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31.07.2025 à 06:00

Le Burkina Faso libère des journalistes et un activiste enrôlés illégalement

Human Rights Watch
Click to expand Image Guezouma Sanogo (à gauche) et Boukari Ouoba. © Privé

Au début du mois de juillet 2025, les autorités burkinabè ont libéré cinq journalistes et un militant des droits humains qui avaient été illégalement enrôlés de force dans l'armée après avoir critiqué la junte militaire. Bien qu'il s'agisse d'une évolution positive, leur libération rappelle aussi cruellement que d'autres personnes sont toujours portées disparues, certaines depuis 2024, sans qu'aucun indice ne permette de savoir où elles se trouvent.

Le 24 mars 2024, à Ouagadougou, la capitale du pays, les autorités ont arrêté Guezouma Sanogo, Boukari Ouoba et Phil Roland Zongo, trois membres de l'Association des journalistes du Burkina (AJB), ainsi que Luc Pagbelguem, journaliste sur la chaîne de télévision privée BF1, pour avoir dénoncé les restrictions à la liberté d'expression imposées par la junte. Le 2 avril, une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux montrant Guezouma Sanogo, Boukari Ouoba et Luc Pagbelguem en uniforme militaire, ce qui a suscité des inquiétudes quant à leur conscription. La conscription de Phil Roland Zongo n'a été rendue publique et confirmée qu’au moment de sa libération.

Le 18 juin 2024, Kalifara Séré, commentateur sur la chaîne BF1 TV, a été porté disparu après une réunion avec des membres du Conseil supérieur de la communication (CSC), l'autorité de régulation des médias au Burkina Faso. Des membres du CSC avaient interrogé Kalifara Séré au sujet d'un commentaire dans lequel il avait exprimé des doutes quant à l'authenticité de photographies montrant le chef de l'État. En octobre 2024, les autorités ont finalement reconnu qu'il avait été enrôlé dans l'armée, avec deux autres journalistes, Serge Oulon et Adama Bayala. On ignore toujours où se trouvent Serge Oulon et Adama Bayala.

Le 29 novembre 2023, des hommes en civil se présentant comme des membres des services de renseignement nationaux ont enlevé Lamine Ouattara, membre du Mouvement burkinabè des droits de l'homme et des peuples (MBDHP), à son domicile. Des proches de Lamine Ouattara ont confirmé qu'il avait aussi été enrôlé illégalement.

Human Rights Watch a documenté le recours par la junte à une loi d'urgence de vaste portée pour enrôler des détracteurs, des journalistes, des militants des droits humains et des magistrats afin de les réduire au silence.

Si les gouvernements sont habilités à enrôler des civils adultes pour la défense nationale, toute conscription doit toutefois être mise en œuvre de manière à informer les conscrits potentiels de la durée du service militaire, et à leur donner la possibilité de contester leur obligation de servir.

Les autorités burkinabè devraient immédiatement libérer toutes les personnes encore détenues illégalement, et cesser d'utiliser la conscription pour réprimer les médias et les détracteurs.

30.07.2025 à 06:00

Russie : Blocage, perturbations et isolement croissant d’Internet

Human Rights Watch
Click to expand Image © 2025 Brian Stauffer pour Human Rights Watch Les autorités russes exercent une censure massive en ligne, restreignent les sites web et les plateformes en ligne qu’elles jugent subversifs, et procèdent de plus en plus à des coupures arbitraires d’Internet dont l’ampleur s’est intensifiée.En vertu du droit international, la Russie a l’obligation de garantir l’accès à l’information, la liberté d’expression et le droit à la vie privée, y compris en ligne.Les gouvernements occidentaux, les organisations internationales et les entreprises de technologie devraient soutenir les efforts de la société civile pour créer des outils permettant de surmonter la censure de l’État et pour garantir l’accès à des informations indépendantes.

(Vilnius) – Les autorités russes ont intensifié la censure en ligne, les perturbations d’Internet et la surveillance depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui.

