LePartisan.info À propos Podcasts Fil web Écologie Blogs Revues MÉDIAS
IRIS
Souscrire à ce flux
Institut de Relations Internationales et Stratégiques - Think tank français spécialisé sur les questions géopolitiques et stratégiques

▸ Les 10 dernières parutions

09.12.2025 à 10:59

Après la doctrine Monroe, le temps de la doctrine MAGA

Déborah Yapi

Après la doctrine Monroe, le temps de la doctrine MAGA Vendredi 5 décembre, la Maison-Blanche a publié sa « Stratégie de sécurité nationale ». Ce document marque l’avènement d’une nouvelle doctrine géopolitique américaine qu’il convient d’appeler par son nom : la doctrine MAGA. Après la doctrine Monroe, qui définit depuis 1823 la politique d’influence américaine dans l’hémisphère occidental, nous assistons à l’émergence d’un paradigme qui bouleverse profondément les équilibres établis depuis 1945. « Dans tout ce que nous faisons, nous mettons l’Amérique d’abord », déclare Donald Trump dans l’introduction. Mais le président entend surtout « en finir avec l’époque où les États-Unis soutenaient l’ordre mondial tout entier, tel Atlas », et revendique de tourner la page des décennies de l’après-Seconde Guerre mondiale. Une rupture assumée, qui prend pour cible première un allié de toujours : l’Europe. L’Europe dans le collimateur Le document ne prend pas de gants avec le Vieux Continent, décrit comme « menacé d’un effacement civilisationnel ». « Si les tendances actuelles se poursuivent, le continent sera méconnaissable dans 20 ans », affirme Trump. Washington dénonce pêle-mêle « les politiques migratoires qui transforment l’Europe, la censure de la liberté d’expression et la répression de l’opposition politique, la chute des taux de natalité, ainsi que la perte des identités nationales ». Le texte prédit même qu’« il est fort probable que, d’ici quelques décennies, certains membres de l’OTAN deviennent majoritairement non européens ».Cette charge brutale n’est pas une surprise. Elle prolonge les déclarations du vice-président JD Vance, qui affirmait à Munich en février dernier que « la liberté d’expression recule en Europe ». Le texte se félicite ouvertement de « l’influence croissante de partis européens patriotiques » — comprendre : Meloni, Orbán, et l’AfD allemande. Trump veut voir ses politiques anti-immigration mises en œuvre sur le continent européen.La réaction […]

L’article Après la doctrine Monroe, le temps de la doctrine MAGA est apparu en premier sur IRIS.

Texte intégral (1014 mots)

Vendredi 5 décembre, la Maison-Blanche a publié sa « Stratégie de sécurité nationale ». Ce document marque l’avènement d’une nouvelle doctrine géopolitique américaine qu’il convient d’appeler par son nom : la doctrine MAGA.
Après la doctrine Monroe, qui définit depuis 1823 la politique d’influence américaine dans l’hémisphère occidental, nous assistons à l’émergence d’un paradigme qui bouleverse profondément les équilibres établis depuis 1945.
« Dans tout ce que nous faisons, nous mettons l’Amérique d’abord », déclare Donald Trump dans l’introduction. Mais le président entend surtout « en finir avec l’époque où les États-Unis soutenaient l’ordre mondial tout entier, tel Atlas », et revendique de tourner la page des décennies de l’après-Seconde Guerre mondiale. Une rupture assumée, qui prend pour cible première un allié de toujours : l’Europe.

Le document ne prend pas de gants avec le Vieux Continent, décrit comme « menacé d’un effacement civilisationnel ». « Si les tendances actuelles se poursuivent, le continent sera méconnaissable dans 20 ans », affirme Trump. Washington dénonce pêle-mêle « les politiques migratoires qui transforment l’Europe, la censure de la liberté d’expression et la répression de l’opposition politique, la chute des taux de natalité, ainsi que la perte des identités nationales ». Le texte prédit même qu’« il est fort probable que, d’ici quelques décennies, certains membres de l’OTAN deviennent majoritairement non européens ».
Cette charge brutale n’est pas une surprise. Elle prolonge les déclarations du vice-président JD Vance, qui affirmait à Munich en février dernier que « la liberté d’expression recule en Europe ». Le texte se félicite ouvertement de « l’influence croissante de partis européens patriotiques » — comprendre : Meloni, Orbán, et l’AfD allemande. Trump veut voir ses politiques anti-immigration mises en œuvre sur le continent européen.
La réaction européenne oscille entre indignation et résignation. Le chef de la diplomatie allemande a souligné que son pays n’avait pas besoin de « conseils venus de l’extérieur ». Mais la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a tempéré en reconnaissant que certaines critiques américaines étaient « fondées » — aveu révélateur de l’impuissance européenne.

