11.08.2025 à 23:59
La junte au Niger dissout des syndicats du secteur de la justice
Le 7 août, la junte militaire nigérienne a annoncé la dissolution de quatre principaux syndicats du secteur de la justice. Cette décision porte atteinte aux droits des travailleurs à la liberté d'association et à l'indépendance du système judiciaire.
Cette dissolution s'inscrit dans un schéma de répression de la junte militaire qui, depuis sa prise de pouvoir en juillet 2023, a intensifié ses attaques contre l'opposition politique, les médias, les syndicats et les groupes de la société civile, réduisant ainsi l'espace civique et politique du pays.
Le 7 août, le général Mohamed Toumba, ministre de l'Intérieur, a signé quatre décrets décrétant la dissolution du Syndicat autonome des magistrats (SANAM), de l'Union des magistrats du Niger (UNAM), du Syndicat national des agents de justice (SNAJ) et du Syndicat des cadres et des agents techniques du ministère de la Justice (SYNCAT).
Bien que les décrets n'aient fourni aucune explication pour les dissolutions, le 8 août, le ministre de la Justice, Alio Daouda, a déclaré que les syndicats avaient « dévié » de leurs rôles et privilégié des « intérêts personnels ». La dissolution des syndicats du secteur de la justice soulève aussi des inquiétudes concernant l'indépendance judiciaire dans le pays.
En réponse, l’Intersyndicale des travailleurs du Niger a décrit cette décision comme « une atteinte grave aux libertés fondamentales », et a appelé le gouvernement à revenir sur sa décision.
Les autorités militaires avaient déjà attaqué les syndicats dans le passé. En avril, la junte avait dissous trois syndicats représentant les forces paramilitaires du pays, qui participent aux opérations de contre-insurrection aux côtés de l'armée contre des groupes armés islamistes.
Les autorités militaires du Niger continuent également de détenir de manière arbitraire l'ancien président Mohamed Bazoum et sa femme à Niamey, la capitale, malgré une décision d'un tribunal régional ordonnant leur libération. Ils continuent également de détenir de manière arbitraire Moussa Tiangari, éminent activiste des droits humains et détracteur du gouvernement, depuis décembre 2024.
En février, le dirigeant de la junte, le général de brigade Abdourahmane Tiani, a prolongé le règne de la junte en repoussant les élections.
Les syndicats ont joué un rôle essentiel dans le renforcement de la démocratie au Niger. Le SANAM avait mis en garde plusieurs gouvernements au fil des années de ne pas s'ingérer dans les affaires judiciaires.
Les autorités nigériennes devraient permettre aux travailleurs de s'associer et de s'organiser librement, conformément à leurs obligations internationales, et non de fermer des organisations syndicales importantes. Elles devraient révoquer leur décision de dissoudre les quatre syndicats et protéger la liberté d'association ainsi que l'indépendance des tribunaux.
07.08.2025 à 06:00
Gaza : Les frappes israéliennes contre des écoles exacerbent le danger pour les civils
(Jérusalem, 7 août 2025) – Les attaques meurtrières menées par les forces israéliennes contre des écoles qui abritent des civils palestiniens mettent en évidence l’absence de lieux sûrs pour les personnes déplacées de Gaza, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Depuis octobre 2023, les autorités israéliennes ont mené des centaines de frappes contre des écoles qui abritaient des Palestiniens déplacés, notamment des attaques illégales et indiscriminées utilisant des munitions américaines qui ont tué des centaines de civils et endommagé ou détruit la quasi-totalité des écoles de Gaza.
Les récentes frappes israéliennes contre des écoles transformées en abris s’inscrivent dans le cadre de l’offensive militaire actuelle des forces israéliennes qui a détruit la plus grande partie des infrastructures civiles restantes à Gaza et a de nouveau déplacé des centaines de milliers de Palestiniens en aggravant une situation humanitaire déjà désastreuse. Les gouvernements, notamment celui des États-Unis qui a fourni des armes utilisées dans certaines attaques illégales, devraient imposer un embargo sur les armes au gouvernement israélien et prendre d’autres mesures urgentes pour faire respecter la Convention des Nations Unies pour la prévention et la répression du crime de génocide (Convention sur le génocide).