30 juillet 2025 Disrupted, Throttled, and Blocked

Le rapport de 50 pages, intitulé « Disrupted, Throttled and Blocked: State Censorship, Control, and Increasing Isolation of Internet Users in Russia » (« Internet perturbé, ralenti et bloqué : Censure par l’État, contrôle et isolement accru des internautes en Russie ») documente l’impact des capacités technologiques croissantes du gouvernement et de son contrôle sur l’infrastructure d’Internet dans ce pays. Human Rights Watch a constaté que cela permet aux autorités de procéder à un blocage et à une restriction plus généralisés et non transparents des sites web indésirables et des outils de contournement de la censure, ainsi qu’à des perturbations et des coupures d’Internet sous le prétexte de garantir la sécurité publique et la sûreté nationale.

« Pendant des années, les autorités russes ont méticuleusement développé leurs outils juridiques et technologiques afin de convertir l’espace de l’Internet russe en un forum étroitement contrôlé et isolé », a déclaré Anastasiia Kruope, chercheuse adjointe auprès de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « Leurs efforts ont conduit à une censure généralisée, à des perturbations d’Internet à grande échelle et à un affaiblissement de la sécurité et de la vie privée, en violation de leurs responsabilités en matière de droits humains en vertu du droit international. » 

Human Rights Watch a mené des entretiens avec 13 journalistes et experts indépendants russes et internationaux sur la censure d’Internet et les droits numériques, la sécurité de l’information, la gouvernance d’Internet et la politique numérique. Les chercheurs ont également analysé les lois et les règlements, ainsi qu’un large éventail de sources ouvertes en anglais et en russe, telles que des articles de recherche universitaire, des forums informatiques russes et des données recueillies par des projets russes et internationaux de surveillance de la censure sur Internet.

Human Rights Watch a adressé des courriers à huit entreprises de technologie – cinq sociétés étrangères et trois sociétés russes – ainsi qu’au gouvernement russe, au sujet de ses conclusions. Les réponses de l’entreprise américaine Cloudflare et de la société de technologie russe Yandex sont reflétées dans le rapport et figurent en annexe de ce document, qui est publié sur le site web de Human Rights Watch.

Les autorités russes ont bloqué des milliers de sites web, y compris des sites de médias indépendants et d’organisations de défense des droits humains, des pages web d’opposants politiques, ainsi que des plateformes de réseaux sociaux, pour non-respect de la législation draconienne qui régit les activités en ligne en Russie.

Certains sites étrangers et diverses plateformes ont cessé de fournir des services aux internautes russes en raison des sanctions et des pressions politiques qui ont suivi l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022.

L’accès aux applications ou aux sites web bloqués, comme Instagram ou Facebook, est quasiment impossible en Russie sans passer par un réseau privé virtuel (Virtual Private Network, VPN), outil qui permet aux internautes de contourner la censure. Pourtant, d’après certaines estimations, environ la moitié de la population du pays ne sait pas utiliser ces outils, et les autorités les bloquent de plus en plus.

Ceci, associé à une promotion active par l’État d’alternatives russes, a forcé un nombre croissant d’internautes à basculer sur les navigateurs et les plateformes de réseaux sociaux russes qui proposent à leurs utilisateurs du contenu et des interprétations des événements actuels et historiques soutenus par le gouvernement. Les internautes sont également confrontés à des risques plus élevés de voir leurs données personnelles transmises aux services de police.

La loi russe exige que les sites web qui publient des annonces consacrent 5 % à des « publicités sociales », définies comme visant « des objectifs caritatifs ou d’autres objectifs ayant une valeur sociale, ainsi que la protection des intérêts de l’État ».

Le navigateur de Yandex a affiché une « publicité sociale » du gouvernement exhortant les citoyens à rejoindre les forces armées russes, apparemment pour combattre sur le front ukrainien, plus de deux milliards de fois au cours des deux dernières années. L’entreprise Yandex affirme qu’elle interdit strictement la publicité politique.

