’enregistrement de la mixtape qui les fait décoller, Y.R.N. (Young Rich Niggas). Elle sort en juin 2013 sur Quality Control et contient le single « Versace ».
« C’était trois fois rien », se souvient Zaytoven quand on l’interroge sur la naissance du morceau. « Je l’ai composé en pleine journée, parmi d’autres. Quand je l’ai envoyé à Migos, ça a fonctionné – leur flow a changé l’histoire du rap », affirme-t-il. À tel point que Drake insiste pour le remixer à la première écoute, imitant le flow en triplets caractéristique du groupe.
Quand le rappeur n°1 mondial leur fait l’honneur de poser sur leur morceau, leur adressant un big-up au passage, Quavo, Takeoff et Zaytoven sont fous de joie. Offset, pour sa part, n’a pas l’occasion d’écouter le résultat. Au moment où la version de Drake apparaît sur la Toile, il est en prison.
Shooters
Le 9 avril 2013, pendant que Quavo et Takeoff boivent du champagne avec des mannequins dans une villa californienne, Kiari Cephus (alias Offset) n’est pas de la partie. Depuis le mois de février, il est incarcéré à la prison du comté de Dekalb, en périphérie d’Atlanta. En octobre 2011, alors âgé de 20 ans, Kiari est arrêté pour vol de voiture et condamné à deux ans de sursis avec mise à l’épreuve. C’est pour avoir violé cette condition qu’il est placé en détention. Il est libéré le mardi 15 octobre 2013, aux environs de 15 heures.
Après une profonde inspiration, Kiari tourne le dos aux bâtiments gris de la prison et remonte l’allée jusqu’à la voiture qui l’attend. À l’intérieur, Coach K et ses deux complices l’accueillent chaleureusement. « Bon, qu’est-ce qu’on fait ? Tu veux faire un tour au mall ? » lui demande le manager en lui tendant une liasse de billets en guise de bienvenue. Kiari secoue la tête. « Nan, je veux aller au studio. »
Sur le trajet, Quavo et Takeoff le briefent : ils lui racontent à nouveau Drake, la sortie du clip il y a quinze jours et le succès phénoménal qu’ils rencontrent. Mais Quavo leur demande de garder la tête froide. « Une chose après l’autre », professe-t-il. « On ne peut pas se satisfaire de ça. On est monté sur le ring, maintenant on redescend et on se remet au travail pour le prochain match. » Les autres acquiescent. Ils prévoient déjà d’enregistrer la suite de YRN. Mais se tenir loin des ennuis n’est pas au programme pour Migos, dont le parcours est semé d’éclats de violence.
En mars 2014, alors que le trio est dans un van sur l’autoroute 95 après un concert à Miami, ils échangent des coups de feu avec des assaillants se trouvant à bord d’un autre véhicule. Un de leurs fans est blessé, les tireurs disparaissent. Trois mois plus tard, dans la nuit du 11 juin, un nouveau drame survient après un concert du groupe, dans leur comté natal. À l’extérieur d’un motel où Quavo, Takeoff et Offset font la fête avec leurs potes et leurs fans, deux hommes font irruption armés de pistolets. Ils tirent sans sommation, visant Migos d’après les témoignages.
Aucun membre du groupe n’est touché, mais un spectateur innocent du nom de Paris Brown est tué. Les tireurs prennent la fuite, la scène ne dure que quelques secondes. Plus tard, la police localisera l’un des deux tireurs présumés, qui se donnera la mort au cours de son affrontement avec les forces de l’ordre. Cette tragédie aurait été causée par la rivalité entre Migos et un autre groupe local, 2G. Par la suite, le trio ne se déplace plus sans un service de sécurité armé – assuré notamment par leur compère rappeur Skippa Da Flippa, avec qui ils ont inventé le dab.
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Cette protection rapprochée leur vaut de nouveaux ennuis un an plus tard, le 18 avril 2015. Ce soir-là, Migos donne un concert à l’université de Géorgie du Sud, à Statesboro. Le show a débuté depuis un quart d’heure quand un manager sort des coulisses et demande au DJ de couper la musique. Pendant qu’ils étaient sur scène, des policiers ont fouillé les véhicules du groupe et de leur équipe (une quinzaine de personnes en tout). Ils ont découvert à bord de la drogue et des armes en quantité. Or, aux yeux de la loi géorgienne, détenir une arme chargée sur le site d’une école est un délit grave. Les jeux sont faits et tout le monde est conduit au poste.
Quavo, Takeoff et les autres passent deux nuits en détention avant d’être libérés sous caution. Kiari ayant déjà été condamné par le passé, il est directement envoyé prison. Coach K contacte alors Charles Mittelstadt, un enquêteur privé au service de la défense, qui rouvre les affaires dans l’espoir de déterrer des vérités qui n’ont pas encore été exposées. Ancien expert en sécurité, Mittelstadt est à la croisée du privé et de l’avocat, et sa clientèle compte de nombreux rappeurs, parmi lesquels Gucci Mane, T.I. et Rick Ross. Il se rappelle clairement de l’affaire.
