04.12.2025 à 21:45
Human Rights Watch
L’accord signé aujourd'hui par le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, et le président du Rwanda, Paul Kagame, à la Maison Blanche à Washington, est présenté comme une avancée majeure pour la coopération régionale à l’opposé de la continuation des confrontations.
S'il est mis en œuvre de manière transparente et avec une participation réelle, cet accord pourrait contribuer à stabiliser l'est de la RD Congo et à former les bases d'une paix durable.
Mais il ne faut pas confondre optimisme et résultats. Le président américain Donald Trump a affirmé à plusieurs reprises, à tort, que la paix avait été rétablie dans l'est de la RD Congo. Un premier accord-cadre signé en juin n’a pas permis de mettre fin aux atrocités commises dans la région. Human Rights Watch a documenté une série de massacres perpétrés par le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda à Rutshuru avant même que l'encre de cet accord-cadre ne soit sèche, preuve que les signatures seules ne protègent pas les civils.
Si l’accord et son cadre économique prévoient certaines mesures de maintien de la paix, telles que le retrait des troupes rwandaises de la RD Congo, leurs engagements généraux manquent de mécanismes applicables.
Ni l'accord ni aucun autre accord proposé n'aborde un problème clé : l'impunité pour les abus commis alimente les conflits. Les commandants impliqués dans des massacres, des déplacements forcés et des recrutements illégaux continuent d'opérer librement. Les principaux responsables militaires et gouvernementaux impliqués dans le soutien de forces abusives agissant par procuration ne font l'objet d'aucun contrôle. Sans obligation de rendre des comptes, les nouveaux accords économiques ou sécuritaires n'auront que peu d'effet sur ceux qui agissent illégalement.
L'Union européenne et les autres partenaires de la région devraient rester engagés et faire pression sur la RD Congo et le Rwanda pour que ces deux pays prennent des mesures essentielles, telles que traduire en justice les responsables de crimes graves et mettre immédiatement fin à leur soutien aux groupes armés responsables d’abus.
Il y a peu de raisons de croire que le M23, qui occupe une grande partie du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, mettra en œuvre les dispositions économiques prévus dans l’accord. Mais s’il a pour but d’apporter des avantages tangibles aux communautés locales, il faudra davantage d'investissements et de revenus miniers pour créer des emplois, renforcer les infrastructures locales et améliorer les moyens de subsistance quotidiens. Et pour cela, il faudra procéder à la démobilisation, à la protection des civils, à la cessation du soutien aux groupes armés violents et, surtout, à l’obligation de rendre des comptes.
Cet accord comporte de belles promesses. Mais à moins que les gouvernements de la région ne choisissent enfin la justice plutôt que l'opportunisme, il ne s'agira que de promesses vides sur le papier.
04.12.2025 à 19:20
Human Rights Watch
Sur l'île grecque de Lesbos, 24 travailleurs humanitaires comparaissent actuellement devant un tribunal ; ils sont visés par des accusations criminelles sans fondement, passibles de 20 ans de prison. Les procureurs poursuivent ces humanitaires depuis sept ans pour avoir sauvé des vies en mer ; le Parlement européen a qualifié ce procès de « plus grande affaire de criminalisation de la solidarité en Europe ».
En 2015, jusqu'à 10 000 demandeurs d'asile et migrants effectuaient chaque semaine la périlleuse traversée maritime entre la Turquie et Lesbos. Au moins 805 personnes, dont 271 enfants, sont mortes ou ont disparu en mer Égée cette année-là. L’ONG Emergency Rescue Center International (ERCI), une petite organisation à but non lucratif, a lancé des opérations de recherche et de sauvetage pour aider les autorités locales débordées.
Mais en 2018, deux bénévoles étrangers de l'ERCI ont été emprisonnés pendant 107 jours sur la base d'un rapport de police erroné décrivant les opérations de sauvetage comme du trafic et de l'espionnage, malgré la déclaration d'un responsable des garde-côtes grecs à la police selon laquelle le groupe l'avait régulièrement informé de l'arrivée des bateaux de migrants. Deux Grecs ont également été placés en détention provisoire par la suite. Human Rights Watch a constaté que les accusations présentaient de manière perverse l'ERCI comme un réseau criminel.
Au lieu d'abandonner les poursuites, les procureurs grecs ont inculpé 24 personnes et ont enfreint les exigences fondamentales en matière de procédure régulière. Certains accusés n'auraient jamais été informés des poursuites engagées contre eux. D'autres actes d'accusation étaient incomplets en raison de pages manquantes, ou étaient rédigés en grec, langue que certains accusés étrangers ne comprenaient pas.
En 2021, le parquet a engagé des poursuites pour délit contre tous les accusés, mais devant un tribunal inapproprié. Une bénévole étrangère qui avait été emprisonnée en 2018 s'est vu interdire de revenir en Grèce pour son propre procès. Lorsque l'affaire a finalement été jugée, elle s'est effondrée et toutes les accusations ont été rejetées.
Le ministère public grec poursuit désormais trois chefs d'accusation pour crime. Mais après une enquête de plusieurs années qui n'a révélé aucune nouvelle preuve, l'affaire repose sur une logique profondément erronée : sauver des vies en mer est qualifié à tort de trafic de migrants (crime n° 1), le groupe de recherche et de sauvetage est donc une organisation criminelle (crime n° 2) et, par conséquent, la collecte de fonds légitime du groupe est du blanchiment d'argent (crime n° 3).
Cette affaire est un exemple flagrant d'une tendance inquiétante en Europe à criminaliser la solidarité avec les personnes en déplacement. En mars 2023, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseur-euse-s des droits humains a observé qu’en Grèce, que les défenseur-euse-s des droits humains et les travailleurs humanitaires sont confrontés à une utilisation abusive du droit pénal à leur encontre, à un « degré choquant ».
L'acquittement des accusés serait la seule issue juste à des poursuites perverses qui n'auraient jamais dû être engagées.
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03.12.2025 à 20:54
Human Rights Watch
(Washington, 3 décembre 2025) – La Fédération Internationale de Football Association (FIFA) devrait joindre le geste à la parole en matière de droits humains, a déclaré aujourd'hui une coalition d'organisations de défense des droits humains, de syndicats et de groupes de supporters. Le 5 décembre, la FIFA procèdera au tirage au sort des matches de la Coupe du monde 2026 au Kennedy Center à Washington, et décernera son premier « Prix de la paix de la FIFA ».
La Sport & Rights Alliance, Dignity 2026, l'ACLU, l'AFL-CIO, Amnesty International, Human Rights Watch, l'Independent Supporters Council, la NAACP, Athlete Ally et Reporters sans frontières exhortent conjointement la FIFA a organiser une Coupe du monde qui respecte les droits des supporters, des joueurs, des travailleurs, des journalistes et des communautés locales.
La Coupe du monde masculine de la FIFA 2026, co-organisée par les États-Unis, le Canada et le Mexique, représentera une occasion de mettre en œuvre un nouveau modèle pour les événements de la FIFA, ont déclaré les organisations. Dans le cadre de ce modèle, la FIFA devrait soutenir une protection solide des travailleurs, garantir les droits des enfants, défendre la liberté des médias et veiller à ce que les travailleurs et les communautés bénéficient de l'organisation de futurs méga-événements sportifs.
« Les travailleurs, les athlètes, les supporters et les communautés rendent la Coupe du monde possible », a déclaré Andrea Florence, directrice exécutive de la Sport & Rights Alliance. « La Coupe du monde 2026 est la première à intégrer des critères relatifs aux droits humains dans le processus d'appel d'offres. Mais la détérioration de la situation des droits humains aux États-Unis met ces engagements en péril. »
À 200 jours du coup d'envoi de la Coupe du monde 2026, l'escalade des attaques contre les personnes migrantes aux États-Unis, l'annulation par la FIFA de ses messages anti-discrimination et les menaces qui pèsent sur la liberté de la presse et les droits des manifestants pacifiques sont de mauvais augure pour ce tournoi, ont déclaré les groupes de défense des droits humains et des travailleurs.
Le processus d'attribution du Prix de la paix de la FIFA manque de transparence. Human Rights Watch a écrit à la FIFA pour demander la liste des nominés, des juges, des critères et du processus d'attribution du Prix de la paix. Human Rights Watch n'a reçu aucune réponse.
« Le soi-disant prix de la paix de la FIFA sera décerné dans un contexte de détentions violentes d'immigrants, de déploiement de la garde nationale dans des villes américaines et de la décision obséquieuse de la FIFA d'annuler ses propres campagnes antiracistes et antidiscriminatoires de la FIFA », a déclaré Minky Worden, qui supervise le travail de Human Rights Watch au sujet des droits dans le contexte des sports. « La FIFA a encore le temps d'honorer ses promesses sur la tenue d'une Coupe du monde non entachée de violations des droits humains, mais le compte à rebours a commencé. »
Les experts des groupes de la société civile ont exprimé leurs préoccupations à l’égard des domaines suivants :
Droits des travailleurs
« La Coupe du monde masculine de la FIFA 2026 est l'occasion de mettre en œuvre un nouveau modèle pour les événements de la FIFA qui soutient une protection solide des droits des travailleurs et garantit que les travailleurs et les communautés bénéficient de l'accueil de ce type de méga-événements sportifs », a déclaré Cathy Feingold, directrice internationale de l'AFL-CIO et vice-présidente de la CSI. « Les travailleurs rendent la Coupe du monde possible en travaillant dans les stades, en préparant les infrastructures, en jouant les matchs et en assurant le divertissement. Compte tenu du travail qu'ils accomplissent pour rendre les matchs possibles, la FIFA doit respecter ses engagements afin que les matchs se déroulent dans le respect effectif des droits des travailleurs et des droits humains. »
Liberté des médias
« Tous les quatre ans, des milliards de personnes tournent leur attention vers la Coupe du monde et ses pays hôtes », a déclaré Clayton Weimers, directeur exécutif de Reporters sans frontières (RSF) États-Unis. « Ils comptent sur les journalistes pour leur fournir des informations fiables et contextualisées afin de raconter l'histoire de ce tournoi, tant sur le terrain qu'en dehors. Malheureusement, les journalistes aux Etats-Unis voient leur accès restreint, leurs visas menacés et leur sécurité remise en question. La FIFA et les gouvernements hôtes doivent garantir la liberté et la sécurité des journalistes avant, pendant et après la Coupe du monde 2026. »
Immigration et application de la loi
« L'administration Trump a mené une campagne systématique et agressive contre les droits humains visant à cibler, détenir et faire disparaître les immigrants dans les communautés à travers les États-Unis, notamment en déployant la Garde nationale dans les villes où se déroulera la Coupe du monde », a déclaré Jamil Dakwar, directeur de recherches sur les droits humains à l'American Civil Liberties Union (ACLU). « La politique de la FIFA stipule qu'elle tirera parti de ses relations commerciales pour atténuer les effets négatifs sur les droits humains. Il est essentiel qu'elle use de son influence pour mettre fin aux violations des droits, notamment la liberté d'expression et le droit de réunion. Nous appelons la FIFA à honorer ses engagements en matière de droits humains et à ne pas céder à l'autoritarisme de Trump. »
« Assister à un match de football ne devrait jamais entraîner une détention arbitraire ou une expulsion », a ajouté Daniel Noroña, directeur du plaidoyer pour les Amériques à Amnesty International USA. « La menace d'une surveillance policière excessive, y compris en matière d'immigration, sur les sites de la Coupe du monde est profondément préoccupante, et la FIFA ne peut rester silencieuse. La FIFA devrait obtenir des autorités américaines des garanties contraignantes que le tournoi sera un espace sûr pour tous, indépendamment de la position politique, de l'opinion ou du statut d'immigration. »
Droits civils et lutte contre la discrimination
« La décision de la FIFA d'annuler les messages antiracistes et antidiscriminatoires lors de la Coupe du monde des clubs a envoyé un signal inquiétant aux communautés de couleur et à tous ceux qui se sont battus pour l'égalité dans le sport », a déclaré Jamal Watkins, vice-président senior chargé de la stratégie et du développement à la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP). « À l'heure où les crimes haineux sont en augmentation et où les programmes DEI sont attaqués, la FIFA ne devrait pas battre en retraite. »
Droits des athlètes et sécurité des personnes LGBTQ+
« En tant qu'athlète ouvertement gay, je sais ce que signifie concourir dans des environnements où l'on n'est pas sûr d'être en sécurité », a déclaré Matthew Pacifici, ancien joueur professionnel américain et ambassadeur d'Athlete Ally. « Les joueurs et les supporters LGBTQ+ ont besoin de plus que des gestes symboliques : nous avons besoin de protections applicables. Les chants homophobes entendus lors de la Coupe du monde des clubs à Atlanta montrent exactement pourquoi le recul de la FIFA en matière de messages anti-discrimination est si dangereux. Les joueurs et les supporters doivent savoir que la FIFA les protégera et ne les abandonnera pas. »
Prise en compte des opinions des supporters, sécurité des fans
« Les supporters sont la colonne vertébrale de ce sport, mais la FIFA continue de prendre des décisions concernant notre sécurité sans jamais consulter les personnes qui se rendent réellement sur place », a déclaré Bailey Brown, présidente de l'Independent Supporters Council. « On ne peut pas prétendre “unir le monde” tout en excluant les supporters qui apportent leur énergie et leur passion à chaque match. Nous demandons quelque chose de simple : de la transparence, une véritable consultation et des protections concrètes pour tous les supporters lors de la Coupe du monde 2026. »
Protection des enfants
« Il est inacceptable que la FIFA n'ait pas de politique de protection des enfants pour la Coupe du monde 2026 », a déclaré Katherine La Puente, coordinatrice senior auprès de la division Droits des enfants à Human Rights Watch. « Parmi les risques auxquels les enfants peuvent être confrontés dans le cadre de grands événements sportifs figurent la traite, l'exploitation sexuelle, le travail des enfants et les séparations familiales, entre autres formes de violence et d'abus. »
Droits des résidents et des communautés des villes hôtes
« Pour que la Coupe du monde « unisse véritablement le monde », la FIFA et les comités d'organisation doivent veiller à ce que les droits et la dignité de chacun, qu'il s'agisse des résidents ou des visiteurs, soient protégés et ne soient pas bafoués », a déclaré Jennifer Li, coordinatrice de Dignity 2026 et directrice du Center for Community Health Innovation à Georgetown Law. « Par exemple, les personnes sans abri ne devraient pas être criminalisées en raison de leur statut ni déplacées dans le cadre de soi-disant efforts d'embellissement. La FIFA et les villes hôtes ont la responsabilité de veiller à ce que les communautés d'accueil tirent profit de cet événement et que les résidents les plus vulnérables n'en supportent pas le coût le plus élevé. »
Plans des villes hôtes
Dans le cadre du programme de la FIFA en matière de droits humains pour la Coupe du monde 2026, chacune des 16 villes hôtes est tenue d'élaborer son propre « plan d'action en faveur des droits humains » afin de prévenir la discrimination, de soutenir les droits des travailleurs, de protéger les enfants et de lutter contre la traite des êtres humains.
