04.02.2025 à 19:29
Nadim Fevrier
Année après année, la crise du logement s’aggrave. En 2024, L’insoumission vous faisait déjà le bilan du rapport de la Fondation pour le Logement des Défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre, le changement de nom officiel a eu lieu fin janvier 2025). En 2025, après sept années de macronisme, les chiffres sont bien pires (voir le détail). Le pays compte désormais 350 000 sans-abris, contre 330 000 l’année dernière. 735 personnes sont mortes dans la rue en 2024. Les ménages ont de plus en plus froid chez eux. 2,7 millions d’entre eux sont en attente d’un logement social : un record.
Dans le même temps, l’offre locative sociale disponible a baissé : – 19 % depuis 2016. De leur côté, les expulsions de locations par la force publique ont augmenté de 17 % en un an. Le budget ultra-austéritaire de François prévoit une baisse d’1,6 milliard d’euros de crédits budgétaires pour le logement. Dès lors, ceux qui ne votent pas la censure contre Bayrou et son budget seront complices de la politique de mal-logement macroniste. Notre article.
Les derniers chiffres sur le mal-logement sont édifiants. Comme chaque année, la Fondation pour le Logement des Défavorisés réalisé un travail très précieux pour aider à comprendre la réalité de cette crise dont la France ne sort toujours pas. « La France s’enfonce dans la crise du logement », insiste le rapport dès son introduction.
Cette crise s’aggrave dans un contexte de pauvreté grandissante. En 20 ans, le patrimoine des Français les moins fortunés a diminué de moitié. Celui des 10 % les plus riches a doublé. Reprenant le chiffre du collectif « Les Morts de la Rue », la Fondation rappelle que 735 personnes sont mortes dans la rue en 2023. Nous vous le révélions dans nos colonnes : sous Macron, au moins 4 352 sans-abris ont été tués à cause de son inaction politique. Le nombre de personnes sans-domicile fixe est en hausse. 350 000 en 2024, un record ! Elles étaient 330 000 en 2023, 300 000 en 2020, 143 000 en 2012…
La France compte 2,7 millions de ménages en demande de logement social. Parfois, l’attente peut durer 10 ans. 82 000 logements ont été financés en 2023. En 2016, il y en avait 124 000. Cette baisse de financements s’accompagne en parallèle d’une baisse de logements sociaux attribués : 393 000 en 2023 contre plus de 500 000 entre 2015 et 2017. En cause ? Les politiques appliquées depuis 7 ans.
Pour aller plus loin : Sous Macron, au moins 4 352 sans-abris ont été tués par inaction politique
20 après la grande loi sur le handicap, la Fondation pour le Logement des Défavorisés a voulu se pencher sur son bilan, notamment sur les questions de logement. Spoiler : il est amer. De combien de personnes parle-t-on ? Pour 2021, plus de 8 millions de personnes vivant à domicile déclarent une limitation sévère ou une restriction dans les activités quotidiennes. Sur la même année, 26 % vivent sous le seuil de pauvreté, contre 14 % pour les personnes valides.
Toutefois, « il est difficile de connaître le nombre exact de personnes en situation de handicap privées de domicile », reconnaît la Fondation dans son rapport. Elle note néanmoins que « 10 % des adultes à la rue nés en France étaient bénéficiaires de l’AAH », selon les chiffres de 2021 ; en 2020, 30 à 50 % des personnes à la rue souffraient d’un handicap psychique.
Comme sur de nombreux sujets, le RN se drape dans l’opposition au pouvoir macroniste et à son néolibéralisme. Mais dans ses votes qu’il pense anodins et non-surveillés, et dans les moments où il peut toucher le pouvoir du bout de doigts, il montre sa vraie nature : au service des plus riches, sans considération pour les plus précaires. En 2022, le RN avait voté main dans la main avec La République en Marche… contre le gel des loyers.
Leur obsession de toujours ? L’immigration. Ce matin, Marine Le Pen n’a pas pu s’empêcher de remettre une pièce dans la machine, fustigeant une soi-disante « poursuite d’une immigration de masse qui aggrave la pression sur le logement social et le parc locatif privé des classes populaires ». Vraiment ? François Piquemal, député LFI, spécialiste de ces questions, lui a répondu par un argument acéré. Citant les chiffres de l’INSEE, il lui rappelle que « les étrangers ne représentent que 12 % des habitants du parc public, et 19 % en incluant les immigrés, dont une grande partie possède la nationalité française », bien loin de sa réalité alternative.
