11.09.2025 à 15:15
En l'absence de mesures internationales pour empêcher le gouvernement israélien de poursuivre ses graves crimes contre les Palestiniens à Gaza, des personnes du monde entier embarquent à bord de flottilles pour briser le blocus illégal de Gaza par Israël, acheminer l'aide dont la population a désespérément besoin et exiger la fin des atrocités commises par Israël.
Cette semaine, une coalition d'activistes venus d'Afrique du Nord, des pays du Golfe, de France et de Malaisie a lancé la Global Sumud Flotilla, malgré les menaces et les dangers.
Le 8 septembre, une explosion s'est produite, provoquant un incendie à bord du « Family Boat » de la flottille. Les organisateurs ont déclaré qu'un objet largué par un drone avait touché le bateau, un navire battant pavillon portugais transportant des membres du comité directeur de la flottille dans les eaux tunisiennes, qu'ils ont condamné comme un acte d'intimidation ciblé. Le lendemain, les organisateurs ont signalé une seconde attaque de drone, diffusant des images et une photo d'un objet brûlé trouvé sur le pont.
Plus de 63 000 Palestiniens ont été tués au cours des 23 derniers mois d'assaut israélien à Gaza, dont plus de 2 000 qui tentaient d'accéder à l'aide humanitaire. Des quartiers entiers ont été réduits en ruines et, subissant des bombardements incessants, une majorité de la population été déplacée de force au moins une fois.
Aujourd'hui, alors que les forces israéliennes intensifient leurs opérations dans la ville de Gaza et continuent d'affamer la population civile au mépris des ordonnances de la Cour internationale de justice, il est urgent que les États agissent.
Les gouvernements devraient utiliser tous leurs moyens de pression pour empêcher un génocide en cessant de vendre des armes à Israël, en suspendant les accords commerciaux préférentiels et en imposant des sanctions ciblées contre les responsables israéliens coupables d'abus continus.
Les flottilles interviennent alors que les gouvernements restent inactifs et peuvent exposer les participants à de grands risques. Certains participants du Golfe ont déclaré avoir été empêchés de voyager par les autorités et avoir reçu des conseils de ne pas participer pour des raisons de sécurité. Les forces israéliennes ont intercepté les flottilles précédentes, arrêtant et expulsant la plupart des militants. En 2010, lorsque les forces israéliennes ont intercepté le « Mavi Marmara », un navire turc participant à une flottille, elles ont tué neuf militants. Cet incident sert de rappel à la communauté internationale qu'elle doit protéger les participants des flottilles, que le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a qualifiés de « terroristes ».
Les flottilles sont un moyen pour les citoyens ordinaires de s'exprimer pacifiquement sur la scène internationale contre l'extermination. Mais rien ne peut remplacer une action concrète des gouvernements pour mettre fin aux abus et demander des comptes. Les gouvernements devraient veiller à ce que les participants ne soient pas bloqués, attaqués ou injustement poursuivis, et faire pression sur Israël pour mettre fin à son blocus illégal de Gaza.
11.09.2025 à 15:04
(Johannesburg) – Les autorités zambiennes devraient prendre des mesures suite aux récentes informations selon lesquelles la pollution des eaux et des sols due à un déversement d'acide dans une zone d’exploitation minière du cuivre présente un grave risque sanitaire pour les habitants, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Le 18 février 2025, la rupture d’une paroi d’un barrage qui retenait des déchets miniers de la société chinoise Sino-Metals Leach Zambia à Chambishi, dans la province de Copperbelt, a mené au déversement d’effluents acides dans la rivière Kafue. La société Sino-Metals est une filiale de l’entreprise China Nonferrous Metal Mining Group, détenue par l’État chinois. La pollution a tué des poissons, brûlé des cultures de maïs et d'arachide et entraîné la mort de bétail, anéantissant les moyens de subsistance des agriculteurs locaux et mettant en danger les habitants.
« Les récents rapports sur les effets sanitaires immédiats et à long terme du déversement de déchets acides en février montrent la nécessité pour le gouvernement zambien d'enquêter sur les risques sanitaires et de prendre des mesures globales pour prévenir de nouveaux dommages », a déclaré Idriss Ali Nassah, chercheur senior auprès de la division Afrique à Human Rights Watch. « Les autorités ont l'obligation de garantir le respect des droits à la santé et à un environnement sain, protégés au niveau international, des communautés affectées. »
Les autorités zambiennes devraient mener une enquête approfondie avec des experts internationaux et nationaux afin d'identifier les risques sanitaires et environnementaux, et mener des tests auprès des communautés affectées pour détecter une éventuelle intoxication aiguë et cumulative aux métaux lourds.