Human Rights Watch, en collaboration avec Sport & Rights Alliance, Dignity 2026 et leurs organisations membres, appellent la FIFA et les comités d'organisation à :
Réintroduire des messages anti-discrimination ;S'engager à garantir une protection efficace contre le profilage racial, les détentions arbitraires et les mesures illégales en matière d'immigration pendant le tournoi ;Travailler en étroite collaboration avec les partenaires communautaires pour finaliser les plans d'action en faveur des droits humains ;Prendre des mesures efficaces pour garantir le respect des droits à la liberté d'expression et à la manifestation pacifique ;Annoncer et mettre en œuvre une politique globale de protection des enfants ;Veiller à ce que la communauté tire un bénéfice significatif de la Coupe du monde 2026 ; etPrendre des mesures efficaces pour garantir que la Coupe du monde 2026 n'entraîne pas d'abus à l'encontre des communautés vulnérables, y compris la détention de personnes sans domicile fixe.À propos de la Sport & Rights Alliance
La Sport & Rights Alliance promeut les droits et le bien-être des personnes les plus touchées par les risques liés aux droits humains dans le sport. Parmi ses partenaires figurent Amnesty International, The Athlete Survivors’ Assist, Building and Wood Workers' International (l'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois_, Football Supporters Europe, Human Rights Watch, ILGA World, International Trade Union Confederation (Confédération syndicale internationale), Reporters Without Borders (Reporters sans frontières), Transparency International, World Players Association et UNI Global Union.
À propos de la coalition Dignity 2026
La coalition Dignity 2026 regroupe 16 organisations syndicales, communautaires et de défense des droits humains qui œuvrent pour faire progresser les droits humains et les droits du travail dans le cadre de la Coupe du monde masculine de football 2026 : AFL-CIO, ACLU, Athlete Ally, Atlanta Policing Alternatives & Diversion Initiative, Center for Community Health Innovation at Georgetown Law, Centro de los Derechos del Migrante, Global Labor Justice, Independent Supporters Council, Jobs with Justice, PowerSwitch Action, Grassroots Law & Organizing for Workers, Human Rights Watch, NAACP, Sport & Rights Alliance, The Athlete Survivors' Assist et Toronto Community Benefits Network.
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03.12.2025 à 11:20
Human Rights Watch
Le président français Emmanuel Macron devrait insister en privé et en public sur l'importance des droits humains dans les relations franco-chinoises lors de sa visite en Chine du 3 au 5 décembre 2025, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. La visite d’Emmanuel Macron est l'une des nombreuses rencontres de haut niveau entre les dirigeants européens et chinois dans le contexte des relations géopolitiques complexes et en pleine mutation entre l'Europe, la Chine et les États-Unis.
Le président Macron devrait montrer sa volonté de prendre des mesures concrètes en réponse à la répression croissante en Chine. Parmi les questions clés figurent les violations des droits du travail dans les chaînes d'approvisionnement chinoises, l'utilisation par la Russie de drones commerciaux produits par des entreprises chinoises pour attaquer des civils en Ukraine, et le recours par la Chine à la répression transnationale pour cibler ses détracteurs à l'étranger, notamment en France.
« Le mépris de la Chine pour les droits humains a des implications importantes pour la France, qu'il s'agisse des armes utilisées dans les attaques illégales de la Russie en Ukraine ou des chaînes d'approvisionnement abusives qui nuisent à une concurrence loyale pour les industries européennes », a déclaré Bénédicte Jeannerod, directrice France de Human Rights Watch. « Macron devrait briser les silos entre les droits humains et les autres sujets et faire preuve de leadership en abordant ces préoccupations dans les discussions politiques de haut niveau avec la Chine. »
Les efforts de la France et d'autres pays de l'UE pour faire face aux graves violations des droits humains en Chine ont été compromis par leur volonté de les dissocier des autres aspects économiques et politiques de leurs relations, a déclaré Human Rights Watch. Macron devrait reconnaître leur interconnexion et faire preuve de leadership en incluant les droits humains dans ses discussions politiques plus larges avec la Chine.
L'ouverture de la première boutique physique au monde de l’entreprise chinoise Shein à Paris a soulevé de nombreuses inquiétudes, notamment concernant le modèle commercial de l'entreprise qui reposerait sur des abus en matière de travail et des pratiques commerciales trompeuses, notamment en lien avec le travail forcé imposé par l’Etat dans le Xinjiang.
Des médias et des organisations non gouvernementales ont rapporté que les travailleurs de Shein en Chine travaillent pendant des heures excessives pour un salaire très bas. Shein a répondu qu'elle s'engageait à soutenir ses fournisseurs pour créer des conditions de travail conformes aux normes internationales en matière de santé et de sécurité, de travail et de protection sociale.
Des organisations de défense des droits humains ont également documenté le recours au travail forcé imposé par l'État chinois impliquant des Ouïghours et d'autres communautés musulmanes turciques dans les chaînes d'approvisionnement chinoises du coton, de l'automobile, de l'énergie solaire et des minéraux critiques. Les Nations Unies, Human Rights Watch et d'autres organisations documentent depuis plusieurs années les crimes contre l'humanité commis par les autorités chinoises au Xinjiang, une région à majorité musulmane ouïghoure.
Une fois pleinement mise en œuvre en décembre 2027, le réglement de l'Union européenne sur le travail forcé constituera un outil important pour empêcher l'entrée sur le marché européen des produits issus du travail forcé, notamment ceux provenant de Chine. Le risque de violations des droits humains dans les chaînes d'approvisionnement montre également la nécessité de préserver la législation européenne en matière de durabilité des entreprises, que l'UE, avec le soutien du gouvernement français, cherche actuellement à affaiblir.
Macron a poussé l'UE à utiliser sa loi « bazooka commercial », l'instrument anti-coercition, pour lutter contre les pratiques commerciales coercitives de la Chine. Mais il devrait réaffirmer que le respect total par la Chine des conventions internationales récemment ratifiées par ce pays – la convention n° 29 de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur le travail forcé et la convention n° 105 de l'OIT sur le travail forcé imposé par l'État – est essentiel pour renforcer les liens entre les deux pays.
En juin, Human Rights Watch a documenté l'utilisation par la Russie de drones commerciaux produits par des entreprises basées en Chine pour attaquer des civils à Kherson, en Ukraine. Macron devrait faire pression sur le gouvernement chinois pour qu'il veille à ce que ces entreprises de drones ne vendent pas à des entités sanctionnées et coopèrent dans les enquêtes sur les attaques illégales contre des civils en Ukraine.
La Chine a également multiplié les violations transfrontalières – connus sous le nom de répression transnationale – pour opprimer les détracteurs de son gouvernement à l'étranger et imposer un contrôle idéologique, y compris en France.
Dans une affaire récente, les autorités chinoises ont arrêté en juillet Tara Zhang Yadi, une étudiante chinoise qui étudiait en France, à son retour en Chine. Elle risque jusqu'à 5 ans de prison, voire 15 ans si elle est reconnue coupable d'être la meneuse d’actes d’ « incitation à la division du pays et à la subversion de l'unité nationale », pour avoir défendu les droits des Tibétains pendant son séjour en France. Cette arrestation s'inscrit dans le cadre d'une campagne plus large menée par le gouvernement chinois pour exiger que les institutions étrangères, y compris les musées français, désignent le Tibet sous le nom de Xizang, nom mandarin de la région.
« Des millions de personnes en Chine, en France et dans l'Union européenne continuent de subir le poids de la répression et des abus de Pékin », a déclaré Bénédicte Jeannerod. « Macron devrait cesser d'essayer de justifier le silence de la France sur les droits humains et affirmer clairement que la répression du gouvernement chinois affecte de nombreux intérêts fondamentaux de la France et de l'Union européenne, et que la Chine doit changer de cap pour maintenir des relations solides. »
03.12.2025 à 06:01
Human Rights Watch
(New York) – L’arrestation aux États-Unis et le renvoi vers son pays d’un demandeur d'asile qui avait emmené ses enfants voir la finale de la Coupe du monde des clubs de football le 13 juillet suscite de profondes inquiétudes quant à la sécurité des personnes non américaines qui assisteront à la Coupe du monde dans ce pays en 2026, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
En mai, Human Rights Watch a écrit à la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), organisatrice de la Coupe du monde, pour exprimer ses préoccupations concernant les risques et l’impact de la politique américaine en matière d’immigration sur la Coupe du monde 2026 et la Coupe du monde des clubs de 2025, recommandant une « action immédiate » face à l’approche du problème migratoire choisie par le gouvernement américain, qui crée des risques et menace de compromettre la capacité de la FIFA d’honorer les valeurs qu’elle revendique comme siennes en matière de droits humains, d’inclusion et de participation mondiale.
La FIFA a répondu le 3 juin, affirmant qu’elle « attend … des pays hôtes qu’ils prennent les mesures nécessaires pour assurer que toute personne qualifiée qui est impliquée dans la Compétition puisse entrer sur le territoire de ces pays » et qu’elle « travaille activement sur cette question avec les autorités compétentes. » La FIFA a également affirmé qu’elle s’adresserait aux autorités compétentes si elle était saisie de préoccupations concernant les droits humains.
Mais l’incident survenu lors de la finale de la Coupe du monde des clubs, révélé par Human Rights Watch, illustre bien les limites des efforts de la FIFA pour faire face aux graves risques de violation de leurs droits humains auxquels sont exposés les non-citoyens lors d’événements organisés par la FIFA aux États-Unis.
« Un père qui aime le football et avait prévu une journée spéciale avec ses enfants à l’occasion d’un tournoi de la FIFA s’est retrouvé en détention pendant trois mois, puis a été renvoyé vers un pays où il affirme que sa vie est en danger », a déclaré Minky Worden, directrice des Initiatives mondiales à Human Rights Watch. « Dans le cadre de la politique de l'administration Trump, la répression de l’immigration lors de grands événements sportifs peut déchirer des familles et exposer des personnes qui ont fui des persécutions à des dangers mortels. »
Cet homme, dont le nom et le pays d’origine sont tenus confidentiels à sa demande, a été arrêté dans le New Jersey juste avant la finale de la Coupe du monde des clubs entre Chelsea (Angleterre) et Paris Saint-Germain (France). Il était sur l’aire de stationnement du complexe commercial American Dream, à proximité du stade MetLife, avec deux de ses enfants âgés de 10 et 14 ans, attendant le début du match.
L'homme et les membres de sa famille ont affirmé à Human Rights Watch que la police l’a interrogé, puis arrêté, après qu’il eut tenté de faire voler un petit drone pour prendre une photo de sa famille. Le drone fonctionnant mal, il l’a remis dans sa voiture et a été arrêté à ce moment-là.
Une ordonnance locale interdit l’utilisation de drones au-dessus du complexe de MetLife, en application d’une directive de l’Administration fédérale de l’aviation (Federal Aviation Administration, FAA) qui proscrit l’usage de drones dans et aux alentours des stades pendant des événements sportifs. Une violation non intentionnelle de l’interdiction de la FAA est une infraction civile qui occasionne habituellement une simple amende, selon un avocat spécialisé dans les questions d’aviation consulté par Human Rights Watch.
L'homme a affirmé que l’agent qui l’a interrogé lui a d’abord dit qu’on lui dresserait un procès-verbal et qu’on le remettrait rapidement en liberté. Mais au contraire, les policiers l’ont questionné sur son statut migratoire, puis l’ont remis aux agents de l’Autorité de l’immigration et des douanes (Immigration and Customs Enforcement, ICE). Le même jour, ceux-ci l’ont placé en détention et ont entamé une procédure d’expulsion.
Interrogé sur son lieu de détention, il a déclaré à Human Rights Watch que son dernier souvenir du jour de son arrestation était d’avoir « vu mes enfants pleurer parce que j’étais capturé ». Ses enfants pensaient que leur père serait libéré à temps pour assister au match. Mais quand un de ses enfants a voulu localiser son téléphone, il a constaté que son père était à 40 minutes de distance, a indiqué l’épouse de cet homme à Human Rights Watch.
Les personnes qui risquent l’expulsion ont le droit de faire une demande d’asile. La famille a affirmé avoir fui son pays d’origine en 2022 après qu’un groupe armé eut menacé de les tuer.
Mais l’administration du président Donald Trump n’autorise généralement pas de remises en liberté après une détention pour immigration illégale, même si les demandeurs d’asile peuvent verser une caution, une somme d’argent garantissant qu’ils continueront de comparaître aux audiences d’expulsion potentielle.
Au bout de trois mois de détention d’immigration, cet homme a décidé de ne pas faire appel lorsque le juge d’immigration a rejeté sa demande d’asile. Il a déclaré à Human Rights Watch que la perspective de rester enfermé encore plus longtemps le désespérait. « C’est très psychologique ce qu’ils vous font subir là-bas.… Vous voulez vraiment en sortir au plus tôt. »
L'administration Trump a fréquemment déclaré que les agents de l’immigration visaient à appréhender « les pires parmi les pires » (« the worst of the worst »). Mais des recherches effectuées par Human Rights Watch et d’autres organisations ont montré que les personnes prises lors de raids ou appréhendées lors d’opérations ciblées n’ont souvent pas de casier judiciaire.
À l’approche du coup d’envoi de la Coupe du monde des clubs, et en réponse à la question de savoir s’il avait des préoccupations au sujet de la présence éventuelle d’agents de l’ICE lors des matches, le président de la FIFA, Gianni Infantino, a déclaré : « Je n’ai pas de préoccupations … nous voulons que toutes les personnes qui viendront aux matches passent un bon moment…. Je suis sûr que cela va être une grande, grande fête. »
En particulier à la lumière des coups de filet policiers abusifs de l’administration Trump, les forces de l’ordre des états et des municipalités qui n’ont pas d’accords avec l’ICE pour effectuer des contrôles d’immigration ne devraient généralement pas poser de questions sur le statut d'immigration ou garder à vue des personnes pour que les agents de l’ICE puissent enquêter sur leur statut, a affirmé Human Rights Watch. Et les entités qui ont de tels accords, connus sous le nom d’accords 287(g), devraient prendre note des abus inhérents et les abandonner. L’ICE devrait s’abstenir de mettre en détention des demandeurs d’asile pour les durées maximales autorisées par la loi.
La FIFA devrait appeler les autorités américaines à ne pas cibler les événements de la prochaine Coupe du monde pour appliquer leur politique d’immigration, y compris par des accords 287(g), a déclaré Human Rights Watch.
« La Coupe du monde 2026 devrait être une fête du football, et non pas une opération d’application d’une politique migratoire qui détruit des familles et met des vies en danger », a affirmé Minky Worden. « Ce cas d’école met en lumière les contradictions flagrantes des États-Unis qui se préparent à accueillir le plus important événement sportif du monde, tout en mettant en œuvre des politiques qui aboutissent à la séparation de familles et à l’expulsion de demandeurs d'asile. »
Informations complémentairesDepuis l’arrivée au pouvoir du président Trump en janvier 2025, le gouvernement américain a pris des mesures afin de limiter l’accès aux voies légales de la demande d’asile. Human Rights Watch a documenté comment la politique d’expulsion des États-Unis a exposé des immigrants refoulés aux risques de mort et de violation de leurs droits humains.
