07.09.2025 à 12:29
L'Autre Quotidien
Theodora Kanelli, Atlas d’une hybris II ., 2025 - Technique mixte (crayon de couleur, peinture à l’huile, etc.) sur supports variés (toile, papier aquarelle, papier calque, etc.). — 180× 70× 60 cm. Courtesy de l’artiste.
Si l’écriture s’introduit dans une image, elle devient, avec ses mots, partie intégrante de l’image dans notre perception. En tant qu’instrument conceptuel, quand l’écriture est aussi une partie conçue de l’image, il importe de savoir si elle vise à être une information, un moyen de composition, ou bien les deux.
Tino Di Santolo, Sans titre, série Sismographie., 2023 Dessin au graphite et crayon de couleur sur carnet. — 30 × 20 cm. Courtesy de l’artiste.
L’écriture dans l’image incite à lire — réflexe de notre expérience quotidienne –, de la même manière que nous percevons d’abord un visage dans l’image, que notre attention se focalise d’emblée sur un visage, et ensuite nous discernons et lisons les formes, les couleurs, le matériau, etc. Cette écriture-là peut être une médiation vers le « discernement » et elle peut initier de bonnes ou de fausses pistes (sommes-nous censés discerner un sens ?). En caractères d’imprimerie ou manuscrite, elle induit une lecture, sous la forme d’un simple fragment écrit ou d’une calligraphie, de manière enfantine ou savamment conçue, tracée distraitement ou gribouillée en passant, maladroitement à dessein ou le plus objectivement possible. Ainsi le spectateur tentera-t-il de découvrir quelle fonction, quelle place occupe l’écriture. Selon le genre d’écriture et de lecture, l’image devient plus éloquente, plus frappante, peut- être plus énigmatique, plus poétique… Le signe archaïque des origines, gravé sur la terre, peint sur les murs, mystérieux, fragment d’écriture en tant que force d’ouverture ou de fermeture, recèle du poétique. L’écriture est réalisation, elle est une forme : ligne, surface, manque, creux, perspective diminuée ou agrandie, elle ondoie, ses angles sont aigus ou durs, ou bien ses courbes sont lisses : elle a une texture. Et ne marchons-nous pas sur elle comme sur un sol rocailleux, comme sur des feuilles mortes, parmi les herbes d’une prairie ou sur un terrain mouvant, marécageux ?
Extrait du texte de Paul Thomas Konietschke, le 8/09/2025
Livres Uniks 6
Galerie Topographie de l’art 15, rue de Thorigny 75003
Thomas Paul Konietschke, Kassa Buch ., 2021 Collage-papier, encre, crayon (Bleisitft), gouache. — 22 × 17,5 × 6 cm. Courtesy de l’artiste.
07.09.2025 à 11:52
L'Autre Quotidien
Everything is Wrong © Mark Tamer
Je vis depuis 20 ans avec des migraines vestibulaires chroniques. Mon cerveau surinterprète les différentes informations sensorielles : les lumières sont trop vives, les sons trop forts et les mouvements me donnent la nausée. À cela s'ajoutent les maux de tête et le brouillard cérébral permanent qui rendent difficile toute pensée claire. Il n'y a pas de bouton « off », c'est donc ainsi que je perçois le monde aujourd'hui.
En substance, mes voies neuropathiques sont défectueuses, les signaux envoyés par mes nerfs se dégradent en cours de route, fournissant à mon cerveau des informations erronées. Et pourtant, cette expérience m'a donné la capacité de ralentir, de trouver la beauté dans les moments de calme et d'apprécier la complexité du cerveau humain et la façon dont il construit soigneusement notre réalité.
Everything is Wrong © Mark Tamer
Everything is Wrong © Mark Tamer
Ce projet est ma tentative de communiquer un peu de cette expérience vécue.
Je suis un photographe expérimental basé à Londres qui travaille avec des procédés analogiques. À travers mon travail, je cherche à trouver un équilibre entre le hasard et le contrôle, entre la construction et la destruction, entre le signal et le bruit, et finalement entre la vie et la mort. J'accepte les accidents et les erreurs, car non seulement ils nous rappellent à quel point nous sommes vulnérables et fragiles, mais ils peuvent aussi souvent nous montrer quelque chose de nouveau.
