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25.04.2025 à 12:08

Connaître ses ennemis. La lettre du 25 avril 2025

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Le système Bolloré (…)

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Texte intégral 1524 mots

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Le système Bolloré

Dans un nouveau rapport publié en partenariat avec Attac France, l'Observatoire des multinationales décortique l'histoire et le fonctionnement de l'empire Bolloré - un empire économique désormais mis de manière directe ou indirecte au service de l'extrême-droite et de ses idées.

L'occasion de casser quelques mythes que le milliardaire et ses proches aiment entretenir : non, le centre de gravité de son empire n'est pas en Bretagne, mais au Luxembourg. Non, ce n'est pas un groupe industriel bicentenaire ancré dans son territoire, mais un groupe financier qui s'est composé et décomposé au gré des opportunités boursières.

C'est aussi l'occasion de confirmer, chiffres et organigramme à l'appui, que le groupe Bolloré a bien tiré des milliards d'euros de ses activités africaines sous formes de remontées de dividendes et de plus-value, et que la famille continue à contrôler son empire au moyen de montages juridiques et financiers sophistiqués et grâce à une poignée de fidèles sans apporter beaucoup de capital. La récente scission de Vivendi en quatre entités distinctes s'inscrit dans le droit fil de cette manière de faire.

Nous montrons enfin à quel point l'empire Bolloré est le pur produit d'un système, qui s'est mis en place depuis les années 1980 : un système où les coups boursiers et la haute banque pèsent plus que l'économie réelle, où les milliardaires peuvent se construire des empires médiatiques et culturels sans garde-fous, où les pouvoirs publics de tous bords soutiennent aveuglément les prétendus « champions nationaux » en France et à l'étranger.

Aujourd'hui, avec sa machine de guerre culturelle et médiatique et ses milliards d'euros de réserves disponibles, l'empire Bolloré ne devrait plus être considéré comme une entreprise « comme les autres ».

Lire le rapport : Le système Bolloré

Un plateau sous influence

Ce 23 avril, TotalEnergies et son PDG Patrick Pouyanné ont convié les dirigeants des grandes écoles et des institutions de recherche présentes sur le plateau de Saclay à une soirée-cocktail pour échanger « en toute convivialité » sur leurs partenariats.

Après l'échec de son projet d'implantation au sein même du campus de Polytechnique, le groupe pétrogazier s'est discrètement installé à quelques centaines de mètres de là, dans des locaux censés abriter des PME, qui lui permettent de cultiver son influence dans l'écosystème de l'enseignement supérieur et de la recherche, à travers des événements comme celui de ce mercredi.

Financements de chaires ou d'associations étudiantes, places au conseil d'administration... TotalEnergies reste de fait omniprésent dans l'écosystème de la recherche et de l'enseignement supérieur, et notamment sur le plateau de Saclay.

Des militants de Carnage Total étaient sur place pour dénoncer la tenue de cette soirée.

Lire notre article Comment TotalEnergies continue de cultiver discrètement son influence à Polytechnique et sur le plateau de Saclay

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En bref

Une pièce supplémentaire au dossier Socfin. La Socfin, société basée au Luxembourg qui exploite des plantations d'huile de palme et d'hévéas dans une dizaine de pays d'Afrique et d'Asie, est l'un des principaux points noirs du « système Bolloré » que nous décrivons dans le rapport évoqué ci-dessus. Accaparement des terres, pollutions, travail de mineurs... les accusations (et les procédures judiciaires) se sont accumulées au fil des années sur plusieurs de ces plantations. Une enquête de Bloomberg vient de rajouter un pierre à cet édifice en révélant la teneur d'un rapport commandé par la Socfin – sous la pression de ses grands clients comme Nestlé et Colgate-Palmolive – à Earthworm, une firme qui s'est donné pour mission d'aider les grosses multinationales à améliorer leurs pratiques. Les auditeurs signalent notamment des cas de viols et de harcèlement sexuel au Liberia et dans d'autres plantations du groupe. Nous nous étions déjà penchés il y a quelques mois sur les relations entre la Socfin et Earthworm et ce que l'on pouvait en attendre. Lire Comment la Socfin essaie (avec difficulté) de redorer l'image de ses plantations.