Les agents de l’immigration et d’autres autorités chargées de l’application des lois ont accru de manière drastique le nombre des arrestations et des mises en détention depuis le début de l’administration Trump, effectuant notamment de vastes coups de filet dans de grandes villes comme Los Angeles, New York, Washington et Chicago. Les agents fédéraux de l’immigration ont pris particulièrement pour cible les communautés latino-américaines, effectuant des raids et des arrestations basées sur la perception de leur race, de leur ethnicité ou de leur origine nationale.
La Coupe du monde de football 2026 doit se tenir dans 11 villes et régions des États-Unis : Atlanta, Boston, Dallas, Houston, Kansas City, Los Angeles, Miami, New York/New Jersey, Philadelphie, Seattle et la région de la baie de San Francisco. La finale se jouera au stade MetLife à East Rutherford, dans le New Jersey, où s’est également déroulée la finale de la Coupe du monde des clubs en 2025.
Du 20 janvier au 15 octobre, l’ICE a arrêté au moins 92 392 personnes dans et aux alentours des villes où se joueront des matches de la Coupe du monde, selon des données du gouvernement fournies par l’ICE en réponse à une demande déposée, au nom de la liberté de l’information, auprès du Deportation Data Project et analysées par Human Rights Watch. Ces chiffres n’incluent pas les arrestations effectuées par les services américains des Douanes et de la Protection des frontières (Customs and Border Protection) ou par d’autres agences d’application des lois. Parmi toutes ces arrestations, 65,1 % ont visé des immigrants qui n’avaient pas de casier judiciaire aux États-Unis, ce qui correspond d’assez près aux tendances nationales.
Dans le New Jersey, 73,8 % des 5 331 arrestations effectuées par l’ICE ont concerné des non-citoyens n’ayant pas de casier judiciaire aux États-Unis. Des raids de l’ICE ont eu lieu dans le New Jersey, conduisant à l’arrestation de nombreuses personnes sur leur lieu de travail, y compris des non-citoyens et des citoyens américains.
Nombre d'arrestations par l'ICE (au 3 décembre 2025)
Lieu des matchs de la Coupe du monde de la FIFALieu d'arrestation par zone de responsabilité de l’ICE (Area of Responsibility = AOR)ÉtatNombre d'arrestations par l'ICE en 2025 (au 3 décembre 2025)Pourcentage d’arrestations non liées a une condamnation pénale aux États-UnisAtlantaAtlanta AORGéorgie8 00767,6 %BostonBoston AORMassachusetts4 68281,1 %DallasDallas AORTexas10 76466,8 %HoustonHouston AORTexas14 71258,1 %Los AngelesLos Angeles AORCalifornie9 62454,5 %San Francisco / Région de la baie San Francisco AORCalifornie3 79851,2 %Kansas CityChicago AOR, Detroit AOR, New Orleans AORKansas et Missouri3 30158,3 %MiamiMiami AORFloride20 55267,9 %New York CityNew York City AORNew York4 97473,8 %East Rutherford, New JerseyNewark AORNew Jersey5 33173,8 %PhiladelphiePhiladelphia AORPennsylvanie4 72768,9 %SeattleSeattle AORWashington1 92063,7 %Total--92 39265,1 %Dans des États comme le New Jersey, où se jouera la finale de la Coupe du monde 2026 et où des zones pour supporters seront installées, des agents de l’ICE ont fait incursion sur des sites où des travailleurs journaliers cherchent de l’emploi, ont suivi des travailleurs après qu’ils eurent quitté leur lieu de travail, et ont stoppé des véhicules pour vérifier leur identité et leur statut d'immigration, selon des membres d’Estamos Unidos (Nous sommes unis), une organisation de soutien opérant dans le nord du New Jersey. Dans un cas, un conducteur employé par une compagnie d’autobus privée a été stoppé par des agents de l’immigration qui lui ont demandé son identité. L’organisation affirme que lors des 15 arrestations confirmées effectuées par l’ICE entre septembre et novembre 2025, tous les hommes arrêtés étaient des Latino-américains.
Les médias ont signalé que certains supporters qui avaient acheté des tickets pour la Coupe du monde des clubs les avaient revendus, de crainte d’être arrêtés dans un stade et ensuite expulsés. Des membres du personnel de Telemundo (une chaîne d’information américaine en espagnol), le maire de Miami et des responsables de la FIFA étaient parmi les invités d’une réception relative à la Coupe du monde organisée sur un bateau à Miami et qui a été annulée quand le navire a été abordé par des agents du Département de la sécurité intérieure (Homeland Security, DHS) et par des Garde-côtes et certains participants se sont vu demander de produire des documents concernant leur statut légal.
Selon des affichages en ligne, des agents du DHS étaient présents lors de matches de la Coupe du monde des clubs aux abords du stade Mercedes Benz à Atlanta, du stade du Rose Bowl à Los Angeles et du stade du Hard Rock à Miami, et des agents de l’ICE prévoyaient d’être présents au Lumen Field à Seattle.
L'impact de ces arrestations et de ces raids sur les communautés vivant près des sites des futurs matches de la Coupe du monde est considérable. Dans le New Jersey, des gens ont peur de sortir, des familles ont perdu leur gagne-pain et les affaires s’en ressentent, selon des membres d'Estamos Unidos. « Personne ne se sent en sécurité », a déclaré un de ces membres. La présence de la police locale lors de certaines arrestations documentées amène souvent les membres de la communauté à se sentir moins en sécurité et, par conséquent, à être moins susceptibles de signaler un crime s’ils craignent d’être livrés aux services de l’immigration à l’occasion de n’importe quel contact avec la police.
De nombreux immigrants, craignant une mise en détention suivie d’une expulsion, ont opté pour un « départ volontaire », en partie pour éviter de se heurter ultérieurement aux obstacles juridiques à un retour aux États-Unis qui découlent automatiquement d’une expulsion. Le nombre d’immigrants qui ont choisi cette option au lieu de contester leur expulsion devant les tribunaux de New York et du New Jersey de juillet à octobre 2025 a augmenté de 1 373 % par rapport à la même période de l’année précédente, selon une analyse effectuée par Documented New York, un site d’information spécialisé dans les questions d’immigration. Cette augmentation est consécutive à l’adoption d’une directive de l’ICE du 8 juillet qui limitait la possibilité d’être entendu par un juge de l’immigration pour les immigrants en détention.
L'homme arrêté à proximité d’un événement de la Coupe du monde des clubs a été placé en détention à Delaney Hall, un site de détention d’immigrants situé à Newark, où, selon les médias, les détenus subissent de mauvais traitements, notamment une insuffisance de nourriture, et les conditions dans lesquelles les visiteurs sont admis sont dangereuses.
Un juge d’immigration a rejeté la demande d’asile du père en septembre. Celui-ci a déclaré que, traumatisé par trois mois de détention et souhaitant désespérément parler plus souvent à ses enfants, il a décidé de ne pas poursuivre ses démarches judiciaires, malgré sa crainte de devoir retourner dans son pays d’origine. La famille a dû acheter les billets d’avion pour son « départ volontaire. »
L'article 4 de la Politique de la FIFA en matière de droits de l’homme affirme que « la FIFA s’efforcera d’aller au-delà de sa responsabilité qui est de respecter les droits de l’homme ancrés dans les principes directeurs des Nations Unies, et ce en prenant des mesures pour promouvoir la défense des droits de l’homme et favoriser l’exercice de ces droits, notamment là où elle est en mesure d’exercer efficacement son influence sur cet exercice des droits ou lorsqu’il s’agit de renforcer les droits de l’homme dans le football ou par le biais de celui-ci. »
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Nouvel Obs
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02.12.2025 à 19:00
Human Rights Watch
Plus tôt cette année, Norbert Amoya, 29 ans, est allé chercher de l'eau dans une rivière du nord de la Zambie. Il y a découvert de nombreux poissons morts et l'eau avait une odeur étrange. Une catastrophe minière majeure en était la cause. Le 18 février, un barrage d'une mine de cuivre chinoise avait cédé, déversant des déchets toxiques dans un affluent du plus grand fleuve de Zambie. Cette catastrophe menace l'écosystème, les moyens de subsistance de millions de personnes et expose les communautés à un risque élevé de cancer et d'autres maladies.
De telles catastrophes peuvent être évitées.
Cette semaine, les États réunis à l’occasion de l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement, principal organe mondial d’élaboration des politiques environnementales, délibéreront sur les mesures à prendre en ce sens. Le gouvernement colombien a pris l'initiative de proposer un nouveau traité international visant à gérer les risques environnementaux liés à l'exploitation minière, notamment en matière de diligence raisonnable et de traçabilité des chaînes d'approvisionnement en minéraux. De nombreux autres gouvernements, dont ceux de l'Arménie, l'Équateur, Oman, ainsi que la Zambie, touchée par la pollution, se joignent à cette initiative qui préconise une « gestion écologiquement rationnelle des minéraux et des métaux ».
Alors que les protections environnementales états-uniennes et la législation européenne sur les chaînes d'approvisionnement s'affaiblissent, cette initiative constitue une mesure audacieuse saluée par les organisations de la société civile, notamment Human Rights Watch.
Dans un premier temps, la Colombie et ses alliés proposent la création d'un groupe de travail de l’ONU chargé d'étudier les options de mesures contraignantes et non contraignantes. De tels groupes de travail ont déjà réussi à lancer des processus de traités.
Cependant, cette proposition rencontre des résistances et les négociations lors du sommet s'annoncent difficiles car certains pays, dont l'Arabie saoudite, l'Iran et la Russie, s'opposent à toute mesure contraignante.
Les mesures volontaires prises par les entreprises ne suffisent pas à protéger les droits humains et l'environnement, comme l'ont démontré à maintes reprises les enquêtes de Human Rights Watch et d'autres organisations. En Zambie, bien que l'entreprise chinoise ait versé certaines indemnités aux membres de la communauté, elle aurait également étouffé une étude sur l'ampleur réelle de la catastrophe.
Face à la demande croissante de minéraux pour la transition énergétique, la défense et d'autres technologies, il est essentiel que les gouvernements du monde entier œuvrent pour la protection de l'environnement ainsi que le respect des droits humains dans les chaînes d'approvisionnement mondiales en minéraux. Tous les gouvernements participant à l'assemblée de cette semaine devraient soutenir l'initiative de la Colombie en faveur d'un traité contraignant sur les minéraux.
02.12.2025 à 11:00
Human Rights Watch
(Washington) – Les mesures prises par l'administration Trump en matière d'immigration aux États-Unis compromettent la protection des personnes sans papiers ayant été victimes de crimes, en entravant la capacité des forces de l'ordre à enquêter sur ces crimes en vue de poursuivre leurs auteurs, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui.
2 décembre 2025 “We Need U”Le rapport de 50 pages, intitulé « “We Need U”: How the U Visa Builds Trust, Counters Fear, and Promotes Community Safety » (« “On a besoin du visa U” : Comment le visa U renforce la confiance des victimes, atténue la peur et favorise la sécurité communautaire »), constate que la politique d'expulsion de migrants menée par l'administration Trump sape les programmes fédéraux de visas qui offrent aux victimes de crimes la possibilité d'obtenir un statut de résident légal lorsqu'elles coopèrent avec les forces de l'ordre. Les nouvelles directives en matière d'application de la loi, qui permettent notamment aux agents du Service américain de l'immigration et des douanes (Immigration Customs Enforcement, ICE) d'appréhender des personnes dans des lieux auparavant sûrs tels que les tribunaux et les centres de santé, ont un effet fortement dissuasif sur des personnes migrantes qui souhaiteraient signaler des crimes à la police, ou demander une ordonnance de protection.
« Malgré les discours musclés de l'administration Trump sur la répression de la criminalité, ses politiques et mesures en matière d’immigration profitent à des auteurs de violences, désormais moins exposés au risque d'être arrêtés et poursuivis », a déclaré Sara Darehshori, consultante auprès de Human Rights Watch et auteure du rapport. « Si l'administration Trump souhaite sérieusement lutter contre la criminalité, elle devrait étendre et améliorer les programmes de visas qui permettent aux victimes de signaler les crimes, sans crainte d'être elles-mêmes expulsées. »
Le Congrès a créé le visa U en 2000 pour aider à lutter contre la violence sexiste, reconnaissant que les femmes et les enfants sans papiers sont particulièrement vulnérables aux abus et peu susceptibles de signaler les crimes par crainte d'être expulsés. Dans le cadre du programme de visas U, les victimes de viol, de violence domestique, de traite et de 25 autres types de crimes peuvent obtenir un statut de résident-e légal-e si elles coopèrent avec les forces de l'ordre ou un autre organisme de certification, s’il est avéré qu’elles ont subi d’importants abus physiques ou mentaux importants, et si elles sont par ailleurs admissibles aux États-Unis.
Ce programme vise à empêcher les agresseurs d'utiliser la menace d'expulsion comme moyen de dissuasion pour empêcher les victimes de contacter la police, et à renforcer la capacité des forces de l'ordre à enquêter sur ces crimes, en vue de poursuivre leurs auteurs.
Entre mai et octobre 2025, les chercheuses ont mené 43 entretiens dans diverses villes des États-Unis, avec des agents des forces de l'ordre, des avocats spécialisés en droit de l'immigration, des victimes de crimes et des activistes, afin de mieux comprendre l'impact du programme de visas U.
Dans un cas, par exemple, le compagnon d'une femme l'a brutalement battue en juin 2023. Il l'a frappée à coups de poing, lui a coupé la main et le visage avec un couteau, l'a frappée avec une bouteille et l'a étranglée jusqu'à ce qu'elle perde connaissance. Il a menacé de la tuer, lui disant qu'elle finirait dans un « sac mortuaire ». Elle a été transportée aux services d’urgences d'un hôpital, où elle a été soignée pour de graves lacérations et une fracture de l'épaule. Pendant son séjour à l'hôpital, elle a trouvé le courage de signaler les violences au département de police de New York, une décision qui, selon elle, lui a sauvé la vie. Elle attend désormais son visa U.
« Les agresseurs recourent régulièrement à des menaces pour empêcher leurs victimes de contacter la police, soulignant qu’elles risquent d’être expulsées du pays, et/ou séparées de leurs enfants », a expliqué Sara Darehshori. « Les tactiques agressives utilisées par l'agence ICE sous l'administration Trump risquent de rendre les survivantes plus réticentes que jamais à demander l'aide dont elles ont besoin. »
Une enquête menée par l'ONG Alliance for Immigrant Survivors renforce les craintes que les pratiques répressives de l'administration Trump aient donné aux agresseurs un outil puissant pour contrôler leurs victimes. Sur les 170 activistes et avocats interrogés à l'échelle nationale au printemps 2025, plus de 75 % ont déclaré que leurs client-e-s avaient peur de contacter la police et plus de 70 % ont déclaré que leurs client-e-s hésitaient à se rendre au tribunal pour y livrer leur témoignage.