Mark Tamer, pour Lens Culture le 8/09/2025
Quand tout va vraiment mal.
Everything is Wrong © Mark Tamer
Everything is Wrong © Mark Tamer
07.09.2025 à 11:43
L'Autre Quotidien
Image issue de « Mickey 17 », de Bong Joon-ho @ WARNER BROS. PICTURES @Chroniques d’architecture
Installée au ministère de la Culture depuis le 11 janvier 2024, sous trois gouvernements successifs (Attal, Barnier, Bayrou), il y a un record que Rachida Dati pourtant ne devrait pas atteindre, celui de Jack Lang, parmi les 28 titulaires depuis Malraux la véritable bernique de la rue de Valois et champion hors catégorie de longévité ministérielle sous cinq gouvernements : Mauroy, Rocard, Fabius, Cresson et Beregovoy. Quel que soit le résultat du scrutin du 8 septembre 2025 en effet, même si François Bayrou, encore Premier ministre à l’heure d’écrire ces lignes, réussissait son pari improbable et sauvait son gouvernement, la candidature officielle de Rachida à la Mairie de Paris en 2026 met un terme à sa « séquence culture ».
Les cinéphiles auront peut-être noté la sortie en 2025 de la comédie d’action et de science-fiction américano-sud-coréenne écrite et réalisée par Bong Joon-Ho, Mickey 17. Mickey est un « remplaçable », l’employé jetable d’une expédition humaine de colonisation de l’espace. À chaque fois qu’il meurt au fil de ses dangereuses missions, ce qui n’est pas très agréable, un nouveau Mickey est réimprimé tel quel en 3D et conserve ses souvenirs, sa vie, son emploi, etc. et c’est reparti pour une autre dangereuse et létale mission. Mickey 17 donc est la dernière version en date de Mickey. Quand l’action débute, tout le monde croit Mickey 17 mort et Mickey 18 est donc imprimé. Deux Mickeys vivants, c’est la pagaille !
Tout ça pour dire que très bientôt Rachida Dati ne sera plus ministre de la Culture et la ministre des architectes. Pourquoi Rachida 5 ? Parce que d’évidence elle fait partie des « remplaçables ». Voyons.
Quand un nouveau président arrive en 2017 à la tête du pays, il enjoint à son Premier ministre de former le meilleur gouvernement possible et les premiers ministres de ce premier gouvernement d’une nouvelle ère se doivent d’être les meilleurs dans le genre, des héros issus de toutes les provinces, pour la Culture y compris ! Surtout pour la Culture…
Premier choix, Françoise 1 (Nyssen)* (17 mai 2017 – 16 octobre 2018) la surprise du chef. L’une de ses premières tâches sera de veiller à l’application des décrets de la loi sur la liberté de la création, l’architecture et le patrimoine (loi LCAP) adoptée sous la législature précédente. Françoise 1 sera confrontée à un texte plus conflictuel, la loi ELAN, destiné soi-disant à « faciliter la construction de nouveaux logements et à protéger les plus fragiles ». Provinciale, elle sera piégée par un système D de m² indus. On connaît la suite pour les nouveaux logements et les plus fragiles.
Second choix, Franck 2 (Riester)** (16 octobre 2018 – 6 juillet 2020) qui aura eu le mérite de ne jamais froisser personne ; il est dit d’ailleurs que son fantôme hante gentiment les couloirs de Matignon et de l’Assemblée nationale. Pour ce qui concerne l’architecture, il n’a pas imprimé, ni réimprimé.
Alors évidemment, plus le temps passe et que rien n’avance, il faut reconfigurer l’imprimante et voici Roselyne 3 (Bachelot) (6 juillet 2020 – 20 mai 2022), qui s’était pourtant retirée des voitures. Sa gouaille et sa culture ont donné l’illusion d’un ministère en mouvement et, pour ce qui concerne l’architecture, quelques discours et de vagues promesses. Aujourd’hui, quel bilan ? Peu importe, elle au moins n’a pas fini à la broyeuse !