Des groupes de la société civile ont affirmé que le déversement d’acide s’inscrivait dans un « contexte généralisé de négligence grave des entreprises, et de lacunes en matière de conformité, de surveillance et d'application des lois environnementales ». Un responsable d'une organisation environnementale locale a déclaré aux médias que « des personnes ont bu de l'eau contaminée et consommé du maïs contaminé sans le savoir. Nombre d'entre elles souffrent désormais de maux de tête, de toux, de diarrhée, de crampes musculaires et même de plaies aux jambes. »
Quelques jours après l’incident, Sino-Metals avait présenté ses excuses pour la catastrophe environnementale et les dommages causés aux communautés locales. La société avait alors promis de remédier à la situation en nettoyant la rivière et en rétablissant les moyens de subsistance des populations « au mieux de ses capacités ».
Cependant, en août, six mois après l’incident, le ministère finlandais des Affaires étrangères a publié un avis à l’attention des citoyens finlandais voyageant en Zambie, indiquant que des échantillons d'eau prélevés dans la zone du déversement d’acide contenaient des traces de 24 métaux lourds, dont 16 métaux (y compris le nickel, le plomb, l'arsenic, le zinc et l'uranium) qui dépassaient les valeurs limites fixées par l'Organisation mondiale de la santé. Une forte exposition à ces métaux peut présenter de graves risques pour la santé, en particulier pour les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes.
Le 6 août, le gouvernement américain a ordonné l'évacuation immédiate de tout le personnel gouvernemental américain travaillant dans les zones touchées par le déversement d’acide. L’ambassade américaine en Zambie a indiqué que de nouvelles informations avaient révélé « l'ampleur des substances dangereuses et cancérigènes… ainsi que les menaces sanitaires immédiates et à long terme que représente l'exposition à ces contaminants tant qu'ils persistent dans l'environnement. Au-delà de l'eau et des sols contaminés, les contaminants provenant des résidus miniers déversés peuvent également se propager dans l'air, constituant un danger pour la santé en cas d'inhalation. »
Après la catastrophe, le gouvernement zambien a ordonné à Sino-Metals de restaurer la rivière polluée, de réhabiliter l'environnement et d'indemniser plus de 500 agriculteurs touchés. Depuis, le gouvernement a cependant nié que le déversement d’acide représentait toujours un risque sanitaire grave, affirmant que « les résultats de laboratoire montrent que le pH (acidité) est revenu à la normale et que les concentrations de métaux lourds diminuent régulièrement, ce qui signifie que le danger immédiat pour la vie humaine, animale et végétale a été écarté ».
Le gouvernement zambien a pris certaines mesures pour atténuer les dommages, notamment l'utilisation de chaux pour réduire l'acidité des cours d'eau touchés. Cependant, deux militants écologistes ont indiqué à Human Rights Watch que des membres des communautés des zones touchées par la pollution se plaignaient toujours de maux de tête, de toux, de diarrhée et d'autres problèmes de santé qui se sont aggravés après le déversement d’acide. Certains habitants ont affirmé ne pas avoir reçu l'indemnisation promise.
La Zambia Environmental Justice Coalition a également exprimé son inquiétude quant à l'ampleur de la catastrophe et à son impact à long terme sur les communautés touchées. La coalition a exhorté le gouvernement à « renégocier tous les accords d'indemnisation, en garantissant la pleine participation des communautés affectées, afin de promouvoir la justice intergénérationnelle et de rétablir les moyens de subsistance ».
L'exploitation minière a causé d'autres dommages environnementaux et sanitaires graves en Zambie. À Kabwe, dans la province du Centre, une mine de plomb et de zinc, fermée en 1994 mais jamais nettoyée, a provoqué de graves intoxications au plomb parmi les habitants. Une coalition de la société civile a réclamé un nettoyage complet et une indemnisation pour les personnes touchées par la pollution.
En vertu de la loi de 2011 sur la gestion de l'environnement (Environmental Management Act), toute personne en Zambie a droit à un « environnement propre, sûr et sain ». De plus, la Zambie est partie aux traités internationaux et régionaux relatifs aux droits humains qui obligent le gouvernement à protéger le droit à la santé et le droit à un environnement sain. Le droit au meilleur état de santé susceptible d'être atteint est garanti par l'article 12 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et par l'article 16 de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples.
