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20.11.2024 à 05:00

Mines antipersonnel : Soutenir le traité d’interdiction pour éviter de nouvelles victimes

Human Rights Watch

Click to expand Image Des membres du Centre d'action contre les mines du Cambodge (Cambodia Mine Action Center, CMAC) participaient à une séance de formation au déminage dans le village de Preytotoeung, situé dans la province de Battambang au Cambodge, le 19 janvier 2023.  © 2023 AP Photo/Heng Sinith

(Bangkok, le 20 novembre 2024) – Le traité international interdisant les mines terrestres antipersonnel risque d’être affaibli par les nouvelles utilisations de ces armes par des pays non signataires comme la Russie et le Myanmar , a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch, à l’occasion de la publication du rapport Landmine Monitor 2024 (« Observatoire des mines terrestres 2024 »).

Ce rapport de 142 pages sera présenté lors de la cinquième Conférence d’examen de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, qui se tiendra du 25 au 29 novembre à Siem Reap, au Cambodge ; une centaine de pays devraient participer à cette conférence.

« L’impact positif de la Convention sur les mines antipersonnel se manifeste par la baisse de la production de ce type d’armes, la quasi-cessation de leurs transferts et la destruction de plus de 55 millions de mines stockées », a déclaré Mark Hiznay, directeur adjoint du programme Armes à Human Rights Watch et co-rédacteur du rapport Landmine Monitor 2024. « Cependant, de nouvelles utilisations de mines antipersonnel par des pays qui n’ont pas adhéré à la Convention menacent à la fois la vie des civils et l’efficacité de ce traité qui sauve des vies. »

La mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel de 1997, entrée en vigueur le 1er mars 1999, a permis de réaliser des progrès significatifs depuis cette date. Cette Convention interdit de manière exhaustive les mines antipersonnel ; les pays signataires ont l’obligation de détruire les stocks, de déminer les zones touchées et d’aider les victimes.

À ce jour, 164 pays ont adhéré à la Convention, dont tous les États membres de l’OTAN, à l’exception des États-Unis. Cependant, en juin 2022, le président Joe Biden a fixé l’objectif que les États-Unis adhèrent à terme à la Convention, réalignant la position américaine sur la plupart des interdictions contenues dans ce traité. En janvier 2020, le président Donald Trump, qui depuis a été réélu, avait annulé une politique qui aurait éliminé toutes les mines antipersonnel de l’arsenal américain.

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Les mines antipersonnel tuent et blessent sans discrimination. Elles sont généralement placées manuellement, mais peuvent également être larguées par voie aérienne, à l’aide de roquettes et de l’artillerie, ou disséminées à partir de véhicules spécialisés. Les mines terrestres non neutralisées constituent un danger tant qu’elles ne sont pas détruites. Les sols minés peuvent entraîner le déplacement de la population civile locale, entraver l’acheminement de l’aide humanitaire et empêcher les activités agricoles.

La Russie s’est servie de mines terrestres antipersonnel à plusieurs reprises en Ukraine depuis son invasion à grande échelle du pays le 24 février 2022, faisant des centaines de victimes et infestant de vastes étendues de terres. Les responsables ukrainiens enquêtent sur les allégations selon lesquelles leurs forces ont recouru à des mines antipersonnel PFM dans et autour de la ville d’Izioum en 2022, alors qu’elle était occupée par les forces russes.

Les forces armées de la junte du Myanmar ont régulièrement utilisé des mines antipersonnel depuis 1999. Pour la première fois, le Myanmar arrive en tête de la liste des pays comptant le plus grand nombre de victimes annuelles établie par Landmine Monitor, le rapport indiquant que les mines antipersonnel ont tué ou blessé 1 003 personnes en 2023 dans ce pays. Auparavant, la Syrie avait enregistré le plus grand nombre de victimes annuelles pendant trois années consécutives.

Des informations indiquent que l’Iran, par le biais du Corps des gardiens de la révolution islamique, et la Corée du Nord ont également utilisé des mines antipersonnel en 2023, et au premier semestre de 2024.