Une institution financière publique loin d'être exemplaire. La Caisse des dépôts et consignations, qui gère notamment l'épargne des Français (livret A, livret de développement durable) et abrite plusieurs fonds de retraite, est censée mettre ces ressources au service de l'intérêt général : le logement, l'aménagement du territoire... et l'action climatique. Il y a quelques années, nous avions montré que cette vénérable institution financière continuait pourtant à investir dans les secteur des énergies fossiles (lire notre enquête Quand l'épargne publique finance les énergies fossiles), y compris dans des projets d'extraction de pétrole et de gaz parmi les plus controversés. Les choses ne semblent pas avoir beaucoup changé depuis, à en croire un récent briefing de Reclaim Finance qui pointe l'opacité de la Caisse sur ses investissements et sur ses votes en assemblée générale des entreprises dont elle est actionnaire. À lire ici.

Rana Plaza : triste anniversaire. Il y a douze ans, l'effondrement d'un immeuble abritant plusieurs ateliers textiles à Dhaka, la capitale du Bangladesh, faisait plus de 1100 victimes, principalement des jeunes ouvrières qui fabriquaient des vêtements pour des marques occidentales – y compris, à en croire des étiquettes retrouvées dans les décombres, quelques groupes de grande distribution français. Le choc provoqué dans l'opinion mondiale avait conduit à quelques progrès qui n'avaient que trop tardé. Parmi eux, l'adoption en France en 2017 de la loi sur le devoir de vigilance des multinationales (lire notre dossier Devoir de vigilance). Aujourd'hui, malheureusement, ces avancées sont menacées, avec le processus de dérégulation enclenché au niveau européen qui vise la directive adoptée en 2024 sur le même sujet (lire le communiqué conjoint des ONG). Selon une analyse de SOMO, les « simplifications » aujourd'hui envisagées dans la directive devoir de vigilance conduiraient précisément à dédouaner les chaînes de supermarché de toute responsabilité pour des abus sur leur chaîne de valeur du type de ceux constatés au Rana Plaza.

Cette lettre a été écrite par Olivier Petitjean.

24.04.2025 à 17:09

Comment TotalEnergies continue de cultiver discrètement son influence à Polytechnique et sur le plateau de Saclay

Ariane Pellion

Malgré l'échec de son projet d'implantation au sein même du campus de Polytechnique, TotalEnergies reste omniprésent sur le plateau de Saclay et - plus généralement - dans l'écosystème de la recherche et de l'enseignement supérieur français. Mais la contestation ne faiblit pas.
Ce mercredi 23 avril au soir, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, accueillait les dirigeants de grandes écoles du plateau de Saclay, comme Polytechnique, AgroParisTech ou CentraleSupélec, pour une soirée privée (…)

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Texte intégral 2053 mots

Malgré l'échec de son projet d'implantation au sein même du campus de Polytechnique, TotalEnergies reste omniprésent sur le plateau de Saclay et - plus généralement - dans l'écosystème de la recherche et de l'enseignement supérieur français. Mais la contestation ne faiblit pas.

Ce mercredi 23 avril au soir, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, accueillait les dirigeants de grandes écoles du plateau de Saclay, comme Polytechnique, AgroParisTech ou CentraleSupélec, pour une soirée privée dans les locaux de son pôle R&D Nouvelles Energies & Electricité, implanté au cœur du campus étudiant. Outre les écoles d'ingénieurs les plus prestigieuses, le plateau abrite un regroupement universitaire de rang mondial - l'université Paris-Saclay - ainsi qu'une part majeure - près de 20 % - de la recherche scientifique française publique et privée.

Sous le titre « Pionniers depuis plus de 100 ans », cette soirée réservée aux « partenaires [de TotalEnergies] d'innovation et de recherche de l'écosystème de Paris-Saclay » avait pour but de faire « faire découvrir les réalisations de nos équipes dans les domaines des énergies renouvelables et du développement durable ainsi que les résultats de nos collaborations », selon les termes de l'invitation confidentielle dont nous avons pu prendre connaissance. Ceci « en toute convivialité », autour d'un cocktail partagé avec les cadres dirigeants de la multinationale.