Avec Rima 4 (Abdul Malak) (20 mai 2022 – 11 janvier 2024), nous avons découvert à la Culture un service communication dernière génération : il ne communique rien et brûle les discours de la ministre en de discrets autodafés.*** Pour autant, comment lui en vouloir, Rima 4 était au service de son maître, comme un vassal et son lord, puisqu’elle s’est retrouvée avec sur les bras la restauration de Notre-Dame de Paris ou encore la construction de la Cité internationale de la langue française, au château de Villers-Cotterêts. Heureusement que Macron ne lui a pas demandé de sauter du Pont des arts… Et puis finalement si, quand elle s’est dite « heurtée » par la loi Immigration et a évoqué la procédure visant à retirer la légion d’honneur à Gérard Depardieu. Lèse-majesté ? Le prince a eu sa tête ! Bon, cela n’a rien à voir avec l’architecture, encore que…****
Et donc Rachida 5 (Dati) – depuis 2008 maire du VIIe arrondissement de Paris, celui des parvenus – qui pour le coup ne tient sa position ministérielle que de la volonté de Vulcain ex-Jupiter dont chacun sait le goût pour la réimpression en 3D à l’identique de concepts éculés. Sous ce parapluie, Rachida 5 réimprimée groupie s’est surtout préoccupée de museler les médias à travers sa volonté féroce de réformer le service public tout en laissant libre cours à sa passion agressive pour ses intérêts propres. De ce point de vue, Rachida 5, partout où elle passe – et repasse – est son propre avatar, un concept qui dans la religion hindoue désigne chacune des incarnations de Vishnu.
Pour ce qui concerne l’architecture, c’est depuis le 11 janvier 2024, jour de sa nomination, une ode impérieuse au patrimoine, argumentation paresseuse pour qui affiche clairement ses ambitions pour la mairie de Paris, ville musée. D’ailleurs, le 16 janvier 2025, c’était hier, lors de la présentation de son « Plan Cathédrales » – tout est dans l’intitulé – la ministre expliquait que son « engagement pour le patrimoine est total ». Un cri du cœur qui en dit long sur la vision progressiste de la France de l’encore ministre de la Culture et de ses ineffables parrains !
Le temps aura manqué à Rachida 5 pour appliquer à l’architecture la trypophobie dont elle a fait preuve à l’encontre des archéologues à propos de la restauration du château de Dampierre-en-Yvelines par un propriétaire privé.***** Selon Le Parisien (23/04/2024) et sur X, la ministre de la Culture affirme qu’il ne faudrait plus « creuser des trous juste pour le plaisir », et qu’elle préférait « mettre de l’argent dans la restauration du patrimoine plutôt que de creuser un trou pour un trou ».
Bref, sauf surprise, sans regarder en arrière parce que les municipales de 2026 se profilent, Rachida 5 ne sera bientôt plus ministre de la Culture. Pour autant, il faut lui rendre ce qui lui appartient – elle est de ces rares ministres qui n’en ont rien à battre de leur ministère ou d’être ministre, sinon , « en même temps », pour les émoluments liés à la fonction. Cela a le mérite de la clarté.
Sauf gouvernement technique qui nous emmène jusqu’en février 2026 avec les mêmes, qui d’autre pour descendre encore d’un échelon au ministère de la Culture de Macron Président dès la semaine prochaine et s’afficher en Mickey 6 ? Stéphane 6 Le pieux ?******
Christophe Leray (avec Syrus) le 8/09/2025
* Lire Architecture pour tous et une ministre de la Culture pour personne (2018)
** Lire Franck Riester, nouveau héraut impuissant des architectes (2018)
*** Lire Le Grand Prix national d’Architecture, un non-évènement culturel (2022)
**** Lire Au Vélodrome, le père François droit au but (2023)
***** Le duc de Dampierre ayant déclaré que tous les cocus devaient être noyés, Madame de Dampierre lui a demandé s’il était bien sûr de savoir nager !!! (Psaumes – Chansons paillardes)
****** Lire Pour le patrimoine français, les boules de Stéphane Bern (2018)