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28.09.2024 à 11:11

Hassan Nasrallah, les guerres qui ont façonné le mythe

Hassan Nasrallah, les guerres qui ont façonné le mythe
Texte intégral (3476 mots)

Aux commandes du parti depuis 1992, Hassan Nasrallah est un enfant de la guerre, dans tous les sens du terme. Ce samedi 28 septembre, le Hezbollah a annoncé sa mort. La disparition du mythe plonge désormais la région dans l’inconnu.

Le secrétaire général du Hezbollah, le cheikh Hassan Nasrallah, le 10 juillet 1992, entouré de ses partisans durant la commémoration de Achoura dans la banlieue sud de Beyrouth. Photo d'archives Oussam Ayoub/AFP

Il est dix-huit heures trente dans la capitale libanaise. La banlieue sud de Beyrouth vient d'être touchée par la plus grande frappe israélienne en date depuis la guerre de 2006. Les habitants de la ville tremblent encore au son des explosifs. Le nombre de morts est inconnu, il est question de « massacre ». Une énième tragédie ? Peut-être le début d’une guerre régionale. La rumeur la plus folle circule : le secrétaire général du Hezbollah aurait perdu la vie. Le lendemain matin, la nouvelle semble se confirmer. L’inimaginable s’est produit. Hassan Nasrallah est mort, annonce l'armée israélienne un peu après onze heures, puis le parti chiite, dans l'après-midi. La suite, personne ne la connaît. La disparition du mythe plonge le pays et la région dans l’inconnu. Mais une page se tourne ce soir. En prenant la direction du parti il y a trente-deux ans, puis en dirigeant la seule force armée perçue comme capable de contenir l’ennemi israélien, il était devenu le visage de la « résistance ». Avec la libération du Liban-Sud en 2000, puis la guerre de juillet 2006, l’homme avait construit une petite légende autour de son nom. À la fois chef militaire, leader politique et icône charismatique, il était décrit comme un nouveau Nasser.

Près d’un an après la triple offensive du Hamas en Israël, l’image du « sayyed » a pourtant été mise à l'épreuve depuis des mois déjà. Les revers militaires, les failles sécuritaires, le coût humain de la guerre et l’absence de stratégie claire donnent l’impression d’une organisation dépassée, sur le point d'être vaincue. D’un discours à l'autre, Hassan Nasrallah tente de sauver les meubles à travers une rhétorique victorieuse qui relativise les pertes et met en avant les gains tactiques. Mais de moins en moins de Libanais y croient.

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D’autant que la séquence intervient au terme d’une décennie éprouvante. Les multiples crises, l’intervention militaire en Syrie, les scandales financiers, la double explosion au port de Beyrouth et les coups de force en interne ont érodé le capital sympathie du parti de Hassan Nasrallah. Si le leader continue de donner le pouls a travers ses discours télévisés suivis d’un bout à l'autre de la planète, il ne fait plus consensus, même au sein de la communauté chiite.

Une partie croissante de Libanais refuse le va-t-en-guerre de celui qui menace à intervalles réguliers de plonger le pays au bord du précipice. Mais l’image qu’il a tissée, celle d’un stratège hors pair, avait jusque-là survécu aux intempéries. En 2011, le dirigeant apparaît dans la liste du magazine Times des 100 personnalités les plus influentes au monde. Adoré ou abhorré, il fait partie des incontournables de la région.

Pendant des mois, le pays et la région tentent d’anticiper ses faits et gestes. Jusqu'où ira-t-il ? Est-il prêt à se lancer dans un conflit qui promet d’être plus violent et plus incertain que toutes les autres ? On ne le saura pas. Pour le « Sayyed », la nouvelle guerre d’Octobre sera celle de trop, celle qui déconstruit le mythe façonné par toutes les autres.