Les liens entre les grandes écoles et des entreprises comme TotalEnergies étant de plus en plus contestés, l'organisation de cette soirée a fait l'objet d'une grande discrétion... mais pas suffisamment. Des militants de Carnage Total, un mouvement de désobéissance civile non-violente, étaient présents pour dénoncer l'événement. « Les influences de TotalEnergies doivent cesser, et en particulier sa présence insidieuse au sein de l'écosystème de recherche et d'enseignement Paris-Saclay », ont-ils expliqué. Quant aux invités, questionnés sur les raisons de leur invitation ou sur leur rôle dans l'écosystème du plateau de Saclay, ils ont dit ne pas savoir, ou bien ont fait mine de n'avoir rien entendu, accélérant le pas jusqu'à l'entrée du bâtiment où une dizaine de gardes du corps et policiers assuraient la sécurité.

Implantation discrète après un échec à Polytechnique

En 2018, la tentative de TotalEnergies d'implanter un bâtiment de R&D en plein cœur du campus de Polytechnique avait suscité de fortes oppositions et attiré l'attention des médias. Le bâtiment devait accueillir près de 250 personnes, avec la vocation d'être aussi un lieu de vie avec des services pour les étudiant·es [1]. La direction de l'Ecole soutenait fermement le projet, mais suite à la mobilisation d'élèves et d'ONG, ainsi qu'à plusieurs recours juridiques, l'entreprise a fini par jeter l'éponge en 2022.

En lieu et place de ce projet emblématique, mais trop visible, TotalEnergies a opté pour une implantation plus discrète, à quelques centaines de mètres de Polytechnique, dans un bâtiment théoriquement destiné, selon l'aménageur public, à « accueillir des petites et moyennes entreprises ». TotalEnergies occupe les trois derniers étages du bâtiment Le NEXT, dans lequel se trouve aussi le restaurant CROUS pour les étudiant·es des écoles environnantes (AgroParisTech principalement, mais aussi Télécom Paris ou Polytechnique). Selon l'entreprise, le pôle accueille désormais 200 chercheurs, en lien étroit avec les laboratoires des universités et écoles du plateau. Il lui sert aussi à organiser des soirées comme celle du 23 avril. Une soirée similaire a eu lieu en novembre 2024 à l'occasion des 100 ans du groupe.

Une présence tentaculaire au sein de l'écosystème Paris-Saclay

De fait, même sans bâtiment au sein même de Polytechnique, TotalEnergies reste omniprésent sur le plateau de Saclay. Outre ses locaux, le groupe est le fondateur et financeur de deux centres de recherche de l'Institut Polytechnique de Paris - un regroupement de six grandes écoles dont, sur le plateau, Polytechnique, l'ENSTA, Télécom Paris et l'ENSAE. TotalEnergies a financé la Chaire « Défis technologiques pour une énergie responsable » du centre E4C (Energy for Climate) à hauteur de 3,8 M€ en 2018 ainsi que le centre Hi ! PARIS (avec HEC) sur l'IA et les sciences de données, créé en 2020. Sans oublier le partenariat avec le Laboratoire de Physique des Interfaces et des Couches Minces (LPICM) sur le solaire photovoltaïque, depuis 2007. Une étude récente de Greenpeace France montre que 85 % des structures de recherche de Paris-Saclay spécialisées dans le climat et la transition énergétique sont liées à TotalEnergies [2].

On retrouve aussi l'entreprise dans la gouvernance même des écoles du plateau. Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, est membre du conseil d'administration de Polytechnique depuis 2018 et a été" renouvelé en 2023 pour 5 ans. Il a aussi été nommé administrateur de l'Institut Polytechnique de Paris en 2019. Nathalie Brunelle, qui était directrice du projet d'installation de TotalEnergies sur le campus de Polytechnique, siège au conseil d'administration de l'ENSTA, établissement voisin. Sophie Vergne, directrice commerciale chez TotalEnergies, siégeait au conseil de l'École de Télécom Paris jusqu'en 2022.

TotalEnergies est enfin présente à travers le financement de la vie associative des étudiants du plateau, qui lui permet de soigner son attractivité parmi les étudiants. Par exemple, le groupe était parrain de la promotion 2017 de Polytechnique, de la promotion ENSTA 2021 et de la promotion Télécom Paris 2022.