En 2023 et au premier semestre de 2024, des groupes armés non étatiques ont utilisé des mines antipersonnel improvisées dans au moins cinq pays – la Colombie, l’Inde, le Myanmar, le Pakistan et la Palestine (Gaza) –ainsi que dans la région du Sahel en Afrique. À Gaza, les Brigades Izz al-Din al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont reconnu à plusieurs reprises que leurs combattants avaient utilisé des mines antipersonnel depuis le 7 octobre 2023. La Convention interdit tous les engins explosifs déclenchés par une victime, qu’ils soient fabriqués dans une usine, ou de manière artisanale (« improvisée ») à partir de matériaux disponibles localement.

Click to expand Image La couverture du « Landmine Monitor 2024 », montrant une jeune fille cambodgienne âgée de 13 ans, à droite, jouant au football avec son frère et deux sœurs dans la province de Kampong Thom, au Cambodge. Elle a été blessée à l'âge de quatre ans par une mine terrestre ; sa jambe droite a dû être amputée, et remplacée par une jambe prothétique. © S. Rae/HI

En 2023, au moins 5 757 personnes ont été blessées, dont 1 983 mortellement, par des  mines terrestres et des restes explosifs de guerre dans 53 pays et deux autres régions. Les civils représentaient 84 % de toutes les victimes enregistrées en 2023 ; les enfants représentaient 37 % des victimes lorsque l’âge était connu.

Au total, 281,5 kilomètres de terres contaminées par des mines ont été assainis en 2023, soit la plus grande superficie nettoyée par les États parties depuis 2019 ; en 2023, 160 566 mines antipersonnel ont été détruites. En vertu du traité, 33 États ont achevé le déminage de toutes les mines antipersonnel de leur territoire depuis 1999.

A ce jour, 94 États parties à la Convention ont collectivement détruit plus de 55 millions de mines terrestres de leurs stocks. En 2021, le Sri Lanka est devenu le dernier État partie à achever la destruction de ses stocks. L’Ukraine et la Grèce sont les seuls États parties à posséder encore des stocks de mines terrestres qu’ils devraient détruire.

En 2023, le soutien mondial à la lutte antimines, y compris le déminage et l’assistance aux victimes, a dépassé pour la première fois le milliard de dollars, avec un montant total de 1,03 milliard de dollars. Cette augmentation reflète en grande partie un afflux de dons à l’Ukraine, qui est arrivée en tête de liste des bénéficiaires en 2023 pour la deuxième année consécutive, avec 308 millions de dollars.

« Le déminage est une tâche essentielle, tout comme les mesures visant à répondre aux besoins des survivants des mines terrestres pour le reste de leurs vies », a conclu Mark Hiznay. « Les gouvernements devraient veiller à ce que des ressources adéquates soient mises à la disposition de tous les pays ayant besoin d’aide, afin de réaliser les objectifs humanitaires de la Convention. »

Landmine Monitor 2024 est une publication de la Campagne internationale pour l’interdiction des mines terrestres (ICBL), la coalition mondiale d’organisations non gouvernementales qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1997. Human Rights Watch a cofondé la campagne en 1992 et contribue à l’initiative Landmine Monitor. 

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Articles

Le Figaro

18.11.2024 à 19:47

Conférence « Dekoloniale Berlin Africa »

Human Rights Watch

Click to expand Image Les participant-e-s à la conférence « Dekoloniale Berlin Africa » (dont la députée travailliste britannique Bell Ribeiro-Addy, au centre, en tenue noire), tenue à Berlin le 15 novembre 2024. © 2024 Damian Charles/Dekoloniale

(Berlin, 18 novembre 2024) – Des experts du continent africain et de la diaspora africaine en provenance d’autre pays du monde ont appelé les gouvernements européens à remédier à leur passé colonial et à ses impacts qui perdurent, lors de la conférence « Dekoloniale Berlin Africa » tenue à Berlin le 18 novembre. Cette conférence a été organisée comme une « contre-version décoloniale » de la Conférence de Berlin de 1884/85, qui s’est ouverte il y a 140 ans.