Les avantages du programme de visas U vont au-delà des cas de violence conjugale et des communautés immigrées. Des études établissent un lien entre les auteurs de violences domestiques et un large éventail d'autres crimes commis en dehors du domicile. Les personnes interrogées ont décrit des cas où des victimes immigrées ont apporté une aide essentielle dans des affaires de vol de salaire, de meurtres, de vols, de crimes haineux et de viols ou d'agressions sexuelles commis par des inconnus. Elles ont également décrit les nombreux dispositifs prévus dans le cadre du programme de visas U, pour détecter les fausses déclarations.
Le programme de visas U est loin d'être parfait, a observé Human Rights Watch. Le nombre de visas disponibles est trop limité, et les victimes doivent parfois attendre des années avant l’obtention d’un visa. La procédure peut aussi parfois sembler arbitraire, car les forces de l'ordre disposent d'un large pouvoir discrétionnaire pour décider de délivrer ou non l'attestation requise pour qu’une demande soit acceptée.
Néanmoins, ce programme est un outil essentiel pour assurer la sécurité de nombreuses personnes aux États-Unis, et pour permettre au gouvernement de respecter ses obligations en matière de droits humains, notamment en matière de lutte contre la violence sexiste et de protection des victimes. Le Congrès devrait adopter des mesures visant à renforcer et à étendre ce programme, a déclaré Human Rights Watch.
« L’obtention d’un visa U aide à surmonter la peur qui réduit souvent les survivantes au silence, et leur fournit la sécurité nécessaire pour demander de l'aide et soutenir les enquêtes sans mettre en danger le bien-être de leur famille », a déclaré Saloni Sethi, commissaire du Bureau du maire de New York chargée des questions de violences domestiques et sexistes. « Renforcer et rationaliser le processus d'obtention du visa U permettrait à davantage de survivantes signaler les abus et de recevoir le soutien qu'elles méritent ; cela aiderait à poursuivre les auteurs de ces crimes, et contribuerait à renforcer la sécurité à New York. »
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02.12.2025 à 02:00
Human Rights Watch
(Bangkok, le 2 décembre 2025) – Le gouvernement de Hong Kong devrait garantir une enquête transparente et s’assurer que les responsables des actes répréhensibles liés à l'incendie résidentiel qui a fait au moins 151 morts et 79 blessés soient tenus de rendre des comptes, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
Le 26 novembre, un incendie s'est déclaré à Wang Fuk Court, un complexe résidentiel en cours de rénovation. Les enquêtes préliminaires du gouvernement ont constaté que certains matériaux de construction recouvrant les huit bâtiments ne respectaient pas les normes de sécurité incendie et 13 personnes liées à l'entreprise de maintenance ont été arrêtées pour homicide involontaire. Les autorités de Hong Kong devraient créer une commission indépendante pour enquêter sur l'incendie, cesser de réprimer les critiques et abandonner les charges retenues contre les trois personnes arrêtées pour leur militantisme pacifique.
« L’incendie de Wang Fuk Court soulève de graves inquiétudes quant à la répression exercée par le gouvernement chinois sur ce qu’étaient auparavant des médias libres, un parlement démocratique et une société civile dynamique à Hong Kong, et quant à l’impact de cette répression sur les questions de surveillance gouvernementale et de sécurité », a déclaré Elaine Pearson, directrice de la division Asie de Human Rights Watch. « Il est crucial que les individus qui demandent des réponses concernant cet incendie tragique ne soient pas traités eux-mêmes comme des criminels. »
Depuis l’incendie, les demandes pour que le gouvernement rende des comptes se sont multipliées. Les habitants de Wang Fuk Court avaient déjà protesté contre le recours à cette entreprise de maintenance présentant un bilan médiocre en matière de conformité, invoquant la manipulation de soumissions d'offres et la corruption. Ils avaient également déposé des plaintes relatives à la sécurité, notamment concernant les matériaux de construction, que les autorités ont ignorées, selon les médias.
Les autorités de Hong Kong ont réprimé les critiques et initiatives citoyennes pacifiques. Le 28 novembre, des centaines de personnes se sont rassemblées à proximité de Wang Fuk Court pour faire des dons et distribuer des fournitures aux victimes. Mais à mesure que cette initiative gagnait en popularité, le gouvernement a envoyé la police, a exigé que les bénévoles partent, et fait prendre le contrôle du site par des employés du gouvernement.
Le 29 novembre, la police a arrêté Miles Kwan Ching-fung, un étudiant universitaire qui avait lancé une pétition en ligne, réclamant une enquête indépendante. Kwan aurait été arrêté pour présomption d’« intention séditieuse », un crime contre la sécurité nationale. Bien qu'il ait été aperçu quittant le poste de police le 1er décembre, la police n'a divulgué aucune information concernant l'affaire. La pétition en ligne de Kwan et le compte Instagram associé ont été supprimés.
Le 1er décembre, des médias locaux ont indiqué que la police de la sécurité nationale avait arrêté deux personnes – un bénévole qui portait secours aux victimes et l'ancien conseiller de district Kenneth Cheung Kam-hung – soupçonnées d'« incitation à la haine contre le gouvernement ». Là encore, la police n'a fourni aucune information.
Le chef du Bureau de la sécurité de Hong Kong, Chris Tang Ping-Keung, a accusé des personnes de diffuser de la désinformation et a qualifié de tels actes de « déstabilisateurs pour Hong Kong ». Le Bureau du gouvernement chinois pour la sauvegarde de la sécurité nationale à Hong Kong a averti que tout acteur « anti-Chine et anti-Hong Kong » qui tenterait d’utiliser la catastrophe pour « inciter à la haine envers le gouvernement » serait puni en vertu des lois draconiennes de la ville sur la sécurité nationale.
Les autorités de Hong Kong ne devraient pas réagir aux critiques publiques qui suivent les catastrophes d'une manière similaire au gouvernement chinois, a déclaré Human Rights Watch. Après le tremblement de terre du Sichuan en 2008, la collision ferroviaire à grande vitesse de Wenzhou en 2011 et l'épidémie de Covid-19 à Wuhan en 2022, les autorités chinoises ont emprisonné des citoyens appelant à rendre des comptes, ont réduit au silence des lanceurs d’alerte, des victimes et leurs familles, ont censuré des informations, et ont même détruit des preuves.
En revanche, les autorités de Hong Kong avaient réagi à un incendie meurtrier en 1996, alors que Hong Kong était encore une colonie britannique, en menant une vaste enquête indépendante ayant permis d'améliorer les normes de sécurité des bâtiments.
L'oppression actuelle à Hong Kong n'a pas complètement dissuadé les gens d'exprimer publiquement leurs opinions. Des milliers de Hongkongais ont déposé des fleurs près de Wang Fuk Court. Après l’arrestation de Kwan, des Hongkongais de l’étranger, notamment ceux qui ont fui en raison des lois draconiennes sur la sécurité nationale, ont lancé une pétition en ligne pour exiger des comptes, et ont organisé des veillées et des manifestations en Australie, en Allemagne, au Japon, au Royame Uni, et dans d’autres pays.
« Le gouvernement de Hong Kong devrait mettre en place une enquête indépendante sur l'incendie au lieu de menacer d'arrêter les personnes qui posent des questions difficiles », a conclu Elaine Pearson. « Cette tragédie est irréversible, mais les autorités peuvent éviter de l'aggraver en exigeant que les responsables – y compris des représentants du gouvernement – rendent des comptes pour leurs actes et en indemnisant adéquatement les victimes. »
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Articles
Yahoo/AFP TV5Monde Libération
Le Parisien Ouest-France Journal de Montréal
01.12.2025 à 09:30
Human Rights Watch
(Genève, 1er décembre 2025) – Le traité international qui interdit les mines terrestres antipersonnel sauve des vies civiles, mais est gravement menacé par le retrait de certains pays et par de nouveaux cas d’utilisation de ces mines, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch à l’occasion de la publication du rapport « Landmine Monitor 2025 ». Les États parties à ce traité devraient prendre des mesures immédiates et fermes pour contrer ces développements qui mettent des vies en danger.
Click to expand Image La couverture du rapport « Landmine Monitor 2025 », montrant des victimes de mines antipersonnel parmi les personnes qui manifestaient contre l’utilisation de ces armes, le 26 novembre 2024 à Siem Reap, au Cambodge, lors de la cinquième Conférence d’examen de la Convention d’Ottawa de 1997 sur l’interdiction de telles armes. © 2025 ICBLCe rapport de 163 pages évalue la mise en œuvre et le respect de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel de 1997, qui interdit de manière exhaustive l'utilisation des mines antipersonnel et exige des États parties qu'ils détruisent leurs stocks, déminent les zones touchées et viennent en aide aux victimes.
« Les gouvernements devraient clairement condamner la décision de certains États de se retirer de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, et rejeter toute tentative de suspendre les obligations fondamentales inscrites dans ce traité lors de conflits armés », a déclaré Mark Hiznay, directeur adjoint du programme Crises, conflits et armes de Human Rights Watch et co-rédacteur du rapport Landmine Monitor 2025. « Une réponse forte est essentielle non seulement pour sauver des vies, mais aussi pour préserver le respect du droit international humanitaire et des droits humains. »
Les mines antipersonnel tuent et blessent des personnes de manière indiscriminée. Elles sont généralement posées manuellement, mais peuvent également être dispersées par des avions, des roquettes, des tirs d'artillerie, des drones ou des véhicules spécialisés. Les mines terrestres non déminées restent dangereuses jusqu'à ce qu'elles soient localisées et détruites. La présence de mines dans des terres est susceptible de provoquer le déplacement de civils, d’entraver l'acheminement d'aide humanitaire et d’empêcher les activités agricoles.
Au 1er décembre 2025, 166 pays avaient adhéré au traité, dont les Îles Marshall et Tonga en 2025.
Cinq États ont toutefois décidé de se retirer de la Convention en 2025, invoquant des préoccupations liées à la sécurité régionale. Le 27 juin, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont déposé leurs notifications de retrait, suivies de la Finlande le 10 juillet et de la Pologne le 20 août. Ces retraits prendront effet six mois après ces dates respectives, si ces États ne reconsidèrent pas leur position ou ne s'engagent pas dans un conflit armé pendant cette période.
Au moins 22 États parties, le Comité international de la Croix-Rouge et la Campagne internationale pour l'interdiction des mines terrestres (ICBL), ainsi que le Secrétaire général des Nations Unies, plus de 100 lauréats du prix Nobel et d'autres personnalités éminentes ont exprimé leur profonde inquiétude face à ces retraits. Au moins 80 000 personnes à travers l'Europe ont signé une pétition exhortant ces cinq pays à ne pas se retirer du traité.
Le 21 juillet, l'Ukraine a annoncé sa décision de suspendre ses obligations au titre de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, jusqu'à la fin de la guerre avec la Russie, une mesure qui aussi suscité des inquiétudes. Cette suspension est illégale au regard du traité, selon lequel l’interdiction du recours aux mines ne peut être levée pendant un conflit armé. Plusieurs États ont fait part à l'ONU de leurs objections à la suspension de l'Ukraine.
La Russie a largement utilisé des mines antipersonnel en Ukraine depuis son invasion à grande échelle de ce pays le 24 février 2022, faisant des milliers de victimes et contaminant de vastes zones du territoire. Par exemple, les forces russes ont utilisé des drones quadricoptères pour disperser des mines antipersonnel dans la ville de Kherson et aux alentours, tuant des dizaines de civils et en blessant des centaines d’autres, ainsi que l’a signalé Human Rights Watch.
Play VideoAu cours de l'année écoulée, des photos et des vidéos publiées sur les réseaux sociaux indiquent les forces armées ukrainiennes ont accru leur recours aux mines antipersonnel, bien que l'ampleur de cette utilisation reste incertaine. L'Ukraine a demandé et reçu des mines antipersonnel des États-Unis en novembre et décembre 2024. Des informations accessibles au public suggèrent également que l'Ukraine fabrique des mines, notamment pour les déployer à l'aide de drones.
L'Ukraine continue d'enquêter sur les informations selon lesquelles en 2022, ses forces auraient utilisé des mines antipersonnel dans et autour de la ville d'Izioum, alors occupée par les forces russes.
Le rapport Landmine Monitor 2025 comprend également des documents attestant de la nouvelle utilisation de mines antipersonnel par les forces armées nationales de la Corée du Nord, de l'Iran et du Myanmar en 2024, et au cours du premier semestre 2025.
En juillet 2025, lors des affrontements frontaliers avec le Cambodge, la Thaïlande a accusé les forces militaires cambodgiennes d'avoir posé des mines antipersonnel le long de la frontière, et des informations ont fait état de soldats thaïlandais blessés par des mines antipersonnel. Le Cambodge a nié ces allégations.
Des groupes armés non étatiques ont utilisé des mines terrestres dans au moins 13 pays en 2024 et au cours du premier semestre 2025, en particulier dans la région du Sahel en Afrique, en Colombie, en Inde, au Pakistan et au Myanmar.
Le rapport Landmine Monitor 2025 a fait état d'au moins 6 279 personnes tuées ou blessées – dont 1 945 mortellement – par des mines terrestres et de restes explosifs de guerre dans 52 pays et régions en 2024. Les civils représentaient 90 % de toutes les victimes recensées, tandis que les enfants représentaient 46 % des victimes dont l'âge avait été enregistré.
En 2024, l'utilisation de mines par les forces armées du Myanmar a fait 2 029 victimes enregistrées dues aux mines terrestres ou aux restes explosifs de guerre, soit le nombre le plus élevé de tous les pays. Durant cette année, la junte du Myamar a posé des mines terrestres dans des maisons, des villages et des fermes, ainsi que Human Rights Watch l’a documenté.
La Syrie est classée deuxième dans ce triste bilan, avec 1 015 personnes tuées ou blessées par des mines antipersonnel en 2024, selon les chiffres du Landmine Monitor. En avril 2025, Human Rights Watch a documenté les dommages importants causés par la contamination massive par les mines terrestres dans toute la Syrie, notamment pour les personnes déplacées qui rentraient chez elles après la chute du gouvernement de Bachar al-Assad en décembre 2024.
Au total, 1 115 kilomètres de terres contaminées ont été déminés dans le monde en 2024, soit près de trois fois plus qu'en 2023, et 105 640 mines antipersonnel ont été détruites.
Malgré une augmentation du financement global de la lutte antimines, principalement en faveur de l'Ukraine, le financement international de ces efforts a diminué de 5 % en 2024. Les États-Unis sont restés le principal donateur, mais leur contribution a diminué de plus d'un tiers par rapport à 2023.
Certains États parties touchés par la contamination par les mines terrestres, en particulier ceux d'Afrique subsaharienne, ont continué à rencontrer des difficultés pour obtenir un soutien financier de la part des donateurs internationaux.
« Le déminage des terres contaminées est essentiel pour sauver des vies, et pour permettre aux habitants déplacés de retourner à leurs terres afin d’y reprendre leurs activités en tant que moyens de subsistance », a conclu Mark Hiznay. « Les États préoccupés devraient veiller à ce que tous les pays nécessitant des opérations de déminage bénéficient d'une aide à cet égard. »
Le rapport « Landmine Monitor 2025 » est publié par la Campagne internationale pour l'interdiction des mines terrestres (ICBL), la coalition mondiale d'organisations non gouvernementales qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1997. Human Rights Watch a cofondé cette campagne en 1992, et contribue chaque année au rapport Landmine Monitor.