En parallèle, les autorités russes font de plus en plus pression sur les entreprises de technologie étrangères dont les services sont populaires auprès des internautes russes, comme Apple, Google et Mozilla, afin qu’elles suppriment les VPN et autres contenus que le gouvernement juge subversifs, en les menaçant d’amendes et de blocage. Les autorités font pression sur les fournisseurs d’hébergement et les services de réseau de diffusion de contenu étrangers, tels que Cloudflare, l’un des réseaux de diffusion de contenu populaires en Russie, pour qu’ils se conforment à la législation en vigueur sous peine d’être confrontés à des ralentissements et à des blocages. En mai 2025, l’entreprise Cloudflare a indiqué à Human Rights Watch qu’elle n’est généralement pas en mesure d’identifier ou de confirmer des blocages ordonnés par le gouvernement, et qu’elle n’a jamais bloqué de sites web à la demande du gouvernement.

En décembre 2024, Apple, Amazon Web Services (AWS) et Mozilla ont répondu à des questions posées par Human Rights Watch. Apple a déclaré à Human Rights Watch que le respect des « ordres légaux » de la Russie était nécessaire « pour continuer à fournir des services de communication à la population russe ». AWS a répondu que l’entreprise « se conforme aux lois sur les sanctions applicables dans les territoires où elle exerce ses activités et qu’elle dispose de politiques et de procédures pour garantir la conformité ». La société a également confirmé qu’elle n’avait pas de bureaux ou d’infrastructures en Russie et que, depuis mars 2022, elle n’autorisait plus de nouveaux abonnements à ses services pour les personnes basées en Russie et en Biélorussie. Mozilla a souligné son engagement à soutenir les internautes en Russie et dans le monde, en plaidant pour un Internet ouvert et accessible à tous.

Le 8 juillet, la Cour européenne des droits de l’homme a rendu un arrêt concluant que la Russie avait violé la liberté d’expression et le droit à un procès équitable en infligeant des amendes et d’autres sanctions à Google entre 2021 et 2023, au motif que la société avait refusé de retirer des vidéos à caractère politique et d’autres contenus de YouTube à la demande des autorités russes.

La censure croissante en ligne est menée à l’aide d’un type de dispositifs appelés « moyens technologiques pour contrer les menaces » (ТСПУ ou TSPU). Ces dispositifs sont installés sur pratiquement tous les réseaux des fournisseurs d’accès Internet (FAI) du pays conformément aux exigences énoncées dans la loi dite sur « l’Internet souverain » et ses règlements, qui visent à créer un segment russe de l’Internet totalement isolé.

Les TSPU permettent également au gouvernement de procéder à des exercices d’« isolement d’Internet » et à des coupures régionales au motif de protéger la sécurité publique. Les autorités affirment que ces tests n’ont aucun impact pour les internautes moyens ; cependant, des utilisateurs ont signalé des perturbations d’Internet au cours de ces « exercices », telles que des échecs de transactions bancaires en ligne ou un accès perturbé aux sites web de l’État et aux applications de taxi.

Les autorités ont également exercé une plus grande mainmise sur Internet en Russie en prenant le contrôle de son architecture. Elles ont regroupé plus de la moitié des adresses IP russes pour en confier la gestion à sept fournisseurs d’accès Internet liés à l’État et ont diminué le nombre total de FAI. Le gouvernement a également créé un système national de noms de domaine, qui fonctionne comme un registre des adresses Internet, et des certificats de sécurité de la couche transport gouvernementaux, qui vérifient que le site web appartient à une entité de confiance et que le service est crypté.

Les zones de l’Ukraine occupées par la Russie avant et après l’invasion à grande échelle en février 2022 sont soumises à une censure en ligne et à des perturbations d’Internet similaires.

