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Humans Right Watch enquête sur les violations des droits humains commises à travers le monde

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04.09.2024 à 20:36

Venezuela : Répression brutale de manifestations suite à l’élection présidentielle

Human Rights Watch

Un policier s’apprêtait à lancer une grenade lacrymogène sur des manifestants à Caracas, au Venezuela, le 29 juillet 2024, au lendemain de l’élection présidentielle ; les manifestants protestaient contre l'annonce des résultats, selon lesquels Nicolás Maduro aurait été réélu, malgré les signes flagrants d’irrégularités électorales. © 2024 Matias Delacroix/AP Photo

(Bogota) – Les autorités vénézuéliennes ont systématiquement violé les droits de manifestants, de passants, de dirigeants de l’opposition et de personnes ayant critiqué le gouvernement à la suite de l’élection présidentielle du 28 juillet, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Les gouvernements concernés devraient appeler à une vérification indépendante des résultats électoraux, et soutenir les efforts internationaux visant à garantir l’obligation de rendre des comptes pour les abus.

Des observateurs internationaux ont exprimé de profondes inquiétudes suite à l’annonce par le Conseil national électoral du Venezuela (CNE), le 29 juillet, que le président Nicolás Maduro avait remporté le scrutin et était donc réélu. Après cette annonce, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue, lors de manifestations majoritairement pacifiques, pour exiger un décompte équitable des voix. Human Rights Watch a documenté que les autorités vénézuéliennes, soutenues par et des groupes armés pro-gouvernementaux connus sous le nom de « colectivos » (« collectifs ») ont commis des abus généralisés, notamment des meurtres, des arrestations et des poursuites arbitraires, et le harcèlement d’opposants. Le 2 septembre, un juge a émis un mandat d’arrêt contre le candidat de l’opposition Edmundo González, accusé de « complot » et d’« incitation à la désobéissance », ainsi que d’autres crimes présumés.

« La répression à laquelle nous assistons au Venezuela est d’une brutalité choquante », a déclaré Juanita Goebertus, directrice de la division Amériques à Human Rights Watch. « Les gouvernements concernés devraient prendre des mesures urgentes pour garantir que les citoyens puissent manifester pacifiquement, et que leur vote soit respecté. »

Les Vénézuéliens ont voté en grand nombre à l’élection présidentielle, malgré les actions irrégulières du gouvernement et les violations des droits humains commises pendant la période précédant le scrutin, notamment les arrestations de membres de l’opposition, les disqualifications arbitraires de candidats de l’opposition et les restrictions imposées aux Vénézuéliens votant à l’étranger. Plusieurs heures après la fermeture des bureaux de vote, le Conseil national électoral a déclaré que Nicolás Maduro avait remporté l’élection avec plus de 51 % des voix. Toutefois, le Conseil n’a pas publié les résultats du décompte des bulletins de vote, ni mené les audits et les processus de vérification requis par la loi.

Un groupe d’experts des Nations Unies et des représentants du Centre Carter, qui ont observé les élections, ont déclaré que le processus manquait de transparence et d’intégrité, et ont mis en doute le résultat annoncé. Ils ont indiqué qu’à l’inverse, les procès-verbaux de décompte des voix rendus publics par l’opposition étaient fiables. Le Centre Carter a noté que les procès-verbaux de décompte des voix montraient que González avait remporté l’élection avec avec 81 % des votes comptabilisés, soit une marge importante.

Human Rights Watch a recueilli des informations crédibles sur 24 meurtres survenus dans le cadre de manifestations, en examinant des éléments de preuve transmis par des groupes locaux indépendants – dont Foro Penal, Justicia Encuentro y Perdón, Monitor de Víctimas et Provea –et en menant ses propres recherche sur les réseaux sociaux. Human Rights Watch a documenté de manière indépendante 11 de ces cas, notamment en examinant des certificats de décès, en vérifiant des vidéos et des photographies et en menant des entretiens avec 20 personnes, dont des témoins et d’autres sources locales. Dans plusieurs cas, des proches, des témoins et d’autres personnes ont préféré ne pas participer à de tels entretiens, par crainte de représailles par le gouvernement.

Les autorités vénézuéliennes ont elles-mêmes indique qu’elles ont arrêté plus de 2 400 personnes en lien avec les manifestations. L’organisation non gouvernementale Foro Penal a recensé plus de 1 580 « prisonniers politiques » dont 114 mineurs, arrêtés depuis le 29 juillet. Les procureurs ont inculpé des centaines de personnes de crimes, parfois passibles de lourdes peines, sur la base d’accusations d’une vaste portée comme « incitation à la haine », « résistance à l’autorité » et « terrorisme ».

Les gouvernements de Colombie, du Brésil et du Mexique ont appelé à des pourparlers avec le gouvernement vénézuélien. Le 16 août, le Conseil permanent de l’Organisation des États américains, où tous les États membres sont représentés, a approuvé par consensus une résolution exhortant les autorités vénézuéliennes à publier les procès-verbaux de dépouillement des urnes et à procéder à une « vérification impartiale » des résultats. Le Conseil a également exhorté les autorités vénézuéliennes à respecter les droits humains.

L’Union européenne, les États-Unis et plusieurs gouvernements d’Amérique latine et d’Europe ont également exhorté Nicolás Maduro à publier et à respecter les résultats électoraux et à garantir les droits des dirigeants de l’opposition, des manifestants et des détracteurs du gouvernement.

Les gouvernements étrangers devraient soutenir les efforts visant à garantir l’obligation de rendre des comptes pour les violations graves au Venezuela, notamment en renouvelant le mandat de la Mission internationale indépendante d’établissement des faits sur le Venezuela (FFM) lors de la prochaine session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, a déclaré Human Rights Watch. Ils devraient également soutenir l’enquête qu’avait précédemment ouverte le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), et envisager d’imposer des sanctions ciblées aux personnes responsables de violations graves.