« Les frappes israéliennes contre des écoles abritant des familles déplacées donnent un aperçu du carnage à grande échelle perpétré par les forces israéliennes à Gaza », a déclaré Gerry Simpson, Directeur adjoint à la division Crises, conflits et armement à Human Rights Watch. « Les gouvernements ne devraient pas tolérer cet horrible massacre de civils palestiniens qui ne cherchent qu’à se mettre à l’abri. »
Human Rights Watch a enquêté sur les attaques israéliennes qui ont frappé l’école pour filles Khadija à Deir al-Balah le 27 juillet 2024 et tué au moins 15 personnes, et l’école al-Zeitoun C dans le quartier al-Zeitoun de la ville de Gaza le 21 septembre 2024, qui a fait au moins 34 morts. Human Rights Watch n’a trouvé aucune preuve de la présence de cibles militaires dans l’une ou l’autre de ces écoles.
Click to expand Image Un garçon debout dans les décombres de l'école Khadija à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, touchée par une frappe aérienne israélienne le 27 juillet 2024. Au moins 15 Palestiniens déplacés ont été tués dans cette attaque. © 2024 Rizek Abdeljawad/Xinhua via Getty ImagesCes conclusions s’appuient sur l’analyse d’images satellites, de photos et de vidéos des attaques et de leurs conséquences, sur des contenus publiés sur les réseaux sociaux concernant des hommes dont on sait qu’ils ont péri lors des deux frappes, ainsi que sur des entretiens téléphoniques avec deux personnes qui ont été témoins des conséquences de la frappe contre l’école Khadija et une autre qui était présente au moment de l’attaque contre l’école al-Zeitoun C.
Les autorités israéliennes n’ont pas rendu publiques les informations relatives aux attaques documentées par Human Rights Watch, notamment les détails concernant la cible visée ou les précautions prises lors de ces attaques pour minimiser les dommages causés aux civils. Elles n’ont pas répondu à une lettre datée du 15 juillet qui résume les conclusions de Human Rights Watch concernant ces frappes et demande des informations spécifiques les concernant.
L’absence de cible militaire dans les frappes contre les écoles Khadija et al-Zeitoun rendrait ces attaques illégales et indiscriminées et constituerait une violation du droit international humanitaire. Les écoles et autres établissements d’enseignement sont des biens civils protégés contre les attaques. Ils perdent cette protection lorsqu’ils sont utilisés à des fins militaires ou occupés par des forces militaires. L’utilisation d’écoles pour héberger des civils ne modifie pas leur statut juridique.
Entre le 1er et le 10 juillet 2025, les forces israéliennes ont frappé au moins 10 écoles transformées en abris, dont certaines avaient déjà été endommagées, tuant 59 personnes et déplaçant de nouveau des dizaines de familles, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a indiqué qu’environ un million de personnes déplacées à Gaza s’étaient réfugiées dans des écoles pendant les hostilités et qu’au 18 juillet, au moins 836 personnes réfugiées dans des écoles avaient été tuées et qu’au moins 2 527 autres avaient été blessées.
La dernière évaluation en date du cluster Éducation dans les territoires palestiniens occupés d’OCHA a révélé que 97 % des établissements scolaires de Gaza (547 sur 564) ont subi des dégâts plus ou moins importants, y compris 462 (76%) qui ont été « directement touchés » et 518 (92%) qui nécessitent « une reconstruction complète ou d’importants travaux de réhabilitation pour redevenir fonctionnels ».
Les attaques israéliennes ont privé les civils d’un accès sûr à des abris et contribueront à perturber l’accès à l’éducation pendant de nombreuses années, dans la mesure où la réparation et la reconstruction des écoles peuvent nécessiter beaucoup de temps et la mobilisation de ressources importantes, avec un impact négatif significatif sur les enfants, les parents et les enseignants.
Une enquête publiée le 24 juillet par les médias israéliens +972Magazine et Local Call a fait état de la mise en place par l’armée israélienne d’« une cellule spéciale chargée d’identifier systématiquement les écoles, qualifiées de “centres de gravité” afin de les bombarder, affirmant que des membres du Hamas s’y cachaient parmi des centaines de civils ». Le rapport note que les double-frappes (« double tap » en anglais, qui désigne une deuxième frappe contre un même site dans le but de cibler les survivants de la première frappe, mais aussi les premiers secours) « sont devenues particulièrement courantes ces derniers mois dans les situations où Israël bombarde des écoles à Gaza ».