Hassan Nasrallah s’adresse à ses partisans par vidéo dans la banlieue sud de Beyrouth, le 9 août 2022. Photo d’archives AFP

L’éveil politique

Au commencement était la guerre civile libanaise. L’enfance et l’adolescence du Sayyed sont rythmées par ce conflit, dont une partie de la communauté chiite considère qu’il ne la concerne pas. Le jeune Hassan n’a pas quinze ans lorsque les hostilités éclatent. Les Nasrallah vivent à Nabaa, un quartier populaire de la banlieue est de Beyrouth affecté par des incidents sécuritaires avant même le début officiel des affrontements. Le foyer doit fuir une première fois en 1974, puis de nouveau en 1975, lorsque les milices chrétiennes expulsent les habitants musulmans de la région de Sin el-Fil où la famille avait trouvé refuge un an plus tôt. Elle s’installe cette fois au Sud, dans le petit village de Bazouryié, près de Tyr, d’où est originaire le père, Abdel Karim.

Les premières années de guerre sont surtout celles de l’éveil politique. Hassan Nasrallah se range dès l’adolescence du côté des clercs chiites proches des révolutionnaires iraniens, opposés aux forces laïques de gauche, libanaises et palestiniennes. À Bazouryié, ces derniers « étaient très forts ( ) il n’y avait pas de croyants fervents ( ) mon intérêt principal tournait donc autour de la formation d’un tel groupe de jeunes religieux », racontera-t-il à Nida' al-Watan en 1993. L’entourage du jeune homme n’est pas tourné vers la chose publique, ni particulièrement dévot. Il est en revanche imprégné d’une culture chiite bercée par un sentiment d’exclusion et d’injustice. Moussa Sadr est alors le porte-voix d’une communauté historiquement marginalisée. Hassan Nasrallah confiera des années plus tard avoir médité de longues heures devant le portrait de l’imam trônant à l’entrée du magasin paternel. « Je rêvais de devenir comme lui », dira-t-il dans un entretien publié par l’hebdomadaire iranien Ya Lesarat al-Hoseyn le 2 août 2006.

Hassan Nasrallah rejoint les rangs d’Amal dès 1975. Fondé quelque temps plus tôt par Moussa Sadr dans le sillage du Mouvement des déshérités, le parti se définit comme un groupe libanais, porteur de cette conscience chiite émergente, mais aussi religieux. Un élément capital pour le jeune homme qui fait preuve d’une ferveur religieuse précoce, parcourant des kilomètres à pied pour aller prier dans une mosquée ou pour dénicher des livres d’occasion.

L’invasion israélienne de 1982 marque un tournant dans la vie de la communauté et de l’homme. Alors que Nabih Berry, chef du parti depuis 1980, choisit de participer au comité de salut national aux côtés de Bachir Gemayel, une branche de l’appareil partisan menée par Hussein el-Moussaoui fait sécession pour fonder avec le soutien de la République islamique d’Iran ce qui deviendra deux ans plus tard le « Hezbollah ». Dès juillet, Hassan Nasrallah intègre « la première cohorte de jeunes chiites formés au camp de Janta, dans la Békaa, sous supervision des pasdaran iraniens », relève Aurélie Daher, enseignante-chercheure à l’Université Paris-Dauphine.

La Résistance islamique au Liban est née. Elle deviendra un acteur à part entière du conflit libanais tout en gardant un lien organique — à la fois idéologique, religieux, militaire et financier — avec la maison mère iranienne. Pour le jeune homme, alors âgé de vingt-deux ans, l’investissement politique supplante désormais tous les autres engagements. « Après 1982, notre jeunesse, notre vie et notre temps sont intégrés au Hezbollah », dira-t-il lors d’un entretien accordé à Nida el-Watan le 31 août 1993. La décennie à venir sera celle d’une ascension fulgurante au sein du parti-milice. En 1987, à 27 ans, Hassan Nasrallah est nommé président du conseil exécutif au sein de la plus haute autorité de l’organisation — le Conseil consultatif (Choura).