Communiqué complet en ligne en anglais.

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Articles

RFI

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04.09.2024 à 19:00

En Tunisie, la commission électorale ouvre la voie à un second mandat de Kais Saied

Human Rights Watch

Click to expand Image Manifestation tenue le 2 septembre 2024 devant le siège de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) à Tunis, contre sa décision de n’accepter que les candidatures de l’actuel président, Kais Saied, et de deux autres postulants, Zouhair Maghzaoui et Ayachi Zammel, à la prochaine élection présidentielle en Tunisie.  © 2024 Yassine Mahjoub/SIPA/Shutterstock

Cette semaine, la commission électorale tunisienne n’a retenu que trois candidatures à l’élection présidentielle prévue le 6 octobre, dont celles du président sortant Kais Saied et d’un candidat actuellement détenu, au mépris d’importantes décisions de justice qui avaient requalifié trois autres candidats à la magistrature suprême.

L’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a confirmé Kais Saied et deux anciens députés, Zouhair Maghzaoui et Ayachi Zammel, comme seuls candidats à l’élection présidentielle ; soit la même liste qu’elle avait initialement publiée le 10 août. L’ISIE avait précédemment disqualifié, pour des raisons diverses, 14 candidats potentiels, dont certains auraient été des adversaires sérieux pour Kais Saied.

Entretemps, trois des candidats rejetés ont fait appel de la décision de la commission électorale devant le tribunal administratif de Tunisie et obtenu gain de cause : Abdellatif Mekki, ancien ministre de la Santé, Mondher Zenaïdi, ancien ministre sous le régime de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, et Imed Daïmi, ancien député.

Les décisions du tribunal administratif, qui a la compétence exclusive de trancher les contentieux liés aux candidatures à des mandats électifs, sont juridiquement contraignantes. Cependant, Farouk Bouasker, le président de l’ISIE, a déclaré le 2 septembre que la commission était « dans l’impossibilité de mettre en exécution » les décisions du tribunal, et que la liste des candidats à la présidence est « définitive … ne pouvant plus faire l’objet de recours ».

L’ISIE est sous le contrôle de Saied depuis qu’il l’a restructurée en avril 2022 ; ses sept membres sont désormais nommés par le président. Au lieu d’assurer l’intégrité de la prochaine élection, la Commission est intervenue pour la fausser en faveur de Saied.

L’ISIE a tenté de discréditer les décisions en appel du tribunal administratif en déposant une demande de récusation de certains de ses juges ; une tentative faible qui a été rejetée par le tribunal administratif le 31 août. L’ISIE a également déposé plusieurs plaintes contre des opposants politiques ou personnalités critiques du président Saied, dont certaines ont abouti à des condamnations, comme celle d’Abir Moussi, la présidente du Parti destourien libre (PDL).

Les Tunisiens s’apprêtent à élire un président dans un contexte de répression croissante de toute dissidence, d’étouffement des médias et d’atteintes continues à l’indépendance de la justice. Depuis le début de la période électorale le 14 juillet, les autorités ont poursuivi en justice, condamné ou placé en détention au moins neuf candidats potentiels. Zammel, l’un des trois candidats confirmés par l’ISIE, a été placé en détention le 4 septembre dans l’attente d’un procès pour falsification de parrainages.

Tenir des élections dans un tel contexte de répression bafoue le droit des Tunisiens à participer à des élections libres et équitables. L’ISIE devrait immédiatement revenir sur sa décision, appliquer la décision du tribunal administratif et cesser de s’ingérer politiquement dans cette élection.

04.09.2024 à 06:01

Liban/Chypre : Des réfugiés syriens bloqués ou renvoyés de force en Syrie

Human Rights Watch

Click to expand Image Un bateau et un navire de la Marine libanaise patrouillaient en mer Méditerranée au large de Tripoli, ville côtière du nord-ouest du Liban, le 24 avril 2022, à la recherche de survivants après le naufrage d’une embarcation transportant des migrants. © 2022 Chine Nouvelle/SIPA/Shutterstock

(Beyrouth) – Les Forces armées libanaises et les autorités chypriotes agissent de concert pour empêcher des réfugiés syriens d’atteindre l’Europe, puis les renvoient vers la Syrie où ils courent de graves dangers, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport rendu public aujourd’hui.

Ce rapport de 90 pages, intitulé « “I Can’t Go Home, Stay Here, or Leave”: Pushbacks and Pullbacks of Syrian Refugees from Cyprus and Lebanon » (« “Je ne peux ni rentrer chez moi, ni rester ici, ni partir” : Des réfugiés syriens refoulés par Chypre et expulsés par le Liban »), explique pourquoi des Syriens réfugiés au Liban cherchent désespérément à rejoindre l’Europe, et comment l’armée libanaise les en empêche, puis les renvoie sommairement en Syrie. Parallèlement, les garde-côtes chypriotes et d’autres forces de sécurité de ce pays ont renvoyé au Liban des Syriens dont les embarcations avaient atteint Chypre, sans prise en considération de leur statut de réfugié ni des risques qu’ils soient par la suite renvoyés en Syrie. De fait, de nombreuses personnes renvoyées au Liban par les autorités chypriotes ont été immédiatement expulsées vers la Syrie par l’armée libanaise.

Human Rights Watch a mené des entretiens avec 16 réfugiés syriens qui avaient tenté de quitter le Liban en bateau de manière irrégulière, entre août 2021 et septembre 2023. Human Rights Watch a également visionné et vérifié l’authenticité de photos et de vidéos transmises par ces personnes, a examiné des données de traçage des mouvements d’avions et de navires afin de corroborer leurs récits, et a soumis des demandes (fondées sur le principe de la liberté d’accès à l’information), afin de consulter des documents relatifs au financement de projets par l’Union européenne. Les cas documentés par Human Rights Watch ne concernent que la période comprise entre août 2021 et septembre 2023, mais le Liban a confirmé à Human Rights Watch qu’en avril 2024, ce pays avait expulsé des Syriens refoulés par les autorités chypriotes, et a annoncé publiquement de nouvelles interceptions en août 2024.