Des représentants d’Afrique et des personnes d’origine africaine se sont réunis lors de la conférence du 15 novembre 2024 pour réfléchir à l’histoire et aux impacts durables de la colonisation, 140 ans après l’ouverture de la Conférence africaine de Berlin de 1884/5, lors de laquelle les puissances européennes ont étendu leur emprise coloniale sur le continent africain. Des organisations de la société civile travaillant sur les sequelles du colonialisme dans le monde, y compris son impact actuel sur les droits humains, ont également participé à la conférence du 15 novembre.

Lors de la conférence Dekoloniale Berlin Africa, 19 experts ont discuté de la manière dont les héritages de ces injustices historiques sont liés au racisme systémique et aux inégalités dans le monde. Parmi les 19 experts figuraient le présentateur britannique Gary Younge, lauréat de plusieurs prix, l’artiste angolais Kiluanji Kia Henda, l’avocate camerounaise Alice Nkom ainsi que Pumla Dineo Gqola, universitaire sud-africaine, écrivaine primée et militante pour l’égalité des sexes.

« Prendre en compte ces héritages coloniaux européens n’est pas une option pour les gouvernements européens, c’est une obligation en vertu du droit international des droits humains », a déclaré Almaz Teffera, chercheuse sur les questions de racisme en Europe à Human Rights Watch. « Les gouvernements européens devraient accepter la nécessité d’un processus de réparation centré sur les victimes, en reconnaissant les préjudices et les dommages issus de leurs actions historiques au fil des ans et qui perdurent, et en y remédiant. »

Texte complet en anglais en ligne ici.

Site Amnesty International

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15.11.2024 à 21:38

Corée du Nord : Mettre fin aux abus cités à l'ONU

Human Rights Watch

Click to expand Image L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès de l'Office des Nations Unies à Genève, Jo Chol Su, écoutait une traduction simultanée de propos tenus lors de l’Examen périodique universel concernant la situation des droits humains dans son pays, au Conseil des droits de l'homme de l’ONU, le 7 novembre 2024. © 2024 Kyodo via AP Images

(Genève) – Le gouvernement nord-coréen devrait d’urgence donner suite aux recommandations émises dans le cadre du quatrième Examen périodique universel (EPU) de la situation des droits humains en Corée du Nord au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, ont conjointement déclaré Human Rights Watch et l’ONG Transitional Justice Working Group (TJWG - « Groupe de travail sur la justice transitionnelle »).

Le 11 novembre, suite à l’EPU au sujet de la Corée du Nord tenu le 7 novembre, le Conseil des droits de l’homme a publié un rapport préliminaire contenant 88 recommandations, notamment coopérer avec les mécanismes des droits humains de l’ONU, mettre fin à la torture, libérer les prisonniers politiques, mettre fin au travail forcé et garantir le droit à la liberté d’expression ; toutefois, la Corée du Nord a rejeté de fait ces recommandations,

« Le rejet par la Corée du Nord des nombreuses recommandations visant à améliorer la situation des droits humains reflète le mépris flagrant du gouvernement à l’égard des normes internationales des droits humains, et des droits des citoyens », a déclaré Simon Henderson, directeur adjoint de la division Asie à Human Rights Watch. « Le gouvernement nord-coréen devrait mettre fin à sa répression brutale des droits fondamentaux, et à l’isolement croissant de son peuple. »

Plusieurs États membres de l’ONU ont exhorté la Corée du Nord à mettre en œuvre les recommandations contenues dans le rapport historique publié par la Commission d’enquête de l’ONU en 2014, y compris en clarifiant la situation et le lieu où se trouvent les personnes disparues de force. Le rapport de 2014 avait conclu que les violations généralisées et systématiques des droits humains par le gouvernement nord-coréen constituaient des crimes contre l’humanité. La Corée du Nord a précédemment rejeté les recommandations formulées dans ce rapport.