« Les policiers qui ont procédé à leur arrestation faisaient partie de l’unité de lutte anti-criminalité du bureau du shérif de Statesboro », explique-t-il. « Ils ont raconté qu’une “odeur de cannabis” les avaient décidés à procéder à la fouille des véhicules du groupe. » Mais Mittelstadt affirme que les autorités ne disposaient pas de mandat pour inspecter ces véhicules, et qu’il est « plutôt inhabituel » de placer en détention plus d’une dizaine de personnes sans mener d’enquête pour déterminer à quels individus appartiennent la drogue et les armes en question. « Les policiers ont sciemment choisi de ne pas le faire », dit-il.
Si son intervention a permis de faire sortir rapidement 12 des 13 personnes arrêtées, Kiari a dû se résoudre à retourner derrière les barreaux. Pour limiter la casse et espérer sortir avant 2016, il a fallu qu’il accepte de reconnaître en partie sa culpabilité. « Il a reconnu s’être trouvé sur les lieux. Ça a suffi au juge, qui avait juste besoin d’un coupable », se désole Charles Mittelstadt. Moins d’un mois après sa mise en détention à la prison du comté de Bulloch, Kiari est accusé d’agression sur un autre détenu et du déclenchement d’une émeute. Plusieurs médias rapportent qu’il aurait asséné des coups de pieds à la tête du plaignant, mais son défenseur donne une toute autre version des faits.
« On voit clairement sur les bandes des vidéos de surveillance qu’aucune émeute n’éclate », met-il au clair. « Ce qu’il se passe, c’est que cet autre détenu crie quelque chose à Kiari depuis sa cellule, qui le met en colère. » D’après le récit de Mittelstadt, le rappeur se lève d’un bond et se dirige vers la cellule du détenu. « On ne voit pas ce qu’il se passe dans la cellule, mais Kiari n’y reste que quelques secondes avant d’en sortir. C’est tout. » Quoi qu’il se soit réellement passé à l’intérieur, Kiari Cephus passe 233 jours à l’ombre avant d’être libéré de prison. Ce laps de temps nuit sévèrement au groupe, à l’extérieur.
Privés d’Offset, le duo ne peut enregistrer de nouveaux morceaux ou d’album en tant que Migos, et les salles de concert rechignent à programmer les deux tiers du trio. Lorsqu’elles le font, la paye est considérablement revue à la baisse. Enfin, le 4 décembre 2016, Kiari retrouve une seconde fois la liberté. Cette fois, il est convaincu qu’il n’y retournera pas. Il compare sa mésaventure au récit biblique de Salomon. « C’était un roi qui avait tout, et il a tout perdu… mais il avait encore la foi », a-t-il confié d’un regard pénétré aux caméras à sa sortie de prison. « Et Dieu l’a béni en lui accordant dix fois plus de richesses. En prison, comme Salomon, je me suis tourné vers les Saintes Écritures. »
Une chose est certaine, c’est qu’après cette épreuve, Migos allait connaître une gloire sans précédent.
C U L T U R E
Au soir du 8 janvier 2017, en direct sur NBC, Donald Glover est récompensé par deux Golden Globes pour sa série Atlanta. Sacré meilleur acteur et auteur de la meilleure série musicale ou comique, il monte sur scène à deux reprises pour prononcer quelques tirades de remerciements émus. Acteur, auteur principal et producteur du show, Donald Glover était jusqu’ici plus réputé pour sa carrière de rappeur, chanteur et compositeur, sous le nom de Childish Gambino.
Originaire de Géorgie, il ne fait pas de mystère sur son amour du Dirty South et de la trap. Dans le troisième épisode d’Atlanta, qui ne compte pour l’instant qu’une saison, Migos fait une apparition remarquée. Ils y incarnent un trio de trafiquants de drogue terrifiants, tout droit sorti de leur lyrics. Le soir de la cérémonie, Glover ne les oublie pas dans son discours.
« Je tiens vraiment à remercier Migos – pas parce qu’ils jouent dans la série, mais pour avoir fait “Bad and Boujee”. C’est le meilleur morceau de tous les temps », dit-il avec le plus grand sérieux. Lors de la conférence de presse qui suit, une journaliste l’interroge sur cette déclaration, qui a fait se lever quelques sourcils dans l’assistance.
« Parce que je pense qu’ils sont les Beatles de cette génération et qu’on ne les respecte pas assez », réplique-t-il avec un grand sourire. « Et honnêtement ce morceau est juste incroyable… il n’y a pas de meilleure chanson pour baiser. » Rires dans l’assistance.