Le deuxième pilier de cette nouvelle doctrine concerne l’Amérique latine. La « Stratégie de sécurité nationale » prône explicitement « la suprématie américaine » dans la région, et présente ce qu’elle nomme
le « corollaire Trump » à la doctrine Monroe : « Les États-Unis doivent occuper une position prééminente dans l’hémisphère occidental pour garantir leur sécurité et leur prospérité. »
Concrètement, cela signifie un « réajustement » de la présence militaire américaine en Amérique centrale et du Sud, afin de contrer l’immigration illégale, le narcotrafic et les « régimes présumés hostiles ». Le déploiement naval au large du Venezuela illustre déjà cette politique. L’objectif : s’assurer l’accès aux ressources stratégiques (terres et métaux rares) et stabiliser les gouvernements pour « prévenir les migrations massives vers les États-Unis ».
« L’ère des migrations de masse doit prendre fin. La sécurité des frontières est l’élément principal de la sécurité nationale », martèle le document. Cette obsession migratoire innerve l’ensemble de la stratégie de l’administration — les mesures récentes concernant les cartes vertes de ressortissants de 19 pays en témoignent.

Paradoxalement, cette doctrine prône le désengagement de certains théâtres jugés secondaires, tout en maintenant un activisme diplomatique intense. Donald Trump recommande « un éloignement des théâtres dont l’importance relative pour la sécurité nationale américaine a diminué ». Le Moyen-Orient et l’Afrique sont à peine évoqués.
Sur la Chine, le ton est ferme mais pragmatique : l’accent est mis sur la concurrence économique plutôt que sur l’affrontement idéologique. Le Japon et la Corée du Sud sont sommés de faire davantage pour soutenir Taïwan. Quant à la Russie, Moscou a accueilli « favorablement » cette doctrine, qu’elle juge « globalement conforme » à sa vision.

Ne nous y trompons pas : aussi bancale soit-elle, la doctrine MAGA marque une rupture historique.
Elle exprime une lassitude profonde d’une partie de l’Amérique face aux engagements hérités de 1945, une volonté de redéfinir la puissance américaine, et un rejet viscéral du système multilatéral. Que cette doctrine survive ou non au-delà de Trump, elle aura durablement ébranlé l’ordre libéral international. Les Européens feraient mieux d’en tirer les conséquences, plutôt que de fantasmer sur un hypothétique « retour à la normale » transatlantique.


Romuald Sciora dirige l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’IRIS, où il est chercheur associé. Essayiste et politologue franco-américain, il est l’auteur de nombreux ouvrages, articles et documentaires et intervient régulièrement dans les médias internationaux afin de commenter l’actualité. Il vit à New York.

L’article Après la doctrine Monroe, le temps de la doctrine MAGA est apparu en premier sur IRIS.

08.12.2025 à 17:28

Emmanuel Macron en Chine : quelles marges de manœuvre la France possède-t-elle face au géant chinois ?

admn_iris

Du 3 au 5 décembre dernier, Emmanuel Macron s’est rendu à Pékin pour sa 4e visite présidentielle en Chine depuis son premier mandat en 2017. Présentée comme une occasion de « rééquilibrer » la relation bilatérale, cette étape diplomatique a surtout mis en évidence le recul de l’influence française face aux priorités stratégiques de Pékin. Entre camouflets protocolaires, faibles avancées économiques et des difficultés de positionnement sur la question taïwanaise, que retenir de cette visite sur la capacité de Paris à peser dans sa relation avec la Chine ? Le point avec Emmanuel Lincot, directeur de recherche à l’IRIS, co-responsable du programme Asie-Pacifique. À l’aune de cette visite présidentielle en Chine, comment qualifier les relations franco-chinoises ? Quelle place tient la France pour la Chine ? Les Chinois ont beau dire qu’avec la France il existe une relation particulière, qu’elle a été le premier État à reconnaître la République populaire de Chine (ce qui historiquement est faux), dans les faits, depuis l’année dernière, la France a essuyé un camouflet et non des moindres lorsque Xi Jinping s’est rendu successivement en France pour deux jours de visite d’État (dont un dans des conditions climatiques désastreuses se déroulant dans les Pyrénées) contre trois dans les Balkans (Serbie et Hongrie). Xi Jinping a ainsi clairement donné sa priorité à une Europe orientale qui lui est davantage acquise comme elle est l’est vis-à-vis de la Russie. Structurellement, le déclin français (3000 milliards d’euros de dettes et un déficit commercial de plus de 40 milliards d’euros avec la seule Chine) conforte le régime et une grande partie de l’opinion chinoise dans la dépréciation selon laquelle la France est un pays « romantique », comprenons « has been », politiquement inefficace, à risque pour les ressortissants chinois, et économiquement médiocre. Sur le plan international, la voix de la France […]

L’article Emmanuel Macron en Chine : quelles marges de manœuvre la France possède-t-elle face au géant chinois ? est apparu en premier sur IRIS.