« En empêchant des réfugiés syriens de partir pour chercher ailleurs une meilleure sécurité, puis en les renvoyant de force en Syrie, le Liban viole l’interdiction fondamentale d’expulser un réfugié vers un lieu où il sera exposé au risque de persécution, tandis que l’Union européenne aide à payer la facture », a déclaré Nadia Hardman, chercheuse auprès de la division Droits des réfugiés et migrants à Human Rights Watch. « Chypre viole également cette interdiction en repoussant les réfugiés vers le Liban, où ils risquent d’être renvoyés en Syrie, malgré les dangers auxquels ils seraient confrontés dans ce pays. »

L’UE et ses États membres ont fourni à diverses autorités libanaises chargées de la sécurité des fonds qui ont atteint 16,7 millions d’euros de 2020 à 2023, pour mettre en place des projets de contrôle des frontières visant essentiellement à accroître la capacité du Liban de réduire la migration illégale. En mai 2024, l’UE a annoncé l’octroi au Liban d’une aide financière d’un milliard d’euros jusqu’à fin 2027 ; une partie de cette somme est destinée « aux Forces armées libanaises et aux autres forces de sécurité, au moyen d'équipements et de formations en matière de gestion des frontières et de lutte contre le trafic de migrants ».

Human Rights Watch a communiqué ses conclusions à 12 entités compétentes, dont les gouvernements du Liban et de Chypre, les institutions de l’UE et des entités privées, et a sollicité leurs commentaires. Dix d’entre elles ont répondu.

Les autorités chypriotes ont expulsé collectivement des centaines de demandeurs d’asile syriens sans leur donner accès aux procédures régulières d’octroi de l’asile, les faisant monter de force à bord d’embarcations qui les ramenaient directement au Liban. Des personnes ainsi expulsées ont affirmé que les officiers de l’armée libanaise les avaient remis directement à des militaires syriens et à des hommes armés non identifiés, en territoire syrien.

Une femme syrienne âgée de 44 ans a affirmé que lorsque les garde-côtes chypriotes ont intercepté le bateau où elle se trouvait, des officiers « ont commencé à empoigner les passagers et à les faire monter de force » sur le navire de retour, et ont « utilisé un taser et une matraque » contre son mari. « Du sang coulait de son nez et de sa bouche, partout », a-t-elle dit. Une fois de retour au Liban, a-t-elle ajouté, « l’armée nous a conduits du port … vers une zone-tampon entre les frontières [syrienne et libanaise] … nous disant de courir vers l’autre côté. » Elle a affirmé que l’armée syrienne les avait détenus, elle et les membres de sa famille, pendant neuf jours.

De retour en Syrie, les réfugiés expulsés risquaient non seulement d’être placés en détention par l’armée syrienne, mais aussi d’être victimes d’extorsion de fonds de la part d’hommes armés exigeant un paiement pour les faire repasser clandestinement au Liban.

Le Liban est le pays qui abrite le plus grand nombre de réfugiés au monde, dont 1,5 million de Syriens, en comparaison avec le nombre de ses propres citoyens ; en même temps, le Liban fait face à de multiples crises cumulatives qui ont créé des conditions socioéconomiques difficiles pour toutes les personnes qui vivent dans ce pays. Ces conditions contribuent aux circonstances qui poussent de nombreux réfugiés syriens à tenter de partir vers l’Europe. Faute de voies de migration légales et craignant des persécutions en Syrie, de nombreuses personnes que nous avons interrogées ont déclaré que les traversées illégales en bateau étaient leur seule option disponible pour aller vers une vie normale et sûre.

La Direction générale de la Sûreté générale du Liban (DGSG), qui contrôle les entrées sur le territoire et le statut de résident des étrangers, a indiqué avoir intercepté et dans certains cas expulsé 821 Syriens qui avaient tenté de quitter le Liban par bateau, entre le 1er janvier 2022 et le 1er août 2024.

Dans l’un de ces cas, l’armée libanaise, dans une opération de secours menée conjointement avec la force de maintien de la paix de l’ONU au Liban, a secouru 200 passagers d’un bateau qui coulait, et les a ramenés au port libanais de Tripoli le 1er janvier 2023. Puis l’armée a expulsé sommairement ces Syriens par le passage frontalier de Wadi Khaled dans le nord du Liban. Des personnes interrogées ont affirmé qu’elles avaient supplié à plusieurs reprises les soldats libanais et les officiers de l’ONU de ne pas les ramener au Liban, car ils craignaient d’en être expulsés vers la Syrie.

Des personnes interrogées, dont les embarcations ont pu atteindre les eaux territoriales chypriotes, ont décrit comment les navires des garde-côtes chypriotes recouraient à des manœuvres tactiques dangereuses pour intercepter ces embarcations. Les garde-côtes ont également intercepté un bateau et l’ont laissé dériver pendant toute la nuit sans offrir aux personnes à bord de nourriture ou d’autres formes d’assistance. Des officiers chypriotes ont lié avec du câble les poignets d’un garçon de 15 ans non accompagné et l’ont fait monter sur un navire chypriote qui l’a ramené directement au port de Beyrouth. Puis l’armée libanaise a immédiatement expulsé cet enfant, en compagnie d’un groupe d’autres Syriens, par le poste frontalier de Masnaa à la frontière syrienne.