Lors du dernier EPU concernant la Corée du Nord, des États membres de l’ONU ont adressé au gouvernement nord-coréen au total 306 recommandations, recouvrant une longue liste de violations des droits humains et de crimes contre l’humanité. Plusieurs gouvernements ont souligné que la Corée du Nord devrait prendre des mesures immédiates pour remédier à sa crise des droits humains, notamment en prenant des mesures pour lutter contre la malnutrition et la famine chroniques et évitables, causées en partie par le détournement de ressources essentielles au profit des dirigeants militaires et de ses programmes d’armement.

En avril dernier, Human Rights Watch et TJWG ont conjointement transmis leurs recommandations dans le cadre du quatrième cycle de l’EPU de la Corée du Nord. Les deux organisations ont souligné les contrôles de plus en plus stricts imposés par le gouvernement et la poursuite des violations des droits humains, notamment la détention arbitraire, la torture et les procès inéquitables, qui contribuent au climat de peur et d’obéissance dans le pays.

Lors de l’EPU, de nombreux pays ont appelé la Corée du Nord à prendre des mesures concrètes pour défendre les droits civils et politiques, y compris en révisant ou abrogeant la Loi sur le rejet de la pensée et de la culture réactionnaires et d’autres lois qui violent les droits à la liberté d’expression et de circulation. En mars 2024, Human Rights Watch a publié un rapport documentant les sévères restrictions de circulation imposées par la Corée du Nord entre 2018 et 2023, et leur impact sur les moyens de subsistance des citoyens, et leur accès aux produits de première nécessité tels que la nourriture et les médicaments.

Pendant la pandémie de Covid-19, le gouvernement a imposé des mesures extrêmes aux citoyens ainsi qu’aux diplomates et aux employés de l’ONU et d’organisations internationales, provoquant le départ de plusieurs d’entre eux. Lors du récent EPU, les représentants de 16 pays ont déclaré que la Corée du Nord devrait accorder un accès sans entrave aux observateurs des droits humains de l’ONU. Plusieurs d’entre eux ont aussi appelé la Corée du Nord à autoriser le transfert d’aide humanitaire et au développement de l’ONU.

Plusieurs pays membres du Conseil des droits de l’homme ont appelé à la libération des prisonniers politiques en Corée du Nord ; parmi eux, neuf pays ont recommandé la fermeture des camps de prisonniers politiques. Plus de 20 pays, dont la Corée du Sud et l’Irlande, ont également exhorté la Corée du Nord à garantir la protection contre la torture dans les centres de détention, notamment contre les personnes rapatriées de force dans ce pays.

Le Canada a appelé la Corée du Nord à mettre fin aux avortements forcés qui ont été imposés à des femmes rapatriées, comme le montrait le rapport de l’ONU de 2014. Plusieurs pays ont recommandé à la Corée du Nord de ratifier la Convention contre la torture et la Convention internationale contre les disparitions forcées, et de ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale. La Gambie a appelé la Corée du Nord à mettre fin au travail forcé subi par des Nord-Coréens vivant à l’étranger. La Namibie et le Sri Lanka ont exhorté la Corée du Nord à devenir membre de l’Organisation internationale du travail, et à ratifier ses principales conventions.

Le gouvernement nord-coréen devrait accepter les recommandations des pays membres de l’ONU, ont réitéré Human Rights Watch et TJWG.

« Sous le régime de la famille Kim, la Corée du Nord a utilisé les exécutions, les prisons politiques et les camps de travail, la torture et les procès-spectacles comme outils pour attiser le climat de peur d’obéissance », a déclaré Ethan Hee-Seok Shin, analyste juridique au Transitional Justice Working Group. « La communauté internationale ne devrait plus détourner son regard. Les États membres de l’ONU devraient dialoguer directement avec le gouvernement nord-coréen et dans le cadre des forums de l’ONU, et l’inciter à respecter obligations internationales en matière de droits humains. »

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Sur X : https://x.com/hrw_fr/status/1858519920301965820

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