« Ce que pense les gens nous importe », dit Offset. « C’est ce que ça m’a fait quand j’ai entendu Donald Glover dire ça. On l’aime pour ce qu’il a dit. Pour avoir été sincère. » Le public américain, lui, ne s’y est pas trompé : le lendemain après-midi, « Bad and Boujee » passe en tête du classement Billboard. Le morceau détrône un autre hit venu d’Atlanta, « Black Beatles », de Rae Sremmurd, produit par Mike WiLL Made-it et featuring Gucci Mane. Mais si ce tube fait des concessions mélodiques évidentes à la pop mainstream (une constante avec Mike Will, qui a aussi signé « Formation » de Beyoncé), le succès fulgurant de « Bad and Boujee » surprend tant le morceau est peu accrocheur en apparence. Sur une production éthérée de Metro Boomin, sans hook appuyé, le trio égrène ses lyrics avec une relative monotonie. « On a réussi en mode trap, pas en mode pop », se gargarise Quavo.
Le clip du morceau, sorti le 31 octobre dernier, totalise plus de 200 millions de vues sur YouTube. Dix fois plus que pour « Versace ». Un braquage réussi. « J’ai rencontré les Migos pour la première fois en mai 2016 », raconte Dapo « Daps » Fagbenle, le réalisateur du clip. « On tournait la vidéo de “Bad Intentions”, le morceau de Niykee Heaton sur lequel ils sont en featuring. » Le tournage a lieu à Los Angeles, où vit Daps, qui a également co-signé les images de « King Kunta » pour Kendrick Lamar.
Entre deux prises, le trio lui dit qu’ils devraient travailler ensemble. Il accepte sans trop y croire, persuadé qu’il s’agit de paroles en l’air, comme c’est souvent le cas à Hollywood. Mais le mois suivant, tandis que le groupe est en Europe pour une série de concerts et que Daps est de passage à Londres, Coach K le contacte pour qu’il réalise les clips qui accompagneront le prochain album du groupe. Après une première collaboration réussie sur « Cocoon » dans un manoir de la capitale anglaise, ils réitèrent l’expérience sur « Bad and Boujee ».
Tandis que les clips de « Deadz » et « What The Price » paraîtront bientôt (Daps a filmé les deux durant la première semaine de février), leur travail le plus significatif est le clip de « T-Shirt », posté sur YouTube le 6 janvier dernier. « Quand ils m’ont demandé de faire “T-Shirt”, Quavo avait une petite idée de ce qu’il voulait », raconte Daps. « Il avait envie de quelque chose de glacé et d’old school. Il voulait porter des fourrures. »
Des images de The Revenant lui sont venues en tête et Daps a eu l’idée de tourner en pleine nature, dans un paysage enneigé. Il a commencé à songer à des endroits comme l’Alaska. Après quelques recherches sur Google, il est tombé par hasard sur Lake Tahoe, le plus grand lac alpin d’Amérique du Nord, situé à cheval entre la Californie et le Nevada. Plus tard ce jour-là, en tournage, il a reçu ce qu’il interprète comme un signe du destin.
« Une fille est venue me parler, sortie de nulle part. Quand je lui ai demandé d’où elle venait, elle m’a répondu “Lake Tahoe”. » Après qu’il lui a raconté son histoire, elle a proposé de le mettre en contact avec sa famille là-bas. En décembre 2016, Daps a fait le voyage depuis Los Angeles jusqu’à Lake Tahoe, et Migos d’Atlanta. Un jour de tournage sous des températures glaciales a suffi pour mettre les images en boîte. « C’est un clip très méta », commente son auteur.
L’idée de base sonne comme une blague : des artistes de trap incarnant des trappeurs, qui marchandent des peaux comme ils dealeraient de la drogue. Mais à bien y réfléchir, c’est un écho puissant du propos qui se dégage de l’album. La culture de Migos est par essence américaine. Leur succès et la viralité de leurs gimmicks et de leur gestuelle en ont fait le nouveau mètre-étalon de la pop culture.
« Je pense qu’ils [Migos] sont les Beatles de cette génération », avait déclaré Childish Gambino lors d’un discours aux Golden Globe Awards en 2017. Migos a atteint les sommets mais peine depuis à revenir au top. Leur musique a été peu à peu éclipsée par l’ambition de ses membres de poursuivre des opportunités en dehors de la musique. Offset est également devenu un spectacle pour les tabloïds nationaux dû à sa relation avec Cardi B, et l’ancienne romance de Quavo avec l’artiste Saweetie a également été un sujet chaud sur les réseaux.
Le mois dernier, Takeoff et Quavo avaient même évoqué la possibilité de poursuivre leur carrière sans Offset. « J’ai juste l’impression que nous voulons voir notre carrière en tant que duo, tu vois ce que je veux dire ? ». A déclaré Quavo au micro du podcast « Big Facts » le 4 octobre dernier. Avec le décès de Takeoff, c’est donc l’existence même du groupe qui est remise en question. Un aspect qui semble bien secondaire par rapport à la tragédie. Rest in peace Takeoff.
Couverture : Migos (Takeoff, Quavo et Offset).
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