Tout au long du conflit libanais, sa participation aux combats armés semble limitée. S’il compte dès le milieu des années 1980 parmi les principaux cadres dirigeants, le militant est davantage décrit comme un gestionnaire que comme un homme de terrain. « Il suit les affaires militaires, mais sa fonction est surtout politique : ce n’est pas un combattant au sens traditionnel du terme », explique Kassem Kassir, analyste politique proche du parti de Dieu. Le rôle qu’il occupera durant les années de conflit opposant Amal au Hezbollah (1988-1990) est en revanche moins clair. « Il est quasiment certain qu’il n’a pas participé aux affrontements : il est chargé à l’époque de responsabilités administratives au sein du parti », avance Aurélie Daher. Mais une zone d’ombre continue de planer sur les contours exacts de son implication. « Au moment de la bataille de Dahiyé notamment, il était responsable militaire. Même s’il occupe un poste politique, il garde un lien direct avec le combat de terrain », nuance Ali al-Amine, journaliste et opposant au Hezbollah.

Les années de « paix »

Si les années de conflit ont été celles du baptême en politique, la période d’après-guerre tient lieu de tremplin pour le jeune dirigeant. L’assassinat du deuxième secrétaire général du parti, Abbas el-Moussaoui, par un raid israélien en février 1992 le propulse du jour au lendemain au sommet de l’appareil politique. Les cadres du Hezbollah, qui ne veulent pas donner à l’ennemi l’impression d’une victoire, précipitent l’élection d’un successeur. Certains ne sont pas convaincus par ce junior d’à peine 31 ans, compagnon de route de longue date du chef défunt, qui semble être le favori à Téhéran. Mais le temps presse : Hassan Nasrallah est élu (troisième) secrétaire général. Il le restera, créant au fil des ans une stature de leader rarement égalée dans la région.

La stratégie politique qu’il développe tout au long des années 1990 lui permet dans un premier temps de transformer une petite milice clandestine en parti qui s’intègre progressivement aux institutions du pays. Dans cette période d’après-guerre, le nouveau secrétaire joue la carte de la pacification et de la normalisation politique. Il se présente comme l’homme du pragmatisme et de l’ouverture intracommunautaire. Les mœurs s’assouplissent. La « libanisation » du Hezbollah est en marche — le mouvement obtient douze députés lors du scrutin législatif de 1992, neuf en 1996.

Dans le même temps, le leader inaugure une nouvelle ligne militaire intransigeante vis-à-vis d’Israël. La fin des affrontements intrachiites, en 1990, avait déjà permis au parti de réorienter son action vers la « résistance ». Hassan Nasrallah va au bout de cette logique. Le 24 février 1992, une semaine après l’assassinat de Abbas al-Moussaoui, il affirme face à la foule massée devant une mosquée de la banlieue sud que son mouvement est prêt à « venger » la mort de l’ancien dirigeant. Il appelle « le peuple et les partis politiques libanais, notamment chrétiens, a se joindre à la résistance ». La messe est dite. La première salve de katiouchas (roquettes soviétiques) est lancée quelques jours après.

Sur le plan tactique également, une minirévolution s’opère. Aux attentats-suicides des années 1980, le parti préfère des techniques de guerre plus sophistiquées. La pensée militaire portée par le sayyed se veut hybride. « Elle se fonde à la fois sur l’observation des résistances palestinienne et vietnamienne et sur des concepts plus contemporains : c’est une fusion des techniques de guérilla et de guerres modernes », explique Kassem Kassir. Sous son impulsion, les troupes se professionnalisent : les unités se spécialisent, les capacités de renseignement progressent, le rythme des opérations augmente. Cette nouvelle stratégie vaut à Hassan Nasrallah respect et admiration. Il est systématiquement reconduit à la tête du parti et le règlement intérieur sera amendé afin de permettre sa réélection pour plus de deux mandats de suite.