François Piquemal de conclure : « Lors des législatives, votre programme logement tenait en une page, alors que nous avons formulé des centaines de propositions. Vous avez systématiquement voté contre nos textes protégeant les locataires et vous ne mentionnez jamais les véritables enjeux : construction, rénovation urbaine, lutte contre la spéculation immobilière ou réquisition des logements vacants ». Sans parler, de la non-censure annoncée du gouvernement Bayrou par le RN, réduisant les crédits budgétaire pour le logement d’1,6 milliard d’euros.
Par Nadim Février
04.02.2025 à 19:08
Nadim Fevrier
La tension et la contre-mobilisation étaient trop fortes : le Rassemblement National (RN) de la Creuse a fini par annuler sa conférence et la venue d’Alice Cordier/Kerviel, dirigeante du groupuscule raciste Némésis, prévue le 7 février, dans le village creusois de Saint-Laurent.
Cette annulation fait suite à un intense militantisme contre la venue de Cordier, et les propos racistes, dont l’intéressée est coutumière, qui risquaient d’être tenus. Plusieurs organisations syndicales, associatives et politiques se sont dressées contre le RN, demandant au maire de la commune concernée une annulation de la conférence. L’insoumise Catherine Couturier a pris une grande part dans la bataille. Finalement, c’est le RN lui-même qui annule l’événement, prétextant un autre événement du parti le même jour… à 300 kilomètres de là ! Notre brève.
Pour rappel, plus d’une vingtaine d’organisations, dont LFI, avaient appelé à une mobilisation contre la venue de Cordier, le jour de sa venue à Saint-Laurent (Creuse), dans une lettre au maire de la commune, proche du PS.
L’élu avait finalement reçu ces organisations, pour déclarer ne pas pouvoir prendre de décision d’annulation, tout en promettant une concertation avec la préfecture. Sans plus de détails, quelques jours après, ce mardi 4 février, la venue d’Alice Cordier est annulée par le RN, par la voix de sa déléguée départementale, Camille Dos Santos.
Pour aller plus loin : Dans la Creuse, LFI se mobilise contre le groupuscule raciste d’Alice Cordier et le RN
Elle prend alors prétexte de la venue, le 7 février, de Jordan Bardella, en Gironde… à 300 kilomètres de là ! Une explication qui cache mal la dérobade des troupes lepénistes. Mais le parti précise bien que la conférence est « reportée », à une date ultérieure. La vigilance demeure donc nécessaire. La mobilisation antifasciste de Saint-Laurent est bien maintenue, toujours « festive » d’après l’Insoumise Catherine Couturier, le 7 février à Saint-Laurent. Des Insoumis de toute la région ont d’ores et déjà prévu de s’y rendre, pour montrer que dans la Creuse, le fascisme ne passera pas.
Par Alexis Poyard
04.02.2025 à 16:06
Nadim Fevrier
L’Insoumission et le média espagnol Diario Red (Canal Red) s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours en France, en Espagne et en Amérique du Sud. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et de Diario Red.
Simon Muke est avocat et militant de la société civile congolaise. Il dirige notamment une fondation dédiée à l’action sociale. Dans cet entretien commun entre nos médias, il alerte le monde sur l’invasion de son pays par le Rwanda, à travers ses alliés militaires. Il dénonce l’instrumentalisation des divisions ethniques par les grandes puissances en Afrique, afin de s’emparer des ressources minières nécessaires à l’économie mondiale.
La semaine dernière à l’Assemblée nationale, le député LFI Carlos Martens Bilongo dénonçait des « crimes contre l’Humanité », « des millions de morts ». « Nous ne pouvons pas fermer les yeux face aux violations du droit international. Nous ne pouvons demeurer silencieux face au soutien militaire du Rwanda au M23. Comment rester sourds, face aux appels des civils du plus grand pays francophone au monde ? », avait-il déclaré. Notre article.
Diario Red / L’insoumission : Les combats reprennent de plus belles entre les rebelles M-23 épaulés par l’armée Rwandaise et l’armée congolaise dans l’est du paysomment expliquez-vous cette nouvelle flambée de violence ?