Ces expulsions sommaires constituent une violation des obligations du Liban en tant qu’État partie à la Convention de l’ONU contre la torture, et au regard du principe de non-refoulement inscrit dans le droit international, et selon lequel il est interdit de renvoyer de force des personnes vers des pays où elles seraient exposées à des risques de torture ou de persécution. La détention et le mauvais traitement d’enfants, la séparation de familles et d’autres abus constituent par ailleurs des violations des obligations du Liban en matière de droits des enfants.

Les refoulements effectués par Chypre constituent des expulsions collectives qui sont interdites par la Convention européenne des droits de l’homme, et violent l’interdiction des refoulements, sous quelque forme que ce soit, y compris indirecte ou secondaire.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), dont le mandat est d’apporter une protection internationale et une assistance humanitaire aux réfugiés, maintient que la Syrie est un pays non sûr pour les retours forcés de réfugiés, et que le HCR « ne facilite ni encourage actuellement » les retours volontaires.

Human Rights Watch a constaté que l’UE et certains de ses États membres ont contribué financièrement de manière substantielle à la gestion de ses frontières par le Liban, sans véritable garantie que les fonds de l’UE ne sont pas utilisés par des entités qui se rendent responsables de violations ou contribuent à la commission de violations.

« L’UE récompense depuis longtemps le Liban pour ses efforts visant à empêcher des migrants d’atteindre l’Europe, en finançant des projets de gestion de la migration », a affirmé Nadia Hardman. « Au lieu de sous-traiter des abus, l’UE et les autres bailleurs de fonds devraient immédiatement créer des mécanismes indépendants qui seraient chargés de superviser directement le respect des droits humains par le Liban, lors des opérations de contrôle de ses frontières. »

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Articles

Le Monde     Euronews      Le Soir      OLJ

02.09.2024 à 15:58

Les selfies d'athlètes nord-coréens mettent en lumière la crise des droits humains dans ce pays

Human Rights Watch

Click to expand Image Le joueur de tennis de table sud-coréen Lim Jong-hoon, à droite, qui avec sa coéquipière Shin Yu-bin a remporté la médaille de bronze en double mixte aux JO de Paris, prenait un selfie peu après la cérémonie de remise des médailles, le 30 juillet 2024, avec d’autres joueurs : la paire nord-coréenne Ri Jong Sik et Kim Kum (médaille d’argent), à gauche, ainsi que la paire chinoise Wang Chuqin et Sun Yingsha (médaille d’or), vers le centre. © 2024 Petros Giannakouris/AP Photo

Les athlètes nord-coréens qui ont pris des selfies avec leurs homologues sud-coréens et chinois aux Jeux olympiques de Paris en 2024 seraient soumis à une surveillance intense et à de possibles sanctions, depuis leur retour dans leur pays. En Corée du Nord, même un selfie innocent peut avoir de graves conséquences, compte tenu des contrôles idéologiques stricts et de la répression exercée par le gouvernement.

Alors que ces selfies ont été célébrés par de nombreuses personnes comme un symbole unifiant de l’esprit sportif, la réponse du gouvernement nord-coréen est un rappel de la dure réalité du système oppressif de ce pays. Ce gouvernement restreint sévèrement l’information, dicte ce que les gens peuvent lire, regarder et discuter, et n’autorise que quelques hauts fonctionnaires à accéder à Internet. Les communications non autorisées avec des personnes en dehors d’un cercle restreint sont lourdement punies.

En mars dernier, Human Rights Watch a publié un rapport décrivant comment, depuis 2020, les autorités nord-coréennes ont interdit l’emploi de certains termes liés à la culture sud-coréenne, et ont promulgué de nouvelles lois restreignant davantage encore l’accès aux informations non autorisées. L’année dernière, un journal ayant des contacts en Corée du Nord a rapporté que plusieurs jeunes athlètes nord-coréens ont été condamnés à des peines de trois à cinq ans de travaux forcés pour avoir utilisé l’argot sud-coréen.

Le contrôle auquel sont soumis des athlètes à leur retour d’événements internationaux démontre les efforts du gouvernement nord-coréen pour contrôler les comportements au-delà de ses frontières. Les diplomates, les étudiants et les travailleurs qui vivent à l’étranger sont également soumis à une surveillance stricte. Cinq anciens fonctionnaires du gouvernement et deux hommes nord-coréens qui ont travaillé à l’étranger, puis ne sont plus retournés en Corée du Nord, m’ont expliqué que toute personne autorisée à se rendre à l’étranger subit une formation idéologique rigoureuse, une surveillance constante à l’étranger et des évaluations exhaustives à son retour. Même les écarts mineurs par rapport à la conduite approuvée sont examinés de près, et tout signe d’influence idéologique extérieure peut entraîner de graves conséquences.

Parmi les éléments de la mission du Comité international olympique (CIO), selon la Charte olympique, figure « la protection des athlètes contre toute forme de harcèlement et d’abus ». Les athlètes nord-coréens ne devraient pas avoir à craindre des représailles pour leurs actions lors des JO, en particulier lorsque ces actions incarnent les valeurs de respect et d’amitié, sur lesquelles repose en partie le Mouvement olympique.

Alors que nous avons assisté à un rare moment de camaraderie internationale, les gouvernements du monde entier devraient soutenir les efforts visant à tenir le gouvernement nord-coréen responsable de ses horribles violations des droits humains. Le CIO devrait user de son influence pour contribuer à protéger ces athlètes, sans encourager la participation d’États répressifs qui n’assurent pas la sécurité de leurs athlètes.