L’armée israélienne a affirmé, à propos de dizaines d’attaques contre des écoles, que le Hamas ou d’autres combattants palestiniens ou encore des centres de « commandement et de contrôle » étaient déployés dans ces écoles, sans toutefois fournir d’informations plus précises. Human Rights Watch n’a connaissance que de sept cas dans lesquels l’armée israélienne a publié les noms et photos de membres présumés de groupes armés palestiniens qui, selon elle, se trouvaient dans une école au moment de l’attaque.
Après l’attaque du 6 juin 2024 contre l’école al-Sardi, l’armée israélienne a révélé les noms de 17 combattants présumés. Cependant, après avoir examiné ces noms, Human Rights Watch a constaté que trois d’entre eux semblaient avoir été tués lors d’attaques précédentes.
La présence de groupes armés palestiniens dans l’une des écoles attaquées ne rendrait pas nécessairement les attaques légales. Les lois de la guerre interdisent les attaques contre des objectifs militaires si les dommages prévisibles pour les civils et biens civils sont disproportionnés par rapport au gain militaire escompté de l’attaque.
Les lois de la guerre imposent également aux parties belligérantes, sauf si les circonstances ne le permettent pas, de donner un « avertissement en temps utile et par des moyens efficaces » avant toute attaque susceptible d’affecter la population civile.
Le déploiement de groupes armés dans des écoles transformées en abris exposerait les civils à des risques inutiles. Les lois de la guerre obligent les parties belligérantes à prendre toutes les précautions possibles contre les effets de telles attaques et à éviter de placer des cibles militaires à proximité de zones densément peuplées.
Les violations graves des lois de la guerre commises par des individus ayant une intention criminelle, c’est-à-dire de manière délibérée ou par négligence, constituent des crimes de guerre. Les individus peuvent également être tenus pénalement responsables s’ils ont aidé, facilité, soutenu ou encouragé un crime de guerre. Tous les états parties à un conflit armé sont tenus d’enquêter sur les crimes de guerre présumés commis par les membres de leurs forces armées.
La Déclaration sur la sécurité dans les écoles, une déclaration politique internationale approuvée par 121 pays, vise à protéger l’éducation en temps de guerre en renforçant la prévention et la réponse aux attaques contre les élèves, les enseignants, les écoles et les universités, notamment en évitant l’utilisation des établissements scolaires à des fins militaires. Si Israël n’a pas signé cette déclaration, la Palestine y a adhéré en 2015.
Les gouvernements devraient suspendre les transferts d’armes vers Israël, compte tenu du risque évident que ces armes puissent être utilisées pour commettre ou faciliter des violations graves du droit international humanitaire. La fourniture par le gouvernement des États-Unis d’armes à Israël, qui ont été utilisées à plusieurs reprises pour frapper des écoles transformées en abris et commettre des crimes de guerre manifestes, rend les États-Unis complices de leur utilisation illégale.
Le 10 juin, la Commission d’enquête des Nations Unies sur le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et Israël a déclaré que les autorités israéliennes avaient « détruit le système éducatif de Gaza » et que ses attaques contre des sites éducatifs, religieux et culturels dans le territoire palestinien occupé faisaient « partie d’une offensive généralisée et implacable contre le peuple palestinien, dans le cadre de laquelle les forces israéliennes ont commis des crimes de guerre et le crime contre l’humanité d’extermination ».
« Après presque deux ans d’attaques répétées menées par Israël, tuant des civils dans des écoles et d’autres lieux protégés, les gouvernements qui fournissent un soutien militaire à Israël ne peuvent pas prétendre qu’ils n’étaient pas conscients des conséquences de leurs actes », a déclaré Gerry Simpson. « Les gouvernements devraient suspendre tous les transferts d’armes vers Israël et prendre d’autres mesures pour empêcher de nouvelles atrocités de masse. »
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+ Liban : Le Monde OLJ
06.08.2025 à 22:55
RD Congo : Un groupe armé massacre des dizaines de personnes dans une église
(Nairobi) – Le groupe armé Forces démocratiques alliées (Allied Democratic Forces, ou ADF) a tué plus de 40 personnes, dont plusieurs enfants, à l'aide d'armes à feu et de machettes lors d'un rassemblement de nuit dans l’enceinte d’une paroisse les 26 et 27 juillet 2025, dans l'est de la République démocratique du Congo, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Plusieurs autres enfants ont été enlevés et sont toujours portés disparus.