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01.12.2025 à 06:00
Human Rights Watch
(La Haye) – Les pays membres de la Cour pénale internationale (CPI) devraient intensifier leurs efforts afin de protéger la Cour et les organisations de défense des droits humains qui font campagne en faveur de la justice, face aux attaques les ciblant, a déclaré Human Rights Watch dans un nouveau rapport. Ce document de 22 pages comprend des recommandations détaillées en vue de la 24ème session annuelle de l’Assemblée des États parties de la CPI, qui se tiendra à La Haye (Pays-Bas) du 1er au 6 décembre 2025.
En 2025, l’administration américaine du président Donald Trump a infligé des sanctions à des responsables de la Cour, à une experte des Nations Unies et à des organisations palestiniennes de la société civile ; ces mesures constituent une véritable attaque contre la justice et l’état de droit international. Les mandats d’arrêt russes émis en 2023 et 2024 à l’encontre de responsables de la CPI demeurent en vigueur. En juin, la Cour a fait face à une deuxième grave cyber-attaque à des fins d’espionnage.
« Les efforts de gouvernements pour porter atteinte à la CPI reflètent plus généralement les attaques contre l’état de droit mondial, avec pour objectif d’invalider les institutions qui entendent demander des comptes aux responsables des pires crimes », a déclaré Liz Evenson, directrice du programme Justice internationale de Human Rights Watch. « Les pays membres de la CPI devraient rester fermes dans leur défense de la Cour, afin que la justice impartiale puisse demeurer un pilier de l’ordre international fondé sur les règles. »
Cette session de l’Assemblée se tiendra dans un contexte d’importantes avancées réalisées par la CPI au cours de l’année écoulée. En mars, les Philippines ont remis à la Cour l’ancien président Rodrigo Duterte pour qu’il réponde à des accusations de crimes contre l’humanité liés à la tristement célèbre « guerre antidrogue » du pays, qui a tué des dizaines de milliers de personnes. En octobre, lors d'un procès qui a fait date, les juges de la CPI ont condamné un ancien chef de milice « Janjawid » pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis dans le Darfour, au Soudan.
Le 6 février, le président Trump a émis un décret présidentiel qui autorise à geler les avoirs et à interdire l’entrée sur le territoire des représentants de la CPI et d’autres personnes contribuant à son travail. Ce décret cherche clairement à protéger des responsables américains et israéliens face aux inculpations dont ils pourraient faire l’objet devant la CPI. En novembre 2024, les juges de la CPI ont émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre Benyamin Netanyahou et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés commis à Gaza.
Le gouvernement des États-Unis s’est servi du décret présidentiel pour infliger des sanctions au Procureur de la CPI, aux deux procureurs adjoints, à six juges de la Cour, à la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 et à trois éminentes organisations palestiniennes de défense des droits humains : Al-Haq, le Centre Al-Mezan pour les droits humains et le Centre palestinien pour les droits humains.
Les sanctions des gouvernements ne devraient être employées que pour cibler ceux qui commettent des crimes graves, et non pas ceux qui documentent ces crimes ou rendent justice à leurs victimes, a déclaré Human Rights Watch.
Si elles ne sont pas contrôlées, les sanctions américaines pourraient faire gravement reculer la lutte mondiale contre l’impunité. Les personnes et les organisations ciblées par les sanctions des États-Unis ont perdu des financements, mais aussi l’accès à leurs comptes bancaires et à d’autres services financiers, et font l’objet de restrictions sur les médias sociaux. Afin de prendre un minimum de risques, les institutions financières respectent généralement les sanctions américaines et peuvent refuser de façon préventive des transactions avec la CPI, ce qui met en péril le travail qu’elle accomplit dans le monde entier.
Les pays membres de la CPI devraient profiter de l’occasion offerte par la session de l’Assemblée pour démontrer leur soutien fort en faveur de la Cour et les défenseurs des droits humains, a déclaré Human Rights Watch. Les États parties à la CPI ont fait des déclarations individuelles et conjointes condamnant les sanctions des États-Unis. Ils peuvent s’appuyer sur ces déclarations, lors de la session, pour montrer qu’ils ne seront pas dissuadés de la soutenir.
Les États membres devraient aussi s’engager à prendre davantage de mesures concrètes afin de limiter, voire, si c’est possible, annuler les effets des sanctions et d’autres mesures coercitives contre la Cour, ses responsables et les personnes coopérant avec elle, y compris au sein de la société civile. L’Union européenne n’a toujours pas agi pour utiliser sa loi de blocage, qui pourrait apporter une mesure de protection face aux effets illégaux des sanctions américaines. Lors de la session, les États membres de l’UE devraient appeler à l’application de cette loi.
Parmi les autres questions de l’ordre du jour de l’Assemblée, figure le fait que certains pays membres de la CPI – l’Italie, la Hongrie et le Tadjikistan – n’ont pas coopéré pour l’arrestation d’individus recherchés par la Cour qui se trouvaient sur leur territoire. Sans arrestations, la Cour ne peut pas rendre justice ; or elle compte sur les gouvernements pour procéder à ces arrestations.
C’est la première fois en 24 ans que l’Assemblée tiendra une séance plénière consacrée à la question de la non-coopération. Elle se penchera sur une décision des juges de la Cour selon laquelle la Hongrie a bafoué ses obligations légales lorsqu’elle a manqué d’arrêter le Premier ministre Benyamin Netanyahou lors de sa visite à Budapest en avril. Les pays membres ne devraient pas rater cette occasion de s’acquitter de leur responsabilité d’appliquer les conclusions des juges et de préparer le terrain pour traiter de telles futures décisions devant l’Assemblée, a déclaré Human Rights Watch.
Les pays membres de la CPI détermineront également le budget de la CPI pour 2026. La Cour a émis une requête conservatrice du point de vue comptable, axée avant tout sur la résilience de l’institution face aux défis actuels, parmi lesquels les sanctions américaines. Les pays membres devraient veiller à ce que la Cour dispose de ressources suffisantes dans son budget ordinaire de l’année prochaine, afin de la rendre aussi résiliente que nécessaire, tout en continuant à mener à bien son mandat international, a déclaré Human Rights Watch.
« La CPI a ses failles, mais elle demeure le tribunal de dernière instance pour des milliers de victimes et de proches qui n’ont aucun autre recours », a conclu Liz Evenson. « En montrant un front uni lors de leur session annuelle, les pays membres de la CPI peuvent adresser un message clair et fort : ils restent inébranlables et implacables dans leur lutte pour la justice. »
28.11.2025 à 21:13
Human Rights Watch
(Berlin, 28 novembre 2025) – La désignation par la Russie de Human Rights Watch comme organisation étrangère « indésirable », annoncée aujourd’hui par le ministère russe de la Justice, est un nouveau signe de la répression exercée par le Kremlin, a déclaré Human Rights Watch. Cette désignation équivaut à une interdiction de toute activité de l'organisation en Russie.
« Depuis plus de trois décennies, le travail de Human Rights Watch dans la Russie post-soviétique visait à inciter le gouvernement à respecter les droits humains et les libertés », a déclaré Philippe Bolopion, directeur exécutif de Human Rights Watch. « Notre travail n'a pas changé, mais ce qui a changé de manière dramatique, c'est l'adoption accélérée par le gouvernement de politiques dictatoriales, l'intensification alarmante de la répression et l'ampleur des crimes de guerre commis par les forces russes en Ukraine. »
Le bureau du Procureur général russe a pris la décision d'interdire Human Rights Watch le 10 novembre, comme l'indique le registre des organisations « indésirables » du ministère de la Justice mis à jour le 28 novembre. Les motifs officiels de cette décision n’ont pas été rendus publics.
En avril 2022, six semaines après le début de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, les autorités russes avaient révoqué l'enregistrement du bureau de Human Rights Watch à Moscou, qui était opérationnel depuis 1992. Ce bureau avait alors dû fermer ses portes, mais le travail de Human Rights Watch au sujet de la Russie, qui avait débuté en 1978 durant l’ère soviétique, s’est poursuivi.
La loi sur les organisations « indésirables » est l'un des outils les plus puissants parmi l'arsenal de lois répressives adoptées par les autorités russes au cours des dernières années, afin de réduire au silence toute voix critique à l'égard du gouvernement, et de neutraliser les organisations civiques indépendantes.
En vertu de la Loi fédérale russe 129-FZ du 3 juin 2015, le parquet peut désigner comme « indésirable » toute organisation étrangère ou internationale qui porterait atteinte à la sécurité, à la défense ou à l'ordre constitutionnel de la Russie. Les organisations « indésirables » et leurs documents sont interdits en Russie. Les personnes qui continuent à collaborer avec ces organisations, que ce soit en Russie ou à l'étranger, s'exposent à des sanctions administratives et pénales, pouvant aller jusqu'à six ans de prison. Les autorités interprètent la notion de « collaboration » de manière large et arbitraire.
En 2021, Andrei Pivovarov, un activiste politique, a été condamné à quatre ans de prison pour des publications sur les réseaux sociaux qui, selon les autorités, faisaient la promotion d'Open Russia, un mouvement d'opposition politique désigné comme « indésirable ». En 2024, les autorités russes l'ont libéré et expulsé du pays. En mai 2025, un tribunal de Moscou a condamné Grigory Melkonyants, un éminent défenseur des droits humains et observateur électoral russe, à cinq ans de prison après que les autorités aient injustement assimilé le groupe russe d'observation électorale Golos au Réseau européen des organisations d'observation électorale, qualifié d'« indésirable » en 2021.
Suite aux condamnations des deux activistes, le projet « « Soutien aux prisonniers politiques » de Memorial, une importante organisation russe de défense des droits humains, les avaient qualifiés de prisonniers politiques.
Les autorités russes ont désigné au moins 280 organisations comme « indésirables » et les tribunaux ont prononcé des condamnations administratives et pénales, y compris par contumace, à l'encontre de centaines de personnes. Parmi les organisations désignées comme « indésirables » figurent d'éminentes fondations de la société civile, des organisations de défense des droits humains, des organisations environnementales, ainsi que des médias indépendants russes de premier plan. De nombreux membres et employés d’organisations ou médias qualifiés d’ « indésirables » ont dû quitter le pays et se réinstaller à l’étranger ; ces organisations ou médias ou dû s’enregistrer en tant qu'entités étrangères, afin de poursuivre leur travail.
Depuis son adoption en 2015, la loi sur les « organisations indésirables » a été critiquée à plusieurs reprises par les organismes et experts internationaux des droits humains notamment le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et la Commission de Venise, un organe consultatif du Conseil de l'Europe. Le Comité des droits de l'homme des Nations Unies, chargé d’interpréter le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ainsi que la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans la Fédération de Russie, ont exhorté les autorités russes à abroger ou réviser cette loi.
« Qualifier les organisations de défense des droits humains d'indésirables est une mesure effrontée et cynique », a conclu Philippe Bolopion. « Mais cela ne fait que renforcer notre détermination à documenter les violations des droits humains et les crimes de guerre commis par les autorités russes, et à veiller à ce que les responsables soient tenus de rendre des comptes. »
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Articles
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20Minutes.ch LeDevoir.com
28.11.2025 à 13:00
Human Rights Watch
(Nairobi) – Les inquiétudes concernant les irrégularités, l’ingérence politique et les pressions sécuritaires risquent de mettre en question la crédibilité et le caractère inclusif d’élections cruciales en République centrafricaine, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Le scrutin, prévu pour le 28 décembre, comprendra des élections présidentielle et législatives, mais aussi des élections municipales pour la première fois depuis des décennies.
« Les élections en République centrafricaine détermineront la trajectoire politique du pays pour les années à venir », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale à Human Rights Watch. « Malgré des progrès tangibles vers l'établissement de la paix, les obstacles à la participation de l'opposition, le dysfonctionnement administratif et les craintes d'un retour à la répression pourraient priver de leurs droits électoraux de larges pans de la population. »
Ces élections seront tenues à la suite du référendum constitutionnel très controversé de 2023, qui a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels et a ainsi ouvert la voie à un maintien au pouvoir du président Faustin-Archange Touadéra pour une durée indéfinie. La période officielle de campagne doit débuter le 13 décembre.
Deux des personnalités politiques les plus éminentes du pays, les anciens premiers ministres Anicet-Georges Dologuélé et Henri-Marie Dondra, ont été empêchés de se présenter à l’élection présidentielle jusqu'au 14 novembre, date à laquelle le Conseil constitutionnel a décidé de les autoriser à se porter candidats. Cette décision tardive s'inscrit dans une tendance manifeste à des manœuvres administratives qui ont entravé de façon disproportionnée les politiciens de l'opposition tout en favorisant le parti au pouvoir, le Mouvement Cœurs Unis (MCU), a déclaré Human Rights Watch.
Les deux politiciens susmentionnés sont largement considérés comme les seuls adversaires crédibles à Faustin-Archange Touadéra. « Nous avons été dans les faits retardés pendant que le MCU se mobilisait », a déclaré Anicet-Georges Dologuélé à Human Rights Watch. Leur admission tardive dans la course soulève des questions quant à l’aspect équitable du choix présenté aux électeurs, a déclaré Human Rights Watch.
Ces développements interviennent alors que des doutes croissants subsistent quant à la capacité de l'Autorité Nationale des Élections à organiser le scrutin. Des défaillances dans la planification logistique, des listes électorales incomplètes et un personnel insuffisamment formé pour travailler dans les bureaux de vote, en particulier en dehors de Bangui, la capitale, sont des problèmes potentiels.
À Bangui, des activistes de la société civile ont fait part de leur inquiétude quant à la capacité des quelque 6 700 bureaux de vote à ouvrir à temps, voire à ouvrir tout court. Les électeurs ruraux, déjà entravés par l'insécurité et des moyens de transport limités, pourraient se retrouver dans les faits exclus. Ce manque de préparation non seulement sape la confiance dans le processus, mais fait également craindre que les chiffres de participation ne soient fortement biaisés en faveur de la capitale.
Le gouvernement a cherché à renforcer la confiance dans les élections en signant une série d'accords de paix avec divers groupes armés. Ces accords, qui éludent la question de la reddition de comptes pour les violations des droits humains et les potentiels crimes de guerre commis dans le passé, ont néanmoins créé des conditions de stabilité qui n'avaient pas été observées depuis des années. Cependant, plusieurs activistes de la société civile, journalistes, responsables de l'ONU et diplomates s'interrogent sur la durabilité de ces accords de paix, notamment celui signé le 19 novembre avec le Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC).
Au cours de la dernière décennie, de nombreuses déclarations de paix ont rapidement échoué, les promesses de désarmement, d'inclusion politique ou de partage des ressources n'ayant pas été tenues. Un journaliste a déclaré à Human Rights Watch : « Les groupes armés ont été achetés pour garantir la tenue des élections. Le désarmement est devenu une arnaque… Nous verrons très probablement ces groupes reprendre leurs attaques une fois que l'argent sera épuisé… [jusqu'à] la prochaine série d'élections. »
Sans véritables efforts de désarmement, les accords actuels serviront davantage de gestes symboliques renforçant l'impunité que de mécanismes pour une stabilité durable, a déclaré Human Rights Watch.