La recrudescence des combats entre le M23 et les forces armées de la République démocratique du Congo (RDC) s’explique par plusieurs facteurs majeurs. Tout d’abord, le Rwanda continue de poursuivre ses ambitions géopolitiques et économiques dans cette région stratégique. L’implication du Rwanda à travers ses supplétifs du M23 traduit une volonté de contrôle sur les ressources naturelles et les zones frontalières de la RDC. Cette ambition démesurée alimente les tensions et rend difficile toute tentative de stabilisation durable de la région, en proie à de graves troubles.
Ensuite, la prolifération des groupes armés constitue un autre facteur aggravant. Ces groupes, profitant du climat d’instabilité, créent un terrain propice aux ingérences étrangères : la fragmentation du paysage sécuritaire complique la tâche des autorités congolaises et favorise l’infiltration d’acteurs extérieurs qui exploitent la situation à des fins politiques et économiques.
Malgré plusieurs initiatives diplomatiques et accords de cessez-le-feu, les conflits d’intérêts entre les acteurs régionaux et internationaux entravent la mise en place de solutions durables. Les efforts de médiation se heurtent à des jeux d’alliances et de rivalités qui maintiennent le conflit dans une impasse. Il faut savoir que beaucoup de puissances ont intérêt à contrôle les ressources minières congolaises. La situation est désormais très grave : le M-23 et le Rwanda sont entrés dans Goma, la principale ville de l’est du pays, alors que le gouverneur de la province du Nord Kivu a été tué dans cette guerre d’agression.
Pour aller plus loin : Dans l’Est de la RDC, le sang coule dans l’indifférence générale
Diario Red / L’insoumission : Pourquoi le Rwanda cherche-t-il à mettre la main sur l’est de la RDC ? Quels sont ses liens avec le M-23 ?
Le Rwanda nourrit des ambitions géopolitiques et économiques sur l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), une région riche en ressources naturelles. Parmi celles-ci, le coltan occupe une place centrale, car il est indispensable à la fabrication des technologies modernes. Cette abondance de ressources attise de nombreuses convoitises et exacerbe les tensions dans la région.
Le Mouvement du 23 mars (M23) n’est pas le premier groupe rebelle à semer la mort et la désolation en RDC. Ce mouvement a connu plusieurs transformations et changements de nomenclature au fil des années. Historiquement, il est constitué d’anciens membres de groupes armés ayant précédemment servi les intérêts du Rwanda. Le général Makenga, figure centrale du M23, est souvent pointé du doigt pour ses liens étroits avec Kigali (capitale du Rwanda, ndlr) et pour les multiples exactions que commet son mouvement.
Le M23 prétend agir pour la protection des populations tutsi de l’est de la RDC. Toutefois, cette justification cache des visées économiques plus larges, notamment le contrôle des minerais stratégiques présents dans la région. L’est de la RDC partage une histoire complexe avec le Rwanda et cette zone est en partie peuplée de Tutsi. De nombreux mouvements de population s’opèrent régulièrement des deux côtés de la frontière.
Les peuples de l’est de RDC et du Rwanda ont toujours vécu ensemble, mais le gouvernement rwandais instrumentalise la question ethnique pour alimenter les tensions et opposer les populations les unes aux autres, dans la continuité du colonialisme européen. Cette stratégie permet de maintenir un climat de conflit dans la région pour préserver des intérêts économiques majeurs dans la région, retardant ainsi toute stabilisation durable.
Diario Red / L’insoumission : Pouvez-vous nous parler de la situation humanitaire dans l’est du pays ?
La situation est dramatique. Les violences ont provoqué des déplacements massifs de populations, laissant des millions de personnes errer dans des conditions précaires. L’accès à l’eau et à la nourriture demeure un défi majeur, aggravant une crise humanitaire déjà critique. Les violences sexuelles sont utilisées comme arme de guerre, tandis que les camps de déplacés sont saturés, incapables d’absorber l’afflux de nouveaux arrivants.
L’aide internationale peine à répondre à l’ampleur des besoins, et les efforts de mobilisation de la communauté internationale restent insuffisants. Il est impératif que le monde se mobilise pour la République démocratique du Congo comme il l’a fait pour l’Ukraine et Gaza. L’indifférence ne peut plus être une option.
