L'enfant de Lorient a quitté cet été la Ligue 2 sur une dernière saison à 22 buts, partagé entre "la tristesse de quitter (s)a ville, (s)on club, et l'excitation de découvrir quelque chose de nouveau".
Dans le sud de l'Angleterre, l'ex-chouchou des Merlus repart de zéro ou presque. "C'est ce que je suis venu chercher: le développement, la difficulté, me frotter aux meilleurs joueurs du monde. J'étais prêt à en baver".
Le 15 août, c'est le "D-Day": le championnat démarre par un déplacement au mythique Anfield de Liverpool, le club qu'il supportait gamin. "J'étais comme un enfant qui rentrait dans son rêve (...), c'était vraiment merveilleux pour moi, pour mes parents aussi".
La suite est moins rose pour Junior, fils de l'ancien footballeur ivoirien Eli Kroupi, avec seulement 30 minutes de jeu en cumulé sur les cinq premières journées.
"Je pensais même à partir"
"C'était compliqué, je pensais même à partir", avoue-t-il. Mais "ce n'était pas la bonne solution de fuir un problème, mon père m'a encouragé à rester et à travailler deux fois plus". Et, au final, "j'ai réussi à inverser la tendance".
En l'espace d'un mois, il inscrit ainsi quatre buts en trois matches.
Le premier, "au moment où la balle rentre, je perds le contrôle de moi-même. C'était le but de l'égalisation (2-2 à Leeds, ndlr), j'enlève le maillot. Les émotions m'ont pris et franchement, je ne l'oublierai pas celui-là".
Propulsé titulaire ensuite à Crystal Palace (3-3), il réussit un doublé le jour même de l'anniversaire de son père. "Il m'a dit qu'il n'avait pas besoin de plus, que c'était le plus beau cadeau que je pouvais lui offrir", sourit Junior.
"Il a du caractère, il sait où il veut aller et il ne doute pas de lui", décrit auprès de l'AFP le sélectionneur de l'équipe de France espoirs, Gérald Baticle.
Avec les moins de 21 ans français, l'attaquant a aussi frappé fort pour ses débuts cette saison: trois buts en cinq rencontres. Devant la cage, "il fait parler sa science du déplacement, d'observation, d'opportunisme, et puis sa qualité de finition", relève l'entraîneur.
"C'est ma vie, le foot"
Baticle apprécie aussi le caractère de ce "garçon joyeux, un peu solaire, très agréable que ce soit pour le staff ou ses partenaires, un passionné de foot qui prend beaucoup de plaisir à venir sur le terrain".
L'intéressé le confirme: "c'est ma vie, le foot. Si je n'avais pas ça, je ne sais pas où j'en serais aujourd'hui. Aujourd'hui, je vis mon métier à fond parce que je ne sais pas quand ça peut s'arrêter". Pour être heureux, "je n'ai besoin que des crampons, un ballon et des coéquipiers".
L'attaquant est du genre à "vivre au jour le jour", plutôt qu'à s'imaginer de quoi l'avenir sera fait. "J'ai des rêves, j'ai des objectifs. Mais, pour l'instant, je ne pense pas à cela, juste à +performer+ et à aider mon équipe, c'est tout".
Bournemouth occupe la 8e place du championnat, à trois longueurs du podium, avant d'affronter samedi le Sunderland de Régis Le Bris, l'entraîneur qui "(l)'a lancé dans le grand bain" à Lorient, à 16 ans.
"Je n'aurais pas imaginé ça, c'est beau", dit-il à propos des retrouvailles à venir. Mais "là on n'est pas dans le même camp!", s'empresse-t-il d'ajouter en rigolant.
Marquer ce week-end au "Stadium of Light" lui permettrait de briller encore davantage en Premier League, un championnat où seulement sept joueurs ont inscrit plus de buts que lui après 12 journées.
Lui assure ne pas prêter attention aux statistiques, ou alors seulement "à la fin de la saison". En attendant, "j'essaie juste de regarder mes performances, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, (car) j'essaie toujours d'apprendre".