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02.09.2024 à 07:00

Turquie : Le projet d'expansion d’une centrale à charbon aurait des effets néfastes

Human Rights Watch

 

Click to expand Image Bordure du village de Çoğulhan (symbolisée par les mots « Güle Güle » ou « Au revoir »), dans la province de Kahramanmaraş dans le sud-est de la Turquie ; ce village est situé à 500 mètres de la centrale électrique au charbon d'Afşin Elbistan. © 2024 Katharina Rall/Human Rights Watch

(Istanbul, 2 septembre 2024) – Le ministère turc de l’Environnement devrait renoncer au projet de rajouter deux unités supplémentaires à une centrale à charbon située à Afşin-Elbistan, dans la province de Kahramanmaraş dans le sud-est du pays, compte tenu des graves dommages déjà causés par cette centrale à la communauté environnante, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

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Les recherches de Human Rights Watch ont révélé que les niveaux de pollution de l’air à proximité de la centrale A du site de Afşin-Elbistan, ainsi que de la centrale B située deux kilomètres plus loin, sont dangereusement élevés, et que les habitants souffrent de problèmes de santé que des études universitaires ont attribués à l’air toxique. Bien que des autorités gouvernementales aient précédemment signalé le risque d’une forte hausse des taux de cancer à Afşin-Elbistan, le gouvernement turc n’a pas suffisamment surveillé les dommages environnementaux, et n’a pas mis en place des réglementations plus strictes afin de les mitiger.

« L’air toxique provenant des centrales à charbon en Turquie tue des milliers de personnes chaque année, alors que les autorités ne font pas grand-chose pour empêcher ce problème, ni même pour avertir les gens des dangers pour leur santé », a déclaré Hugh Williamson, directeur de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « Au lieu d’autoriser l’expansion des centrales à charbon polluantes, le gouvernement turc devrait renforcer et faire respecter les normes de qualité de l’air, et permettre une transition justifiée du charbon vers les énergies renouvelables, d’ici 2030. »

Click to expand Image Image satellite montrant l’emplacement du village de Çoğulhan, situé entre les deux centrales à charbon A (à droite) et B (à gauche) d'Afşin-Elbistan, dans la province de Kahramanmaraş, dans le sud-est de la Turquie. © 2024 Airbus, Google Earth (image satellite), Human Rights Watch (graphisme)

Le gouvernement continue d’accroître la capacité des centrales à charbon, malgré les progrès significatifs réalisés dans le domaine des sources d’énergie renouvelables en Turquie ; selon des études, ces progrès permettraient à ce pays d’abandonner le recours au charbon d’ici 2030. Les sources d’énergie renouvelables représentent actuellement 54 % de la capacité électrique de la Turquie, un taux nettement supérieur à la moyenne mondiale qui avoisine 30 % ; en 2021, l’Agence internationale de l’énergie (IEA) a prévu une hausse de 50 % de l’utilisation des énergies renouvelables en Turquie, entre 2021 et 2026.

En mai 2024, Human Rights Watch a mené des entretiens avec 28 habitants de la région d’Afşin-Elbistan au sujet de leurs expériences de la pollution de l’air, dont 11 femmes et 4 personnes âgées, deux membres des conseils municipaux de villages voisins, et le maire de la ville voisine d’Elbistan. Human Rights Watch a également mené des entretiens avec deux universitaires, cinq professionnels de la santé travaillant dans la région, deux avocats, un fonctionnaire et six militants locaux. En outre, Human Rights Watch a examiné et analysé les données récentes sur la qualité de l’air provenant de la station de surveillance gouvernementale la plus proche dont les données sont accessibles au public, les données satellite sur la pollution de l’air du programme Copernicus de l’Union européenne, et des documents officiels du gouvernement.

Human Rights Watch a adressé des courriers au ministère turc de la Santé, à la société mère de l’entreprise exploitant la centrale à charbon, qui avait demandé la construction d’unités supplémentaires, à la société publique de production d’électricité, ainsi qu’aux autorités locales. Human Rights Watch a également écrit à l’Institut turc des statistiques pour obtenir des données sur la santé dans les districts d’Afşin et d’Elbistan, mais n’a reçu aucune réponse à ses divers courriers.

Click to expand Image Cartographie montrant la forte densité moyenne de dioxyde de soufre (SO2) près de la centrale à charbon d'Afşin-Elbistan. La zone rouge correspond à une densité de 0,0012 mol/m2, alors que la zone bleue correspond à une densité proche de zéro. Le dioxyde de soufre est un gaz aux effets parfois toxiques, souvent issu de la combustion du charbon. © 2204 Copernicus Sentinel-5P, Google Earth Engine (données) / HRW (analyse et graphique)

Les résidents vivant à proximité des centrales à charbon ont déclaré que des amis, des membres de la famille et des voisins étaient décédés de cancers et de maladies cardiovasculaires ou respiratoires, qu’ils pensaient être imputables ou aggravées par la pollution provenant des centrales voisines.

La mine de charbon qui alimente les centrales électriques d’Afşin-Elbistan est considérée comme une « bombe à carbone » (terme qui désigne les principaux sites d’extraction de combustibles fossiles au monde), avec une capacité d’extraction de charbon de 4,09 gigatonnes de dioxyde de carbone. L’expansion de la centrale à charbon menacerait la transition énergétique de la Turquie, et mettrait en péril les obligations de ce pays dans le cadre de l’Accord de Paris sur le changement climatique.

Début 2024, la Turquie est devenue le premier producteur européen d’électricité obtenue à partir du charbon ; les projets turcs représentent 73 % des projets de charbon prévus mais non encore construits au sein de l’UE et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Les promoteurs de ces projets continuent de rechercher activement les autorisations et le financement nécessaires. Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 35 000 personnes sont mortes à cause de la pollution de l’air en 2019 en Turquie.

Communiqué complet : en ligne en anglais.

