Condamné en première instance le 25 septembre à cinq ans de prison avec mandat de dépôt assorti d'une exécution provisoire pour association de malfaiteurs, l'ancien chef de l'État sera resté 20 jours en détention à la prison parisienne de la Santé.
De ces trois semaines de détention, M. Sarkozy, 70 ans, a tiré un "Journal d'un prisonnier" de 216 pages, édité par Fayard, contrôlé par Vincent Bolloré.
Le livre sera publié le 10 décembre, date à laquelle M. Sarkozy entamera, dans une librairie du XVIe arrondissement de Paris, une tournée de signatures en France.
Dès son incarcération le 21 octobre, M. Sarkozy "fut frappé par l’absence de toute couleur. Le gris dominait tout, dévorait tout, recouvrait toutes les surfaces", écrit-il dans l'ouvrage, dont Europe 1, elle aussi contrôlée par le milliardaire breton, mais aussi le quotidien Le Figaro et LCI ont diffusé samedi des extraits.
M. Sarkozy, numéro d’écrou 320535 selon Le Figaro, décrit sa détention et son alimentation à la Santé, faite de "laitage, barre de céréales, eau minérale, jus de pomme et quelques douceurs sucrées".
L'ancien président de la République, protégé en prison par deux officiers de sécurité, est resté enfermé dans sa cellule 23 heures sur 24, sauf à l’occasion des visites.
"J’aurais donné beaucoup pour pouvoir regarder par la fenêtre, prendre le plaisir de voir passer les voitures", assure celui qui a reçu en détention la visite du garde des Sceaux, Gérald Darmanin. Les deux hommes ont depuis l'interdiction d'entrer en contact.
"Ecrit au bic"
Réconforté son premier soir de détention par la diffusion d'un match européen de son club de coeur, le Paris-Saint-Germain, l'ancien président raconte dans son livre s'être aussi agenouillé pour prier.
"C'est venu comme une évidence", raconte-t-il dans son livre. "Je suis resté ainsi de longues minutes. Je priais pour avoir la force de porter la croix de cette injustice". M. Sarkozy raconte aussi ses échanges dominicaux avec l'aumônier de la prison.
"La prison fut pour moi une épreuve que j’ai essayé de rendre la plus productive possible. On a coutume de dire que l’on apprend à tout âge. C’est vrai car j’ai beaucoup appris à la Santé, sur les autres comme sur moi-même", décrit M. Sarkozy, définitivement condamné dans deux autres affaires, celle dite des écoutes et Bygmalion.
Au Figaro, M. Sarkozy confie avoir "écrit au bic sur une petite table en contreplaqué, tous les jours".
"Je donnais les feuilles à mes avocats, qui les donnaient à ma secrétaire pour les mettre au propre. J’ai écrit d’un seul jet et après ma libération, un lundi, j’ai terminé le livre dans les jours suivants", décrit M. Sarkozy.
"Il fallait que je réponde à cette simple question: +Mais comment en suis-je arrivé là?+. Que je m’interroge sur cette vie si étrange que la mienne, qui m’a fait passer par tant de situations extrêmes", explique-t-il.
Quelques piques
Il réserve aussi dans ce livre quelques piques au personnel politique, de Ségolène Royal, son adversaire socialiste en 2007, ou encore Emmanuel Macron qui, selon Le Figaro, aurait "détourné le regard" de la condamnation et de l'emprisonnement de son prédécesseur.
Europe 1 évoque en revanche le soutien apporté par Marine Le Pen ou le vice-président RN de l'Assemblée nationale, Sébastien Chenu. Il critique la visite effectuée par deux députés LFI durant sa détention, accompagnés de deux journalistes.
"Il y avait donc des gens qui mettaient le combat politique avant la dignité minimale qui aurait dû consister à respecter l’intimité d’un homme en prison", fustige-t-il.
M. Sarkozy n'en a pas terminé avec la justice. Outre son procès en appel sur le financement libyen au printemps prochain, l'ex-président est visé par d'autres enquêtes, de ses lucratives activités de conseil en Russie, à l'attribution controversée du Mondial-2022 au Qatar.
La justice française mène aussi des investigations sur la rétractation, contre une possible rémunération, des accusations du sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine (décédé depuis) dans le dossier libyen.