Texte intégral (1126 mots)

À l’aune de cette visite présidentielle en Chine, comment qualifier les relations franco-chinoises ? Quelle place tient la France pour la Chine ?

Les Chinois ont beau dire qu’avec la France il existe une relation particulière, qu’elle a été le premier État à reconnaître la République populaire de Chine (ce qui historiquement est faux), dans les faits, depuis l’année dernière, la France a essuyé un camouflet et non des moindres lorsque Xi Jinping s’est rendu successivement en France pour deux jours de visite d’État (dont un dans des conditions climatiques désastreuses se déroulant dans les Pyrénées) contre trois dans les Balkans (Serbie et Hongrie). Xi Jinping a ainsi clairement donné sa priorité à une Europe orientale qui lui est davantage acquise comme elle est l’est vis-à-vis de la Russie. Structurellement, le déclin français (3000 milliards d’euros de dettes et un déficit commercial de plus de 40 milliards d’euros avec la seule Chine) conforte le régime et une grande partie de l’opinion chinoise dans la dépréciation selon laquelle la France est un pays « romantique », comprenons « has been », politiquement inefficace, à risque pour les ressortissants chinois, et économiquement médiocre. Sur le plan international, la voix de la France porte peu. L’obstination d’Emmanuel Macron à vouloir faire plier Xi Jinping dans son soutien à Moscou et l’indifférence non moins obstinée du chef de l’État chinois aux suppliques françaises en est l’une des plus parfaites illustrations. Le logiciel français parait périmé. 

Quel bilan peut-on dresser des efforts de rééquilibrage des échanges entre la France et la Chine, point central de la visite présidentielle ?

Emmanuel Macron aura fait de toutes petites avancées : que ce soit dans le domaine de l’agroalimentaire, la renégociation des exportations du cognac ou encore celui de la culture avec la velléité de revenir à 2 millions de touristes chinois dans l’Hexagone comme en 2019. On peut d’ailleurs en douter étant donnée la baisse drastique de la consommation en Chine et au fait que nous ne sommes plus dans un monde ouvert. Les prix comme la durée de l’aérien Chine / Europe ont considérablement augmenté sans oublier le fait qu’à l’exception d’Air China, aucun appareil ne peut survoler la Russie. Mais est-ce que la création d’opportunités pour les industries culturelles françaises sur le marché chinois a été seulement évoquée ? Est-ce que la francophonie comme outil d’influence et potentiel économique a été pensée ? J’en doute. Au reste, la France, seule, ne peut rien. Elle doit s’appuyer sur des coalitions intra ou extra européennes. Notamment dans un domaine crucial : le transfert de technologies. Si la Chine s’y refuse, il faudra être prêt à prendre des mesures radicales : surtaxation des produits chinois et pressions en mer de Chine, avec le soutien de Tokyo et de Séoul.

À propos de Taïwan, la France peut-elle maintenir une position d’ « autonomie stratégique » sans provoquer Pékin, tout en restant crédible auprès de ses partenaires démocratiques en Asie-Pacifique ? Alors que la situation autour de l’île se tend de plus en plus, quels seraient les possibles scénarios de réaction française face à une invasion de l’archipel ?

La France est prise au piège de ses propres contradictions. D’un point de vue du droit international, n’ayant reconnu que le principe d’une seule Chine – Pékin –, elle ne peut soutenir aussi ouvertement Taïwan comme elle pourrait l’espérer. Maintenant, l’agressivité de Pékin menace aussi Paris et ses intérêts, c’est-à-dire ses outremers. Le risque est de voir Pékin remettre en question la liberté de circulation des hommes et des marchandises dans des zones maritimes que la Chine cherche à sanctuariser. Ceci est contraire au droit maritime international et dangereux par rapport aux intérêts stratégiques des pays concernés, le nôtre tout particulièrement. L’évolution de la question de Taïwan nous importe comme il nous importe de continuer à faire entendre notre avis sur la question des droits de l’Homme. La diplomatie française n’en fait pas grand cas alors qu’il s’agit à la fois d’une spécificité française et européenne visant systématiquement à rappeler les règles du droit. À l’heure où même les États-Unis s’en détournent, il est important de nous manifester à ce sujet au risque de nous renier bien sûr. Le monde aime la France en tant que patrie des droits de l’Homme. Si nous les défendons haut et fort en soutenant l’Ukraine nous ne pouvons-nous taire sous peine d’incohérence au sujet de Taïwan, non plus qu’au sujet des persécutions qui ont lieu partout en Chine. Enfin, on l’aura compris, une crise majeure autour de Taïwan entraînerait des conséquences dramatiques pour l’économie mondiale : 80 % des microprocesseurs étant fabriqués à Taïwan ou sous licence taïwanaise, l’impact pour la France serait également désastreux. Si une solution militaire et dissuasive n’est guère envisageable pour la France, on voit mal toutefois comment elle pourrait se soustraire à ses obligations que ce soit par rapport à l’Indo-Pacifique ou vis-à-vis des États-Unis pour le cas où Washington déciderait de s’engager dans un conflit naissant entre les deux Chine. 