Une stratégie d'influence bien documentée

Cette omniprésence, en plus de permettre au groupe pétrogazier de soigner son image auprès des chercheurs et des étudiants, a aussi des conséquences sur le contenu même de la recherche et de l'enseignement.

L'enquête de Greenpeace conclut que « la multinationale utilise sa puissance de frappe financière pour orienter les savoirs sur la transition énergétique dans le sens de ses intérêts ». Selon les données rassemblées par l'ONG, TotalEnergies ne noue aucun partenariat sur la sobriété énergétique ou sur les conséquences du réchauffement climatique. Par contre, l'analyse fait ressortir que « 44 % des partenariats concernent les technologies de captage du carbone (CCUS) pour réduire les émissions de CO2 ». Ces technologies non prouvées sont largement mises en avant par le secteur pétrolier. Les militants du climat y voient surtout un moyen de retarder l'adoption de tout cadre réglementaire qui la contraindrait à réduire sa production d'énergies fossiles et de détourner l'attention de solutions plus systémiques [3].

L'influence de groupes comme TotalEnergies dans l'enseignement supérieur et la recherche est favorisée par des politiques publiques : défiscalisation des mécénats, crédit impôt recherche, bourses pour employer des chercheurs ou des doctorants, fléchage de la taxe d'apprentissage, etc.

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Dans les écoles, refus du débat

De plus en plus d'étudiant·es questionnent les partenariats de leur école ou université avec certaines entreprises privées, à commencer par celles engagées dans de nouveaux projets d'énergies fossiles. En 2024 à l'ESPCI (école d'ingénieur à Paris), les étudiant·es ont voté pour ne pas inviter TotalEnergies à leur forum étudiant. Au même moment, à Polytechnique, des étudiant·es ont souhaité débattre de la présence de la multinationale au forum d'entreprises organisé chaque année dans leurs locaux, mais la direction de l'Ecole les a empêché de soulever la question de l'exclusion d'entreprises particulières, comme ils voulaient le faire à travers un sondage.

La même année, 600 élèves et alumni ont envoyé une lettre à la direction de l'Ecole Polytechnique pour dénoncer les partenariats avec des entreprises liées aux énergies fossiles et lui demander des transformations profondes [4]. La direction a répondu dans un communiqué de presse discret, sans aucun argument scientifique alors que la lettre s'appuyait sur de nombreux rapports et avis sur la question : « Nous pensons qu'il faut coopérer avec les entreprises industrielles à haute intensité technologique et énergétique, qui ont entre les mains les leviers pour faire évoluer les systèmes productifs à l'échelle internationale. »

La situation est similaire dans d'autres écoles du plateau de Saclay, comme à AgroParisTech, à CentraleSupélec ou dans les autres établissements de l'Institut Polytechnique de Paris. Malgré des questions légitimes sur les tenants et les aboutissants de leurs partenariats avec des entreprises, ces hauts lieux de la science largement financés par l'argent public refusent tout débat.

Faut-il y voir un signe que les stratégies de relations publiques des multinationales comme TotalEnergies sur le plateau de Saclay sont efficaces ?

Ariane Pellion


[1] Voir pour plus d'informations : https://polytechniquenestpasavendre.fr/

[3] Lire par exemple cet article du Monde.

[4] Lire par exemple cet article de Novethic.

24.04.2025 à 00:15

Le système Bolloré

Une radiographie sans concession du groupe Bolloré, qu'il n'est plus possible de considérer comme une entreprise « comme les autres ».

- Le système Bolloré / , , , , , , , ,

Texte intégral 978 mots

Comment s'est construit l'empire Bolloré et quelle est sa stratégie aujourd'hui, après la revente des activités portuaires et logistiques et sur fond de proximité de plus en plus marquée de ses dirigeants avec l'extrême-droite ? Dans un rapport publié en partenariat avec Attac, l'Observatoire des multinationales propose une radiographie sans concession du groupe Bolloré et alerte sur les risques démocratiques à continuer à le considérer comme un groupe « comme les autres ».