Diario Red / L’insoumission : Quel est le rôle des puissances étrangères dans ce conflit ? On connait la proximité du Rwanda avec de nombreux états occidentaux…Et le passé colonial européen en RDC.
Le conflit en République démocratique du Congo (RDC) est marqué par l’ingérence des puissances étrangères, dont le rôle demeure profondément ambigu. Si certains pays occidentaux affichent officiellement leur soutien à la RDC, ils soutiennent en réalité le Rwanda afin d’assurer leur approvisionnement en minerais stratégiques. Cette duplicité alimente l’instabilité et prolonge les tensions dans la région.
L’héritage colonial belge a laissé derrière lui un territoire profondément instable, vulnérable aux ingérences extérieures, notamment en fracturant le peuple selon des logique ethniques. Cette fragilité structurelle rend la RDC vulnérable aux influences étrangères, qu’elles soient étatiques ou issues de multinationales en quête de ressources.
Riche en minerais essentiels aux technologies modernes, la RDC est une véritable mine d’or qui attise la convoitise des grandes puissances mondiales. Derrière ce conflit, des forces étrangères tirent les ficelles : des pays exploitent ses ressources pour alimenter leur industrie, tandis que de grandes entreprises internationales profitent du chaos pour maximiser leurs bénéfices.
Ainsi, la guerre en RDC dépasse largement les frontières du pays et s’inscrit dans un jeu géopolitique mondial où les intérêts économiques priment sur la paix et la stabilité : nous avons tout simplement à faire à des acteurs économiques mondiaux qui s’enrichissent en instrumentalisant des groupes sectaires divisant le peuple sur des logiques ethniques.
Diario Red / L’insoumission : En quoi les ressources de la RDC sont fondamentales pour l’économie mondiale ?
La République Démocratique du Congo (RDC) est un véritable scandale géologique. Elle détient des réserves colossales de cobalt, de coltan et de lithium, des ressources essentielles à l’économie mondiale. Ces minerais sont indispensables aux énergies renouvelables, aux téléphones, à l’électronique et aux télécommunications. Pourtant, cette richesse fait à la fois de la RDC un acteur incontournable et un pays vulnérable sur la scène internationale. Nous sommes un grand pays, mais nos immenses richesses attirent tous les malheurs du monde.
En plus de ses minerais, la RDC est aussi une puissance environnementale. Avec ses nombreux cours d’eau et ses vastes forêts, elle constitue un « pays-solution » dans la lutte contre le changement climatique. Son rôle de puits de carbone est crucial : elle abrite la deuxième plus grande forêt tropicale du monde après l’Amazonie, et la première d’Afrique.
Alors que le Brésil obtient des compensations financières pour la préservation de l’Amazonie, la RDC ne reçoit presque rien, malgré son faible taux de déforestation. Pire encore, la communauté internationale lui impose des restrictions sur l’exploitation de ses forêts, freinant ainsi son développement. Pourtant, le bois est la principale source d’énergie pour de nombreux Congolais, indispensable pour la cuisine et le chauffage. Nous pouvons pourtant initier un développement qui entrerait en adéquation avec le nécessité de préserver notre environnement exceptionnel.
La RDC doit pouvoir tirer pleinement profit de son potentiel. Il est temps que ses ressources, tant minières qu’environnementales, deviennent un levier de développement pour son peuple. Un pays aussi riche ne devrait pas être empêché d’accéder à la prospérité.
Diario Red / L’insoumission : Quelles stratégies et ressources internes peut déployer la RDC pour sortir gagnante de ce conflit ?
Le peuple congolais est un peuple résilient, capable de se montrer fort jusqu’à la dernière énergie pour surmonter les crises. À l’ère de l’indépendance, nous avons su nous libérer, et nous pouvons réitérer cette libération une fois de plus.
La RDC doit renforcer ses forces de défense et de sécurité. En engageant des partenariats régionaux et internationaux stratégiques, elle peut œuvrer pour une exploitation plus équitable de ses ressources. Une mobilisation internationale forte est essentielle pour arrêter ceux qui tentent de mettre la main sur la RDC.
Lumumba, dans sa lettre à son épouse alors qu’il savait qu’il allait mourir, écrivait : « Dis à nos enfants que l’avenir du Congo est grand. Nous pensons à cela et nous croyons à cela, peu importe l’adversité. » Tel est notre programme.
Par Rafael Karoubi