Enfin, la libération du Sud, le 25 mai 2000, apporte ce que ces années de guérilla armée ne lui avaient pas fourni : la preuve que sa stratégie militaire fonctionne. Après dix-huit ans d’occupation, l’ennemi plie bagage. Du jour au lendemain, des semaines avant la date annoncée, lâchant au passage ses alliés de l’Armée du Liban-Sud. Le Hezbollah semble avoir réalisé ce que très peu d’armées arabes étaient parvenues à faire. Les médias du parti mettent en scène la séquence en diffusant les images des scènes de liesse. « Allah, Allah protège Nasrallah ! » entend-on dans les rues du Sud libéré. Auréolé par ce succès, le nom de Hassan Nasrallah résonne à travers la région. À la tête d’un parti-milice désormais ancré dans le paysage libanais, ayant fait ses preuves sur le terrain militaire, le patron du Hezbollah aborde la nouvelle décennie avec un capital sympathie non négligeable.

La foule massée pour écouter un discours de Hassan Nasrallah lors d’une commémoration du retrait de l’armée israélienne du Liban-Sud en 2000. Photo d’archives AFP

La consécration

L’ultime consécration vient avec la guerre de juillet 2006. En trente-trois jours d’opérations, 7 000 bombes sont tirées vers le territoire libanais, contre quelque 4 000 roquettes lancées par le Hezbollah en direction d’Israël. Avec 1 125 morts côté libanais, plus de 4000 blessés et un million de déplacés, le bilan est lourd. Mais le coût humain et matériel ne change en rien la manière dont la séquence est interprétée par la population. Bien que le parti de Dieu soit à l’initiative de l’étincelle ayant déclenché le conflit (des tirs de roquettes en direction d’Israël le 12 juillet, tandis qu’un commando prend d’assaut des soldats ennemis), Hassan Nasrallah s’impose comme le dernier rempart contre la machine de guerre israélienne. Il devient un héros de guerre. La victoire est « plus grande encore que celle de 2000 », dira-t-il. Le « nouveau modèle », explique-t-il, est fondé sur une approche offensive de la « résistance » : cette dernière n’est plus cantonnée à une position de défense.

La séquence met en lumière l’évolution des méthodes et l’émergence de nouveaux procédés afin de mobiliser les troupes et d’intimider l’ennemi. Son éloquence, son art des discours et sa maîtrise de l’image lui permettent de faire passer des messages et d’influencer l’humeur générale. La guerre devient psychologique. S’il est le visage public de la guerre, Hassan Nasrallah n’est pourtant pas le cerveau de l’opération, téléguidée par les deux grands cadres militaires de l’époque — Imad Moughniyé, ancien haut responsable militaire du parti, et Kassem Soleimani, ancien chef iranien des opérations extérieures des gardiens de la révolution. La stratégie a « été pensée collectivement » et « ses contacts avec la salle des opérations ont été permanents, quand il n’y siégeait pas en personne », rappelle Aurélie Daher. Mais le sayyed n’est pas le seul maître à bord.

Pour triomphante qu’elle soit, l’année 2006 annonce également la fin d’une époque. Parce qu’il a conscience de son coût extrêmement élevé, Hassan Nasrallah affirme au soir du conflit que le parti n’aurait « absolument pas conduit cette opération s’il avait su qu’elle allait mener à une guerre d’une telle ampleur ». Le leader semble comprendre que le pays ne supporterait pas un second sacrifice de cette envergure. À compter de 2006, le front sud se stabilise. Le Hezbollah se retient désormais de réagir aux miniagressions quotidiennes en provenance de l’armée ennemi. Les discours du sayyed gardent toute leur charge belliqueuse, mais les règles d’engagement à la frontière israélo-libanaise sont entièrement renouvelées : la « résistance » devient performative.

Le mouvement chiite ré-investit la scène politique intérieure - d'autant plus que le départ des troupes syriennes le 26 avril 2005 suite à l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, pour lequel trois membres du parti seront reconnus coupables par le Tribunal Spécial pour le Liban, redistribue les cartes. Plutôt que de disparaître, la guerre se déplace ainsi sur de nouveaux terrains. En interne, d’abord, où la quête d’une domination de l’espace politique pousse Hassan Nasrallah à user de son arsenal militaire comme d’un outil d’intimidation. Cette stratégie culmine le 7 mai 2008, lorsque le mouvement envahit les quartiers ouest de la capitale et tente de s’imposer par la force dans la Montagne afin de contraindre le gouvernement de Fouad Siniora à faire marche arrière sur son projet de démanteler ses réseaux de télécoms et de limoger le chef de la sécurité à l’aéroport de Beyrouth, réputé proche du parti. La séquence consacre la nouvelle logique, désormais dédiée aux gains politiques en interne, et le chantage à la guerre dont est capable la milice. Les lignes rouges ont été posées. Elles ne seront plus remises en question.