L'environnement politique inégalitaire a incité de nombreux partis d'opposition à appeler à un boycott total des élections. Les dirigeants du Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC), une coalition d'opposition, ont déclaré à Human Rights Watch qu'ils étaient préoccupés par l'obstruction des candidats, par les lacunes administratives des autorités électorales et par le monopole du gouvernement sur les médias et les ressources de l'État.
Ce boycott, ainsi que les retards subis par Anicet-Georges Dologuélé et Henri-Marie Dondra, ouvriront très probablement la voie à un parlement dominé par le parti actuellement au pouvoir. Une législature sans une vraie surveillance par l'opposition risque de compromettre des institutions déjà faibles, a déclaré Human Rights Watch. « Nous avons besoin de contrôles sur l'exécutif », a expliqué un homme politique à Human Rights Watch. « Je crains que ces élections, déjà biaisées, ne constituent un test pour les principes de responsabilité démocratique. »
Une certaine rhétorique xénophobe en ligne suscite également des inquiétudes. Anicet-Georges Dologuélé a dû renoncer à sa nationalité française pour se porter candidat à l’élection présidentielle, car les personnes occupant des fonctions élevées ne sont pas autorisées à avoir aussi la citoyenneté d'un autre pays. Néanmoins, certains groupes associés au parti au pouvoir diffusent des déclarations en ligne pour débattre de « qui est un vrai Centrafricain », visant l'opposition. Au moment du référendum constitutionnel de 2023, les attaques en ligne contre ses opposants se sont intensifiées avant le vote.
Henri-Marie Dondra a déclaré à Human Rights Watch qu'en plus d'autres contraintes, deux de ses frères avaient été arrêtés, et l'un d'eux est toujours en détention provisoire sans inculpation, apparemment pour des raisons politiques.
Les élections se tiendront dans le contexte d'une réduction prévue de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). Cette mission, qui a pour mandat de protéger les civils et de surveiller les violations des droits humains, ainsi que de soutenir les élections, devrait réduire sa présence, en partie en raison des contraintes budgétaires pesant sur les opérations de maintien de la paix de l'ONU et du souhait de certains États membres de voir leurs responsabilités transférées aux autorités nationales.
Une présence réduite de l'ONU pourrait exposer les communautés, en particulier celles dans les régions touchées par le conflit, à la contrainte et aux représailles des milices si les accords de paix ne sont pas respectés. Certains diplomates à Bangui ont déclaré à Human Rights Watch que la Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) et l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), qui pourraient surveiller les élections, n’ont toujours pas été confirmées un mois avant le scrutin et ne seront très probablement pas en mesure d'effectuer une surveillance en dehors de Bangui.
Malgré ces préoccupations, des activistes de la société civile et des journalistes font état de certaines améliorations. « La situation est meilleure qu’il y a quelques années, la répression s'est atténuée », a déclaré un journaliste à Human Rights Watch. « Cependant, nous devons rester vigilants. Une fois qu'il aura consolidé son contrôle total sur le parlement et les administrations municipales, le MCU contrôlera la manière dont nous discutons de la politique gouvernementale, de la sécurité et du développement. » Les autorités devraient veiller à ce que les journalistes et les activistes puissent continuer à exercer librement leur travail sans craindre de représailles ou de répression, a déclaré Human Rights Watch.
À un mois des élections, le gouvernement devrait lever tous les obstacles à la participation de l'opposition et garantir un accès égal à la campagne électorale et aux médias. Les autorités devraient libérer les personnes détenues sans fondement juridique crédible, y compris le frère d’Henri-Marie Dondra. Les partenaires internationaux de la République centrafricaine devraient surveiller le respect des normes internationales lors des élections, et la réduction de la présence des forces de maintien de la paix devrait être reconsidérée si les groupes armés attaquent à nouveau des civils.
« La République centrafricaine se trouve à un carrefour, et des élections crédibles ne pourront avoir lieu tant que des préoccupations légitimes ne sont pas prises en compte », a conclu Lewis Mudge. « La voie vers la stabilité du pays dépend de processus politiques inclusifs et compétitifs qui reflètent la volonté de toutes les communautés, et pas seulement de celles qui ont accès au pouvoir. »
27.11.2025 à 20:46
Human Rights Watch
(Berlin) – Le 26 novembre, la campagne People First a exhorté les principaux dirigeants impliqués dans le projet de plan de paix pour l'Ukraine à veiller à ce que tout plan de paix concernant la guerre menée par la Russie contre ce pays place la dimension humaine au cœur de ses préoccupations, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Les responsables de cette campagne ont adressé une lettre ouverte à plusieurs dirigeants, dont le président américain Donald Trump, les chefs d'État des pays membres de l'Union européenne, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président turc Recep Tayyip Erdoğan.
« La priorité doit être donnée aux personnes détenues », a déclaré Benjamin Ward, directeur par intérim de la division Europe et l'Asie centrale à Human Rights Watch. « La libération des personnes détenues en raison du conflit doit être au cœur de tout effort de paix. »
La campagne People First (« Les personnes d’abord »), qui vise à obtenir la libération des prisonniers de guerre, a été lancée en janvier. Elle regroupe actuellement 73 organisations ukrainiennes, russes et internationales de défense des droits humains, dont Human Rights Watch.
Dans sa lettre, la campagne People First a souligné la nécessité de libérer les civils ukrainiens détenus par la Russie, les prisonniers de guerre des deux camps, les prisonniers politiques russes poursuivis pour leurs opinions ou leurs actions anti-guerre, ainsi que les enfants ukrainiens déportés ou transférés de force par les autorités russes.
La coalition s'est dite préoccupée par le fait que les civils ukrainiens et les prisonniers de guerre détenus par la Russie restent exposés au grave risque de tortures brutales et systématiques, et d'autres types de mauvais traitements.
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27.11.2025 à 06:00
Human Rights Watch
(Beyrouth, 27 novembre 2025) – Les autorités houthies au Yémen ont arrêté des dizaines d'opposants politiques, y compris des dirigeants de plusieurs partis politiques, depuis juillet 2025 ; certains cas pourraient constituer des disparitions forcées, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Au moins 70 personnes liées à la Congrégation yéménite pour la réforme, connue sous le nom de parti Islah, ont été arrêtées en moins de 24 heures dans le gouvernorat de Dhamar, le 28 octobre.
Ces dernières arrestations s'inscrivent dans le cadre d'une campagne plus large menée depuis un an et demi, qui vise les membres de la société civile, le personnel des Nations Unies, des employés d’organisations non gouvernementales, des personnalités du monde des d'affaires et même des personnes parmi les autorités houthies. Au moins 59 membres du personnel des Nations Unies sont toujours détenus sans pouvoir consulter d'avocat et avec un accès limité, voire inexistant, à leur famille. Parallèlement, les Houthis multiplient les accusations douteuses d'espionnage contre les personnes qu'ils ont arrêtées, notamment dans le cadre d'un récent procès inéquitable contre 21 personnes, dont 17 ont été condamnées à mort. Beaucoup d'entre elles ont été accusées d'espionnage sans avoir eu accès à une procédure régulière.
« Plutôt que de répondre aux besoins urgents des Yéménites dans les territoires qu’ils contrôlent, les Houthis semblent avoir le réflexe de détenir toute personne qu'ils considèrent comme une menace pour leur mouvement », a déclaré Niku Jafarnia, chercheuse sur le Yémen et Bahreïn à Human Rights Watch. « Ils devraient immédiatement libérer toutes les personnes détenues arbitrairement, protéger plutôt les droits des personnes vivant dans les zones sous leur contrôle, et répondre à leurs besoins. »
Human Rights Watch a mené des entretiens avec 13 personnes, dont des proches des détenus, des journalistes et des membres de la société civile qui ont suivi ces affaires. Les chercheurs ont également examiné des documents liés aux détentions, notamment des déclarations de partis politiques, des actes d'accusation officiels et des listes de détenus.
Les Houthis détiennent des personnes affiliées à des partis politiques d'opposition depuis leur prise de contrôle de Sanaa, la capitale du Yémen, en 2014. Cependant, ils ont intensifié ces arrestations au cours des derniers mois. Un porte-parole d'Islah, Adnan al-Odaini, a déclaré à Human Rights Watch que la campagne contre ce parti avait commencé après que les forces houthies eurent tenté d'arrêter le cheikh Saleh Hantos dans la province de Rayma, avant de le tuer le 1er juillet 2025. Les Houthis avaient accusé le cheikh Hantos, un érudit religieux âgé de plus de 70 ans et membre d'Islah, d'« adopter des positions alignées sur celles des États-Unis et d'Israël et de nuire aux activités populaires et officielles soutenant la résistance palestinienne ».
Le 3 août, les autorités houthies ont arrêté Rami Abdulwahab, un responsable du Parti socialiste arabe Baas. Le 20 août, les Houthis ont arrêté Ghazi al-Ahwal, secrétaire général du Congrès général du peuple, le parti politique affilié à l'ancien président Ali Abdullah Saleh. Le 25 septembre, ils ont arrêté Aaidh al-Sayadi, secrétaire adjoint du Parti socialiste yéménite dans le gouvernorat de Dhamar.
Les proches d'Abdulwahab et d'al-Sayadi ont déclaré que les deux hommes n'avaient pas été autorisés à recevoir la visite de leur famille ni à désigner des avocats pour les représenter.
Les arrestations du 28 octobre à Dhamar ont porté à plus de 200 le nombre total de membres du parti Islah détenus, a déclaré le parti dans un communiqué. La plupart des personnes récemment arrêtées n'étaient pas des responsables du parti, mais des fonctionnaires, des enseignants et des personnalités sociales, a déclaré Najeeb al-Sheghdari, secrétaire général de l'Organisation Musawah pour les droits humains et les libertés.
Le fils d'un des détenus du parti Islah a déclaré à Human Rights Watch que son père avait été enlevé dans sa voiture par des hommes armés et masqués à Dhamar en novembre. Le jeune homme, ainsi que les familles de six autres détenus, ont déclaré que les Houthis n'avaient pas présenté de mandats d'arrêt ni communiqué où ils emmenaient leurs proches. Les familles ne connaissent pas les charges retenues contre leurs proches ni leur lieu de détention et n'ont pas pu communiquer avec eux, ce qui équivaut à une disparition forcée.
Human Rights Watch a déjà documenté des cas où les Houthis ont arrêté et fait disparaître de force des dizaines de personnes en raison de leur affiliation politique, notamment en avril 2020, lorsqu'ils ont arrêté 25 membres du parti Islah à Dhamar.
En juin 2024, la Cour pénale spécialisée a condamné à mort 44 personnes détenues en 2020, dont 16 jugées par contumace, et 5 autres à des peines de prison, a rapporté le site Musawah. Aucune d'entre elles n'a eu accès à un avocat.
Un proche de l'une des personnes condamnées à mort a déclaré que la famille avait tenté de désigner Abdulmajeed Sabra, un éminent avocat de Sanaa, pour défendre son dossier, mais que le juge « a refusé de lui remettre une copie du dossier, ne lui a pas permis de s'exprimer et lui a demandé à plusieurs reprises de se taire ». Lorsque Sabra a voulu voulu exprimer une objection, a poursuivi le proche, « le juge lui avait ordonné de quitter la salle d'audience ». Le 25 septembre 2025, des hommes armés houthis ont effectué une descente dans le bureau de Sabra à Sanaa, et l'ont emmené de force vers un lieu secret.
Dans son rapport d’octobre 2025, le Groupe d'experts des Nations Unies sur le Yémen a observé ceci : « Le pouvoir judiciaire [sous les Houthis] a été instrumentalisé pour réprimer les voix dissidentes et la liberté d’expression. Le parquet spécialisé de Sanaa a inculpé des centaines de personnes pour trahison et espionnage. » Le rapport ajoute : « Souvent, les personnes sont détenues sans qu’aucun mandat d’arrêt ne leur soit présenté, sans qu’aucune inculpation officielle ne leur soit communiquée et sans que la possibilité d’avoir accès à un avocat et au dossier ne leur soit donnée. Nombre d’entre elles sont maintenues en détention pendant de longues périodes sans procès ni contrôle judiciaire. »
Human Rights Watch et d'autres organisations, dont l'ancien Groupe d'experts éminents des Nations Unies sur le Yémen, ont documenté le recours à la torture par les Houthis pour obtenir des informations ou des aveux.
Arrêter une personne sans mandat et sans chefs d'accusation clairs constitue une violation de l'article 132 du Code de procédure pénale yéménite. Interroger une personne accusée d'un crime sans la présence de son avocat constitue une violation de l'article 181. La loi prévoit également, en vertu de l'article 6, que « toute déclaration dont il est prouvé qu'elle a été faite par un accusé ou un témoin sous l'influence de tels actes [torture, traitements inhumains, dommages physiques ou psychologiques] est nulle et non avenue et ne peut être prise en considération ». La détention d'une personne sans fondement juridique ou, dans le cadre d'une procédure pénale, sans qu'elle soit rapidement mise en accusation, constitue une violation tant du droit yéménite que du droit international des droits humains.
« Les Houthis devraient libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement uniquement en raison de leurs affiliations politiques », a conclu Niku Jafarnia. « Ils devraient également libérer les autres personnes détenues arbitrairement, notamment celles qui sont détenues pour avoir commémoré la révolution du 26 septembre, les journalistes, les avocats et des dizaines d'employés des Nations Unies et de la société civile. »
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25.11.2025 à 14:52
Human Rights Watch
En février 2026, cela fera 80 ans que les Nations Unies ont choisi leur tout premier Secrétaire général, un homme. Depuis lors, les huit autres personnes ayant occupé ce poste étaient tous des hommes. Il est grand temps qu'une femme occupe ces fonctions.
António Guterres, l'actuel Secrétaire général, terminera son mandat en décembre 2026. Les tractations pour désigner son successeur sont déjà bien engagées. Une campagne est également en cours, menée par 1 for 8 Billion, pour que le·la prochain·e Secrétaire général·e soit une femme. Plusieurs femmes se sont portées candidates.
Nous sommes au cours d’une crise mondiale des droits humains, en particulier pour les femmes. L'ONU a estimé en 2022 qu'au rythme actuel, il faudrait 300 ans pour parvenir à l'égalité des genres. Mais même cela semble désormais trop optimiste. En 2025, l'ONU signalait qu'un quart des pays connaissaient un recul des droits des femmes.
L'autoritarisme est en hausse et la misogynie est un outil couramment utilisé par les dirigeants autoritaires. Les conflits atteignent également des niveaux jamais vus depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Au cours des dix dernières années, le nombre de femmes et de filles vivant dans des zones de conflit a augmenté de 50 %, avec des conséquences dévastatrices, notamment l'exacerbation des inégalités entre les genres.
La pleine participation des femmes à toutes les prises de décision est un principe fondamental de l'ONU. Adoptée en 2000, la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité a établi que les femmes devaient participer pleinement, en toute sécurité, sur un pied d'égalité et de manière significative à toutes les discussions concernant l'avenir de leur pays, notamment lors des pourparlers de paix. En 2024, le Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a publié des orientations sur la manière dont les pays peuvent parvenir à la parité entre les genres dans la prise de décision et sur les raisons pour lesquelles ils y sont tenus.