Vincent Bolloré, l'une des plus importantes fortunes françaises à la tête d'un important groupe qui englobe le secteur de médias, de la communication et des industries culturelles, s'est lancé dans une croisade politique au service de l'extrême-droite et de ses idées. À l'œuvre depuis un certain temps déjà dans la sphère médiatique à travers CNews, Europe 1 et le JDD, cette campagne implique désormais aussi le monde de l'édition (Fayard), et Vincent Bolloré et certaines des sociétés qu'il contrôle ne craignent plus d'intervenir directement dans les campagnes électorales.

Le débat se focalise surtout sur la figure controversée de Vincent Bolloré lui-même et ses idées politiques. L'objectif de cette publication est de montrer ce qui a rendu Vincent Bolloré possible, et ce qui continue à le rendre possible : le système derrière l'individu. Rien ne dit que les choses vont changer lorsqu'il sera contraint de laisser un jour réellement le pouvoir à ses enfants. Sa garde rapprochée et ses alliés resteront les mêmes. Et le système qui a rendu tout cela possible restera également le même.

En mettant à nu la réalité du système Bolloré, nous sommes amenés à casser nombre des mythes que lui et ses alliés aiment à entretenir :

  • Contrairement à l'image qu'il cherche à se construire, la fortune de Vincent Bolloré et de sa famille n'a pas son origine dans le développement d'une entreprise industrielle solidement implantée dans son territoire et axée sur le long terme. Elle provient surtout de coups boursiers et de la captation de rentes, notamment en Afrique. L'empire Bolloré n'a cessé de se composer et de se décomposer au gré des opportunités et de batailles financières gagnées ou perdues.
  • D'un point de vue financier et juridique, son centre de gravité n'est pas du tout la Bretagne, mais le Luxembourg.
  • Le groupe Bolloré n'a pas quitté l'Afrique, comme ses dirigeants l'ont parfois laissé entendre, mais continue à y investir dans le domaine de la culture et de la communication.
  • Il ne gagne pas à tous les coups, comme le voudrait une certaine mythologie qui continue à séduire une partie du monde financier, mais sa carrière est émaillée de scandales, de défaites, d'affaires judiciaires.
  • Il ne doit pas sa fortune seulement à lui-même mais au soutien du monde des affaires, à commencer par celui des grandes banques, et à celui des politiques et des pouvoirs publics sous diverses formes.

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Parmi les nombreuses questions auxquelles répond ce rapport, il y a celle-ci : peut-on séparer l'individu Vincent Bolloré et ses agissements du groupe qu'il contrôle directement et indirectement ? Autrement dit, peut-on continuer à traiter les diverses entités qui composent ce groupe – même lorsqu'elles ne sont pas ouvertement mises au service de l'extrême-droite – en faisant totalement abstraction des idées et du combat politique du milliardaire qui est derrière elles ?

La réponse à notre sens est non :

  • Vincent Bolloré doit sa fortune à un système économique financiarisé, rentier et prédateur de plus en plus contesté, mais dont certains acteurs semblent prêts à tout pour le faire perdurer, y compris en alliance active ou passive avec l'extrême-droite. Il y a bien un alignement entre certains intérêts économiques et la politique de l'extrême-droite.
  • Dans la sphère médiatique et politique aujourd'hui comme dans la sphère boursière et économique depuis les années 1980, on voit à l'œuvre les mêmes méthodes de manipulation, la même conception du pouvoir, la même brutalité.
  • La concentration de pouvoir que Vincent Bolloré a pu accumuler dans le secteur de la culture et des médias est en soi un danger pour la démocratie. Le fait qu'il l'utilise au service d'une extrême-droite qui remet désormais ouvertement en cause l'état de droit ne fait que rendre ce danger plus visible.
  • L'empire Bolloré repose désormais à 90 % sur les médias, la culture et la communication. Pour l'instant, une partie seulement de cet empire est directement mise au service de l'extrême-droite. Mais elle ne fonctionne que grâce au reste de l'empire qui la légitime, la finance et qui sert d'excuse à Vincent Bolloré et ses alliés.

Il est donc plus que temps de mettre fin à la tolérance et au soutien dont le système Bolloré continue de bénéficier dans une large partie du monde des affaires et des sphères culturelles et politiques.

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