À partir de 2011 et jusqu’à aujourd’hui, les bouleversements régionaux induits par les soulèvements des printemps arabes modifient l’ordre des priorités pour Téhéran et pour le leader du Hezbollah. Officiellement au nom du combat contre les « takfiristes », les forces de ce dernier se concentrent dès 2013 sur le terrain syrien. En Irak et au Yémen, des contingents forment, conseillent et encadrent les alliés locaux de l’« axe de la résistance ». L’organisation armée non étatique la plus puissante au monde devient la principale force de frappe de l’appareil iranien dans la région. « D’un groupe de résistance libanais, le Hezbollah est devenu une composante essentielle des gardiens de la révolution, explique Hanin Ghaddar, chercheuse au Washington Institute. Avec une présence en Europe, en Amérique latine et en Afrique, ils ont à la fois un ancrage régional sur le plan militaire et international sur le plan financier. » Le secrétaire général, devenu le ciment du parti, porte, accompagne et incarne cette transformation. Les assassinats en série de hauts dignitaires libanais et iranien — Imad Moughniyé (2008), Moustapha Badreddine (2016) puis Kassem Soleimani (2020) — laissent un espace vacant de conseiller et de stratège militaire auprès de Téhéran qui sera progressivement rempli par Hassan Nasrallah.

Sources :

DAHER, Aurélie, « Hezbollah, mobilisation et pouvoir » (PUF, 2014).

NOE, Nicholas, « Voices of Hezbollah, the Statements of Sayyed Hassan Nasrallah » (Verso, 2007).

TRABOULSI, Fawwaz, A History of Modern Lebanon (Pluto Press, 2012).

Il est dix-huit heures trente dans la capitale libanaise. La banlieue sud de Beyrouth vient d'être touchée par la plus grande frappe israélienne en date depuis la guerre de 2006. Les habitants de la ville tremblent encore au son des explosifs. Le nombre de morts est inconnu, il est question de « massacre ». Une énième tragédie ? Peut-être le début d’une guerre régionale. La rumeur...

28.09.2024 à 10:08

Le Hezbollah confirme que Hassan Nasrallah a été tué

Le Hezbollah confirme que Hassan Nasrallah a été tué
Texte intégral (730 mots)

La frappe monstre de vendredi soir sur la banlieue sud de Beyrouth a également tué Ali Karaki et « plusieurs autres commandants », selon l'armée.

Samedi vers 14h30, le Hezbollah a annoncé officiellement que son leader, Hasan Nasrallah, avait été tué. Quelques heures plus tôt, l'armée israélienne avait annoncé dans un communiqué avoir « éliminé Hassan Nasrallah », le chef du Hezbollah, dans la frappe monstre de la veille au soir dans la banlieue sud de Beyrouth.

Dans un communiqué lu en direct sur la chaîne al-Manar, du parti, ce dernier a annoncé que « le maître de la résistance » Hassan Nasrallah « s'est déplacé aux côtés de son Seigneur en tant que grand martyr ». « Il a rejoint la caravane des martyrs de Karbala » et « ses compagnons, les immortels martyrs dont il a dirigé la marche pendant trente ans, les menant de victoire en victoire », a ajouté le parti. « La direction du Hezbollah s'engage à poursuivre son jihad face à l'ennemi, en soutien à Gaza et à la Palestine, en défense du Liban », ajoute le communiqué.

Dans la matinée, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne Avichay Adraee avait indiqué que la frappe a également éliminé « le commandant du Front Sud du Hezbollah », Ali Karaki, et plusieurs autres commandants.