La participation des femmes est cruciale, car elles représentent la moitié de la population. Elle est également particulièrement nécessaire en cette période de conflits croissants ; des recherches montrent que lorsque les femmes sont pleinement impliquées, les processus de paix aboutissent plus souvent à des accords, et que ces accords ont plus de chances d'être mis en œuvre.
L'ONU a la responsabilité de garantir la participation des femmes et l'égalité des genres. Les objectifs de développement durable de l'ONU exhortent les pays à « mettre fin à toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et des filles partout dans le monde » d'ici 2030.
Ces efforts devraient inclure le processus de sélection du/de la Secrétaire général·e des Nations Unies. Tous les États membres devraient présenter et soutenir des candidates avec une solide expérience dans le domaine des droits humains. Une fois constitué un groupe de candidat·e·s diversifié, les États membres devraient sélectionner le·la candidat·e le plus qualifié·e. En ces temps périlleux, nous ne pouvons-nous permettre d'avoir un club exclusivement masculin à la tête des Nations Unies.
25.11.2025 à 07:00
Human Rights Watch
(Abuja, 25 novembre 2025) – Les autorités nigérianes devraient agir d’urgence pour assurer la libération des élèves et des enseignants récemment enlevés dans le nord-ouest du pays et prendre des mesures concrètes pour protéger les écoles et les communautés contre de nouvelles attaques, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Les groupes responsables des enlèvements devraient immédiatement libérer les élèves et les enseignants détenus.
Le 18 novembre, 25 écolières ont été enlevées par des hommes armés non identifiés à l'école secondaire publique pour filles de Maga, dans l'État de Kebbi. Trois jours plus tard, le 21 novembre, au moins 303 élèves (filles et garçons) et 12 enseignants ont été enlevés à l'école primaire et secondaire catholique St. Mary's de Papiri, dans l'État du Niger.
« Ces enlèvements massifs dans des écoles mettent une fois de plus en évidence le ciblage délibéré des élèves, des enseignants et des écoles alors que la situation sécuritaire continue de se détériorer au Nigeria », a déclaré Anietie Ewang, chercheuse sur le Nigeria à Human Rights Watch. « L'aggravation de la crise met en lumière l'incapacité du gouvernement à protéger les communautés vulnérables. »
Aucun groupe n'a revendiqué la responsabilité de ces attaques. Ces dernières années, le Nigeria a été en proie à des attaques violentes et à des enlèvements perpétrés par des gangs criminels communément appelés « bandits ». Ces groupes ont procédé à des enlèvements contre rançon, notamment d’élèves des régions du nord-ouest et du centre du Nigeria. Le 18 novembre, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou Jama'at Nusrat al-Islam wa al-Muslimeen, NIM), lié à Al-Qaïda et actif dans tout le Sahel, a revendiqué la responsabilité d'une attaque contre une patrouille militaire menée dans l'État de Kwara le 29 octobre ; il s’agissait apparemment de sa première incursion sur le territoire nigérian.
Human Rights Watch a mené des entretiens avec les parents de deux des filles enlevées dans l'État de Kebbi. Isa Nazifi, le père de Khadija Nazifi, une élève de 13 ans qui figurait parmi les personnes enlevées, a déclaré : « J'ai immédiatement pris une moto et je me suis précipité à l'école, où j'ai trouvé ma deuxième fille, également élève dans cette école. Elle m'a dit que Khadija avait été enlevée. Nous sommes extrêmement inquiets. Ma femme est en larmes. Je resterai ici à l'école jusqu'à ce que ma fille revienne. Si je rentre à la maison sans elle, que vais-je dire à ma famille ? »
Malam Sani Zimri, dont la fille, Salima Sani Zimri, est une lycéenne qui a également été enlevée, a déclaré avoir entendu des rumeurs provenant d'autres parents concernant une possible attaque de bandits au cours de la semaine ayant précédé l'incident : « Nous avions repris confiance après avoir vu des militaires surveiller la zone, mais nous avons réalisé qu'il n'y avait aucun agent de sécurité sur place pendant les trois heures qu'a duré l'incident. »
En 2014, l'enlèvement d'écolières à Chibok, dans l'État de Borno par le groupe islamiste armé Boko Haram avait provoqué l'indignation mondiale. Depuis lors, une série d'enlèvements dans des écoles du nord du Nigeria a laissé des familles traumatisées et des communautés entières vivant dans la crainte que si leurs enfants allaient à l'école, ils ne rentrent jamais à la maison. En 2016, Human Rights Watch a rapporté que Boko Haram avait également enlevé plus de 300 enfants de l'école primaire Zanna Mobarti à Damasak, dans l'État de Borno, en 2015.
En décembre 2020, plus de 300 garçons ont été kidnappés dans un internat à Kankara, dans l'État de Katsina. Début 2021, des élèves ont de nouveau été enlevés lors d'incidents majeurs à Kagara, dans l'État du Niger, et à Jangebe, dans l'État de Zamfara, suivis par l'enlèvement de plus de 100 élèves du lycée baptiste Bethel dans l'État de Kaduna. La vague d'enlèvements s'est poursuivie en 2024 avec l'enlèvement d'élèves dans des écoles à Kuriga, dans l'État de Kaduna, et à Gidan Bakuso, dans l'État de Sokoto.
Les autorités nigérianes n'ont pas tiré les leçons des attaques précédentes pour mettre en place des systèmes d'alerte précoce et d'autres mesures susceptibles de prévenir ces atrocités, a déclaré Human Rights Watch.
En réponse aux récents enlèvements, le gouvernement a promis de secourir les élèves kidnappées et de traduire les responsables en justice. Le président Bola Tinubu a ordonné aux agences de sécurité d'agir rapidement pour ramener les filles, tout en exhortant les communautés locales à partager leurs renseignements.
Les autorités ont également fermé 47 écoles secondaires fédérales connues sous le nom de Federal Unity Colleges, et certains États, dont Katsina, Taraba et Niger, ont également fermé des écoles ou restreint les activités scolaires, en particulier dans les internats. Si ces mesures visent à protéger les élèves, elles ont perturbé l'éducation de milliers d'enfants, les privant d'accès à l'éducation et du soutien social et psychologique que leur apportent les écoles. Sans mesures concrètes visant à offrir d'autres possibilités d'apprentissage afin d'assurer la continuité de leur éducation, les élèves risquent de prendre du retard scolaire et de subir des revers à long terme dans leur développement.
Le Nigeria est l’un des pays signataires de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, qui engage le gouvernement à prendre des mesures concrètes pour protéger l'éducation en période de conflit et d'insécurité. Pourtant, les enlèvements se poursuivent à grande échelle, à un rythme sans relâche. Le 19 novembre, le Sénat nigérian a ordonné une enquête approfondie sur la mise en œuvre du Fonds pour la sécurité des écoles du gouvernement, demandant pourquoi les fonds destinés à la protection des écoles n'avaient pas permis d'empêcher les attaques récurrentes. Le gouvernement devrait agir d’urgence pour faire avancer une proposition visant à introduire une législation afin de mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, a déclaré Human Rights Watch.
« Les enfants nigérians ont le droit d'aller à l'école sans craindre pour leur vie », a conclu Aniete Ewang. « Les autorités nigérianes devraient donner la priorité à la libération en toute sécurité des enfants et des enseignants kidnappés, et traduire en justice les responsables. »
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24.11.2025 à 22:54
Human Rights Watch
(Washington) – L'intensification des pressions politiques exercées sur les autorités électorales au Honduras y menace le droit des citoyens de voter lors d'élections libres et équitables, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Des élections générales seront tenues au Honduras le 30 novembre, afin d’élire le ou la président-e, les 128 membres du Congrès national et les 20 députés honduriens du Parlement centraméricain. Ces dernières semaines, le bureau du Procureur général a ouvert des enquêtes pénales visant les hautes autorités électorales. Parallèlement, l'impasse au sein du Conseil national électoral (Consejo Nacional Electoral, CNE) a retardé à plusieurs reprises l'attribution des contrats pour l'organisation des élections. Les allégations de fraude formulées par la présidente Xiomara Castro, ainsi que par des membres des partis d'opposition, sapent également la crédibilité du processus électoral.
« Les allégations de fraude potentielle, les mesures agressives prises par les procureurs et l'armée, et l'impasse politique au sein de l'autorité électorale menacent le droit des Honduriens à participer à des élections libres et équitables », a déclaré Juanita Goebertus, directrice de la division Amériques à Human Rights Watch. « Les missions internationales d'observation électorale devraient suivre de près le processus et faire pression sur les autorités honduriennes pour garantir que les conditions électorales soient libres et équitables. »
Depuis 2019, l'autorité électorale est divisée entre le Tribunal de justice électorale (Tribunal de Justicia Electoral, TJE), la plus haute autorité en matière de justice électorale, et le CNE, qui administre le processus électoral. Ces deux institutions sont composées de trois membres principaux, élus à la majorité des deux tiers au Congrès. La nomination des membres du conseil et du tribunal résulte d'un accord politique entre les trois principaux partis du pays – Partido Nacional, Partido Liberal et Partido Libre – permettant à chacun d’entre eux d’obtenir un siège dans chaque organe. Ces derniers mois, les tensions entre les membres du conseil ont toutefois paralysé le CNE.
Le 29 octobre, le procureur général Johel Zelaya a annoncé l'ouverture d'une enquête sur Cossette López, membre du conseil issue du parti Nacional, l'accusant d'avoir comploté pour manipuler les résultats électoraux. Zelaya a cité un enregistrement audio, que Cossette López affirme avoir été manipulé. La présidente Xiomara Castro a qualifié les enregistrements contestés de « complot criminel visant à provoquer un coup d'État électoral ».
Le 10 novembre, les procureurs ont ouvert une enquête contre deux juges du tribunal, les accusant d'avoir agi illégalement en approuvant une résolution alors que seuls deux des trois juges étaient présents.
Le 9 novembre, le Conseil a testé son système national de transmission des résultats préliminaires des élections le soir même du scrutin. Le conseiller Marlon Ochoa, du parti Libre, a déclaré que le test avait échoué et qu'il existait « une conspiration contre le processus électoral au sein même de l'organe électoral ».
Le chef d'état-major interarmées a demandé au Conseil de fournir à l'armée une copie du relevé des votes présidentiels le jour du scrutin. Ana Paola Hall, présidente du Conseil, a déclaré avoir rejeté cette demande. L'armée a le devoir constitutionnel de soutenir le transport du matériel électoral le jour du scrutin, mais n'a aucune autorité pour accéder aux résultats, les compter, les transmettre ou les examiner.
Le 20 novembre, les forces armées ont déposé une plainte auprès du bureau du procureur général afin d'engager une action pénale pour diffamation contre Cossette López.
Dans ce contexte de méfiance croissante et d'allégations de fraude, le rôle des missions d'observation électorale indépendantes nationales et internationales sera essentiel pour préserver la crédibilité du processus, a déclaré Human Rights Watch.
La mission d'observation de l'Organisation des États américains a exprimé son inquiétude face aux « actions et déclarations fréquentes – pratiquement quotidiennes – qui génèrent de l'incertitude et déstabilisent le processus électoral » et a fait part de ses préoccupations concernant « l'intervention judiciaire excessive » dans les élections. L'Union européenne a également déployé une mission d'observation électorale au Honduras. Le 18 novembre, l'UE a exprimé son inquiétude face aux développements susceptibles de compromettre les institutions électorales du Honduras à l'approche des élections, déclarant que les autorités et les partis politiques devaient veiller à ce que les organes électoraux puissent fonctionner de manière indépendante et transparente.
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24.11.2025 à 22:40
Human Rights Watch
Mise à jour 25/11/25 : Le 24 novembre, Mustapha Djemali et Abderrazek Krimi ont été condamnés chacun à deux ans de prison ; ils ont ensuite été libérés, ayant déjà effectué l’essentiel de cette peine durant leur détention à ce jour, la période restante étant assortie d’un sursis. Les trois autres accusés, jugés lors du même procès, ont été acquittés.
(Beyrouth) – Cinq employés du Conseil tunisien pour les réfugiés seront jugés à partir du 24 novembre, dans un contexte de répression généralisée des organisations de la société civile en Tunisie, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les autorités tunisiennes devraient abandonner les accusations infondées retenues contre ces employés, remettre en liberté deux d’entre eux qui sont en détention et cesser de criminaliser le travail légitime des organisations indépendantes.
Les autorités tunisiennes ont dissous le Conseil, gelé ses comptes en banque et poursuivent en justice six de ses employés pour leur travail d’assistance aux demandeurs d’asile et aux réfugiés effectué en partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Parmi ces six personnes figurent le fondateur et directeur du Conseil, Mustapha Djemali, et son chef de projet, Abderrazek Krimi. Ils sont passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à 23 ans de prison s’ils sont déclarés coupables de l’accusation infondée d’avoir facilité les entrées et les séjours clandestins d’étrangers en Tunisie. L’un de ces six employés n’est pas encore en jugement, en l’attente de l’issue de démarches effectuées devant la Cour de Cassation.
« Le Conseil tunisien pour les réfugiés a effectué un travail essentiel de protection de réfugiés et de demandeurs d’asile, opérant légalement avec des organisations internationales accréditées en Tunisie », a déclaré Bassam Khawaja, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Faire d’une organisation humanitaire la cible d’actions en justice abusives revient à criminaliser un travail d’assistance crucial et prive les demandeurs d'asile d’un soutien dont ils ont désespérément besoin. »
Le procès, devant le Tribunal de première instance de Tunis, est le premier à être intenté à une organisation de la société civile depuis les arrestations de plusieurs employés d’organisations non gouvernementales effectuées entre mai et décembre 2024. Il survient dans le contexte d’une répression sans précédent de l’espace civique en Tunisie.
Le Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR), créé en 2016, avait pour tâche d’effectuer l’examen initial des demandes d’asile pour le HCR. Il fournissait également des hébergements d’urgence et de l'assistance médicale aux réfugiés et aux demandeurs d’asile.
Le 2 mai 2024, le CTR a publié un appel d’offres adressé à des hôtels tunisiens pour ces services, provoquant une vive polémique sur les réseaux sociaux et parmi les parlementaires, dans un contexte de répression anti-migrants. Le lendemain, la police a perquisitionné le siège du CTR à Tunis, fermé l’organisation et arrêté Djemali. Le 4 mai, elle a arrêté Krimi. Tous deux sont depuis lors en détention préventive dans l’attente du procès.
Le 7 mai 2024, un porte-parole du tribunal a indiqué que le bureau du procureur de la République avait inculpé les dirigeants d’une organisation (non nommée) pour avoir « constitué une association criminelle dans le but d’aider des personnes à entrer en Tunisie » illégalement. Cette accusation est liée à un « appel d’offres à des établissements hôteliers tunisiens en vue de l'hébergement de migrants africains », lequel a été publié « sans coordination avec les autorités administratives et chargées de la sécurité. »
Le même jour, un juge d’instruction a ordonné que Djemali et Krimi soient détenus pendant la durée de l'enquête concernant les accusations, en vertu des articles 38, 39 et 41 de la Loi n°. 40 de 1975, d'avoir « renseigné, conçu, facilité ou aidé … l’entrée ou la sortie clandestine d’une personne du territoire tunisien », « hébergé les personnes entrant dans le territoire tunisien ou le quittant clandestinement » et « participé à une entente ou formé une organisation » dans le but de commettre ces infractions. Entre mai et juin 2024, les autorités ont également gelé les comptes en banque du CTR, de Djemali et de Krimi.
