22.11.2024 à 11:18
Nadim Fevrier
CPI. « C’est un point juridiquement complexe, je ne vais pas faire de commentaire ultérieur aujourd’hui ». C’est la réponse donnée par le porte-parole du Quai d’Orsay en point presse ce jeudi 21 novembre 2024 lorsqu’une journaliste lui demande : « si Benjamin Netanyahu vient en France, sera-t-il arrêté ? ».
Quelques heures plus tôt, la Cour pénale internationale émettait un mandat d’arrêt contre Netanyahu, son ex-ministre de la Défense pour « crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu’au 20 mai 2024 au moins, jour où l’accusation a déposé les demandes de mandats d’arrêt ». Un évènement considérable qui déploie le droit international contre le crime avec une portée significative. Un des chefs du Hamas, Mohammed Deif, est également poursuivi.
Chacun des 124 États signataires du traité de Rome instituant la CPI ont l’obligation de procéder à leur arrestation, puis à leur transfert à la Haye afin qu’ils y soient jugés. Face au mandat d’arrêt, le génocidaire Netanyahu s’est comparé à… Alfred Dreyfus, réutilisant le rayon paralysant de l’accusation d’antisémitisme pour tenter d’anéantir toute critique. Aux États-Unis, le pourvoyeur des bombes du génocide Joe Biden embraye en qualifiant la décision de la CPI « scandaleuse ». Des critiques de même nature émanent de la future administration Trump.
Pour aller plus loin : Victoire – La Cour Pénale Internationale (CPI) émet un mandat d’arrêt contre Netanyahu
En France, la clique de ses complices reste à l’œuvre. Le 20 mai, alors qu’un mandat d’arrêt était requis par le procureur de la CPI contre Netanyahu, ce dernier est… passé sur TF1. Depuis hier, la corporation des propagandistes réitère son discours anti-CPI. CNEWS assimile la Cour à « l’islamisme ». Sylvain Maillard, député macroniste, demande sur France info des « détails » à la CPI, et laisse planer un doute quant à son caractère antisémite : « On peut contester, ce n’est pas à moi de qualifier les juges… ».
Comme lui, les répondeurs automatiques du génocide continuent sur le même disque. Après avoir qualifié l’ONU, Jean-Luc Mélenchon, De Villepin, Edgar Morin et le Pape d' »antisémite », les voilà de nouveau à l’œuvre pour tenter de disqualifier la Cour pénale internationale. Pour eux, il n’y a pas d’équivalence entre les crimes. La justice n’est pas la même selon le criminel.
Cette petite musique s’est effritée. La portée des massacres de masse au Palestine et au Liban la rend de plus en plus inaudible pour les consciences. Au total, la décision de CPI marque un tournant, et un haut moment d’humanité. Sur l’échiquier politique, la position insoumise est une nouvelle fois de plus confortée par le droit international. Le 7 octobre, les insoumis avaient demandé la punition de tous les crimes de guerre et avaient été traînés dans la boue pour avoir parlé la langue du droit international contre celle du choc des civilisations.
La France doit désormais appliquer la décision de la CPI, et ne pas rater une occasion de procéder à l’arrestation des criminels de guerre à la seconde même où ils se risqueraient à entrer sur le sol français, et européen. Pour qu’ils soient transférés à la Haye, jugés, condamnés, et que cesse le génocide.
Sylvain Noel, rédacteur en chef
21.11.2024 à 16:27
snoel
CGT. L’insoumission.fr et Informations Ouvrières s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours aux quatre coins du pays. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et d’Informations ouvrières.
Le 19 mai 2024, Mélissa, auxiliaire de puériculture à la Maison de la petite enfance de Longwy met fin à ses jours. Elle avait dénoncé une souffrance au travail devenue insupportable. L’Insoumission et Informations ouvrières se sont entretenus avec le secrétaire général du syndicat CGT des territoriaux de Longwy, Jawad Mahjoubi.
Pour nos deux médias, il livre son analyse sur les modes opératoires utiles pour résister et gagner, alors qu’au plan national, de plus en plus de secteurs entrent en lutte, car saignés à blanc plus que jamais. Au plan national, les cheminots appellent à la grève illimitée en décembre, les syndicats de fonctionnaires à la grève le 5 décembre. Pour Jawad Mahjoubi, « les journées saute-mouton, les défilés ne suffisent pas », soulignant que « Face à un gouvernement qui détruit nos acquis, qui veut liquider les fonctionnaires pour mieux privatiser les services publics, une journée ne suffira pas ». Notre entretien.
IO / L’insoumission : Ton syndicat vient de publier un communiqué suite à la reconnaissance de l’imputabilité au service du suicide d’une agente de la ville. Peux-tu revenir sur la signification d’une telle décision et sur les actions menées ?
Notre camarade Mélissa, auxiliaire de puériculture à la Maison de la petite enfance de Longwy a mis fin à ses jours le 19 mai 2024. Elle avait dénoncé, avec le syndicat, une souffrance au travail qui lui était devenue insupportable. Il a fallu se battre pour que le maire accepte de reconnaître l’imputabilité au service, donc la responsabilité de l’institution, et c’est une vraie victoire, pour la famille de Mélissa et pour ses collègues.