Le texte affirme que ces assassinats ont eu lieu dans la frappe sur « le quartier général souterrain » du parti chiite, « situé sous un immeuble résidentiel » de la banlieue sud de Beyrouth. Ce bombardement « a été effectué alors que des dirigeants du Hezbollah se trouvaient » à cet endroit. Le communiqué affirme qu' « au cours de ses 32 années à la tête » du parti chiite, Nasrallah « a été responsable du meurtre d'innombrables citoyens et soldats israéliens » et de la planification d'attentats contre Israël « et dans le monde entier ». L'armée israélienne « continuera de cibler « tous ceux qui commettent des « actes de terrorisme ».

Le commandant en chef de l'armée israélienne, Herzl Halevi, a de son côté lancé une mise en garde, après l'annonce de l'élimination de Hassan Nasrallah : « À tous ceux qui menacent les citoyens israéliens, nous savons comment les atteindre ».

« Il est tout pour nous »

À Beyrouth, plusieurs personnes interrogées par notre journaliste Lyana Alameddine avant l'annonce officielle du Hezbollah oscillent entre déni et renoncement après l'annonce de l'élimination de Hassan Nasrallah faite par l'armée israélienne. Dans le centre-ville de Beyrouth, Rissala, une femme déplacée de Bourj Brajné avec ses deux enfants, ne croit pas en la nouvelle que Hassan Nasrallah est mort, comme cela a été annoncé par l'armée israélien. « Non, il n'est pas mort, il représente tout pour nous », affirme-t-elle. Une autre, dans le quartier de Mar Elias estime que l'annonce de la mort de Hassan Nasrallah « ne va rien changer », soulignant que de toute façon « rien n'est encore sorti du côté libanais sur sa mort ».

Une passante, réfugiée de Bchamoun chez sa sœur à Beyrouth, a de son côté indiqué « ne pas avoir peur que Nasrallah soit mort ». « Comme il est venu, d'autres viendront après lui ». Elle estime que la situation ne peut pas empirer. « C'est déjà trop gros, ça ne peut pas être pire ».

Quelques informations biographiques sur Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah

Hassan Nasrallah est le chef du Hezbollah depuis 32 ans , après avoir succédé à Abbas Moussaoui, assassiné par Israël en 1992.

Sous la direction de Nasrallah, le Hezbollah, armé et financé par l'Iran, est devenu une puissante force militaire et politique, représentée au Parlement et au gouvernement libanais .

Israël affirme que le chef du Hezbollah a été tué lors d'une frappe aérienne sur la banlieue sud de Beyrouth vendredi après-midi. Le Hezbollah, lui, n’a toujours pas commenté.

Samedi vers 14h30, le Hezbollah a annoncé officiellement que son leader, Hasan Nasrallah, avait été tué. Quelques heures plus tôt, l'armée israélienne avait annoncé dans un communiqué avoir « éliminé Hassan Nasrallah », le chef du Hezbollah, dans la frappe monstre de la veille au soir dans la banlieue sud de Beyrouth.Dans un communiqué lu en direct sur la chaîne...

28.09.2024 à 07:44

Le Hezbollah annonce que Nasrallah a été tué : ce qu'il faut savoir ce samedi

Le Hezbollah annonce que Nasrallah a été tué : ce qu'il faut savoir ce samedi
Texte intégral (1717 mots)

Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah pendant une intervention télévisée, le 24 mai 2024. Capture d'écran al-Manar

Vers 14h30 samedi, le Hezbollah a officiellement annoncé que son chef, Hassan Nasrallah, avait été tué. Après une nuit particulièrement éprouvante, marquée par un pilonnage intense de la banlieue sud de Beyrouth, l'armée israélienne avait affirmé, quelques heures plus tôt, que le chef du Hezbollah avait été tué dans le raid sur le QG du parti. Le Hezbollah a mois plusieurs heures à confirmer cette information. Samedi matin, les frappes israéliennes se poursuivaient au Liban-Sud, dans la Békaa, et dans la banlieue sud.