La Russie devrait mettre fin à toute censure de la liberté d’expression sur Internet protégée au niveau international et veiller à ce que toute restriction en ligne soit légale, nécessaire et proportionnée, ce qui exige qu’elle soit limitée dans sa portée et transparente. Les autorités devraient stopper leurs efforts pour regrouper et contrôler l’architecture d’Internet, qui entravent le droit de rechercher et de communiquer des informations et portent atteinte à la vie privée. Elles devraient mettre un terme aux coupures d’Internet et garantir la transparence concernant les ingérences du gouvernement dans l’Internet. Elles devraient également cesser de faire pression sur les entreprises de technologie étrangères et russes pour qu’elles divulguent les données de leurs utilisateurs et censurent les contenus de manière non conforme aux normes internationales.

Les entreprises de technologie étrangères et russes devraient résister à la pression de l’État concernant la censure des contenus et la divulgation des données de leurs utilisateurs en violation du droit international en employant tous les moyens légaux et les solutions technologiques disponibles. Elles devraient également veiller à ne pas se livrer à la censure.

Les gouvernements occidentaux ainsi que les organisations internationales et intergouvernementales devraient soutenir les efforts de la société civile pour créer des outils permettant de contourner la censure étatique afin de promouvoir l’accès à des sources d’information indépendantes et garantir la vie privée des utilisateurs en ligne.

« Les autorités russes ont mis en place un arsenal exhaustif constitué de politiques et de moyens technologiques visant à étendre leur censure et contrôle d’Internet, et qui ne sont généralement pas visibles par un internaute ordinaire », a conclu Anastasiia Kruope. « Ces mesures apparemment invisibles ont des conséquences dévastatrices pour l’accès à l’information, la vie privée et la liberté d’expression de chaque internaute en Russie. »

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Articles, TV

RFI  La Croix  Euronews

France24 (vidéo) Sur X

30.07.2025 à 05:00

Cameroun : Le principal candidat de l'opposition exclu de l’élection présidentielle

Human Rights Watch
Click to expand Image Le homme politique camerounais Maurice Kamto, nouvellement désigné comme candidat à la présidentielle du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (MANIDEM), s'exprime lors d'une conférence de presse à Yaoundé, le 19 juillet 2025. © 2025 AFP via Getty Images

(Nairobi) – La décision prise par le Conseil électoral camerounais d'exclure Maurice Kamto, leader clé de l'opposition politique et adversaire de l’actuel président, Paul Biya, de l’élection présidentielle à venir soulève des inquiétudes quant à la crédibilité du processus électoral, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch.

Le 26 juillet, le Conseil électoral du Cameroun (Elections Cameroon, ELECAM) a approuvé 13 des 83 candidats potentiels, dont Paul Biya, âgé de 92 ans et à la tête du pays depuis 1982. L’élection est prévue pour le 12 octobre. Les candidats exclus disposaient de 72 heures pour faire appel de cette décision auprès du Conseil constitutionnel.

«  Le Conseil électoral du Cameroun a semé le doute sur l'élection avant même que les votants n'aient exprimé leur choix », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior au sein de la division Afrique à Human Rights Watch. « Exclure l'opposant le plus populaire du processus électoral jettera une ombre sur les résultats qui seront finalement annoncés. »

La décision d'exclure Maurice Kamto de la course à la présidence reflète l'intolérance de longue date du gouvernement à l'égard de toute opposition et de la dissidence, et intervient dans un contexte de répression accrue des opposants, des activistes et des avocats depuis le milieu de l'année 2024, alors que l’élection prévue plus tard cette année approche.

Le Conseil électoral a justifié sa décision d'exclure Maurice Kamto en expliquant que son parti, le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (MANIDEM), soutenait également un autre candidat, Dieudonné Yebga.

Cependant, les avocats de Maurice Kamto et d'Anicet Ekane, le président du MANIDEM, ont déclaré que ce parti ne soutenait pas Dieudonné Yebga, et que la décision du Conseil était arbitraire et motivée par des considérations politiques. Le parti a tenté d'organiser une conférence de presse à son siège à Douala, la plus grande ville du Cameroun, mais les forces de sécurité l’en ont empêché.