Les ADF, dirigées par des Ougandais, ont prêté allégeance à l'État islamique (EI) en 2019, mais les liens actuels entre les deux groupes armés ne sont pas clairs. L'EI a revendiqué l'attaque de la ville de Komanda, dans la province de l'Ituri, sur sa chaîne Telegram, indiquant que 45 personnes avaient été tuées. Ce massacre accentue les inquiétudes quant à la capacité de l'armée nationale congolaise, stationnée à proximité, et de la force de maintien de la paix de l'ONU à protéger les civils.
« Les meurtres de civils commis par les Forces démocratiques alliées, y compris de fidèles se trouvant dans une église, sont d'une incompréhensible brutalité », a déclaré Clémentine de Montjoye, chercheuse senior sur les Grands Lacs à Human Rights Watch. « Le massacre de Komanda et les autres tueries de masse perpétrées cette année mettent en évidence l'insécurité dans l'est de la RD Congo et la nécessité pour le gouvernement congolais de renforcer d'urgence ses mesures pour protéger les civils et traduire les responsables en justice. »
Des habitants de Komanda et des témoins ont rapporté à Human Rights Watch que des fidèles s'étaient rassemblés à l'église catholique le 26 juillet dans le cadre d'une célébration religieuse et que beaucoup d'entre eux avaient passé la nuit dans la paroisse avant la messe du dimanche. Les combattants des ADF ont pénétré dans l'enceinte de la paroisse vers 1 heure du matin le 27 juillet et ont commencé leur attaque sur un bâtiment où des personnes dormaient, selon des témoins. Des survivants et un témoin ont déclaré que les combattants avaient attaqué des personnes en leur assénant des coups à la tête avec des instruments contondants ainsi qu'avec des machettes et des armes à feu. Selon la paroisse, au moins 33 personnes sont mortes sur le coup ou des suites de leurs blessures.
« Ils nous ont dit de nous asseoir, puis ils ont commencé à frapper les gens [avec des objets contondants] à l'arrière du cou. Ils ont tué deux personnes que je ne connaissais pas, et c'est là que j'ai décidé de m'enfuir avec quatre autres personnes », a déclaré un rescapé à Human Rights Watch. « Nous avons réussi à nous enfuir – ils ont tiré sur nous, mais ils ne nous ont pas touchés. »
Les combattants des ADF ont tué au moins cinq autres personnes dans la ville et incendié des maisons et des kiosks, selon un responsable local de la société civile et des médias. Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux et géolocalisées par Human Rights Watch montrent des bâtiments incendiés sur la route principale de la ville, près de l'église.
Human Rights Watch a reçu les noms de 39 personnes tuées, 9 blessées et de 9 enfants âgés de 7 à 14 ans qui ont été enlevés. Selon une liste fournie par la paroisse le 2 août, plus de 30 personnes ont été enlevées et 7 blessées lors de l'attaque sur le bâtiment à côté de l'église. Le 27 juillet, la mission de maintien de la paix des Nations Unies en RD Congo (MONUSCO) a fait état d'au moins 43 morts, dont 9 enfants, ainsi que de personnes tuées dans les zones environnantes. Selon deux sources, des personnes kidnappées se sont échappées.
L'armée congolaise était déployée à environ 3 kilomètres au sud de l'église, tandis que la MONUSCO se trouvait à environ un kilomètre au sud. Human Rights Watch a reçu des informations selon lesquelles des problèmes de réseau au moment de l'attaque ont entravé les capacités à donner l'alerte.
« Pendant tout ce temps, ni les FARDC [armée congolaise] ni la MONUSCO ne sont intervenues », a déclaré un leader de la société civile. « La police n'est pas venue non plus. Ils sont tous finalement arrivés, mais il était trop tard. Ils n'ont pu que constater les dégâts. »
Le gouvernement a imposé l'état de siège dans le Nord-Kivu et en Ituri en avril 2021 afin de mettre fin à l'insécurité dans ces deux provinces. Cependant, l'état de siège n'a pas mis un terme aux abus commis contre les civils. Il a permis à l'armée et à la police de restreindre la liberté d'expression et de réprimer les manifestations pacifiques en recourant à la force létale ainsi que d’arrêter arbitrairement et de poursuivre en justice des militants, des journalistes et des membres de l'opposition politique.