Les principaux faits

-Le Hezbollah a officiellement annoncé, samedi vers 14h30, que son leader, Hassan Nasrallah, avait été tué. Dans un communiqué lu en direct sur la chaîne al-Manar, du Hezbollah, le parti a annoncé que « le maître de la résistance » Hassan Nasrallah « s'est déplacé aux côtés de son Seigneur en tant que grand martyr ». « La direction du Hezbollah s'engage à poursuivre son jihad face à l'ennemi, en soutien à Gaza et à la Palestine, en défense du Liban », ajoute le communiqué.

-« L'élimination de Nasrallah est l'une des actions les plus importantes de l'histoire d'Israël, et nous ne nous arrêterons pas », a prévenu le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, cité par la radio de l'armée israélienne, sur X.

Samedi peu après 11h, l'armée israélienne avait affirmé dans un communiqué avoir « éliminé Hassan Nasrallah ». Dans ce texte, publié notamment par le porte-parole arabophone de l'armée israélienne Avichay Adraee, ce dernier indiquait que la frappe de vendredi soir sur la banlieue sud de Beyrouth a également éliminé « le commandant du Front Sud du Hezbollah » et plusieurs autres commandants. Selon le texte, ces hommes sont morts lors de la première frappe sur « le quartier général souterrain » du parti chiite, « situé sous un immeuble résidentiel » de la banlieue sud de Beyrouth. Ce bombardement « a été effectué alors que des dirigeants du Hezbollah se trouvaient » à cet endroit. Le communiqué affirme qu'« au cours de ses 32 années à la tête » du parti chiite, Nasrallah « a été responsable du meurtre d'innombrables citoyens et soldats israéliens » et de la planification d'attentats contre Israël « et dans le monde entier ».

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L'armée israélienne a affirmé, un peu plus tard, que « la plupart » des hauts dirigeants du Hezbollah libanais avaient été « éliminés ». « Nos actions contre le Hezbollah ont empêché une attaque plus large », a également déclaré le porte-parole de l'armée israélienne, ajoutant : « Il reste encore du chemin à parcourir, le Hezbollah a toujours la capacité de tirer sur Israël ».

-Samedi à la mi journée, l'armée israélienne a indiqué avoir frappé, depuis vendredi soir, « plus de 140 cibles (...) du Hezbollah , notamment des lanceurs (de roquettes) visant des civils israéliens, des bâtiments dans lesquels des armes étaient stockées (...) et d'autres sites d'infrastructures terroristes (...) dans la région de Beyrouth ».

-Dans un communiqué, le Hezbollah a, de son côté, revendiqué, peu après 9h30, le lancement d’une salve de missiles Fadi-3 sur l’aéroport et la base militaire de Ramat David, située à l'est de Haïfa.

-L'armée israélienne a bombardé intensément tout au long de la majeure partie de la nuit de vendredi à samedi, la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, où un raid d'une violence inouïe a visé vendredi en personne, selon les médias israéliens, le chef du parti, Hassan Nasrallah. Cette frappe, qui a eu lieu à 18h30, a touché, selon Israël, le QG du Hezbollah dans la banlieue.

-Samedi matin, le bilan exact de la nuit restait toujours incertain, alors que les secouristes étaient toujours déployés sur le terrain afin de sortir les habitants des décombres et de transporter les blessés vers les hôpitaux. Selon un communiqué publié ce matin à 8 heures par la Défense civile, le déploiement des équipes de sauvetage hier soir et dans la nuit a pour l'heure permis d’identifier 38 victimes.

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-Selon une source proche du Hezbollah, six immeubles ont été totalement détruits , soulevés par d'énormes explosions qui ont provoqué d'épaisses colonnes de fumée et creusé de larges cratères, semant la panique parmi les habitants.

-Samedi matin, d'épaisses colonnes de fumée s'élevaient encore dans le ciel, selon des journalistes de l'AFP sur place.

-Des centaines de personnes ayant fui leurs domiciles, souvent à la suite d'un message de l'armée israélienne envoyé avant les frappes, ont passé la nuit à la belle étoile. Les correspondants de l'AFP ont vu des familles entières assises à même le sol toute la nuit dans le centre de Beyrouth ou sur la corniche du bord de mer.