Maurice Kamto, qui était auparavant le chef du parti d'opposition Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et qui avait concouru contre Paul Biya lors des élections de 2018, a cherché à se présenter comme candidat du MANIDEM à l’élection prévue cette année, car le code électoral camerounais interdit aux partis sans représentants élus de présenter un candidat.

Les avocats de Maurice Kamto ont fait appel de la décision du Conseil électoral et ont déposé un recours auprès du Conseil constitutionnel le 28 juillet. Dieudonné Yebga a également annoncé qu'il ferait appel auprès du Conseil constitutionnel.

« La décision d’ELECAM n'a aucune base juridique et vise seulement à éliminer un candidat clé de l’élection, soutenant la stratégie de confiscation du pouvoir par le parti majoritaire », a déclaré Menkem Sother, l’un des avocats de Maurice Kamto, à Human Rights Watch.

Paul Biya en est à son septième mandat. Il a été réélu pour la dernière fois en 2018, après quoi Maurice Kamto a contesté les résultats officiels et s'est déclaré vainqueur de l'élection.

L'élection de Paul Biya en 2018 a déclenché une vague de répression politique. Après le scrutin, des manifestations menées par l'opposition ont éclaté dans tout le pays, et le gouvernement a réagi par une répression sévère, déployant la police, l'armée et les gendarmes qui ont fait un usage excessif de la force contre les manifestants. En janvier 2019, Maurice Kamto et plus de 200 de ses partisans ont été arrêtés et placés en détention. Maurice Kamto a été accusé d'insurrection, d'hostilité envers la patrie et d'association de malfaiteurs, entre autres chefs d'accusation. Il a été libéré le 5 octobre 2019 et les charges ont été abandonnées, mais la répression contre l'opposition s'est poursuivie.

Début septembre 2020, les autorités ont interdit les manifestations dans tout le Cameroun après que le MRC dirigé par Maurice Kamto a encouragé la population à protester contre la décision du gouvernement d'organiser des élections régionales en décembre de cette année. Les partis d'opposition avaient exprimé leurs inquiétudes quant au fait que les élections ne pourraient pas se dérouler librement et équitablement sans une réforme préalable du code électoral et sans avoir remédié à l’insécurité dans les régions anglophones minoritaires du pays, où des groupes séparatistes et les forces de sécurité se sont affrontés à plusieurs reprises.

Le 22 septembre 2020, les forces de sécurité camerounaises ont utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau et ont arrêté plus de 550 personnes, principalement des membres et des sympathisants du MRC, pour disperser des manifestations pacifiques à travers le pays. Bon nombre des personnes arrêtées ont été passées à tabac et maltraitées. Si la plupart d'entre elles ont finalement été libérées, d'autres, dont Olivier Bibou Nissack et Alain Fogue Tedom, deux dirigeants du MRC, sont toujours derrière les barreaux après avoir été condamnés à sept ans de prison.

En décembre 2023, Maurice Kamto a annoncé la création de l'Alliance politique pour le changement (APC), une coalition d'opposition dirigée par Jean-Michel Nintcheu, membre du Parlement camerounais. En mars 2024, le ministre de l'Administration territoriale a toutefois interdit la coalition, la qualifiant d'« illégale » et de « clandestine ».

Le Cameroun est un État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et, à ce titre, est tenu de veiller à ce que chaque citoyen, sans discrimination fondée sur ses opinions politiques, ait la possibilité de participer et de voter lors d'élections véritablement libres. Le Comité des droits de l'homme des Nations Unies a estimé que « le droit à la liberté d'expression, de réunion et d'association est une condition essentielle à l'exercice effectif du droit de vote et doit être pleinement protégé ».

« La décision d'ELECAM réduit de facto le prochain scrutin à une simple formalité, enterre ce qui reste de la démocratie au Cameroun et fait craindre une recrudescence de la violence », a conclu Ilaria Allegrozzi. « Le Conseil électoral devrait revenir sur sa décision, et permettre aux Camerounais de décider eux-mêmes de leur avenir. »

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