Robert Redford, icône du cinéma américain des six dernières décennies, engagé à gauche et véritable parrain du film indépendant aux Etats-Unis, est mort mardi dans l'Utah à l'âge de 89 ans, a annoncé son agente. L'acteur « est mort le 16 septembre 2025 dans sa maison de Sundance, dans les montagnes de l'Utah, l'endroit qu'il aimait, entouré par ceux qui l'aimaient », a déclaré son agente Cindi Berger dans un communiqué, ajoutant que sa famille « demande de respecter son intimité. » Avec son insolente beauté, il incarnait une certaine face solaire de l'Amérique: écologiste, engagé, indépendant et prospère.
Démocrate convaincu, défenseur des tribus amérindiennes et des paysages américains, fondateur du « Sundance Film Festival » devenu la référence internationale du film indépendant, le cowboy aux longues mèches dorées a cherché toute sa vie à tracer sa voie, gardant dès qu'il pouvait se le permettre, ses distances avec Hollywood.
Les grands studios lui ont offert quelque 70 rôles, pour la plupart des personnages positifs, engagés (« Les trois jours du Condor »), romanesques (« Gatsby le Magnifique ») et inspirant toujours la sympathie même lorsqu'il jouait les escrocs comme dans « Butch Cassidy et le Kid », « L'Arnaque » ou son dernier « The Old Man and the Gun ». Il a notamment tourné dans sept films de Sydney Pollack.
S'il a reçu un Oscar en 2002 pour l'ensemble de sa carrière, il n'a, comme acteur, jamais été récompensé pour un film en particulier bien que plusieurs de ses prestations aient été saluées dans des films emblématiques comme « Jeremiah Johnson » (Palme d'Or en 1972), « Les hommes du président » (4 Oscars en 1977) ou encore « Out of Africa » (7 Oscars en 1986) qui l'ont intronisé comme l'archétype de l'amant idéal.
Son amour du cinéma l'incita ensuite à passer derrière la caméra. « En tant que réalisateur, » souligne-t-il, « je ne m'aimerais pas comme acteur. En tant qu'acteur, je ne m'aimerais pas comme réalisateur ». Il réalise, entre autres, « Des gens comme les autres » qui, en 1981, remporte l'Oscar du Meilleur film et de la Meilleure réalisation puis « Et au milieu coule une rivière » (1992), « Quiz Show » (1994), « L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux » (1998), « Lions et agneaux » (2007), « Sous surveillance » (2012).
Les montagnes de l'Utah, où il s'est éteint, étaient devenues son fief après une enfance californienne - il est né le 18 août 1936 à Santa Monica - et un passage à l'université du Colorado. En novembre 2016, le président Barack Obama lui avait décerné la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute récompense civile aux Etats-Unis. En 2018, juste après « The Old Man and The Gun », l'octogénéraire au visage parcheminé par le soleil et le vent des grands espaces avait annoncé sa retraite.
Vous avez déjà un compte? Connectez-vous ici
Veuillez vous connecter pour visualiser les résultatsL'ancien médecin rwandais Sosthène Munyemana, condamné en 2023 à 24 ans de réclusion criminelle pour son implication dans le génocide des Tutsi en 1994, est rejugé depuis mardi par la cour d'assises d'appel de Paris. En première instance, cet homme aujourd'hui âgé de 69 ans avait été reconnu coupable de génocide, crimes contre l'humanité, participation à une entente en vue de la préparation de ces crimes, ainsi que pour complicité de crimes contre l'humanité, et condamné à 24 ans d'emprisonnement, avec une période de sûreté de huit ans.
Incarcéré depuis sa condamnation, Sosthène Munyemana, polo blanc et pantalon marron, est arrivé menotté dans la salle d'audience et s'est assis dans le box des accusés. Son nouveau procès est prévu jusqu'au 24 octobre. Il est accusé d'avoir signé une motion de soutien au gouvernement intérimaire institué après l'attentat contre l'avion du président hutu Juvénal Habyarimana, qui a encouragé les tueries commises entre avril et juillet 1994. Le génocide au Rwanda a fait plus de 800.000 morts, pour la plupart d'ethnie tutsi, selon l'ONU.
Sosthène Munyemana se voit aussi reprocher d'avoir mis en place des barrières et des rondes à Tumba, dans la préfecture de Butare (sud du Rwanda), au cours desquelles des personnes ont été interpellées avant d'être tuées, et d'avoir détenu la clé d'un bureau de secteur où étaient enfermés des Tutsi avant leur exécution. L'accusé était un proche de Jean Kambanda, Premier ministre du gouvernement intérimaire, condamné définitivement en 2000 par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) à la réclusion criminelle à perpétuité pour sa participation au génocide.
Arrivé en septembre 1994 en France où résidait déjà sa femme, père de trois enfants, Sosthène Munyemana avait refait sa vie dans le Sud-Ouest, exerçant comme médecin urgentiste puis comme gériatre. Son dossier était le plus ancien instruit en France sur des faits liés à ce génocide: ouverte en 1995 après une plainte déposée à Bordeaux, l'information judiciaire a été transférée en 2001 à Paris. L'ordonnance de mise en accusation n'a été rendue qu'en 2018.
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