« L'économie zambienne dépend fortement du secteur minier, mais le gouvernement a toujours l'obligation de protéger le droit à la santé des personnes touchées par l'activité minière », a conclu Idriss Ali Nassah. « Les gouvernements donateurs devraient aider la Zambie à atteindre cet objectif par leur soutien et leur coopération. »
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TV5 Monde Afrik.com
11.09.2025 à 08:00
(Beyrouth) – Les autorités marocaines devraient annuler d’urgence la peine de 30 mois de prison prononcée à l’encontre d’une activiste reconnue coupable de blasphème, après avoir porté un tee-shirt considéré comme offensant. Les autorités devraient garantir le respect du droit à la liberté d’expression.
Cette activiste, Ibtissame Lachgar, a été arrêtée le 10 août, puis inculpée d’« atteinte à l’islam » par le Tribunal de première instance de Rabat, après avoir publié sur les médias sociaux une photographie où elle porte un tee-shirt arborant les mots « Allah est lesbienne ». Le tribunal a jugé qu’elle avait violé le Code pénal marocain et, le 3 septembre, l’a condamnée à 30 mois de prison et à une amende de 50 000 dirhams marocains (environ 5 500 USD). L’équipe d’avocats qui la défend a annoncé qu’elle se pourvoirait en appel. Ibtissam Lachgar demeure à ce jour en détention.
« Condamner une activiste à plus de deux ans de prison simplement pour avoir publié une photo sur les médias sociaux est un coup dur porté à la liberté d’expression au Maroc », a déclaré Hanan Salah, directrice adjointe de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les autorités devraient abolir cette législation draconienne, au lieu de l’instrumentaliser en violant le droit à la liberté d’expression. »
Ibtissame Lachgar, psychologue clinicienne, est aussi une activiste connue qui a cofondé le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI). Selon les médias, ses avocats avaient demandé aux autorités de mettre fin à sa détention provisoire et de la libérer pour raisons médicales, car son état de santé exige des traitements continus ; le tribunal de Rabat a toutefois rejeté cette demande.
Les procureurs marocains disposent d’une panoplie de législations répressives leur permettant de punir des personnes ayant exprimé des critiques de manière non violente. Ils emploient notamment des lois dures et de vaste portée en matière de terrorisme, de cybercriminalité, d’apostasie et de diffamation criminelle, pour envoyer en prison des défenseurs des droits humains, des activistes et des blogueurs. En 2022, un tribunal marocain a ainsi condamné à deux ans de prison une blogueuse, Fatima Karim, inculpée d’insulte publique à l’islam à cause des publications de sa page Facebook.
En vertu de l’article 267.5 du Code pénal marocain, une personne reconnue coupable d’« atteinte » à l’islam risque six mois à deux ans de prison et une amende de 20 000 à 200 000 dirhams (environ 2 200 à 22 000 USD). Le châtiment peut être porté à deux à cinq ans et une amende de 50 000 à 500 000 DHM (environ 5 500 à 55 000 USD) si l’infraction présumée est commise à travers les médias imprimés, audiovisuels ou électroniques.
En outre, le Code de la presse marocain prévoit aussi des amendes et une suspension judiciaire pour les publications et les médias électroniques reconnus coupables d’« atteinte » à l’islam (article 70).
Les autorités marocaines devraient décriminaliser les lois qui sont utilisées pour violer la liberté d’expression, y compris celles qui criminalisent l’« insulte à la religion » et le « blasphème », a déclaré Human Rights Watch. Le Parlement marocain devrait réviser le Code pénal et le Code de la presse, afin d’en retirer les délits qui sont liés à des formes d’expression non violentes, et dont l’inclusion dans ces textes bafoue l’obligation du Maroc de respecter la liberté d’expression.
Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par le Maroc en 1979, impose que « nul ne peut être inquiété pour ses opinions » et que « toute personne a droit à la liberté d’expression ». Le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, l’organe expert chargé d’interpréter le Pacte et d’évaluer le degré de respect de ce texte par les États, a déterminé que, excepté dans des circonstances très restreintes, « les interdictions des manifestations de manque de respect à l’égard d’une religion ou d’un autre système de croyance, y compris les lois sur le blasphème, sont incompatibles avec le Pacte ».
« La dépénalisation de l’expression pacifique d’opinions, notamment en révisant les lois sur le blasphème et sur l’insulte à la religion, devrait être une priorité pour les législateurs marocains », a conclu Hanan Salah.
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