Cela va aussi permettre aux ayants droit de Mélissa, ses deux enfants, d’avoir une pension de réversion versée par la Caisse nationale des retraites des collectivités locales, la CNRACL, jusqu’à leur majorité. C’est la victoire de la solidarité, de ceux et celles qui ont refusé de baisser les bras.
Pour aller plus loin : « Nous voulons sauver notre industrie » : entretien avec Stéphane Guicheteau, adhérent et ancien délégué CGT à l’usine Michelin de Cholet
IO / L’insoumission : Au même moment, la grève des agents de Vandoeuvre-lès-Nancy contre l’attitude du maire à leur égard a obtenu des résultats importants…
La mobilisation a été massive le 8 novembre à Vandoeuvre et cette lutte montre également que la détermination paye. Après plusieurs mois d’alerte du syndicat CGT en direction du Maire, du député, des élus sur l’aspect autoritaire du management, sur la souffrance au travail des agents des crèches, des ATSEM, du service propreté, il a fallu poser un préavis de grève, puis organiser un débrayage pour que l’exécutif municipal comprenne qu’il fallait négocier.
Ce qui était revendiqué c’est d’avoir les effectifs nécessaires pour mettre en œuvre le service public, tout simplement. Plusieurs des agents étaient d’autant plus en colère contre leur employeur, qu’ils avaient mené campagne il n’y a pas si longtemps pour permettre l’élection d’un député NFP dans la circonscription.
Le maire (lui-même partisan du NFP), qui depuis des mois ne voulait rien entendre, a été confronté à une mobilisation très conséquente, et a accepté d’ouvrir des négociations. Les agents ont obtenu satisfaction de la plupart de leurs revendications avec notamment un audit indépendant des risques psychosociaux qui sera mené par un organisme extérieur agrée, plus de moyens humains et matériels, la prise en compte de la pénibilité et des revalorisations indemnitaires…
IO / L’insoumission : Au plan national, les cheminots appellent à la grève illimitée en décembre, les syndicats de fonctionnaires à la grève le 5 décembre…
On voit bien que pour obtenir des résultats, il n’y a que la mobilisation qui paye. Et dans ce contexte, le modèle du durcissement annoncé par les cheminots, avec la perspective d’une grève reconductible, c’est la voie à suivre. On l’a fait localement et si on a gagné, ce n’est pas en faisant un rassemblement de temps en temps devant la mairie.
C’est la même chose au niveau national. Les journées saute-mouton, les défilés ne suffisent pas. Face à un gouvernement qui détruit nos acquis, qui veut liquider les fonctionnaires pour mieux privatiser les services publics, une journée ne suffira pas. Là on a une fenêtre pour engager une mobilisation et cette perspective de grève reconductible « illimitée » comme disent les cheminots, doit nous permettre d’engager un vrai rapport de force pour obtenir satisfaction de nos revendications, à commencer par le retrait de toutes les lois, mesures, projets contre les fonctionnaires, que défend le ministre Kasbarian.
21.11.2024 à 14:22
Nadim Fevrier
La Cour Pénale Internationale a émis ce 21 novembre plusieurs mandats d’arrêts contre Benjamin Netanyahu, son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. Les raisons ? « Crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu’au 20 mai 2024 au moins, jour où l’accusation a déposé les demandes de mandats d’arrêt », écrit la CPI dans un communiqué. L’émission de ces mandats d’arrêts fait suite à une demande du Procureur de la CPI en mai 2024. Puisque la France a signé le statut de Rome, instituant la CPI, elle se voit dans l’obligation juridique d’arrêter Netanyahu, Gallant ou Mohammed Deif, un des chefs du Hamas également poursuivi, s’ils foulent le sol français.
Pour les insoumis, cette décision légitime leur défense constante du droit international, au vu du génocide qui se déroule au Proche-Orient depuis plus d’un an. Sur Twitter, se réjouissent d’un telle avancée dans la lutte contre l’inarrêtable génocidaire, Benjamin Netanyahu. « La France doit en prendre acte, sortir de son déni et agir enfin pour la fin du génocide à Gaza », déclare Manuel Bompard, coordinateur national de LFI. « La justice internationale a résisté aux pressions des soutiens inconditionnels d’Israël et de son génocide », souligne de son côté la députée insoumise Danièle Obono.
Comme ils l’ont déjà fait contre tant d’autres voix de la paix, les complices ou soutiens de Benjamin Netanyahu vont sûrement réitérer dans leurs accusations infamantes, pour qualifier une fois de plus la CPI d’« antisémite ». Une accusation fallacieuse et mensongère, dont l’objectif est bien connu désormais : détourner le regard envers les massacres de masse perpétués par Tsahal au Proche-Orient. Une insulte contre une Cour garante du droit internationale, qui poursuit à la fois Benjamin Netanayhu et son ex-ministre, mais aussi un chef du Hamas. Affaire à suivre, de très près.
Pour aller plus loin : Mandat d’arrêt de la CPI contre Netanyahu, ses complices français de plus en plus isolés