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30.08.2024 à 20:00

Hong Kong : Deux journalistes reconnus coupables de « sédition » suite à des accusations infondées

Human Rights Watch

Click to expand Image Chung Pui-kuen, à droite, l'ex-rédacteur en chef du journal Stand News (qui a cessé de paraître), photographié le 29 août 2024 à Hong Kong, après avoir été reconnu coupable de « conspiration visant à publier des documents séditieux » à l’issue d’un procès manifestement base sur des motifs politiques. © 2024 Billy H.C. Kwok/AP Photo

(New York) – Le gouvernement de Hong Kong devrait annuler les condamnations à motivation politique de deux journalistes et cesser ses attaques contre la liberté de la presse, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Le 29 août 2024, le tribunal de district de Hong Kong a prononcé des verdicts de culpabilité à l’encontre de deux rédacteurs du journal Stand News, qui depuis a cessé de paraître – Chung Pui-kuen, 54 ans, l’ex-rédacteur en chef, et son adjoint Patrick Lam, 36 ans – ainsi que de la société mère du journal, Best Pencil ; ils étaient accusés de « conspiration visant à publier des documents séditieux ». Chung Pui-kuen et Patrick Lam encourent jusqu’à deux ans de prison.

« Le gouvernement de Hong Kong envoie un message terrible aux journalistes : couvrir des sujets d’intérêt public risque de vous valoir une peine de prison », a déclaré Maya Wang, directrice adjointe de la division Chine à Human Rights Watch. « Les gouvernements de Hong Kong et de Chine devraient immédiatement annuler les condamnations de Chung Pui-kuen et Patrick Lam, et mettre fin à la répression de la liberté de la presse. »

Au cours du procès qui a duré 57 jours, le procureur a présenté 17 articles publiés dans Stand News comme preuves que ce journal primé avait cherché à « inciter à la haine contre le gouvernement de Hong Kong et le gouvernement central ». Le juge du tribunal de district, que le gouvernement a personnellement choisi pour superviser les affaires de sécurité nationale, a jugé que 11 de ces articles étaient « séditieux ». Les descentes de police et les arrestations arbitraires d’employés de Stand News ont forcé ce journal à cesser ses activités en décembre 2021.

L’un des articles prétendument « séditieux » portait sur l’ancienne journaliste Gwyneth Ho lorsqu’elle s’est présentée à une primaire informelle pour sélectionner des candidats pro-démocratie pour les élections du Conseil législatif de 2020. Un tribunal a ensuite jugé que ce processus était « illégal », et avait condamné Gwyneth Ho et 44 autres activistes en vertu de la loi sur la sécurité nationale, que le gouvernement chinois avait imposée à Hong Kong en juin 2020.

Le tribunal prononcera les peines infligées à Chung Pui-kuen et à Patrick Lam le 26 septembre. Lam n’était pas présente à l’audience de verdict en raison de problèmes de santé, ont rapporté les médias locaux.

Suite en anglais.

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30.08.2024 à 06:00

RD Congo : Peu de justice pour les victimes du massacre de Goma

Human Rights Watch

Click to expand Image Des membres du personnel militaire congolais en procès pour le meurtre de 57 civils lors d'une manifestation contre la présence de la MONUSCO, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo, à Goma, dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, le 7 septembre 2023. © 2023 Arlette Bashizi/Reuters

(Kinshasa) – Les autorités de la République démocratique du Congo devraient élargir leur enquête sur les membres des forces de sécurité responsables du meurtre d’une cinquantaine de personnes dans l’est du pays il y a un an, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Le gouvernement devrait aussi fournir rapidement des réparations adéquates aux victimes ou à leurs familles.

Le 30 août 2023, les forces de sécurité congolaises ont tué au moins 57 personnes à Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu. La plupart de ces personnes étaient des membres d’un groupe mystico-religieux, Foi naturelle judaïque et messianique vers les nations (FNJMN), qui préparaient une manifestation de protestation contre la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO). Un groupe d’experts de l'ONU et Human Rights Watch ont conclu que le bilan véritable de ce massacre était très probablement bien supérieur. En octobre, un tribunal militaire a reconnu quatre membres des forces armées, dont un colonel, coupables de meurtre, mais aucun supplément d’enquête ne semble être en cours, et aucune victime n’a été indemnisée à ce jour.

« Un an plus tard, les autorités congolaises ont poursuivi en justice avec succès plusieurs personnes pour le massacre de 2023 à Goma, mais les enquêtes ont été très limitées et aucune indemnisation n’a été versée aux victimes », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Il est essentiel d’établir la responsabilité du commandement et de punir de manière appropriée tous les responsables afin d’éviter la répétition de tels abus à l’avenir. »

Le 30 juillet 2023, Ephraïm Bisimwa, le dirigeant de ce mouvement mystico-religieux, a annoncé la tenue le 30 août d’une manifestation contre la MONUSCO pour réclamer le départ avant la fin de l’année de cette mission de l’ONU, en raison de son incapacité à mettre fin au conflit prolongé qui sévit dans l’est du pays.

Le 23 août, le maire de Goma a publié un communiqué annonçant l’interdiction de la manifestation. Bisimwa a alors annulé la manifestation et demandé à ses membres de se réunir dans son église dans la matinée du 30 août. Le groupe d’experts de l’ONU a fait état, dans un rapport, d’informations qui circulaient le long des chaînes de commandement de l’armée et de la police selon lesquelles les manifestations du groupe étaient coordonnées avec de prétendus plans de déstabilisation de la ville de la part du groupe rebelle M23 et de ses alliés rwandais. Depuis fin 2022, les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda ont commis des meurtres extrajudiciaires, des viols et de nombreux autres graves abus dans l’est de la RDC.