L’article Emmanuel Macron en Chine : quelles marges de manœuvre la France possède-t-elle face au géant chinois ? est apparu en premier sur IRIS.

08.12.2025 à 14:53

La géopolitique du code sacré : IA religieuses, soft power et sharp power spirituel

admn_iris

L’entrée des religions dans l’ère de l’intelligence artificielle n’est pas une simple évolution technologique : elle constitue un changement de régime du croire, de la médiation et du pouvoir symbolique. Ce que les traditions religieuses appelaient jadis « parole révélée » se trouve désormais traduit, segmenté, entraîné puis répliqué dans des architectures computationnelles. À travers ce processus, la foi devient une donnée, le texte sacré un corpus, et la prière une requête formulée à une interface. On assiste à la montée d’une gouvernance algorithmique du sacré, où l’autorité spirituelle se transpose dans la fiabilité du code et la légitimité de l’interface. Ce que l’on nommera la « géopolitique du sacré codé » désigne donc l’ensemble des dispositifs, des acteurs et des stratégies par lesquels les États et les institutions religieuses cherchent à contrôler la circulation du sens dans l’espace numérique mondial. Elle engage une triple problématique : celle de la puissance (soft et sharp power religieux), celle de la sécurité (guerre cognitive et désinformation spirituelle), et celle de la souveraineté (qui contrôle les architectures ducroire ?).

L’article La géopolitique du code sacré : IA religieuses, soft power et sharp power spirituel est apparu en premier sur IRIS.

Lire plus (309 mots)

L’entrée des religions dans l’ère de l’intelligence artificielle n’est pas une simple évolution technologique : elle constitue un changement de régime du croire, de la médiation et du pouvoir symbolique. Ce que les traditions religieuses appelaient jadis « parole révélée » se trouve désormais traduit, segmenté, entraîné puis répliqué dans des architectures computationnelles. À travers ce processus, la foi devient une donnée, le texte sacré un corpus, et la prière une requête formulée à une interface.

On assiste à la montée d’une gouvernance algorithmique du sacré, où l’autorité spirituelle se transpose dans la fiabilité du code et la légitimité de l’interface. Ce que l’on nommera la « géopolitique du sacré codé » désigne donc l’ensemble des dispositifs, des acteurs et des stratégies par lesquels les États et les institutions religieuses cherchent à contrôler la circulation du sens dans l’espace numérique mondial. Elle engage une triple problématique : celle de la puissance (soft et sharp power religieux), celle de la sécurité (guerre cognitive et désinformation spirituelle), et celle de la souveraineté (qui contrôle les architectures du
croire ?).

L’article La géopolitique du code sacré : IA religieuses, soft power et sharp power spirituel est apparu en premier sur IRIS.

6 / 10
  GÉNÉRALISTES
Alternatives Eco.✝
L'Autre Quotidien
Le Canard Enchaîné
La Croix
Le Figaro
France 24
France-Culture
FTVI
HuffPost
L'Humanité
LCP / Public Senat
Le Media
La Tribune
 
  EUROPE ‧ RUSSIE
Courrier Europe Centrale
Desk-Russie
Euractiv
Euronews
Toute l'Europe
 
  Afrique du Nord ‧ Proche-Orient
Haaretz
Info Asie
Inkyfada
Jeune Afrique
Kurdistan au féminin
L'Orient - Le Jour
Orient XXI
Rojava I.C
 
  INTERNATIONAL
CADTM
Courrier International
Equaltimes
Global Voices
I.R.I.S
The New-York Times
 
  OSINT ‧ INVESTIGATION
OFF Investigation
OpenFacto°
Bellingcat
Disclose
Global.Inv.Journalism
 
  MÉDIAS D'OPINION
Au Poste
Cause Commune
CrimethInc.
Hors-Serie
L'Insoumission
Là-bas si j'y suis
Les Jours
LVSL
Politis
Quartier Général
Rapports de force
Reflets
Reseau Bastille
StreetPress
 
  OBSERVATOIRES
Armements
Acrimed
Catastrophes naturelles
Conspis
Culture
Curation IA
Extrême-droite
Human Rights Watch
Inégalités
Information
Internet actu ✝
Justice fiscale
Liberté de création
Multinationales
Situationnisme
Sondages
Street-Médics
Routes de la Soie
🌓