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-Samedi matin, le ministère de la Santé libanais a annoncé samedi que tous les hôpitaux des zones bombardés dans la nuit allaient être évacués « en raison de l'agression » israélienne. Il a demandé les hôpitaux des autres secteurs « à cesser de recevoir des cas non urgents jusqu'à la fin de la semaine prochaine, pour faire de la place à l'accueil des patients des hôpitaux de la banlieue sud de Beyrouth ».

-L'armée israélienne affirme, depuis vendredi soir, frapper des bâtiments civils abritant, selon elle, des dépôts d'armes, des fabriques de munitions et des centres de commandement du Hezbollah. Le mouvement chiite a démenti des « allégations » d'Israël sur la présence de dépôts d'armes dans les immeubles d'habitation.

-Dans la nuit, l'armée israélienne a indiqué que son aviation survolait les environs de l'aéroport de la capitale, pour empêcher l'Iran d'y faire atterrir des cargaisons d'armes destinées au Hezbollah.

Réaction iranienne

L'Iran a affirmé samedi que la « ligne de Hassan Nasrallah se poursuivrait » en dépit de l'élimination la veille du chef du Hezbollah. « La ligne glorieuse du chef de la résistance, Hassan Nasrallah, se poursuivra et son objectif sacré sera réalisé avec la libération de Qods (Jérusalem), si Dieu le veut », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un message publié sur X.

Le mouvement chiite, qui fait partie de ce que l'Iran appelle l' « axe de la résistance » contre Israël, a confirmé samedi la mort de son chef dans une attaque israélienne. Le vice-président iranien Mohammad Javad Zarif a de son côté exprimé ses condoléances pour la mort de Nasrallah, le qualifiant de « symbole de la lutte contre l'oppression ». Un drapeau noir a été érigé en signe de deuil au sanctuaire de l'imam Reza, le principal lieu de culte chiite du pays situé dans la ville de Machhad, dans le nord-est du pays, selon l'agence de presse locale Tasnim. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait déjà dénoncé samedi la politique israélienne « à courte vue », dans un message publié samedi avant la confirmation officielle de la mort de Nasrallah.

Le contexte

Ces frappes massives sont intervenues quelques heures après un discours du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à l'Assemblée générale de l'Onu. Lors de ce discours, il a affirmé que son pays poursuivra la guerre contre le Hezbollah jusqu'à ce que « tous les objectifs » soient atteints. Il n'a pas dit un mot de la proposition internationale conduite par les États-Unis et la France d'un cessez-le-feu de 21 jours.

Elles interviennent également dans le contexte d'une escalade brutale, depuis plus d'une semaine, des frappes israéliennes contre le Liban-Sud, la Békaa et la banlieue sud de Beyrouth, bastions du Hezbollah au Liban. Des frappes qui ont fait plus de 700 morts des plus d'une centaine de milliers de déplacés.

Une éventuelle opération au sol contre le Hezbollah sera « aussi courte » que possible, a assuré vendredi matin un responsable israélien de la sécurité, alors que le chef d'état-major de l'armée, le général Herzi Halevi, avait demandé mercredi aux soldats de se préparer pour une possible incursion terrestre.

Plus de 1.500 personnes ont été tuées au Liban en près d'un an, selon Beyrouth, soit plus que les 1.200 morts en 33 jours de guerre entre Israël et la formation chiite libanaise en 2006. L'Unicef s'est alarmée du « rythme effrayant » auquel les enfants sont tués, ainsi que des dommages aux installations civiles comme les stations de pompage, qui privent « 30.000 personnes d'accès à l'eau potable » dans l'est et le sud du Liban.

Vers 14h30 samedi, le Hezbollah a officiellement annoncé que son chef, Hassan Nasrallah, avait été tué. Après une nuit particulièrement éprouvante, marquée par un pilonnage intense de la banlieue sud de Beyrouth, l'armée israélienne avait affirmé, quelques heures plus tôt, que le chef du Hezbollah avait été tué dans le raid sur le QG du parti. Le Hezbollah a...

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