Le 30 août entre 3h00 et 4h00 du matin, des militaires congolais ont investi une station de radio affiliée au mouvement mystique dans le quartier de Ndosho, à Goma. Bisimwa se trouvait alors à la station et a diffusé un message sur WhatsApp pour informer ses membres de ce raid. Quand les militaires ont emmené Bisimwa et huit autres personnes hors de la station, ses membres sont arrivés. Les militaires ont alors ouvert le feu sur eux, tuant six membres de la secte devant la station de radio, puis sont partis en emmenant Bisimwa et un collègue. Bisimwa a déclaré par la suite à Human Rights Watch : « Ils nous ont emmenés à la base [de la Garde républicaine], où ils nous ont ligotés, nous ont fait étendre sur le sol, puis nous ont aspergés d’eau et nous ont battus avec des bâtons. »

À la suite de ce raid meurtrier, des membres du groupe ont capturé un agent de police, lui ont attaché les mains et l’ont emmené à leur siège, qu’ils désignent habituellement comme leur temple.

Dans la confusion qui a suivi, la police a ouvert le feu sur des membres du groupe, tuant le fils de Bisimwa. Des membres sont alors retournés au temple et ont tué l’agent de police qui avait été capturé. Des images vidéo que Human Rights Watch a pu visionner montre cet agent gisant au sol, les mains liées et recroquevillé sur lui-même pendant que des individus le frappent avec des bâtons et lui lancent des pierres, causant sa mort.

Des militaires sont arrivés au temple vers 7h00 et des Gardes républicains ont suivi. Le colonel Mike Mikombe, le commandant de la Garde républicaine à Goma, a pris le contrôle des négociations avec une foule croissante. Un agent qui était sur place a affirmé par la suite à Human Rights Watch que lorsque le colonel Mikombe est arrivé, la tension s’est rapidement accrue.

Human Rights Watch a pu vérifier l’authenticité d’une vidéo filmée sur place vers 7h00 qui montre le colonel Mikombe et le commandant Peter, chef d’une unité de forces spéciales de la Garde républicaine, s’adressant aux membres du groupe dans une ruelle adjacente au temple, entourés de personnels des forces spéciales. Sur la vidéo, les militaires sont en tenue de combat et portent des armes. Des témoins ont affirmé qu’au moins quatre drones survolaient la scène.

Quelques minutes après l’arrivée des commandants de la Garde républicaine, les tirs ont commencé. « Je ne sais pas ce qu’a vu le colonel de la Garde républicaine pour donner l’ordre de nous tirer dessus », a déclaré un membre du groupe. Plusieurs témoins ont affirmé que Mikombe a levé son pistolet en l’air et ordonné aux membres de la Garde républicaine d’ouvrir le feu. Un homme a précisé que Mikombe a crié : « Bofungola nzela! » (« Ouvrez la voie! » en lingala). Les recherches effectuées par Human Rights Watch, notamment des entretiens avec des responsables de l’armée nationale, ont permis d’indiquer que les membres du mouvement mystique n’étaient pas armés.

Les militaires ont tiré au fusil d’assaut sur les manifestants et sur des passants, tuant et blessant des dizaines de personnes tandis que d’autres s’enfuyaient pour se mettre à l’abri. Beaucoup se sont réfugiés dans des maisons alentour ou à l’intérieur du temple juste à côté. Les tirs se sont poursuivis pendant plusieurs minutes. Human Rights Watch a vérifié une vidéo filmée sur place, montrant des nuages de poussière s’accumuler dans la ruelle alors que retentissent des tirs d’armes automatiques. Les murs de maisons alentour et le temple ont été impactés, tuant et blessant des personnes qui s’abritaient à l’intérieur. Human Rights Watch a examiné des impacts de balles dans les murs de nombreuses maisons du quartier.

Une femme qui s’était abritée dans sa maison avec son jeune frère a indiqué qu’une autre femme et un garçon avaient été tués dans la cour de son immeuble, où ils avaient cherché à se mettre à l’abri. « Je ne les connaissais pas et ils ne semblaient pas se connaître non plus », a-t-elle dit. « Ils étaient venus se cacher quand les tirs ont commencé. »

Certaines personnes qui s’abritaient dans les maisons ont filmé les suites immédiates de la fusillade sur leurs téléphones portables. Plusieurs vidéos montrent de nombreux corps dans les rues. Un homme qui a été témoin des meurtres à partir d’une maison proche du temple a affirmé que les militaires avaient circulé parmi les corps pour vérifier si certaines victimes étaient encore en vie. « Ils tiraient sur les blessés pour les achever », a-t-il dit.

Immédiatement après la fin de la fusillade, des militaires ont chargé les cadavres sur au moins un camion. Des images vidéo vérifiées par Human Rights Watch montrent des soldats traînant les cadavres le long des rues, les tirant par les jambes ou par les bras d’une manière dégradante. D'autres images les montrent jetant les corps sur les plateformes des camions, les empilant les uns sur les autres. Plusieurs personnes blessées ont aussi été forcées de monter sur ce même camion.

Les militaires ont rassemblé des dizaines de personnes, dont des enfants, dans la cour du temple. Beaucoup d’entre elles ont été par la suite arrêtées. Des images vidéo vérifiées par Human Rights Watch montrent des membres de la Garde républicaine dans une rue proche du temple s’éloignant à pied en emportant des biens pillés, des meubles et du bétail. Entre 9h30 et 10h00, les Gardes républicains et d’autres militaires ont incendié le temple. Human Rights Watch a vérifié une vidéo qui montre le temple en flammes.

En septembre et octobre, un tribunal militaire a jugé le colonel Mikombe et cinq autres militaires. Trois d’entre eux ont été condamnés à 10 ans de prison, tandis que deux autres, dont l'adjoint de Mikombe, ont été acquittés. Le 2 octobre, Mikombe a été déclaré coupable de meurtre et condamné à mort.