Le 30 avril 2025, le juge d’instruction a officiellement inculpé les six employés aux termes de la loi de 1975. Le 3 juin, la Chambre d’accusation a alourdi les inculpations en y incluant les dispositions de l’article 42 de la loi, qui, à lui seul, rend passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison.
Human Rights Watch a examiné l’ordonnance du juge et a conclu que les chefs d’accusation étaient uniquement basés sur le travail légitime du Conseil, lequel opérait légalement en Tunisie et était financé presque exclusivement par le HCR.
Bien que les bénéficiaires du travail du CTR étaient des demandeurs d’asile et des réfugiés recensés par le HCR en Tunisie, le juge d’instruction a considéré que les activités de l'organisation consistaient en l’apport d’une aide à des migrants dépourvus de statut légal « pour assurer leur installation dans le pays ». L’ordonnance fait référence à des activités telles que la fourniture d’un hébergement et d’une allocation en espèces à des réfugiés et demandeurs d’asile, qui sont des prestations ordinaires du HCR dans de nombreux pays, souvent effectuées par l’intermédiaire de partenaires.
Djemali, âgé de 81 ans et doté d’une double nationalité suisse et tunisienne, n’a été entendu qu’une seule fois par le juge d’instruction lors de sa détention préventive. Selon sa famille, il est atteint de la maladie de Horton, une inflammation des artères, et depuis septembre 2024 les autorités de la prison ne lui ont pas fourni les médicaments dont il a besoin malgré plusieurs demandes. La famille a précisé que le juge avait rejeté six demandes de remise en liberté provisoire, depuis le début de sa détenion.
Ces poursuites en justice abusives et la fermeture du CTR s’inscrivent dans le cadre d’une répression généralisée de la société civile en Tunisie, a déclaré Human Rights Watch. Entre mai et décembre 2024, les forces de sécurité ont également arrêté au moins six autres employés d'organisations non gouvernementales en rapport avec leur travail consistant à combattre les discriminations ou aider des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants. Parmi eux figurent Saadia Mosbah, une militante bien connue des droits humains et présidente de l’association anti-raciste Mnemty (Mon rêve) ; Abdellah Saïd, président de l’association Les Enfants de la Lune ; Saloua Ghrissa, présidente de l’Association pour la promotion du droit à la différence ; ainsi que trois employés anciens et actuels de l’organisation Terre d’Asile Tunisie. Toutes ces personnes ont été maintenues depuis lors en détention préventive.
Les autorités ont virtuellement mis fin à l’aide et à la protection des réfugiés et des demandeurs d'asile en Tunisie. En plus d’avoir pris pour cible et fermé des organisations humanitaires, en juin 2024 les autorités ont ordonné au HCR de suspendre ses opérations de traitement des demandes d'asile sous prétexte que la Tunisie cherche à se doter d’un système national régissant le droit d’asile. Le pays ne dispose toujours pas d’un cadre juridique national concernant le droit d’asile. Il en résulte que les demandeurs d’asile en Tunisie se retrouvent dans une impasse juridique, sans accès à une protection internationale, ce qui les expose au risque d’une arrestation et d’une expulsion arbitraires.
Les autorités tunisiennes ont également pris pour cible plusieurs autres organisations de la société civile en ouvrant des enquêtes financières ou pénales à leur encontre, en renforçant leur supervision administrative et financière et en leur infligeant des restrictions bancaires arbitraires et des suspensions temporaires. Depuis juillet, au moins 15 associations enregistrées en Tunisie ont été frappées d’un ordre de suspension par un tribunal, certaines sans notification appropriée.
La Tunisie est un État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, qui garantissent les droits à la liberté d'association, à ne pas être l’objet d’une arrestation ou d’une détention arbitraire, et à un procès équitable.
La Charte africaine protège également le droit de chercher et d’obtenir un asile contre les persécutions et la Constitution tunisienne de 2022 garantit le droit à l’asile politique. La Tunisie est aussi un État partie aux conventions sur les réfugiés de l’ONU de 1951 et de l’Organisation de l’unité africaine de 1969, qui protègent les droits des réfugiés et des demandeurs d’asile. Cela inclut une interdiction de punir des personnes pour une entrée ou un séjour clandestin pourvu que ces personnes se soient rapidement présentées aux autorités, ainsi que l’interdiction absolue du refoulement — c’est-à-dire le renvoi vers un lieu où elles risquent de subir des persécutions.
« Au lieu de criminaliser le travail des organisations humanitaires et d’emprisonner les défenseurs des droits humains sous des prétextes fallacieux, les autorités tunisiennes devraient travailler main dans la main avec la société civile pour le bénéfice de tous dans le pays », a affirmé Bassam Khawaja. « La répression généralisée de la société civile cause du tort non seulement aux employés des organisations visées mais aussi aux nombreuses personnes qui bénéficient de leur travail. »
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Articles
OLJ/AFP Kapitalis Africaradio Afrik.com
Le Monde France24 Mediapart/AFP
Info Migrants
24.11.2025 à 06:00
Human Rights Watch
(New York) – Philippe Bolopion, un ancien journaliste ayant ensuite occupé de hautes fonctions à Human Rights Watch pendant 13 ans, lors desquels il a mené d’importantes activités de plaidoyer au sujet d’atrocités commises dans des zones de conflit, a été nommé Directeur exécutif de Human Rights Watch, a annoncé l’organisation aujourd’hui. Philippe Bolopion avait précédemment gravi les échelons à Human Rights Watch pendant plus d’une décennie, y occupant plusieurs postes à haute responsabilité.
« La nomination de Philippe est un excellent choix. Il possède la vision stratégique, la force du leadership, la capacité de bien représenter Human Rights Watch en toutes circonstances, ainsi que les valeurs et la personnalité qui lui permettront de développer l'organisation », a déclaré Kenneth Roth, ex-Directeur exécutif de Human Rights Watch.
Philippe Bolopion a commencé sa carrière comme reporter au Kosovo. Il y a couvert les violences ethniques brutales commises dans cette province, les opérations de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies et la chute du président serbe Slobodan Milosevic, alors accusé de crimes de guerre. De 2000 à 2010, il a été le correspondant principal au siège de l’ONU à New York pour plusieurs médias français, notamment Radio France Internationale (RFI), le quotidien de référence français Le Monde et la chaîne d’information France 24.
« Human Rights Watch a un rôle essentiel à jouer pour amener les auteurs de crimes à rendre des comptes et pour promouvoir la paix et la justice, et je suis convaincu que Philippe sera un défenseur déterminé des victimes de violations des droits humains qui saura se faire entendre dans le monde entier », a déclaré le Dr Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix et membre des Elders. « Philippe était un journaliste bien connu à RFI au sujet des questions africaines, et il a ensuite efficacement mené des actions de plaidoyer lors de nombreuses crises qui ont touché le continent africain. »
En tant que journaliste, Philippe Bolopion a couvert les principales crises de l’époque, y compris celle qui a mené à la guerre en Irak ; il a été envoyé spécial au Darfour, dans la bande de Gaza, au Liban, en Haïti, au Sri Lanka et en République démocratique du Congo. Il est l’auteur de l’ouvrage « Guantanamo : Le bagne du bout du monde », un récit saisissant de sa visite du centre de détention militaire américain, auquel peu d’autres journalistes ont eu accès, et où il a rapidement conclu que le traitement de plusieurs prisonniers constituait une forme de torture.
« Le travail de Philippe en tant que journaliste a été caractérisé par ses reportages méticuleux et percutants. Il est profondément déterminé à dénoncer les injustices et à s’assurer que les détenteurs de pouvoir soient tenus de rendre des comptes », a déclaré Natalie Nougayrède, ancienne directrice du journal Le Monde. « Philippe est un défenseur intrépide des principes fondamentaux, vif et agile. À la tête de Human Rights Watch, il apportera tout son talent et son énergie à la lutte pour les droits humains, une tâche qui est aujourd’hui plus urgente que jamais. »
En 2010, après avoir couvert pendant une décennie les efforts de l’ONU pour mettre fin aux atrocités de masse et à divers conflits, Philippe Bolopion a rejoint Human Rights Watch afin de mieux concrétiser sur la scène mondiale son engagement en faveur des droits humains. Il a d’abord travaillé en tant que Directeur du plaidoyer auprès de l’ONU, puis a été nommé Directeur adjoint chargé du plaidoyer mondial en 2016. Dans le cadre de ces responsabilités, il a ardemment défendu les droits des personnes piégées dans des crises majeures, au Myanmar, au Burundi, au Soudan du Sud, en République centrafricaine, au Cameroun et au Mali, contribuant souvent aux activités de plaidoyer et de recherche sur le terrain.
Philippe Bolopion a notamment plaidé pour le déploiement d’une mission internationale de maintien de la paix en République centrafricaine, dénoncé les ventes d’armes à l’Arabie saoudite par des pays occidentaux malgré le risque qu’elles soient utilisées lors de crimes de guerre au Yémen, et contribué à la création avec des partenaires locaux et internationaux d’une coalition dénonçant l’oppression systématique des Palestiniens par le gouvernement israélien. Il a aussi codirigé la campagne qui a permis d’empêcher l’obtention par la Russie d’un siège au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Tout au long de cette période, Philippe Bolopion a été une voix puissante dans les médias pour la défense des victimes de violations des droits humains à travers le monde.
Plus récemment, Philippe Bolopion avait rejoint la société française de gestion d’actifs TOBAM, pour participer au lancement d’une stratégie d’investissement mettant en lumière les coûts élevés que les régimes autoritaires représentent pour les investisseurs.
« J’ai pu observer l’approche percutante de Philippe en matière de leadership à l’égard de plusieurs questions importantes des droits humains en Afrique, notamment en République centrafricaine où ses activités de plaidoyer ont contribué aux enquêtes du Procureur de la Cour pénale internationale pour traduire en justice des chefs de milices ; c’est précisément ce dont Human Rights Watch a besoin en ce moment », a déclaré Mausi Segun, directrice de la division Afrique à Human Rights Watch. « Je suis enthousiasmée par la perspective de ce que l’organisation peut accomplir, en ce moment où la jouissance des droits humains n’est guère qu’un mirage pour de nombreuses personnes à travers le monde. »
Philippe Bolopion accède à la direction de Human Rights Watch à un moment marqué par d’importants défis. La démocratie est en recul dans une large partie du monde depuis deux décennies, les normes relatives aux droits humains et durement acquises risquent d’être érodées, et des atrocités massives sont commises au Soudan, à Gaza, en Ukraine et ailleurs. Parmi les tâches prioritaires de Philippe Bolopion figureront la mobilisation de nouvelles ressources et le renforcement du rôle unique et de l’impact de Human Rights Watch, qui s’appuie sur divers outils : des enquêtes innovantes et rigoureuses, des rapports et communiqués qui affirment des faits permettant de démentir la propagande, ainsi que des campagnes de plaidoyer pragmatiques, visant à augmenter le coût des abus commis par des acteurs puissants.
« Le mouvement des droits humains fait face à une forte tempête : la Chine et la Russie poursuivent de manière effrontée leur stratégie d’affaiblir les droits à l’échelle mondiale, pendant que l’administration Trump s’attaque aux piliers de la démocratie américaine, avec des effets dévastateurs pour l’écosystème mondial des droits humains », a affirmé Philippe Bolopion. « Human Rights Watch est dans une position unique pour faire face à ce défi en dépit du vacarme, en affirmant les faits, en dénonçant les crimes, en alertant le public et en faisant pression sur les détenteurs de pouvoir afin que les auteurs d’abus soient tenus responsables. »
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Articles
RTS.ch (itw de Ph. Bolopion) audio
20.11.2025 à 22:42
Human Rights Watch
Le sommet des Nations Unies sur le climat de cette année (COP30) se tient actuellement à Belém, aux portes de l’Amazonie brésilienne. Le président Luiz Inácio Lula da Silva a inauguré le sommet en annonçant un fonds d’investissement mondial destiné à rémunérer les pays possédant des forêts tropicales pour le fait de conserver les arbres sur pied. Les peuples autochtones ont fait sentir leur présence à la COP30 depuis le début, exigeant la reconnaissance de leurs contributions en tant que défenseurs de l’environnement.
Ces événements ont placé les milieux forestiers au cœur de la COP30, et suscité l’espoir qu’elle ferait progresser les efforts de protection des forêts critiques pour le climat et des communautés dont elles permettent la subsistance.
À l’échelle nationale, un élan a été observé. Cette semaine, le Brésil a terminé le processus de reconnaissance juridique officielle de quatre territoires autochtones.
Dans l’un d’eux, situé dans l’État de Mato Grosso, des fermiers illégaux menacent de gagner du terrain sur la forêt et de la convertir en pâturages. Cette nouvelle a redonné espoir aux Manokis, le groupe autochtone dont c’est le territoire. « Nous prendrons place dans notre territoire la tête haute, sans peur, comme nos ancêtres nous l’ont appris », a déclaré Giovani Tapura, un chef du peuple autochtone manoki, à Human Rights Watch.
Le Brésil a également annoncé qu’il avait avancé dans le processus de reconnaissance officielle des frontières de 23 autres territoires. Il a été clairement démontré, surtout dans la région amazonienne, que les territoires de peuples autochtones et d’ascendance africaine qui sont délimités connaissent moins de déforestation que des zones comparables.
Mais jusqu’ici, les négociations actuelles au sein de la conférence sur le climat n’ont pas abordé la question des engagements à mettre fin à la déforestation et à respecter les droits des peuples de la forêt.
La dernière version de travail du document final de la COP30 ne contient pas de feuille de route pour les forêts, alors que les pays avaient précédemment convenu de faire cesser et d’inverser les pertes forestières d’ici 2030.
Le document final de la COP30 devrait comprendre un engagement de la part des gouvernements à entamer immédiatement des travaux sur une feuille de route assortie d’échéances, visant à endiguer la perte de surface forestière et à lutter contre la dégradation des forêts.
Toute feuille de route destinée à la préservation des forêts devrait par ailleurs exprimer un engagement explicite à faire progresser le respect des droits fonciers des peuples autochtones et des communautés locales. En pratique, cela se traduirait par la reconnaissance légale des droits fonciers coutumiers, la lutte contre l’invasion illégale des territoires traditionnels, le renforcement de la gouvernance des terres gérées en commun et l’investissement dans des moyens de subsistance durables pour les communautés traditionnelles. Cette feuille de route devrait appeler explicitement à financer une conservation pilotée par les communautés.
La COP30 devrait marquer un tournant pour la protection des forêts critiques pour le climat. Les gouvernements devraient mettre au point une feuille de route afin de mettre fin à la déforestation, et faire progresser le respect des droits.
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