L'influente Conférence épiscopale nationale du Congo a déclaré le 29 juillet que « [n]otre indignation est d’autant plus grande parce que ce énième massacre survient dans l’une des Provinces placées sous l’état de siège depuis plusieurs années, appuyé par la mutualisation des forces armées de la RD Congo (FARDC) et celles de l’Ouganda (UPDF), avec la présence pluri décennale de la Mission des Nations Unies pour le Maintien de la Paix (MONUSCO). »
Le gouvernement congolais a condamné ces meurtres, les qualifiant d'« horribles », et des responsables militaires les ont décrits comme un « massacre à grande échelle » en réponse aux récentes opérations militaires menées contre les ADF. La MONUSCO a condamné ces meurtres et averti que ces attaques aggraveraient « une situation humanitaire déjà extrêmement préoccupante dans la province. »
En réponse aux questions écrites de Human Rights Watch, une responsable de l’information du bataillon d’intervention rapide de la base de la MONUSCO à Komanda a déclaré que « les ADF sont connus pour employer des tactiques meurtrières silencieuses, frappant rapidement, de manière organisée et imprévisible. Dans ce cas précis, l'attaque a eu lieu aux premières heures du matin, visant un rassemblement religieux auquel participaient un grand nombre de civils » et que la MONUSCO avait pris des mesures pour « intensifier les efforts de protection dans la région ».
Une source militaire congolaise a déclaré à Human Rights Watch qu'une enquête de la justice militaire avait été ouverte et que des troupes supplémentaires avaient été déployées dans la région afin d'assurer la protection des civils. Le gouvernement congolais et la MONUSCO devraient compléter l’enquête sur l'attaque de juillet et sur la réponse des forces armées et de la MONUSCO de toute urgence et rendre ses conclusions publiques.
Les autorités congolaises, avec l'aide de la MONUSCO, devraient adopter des mesures pour rétablir la confiance avec les civils, notamment en renforçant les réseaux d'alerte précoce et en consultant les communautés et les groupes civiques sur les besoins en matière de protection. Les autorités devraient prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils, notamment en réagissant rapidement aux informations faisant état d'activités et de mouvements de groupes armés. En outre, des efforts devraient être déployés pour traduire en justice les auteurs de ces meurtres, qui pourraient constituer des crimes de guerre, a déclaré Human Rights Watch.
Ces dernières années, le groupe armé ADF a été impliqué dans de nombreux meurtres et enlèvements dans les territoires de Beni et Lubero, situés dans la province du Nord-Kivu, et de plus en plus dans le territoire voisin d'Irumu, dans la province de l’Ituri. Selon l'ONU, les attaques des ADF au début du mois de juillet ont tué 82 civils en Ituri et au Nord-Kivu. Le Groupe d'experts des Nations Unies sur la RD Congo a indiqué que « janvier 2025 a marqué la deuxième fois où les ADF ont fait plus de 200 morts en un seul mois – principalement dans la région de Beni et le territoire de Lubero ». En 2024, les ADF étaient le groupe armé responsable du plus grand nombre de meurtres en RD Congo, principalement des civils.
Au début de l'année 2025, les forces armées ougandaises ont accru une opération militaire conjointe, baptisée « Opération Shujaa », qui avait débuté fin 2021. L'ONU a toutefois signalé que cette opération « n’a pas réduit la violence des ADF contre les civils dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri ». Certains experts en matière de sécurité estiment que le déploiement conjoint a repoussé les ADF de certains de leurs bastions situés près de la frontière ougandaise pour s’enfoncer davantage dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu.
L'Union africaine et le Conseil de sécurité des Nations Unies devraient faire pression pour qu'une stratégie crédible soit mise en place afin de remédier à la crise sécuritaire qui s'aggrave et aux graves violations des droits humains dans toutes les régions de l'est de la RD Congo, a déclaré Human Rights Watch.
« Le président Félix Tshisekedi, avec un soutien international, devrait se concentrer sur la protection des civils et renforcer la surveillance militaire dans l'est de la RD Congo afin de protéger les communautés qui souffrent depuis longtemps contre de nouvelles atrocités », a conclu Clémentine de Montjoye. « Le gouvernement a le devoir de protéger les civils et de garantir que justice soit rendue aux victimes de ces atrocités répétées. »