Le dossier à charge constitué contre Mikombe ne concernait pas le rôle joué par des officiers de grade supérieur qui auraient pu ordonner les crimes qui ont été commis ou en être responsables pénalement. Les autorités n’ont pas effectué un décompte complet des morts. Elles n’ont pas non plus enquêté sur les allégations selon lesquelles des soldats ont achevé des blessés ou incendié le temple Dans son rapport final, le groupe d’experts de l’ONU a émis des doutes au sujet de l’enquête.

Des enquêtes plus approfondies devraient être menées afin d’établir si des officiers situés au-dessus de Mikombe dans la hiérarchie militaire sont juridiquement responsables de ces crimes, a déclaré Human Rights Watch.

Du fait que la province du Nord-Kivu est placée sous un régime de loi martiale, un tribunal militaire a jugé Bisimwa et 63 autres membres de son mouvement pour le meurtre de l’agent de police capturé. Tous ont été condamnés à au moins 10 ans de prison ou à la peine capitale. Le groupe d’experts de l’ONU a affirmé qu’aucun élément de preuve n’avait été présenté au procès permettant d’établir un lien entre les accusés et une participation directe au meurtre de l’agent. Bisimwa lui-même était détenu par les militaires depuis plusieurs heures au moment du meurtre.

Le gouvernement a commué toutes les peines de mort en peines de prison à perpétuité.

Les victimes ou leurs familles devraient recevoir rapidement une indemnisation adéquate pour leurs pertes, a déclaré Human Rights Watch. Un membre du mouvement mystique dont la femme a été tuée a déclaré : « J’aimerais que nous soyons indemnisés pour les dommages que nous avons subis. S’occuper de sept enfants sans leur mère est une chose très difficile pour moi. Nous avons besoin d’aide. »

Outre une extension de leur enquête sur les personnes responsables de meurtres commis par le gouvernement et la fourniture d’une indemnisation aux victimes, les autorités congolaises devraient réviser leurs dispositifs de contrôle des foules. D’une manière générale, l’armée ne devrait pas être utilisée pour faire respecter la loi, fonction pour laquelle la police est mieux formée. Toute force de sécurité utilisée pour contrôler des foules devrait recevoir une formation, un équipement et une supervision appropriés. Le gouvernement congolais devrait solliciter un soutien international pour s’assurer que ses forces de sécurité se conforment aux normes régionales et internationales concernant le recours à la force.

« Les victimes du massacre de Goma attendent toujours que des comptes soient rendus », a affirmé Lewis Mudge. « Tous les responsables, indépendamment de leur grade ou de leur statut, devraient être poursuivis en justice, et les personnes qui ont subi des dommages devraient être indemnisées promptement et équitablement. »

29.08.2024 à 21:25

La Corée du Sud subit une crise de crimes sexuels numériques

Human Rights Watch

Click to expand Image Des femmes sud-coréennes manifestaient contre la diffusion en ligne de fausses images, ou d’images intimes enregistrées sans leur consentement, lors d’un « sit-in » à Séoul, le 4 août 2018. © 2018 Jean Chung/Getty Images

La Corée du Sud est confrontée à une épidémie de crimes sexuels numériques ; des centaines de femmes et de filles y sont ciblées par des images sexuelles truquées et partagées en ligne. L’un des groupes partageant ces images compterait 220 000 membres. Le nombre de cas de truquages ​​officiellement signalés à la police est passé de 156 en 2021, à 297 en juillet 2024.

Si le président sud-coréen s’est exprimé cette semaine sur ce problème, au fil des ans, les dirigeants du pays semblent avoir eu du mal à comprendre les dommages extraordinaires et souvent permanents que ces crimes causent.

En 2020, j’ai interviewé des femmes en Corée du Sud qui ont survécu à des crimes sexuels numériques, dont certaines ont été ciblées à l’aide d’images truquées. J’ai également parlé au père d’une femme qui s’est suicidée en 2019, après avoir été filmée en secret par un collègue masculin dans le vestiaire de l’hôpital où elle travaillait.

Nous avons également parlé avec des manifestantes. En 2018, le gouvernement sud-coréen a emprisonné une femme qui avait publié une photo nue d’un homme. L’affaire a déclenché une série de six manifestations : des dizaines de milliers de femmes et de filles ont défilé dans les rues de Séoul en scandant des slogans tels que « Ma vie n’est pas ton porno » et « Ne sommes-nous pas humains ? » Les hommes sont généralement libérés dans de tels cas.

Le gouvernement a répondu à ces manifestations en adoptant une loi visant à élargir la gamme des actes punissables comme crimes sexuels numériques et à durcir les peines. Il a également créé un centre d’aide aux survivantes de crimes sexuels numériques.

Ces réponses étaient des signes positifs, mais ont été loin d’être suffisantes. La violence sexiste en ligne est un problème croissant à l’échelle mondiale, mais elle est particulièrement répandue en Corée du Sud. Les juges, les procureurs, la police et les législateurs sud-coréens, dont la grande majorité sont des hommes, ne prennent pas ces crimes suffisamment au sérieux. Les femmes qui demandent l’aide de la police sont souvent licenciées, à nouveau traumatisées et même ridiculisées. Il existe peu de cours d’éducation sexuelle dans les écoles sud-coréennes pour aider les jeunes à comprendre à quel point ce comportement est répréhensible. Ces crimes se produisent dans un contexte de forte inégalité entre les sexes, où l’écart salarial entre les sexes est de 31 %, et où moins de 13 % des membres des conseils d’administration sont des femmes.

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Article

Radio-Canada.ca

Le gouvernement sud-coréen sait depuis des années que les crimes sexuels en ligne sont monnaie courante et mortels. Il est temps qu’il prenne cette crise plus au sérieux. Le gouvernement devrait tenir les auteurs de ces crimes responsables de leurs actes, fournir une éducation sexuelle complète, non seulement aux enfants mais aussi aux adultes, et prendre des mesures significatives pour promouvoir l’égalité des sexes.

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